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Van Hoang Thi Hong. La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 : d’une thésaurisation monétaire à une
thésaurisation refuge. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 168, année 2012 pp. 119-134 ;
doi : 10.3406/numi.2012.3176
http://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2012_num_6_168_3176
Abstract
This paper considers the evolution of gold hoarding in France since 1914, both by individuals and
by the Banque de France. The start date was chosen because it marks the beginning of the end of
the Gold Standard in France. We note that despite its definitive demonetization in 1978, gold
continues to be hoarded in France. In 1914, the amount of gold hoarded by French individuals was
roughly 1 600 tons. Nowadays, it is estimated at between 3 000 and 5 000 tons. As for the Banque
de France, its gold reserve increased from 1 030 tons in 1914 to 2 435 tons in 2010. This shows
that gold is still considered a real and tangible asset nowadays. It represents a safe haven
investment for savers.
Thi Hong Van Hoang*
Résumé − L’objectif de cet article est d’étudier l’évolution de la thésaurisation de l’or par les
Français et la Banque de France depuis 1914. Cette date marque le début du déclin de l’étalon-or
en France. Nous constatons que malgré sa démonétisation définitive en 1978, l’or continue à être
thésaurisé en France. En 1914, la quantité d’or thésaurisé par les Français est d’environ 1 600
tonnes. Aujourd’hui, elle est estimée entre 3 000 et 5 000 tonnes. Quant à la Banque de France,
son encaisse or passe de 1 030 tonnes en 1914 à 2 435 tonnes en 2010. Ceci montre que de nos
jours, l’or est toujours considéré comme une valeur réelle et tangible. Il représente un placement
refuge pour les épargnants.
Summary − This paper considers the evolution of gold hoarding in France since 1914, both by
individuals and by the Banque de France. The start date was chosen because it marks the begin-
ning of the end of the Gold Standard in France. We note that despite its definitive demonetization
in 1978, gold continues to be hoarded in France. In 1914, the amount of gold hoarded by French
individuals was roughly 1 600 tons. Nowadays, it is estimated at between 3 000 and 5 000 tons.
As for the Banque de France, its gold reserve increased from 1 030 tons in 1914 to 2 435 tons
in 2010. This shows that gold is still considered a real and tangible asset nowadays. It represents
a safe haven investment for savers.
Introduction
Depuis sa découverte (vers 4000 ans avant Jésus Christ)2, l’or ne cesse
d’être un métal important dans la vie des hommes. Pendant plusieurs siècles,
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il a joué le rôle de monnaie. Il était, et est encore, une des indications impor-
tantes de la situation financière d’un pays. Ses ressources limitées font de lui un
métal rare, précieux et très recherché.
De nos jours, l’or est considéré soit comme un métal, une matière première,
soit comme un actif financier représentant une valeur refuge, une valeur de
réserve et un facteur de diversification de portefeuille (cf. Hoang 2010). Il peut
être librement échangé partout dans le monde sans aucune contrainte monétaire.
Ce qui n’a pas toujours été le cas puisque l’or n’a été réellement libéré de son
rôle monétaire qu’à partir du 1er avril 1978 quand le régime de change fixe de
Bretton-Woods3 a été officiellement dissous.
En France, l’or commence à se détacher de son rôle monétaire à partir de
1914, à la veille de la Première Guerre Mondiale. Avant cette date, et notam-
ment depuis 1803, l’or jouait un rôle central dans le système monétaire français
puisque le franc, nommé germinal, était défini par un poids d’or et d’argent4.
De 1914 à 1948, l’or fait l’objet de plusieurs restrictions telles que l’interdiction
d’exporter de l’or en 1915, l’interdiction d’échanger de l’or au-dessus du cours
légal en 1916, l’interdiction de la refonte des pièces d’or en 1919, la réquisition
de l’or par l’État en 1936, et finalement l’interdiction de la détention, du
commerce, de l’importation et de l’exportation en 1939...5 Face à ces restrictions,
le commerce clandestin de l’or commence à s’organiser en 1940 pour devenir
un véritable marché parallèle à partir de 1941 à Paris. Ce dernier traverse la
Deuxième Guerre Mondiale et subsiste jusqu’en 1948 quand René Mayer,
Ministre des Finances de 1947 à 1948, décide de libérer la détention et le
commerce de l’or en France6. Un marché officiel de l’or est ainsi ouvert à la
Bourse de Paris le 19 février 1948. Il est organisé et réglementé par la Chambre
Syndicale des Agents de Change. Après 56 ans d’existence, ce marché est fermé
en juillet 2004 pour laisser place à un marché de gré à gré où le prix d’équilibre
est déterminé par la Compagnie Parisienne de Réescompte7.
