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25,1 %
Les trafics issus de l’industrie lourde ont un poids prépondérant : 21,6 %
ils correspondent d’ailleurs mieux au domaine de pertinence du 20
mode ferroviaire que les trafics orientés vers la distribution. Ces
deux segments sont assurés par des wagons spécialisés selon la 10
marchandise transportée et forment le trafic conventionnel. Le
transport combiné intermodal représente quant à lui moins du quart 0
Industrie Agriculture Activités
de l’activité en volume : les marchandises, de toutes natures, sont lourde et industrie intermodales
logées dans des conteneurs ou des caisses mobiles routières, eux- de consommation
mêmes placés sur des wagons plats (figure 2).
Figure 2 – Trafic par wagons chargés : répartition des tonnes
La SNCF est depuis longtemps très européanisée : une bonne
kilomètres par catégorie de trafics en 2005
moitié de ses flux de wagons franchit au moins une frontière, même
si, du point de vue de la traction des trains, la SNCF n’opère prati-
quement qu’en France. Les FS, chemins de fer italiens, sont les pre- La SNCF a 10 000 clients de fret en portefeuille. Les cinq plus
miers partenaires ferroviaires de la SNCF, suivis de la SNCB en importants font un cinquième de son chiffre d’affaires, les vingt pre-
Belgique, et de Deutsche Bahn en Allemagne (figure 3). miers font plus du tiers. Mais ces grands clients n’ont pas que des
15
1.1.2 Dimensions de la production ferroviaire
10
1.1.2.1 Plan de transport
5
Le plan de transport a pour objet de lier des demandes de prise en
charge de flux de marchandises à la mise en œuvre de ressources
0 ferroviaires.
Domestique Importation Exportation Transit
Comme toute production d’entreprise de réseau, la production
ferroviaire se caractérise en effet :
Figure 3 – Trafic domestique et trafic international en 2005 — d’une part par des flux, c’est-à-dire par des couples origine-
destination de plus ou moins grand volume, allant de quelques ton-
nes à quelques millions de tonnes par an ;
— d’autre part par des ressources physiques : les moyens de trac-
tion et l’infrastructure ferroviaire.
1 600
Chiffre d'affaires (M€)
L’Activité Fret de la SNCF est organisée en unités d’affaires, Le groupe SNCF a des compétences dans tous les métiers de ges-
spécialisées par grands secteurs d’activité économique. Les unités tionnaires de flux : selon la prestation qui lui est demandée, il est
d’affaires s’appuient sur des compétences marketing et sur une donc parfois opérateur logistique (rôle des filiales spécialisées du
force de vente dédiée. Elles pilotent depuis Paris un réseau de vente groupe), souvent organisateur de transport, et toujours au moins
implanté dans les grandes métropoles européennes et françaises. transporteur ferroviaire.
Un catalogue de services et de prix est proposé à la clientèle. Bien À l’échelle des trafics traités par la SNCF et son groupe, concevoir
que construit à partir d’une gamme d’acheminement, d’une gamme un plan de transport équivaut à traiter annuellement un million de
de wagons, et éventuellement d’une gamme de produits logisti- flux de marchandises, à les réduire à 100 000 flux de wagons à ache-
ques, le service est adapté selon les besoins exprimés par les miner, puis eux-mêmes à 1 000 flux de convois, et enfin ces derniers
clients. Dans la quasi-totalité des cas, le prix est négocié. à 100 flux d’étapes.
Figure 5 – Une entreprise ferroviaire opère sur quatre réseaux Figure 6 – Wagon trémie de particulier, source SNCF-CAV
de flux et gère des ressources
À titre de comparaison, le réseau de flux de passagers dans le À la différence des locomotives, les wagons circulent sans diffi-
transport aérien au sein d’une alliance ne comporte que quelques culté sur les voies européennes, y compris en Espagne pour le parc
milliers de couples origine-destination à l’échelle mondiale. On peut nécessaire, grâce à la technique des essieux interchangeables. Ainsi
en déduire la complexité de l’équilibrage des plans de transport plusieurs milliers de wagons de la SNCF (France Wagons) sont quo-
dans le mode ferroviaire. La SNCF atteint malgré tout un taux de tidiennement hors de France dans des convois tractés par des entre-
remplissage moyen des capacités offertes supérieur à 70 %. prises ferroviaires étrangères ; inversement la SNCF achemine
quotidiennement dans ses trains des milliers de wagons apparte-
Un wagon conventionnel parcourt 342 km, quand un wagon de nant à d’autres entreprises, françaises ou étrangères.
transport combiné parcourt 640 km en moyenne.
