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Armée, guerre et société

Rapport entre la guerre et les transformations politiques et sociales « la guerre,


accélérateur des révolutions » -Lénine 1917 ; 1953, espérance puis échec ; pas d’impact
durable 1878 sinon la réhabilitation de notion du panslavisme. 1905 aussi.

Important : depuis 20aine années en FR études de la guerre dominées par les concepts de
l’historien George Mosse, brutalisation et banalisation. Ne pas étudier les guerres
pour elles-mêmes comme récits mais impact socio sur les sociétés ; comment dans des
pays de haute culture comme l’Allemagne peut voir se développer régime nazi ; matrice =
1914, ou 1905 ou 1878, ou 1953, pour la Russie, 1870 pour la FR… 1 er conflit mondial
majeur transforme radicalement les sociétés jusque leur psyché, idée que banalisation
de la violence et de l’horreur de la mort (formule de Staline, 1 mort une tragédie,
100.000 une statistique) ; conséquence = brutalisation, retour de la violence
considérée comme normale dans les rapports sociaux – importation de la violence en
temps de guerre, en temps de paix. Meurtre admis en guerre contre l’ennemi, mais quand
violence banalisée, comportement se poursuit en temps de paix – aussi traumatisme
psychique – violence contre opposants. Violence révolutionnaire, nazi, bolchevique…
devient acceptée. Vision de la guerre qui porte à s’intéresser moins aux opérations
militaires, mais plutôt sur l’expérience de la guerre quotidienne, ainsi que culture de
guerre : culture de guerre – exemple par propagande de la grande guerre patriotique et
suites, qui se poursuit et informe les comportements une fois la paix revenue.
Connaître Sébastopol et Stalingrad, mais pas dans le détail : conséquences politiques,
sociales… tentative avortée de transformation sociale (paysans qui cherchent à
s’engager sans succès, puis abolition du servage = conséquence).

Sujet de l’armée sur toute période possible, à relier à question des guerres. Trouver
particularité de la Russie selon le sujet ; en 1991 Gorbatchev chassé par les
militaires. Eltsine écarte le spectre d’un coup d’état militaire pour s’emparer du
pouvoir dans une négociation avec les militaires, sur l’intégrité de la nation…
décomposition du régime, mais dans une ambiance de coup d’état militaire. Dans histoire
Russie contemporaine, 1ère fois depuis près de 2 siècles (contrairement à la France),
l’armée n’a joué qu’un rôle politique secondaire (ou absent) depuis avortement du coup
d’état de décembre 1825, dernière tentative, particulière. Depuis 1825 l’armée est un
instrument des plus loyaux au régime mais aussi à la dynastie, soutien majeur à
l’Etat ; l’exclusion ou la très faible ingérence du pouvoir militaire dans la vie
politique. S’érige en gardien de l’ordre, quel qu’il soit. Laboratoire de cet ordre
social où s’élabore l’identité russe puis soviétique – différence entre armée impériale
et rouge ; quand moujik de 1853 cherche dans l’armée affranchissement donc
transformation de l’ordre social.
Objet de surveillance et de contrôle, pas de coup d’état mais pas considérée comme
neutre sur toute la période ; tentative par le pouvoir politique (et succès) de
contrôler l’armée et l’empêcher d’avoir des velléités politiques. Se traduisent moins
par volonté de prendre le pouvoir, que de servir d’arbitre entre les différentes
factions politiques. Rôle fixé à l’armée en Turquie. Rôle dans l’histoire de l’URSS,
maréchal Joukov  KHV au pouvoir. En 1957, anti-partis, KHV fait venir électeurs par
avions militaires grâce à Joukov. Son élimination : crainte de son extrême popularité,
et concentration des pouvoirs militaires, fonctions politiques, et aura charisme.
Brejnev arrive au pouvoir avec soutien militaire (même si pas de coup d’état). Pas
ingérence directe dans la vie politique, pas une force politique, mais velléité puisque
ordre social donc garant des équilibres entre les différentes factions.
Milices et brigades à mentionner, illustration. Si armée = arbitre, pilier et labo de
l’ordre social, l’armée comme modèle d’organisation sociale : pas sous l’empire, mais
sous l’URSS. Militarisation de la société dès 1917, aspect à mentionner, mais ne pas
substituer sujet. Front de l’industrialisation, bataillons de choc… calqués sur modèle
militaire. Une partie des mesures pour encadrer le travail en temps de paix comme de
guerre, mobilisation et militarisation pendant les purges dans les 30’s comme en 42.
Milices pas soldats, mais illustration rôle armée.