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 121
Dans cette riche histoire de l’or en France, nous nous intéressons particulière-
ment à son aspect « thésauriseur » de 1914 à aujourd’hui. L’année 1914 marque
le début de la démonétisation de l’or en France. Avec le déclenchement de la
Première Guerre Mondiale, la Banque de France a décidé de suspendre le rem-
boursement des billets en pièces d’or qui était l’un des principes fondamentaux
de l’étalon or. Le rôle monétaire de l’or commence ainsi à s’affaiblir en France.
En 1928, pour la première fois, le franc germinal est supprimé officiellement
et remplacé par le franc Poincaré. Ce dernier est de nouveau défini par l’or.
Cependant, l’étalon-or devient l’étalon-or lingot car le remboursement des
billets en or n’est possible qu’à partir d’un montant équivalent à 12,5 kg d’or
(soit 215 000 anciens francs)8. La loi monétaire du 1er octobre 1936 supprime
le franc Poincaré et marque ainsi la fin définitive de l’étalon-or en France.
Cependant, en 1944, l’établissement du système de change fixe de Bretton-
Woods redonne à l’or un rôle central dans le système monétaire international.
Le franc a de nouveau une définition or9. Celle-ci n’est cependant appliquée
que dans le système de paiements internationaux. Le système Bretton-Woods a
rencontré plusieurs difficultés, notamment à partir de 1960 quand le déficit
budgétaire des États-Unis est apparu. La perte de la confiance dans le dollar
américain a pour effet d’augmenter la demande d’or dans le monde et le prix
fixe de 35 $ l’once a du mal à se maintenir. Pour faire face à cette situation,
plusieurs solutions ont été appliquées, notamment la création d’un Pool de l’or
en 1961 et du double marché international de l’or en 196810. Malgré cela, le
système Bretton-Woods s’effondre en novembre 1973 quand le FMI a décidé
de ne plus maintenir le prix officiel de l’or et de le laisser évoluer librement selon
les conditions du marché. Avant cette date, la suppression de la convertibilité
entre l’or et le dollar, le 15 août 1971, décidée de manière unilatérale par les
États-Unis a été un signal fort de la fin du régime de change fixe. De manière
officielle, le système Bretton-Woods prend fin en avril 1978 quand l’Accord
Jamaïque entre en vigueur11.
8. Sur le franc Poincaré, voir Blancheton 1997, Mouré 1998, Soavi 2003.
9. L’évolution de la définition or du franc dans le système de Bretton-Woods est présentée
en Annexe (figure 6).
10. Le Pool de l’or a pour but d’intervenir sur le marché international de l’or en cas de crise
par des programmes de ventes officielles ou de rachat pour maintenir le prix officiel à 35 $ l’once.
Les membres de ce pool sont les Banques Centrales de la Grande-Bretagne, de la France, de la
Belgique, de l’Italie, de la Suisse, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Elles mettent en commun
leurs réserves d’or qui sont mobilisables par l’intermédiaire de la Banque d’Angleterre. Le
double marché est composé d’un marché officiel et d’un marché libre. Le marché officiel, réservé
aux autorités, voit le prix fixe de $35 l’once d’or maintenu. Le marché libre, auquel participent
les producteurs, les industriels et les investisseurs privés, voit le prix de l’or évoluer librement en
fonction de l’offre et de la demande. Voir Kissas 1988.
11. L’Accord de la Jamaïque porte sur deux réformes essentielles : légalisation du régime de
change flottant (appliqué dans la pratique depuis novembre 1973) et élimination de l’or du
système des paiements internationaux. L’or cesse d’être le dénominateur commun définissant
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122 Thi Hong Van Hoang
L’or est avant tout un métal. Il est utilisé dans la bijouterie et cela fait partie
de près de 70 % de la demande mondiale d’or12. L’or est également utilisé dans
l’industrie et dans la médecine. La forte conductivité thermique et électrique de
l’or, sa résistance à la corrosion expliquent pourquoi la moitié de la demande
industrielle résulte de son utilisation dans les composants électriques. L’or est
également utilisé dans le domaine médical grâce à sa biocompatibilité, sa résis-
tance à la corrosion bactérienne. Ces utilisations font partie de près de 10 %
de la demande mondiale d’or. L’or est aussi considéré comme un placement
financier et cela fait partie de 20 % de la demande mondiale de ce métal C’est
dans cette partie de la demande que l’on trouve la composante « thésaurisation ».
En tant qu’actif financier, l’or représente des caractères typiques que n’ont pas
d’autres actifs financiers.