Le chargement moyen d’un wagon est de 39,2 t de fret : 65,4 t en
moyenne pour les minerais, 60,0 t pour les produits de carrière,
1.1.2.2.2 Flux de convois et trains 57,2 t pour les produits pétroliers, mais 13,2 t seulement pour les
Les flux de convois, entre gares et triages, et entre triages, sont au véhicules, voire 7,6 t pour les groupages et la poste.
nombre de mille environ. Une quinzaine de triages maillent le La productivité du parc des wagons est faible comparée à celle
réseau français. Ils trient chacun de 2 500 à 1 000 wagons, et échan- d’une remorque routière : 21 voyages à charge par an pour un
gent entre eux entre un à quatre trains par jour. Des flux de convois wagon réseau, 37 voyages pour un wagon de particulier. Au départ
directs existent également entre certains triages français et les gran- et à l’arrivée, les wagons sont mis à disposition des clients pendant
des gares de triage européennes. une journée. Le repositionnement d’un wagon pour rechargement
1 600 trains de fret circulent chaque jour. 500 trains franchissent est techniquement plus complexe que le repositionnement d’un
quotidiennement une frontière. ensemble routier, notamment parce qu’il nécessite la plupart du
temps de repasser par un triage.
La longueur d’un train est limitée en France à 750 mètres. Le ton-
nage maximal dépend évidemment du profil des lignes empruntées
et du type de traction fournie : la limite pour un train est de 1.1.2.3.2 Locomotives et conducteurs
1 800 tonnes brutes, ou 1 200 tonnes nettes.
L’Activité Fret de la SNCF dispose d’un parc propre de
Les trains de transport conventionnel circulent tous à 100 km/h. 1 670 locomotives, dont 860 électriques et 810 Diesel, qu’elle ne par-
Les trains de transport combiné circulent à 120 km/h ou 140 km/h. tage pas avec les Branches Voyageurs. S’y ajoutent
Entre Avignon et Lille, existe un aller-retour à 160 km/h. Il existe 1 000 locotracteurs de petite puissance destinés à la manœuvre des
aussi des TGV postaux à grande vitesse. trains en gare.
(0)
toit
couverts plats tombereaux spéciaux Total WR
ouvrant
Nombre de wagons à bogies (1 000) 1,5 24,0 3,5 1,5 0,2 30,7 45,3 76,0
Nombre de wagons à essieux (1 000) 0,7 2,8 0,3 0,4 0,0 4,2 15,0 19,2
Nombre total de wagons (1 000) 2,2 26,8 3,8 1,9 0,2 34,9 60,3 95,2
Nombre de voyages à charge par an 63 544 121 25 17 770 1 868 2 638
(milliers)
Tonnage transporté (Mt/an) 32,6 74,9 107,5
Tonnage kilométrique taxé (Gt · km/an) 11,9 28,8 40,7
Ainsi la STVA, filiale de la SNCF, est spécialisée dans le transport des 1.2.7 Autres activités exercées par des filiales
véhicules automobiles neufs ; elle possède et gère un parc de wagons
porte-autos (figure 8), des plates-formes de distribution réparties en VFLI propose aux clients fret une prestation de dessertes terminales
Europe, un parc de véhicules routiers porte-autos pour assurer la dis- ferroviaires et de distribution fine à l’intérieur des sites industriels.
tribution terminale et assure, outre la livraison, des opérations indus-
trielles de préparation et de finition des véhicules transportés. SEFERGIE a pour mission d’accompagner les projets de dévelop-
pement du trafic ferroviaire, à travers le financement des installa-
STVA transporte annuellement un million de véhicules par rail. tions terminales embranchées et des matériels mobiles de transport
combiné rail-route.
1.2.2 Pôle céréales
transport par wagon isolé est à la base même du métier d’une entre-
61,1 %
60 prise ferroviaire historique. Il constitue son principal atout, comme
49,3 % 50,7 % l’est une organisation en hub and spokes pour une compagnie
50 aérienne historique. L’existence d’un système de transport de
38,9 % wagons isolés est en réalité moins une question de choix straté-
40
gique qu’un problème de maîtrise de processus industriels.
30 Un centre national de service clientèle, organisé par nature de
20 marchandises, prend en charge les commandes de wagons isolés
ou trains entiers, et s’assure du bon déroulement du voyage. Il
10 pilote si nécessaire le réordonnancement de la production
0 ferroviaire.
Trains entiers Lotissement
Tonnage tranporté (Mt) Tonnage kilométrique taxé (Gt.km)
Ce mode de fabrication est comparable aux processus mis en Le transport combiné fait appel aux mêmes principes de produc-
œuvre dans le transport aérien de passagers ou la messagerie postale. tion que le transport conventionnel, toutefois il privilégie nettement
Le train entier n’est à vrai dire qu’une forme légèrement simplifiée de la technique des trains entiers de point à point.
lotissement : l’unité commercialisée a – dans le cas du train entier –
l’avantage de correspondre au train, donc à l’unité de convoyage du
mode ferroviaire, mais elle n’évite pas systématiquement les change- 2.3.1 Transport combiné classique
ments de locomotives, de conducteurs et de sillons en parcours.
