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Les professions du transport

par Maurice BERNADET


Professeur émérite à l’université Lumière-Lyon 2
Chercheur au Laboratoire d’économie des transports

1. Transporteurs routiers de marchandises....................................... AG 8 020v2 — 3


1.1 Données statistiques ............................................................................... — 3
1.2 Aspects réglementaires : l’inscription au registre des transporteurs . — 3
2. Loueurs de véhicules industriels ..................................................... — 4
2.1 Le métier de loueur ................................................................................. — 4
2.2 Données statistiques ............................................................................... — 4
3. Auxiliaires de transport ..................................................................... — 4
3.1 Données statistiques ............................................................................... — 4
3.1.1 Caractéristiques des organisateurs de transport de fret ............. — 5
3.1.2 Messagers, affréteurs et organisateurs de transport
international ............................................................................................. — 5
3.2 Approches réglementaire et juridique ................................................... — 5
3.2.1 Le commissionnaire ....................................................................... — 5
3.2.2 Les autres professions d’auxiliaire................................................ — 6
3.3 Approche fonctionnelle ........................................................................... — 6
3.4 Approche modale .................................................................................... — 7
3.4.1 Transport routier ............................................................................. — 7
3.4.2 Transport fluvial .............................................................................. — 8
3.4.3 Transport maritime ......................................................................... — 8
3.4.4 Transport aérien.............................................................................. — 8
4. Conclusion ............................................................................................. — 9
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. AG 8 020v2

a grande variété des professions du transport et le fait que l’on peut les
L décrire à partir de points de vue différents expliquent la difficulté à cons-
truire une présentation simple. Mais la complexité fait partie de la réalité écono-
mique, et l’on peut faire du transport sans pour autant être transporteur et ne pas
être transporteur et appartenir aux professions du transport...

Transport pour compte Une distinction fondamentale doit en effet être posée d’emblée entre le trans-
propre et transport port pour compte propre (dit encore transport « privé ») et le transport pour
compte d’autrui (encore appelé transport « public »).
pour compte d’autrui Les transporteurs pour compte propre sont des industriels ou des commer-
çants qui, à l’occasion de l’exercice de leur activité principale, exécutent, en se
dotant des moyens en personnels et en véhicules adéquats, des déplacements
de marchandises concernées par leur activité professionnelle. Les transporteurs
pour compte d’autrui sont des professionnels des transports qui assurent le
déplacement des marchandises pour le compte de leurs clients.
Cette distinction traditionnelle, qui concerne le mode routier, mais aussi le
transport fluvial ou le transport maritime, paraît claire. En réalité la frontière
entre les deux catégories est parfois difficile à tracer, d’autant que la législation
ne donne pas une définition précise du transport pour compte propre. L’adminis-

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tration et la jurisprudence admettent toutefois que, pour qu’une opération soit


considérée comme du transport pour compte propre, trois conditions doivent
être remplies :
— le véhicule doit appartenir à l’entreprise ou faire l’objet d’un contrat de loca-
tion de longue durée ;
— il existe une relation entre l’activité de l’entreprise et la marchandise qu’elle
transporte ;
— l’entreprise doit avoir une activité principale autre que le transport.
On remarquera que la distinction transport pour compte propre − transport
pour compte d’autrui ne fait pas référence au caractère gratuit ou onéreux du
transport ; dans la pratique, on peut cependant admettre qu’il y a dans le trans-
port pour compte d’autrui rémunération de la prestation par le client.
La distinction entre des activités pour compte propre et des activités pour
compte d’autrui ne concerne pas que le transport stricto sensu (c’est-à-dire le
déplacement physique d’une marchandise). Toutes les prestations qui sont four-
nies par les professions du transport (organisation de chaînes de transport,
entreposage et prestations logistiques, etc.) peuvent également être réalisées
pour compte propre.
Nous ne nous intéresserons dans ce dossier qu’à ceux qui exécutent des pres-
tations pour compte d’autrui.