Autre particularité de l’armée en Russie sur la période : pas coup d’état menaçant,
faible ingérence, côté labo social… mais aussi coupure entre les officiers (encadrement
militaire) et la base, le soldat de base. En règle générale, dans d’autres pays où
l’armée joue un rôle (FR) au sens de commandement, puis des officiers comme corps
spécifiques avec idéologie… coup d’état souvent d’une partie des officiers (Dreyfuss
p.ex.). pas seulement question des officiers en Russie, 1917 armée rouge. Une des rares
organisation de masse que connaisse la Russie, après révolution BK une des rares
institution où s’exerce forme de liberté (relative et selon la période) mais critique
en 1944-45 envers Staline possible. Que par l’armée que le moujik russe devenu
prolétaire ou kolkhozien peut se déplacer, mobilité au-delà même de la Russie, 7m
pendant la WWII ont pu en sortir.

Pas grand-chose sur les soldats eux-mêmes, sur l’armée elle-même.

Crimée, moujiks et conséquences… mais plutôt dès 1904. On peut appliquer dès 1905
(Struve en 1919, « la guerre mondiale s’est formellement terminée il y a un an, mais en
réalité tout ce dont nous avons fait l’expérience depuis cette date est une
continuation et une transformation de la guerre mondiale. »  Mosse brutalisation,
banalisation) valable dès 1905 révolution. Entre 45-50, territoires annexés et pacifiés
par URSS, 100.000aine de morts. Empreinte durable de la guerre et de la violence sur la
société russe dans un pays où (Werth) « La politique est la continuation de la guerre
par d’autres moyens ». période soviétique est celle d’une mobilisation permanente de la
société, et différents fronts : guerre de classes.

I) La guerre de 8ans.

Automobilisation de la société éclairée. Dès 1904, période où les élites sociales – la


société qui se considère comme telle – qui prend en charge au cours des conflits les
tâches qui sont normalement celles de l’état : état comme appareil bureaucratique
s’effondre, incapables d’assurer le ravitaillement et l’armement, aide aux réfugiés,
assainissement… par la société en comité ou associations, coopératives et gèrent
secteurs clefs. En 1915-16, 80% usines pour effort de guerre, mais Etat incapable
d’assurer reconversion, fait privé, donc le reste pour société civile (ravitaillement)
assuré par les comités : croix rouge russe, vient en aide aux 5,5m de déplacés
intérieurs, réfugiés pour survie.

