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Chaque être dispose d'une vertu spécifique= la vertu consiste pour tout être à
développer son excellence propre par le fait de vivre en conformité avec sa
nature propre. La nature de l'homme est une nature rationnelle= vivre en
conformité avec sa nature propre = vivre selon la raison, l'homme ne vit pas
d'emblée en conformité avec sa nature rationnelle= il ne trouve pas
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Notre devoir est de bien interpréter notre rôle naturel (rationnel) et social (d'accepter notre place dans la société).
spontanément son bien à la différence de l'animal. Vivre selon la raison pour
l'homme= la vertu. L'homme qui raisonne est vertueux= il ne désire plus
comme des biens les indifférents= il s'est donc libéré des passions (plus de
contraintes dans son âme= liberté) qui naissent systématiquement du fait qu'il ne
désire pas spontanément comme il faut. L'homme vertueux (=le sage) désire
comme il faut= il ne désire plus ce qui ne dépend pas de nous= il a cessé
d'espérer= l'espérance est le contraire de la vertu= c'est un vice.
Les Stoïciens rejettent le plaisir comme une passion (= qui trouble l'âme) dont
l'âme libre est débarrassée (elle est sans trouble= ataraxie): le plaisir naît
lorsqu'un événement qui ne dépend pas de nous est considéré (jugé) par l'âme
comme un bien. Le plaisir, comme toute passion, résulte d'un mauvais désir
(fondé sur un mauvais usage de nos représentations) = d'une espérance. C'est
donc une passion que n'éprouve pas l'homme vertueux. L'homme vertueux
désire comme il faut= la vertu= l'action de vouloir le destin comme il est=
l'action d'accorder sa raison à la Raison (Logos) du monde= de vouloir tout ce
que le dieu veut= d'aimer le destin= amor fati= d'où procède ce sentiment de
l'homme libre, sentiment qui n'est pas une passion, qu'est la joie constante
que le sage qui veut tout ce que le dieu veut, ressent devant tout ce qui arrive=
produit un consentement serein et joyeux au monde tel qu'il est. Car tout ce qui
arrive, arrive maintenant exactement comme il le veut, ce qui est source de
joie et de plénitude car il a fait disparaître tout obstacle en lui (les passion) et
hors de lui (les maux) = le coefficient d'adversité des choses procède de notre
libre jugement sur elles jamais des choses en elles-mêmes 2. Nous ne
rencontrons des obstacles hors de nous qu'à la mesure du fait que nous avons
mal désiré un indifférent comme un bien (= mauvais usage de nos
représentations). Exemple d'Epictète: l'insulte vécue comme un outrage
provoquant la colère = je désire être respecté = je juge comme un bien le fait de
l'être et comme un mal le fait de ne pas l'être= on m'insulte= mon
opinion/jugement considère l'insulte comme un outrage qui provoque (cause) ma
colère (= passion qui agite mon âme). Je suis seul cause et responsable de ma
propre colère. Le sage vit sans troubles ni passions, son bonheur est dans sa
vertu et son bonheur dépend de sa vertu = bon usage de ses représentations qui
lui fait accorder sa volonté à la volonté du dieu, sa raison à la Raison universelle
(Logos) : "il ne faut pas demander que les événements soient comme tu le veux,
mais il faut les vouloir comme ils arrivent; ainsi ta vie sera heureuse" (Epictète,
Manuel). Il s'agit d'accorder son désir à la nécessité, d'approuver et de vouloir la
loi du réel, de lui dire oui. Grâce à la compréhension rationnelle (usage de ma
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Thèse que l'on retrouvera dans la philosophie de la liberté de Sartre influencé en cela par les Stoïciens.
raison= vivre selon la raison) j'ai pu agir sur mes désirs et les modifier (au lieu
vainement de chercher à modifier l'ordre du monde) en les accordant à la
nécessité du monde: "vivre en accord avec la Nature"= précepte majeur des
Stoïciens. Par là je suis parvenu à conquérir la sérénité.
Le bonheur des Stoïciens (à la différence des Epicuriens) est dans la vertu qui
est source de joie (qui est un sentiment né de la vertu) pas dans le plaisir (qui
est une passion née du vice). Nietzsche se réclamera de l'amor fati des Stoïciens
(Cf. Chap. VI. Complément 2).