La grande diversité des activités liées au transport réalisées par les profession- Des professions considérées
nels appelle un effort de classement, une répartition en catégories qui permette différemment
de distinguer en leur sein des professions différentes. Mais on peut, pour établir
un tel classement, adopter des approches variées qui, par malheur, ne coïncident
pas...
■ On peut tout d’abord se référer à la typologie des professions réglementées
du transport. En effet, l’exercice de certaines professions du transport (au sens
large du terme) est soumis à des règles fixées par les pouvoirs publics, et les
entreprises soumises à ces règles, pour être facilement identifiées, doivent être
inscrites sur un registre tenu par l’État. Trois professions principales apparais-
sent alors :
— les transporteurs, au sens strict du terme ;
— les loueurs de véhicules industriels ;
— les auxiliaires de transport.
Ni les loueurs, ni les auxiliaires en tant que tels n’assurent le déplacement phy-
sique de marchandises. Ainsi on peut appartenir à l’une des professions
réglementées du transport sans transporter.
■ On peut aussi se référer aux dispositions du droit privé qui, en fonction des
actes juridiques qu’ils accomplissent, distingue les voituriers, les commission-
naires, les transitaires, etc., catégories qui ne sont pas sans rapport avec celles
des professions réglementées, mais qui ne les recouvrent pas exactement.
Les milieux professionnels utilisent leur propre vocabulaire, sans doute plus
proche des pratiques et qui, de ce fait, paraît plus précis. Il n’est malheureuse-
ment pas exempt d’ambiguïtés puisqu’on qualifie habituellement de transitaire
un commissionnaire organisant des transports internationaux, ce qui ne corres-
pond pas à la définition juridique du transitaire. De même, dans l’acception cou-
rante, un messager est un transporteur, alors qu’il appartient à la profession
réglementée des auxiliaires de transport.
■ Une dimension évidemment importante qui peut permettre de classer les pro-
fessions du transport est le mode auquel elles se rattachent ou avec lequel elles
sont, à titre principal ou exclusif, en relation : transport routier, transport ferro-
viaire, transport fluvial, etc.
■ Reste enfin l’approche statistique, essentielle si l’on veut pouvoir associer à la
présentation des informations relatives au nombre des entreprises, à leur chiffre
d’affaires, au nombre d’emplois qu’elles créent...

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On voit que les critères de classement que l’on peut utiliser sont nombreux.
Mais il faut ajouter qu’un grand nombre d’entreprises, et évidemment parmi
elles les plus importantes, ne se laissent pas aisément emprisonner dans une
catégorie particulière. En effet ces entreprises − ou, en tout cas, les groupes aux-
quelles elles appartiennent − exercent fréquemment plusieurs métiers, en rela-
tion avec plusieurs modes. Elles sont à la fois transporteur, loueur et auxiliaire ;
elles organisent des chaînes de transport comportant des parties terrestres et
des segments maritimes ou aériens ; elles gèrent des ruptures de charge entre
modes différents et s’occupent aussi de la marchandise provisoirement entrepo-
sée sur laquelle elles exécutent des opérations dites « logistiques »...
Si notre objectif est bien de décrire l’ensemble de ces professions, nous
n’accordons pas dans ce dossier à chaque catégorie la même importance. Nous
présenterons plus brièvement ici la profession de transporteur et celle de loueur,
en nous limitant d’ailleurs au mode routier, pour deux raisons : d’une part, ces
métiers sont moins divers que ceux des auxiliaires et, d’autre part, ils sont traités
dans les dossiers analysant le fonctionnement des marchés des transports. Nous
développerons davantage la présentation des auxiliaires de transport.