Pour ce qui concerne le régime d’acheminement, majoritaire en ton- Le transport combiné permet l’acheminement sans rupture de
nes, le train entier est devancé par le régime du lotissement en tonnes- charge d’une marchandise dans le même contenant de bout en
kilomètres (figure 9) : la distance moyenne d’un train entier est en bout : l’unité de transport intermodale (UTI). L’UTI est transférée par
effet de 303 km, alors qu’elle atteint 507 km pour un wagon isolé. levage d’un wagon plat sur une remorque routière ou dans une cale
de navire :
Transport conventionnel par wagon et transport combiné font
— les conteneurs sont nés du transport maritime international :
appel aux deux chaînes de fabrication du transport ferroviaire : l’exi-
leurs dimensions sont normalisées par l’ISO (International Standard
gence de rapidité du transport combiné lui fait néanmoins privilé-
Organisation). La tendance est à l’utilisation de conteneurs de taille
gier le transport par trains entiers directs entre chantiers de
de plus en plus importante : 20 pieds, 40 pieds, highcubes, super
transbordement.
highcubes. Ces derniers sont à l’origine d’un programme plurian-
nuel, en cours d’achèvement, de dégagement du gabarit B1 sur les
principaux axes du réseau ferroviaire national ;
— les caisses mobiles sont nées du transport routier continental :
2.2 Transport conventionnel plus légères, moins robustes que les conteneurs maritimes, elles
satisfont à un mode d’exploitation routière, avec pratiquement un
voyage en train par jour.
2.2.1 Transports massifs
La commercialisation du transport combiné repose sur des orga-
nisateurs de transport : en France interviennent principalement
Le train entier structure l’organisation logistique des chargeurs Naviland Cargo (ex CNC) pour la commercialisation de transport de
notamment dans les secteurs de la sidérurgie, des hydrocarbures, conteneurs auprès de compagnies maritimes, et Novatrans ou Froi-
des matériaux de construction, des automobiles, des boissons, ou dcombi pour la commercialisation du transport de caisses mobiles
des céréales. auprès de transporteurs routiers. Naviland Cargo offre un service de
porte-à-porte, alors que Novatrans et Froidcombi offrent un service
Un train entier doit être expédié et reçu sur des installations termi-
entre chantiers de transbordement rail-route. La traction de leurs
nales le contenant intégralement. Il est acheminé en une à deux
trains est assurée par la SNCF.
journées. Il a une masse de 500 à 3 600 tonnes, le standard étant de
1 800 tonnes brutes. D’autres grands opérateurs de transport combiné existent en
Europe, et s’y développent à partir de leurs bases nationales : Kom-
La production de l’acheminement des trains entiers est en partie biverkher, TRW, Cemat, Hupac, etc.
réalisée sur mesure. Le mode ferroviaire exige cependant d’être pro-
grammé. Plus l’anticipation de la commande par le client est impor-
tante, meilleures sont les conditions d’acheminement et les 2.3.2 Route roulante
conditions tarifaires négociées : la gamme des services invite à des
commandes anticipées de plusieurs semaines, mais elle comprend
aussi des offres pour des commandes de dernière heure. Mettre des camions sur les trains exige un gabarit ferroviaire large
puisqu’il s’agit de placer des camions de plus de 4 mètres de hauteur
sur des wagons. Dans le tunnel sous la Manche, d’une dimension
exceptionnelle, Eurotunnel exploite depuis 1994 des navettes ferroviai-
2.2.2 Transports diffus res transportant des camions. En Autriche et en Suisse, des routes rou-
lantes sont également en exploitation, mais en raison d’un gabarit
Grâce à la technique du lotissement, la SNCF transporte en moins généreux que dans le tunnel sous la Manche, les opérateurs
Europe des lots de quelques dizaines à quelques centaines de ton- recourent à des wagons avec des roues de petit diamètre, de façon à
nes de marchandises, logées dans des wagons isolés. Cette techni- disposer d’un plateau de chargement de wagon suffisamment abaissé.
que est très utilisée par exemple dans le secteur des produits Or ces wagons ne sont techniquement pas compatibles avec l’infras-
dangereux de la chimie, compte tenu du haut degré de sécurité du tructure ferroviaire française. Depuis 2003, l’invention par Lohr Indus-
transport ferroviaire. trie d’un wagon sur roues de diamètre standard, et avec plateau de
Oléoducs
3,1 %
Transports
ferroviaire
20,9 %
Transports
Transports fluviaux
3,4 %
routiers
72,6 %
Figure 10 – Route roulante alpine – Wagon Modalohr, source SNCF 3.3 Performance économique
chargement pivotant très surbaissé, a permis d’expérimenter une pre- Alors que le groupe SNCF est globalement profitable (+ 323 M€
mière route roulante entre la France et l’Italie (figure 10). D’autres de résultat net en 2004) grâce aux excellentes performances de sa
devraient désormais suivre, rendant ainsi possible la banalisation du Branche Voyageurs, sa Branche Fret est déficitaire : sur un chiffre
transport combiné rail-route. d’affaires de 6 393 M€, elle dégageait en effet un résultat d’exploita-
tion de − 245 M€ en 2004.