Première particularité, l’or n’a pas d’émetteur. L’actif or ne fait pas partie
du capital social d’une entité émettrice. Ce n’est pas cette dernière qui décide
de la quantité d’or disponible sur le marché. Elle dépend de la quantité que les
mines d’or sont susceptibles de trouver et d’en extraire, de l’or ancien recyclé
et de l’or que vendent les banques centrales. Cette particularité de l’or constitue
les parités officielles des monnaies et les monnaies ne sont plus définies par un poids d’or. Le prix
officiel de l’or est supprimé. Voir Kissas 1988.
12. Source : Conseil Mondial de l’Or (World Gold Council). C’est une organisation anglaise
fondée en 1987 pour but de dynamiser la demande d’or dans le monde en créant une liaison entre
les consommateurs, les investisseurs et les sociétés de mines d’or. Il est en collaboration avec
GFMS Ltd, une compagnie anglaise de consultation en métaux précieux, et avec le FMI pour
fournir des informations sur les marchés de l’or. Site Internet : http://www.gold.org.
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 123
Pendant plusieurs siècles, l’or a été une monnaie. Même si ce n’est plus le cas,
l’or reste incontestablement le seul véritable actif monétaire, de par sa valeur
stratégique intrinsèque. Il est toujours considéré comme une valeur réelle, tangible
et surtout très liquide car il peut se transformer en monnaie papier très facile-
ment et ce partout dans le monde. De plus, l’or est commode à mettre à l’abri
et disponible en toutes circonstances. L’épargnant peut le garder purement et
simplement pendant un certain nombre d’années, pour le vendre finalement à
un prix tel que son pouvoir d’achat reste intact.
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500
08/2004-07/2007 : Période avant l'arrivée de la crise financière 08/2007-12/2011 : Crises financières
350
Sept. 2008 / 112 points
Faillite de Lehman Brothers
300
Lingot
L'OR
361 points
250
200
Napoléon
L'OR ET CAC 40
412 points
150
100
CAC 40
50 CAC 40
88 points
0
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11
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Source : les valeurs de l’indice CAC 40 sont disponibles sur le site Internet de l’Euronext. Les cours de l’or sont disponibles
sur le site Internet de la Banque de France. Le graphique est réalisé par l’auteur.
Figure 1 - Évolution mensuelle des indices des cours du lingot, de la pièce Napoléon à Paris et
de l’indice CAC 40 d’août 2004 à décembre 2011 (base de 100 en août 2004).
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 125
Sur le graphique précédent, l’aspect « valeur refuge » de l’or est très bien
illustré. Avant l’arrivée de la crise des subprimes des États-Unis, en août 2007,
le prix de l’or (lingot d’un kilogramme et pièce Napoléon) et l’indice des actions
CAC 40 évoluent dans le même sens. Le coefficient de corrélation entre l’or et
les actions est de près 0,1 durant cette période. Pendant la crise financière
des subprimes (2007-2009) et pendant la crise de la dette publique européenne
(2010-…), cette tendance s’inverse. Pendant que l’indice des actions baisse de
manière continue (- 44 % entre août 2007 et décembre 2011), le prix de l’or
augmente et atteint son niveau record en août 2011 (40 000 euros pour le lingot
et 240 euros pour le Napoléon) alors que la baisse de la note de la dette améri-
caine a été annoncée par l’agence Standards and Poors. La corrélation entre
l’or et les actions devient négative à - 0,4. Cette forte montée du prix de l’or
montre que la demande de thésaurisation d’or augmente quand la conjoncture
économique et financière devient menaçante.
La crise des subprimes16 débutant en août 2007 a fait augmenter le prix de
l’or de manière remarquable : le prix de la pièce Napoléon a augmenté de près
de 22 % entre 2008 et 2007 (122 euros contre 100 euros) ; le prix du lingot d’un
kilogramme de près de 10 % (19 800 euros contre 18 200 euros). Cette forte
réaction du prix de l’or devant la crise financière montre bien son rôle de valeur
refuge. Quand le marché des actions est en baisse, le prix de l’or monte. La
méfiance des investisseurs vis-à-vis des actions se traduit par l’augmentation
de la demande des investissements en or, et donc de son prix.
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126 Thi Hong Van Hoang
NB : « % par rapport au total » signifie la proportion de l’or thésaurisé en France par rapport à la quantité totale d’or
thésaurisé dans le monde.
Figure 2 - L’or thésaurisé en France et dans le monde
(en milliards de dollars22, avec 1 once = 35 $).