1. Transporteurs routiers coup plus considérable (29 %) des effectifs salariés et du chiffre
d’affaires. Les effectifs employés (salariés et non-salariés, tenant
de marchandises compte par conséquent des chefs d’entreprises unipersonnelles)
sont supérieurs d’environ 26 000 aux chiffres de ce tableau ;
— ces chiffres, parce que l’unité d’observation est l’entreprise, ne
rendent pas compte de l’existence de quelques grands groupes
1.1 Données statistiques dont beaucoup de ces entreprises ne sont que des filiales. Le nom-
bre des entreprises de taille moyenne réellement indépendantes est
plus faible que ce qu’indique l’enquête, tandis que le poids des
Les entreprises de transport routier correspondent aux codes structures de grande taille est beaucoup plus important ;
602L (transport routier de marchandises de proximité) et 602M — les entreprises de transport peuvent recourir à la sous-
(transport routier de marchandises interurbain) de la Nomenclature traitance dans des proportions limitées par la réglementation (15 %
d’activité française (NAF), le 602N caractérisant les entreprises de maximum de leur chiffre d’affaires). On constate que la part de leur
déménagement. La distinction statistique entre le transport de activité que ces entreprises confient à des sous-traitants est crois-
proximité et le transport interurbain rejoint, sans lui correspondre sante avec leur taille et atteint, pour les plus importantes, 21 % (ce
exactement, la distinction entre transport de zone courte et transport qui n’est pas contradictoire avec la réglementation en vigueur car
de zone longue. les grandes entreprises exercent, parallèlement à leur activité de
transporteur, une activité d’auxiliaire).
Les principales informations chiffrées dont on dispose à leur sujet
sont issues de l’Enquête annuelle d’entreprise pour l’année 2003 Cette présentation statistique est évidemment très sommaire et,
(tableau 1). si la distinction entre transport de proximité et transport interurbain
(0) est très significative d’une différence dans la nature des activités, il
en est d’autres dont les chiffres ne rendent pas compte, par
exemple :
Tableau 1 – Transport routier de marchandises (TRM) :
données statistiques — la spécialisation quant à la nature des marchandises
transportées et donc quant aux marchés sur lesquels ces entrepri-
ses exercent leur activité et à la carrosserie des véhicules qu’ils
Catégorie TRM de TRM utilisent ;
Ensemble
de transporteurs proximité interurbain — le fait que les transporteurs soient spécialisés dans le transport
de lots, de demi-lots ou de colis impliquant un groupage préalable.
Nombre d’entreprises 21 533 14 005 35 538 Nous verrons toutefois que les entreprises spécialisées dans le
Nombre de salariés 93 393 188 761 282 154 groupage ne relèvent généralement pas de la catégorie statistique
des transporteurs mais de celle des auxiliaires.
Chiffre d’affaires net 8 430 502 20 097 225 28 527 727
(HT) en milliers d’euros
1.2 Aspects réglementaires : l’inscription
Ces chiffres appellent quatre commentaires :
au registre des transporteurs
— le nombre total des entreprises a fortement augmenté à partir
du milieu des années 80 (25 000 entreprises en 1985) ; il s’est stabi-
lisé, voire il baisse sensiblement s’agissant des entreprises de trans- Il ne saurait être question d’entrer dans le détail de la
port interurbain, depuis le début du siècle ; réglementation très développée qui régit la profession de transpor-
— 83 % des entreprises de transport de proximité et 63 % des teur. Mais il faut au moins rappeler les dispositions qui concernent
entreprises de transport interurbain comptent moins de 6 salariés, l’accès à la profession.
tandis que les entreprises de 100 salariés et plus ne représentent Nota : pour de plus amples renseignements sur la réglementation sur les transporteurs,
guère plus de 1 % de leur nombre, mais évidemment une part beau- on se reportera en [Doc. AG 8 020v2].