À l’intérieur de la Branche Fret, l’Activité Fret de la SNCF tire struc-
turellement le résultat vers le bas, accusant une perte nette histori-
que équivalent à 21 % de son chiffre d’affaires en 2003 (source :
3. Performances Commission de l’Union européenne). Les mesures prises ont per-
mis un net redressement en 2004 et 2005, l’équilibre économique
étant visé pour 2006. Toutes les entreprises ferroviaires historiques
en Europe sont dans une situation comparable.
3.1 Part de marché Elle résulte en partie de considérations relevant de la politique
générale des transports, sur lesquelles les opérateurs de transport
ferroviaire ont peu de prise. Ainsi, en dépit des intentions politi-
ques, l’harmonisation des conditions de concurrence avec le
La part de marché du mode ferroviaire dans le transport de mar- mode routier, aussi bien dans les péages d’infrastructure que
chandises est de 20,9 % en France (source SNCF. Ce chiffre exclut les dans les réglementations sociales et leur application, n’est pas
transports de fret à moins de 150 km). Cette part de marché s’érode faite. La prise en compte de l’impact réel des modes de transport
régulièrement (figure 11). sur l’environnement reste encore embryonnaire, et n’avantage
pas le mode ferroviaire alors qu’il est particulièrement économe
La part de marché du mode ferroviaire en France est l’une des plus en énergie et, comparativement au mode routier, peu générateur
élevées d’Europe : la Deutsche Bahn en Allemagne a 17,9 % du mar- de pollution.
ché, les FS en Italie et EWSR au Royaume-Uni ont 9,6 %. Seuls les
ÖBB en Autriche et CFF en Suisse, en raison de politiques nationales Mais ces considérations ne peuvent éluder la responsabilité pro-
très favorables au rail, et les chemins de fer suédois en raison d’une pre des entreprises ferroviaires.
structure de trafics très lourds, ont une part de marché supérieure. — d’une part, la qualité des services est encore insuffisante pour
constituer un attrait irrésistible pour les marchés ;
— d’autre part le système ferroviaire est encore loin de son
optimum économique :
3.2 Qualité des prestations • les facteurs de production restent unitairement chers, en
particulier en raison de contraintes d’organisation du travail assez
rigides,
• l’agencement de ces facteurs de production est perfectible : la
La fiabilité des acheminements est l’exigence première des clients productivité est loin d’atteindre son optimum, qu’elle soit mesu-
de Fret SNCF. 80 % des wagons arrivent à l’heure, performance rée en taux de remplissage des trains, en nombre de journées de
jugée insatisfaisante par la clientèle. La fiabilité fait donc l’objet rotation entre deux chargements pour un wagon, en kilomètres
d’une remise à niveau qui exige des transformations lourdes et iné- parcourus par une locomotive en une journée, en nombre d’heu-
vitablement longues de l’outil industriel de la SNCF. La fiabilité res par jour en tête de train pour un conducteur, ou en débit des
dépend de la maîtrise de processus industriels complexes, dans un infrastructures.
univers techniquement très contraignant notamment du fait des
impératifs majeurs de sécurité. Les acteurs du système se comptent Comme nombre d’autres entreprises ferroviaires en Europe, la
par milliers, et sont dispersés dans l’espace géographique : rien que SNCF s’est engagée depuis quelques années dans des mutations
dans le temps opérationnel, plusieurs centaines de cheminots inter- lourdes :
viennent sur l’un au moins des milliers de processus élémentaires — sociales, culturelles ou managériales : elles sont individuelles
qui servent à déplacer un wagon donné d’une origine à une destina- et collectives ;
tion. Il faut à tout instant et à longueur de temps, contrôler la marche — industrielles : elles touchent à des mécanismes complexes et
de milliers d’objets mobiles, ayant parfois des impératifs commer- profonds de maîtrise de la création de valeur dans l’équilibrage des
ciaux et des contraintes très différentes. plans de transport.
