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REPUBLIQUE DE GUINEE

UNIVERSITE GENERAL LANSANA CONTE DE SONFONIA CONAKRY

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION


DEPARTEMENT : BANQUE FINANCE
NIVEAU : LICENCE 2

PROJET DE RECHERCHE EN MONNAIE ET INSTITUTIONS FINANCIERES


GROUPE 42

THEME DE RECHERCHE:
COMMENT L’EXPLOITATION DE L’OR DANS LES MINES PEUT-ELLE
AFFECTER LA STABILITE DU FRANC GUINEEN?
MEMBRES DU GROUPE :

CHARGE DU COURS : Dr MOHAMED LAMINE DOUMBOUYA

ANNEE UNIVERSITAIRE :2022-2023

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INTRODUCTION : L’or est utilisé depuis la fin de la Préhistoire : il est le métal noble le plus
ancien et le deuxième connu de l’homme après le cuivre. Les premières pièces de monnaie en
or apparaissent entre -560 et -547 av J-C, sous le règne de Crésus, roi de Lydie (aujourd’hui
en Turquie).
L’or est un métal précieux très recherché. L’attraction qu’il exerce provient de sa rareté
relative et de ses propriétés physiques. Il possède des qualités d’inaltérabilité et de
conductivité, l’unité internationale de poids d’or est l’once troy qui correspond à 31,1
grammes. L’offre d’or provient pour les trois quarts de l’extraction minière et pour un quart
du recyclage (fonte de vieux bijoux, récupération dans les produits usagés par exemple).
En 2020, la production mondiale des mines d’or s’est élevée à 3478 tonnes. Les principaux
producteurs sont la Chine, l’Australie, la Russie, les Etats-Unis, le Canada et le Ghana.
La demande mondiale d’or a été d’environ 3732 tonnes en 2020. Elle émane des achats
d’investisseurs (47,7%), du secteur de la joaillerie (37,5%), de l’industrie (8%) et des banques
centrales (7%)

Le cadre qui nous intéresse est celui de la GUINEE qui en dépit de la hausse de l’exploitation
de son or ces dernières années ne permet pas d’améliorer les conditions de vie de sa
population. L’or malgré son importance capital pour les banques centrales comme valeur de
refuge en période d’instabilité financière et de tensions géopolitiques peut avoir une influence
sur la stabilité de la monnaie notamment celui du franc guinéen, c’est pourquoi on se pose la
question à savoir comment l’exploitation de l’or dans les mines guinéennes peut-elle affecter
la stabilité du franc guinéen ? Pour mieux répondre à cette question nous allons nous baser sur
des questions comme :
Qu’entend-on par stabilité d’une monnaie ?
Quel est le rapport entre l’or et la monnaie ?
L’exploitation de l’or en Guinée a-t-elle augmenté ces dernières années ?
Comment l’exploitation de l’or peut-il améliorer les conditions de vie de la population
guinéenne ?
Comment peut-elle affecter la stabilité du franc guinéen ?
La réponse à cette problématique constituera l’objet de notre développement à travers les
lignes qui suivent.

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Développement : La stabilité d’une monnaie (ou la stabilité des prix) est le maintien relatif de
la valeur d’une monnaie dans le temps par rapport à la valeur des biens et services présents
dans un système économique. Il s’agit donc d’un état d’équilibre entre inflation et déflation.
Nous pouvons donc en conclure que le franc guinéen est stable lorsque son pouvoir d’achat
pour les consommateurs est élevé et que le niveau général des prix ne change pas.
Le système financier international ainsi que les régimes de change ont grandement évolué au
cours de l’histoire. Nous passons en revue les principales évolutions.
De 1870 à la première guerre mondiale : le règne de l’étalon-or
Les principales monnaies sont convertibles en or à un prix fixe auprès de la Banque Centrale
émettrice de la monnaie. Pour garantir cette conversion, la Banque Centrale est obligée de
détenir des réserves en or.
Chaque monnaie ayant ainsi une parité fixe par rapport à l’or, les taux de change entre les
monnaies sont stables. Mais, cette stabilité monétaire s’est accompagnée d’une grande
instabilité des prix, de la production et de l’emploi. En effet lorsqu’un mouvement de
conversion en or d’une monnaie fait baisser le stock d’or ou menace de le faire baisser (suite
par exemple à un déficit de la balance des paiements), la Banque Centrale est tenue
d’appliquer des politiques très restrictives (hausse forte des taux d’intérêt) pour faire baisser la
demande de monnaie
Pendant la guerre de 1914-1918.Les Etats belligérants décident l’inconvertibilité en or de leur
monnaie. Financer l’effort de guerre a, en effet, nécessité d’imprimer de la monnaie en
quantité plus grande que les stocks d’or ne le permettaient et a généré de l’inflation.
En 1922, la conférence internationale de Gènes débouche sur un retour à l’étalon-or …mais
avec une convertibilité limitée. Les Etats qui n’ont pas de stock d’or suffisant peuvent couvrir
leur monnaie par la détention de devises de pays qui ont des stocks d’or en garantie (système
de l’étalon change-or ou Gold Exchange Standart).
Le système de l’étalon-or ne résiste pas à la crise de 1929 : Des pays européens (Allemagne,
Royaume-Uni, Autriche, Hongrie) instaurent un contrôle des changes pour empêcher les
sorties de capitaux.
En 1931, le Royaume-Uni décide de suspendre la convertibilité or de la live sterling qui est
largement utilisée dans les échanges internationaux. D’autres pays, comme le Japon ou les
pays scandinaves et d’Amérique latine, suivent. L’étalon-or n’est plus respecté que par les
Etats-Unis, la France et un petit nombre de pays.
1945-1971 : le retour aux parités fixes Les accords de Bretton Woods (Ville des Etats-Unis où
s’est déroulée la conférence internationale, en juillet 1944) mettent en place un système
d’étalon change-or dans lequel le dollar des Etats-Unis joue le rôle de devise pivot.
Chaque pays signataire déclare la parité de sa monnaie en or ou en dollar. Le dollar est lui-
même défini par une parité fixe avec l’or (35 dollars pour une once d’or fin ; 1 once =
31,1034768 g). Les banques centrales ont l’obligation de défendre la parité de leur monnaie
avec une marge de fluctuation autorisée de + ou – 1% par rapport au dollar. Le FMI est créé