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L’exercice de la profession de transporteur suppose l’inscription pour compte d’autrui. Les opérations de transport réalisées au
sur un registre, et celle-ci est subordonnée à des conditions moyen du véhicule loué sont soumises aux règles concernant ces
résultant d’une directive européenne. Ces conditions sont au nom- deux types de transport.
bre de trois : Très développée en France, la location se justifie par les avanta-
— honorabilité ; ges qu’elle procure aux clients. La location de courte durée (moins
— capacité financière ; d’un an, mais souvent à la journée ou à la semaine) permet de faire
— capacité professionnelle. face à l’indisponibilité provisoire d’un véhicule ou à une surcharge
Bien que ces principes soient en vigueur depuis de nombreuses de travail. La location de longue durée avec conducteur est principa-
années, la réglementation française a fortement évolué du fait de lement utilisée en compte propre ; elle évite au locataire d’investir
l’entrée en vigueur de textes datant de 1998 (loi « Gayssot » du des moyens dans un parc propre qui, d’ailleurs, serait nécessaire-
6 février) et 1999 (décret du 30 août), dans le sens d’un durcisse- ment excessif par rapport à ses besoins courants afin de faire face à
ment de ces conditions : d’éventuelles indisponibilités. Le coût est comparable car la marge
du loueur est compensée par la compétence de ce dernier dans la
— extension de la condition d’honorabilité de la personne char- gestion du parc et le coût moins élevé des personnels de conduite.
gée de la direction permanente et effective de l’entreprise à l’ensem- Les transporteurs publics qui, il y a encore quelques années, recou-
ble des représentants légaux de celle-ci et augmentation du nombre raient fréquemment à la location de longue durée avec conducteur
des infractions susceptibles d’entraîner, en cas de condamnation, pour éviter des investissements en matériel ont largement aban-
une perte de l’honorabilité ; donné cette formule à laquelle s’est substituée la location financière.
— nouvelles modalités de calcul du montant de la capacité finan-
cière exigée, impliquant un relèvement substantiel de la somme exi-
gible pour le premier véhicule ;
— renforcement du niveau de l’examen permettant d’obtenir 2.2 Données statistiques
l’attestation de capacité professionnelle.
Mais la principale modification décidée par la loi « Gayssot » est
l’extension de l’obligation de l’inscription au registre à toutes les Les entreprises de location de véhicules industriels relèvent du
entreprises de transport. Jusqu’alors, les entreprises n’utilisant que code NAF 602P. Les résultats de l’Enquête annuelle d’entreprise
des véhicules dont le PTAC n’excédait pas 3,5 t et le volume utile pour l’année 2003 sont les suivants :
14 m3 étaient en effet dispensées de l’inscription et échappaient, par — 1 579 entreprises ;
conséquent, à la réglementation à laquelle les transporteurs inscrits — 21 211 personnes employées ;
étaient tenus (notamment l’obligation de disposer d’un titre — 1 851 millions d’euros de chiffre d’affaires.
d’exploitation des véhicules).
On voit que les entreprises de location sont beaucoup moins
nombreuses que les entreprises de transport. Mais leur poids, dans
les effectifs salariés et dans le chiffre d’affaires de l’ensemble trans-
porteurs + loueurs, est supérieur à leur importance relative dans le
2. Loueurs de véhicules nombre des entreprises. Ce qui signifie qu’en moyenne leur taille
est plus élevée que celle des entreprises de transport. La répartition
industriels des entreprises par taille est d’ailleurs sensiblement différente : les
entreprises de 250 salariés et plus réalisent près de 20 % du chiffre
d’affaires des loueurs.
2.1 Le métier de loueur Mais les loueurs classés sous le code NAF 602P n’ont pas l’exclu-
sivité de l’exercice de cette profession. Nombreuses sont les entre-
prises de transport qui ont également, à titre secondaire, une
La location avec conducteur est l’une des professions réglemen- activité de loueur.
tées du transport ; ce n’est plus le cas de la location sans conduc-
teur. En revanche, l’accès à la profession de la location avec
conducteur est soumis à des conditions comparables à celles aux-
quelles sont soumis les transporteurs. D’ailleurs les deux registres 3. Auxiliaires de transport
d’inscription sont fusionnés.
La location de véhicules industriels consiste en la mise à disposi-
tion du locataire d’un véhicule, avec conducteur, pour une période Les professionnels n’apprécient guère cette appellation qui est, en
déterminée. Il faut préciser les frontières de cette activité avec effet, peu valorisante, et qui rend mal compte de l’importance et de
d’autres activités voisines : l’efficacité du rôle de ces « auxiliaires » dans l’organisation et la ges-
— la location de véhicules industriels, même sans conducteur, ne tion des chaînes de transport. Mais l’expression est traditionnelle et,
se confond pas avec les différentes formules de crédit ou d’achat dif- même, officielle, puisque les auxiliaires constituent l’une des trois
féré (leasing, location financière) ; catégories des professions réglementées du transport.
— elle ne se confond pas non plus avec le métier de transporteur, La situation est toutefois excessivement complexe, car les métiers
même si les formules peuvent paraître proches. très nombreux entre lesquels se répartissent les auxiliaires n’appar-
tiennent pas tous aux professions réglementées du transport et
Le loueur de véhicule industriel contracte en effet une obligation
l’approche juridique, quoique nécessaire, ne fournira qu’un pano-
de mise à disposition, quelles que soient les circonstances, de
rama incomplet et insuffisamment détaillé. Il en est de même de
moyens (matériels et personnels de conduite) mais le locataire a la
l’approche statistique par laquelle nous commencerons.
maîtrise des opérations de transport effectuées avec ces moyens.
Tout ce qui concerne le véhicule et le conducteur, mais cela seule-
ment, est de la responsabilité du loueur (paiement des impôts et
taxes sur le véhicule, assurance de celui-ci, présentation du véhicule 3.1 Données statistiques
aux visites techniques, embauche et formation du conducteur, etc.).
Le locataire peut être un industriel ou un commerçant, auquel cas
le transport réalisé est un transport pour compte propre ; il peut être Les entreprises d’auxiliaires de transport qui, dans la nomencla-
un transporteur professionnel, auquel cas on a affaire à du transport ture NAF sont appelées « organisateurs de transport de fret », s’ins-