20. Les chiffres en détail sont analysés dans la deuxième partie de cette section.
21. Source : Archives de la Banque de France, boîte no 1467200501/78. La Banque de France
a extrait ces chiffres des Pick’s World Currency Reports.
22. Pendant la période du régime de change de Bretton-Woods, l’unité monétaire internationale
la plus utilisée est le dollar américain. C’est cette unité qui est utilisée pour exprimer la quantité
d’or thésaurisé dans les Pick’s World Currency Reports.
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 127
4500
1973
Dissolution du double marché
4000 1960 - 1969
Crise du dollar
1951-1958
3500 Inflation du franc
3000
1971
Fin de la convertibilité entre l'or
2500 et le dollar
2000
1968
1981
Création du double marché
1952 Élection de François Mitterrand
Stabilisation Pinay
1500
1000 1961
Création du Pool de l'or
500
51
53
55
57
59
61
63
65
67
69
71
73
75
77
79
81
83
85
87
89
91
93
95
97
99
19
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19
19
19
Source : Archives de la Banque de France, boîtes nos 1467200501/78, 1467200501/92, 1495200501/270, et Conseil Mondial
de l’Or.
23. Source : Archives Banque de France, boîte no 1467200501/78. Il s’agit des études réalisées
par la Direction Générale des Services Étrangers (DGSE).
24. C’était le cas jusqu’en 1977 quand une taxe forfaitaire de 4 % sur les ventes d’or est
entrée en vigueur. Actuellement, ce taux est de 8 %.
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 129
Entre 1951 et 2000, la quantité estimée d’or thésaurisé par les Français se
situe entre 3 000 et 4 000 tonnes. Ces quantités sont donc bien plus élevées
qu’avant la Deuxième Guerre Mondiale. Elles restent assez stable et comme
nous l’avons souligné ci-dessus, il est rare de voir qu’un mouvement de hausse
soit suivi par un mouvement de baisse d’une même ampleur. Entre 1951 et 1969,
la quantité estimée d’or thésaurisé est en hausse continue. De 3 000 tonnes en
1951, elle passe à 3 800 tonnes en 1969. Depuis, cette quantité est restée stable
jusque dans les années 2000.
Entre 1951 et 1958, le manque de confiance en la monnaie papier, dû à la
hausse de l’inflation après la Deuxième Guerre Mondiale, a été le principal
motif de la hausse continue de la thésaurisation de l’or. L’indice des prix à la
consommation (IPC) est de près de 136 points en décembre 1951 (avec une base de
100 en décembre 1949). Il atteint le niveau de 170 points en décembre 1958,
soit une hausse de 25 % en 8 ans26. En 1958, l’émission du deuxième emprunt
Pinay27 indexé sur le prix de la pièce Napoléon a participé à réduire la quantité
d’or thésaurisé de 105 tonnes par rapport à 1957 (3 126 contre 3 231 tonnes).
Cette baisse est liée au fait que les particuliers possédant de l’or, notamment
des pièces Napoléon, en vendent pour acheter les obligations d’État indexées
sur le prix de cette pièce. En effet, le nombre de pièces Napoléon achetées par
le Fonds de Stabilisation des Changes (FSC)28 en 1958 a connu une forte
augmentation par rapport à 1957 (6 500 000 pièces contre 300 000 pièces).
En 1960, on commence à voir apparaître le déficit dans la balance des paiements
des États-Unis, le pays qui tient le rôle central dans le système de Bretton-
Woods. La méfiance vis-à-vis du dollar américain a pour effet d’augmenter la
demande d’or qui était considéré comme son équivalent sous Bretton-Woods.
Parallèlement à la demande de thésaurisation d’or en raison de la méfiance
monétaire, se développe également une demande spéculative des investisseurs
cherchant à profiter de la hausse du prix de l’or exprimé en dollars pour réaliser
des bénéfices. En 1960, la quantité estimée de l’or thésaurisé en France est de près
de 3 169 tonnes, soit une hausse de près de 6 % par rapport à 1951. Durant la
crise du dollar, cette quantité est en hausse constante pour atteindre 3 789 tonnes
en 1969, soit une augmentation de 620 tonnes en 9 ans. Après 1969, la quantité
d’or thésaurisé se stabilise autour de 3 700 tonnes jusqu’en 2000. Cette stabilité
intervient après la démonétisation progressive de l’or, notamment à partir de
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130 Thi Hong Van Hoang
1971 quand les États-Unis ont décidé de suspendre toute convertibilité entre
l’or et le dollar. Ceci n’entraîne cependant pas une baisse significative de la
quantité d’or thésaurisé en France. Cela signifie que malgré sa démonétisation
définitive au niveau mondial, l’or est toujours considéré comme un actif quasi-
monétaire qui peut se transformer en argent liquide très facilement en cas de
besoin.