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dans le cadre des accords de Breton Woods. Il a pour rôle de veiller au bon fonctionnement du
système et d’accorder des prêts limités et temporaires aux Etats.
Aout 1971 : La convertibilité du dollar en or est suspendue du fait de l’inflation et des
déséquilibres croissants des relations économiques internationales des Etats-Unis. Un régime
de taux de change flottants est instauré. Depuis il n’existe plus de lien direct entre l’or et la
monnaie, l’or est utilisé comme valeur refuge en période d’instabilité économique ou
politique.
Le commerce de l’or issu de l’exploitation artisanale est libre à l’intérieur du pays. Une partie
est achetée par la banque centrale guinéenne, qui dispose de 2 bureaux d’achat l’un à Kankan,
l’autre à Conakry, équipées de laboratoires de titrage. Une autre partie est exportée par des
sociétés et négociants privés. Enfin une troisième partie, non comptabilisée dans les
statistiques, est utilisée par les bijouteries locales. L’exploitation de l’or par les privés doit
être enregistrée à la BCRG. Elle est théoriquement soumise, selon le code minier, à une taxe
de 3%.

Cette figure représente les différents acteurs de l’orpaillage en Guinée. On voit qu’au niveau
des collecteurs, une partie est vendue aux acheteurs illégaux et l’autre partie part au comptoir
de la BCRG et l’autre en exportation.