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crivent sous les codes 634A, 634B et 634C qui correspondent aux poids économique des grandes entreprises est déterminant (les
intitulés respectifs suivants : entreprises de 250 salariés et plus réalisent plus de 76 % du chiffre
— messagerie, fret express ; d’affaires). On peut ajouter que le taux de sous-traitance est élevé
— affrètement ; (52 %).
— organisation des transports internationaux (OTI). ■ Les entreprises d’affrètement sont peu nombreuses (16 %). Elles
Les chiffres essentiels de l’Enquête annuelle d’entreprise (2003) emploient encore moins de personnel (10 %), mais réalisent 18 % du
sont résumés dans le tableau 2. chiffre d’affaires avec, évidemment, un taux de sous-traitance élevé
(67 %). Les entreprises moyennes (de 6 à 49 salariés) sont majoritai-
(0)
res (53 %) et celles qui emploient 50 salariés et plus représentent
Tableau 2 – Auxiliaires de transport : données statistiques moins de 10 % du total.

Messagerie Affrètement OTF Total ■ Les organisateurs de transport international sont, de loin, les
plus nombreux (52 % du nombre des entreprises), mais ils n’occu-
Nombre pent que le tiers des salariés pour réaliser 40 % du chiffre d’affaires.
d’entreprises 941 484 1 561 2 986 Leur répartition par taille est assez proche de celle des affréteurs.
Leur taux de sous-traitance est de 57 %.
Nombre 77 640 13 862 47 536 139 038
de salariés On tire donc de l’Enquête annuelle d’entreprise des informations
précieuses, limitées toutefois par le fait que les catégories statisti-
Chiffre d’affaires ques et, plus précisément, celle des organisateurs de transport inter-
net (HT) en milliers 11 260 4 736 10 671 26 667
d’euros national, sont larges et rendent mal compte de la variété des métiers
qu’exercent les auxiliaires.