200
Total 180
1 600 160
Route
140
1 200 120
Route Oléoducs Rail
100
800
80
00
02
4
92
8
0
20
20
19
19
19
19
19
19
19
19
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
a indice base 100 en 1983, sur la base des t . km taxées
Figure 12 – Transport de marchandises par mode dans l’Europe
84
86
88
90
92
94
96
98
00
02
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
Le marché des transports de fret est marqué par une concurrence b en Gt . km taxées
intermodale et intramodale croissante. En effet, la concurrence
entre les différents modes de transport devient plus rude, et l’ouver- Figure 13 – Transport de marchandises par mode en France
ture du fret ferroviaire à la concurrence, sous la pression des autori-
tés de l’Europe, se traduit déjà par une compétition avec les autres
entreprises ferroviaires, en vue de la construction et la maîtrise 4.1.3 Évolution du domaine de pertinence
d’offres intégrées de bout en bout dans un marché des transports en des modes de transport
croissance (figure 12).
Chaque mode de transport a un domaine de pertinence : il est exclu-
La croissance du marché ne profite qu’à la route. La part de mar-
sif ou partagé avec d’autres modes, et dépend de plusieurs facteurs :
ché du mode ferroviaire s’effrite régulièrement depuis le premier
choc pétrolier en 1973 (figure 13). — la nature du flux de marchandise : le mode ferroviaire est per-
tinent sur des volumes de trafics massifs et sur des distances lon-
gues. Le mode routier est très adapté à des volumes de trafics plus
4.1.2 Évolutions structurelles de l’économie diffus, notamment sur des distances courtes ;
et de la logistique des chargeurs — le réseau disponible : alors que la couverture géographique et
le maillage du territoire par le transport ferroviaire ont diminué pen-
dant plusieurs années en raison de la fermeture des gares et des
La dématérialisation de l’économie (baisse au moins relative de la lignes les moins rentables, le transport routier a quant à lui bénéficié
part des produits pondéreux pour lesquels la SNCF était bien pla- d’un réseau capillaire très dense, et du développement spectacu-
cée) et la progression de l’industrie légère et des services ont péna- laire d’infrastructures routières et autoroutières, payées dans une
lisé le transport ferroviaire. Si les grandes restructurations sont large mesure par la collectivité ;
achevées, la globalisation progressive des entreprises modifie sen- — l’innovation technique : si tous les modes de transport ont
siblement la nature des relations entre fournisseurs, unités de pro- connu des améliorations techniques, la durée de vie plus courte des
duction et clients. Cette modification est en outre amplifiée par le matériels routiers et la plus forte concurrence qui règne sur le sec-
raccourcissement des délais de renouvellement des produits, teur de la construction routière, expliquent le caractère spectacu-
l’accroissement de la diversité des gammes ainsi que par la person- laire des innovations dans le mode routier ;
nalisation des produits qui est exigée par le consommateur. — l’apport de technologies non spécifiques : la révolution technolo-
Enfin, le jeu économique et celui de la concurrence invitent les gique dans le domaine des systèmes d’information et de la communi-
industriels à : cation modifie les métiers du transport et de la logistique aussi bien au
niveau de l’exploitation technique que dans le service commercial ;
— structurer leur organisation à l’échelle de l’Europe ; — le tissu économique et social : le transport routier a bénéficié
— externaliser leur logistique avec le souci de se recentrer sur d’importants gains de productivité dus à ses qualités propres
leur cœur de métier ; (souplesse, flexibilité...). Il est par ailleurs très composite, avec de très
— fonctionner en flux tendus, de plus en plus diffus et fraction- grandes et de très petites entreprises. Leurs comportements sont
nés, d’autant plus que les flux sont désormais tirés par les consom- assez variés, et quoique la profession se soit emparée du sujet,
mateurs et non plus poussés par les producteurs. certains de ses membres opèrent au-delà des limites des
réglementations. Par ailleurs, la route ne couvre pas ses charges
Ils attendent donc des services nouveaux : une offre logistique d’infrastructures. Le mode ferroviaire a été quant à lui historiquement
complète et plus seulement une prestation transport. confié à une compagnie nationale, dans laquelle le respect de la règle
est une valeur fondamentale, qui ne souffre d’aucune exception en Dans le mode ferroviaire, l’organisateur de transport est respon-
matière de sécurité, et qui connaît des rigidités internes liées à sa taille, sable de bout en bout du flux de wagon. Il achemine en effet les
à la complexité de ses processus industriels et à son histoire sociale. wagons remis par ses clients de leur origine à leur destination : il
groupe et dégroupe les flux de wagons à acheminer dans des hubs
(les triages), entre lesquels il fait circuler des trains. Il a la responsa-
4.1.4 Une situation différenciée selon les métiers bilité du remplissage des trains, et en assume le risque économique.
Ce métier est en France principalement exercé par l’Activité Fret au
4.1.4.1 Logistique sein de la SNCF, et accessoirement par Naviland Cargo ou Nova-
trans, opérateurs spécialisés dans le transport combiné rail-route.
