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NOTE SUR L’ORDONNANCE DE MISE EN LIQUIDATION DES BIENS DE LA

SOCIETE GASES & WELDING SARL.

L’Ordonnance n°111/AMCM/052017 du 10 mai 2017 rendue par le Président du Tribunal de


Commerce de Lubumbashi statuant sur une requête en déclaration de cessation est irrégulière.
Les raisons sont les suivantes :
I. Seul un jugement, appelé à l’article 32 al 1 « décision de la juridiction compétente » doit
décider de l’ouverture de la procédure collective de liquidation des biens et non une
ordonnance qui est une décision du président de la juridiction.

Article 32 al.1 de l’Acte Uniforme sur les Procédures Collectives et Apurement du Passif :
«  L’ouverture d’une procédure collective de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens ne peut résulter que d’une décision de la juridiction compétente »

II. Seul un expert désigné par une ordonnance du président de la juridiction est habilité à
remettre un rapport après collecte de renseignements dans un délai déterminé par
l’ordonnance. Cette désignation est facultative. (Art 32 al 2.)
Le syndic appelé, représentant des créanciers, ne peut être chargé de la tâche de faire
rapport au Président de la juridiction ni par une ordonnance ni par un jugement. Celui-ci ne
peut faire rapport qu’au juge-commissaire. (Art. 43 al 1 & 4).
A titre illustratif, dans le cas d’une demande de concordat préventif, à l’al.3 de l’art.32, il est
dit qu’à la suite du rapport de l’expert nommé par ordonnance, la juridiction compétente
statue à la première audience utile par un jugement. En appliquant au cas sous-examen,
où certes il n’y a pas eu demande de concordat, il sied de conclure du moins qu’une
ordonnance enjoint uniquement à un expert de faire rapport au Président de la juridiction.
Article 32 al.2 et al.3 :
«  Avant la décision d’ouverture d’une procédure collective, le Président de la juridiction
compétente peut désigner un juge du siège ou toute autre personne qu’il estime qualifiée, à
charge de dresser et lui remettre un rapport dans un délai qu’il détermine, pour recueillir
tous renseignements sur la situation et les agissements du débiteur et la proposition de
concordat faite par lui.
La juridiction compétente statue à la première audience utile et, s’il y a lieu, sur le rapport
prévu à l’alinéa précédent ; elle ne peut rendre sa décision avant l’expiration d’un délai de
trente jours à compter de sa saisine, quel que soit le mode de saisine ».
Article 43 al.1 & 4 :
«  Le ou les syndics sont chargés de représenter les créanciers sous réserve des
dispositions des articles 52 et 53 ci-après. Ils ont la qualité des mandataires rémunérés et
sont civilement responsables de leurs fautes dans les termes du droit commun, sans
préjudice de leur responsabilité pénale.

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Le syndic a l’obligation de rendre compte de sa mission et du déroulement de la procédure
collective au juge-commissaire selon une périodicité définie par ce magistrat. A défaut, il
doit rendre compte une fois par mois et, dans tous les cas, chaque fois que le juge-
commissaire le lui demande. »
III. De l’interprétation des textes évoqués ci-dessus combinés à l’article 35 al. 1 et de
l’observation de la pratique judiciaire au Tribunal de Commerce de Kinshasa, il ressort que
cet art 35 al 1 prescrit que seul un jugement d’ouverture de la liquidation nomme le juge
commissaire, organe de suivi de la liquidation, et le syndic, représentant des créanciers.
Néanmoins, il faut reconnaitre que cet alinéa est assez vague en évoquant les termes « la
décision d’ouverture » en lieu et place de « décision de la juridiction ».
Art 35 al1 :
« La décision d’ouverture nomme un juge-commissaire parmi les juges de la juridiction, à
l’exclusion de son Président sauf en cas de juge unique. Il désigne le ou les syndics sans
que le nombre de ceux-ci puisse excéder trois. Le cas échéant, l’expert désigné pour le
règlement préventif d’un débiteur ne peut être désigné syndic. »
Ainsi cette ordonnance est nulle. Car le président de la juridiction s’est prononcé sur une
matière qui n’est pas de sa compétence, a nommé discrétionnairement un syndic et juge-
commissaire et a ordonné au syndic de lui faire rapport. Cette irrégularité n’est même pas
couverte par la forclusion des délais prévus en droit OHADA en matière d’appel et d’opposition.
Par ailleurs, malgré la non organisation par l’AUPCAP du régime des nullités des décisions
d’ouverture frappées d’irrégularité flagrante du point de vue de la compétence et dont les délais
de recours sont dépassés, ainsi que le silence de la loi congolaise sur les ordonnances
entachées de nullité sauf en certaines matières très limitées, la pratique judiciaire congolaise
offre une solution.
Il y a deux possibilités pour BIVAC RDC SARL en liquidation de contester cette ordonnance du
Président du tribunal de commerce de Lubumbashi qui lui fait grief :
 Soit adresser à son tour une requête au juge de l’ordonnance, le président du tribunal
de commerce, en postulant par une autre ordonnance un anéantissement de cette
mesure irrégulière d’ouverture de liquidation, car en droit congolais les ordonnances
ne dessaisissent pas le Président de la juridiction ;
 Soit soulever, en se défendant, l’exception de nullité de l’ordonnance si en s’adressant
au Gérant de la société GASES & WELDING SARL, celui-ci reprochait à BIVAC
d’avoir méconnu l’ordonnance. Ce qui pourrait entrainer un contentieux judiciaire avec
cette société.

Seules ces deux options sont favorables. Car il est difficile à un juge président de statuer sur la
nullité de ses propres actes ou à un tribunal de censurer son président.
Cdlt !

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