Ces quelques chiffres permettent de mesurer l’importance des


auxiliaires par rapport aux autres professions du transport et de 3.2 Approches réglementaire et juridique
montrer certaines de leurs particularités, de souligner également les
différences entre les trois catégories statistiques entre lesquelles ils
sont répartis. La complexité de la situation s’exprime ici par le fait que tous les
auxiliaires ne relèvent pas des professions réglementées du trans-
port, mais que seules certaines professions font l’objet de disposi-
3.1.1 Caractéristiques des organisateurs tions spécifiques, au premier rang desquelles, par leur importance,
de transport de fret les commissionnaires de transport.
Nota : pour de plus amples renseignements se reporter aux dossiers spécialisés à paraî-
tre dans ce traité.
Le nombre des entreprises d’organisation de transport de fret est
considérablement moins important que celui des transporteurs, et
plus proche de celui des loueurs. Mais l’écart vis-à-vis des transpor- 3.2.1 Le commissionnaire
teurs est beaucoup plus faible si l’on examine le nombre de salariés
et, plus encore, le niveau du chiffre d’affaires réalisé : si le rapport
La profession de commissionnaire est définie par la LOTI depuis
entre le nombre des entreprises est de 11,9, le rapport des effectifs
une modification intervenue en 2003 et régie par un décret datant de
salariés est de 2 et celui des chiffres d’affaires de 1,1.
1990, mais modifié en 1999.
On en déduit plusieurs caractéristiques spécifiques :
Selon la LOTI « sont considérées comme commissionnaires de
— la taille moyenne des organisateurs de transport de fret est transport (...) les personnes qui assurent, pour le compte d’autrui,
beaucoup plus élevée que celle des transporteurs. Elle est en effet des opérations de groupage, d’affrètement ou toutes autres opéra-
de 47 salariés, alors que celle des transporteurs est de 8 ; tions connexes à l’exécution de transport de marchandises ou de
— la répartition par taille des entreprises est très différente : le déménagement. ».
pourcentage des entreprises de moins de 6 salariés est d’environ
Trois commentaires permettent de préciser quel est le rôle du
44 %, c’est-à-dire qu’il est deux fois plus faible que celui des entre-
commissionnaire et de souligner en quoi cette profession est dis-
prises de transport de même taille. Inversement les entreprises de
tincte de celle de transporteur.
plus de 100 salariés « pèsent » pour environ 75 % des effectifs et
pour 68 % du chiffre d’affaires. ■ Le commissionnaire est un intermédiaire qui ne transporte pas
Par ailleurs le taux de sous-traitance des organisateurs de trans- lui-même. Il conçoit et gère la chaîne de transport (on le qualifie sou-
port de fret est beaucoup plus élevé que celui des transporteurs. Il vent d’« architecte » de la chaîne) et confie son exécution à d’autres
atteint en moyenne 56 %, variant entre 33 % pour les plus petites et, notamment, à des transporteurs. Il est donc par définition un
entreprises et 60 % pour les entreprises de taille moyenne. donneur d’ordre et les transporteurs sont ses sous-traitants.
■ Le commissionnaire choisit le ou les mode(s) de transport qu’il
mettra en œuvre. Il s’engage envers son client à une obligation de
3.1.2 Messagers, affréteurs et organisateurs résultat (mener la marchandise à son point de destination en bon
de transport international état et dans des délais donnés), mais il est en contrepartie libre des
moyens qu’il utilise. Il choisit donc « le(s) mode(s) », et, a fortiori, il
Les trois catégories d’entreprises que la nomenclature distingue à a la liberté de choix du (ou des) transporteur(s) et de l’itinéraire.
l’intérieur de la rubrique « Organisateurs de transport de fret »
recouvrent des réalités bien différentes. Pour aller à l’essentiel, les ■ Le commissionnaire agit « sous sa responsabilité et en son nom
caractéristiques de chaque catégorie sont les suivantes. propre ». Il est, par rapport à ses sous-traitants, « chargeur» et les
transporteurs qu’il emploie n’ont pas à connaître le client du com-
■ Les entreprises de messagerie sont en nombre limité et ne repré- missionnaire avec lequel ils n’ont, sauf cas particulier, aucune rela-
sentent que 32 % du total. Il s’agit d’une activité de main d’œuvre tion. Par ailleurs, la liberté d’action qui lui est reconnue a une
occupant 56 % des salariés, mais ne réalisant que 42 % du chiffre contrepartie : il est totalement responsable envers son client, non
d’affaires de l’ensemble. Par taille d’entreprises, elles se répartissent seulement des erreurs qu’il peut commettre, mais aussi de celles
de façon décroissante entre petites, moyennes et grandes, mais le des sous-traitants qu’il a choisis.