■ Une offre globale de logistique se structure au niveau mondial C’est un métier plus élevé dans la chaîne de la valeur que le métier
avec des délais garantis et l’utilisation de réseaux de plates-formes de transporteur ferroviaire, qui n’assure que la traction des trains
logistiques multiproduits et multimodales. Le passage par ces plates- qui lui sont confiés. Il constitue en outre dans le transport ferroviaire
formes, loin de constituer une contrainte du système, vise au con- le levier principal d’optimisation de l’économie du fer (massification
traire à apporter une valeur ajoutée supplémentaire à la prestation des flux sur les lignes, optimisation des hubs).
offerte. En parallèle aux flux physiques des marchandises, des flux
d’information en temps réel se mettent en place. Ils permettent, grâce 4.1.4.3 Transport
à Internet, d’assurer le suivi des commandes, le suivi des flux physi-
ques en temps réel avec les propres références du chargeur (tracking Il s’agit du métier de base des entreprises de transport, celui de la
& tracing), et le suivi du niveau de performance de la prestation. traction pure. Le transporteur est responsable de bout en bout des
convois qui lui sont commandés par les organisateurs de transport.
■ En sens inverse, se mettent aussi en place des organisations Le transporteur ferroviaire assure l’assemblage d’une locomotive,
logistiques dédiées à un chargeur, permettant de réduire ses stocks, d’un conducteur et d’un sillon (une capacité sur l’infrastructure fer-
d’optimiser ses flux, voire de gérer l’ensemble de son service trans- roviaire). En France, ce métier est exercé quasi exclusivement par la
port, d’assurer le prémontage et/ou la différenciation de ses pro- SNCF, à quelques exceptions près. C’est ce métier très précisément
duits, de réaliser des livraisons directes sur la chaîne de production. qui fait l’objet de la libéralisation du secteur ferroviaire lancée par
De telles organisations concentrent, en amont de la chaîne de pro- les autorités européennes en 1991.
duction, les flux de plusieurs fournisseurs sur un seul point avant la
livraison terminale en temps réel. En aval de cette chaîne de produc-
tion, elles concentrent les produits de toutes les usines d’un char-
geur sur un site unique avant de livrer ses différents clients. La 4.2 Un environnement institutionnel
logistique de production (intégrant de plus en plus la gestion du sys- favorable au rail
tème de production) et la logistique de distribution jouent donc un
rôle croissant. Toutes deux ont le même degré d’exigence en
matière de prix, de délai et de qualité de service. Conscientes des limites du tout routier pour faire face à la croissance
continue des échanges de marchandises (saturation des infrastructures
■ Le marché de la logistique, très ouvert, est en pleine mutation au
routières, nuisances environnementales...), les autorités européennes
niveau européen. Des groupes se structurent autour des grands
et nationales sont favorables au développement d’une alternative fer-
opérateurs postaux, des intégrateurs et de quelques grands du mar-
roviaire que les chargeurs appellent d’ailleurs aussi de leurs vœux.
ché des transports. La Deutsche Bahn, compagnie ferroviaire histo-
rique allemande, a acquis en 2001 le groupe Stinnes pour se doter
d’une compétence logistique qu’elle n’avait pas, et se rapprocher du 4.2.1 Impulsion européenne
modèle que la SNCF avait construit depuis les années 1950.
Le groupe SNCF a confié à ses filiales le soin d’exercer le métier Les autorités européennes ont adopté en 1991 une directive mère
d’opérateur logistique. Elles sont spécialisées par nature de mar- introduisant la concurrence dans le transport ferroviaire, jusqu’à
chandises et possèdent un parc de wagons spécialisés. La SNCF fait lors organisé en monopoles nationaux intégrés. Cette directive a
partie des quelques acteurs européens qui peuvent avoir l’ambition obligé à séparer, dans chaque compagnie ferroviaire, la gestion de
de jouer dans la cour des grands de la logistique. l’infrastructure ferroviaire et l’activité de transport ferroviaire. Ceci
est aujourd’hui accompli, sous des formes diverses, dans tous les
4.1.4.2 Organisation de transport pays européens. Plusieurs entreprises ferroviaires peuvent donc
désormais assurer la traction des trains sur chacune des infrastruc-
L’organisateur de transport conçoit et réalise techniquement un plan tures ferroviaires nationales en Europe. La concurrence intramo-
d’acheminement. Il travaille souvent selon une approche multimodale. dale, limitée dans un premier temps aux transports ferroviaires
L’utilisation de hubs permet de massifier les flux et donc de internationaux, sera totalement ouverte en 2006 et 2007.
réduire les coûts tout en offrant une bonne fiabilité d’acheminement Les autorités européennes construisent simultanément un cadre
grâce au suivi du système de correspondances. d’exercice de la profession, en adoptant des « paquets
ferroviaires » : ceux-ci encouragent la mise en œuvre d’un Réseau
Hubs : lieu de concentration puis d’éclatement des flux des- transeuropéen de Fret, l’harmonisation des règles de sécurité, l’har-
tiné à multiplier les couples origine/destination sans pour monisation du niveau des péages d’infrastructures ou encore le
autant multiplier le nombre de relations directes, ce qui exige- développement de l’interopérabilité des matériels roulants.
rait des moyens de production surdimensionnés.