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On remarque qu’il y a eu une hausse de la production et de l’exploitation de l’or en 2021 par
rapport à 2020, elles sont respectivement passées de 428738 à 576830 et de 433961 à 577627,
ce qui devrait normalement améliorer les conditions de vie de la population.
Siguiri étant la plus grande préfecture productrice d’or, nous allons étudier comment l’or
arrive à améliorer les conditions de vie de la population.
En effet, l’or est le substratum du développement économique de la région de Siguiri, mais il
est toutefois difficile de déterminer la quantité d’or produite par cette région annuellement.
Aujourd’hui, dans la région de Siguiri, plusieurs aspects de développement sur le plan local
ont connu un essor grâce à l’or. Il a permis le développement infrastructurel (bâtiments,
chaussées, etc), il a résorbé le chômage local dans les ONG locales et les PME. Le commerce
connait un élan très fort en matière d’import et export. Les institutions de microfinances et les
banques primaires qui travaillent étroitement avec les opérateurs économiques et qui font des
prêts à des taux raisonnable. On constate la présence d’un plus grand nombre de maisons
modernes que de cases, sans oublier les bâtiments habitant des lieux de culte neufs.
Mais cette amélioration du niveau de vie de la population n’est pas due à la stabilité de la
monnaie car on remarque à Siguiri la cherté de la vie, l’augmentation exponentielle des prix
des marchandises, la diminution des terres cultivables et la baisse de rendement des récoltes
alors que l’on pourrait mettre l’accent sur l’agriculture pour améliorer les recettes
d’importation de la Guinée.
Jusqu’en 2016, seulement 42% des recettes en devises tirées de l’exportation d’or étaient
rapatriées vers la Guinée. En 2017, le pays a pu accéder à la totalité de ses recettes qui se sont
chiffrées à 470 millions de dollars, une exigence à laquelle doit se plier les détenteurs de
comptoir de commercialisation d’or en provenance de la Guinée. Ces montants bien sûr ne
sont pas des recettes pour l’Etat mais des retours de devises qui alimentent le système
bancaire national et contribuent à la stabilité de la monnaie et donc à l’amélioration des
conditions économiques, en bref c’est la partie rapatriée légalement qui permet aux citoyens
d’avoir plus de monnaie en circulation pour répondre à leurs besoins de consommation. Le
rapatriement des devises est très important, c’est le fait de faire revenir au pays les recettes
des ventes à l’exportation, puis de les verser dans les caisses de la banque centrale. Dans la
banque centrale, il y’a ce qu’on appelle la balance de paiement. Puisque l’on parle de balance
de paiement, c’est elle qui permet de mesurer le poids de l’importation et de l’exportation. Si
jamais l’importation est plus importante, le plateau de l’exportation est plus léger et il n’y a
pas d’équilibre. Le poids de l’argent qui rentre dans la balance de paiement est faible, cela va
impliquer une dépréciation de la monnaie guinéenne. Donc il existe des liens entre les recettes
d’exportation et le cours de la monnaie locale, en effet lorsqu’un pays importe des biens il
paie les biens avec les devises étrangères il doit cependant puiser dans ses réserves de devises
étrangères, lorsqu’il n’a pas suffisamment de devises étrangères parce que tout a été utilisé
pour importer des biens il doit d’abord effectuer des changes en achetant les devises dont il a
besoin avec sa propre monnaie et plus il achète, plus le cours de devises étrangères va
augmenter par rapport à la monnaie nationale ce qui va entrainer la dépréciation de la
monnaie nationale, le pouvoir d’achat du franc guinéen baisse alors automatiquement. Et
constat est que la Guinée importe plus qu’elle n’exporte preuve en est que en 2020, il y’a
1milliard USD d’importation par rapport à seulement 40millions USD d’exportation. Et
constat a été fait qu’une partie de l’or s’achemine illicitement dans le pays ce qui réduit le

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montant de devises à la Banque Centrale qui est obligée d’échanger la monnaie locale contre
la devise souhaitée d’où l’instabilité du franc guinéen.

Soulignons également qu’une augmentation de la masse monétaire se traduit par une


augmentation des prix. Dans les mines, après exploitation de l’or, cet or est échangé contre le
franc guinéen et la quantité de monnaie en circulation augmente pour causer l’inflation et une
instabilité du franc guinéen.
CONCLUSION
L’or est très important pour l’économie d’un pays, la BCRG doit donc augmenter ses réserves
d’or pour garantir la crédibilité du franc guinéen. Le potentiel en or du pays est estimé à
plusieurs centaines de tonnes. Dix ans après le début du boom de l’exploitation aurifère en
Guinée, la population attend encore de pouvoir réellement bénéficier de ses retombées, que ce
soit dans l’industrialisation, en ce qui concerne le marché de l’emploi, l’état des finances
publiques, ou le niveau des dépenses sociales. La Guinée a offert aux investisseurs
internationaux un environnement propice à leur enrichissement mais qui ne garantit ni le
respect des droits fondamentaux, ni l’amélioration à long terme des conditions de vie de la
population. Il est donc recommandé :
A l’Etat : De respecter ses obligations en matière de protection, de respect, de promotion des
droits de l’Homme
D’assumer pleinement ses fonctions de puissance publique notamment pour faire respecter sa
réglementation et de contrôler les activités des entreprises
Aux entreprises aurifères : De remplir leurs obligations de respecter, protéger et promouvoir
les droits de l’Homme
De se soumettre pleinement à la législation guinéenne
De veiller à ce que les infrastructures, notamment sanitaires, construites à proximité de la
mine bénéficient non seulement à la mine mais aussi aux autres membres de la communauté
Aux institutions financières internationales et aux bailleurs de fonds : D’aider l’Etat guinéen à
améliorer sa connaissance de ses propres ressources et à contrôler l’activité des entreprises en
lui permettant de renforcer ses capacités humaines et techniques
De ne pas pousser au développement de projets de développement local des entreprises
comme solution pour la réduction de la pauvreté sans garantie quant au caractère durable,
participatif et respectueux des prérogatives de l’État de ces projets
Et autres orpailleurs : De ne pas exploiter inégalement l’or et de rapatrier toutes les recettes
d’exportation à la BCRG pour participer à la stabilité de la monnaie.
Bibliographie : https://abc-economie.banque-france.fr
https://mines.gov.gn
https://fr.m.wikipedia.org
https://www.cairn.info

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