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L’importance du rôle du commissionnaire peut expliquer que Mais le mot transitaire souffre d’une ambiguïté dans la mesure où
l’entrée dans la profession ne soit pas libre. Les commissionnaires le vocabulaire couramment employé dans la profession qualifie de
doivent être inscrits sur un registre tenu par l’État et doivent respec- transitaire un commissionnaire de transport exerçant son activité à
ter des conditions d’accès à la profession qui, comme dans le cas l’international. Or, en droit, un transitaire n’est pas un commission-
des transporteurs et des loueurs, renvoient à l’honorabilité, à la naire et la confusion des deux termes n’est pas sans conséquence :
capacité financière et à la capacité professionnelle. Le décret de les responsabilités respectives d’un commissionnaire et d’un transi-
1999 rapproche ces conditions de celles qui sont imposées aux taire sont en effet très différentes.
transporteurs et aux loueurs, au moins en ce qui concerne l’honora- ● Le transitaire est un mandataire, c’est-à-dire qu’il exécute les
bilité et la capacité professionnelle. La condition financière reste opérations qui lui sont confiées en agissant pour le compte de son
particulière puisqu’il n’était pas possible de calculer le montant de client dans le respect des instructions que celui-ci lui a données. Il
fonds propres exigibles par référence au nombre de véhicules déte- existe par conséquent entre commissionnaire et transitaire trois dif-
nus. Ce texte durcit très nettement les règles d’accès à la profession. férences fondamentales :
Le décret de 1990 décrit en outre les activités précises qu’exécu- — si, comme le commissionnaire, le transitaire n’effectue pas lui-
tent les commissionnaires et esquisse une typologie des métiers même des opérations de transport, à la différence de ce dernier, il ne
relevant de cette catégorie juridique. Les commissionnaires les organise pas : il intervient ponctuellement dans le cadre d’une
réalisent : organisation définie par son donneur d’ordres ;
— des opérations de groupage « par lesquelles des envois de — le transitaire ne dispose d’aucun choix − du moins en théorie.
marchandises en provenance de plusieurs expéditeurs ou à Il obéit aux instructions et se borne à les mettre en œuvre ;
l’adresse de plusieurs destinataires sont réunis et constitués en un — le transitaire n’agit pas en son nom propre, mais au nom de
lot unique en vue de leur transport ». Pour éviter la confusion avec son client. Il en résulte qu’il n’est responsable que de ses propres
les opérations de groupage qu’exécutent également les transpor- fautes.
teurs (on parle parfois alors de groupage « technique »), il faut ajou- ● Si, en droit, la distinction est parfaitement claire, les situations
ter que, lorsque le groupage est réalisé par un commissionnaire, ce concrètes sont souvent plus ambiguës. En effet, très souvent, les
dernier ne transporte pas lui-même les lots ainsi constitués mais auxiliaires de transport sont à la fois commissionnaires et transitai-
qu’il les remet à un transporteur. Le groupage est à la base du res et ils agissent, selon les circonstances, à un titre ou à l’autre. En
métier de messager, ce qui explique que ceux-ci aient la qualité de cas de mauvaise exécution de la prestation, l’auxiliaire cherche à
commissionnaire et sous-traitent une large part du transport propre- dégager sa responsabilité en prétendant qu’il n’a fait qu’exécuter les
ment dit ; instructions de son client et, donc, qu’il est intervenu comme transi-
— des opérations d’affrètement « par lesquelles des envois sont taire. Évidemment, le donneur d’ordres prétend le contraire. Les tri-
confiés sans groupage préalable à des transporteurs publics » ; bunaux sont donc fréquemment saisis et il leur appartient de dire en
quelle qualité l’auxiliaire est intervenu, en faisant référence aux faits
— des opérations de bureau de ville « par lesquelles un commis-
et non à la qualification formelle du contrat.
sionnaire réceptionne en son local des colis qu’il remet à des trans-
porteurs publics ou à d’autres commissionnaires » ; ● Ajoutons que certaines professions, sans être « réglementées »
au sens que nous avons donné à cette expression qui trouve sa