Il s’appuie sur ses propres moyens de transport ou fait appel au 4.2.2 Politique nationale
meilleur prestataire en fonction du couple origine/destination, mais
aussi de la nature de la marchandise et du volume du chargement. En France, les contrats de plan État-Régions continuent d’accor-
Quelle que soit l’importance du réseau de transport géré en propre der la priorité aux investissements routiers, mais traduisent un
par l’organisateur de transport, il lui faut s’appuyer sur des presta- rééquilibrage certain en faveur du rail.
taires locaux, en garantissant aux chargeurs des procédures Avec les plans de déplacement urbain et les schémas régionaux de
homogènes à travers le monde entier. Dans ces conditions, le transport, les compétences des collectivités territoriales se sont élar-
maillon routier, qui assure la desserte terminale, revêt souvent une gies à la planification globale des déplacements de marchandises en
importance stratégique et les grands acteurs de l’organisation des coordination avec celle des voyageurs. Les territoires locaux ont en
transports cherchent de plus en plus à le maîtriser. effet tout à gagner à jouer la carte ferroviaire : réduire les nuisances
40
4.2.3 Pression de l’opinion publique 30
78
80
82
84
86
88
90
92
94
96
98
00
02
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L’opinion publique a conscience que beaucoup d’émissions pol-
luantes sont générées par les activités de transport, et imputables
Figure 14 – Évolution des trafics fret de la SNCF
essentiellement au transport routier. Elle se montre favorable à un
transfert progressif du transport des marchandises de la route vers
le rail chaque fois que les conditions techniques et économiques le — le tonnage kilométrique par 1,4 ;
permettent. Ainsi, l’utilisation du wagon Modalohr permettant de — le chiffre d’affaires par 3 ;
transporter des ensembles routiers complets pour franchir les Alpes — et la recette moyenne par tonne-kilomètre par 1,7.
suscite un vif espoir dans l’opinion. Ces évolutions illustrent la course permanente à la contraction de
son dispositif qu’a réalisée la SNCF, et l’intensité de la concurrence,
tirée par le mode routier : en 2004, il ne reste que 57 % de la recette
4.3 Concurrence intramodale de 1978 pour couvrir les charges d’une unité de production.
continuité de l’offre, même lorsque sa construction fait appel à des pour le monde ferroviaire : quoique ses trafics internationaux repré-
partenaires. Celle-ci reposera selon les cas : sentent la moitié de son activité, la SNCF ne saurait créer un réseau
— sur le système classique de cotraitance ; propriétaire (un plan de transport) sur les métiers d’organisateur de
— sur le système émergeant de sous-traitance, par lequel une transport et de transporteur ferroviaire dans toute l’Europe. Le
seule entreprise ferroviaire est responsable devant le client ; réseau dont elle a besoin en Europe a 100 fois la taille du réseau
— ou sur des sociétés communes ou des alliances avec d’autres d’une alliance mondiale dans le transport aérien.
entreprises ferroviaires.
Nota : dans le système de cotraitance l’ensemble des réseaux ferroviaires traversés 5.4.2 Objectiver les coopérations
sont co-responsables devant le client, et les recettes sont partagées selon un système qui
privilégie la distance kilométrique parcourue sur chaque réseau.
S’il n’est guère d’avenir pour le mode ferroviaire en dehors du
renforcement de quelques opérateurs historiques, il faut bien recon-
5.3.3 Devenir transporteur ferroviaire hors naître qu’ils n’ont pas démontré l’efficacité de leur coopération.
de France si nécessaire La SNCF cherche à dépasser la relation quasi institutionnelle
qu’elle entretient avec les autres entreprises ferroviaires pour
Autant la SNCF souhaite être européenne sur la logistique, autant s’engager dans des pratiques responsabilisantes de coopération,
elle souhaite devenir organisateur de transport à l’échelle européenne, qui identifient clairement les prestations réciproques des partenai-
au besoin en achetant des capacités dans les convois d’autres entre- res ferroviaires sur chacun de leurs métiers. Les effets frontières
prises ferroviaires, autant il lui semble préférable de rester sur des existent en effet dans chaque métier : ils ne se limitent pas à la ques-
bases nationales pour la traction des trains, d’y devenir excellente, et tion des ressources de la traction ou de l’infrastructure.