Pour la période 2001 à 2011, nous n’avons pas trouvé de données sur la
quantité d’or thésaurisé par les particuliers en France. À la fermeture du marché
de l’or à la Bourse de Paris en 2004, l’article de Prandi dans le journal
Les Échos du 3 août 2004 fait état du stock d’or privé en France variant entre
3 000 et 5 000 tonnes.
Quant à la composition de l’or thésaurisé, selon une étude de la Banque de
France publiée en 1962, les proportions sont de 2 300 tonnes pour les pièces
françaises (78 %), 200 tonnes pour les pièces étrangères (7 %) et 450 tonnes en
barres et lingots (15 %). Dans la revue Le Creuset du 8 novembre 1975, il est
mentionné que parmi les 3 500 tonnes d’or thésaurisées, il y a 2 500 tonnes de
pièces françaises et étrangères (71 %) et 1 000 tonnes en barres et lingots (29 %).
Selon l’Agence Française de Presse le 23 février 1976, une fois les pièces d’or
thésaurisées, elles ne « sortent » pratiquement plus ; tandis que les barres et les
lingots ont une rotation plus importante. Selon la même source, les transactions
annuelles des pièces françaises ne représentent qu’environ 1 % du stock détenu
par le public. Ce qui veut dire qu’il faut un siècle pour que ce stock de pièces
françaises « change de mains » complètement !
Dans les relations monétaires internationales, l’or n’a plus aucun rôle depuis
l’adoption par le Fonds Monétaire International (FMI) du second amendement
de 1978 (article IV). Celui-ci a mis fin au système de change fixe de Bretton-
Woods où les monnaies des pays membres du FMI doivent être définies par
l’or, où les réserves monétaires de ces banques centrales doivent contenir une
quantité minimale d’or et où les échanges entre les banques centrales doivent
respecter le prix de l’or fixé à une once égale à 35 $. À partir de 1978, plus
aucune monnaie n’est définie par rapport à l’or. Alors pourquoi les banques
centrales, y compris la Banque de France, continuent-elles de conserver de l’or
dans leurs réserves ? D’une part, l’or reste l’instrument de réserves en dernier
recours. Il peut être revendu facilement en cas de besoin et ce partout dans le
monde. D’autre part, la crédibilité de la Banque Centrale concernée dépend
aussi de l’état de son stock d’or. Les réserves or restent une garantie de solva-
bilité d’un pays et contribuent le cas échéant à la qualité de sa signature.
La figure 5 présente l’évolution de l’encaisse or de la Banque de France de
1914 à 2010.
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 131
5000
1968-1973
4000 Double marché
2007-2010
Crise financière
3000
1961-1967
Pool de l'or
1939-1945
2e Guerre Mondiale
2000 1928-1936
Franc Poincaré 1999
Accord des banques
1978 centrales sur les ventes d'or
Fin officielle de Bretton-Woods
1000
1914-1919
1re Guerre Mondiale
0
1914
1916
1918
1920
1922
1924
1926
1928
1930
1932
1934
1936
1938
1940
1942
1944
1946
1948
1950
1952
1954
1956
1958
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
Source : Archives de la Banque de France (boîte n° 1495200501/270) et site Internet du Conseil Mondial de l’Or.
Figure 5 - Évolution des réserves or de la Banque de France de 1914 à 2010 (en tonnes).
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132 Thi Hong Van Hoang
Conclusion
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La thésaurisation de l’or en France depuis 1914 133
et 1958 qui sont indexés sur le prix de la pièce Napoléon. Un des objectifs de
ces deux emprunts a été d’inciter les épargnants à vendre leurs pièces d’or pour
investir dans ces obligations d’État. À la fin des années soixante et au début des
années soixante-dix, Valéry Giscard d’Estaing (Ministre de l’économie et des
finances de 1969 à 1974) a de nouveau souligné les conséquences de la thésau-
risation d’or pour l’économie française33. Afin de sortir l’or de ses « cachettes »
et le transformer en épargne productive, un nouvel emprunt d’État indexé sur
l’or a été émis en 1973 sous l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing. Il est, cette
fois, indexé sur le prix du lingot d’un kilogramme. Malgré ces mesures,
la proportion de l’or sorti reste infime par rapport à la quantité d’or thésaurisé34.
Ces deux exemples montrent à quel point les Français sont attachés à l’or et à
la thésaurisation.
Annexe
à 900/1000 fin
1 janvier 1960
er
200,00 180,00
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RN 2012, p. 119-134
134 Thi Hong Van Hoang
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