Mais réactive la coupure entre les verkhis et nizy, et sous-rupture entre le nizy et
l’Etat et l’armée (en tant qu’elle incarne l’Etat). Rapport 10/1916 sur l’état d’esprit
dans la XIIe armée : paysans persuadés que les « officiers font sciemment couler le
sang des soldats afin d’exterminer les moujiks ». Profiteraient de la guerre pour
mettre en œuvre un programme de restauration éco et sociale (souvent occasion pendant
guerres). Crainte des paysans pas infondée même si vision complotiste qui s’appuie sur
des éléments matériels, en effet une partie des officiers russes avant-guerre, dès 1904
à russo-japonaise, avaient élaboré clandestinement, dans les revues ou par réunions, un
corps de doctrines : il faut rétablir l’ordre social et profiter des crises pour gérer
les populations suspectes en temps de guerre, puis de paix. Début de réalisation,
effondrement de l’Etat a abouti au développement de zones de non-droit quant à autorité
étatique, soumission à loi martiale mais autonomes. Pendant la guerre dans ces zones
(Biélorussie, Ukraine) les pouvoirs militaire procèdent à expulsion et massacres
massifs (200.000 juifs, déportation d’1m pendant la guerre de 14), des pop jugées
suspectes.
Différence ville/campagne s’accroît avec guerre : les conditions de vie en ville se
dégradent fortement, antagonisme ville/campagne qui conduit même à désurbanisation, pb
paysan repasse au 1er plan politique, pb politique majeur  conditions mauvaises en
ville mais l’essentiel des soldats est paysan ; 90% des soldats russes sont des moujiks
sur 10m, et leur attitude devient un enjeu majeur : essor du bolchevisme des tranchées,
mouvement de désertion massive, forte revendication pacifiste, peu de loyauté (alors
que si en FR d’où victoire), qui entraînent des jacqueries – retour de la violence
sociale paysanne – extrêmement violente dirigées souvent contre les villes. Gorki « la
barbarie paysanne en capote grise a envahi les villes, elle est là partout », retour
slogan terres et liberté. Lénine fait de la guerre accélérateur des révolutions a
compris le potentiel révolutionnaire, et opère en 1917 un renversement radical des
bases sociales (et idéologiques) l’objectif de prendre le pouvoir et faire la
révolution, comprend en 1916-17 la SD ne peut faire le poids dans le contexte russe, la
social-démocratie traditionnelle, préfère alliance avec le paysan soldat : dans le
contexte, besoin du soldat paysan pour la révolution, et sur les différents comités de
soldats : celui de Petrograd (de la même ville) il faut encourager. L’armée sous la
forme de ses soldats joue un rôle politique, et Lénine comprend qu’il faut
l’accompagner pour faire la révolution ; comités de soldats intégrés dans des soviets
se multiplient après la « trahison de Kornilov », trahison de la révolution, qui
accentue le rejet par les soldats de base du commandement militaire, et le mouvement de
désertion, puis renforce les comités… entre 09-10/1917, 1m de déserteurs, ravagent
tout : pour les contemporains, alliance du Bunt (révolte paysanne) et de la violence
militaire.
La guerre civile = continuation. On passe de la guerre à la guerre civile
insensiblement. Fin de la guerre passe inaperçue des russes ; la guerre civile accroît
encore mobilisation de la société, occasion de les mettre au pas. Multiples
affrontements de la guerre civile (voir cours et fiche politique) ont vite objectif la
question du rétablissement de l’autorité de l’Etat, dans la violence sociale déchaînée
et anarchique = la stikhia. Les forces blanches comme rouges ont le même obj, ce qui
assure le triomphe des BK sur leurs autres concurrents : apparaissent plus outillés sur
le plan idéologique et organisationnel, les blancs sont trop méfiants. Théorie de
l’Etat et de son culte (socialisme de caserne) que faire, de Lénine, terreur pour
avant-garde, d’où échec de SD. Lénine et Trotski voient l’armée comme l’instrument
adapté, d’où armée rouge : créer l’armée, c’est créer l’Etat = Trotski. Lénine et
Trotski conçoivent l’armée rouge comme un laboratoire expérimental de la société
nouvelle : permet accouchement de cette société mais aussi expérimentation dans lequel
cette société s’élabore. Dès le début ils lui donnent la fonction d’opérer la
‘mobilisation générale du travail’ : chemins de fer construits dès 1917-18 sous
direction de l’armée rouge, sanglante mais indispensable pour la guerre (éviter
Crimée), 1919-20, 70% main d’œuvre du pays travaille directement ou indirectement pour
l’armée rouge. Doit mettre fin à la dissidence intérieure, encadrer la société, par la
terreur : doit pacifier ou nettoyer les zones rebelles, en utilisant les méthodes de
guerre les plus modernes et brutales contre eux (gaz de combat, camps de
concentration…) il faut par l’armée rouge assigner à chacun dans la société sa place
« organiser la société comme l’armée » Trotski.
Doit devenir le Creuset de l’élite BK : doit bolcheviser la société et accoucher d’une
élite communiste. Sur 1,2m new arrivants du parti BK pendant la guerre civile, plus de
700.000 sont des soldats ; en 1922, les officiers ou anciens officiers forment 85% des
fonctionnaires de la new URSS. Raccourci vers BK et modèle de militarisation de la
société ; 5m de soldats mais 3,7m de déserteurs pendant la guerre civile, adhésions de
façades…

II) la société soviétique et la grande guerre patriotique ou la construction du


consensus.

Ampleur du conflit : rupture avec la WWII pour les russes, à cause de l’ampleur
colossale du conflit : WWII = 26m de morts, ce qui était tu sous Staline, rapport KHV
avoué (selon Staline pas plus de 7m) dont originalité majorité sont des civils,
changement p/r conflictualité normale (WWI) civils moins touchés, ici 16m de civils et
11m de soldats, dont 2,5m de juifs. Plan démographique, nombre de personnes touchées :
par mobilisation générale, avancées troupes ennemies, touche directement 65m de
personnes, 17m évacués, 2,3m déportés par le NKVD, 2m condamnés par un tribunal
militaire ; ampleur démo du conflit sur la population, pas due qu’aux avancées
ennemies. Liées aux mesures du pouvoir stalinien pour soutenir l’effort de guerre et
l’emporter (deux mesures : ordre 270 du 16/08/1941 qui dispose que tout officier ou
responsable fait prisonnier doit être considéré comme un déserteur passible d’exécution
immédiate, dont la famille doit être suspecte et arrêtée ; en 1942, unité spéciale de
NKVD pour exécuter ces derniers et ceux considérés comme des couards : empêcher tout
mouvement de retraite). Pendant Stalingrad, commissaires politique exécutent 13.500
soldats pour couardise.
 DS 23/03 : Opposition politique sur toute la période.

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