de faire appel à d’autres compagnies, historiques ou nouvelles, pour Mais la SNCF va encore plus loin. Elle construit des services com-
assurer la continuité de la traction hors de France. muns avec d’autres entreprises ferroviaires. Cette construction va
Mais la SNCF ne s’interdit pas d’intervenir sous ses propres cou- jusqu’à la constitution d’entreprises ferroviaires en joint venture.
leurs en Europe. Depuis 2005, elle assure sa propre traction en Italie Les flux de convois, les flux d’étapes et les locomotives franchissant
et en Belgique pour quelques trains. Elle développera cette modalité la frontière franco-allemande sont ainsi confiés à la société Rail Euro
autant que nécessaire, si elle juge qu’elle n’est pas en mesure de Concept, détenue à parité par la SNCF et la Deutsche Bahn.
maîtriser son niveau de performance de bout en bout en coopérant
avec d’autres entreprises.
5.5 Réorganisation complète de l’outil
de production
5.4 Alliances ferroviaires européennes
Le grand défi que doit relever la SNCF est de vendre et produire
en qualité.
5.4.1 Être à la hauteur des attentes
Depuis le début des années 2000, la SNCF déploie de nouveaux
modes de fonctionnement, consistant à piloter la production par la
Tout le monde réclame plus de chemin de fer : les élus, les autori-
commande individualisée de chaque client. Il s’agit désormais, pour
tés publiques, la Commission européenne, le grand public, les
chacun des milliers de flux quotidiens de wagons à acheminer, de leur
clients, voire les concurrents.
réserver une place individuelle et non plus statistique dans la succes-
Mais ces acteurs nourrissent souvent des doutes sur la capacité sion des flux de convois et des flux d’étapes qu’ils empruntent.
des opérateurs ferroviaires historiques à répondre à leur attente.
Cette mutation entraîne de très importantes modifications des
Beaucoup a déjà été fait par les autorités européennes pour favo- organisations de la SNCF : l’Activité Fret disposera progressivement
riser l’émergence de la concurrence intramodale : il faut constater d’une organisation plus adaptée à ses marchés et ses métiers.
qu’elle met un temps inhabituel à s’imposer. Plus qu’à la résistance
des opérateurs historiques ou à l’intensité capitalistique du secteur,
il faut attribuer cette lenteur à deux barrières :
— l’accès au savoir-faire : le système ferroviaire est d’une rare 6. Conclusion
complexité. On se heurte à cette barrière dès que l’on veut franchir la
barre des 3 à 5 Gt · km par an, seuil auquel doit se substituer l’obliga-
tion de fonctionner en réseau à la facilité de traiter des flux épars ; Pour faire face aux besoins croissants de transport de marchandi-
— la taille critique : le système ferroviaire requiert de grandes ses dans une Europe en marche, le recours à des modes de trans-
quantités de flux pour trouver des combinaisons productives. Il est à port alternatifs au « tout routier » est incontournable.
cet égard symptomatique de constater que sur des trafics de trains Après avoir vécu des années difficiles, pour cause de restructura-
entiers réputés profitables, peu de nouveaux entrants se manifestent. tions internes et de difficultés à s’adapter aux évolutions des exigen-
La concurrence de nouveaux acteurs, voire la compétition des ces des chargeurs, le mode ferroviaire devrait de nouveau jouer un
opérateurs historiques entre eux, sont des facteurs de stimulation. rôle important.
Mais il n’y aura pas de développement du mode ferroviaire sans les Les chemins de fer historiques, conçus sur la base de monopoles
opérateurs historiques et leur coopération intéressée. nationaux, seront concurrencés par de nouveaux opérateurs et se
Le transport aérien est à cet égard un bon modèle. Certaines com- feront eux-mêmes concurrence. Ils doivent donc très profondément
pagnies aériennes historiques ont disparu, et d’autres sont évoluer s’ils ne veulent pas disparaître.
aujourd’hui citées en exemple. Il s’est agit autrefois pour Air France La SNCF est résolue à relever le défi de la croissance maîtrisée du
de passer d’une dimension continentale à une dimension mondiale, fret ferroviaire. Le défi est de nature commerciale, industrielle, tech-
tout comme il s’agit pour la SNCF aujourd’hui de passer d’une nique, environnementale et sociétale. La SNCF se mobilise pour
dimension nationale à une dimension continentale. Créer un réseau adapter son offre et améliorer la compétitivité de ses prestations
propre sur le continent américain ou asiatique était hors de portée dans son cœur de métier : le service ferroviaire. Avec son groupe,
pour Air France, d’où son alliance avec d’autres compagnies au sein elle veut devenir l’entreprise de référence en Europe : l’un des deux
de Skyteam. L’alliance multiplie, en effet instantanément, le nombre ou trois acteurs autour duquel, après quelques turbulences, se
d’offres origine-destination et les fréquences. Il en est de même recomposera un jour le paysage ferroviaire européen.