Vous êtes sur la page 1sur 4

Exemplier TD Aristote (07/10/2022)

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, II. 1, pp. 94-95


« En outre, pour tout ce qui survient en nous par nature, nous le recevons d’abord à l’état de
puissance, et c’est plus tard que nous le faisons passer à l’acte, comme cela est manifeste dans le cas
des facultés sensibles. […] Pour les vertus, au contraire, leur possession suppose un état antérieur,
comme c’est aussi le cas pour les autres arts. En effet, les choses qu’il faut avoir apprises pour les
faire, c’est en faisant que nous les apprenons : par exemple, c’est en construisant que nous devenons
constructeur, et en jouant de la cithare que nous devenons cithariste ; ainsi encore, c’est en
pratiquant les actions justes que nous devenons justes, les actions modérées que nous devenons
modérés, et les actions courageuses que nous devenons courageux. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, I. 5, pp. 58-59

« Quel est donc le bien dans chacun de ces cas ? N’est-ce pas la fin en vue de quoi tout le reste est
effectué ? C’est en médecine la santé, en stratégie la victoire, dans l’art de bâtir, une maison, dans
un autre art c’est autre chose, mais dans toute action, dans tout choix, le bien c’est la fin, car c’est
en vue de cette fin qu’on accomplit toujours le reste. Par conséquent, s’il y a quelque chose qui soit
fin de tous nos actes, c’est cette chose-là qui sera le bien réalisable, et s’il y a plusieurs choses ce
seront ces choses-là. […] Or le bonheur semble être au suprême degré une fin de ce genre, car nous
le choisissons toujours pour lui-même et jamais en vue d’autre chose : au contraire, l’honneur, le
plaisir sont des biens que nous choisissons assurément pour eux-mêmes […] mais nous les
choisissons aussi en vue du bonheur, car c’est par leur intermédiaire que nous pensons devenir
heureux. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, I. 9, p. 70


« Dès lors la vie des gens de bien n’a nullement besoin que le plaisir vienne s’y ajouter comme un
surcroît postiche, mais elle a son plaisir en elle-même. Ajoutons, en effet, qu’on n’est pas un
véritable homme de bien quand on n’éprouve aucun plaisir dans la pratique des bonnes actions, pas
plus que ne saurait être appelé juste celui qui accomplit sans plaisir des actions justes, ou libéral
celui qui n’éprouve aucun plaisir à faire des actes de libéralité, et ainsi de suite. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, X. 4, pp. 532-533


« On peut croire que si tous les hommes sans exception aspirent au plaisir, c’est qu’ils ont tous
tendance à vivre. La vie est une certaine activité, et chaque homme exerce son activité dans le
domaine et avec les facultés qui ont pour lui le plus d’attrait : par exemple, le musicien exerce son
activité, au moyen de l’ouïe, sur les mélodies, l’homme d’étude, au moyen de la pensée, sur les
spéculations de la science, et ainsi de suite dans chaque cas. Et le plaisir vient parachever les
activités, et par suite la vie à laquelle on aspire. Il est donc normal que les hommes tendent aussi au
plaisir, puisque pour chacun d’eux le plaisir parachève la vie, qui est une chose désirable. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, I. 6, pp. 61


« Serait-il possible qu’un charpentier ou un cordonnier aient une fonction et une activité à exercer,
mais que l’homme n’en ait aucune et que la nature l’ait dispensé de toute œuvre à accomplir ? Ou
bien encore, de même qu’un œil, une main, un pied et, d’une manière générale, chaque partie du
corps, a manifestement une certaine fonction à remplir, ne doit-on pas admettre que l’homme a
aussi, en dehors de toutes ses activités particulières, une fonction déterminée ? »

Aristote, Métaphysique, Flammarion, 2008, Thêta 2, pp. 297-298


« Puisque de tels principes sont présents, les uns dans les êtres inanimés, les autres dans les êtres
animés et qu’ils sont dans l’âme, et dans la partie de l’âme qui possède la raison, certaines des
puissances seront évidemment non rationnelles, les autres rationnelles. C’est pourquoi tous les arts,
c’est-à-dire les sciences capables de produire, sont des puissances, car ils sont des principes de
changement dans autre chose ou dans la même en tant qu’autre. Et toutes les puissances rationnelles
sont puissances des contraires en étant les mêmes, alors que les non rationnelles sont chacune
puissances d’une seule chose, par exemple le chaud est seulement puissance de chauffer alors que la
médecine est puissance de maladie et de santé. »
Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, II. 4, pp. 107-108
« Qu’est-ce donc que la vertu, voilà ce qu’il nous faut examiner. Puisque les phénomènes de l’âme
sont de trois sortes, les états affectifs, les facultés et les dispositions, c’est l’une de ces choses que
doit être la vertu. J’entends par état affectif, l’appétit, la colère, l’audace, l’envie, la joie, l’amitié, la
haine, le regret de ce qui a plu, la jalousie, la pitié, bref toutes les inclinations accompagnées de
plaisir ou de peine. Par facultés, les aptitudes qui font dire que nous sommes capables d’éprouver
ces affections, par exemple la capacité d’éprouver colère, peine ou pitié. Par dispositions, enfin,
notre comportement bon ou mauvais relativement aux affections : par exemple, pour la colère, si
nous l’éprouvons ou violemment ou nonchalamment, notre comportement est mauvais, tandis qu’il
est bon si nous l’éprouvons avec mesure et ainsi pour les autres affections. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, III. 7, pp. 152-153


« Mais sans doute dira-t-on, un pareil homme est fait de telle sorte qu’il est incapable de toute
application ? Nous répondons qu’en menant une existence relâchée les hommes sont
personnellement responsables d’être devenus eux-mêmes relâchés, ou d’être devenus injustes ou
intempérants, dans le premier cas en agissant avec perfidie et dans le second en passant leur vie à
boire ou à commettre des excès analogues : en effet, c’est par l’exercice des actions particulières
qu’ils acquièrent un caractère du même genre qu’elles. […] Il ne s’ensuit pas cependant qu’un
simple souhait suffira pour cesser d’être injuste et pour être juste, pas plus que ce n’est ainsi que le
malade peut recouvrer la santé, quoiqu’il puisse arriver qu’il soit malade volontairement en menant
une vie intempérante et en désobéissance à ses médecins : c’est au début qu’il lui était possible de
ne pas être malade, mais une fois qu’il s’est laissé aller, cela ne lui est plus possible, de même que si
vous avez lâché une pierre vous n’êtes plus capable de la rattraper, mais pourtant il dépend de vous
de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, Vrin, 1990, III. 2, pp. 132-133


« Il y a aussi, semble t-il bien, une différence entre agir par ignorance et accomplir un acte dans
l’ignorance : ainsi, l’homme ivre ou l’homme en colère, pense t-on, agit non par ignorance mais par
l’une des causes que nous venons de mentionner, bien qu’il ne sache pas ce qu’il fait mais se trouve
en état d’ignorance. Ainsi donc, tout homme pervers ignore les choses qu’il doit faire et celles qu’il
doit éviter, et c’est cette sorte d’erreur qui engendre chez l’homme l’injustice et le vice en général.
Mais on a tort de vouloir appliquer l’expression involontaire à une action dont l’auteur est dans
l’ignorance de ce qui lui est avantageux. »

Vous aimerez peut-être aussi