— des opérations d’organisation de transport « par lesquelles un
source dans la législation de coordination des transports, sont
commissionnaire prend en charge des marchandises en provenance
cependant « organisées » en ce sens que leur exercice nécessite un
ou à destination du territoire national et en assure l’acheminement
agrément.
par un ou plusieurs transporteurs ».
Il en est ainsi, par exemple, des commissionnaires en douane.
Il existe incontestablement un rapport entre cette liste des opéra- Comme leur nom l’indique, ils accomplissent, pour le compte de
tions qu’exécutent les commissionnaires et la nomenclature statisti- leurs clients, les formalités douanières, à l’importation comme à
que des organisateurs de transport de fret. Mais, d’une part, les l’exportation. Mais l’intitulé de cette profession est trompeur car ils
catégories ne se recouvrent pas toujours exactement ; d’autre part, n’ont pas la qualité de commissionnaire de transport. Toutefois ils
un commissionnaire peut exercer − et exerce généralement − plu- sont soumis à un agrément et à des règles édictées par le ministère
sieurs métiers et son classement statistique sera fonction de l’acti- de l’Économie et des Finances.
vité principale qu’il réalise ; enfin, tous les organisateurs de
transport de fret ne sont pas des commissionnaires. Il existe en effet
d’autres professions d’auxiliaire.
3.3 Approche fonctionnelle
3.2.2 Les autres professions d’auxiliaire
On peut tenter de mettre un peu d’ordre dans le foisonnement des
■ Il existe une autre profession réglementée, celle de courtier de professions en combinant plusieurs critères qui concourent à préci-
fret fluvial. Le courtier est mandaté « pour mettre en rapport des ser les rôles qui sont les leurs sur le marché :
donneurs d’ordre et des transporteurs publics de marchandises par — leur position par rapport aux différents acteurs qu’ils
bateau de navigation intérieure en vue de la conclusion entre eux représentent : certains agissent pour le compte des chargeurs (don-
d’un contrat de transport ». Il représente le chargeur. Les courtiers neurs d’ordres), d’autre pour le compte des transporteurs, d’autres
doivent être inscrits sur un registre, et l’accès à la profession est enfin se trouvent dans une autre situation ;
conditionné par le respect des trois conditions qui contrôlent l’accès — leur situation d’intermédiaires ou d’exécutants : les premiers
à la profession de transporteur routier, à savoir une condition rapprochent une offre et une demande de prestation, se position-
d’honorabilité, de capacité financière et de capacité professionnelle. nent entre un donneur d’ordres et un prestataire, notamment un
transporteur, en vue de la conclusion d’un contrat ; les seconds se
■ Mais, la plupart des autres professions d’auxiliaire échappent à bornent à exécuter une prestation qui leur est commandée ;
toute réglementation spécifique. Ces professionnels exercent leur — le fait qu’ils agissent en leur nom propre ou au nom de leur
métier dans le respect des règles de droit privé, et, plus précisé- client, d’où découle l’étendue de leur responsabilité.
ment, ils sont des mandataires. Il en est ainsi des transitaires dont la
mission essentielle consiste à assurer la continuité entre deux trans- ■ Ces trois critères permettent un classement rigoureux. Mais il
ports successifs en réalisant les opérations (notamment administra- faut rappeler que, très souvent le même acteur exerce plusieurs pro-
tives) nécessaires à cette continuité, principalement en transport fessions à la fois et donc qu’une même entreprise d’auxiliaire se
international. situe dans plusieurs « cases » du tableau que l’on peut dresser...

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● Les intermédiaires, agissant pour le compte de leur donneur 3.4 Approche modale
d’ordres sont d’abord les commissionnaires, quel que soit le mode
principal en rapport avec lequel ils travaillent. On trouve donc les
commissionnaires de fret routier et, en particulier les affréteurs, Il n’est pas inutile, pour terminer cette présentation, de décrire un
groupeurs, gestionnaires de bureau de ville et dépositaires de colis. peu plus précisément le rôle des auxiliaires en les groupant par réfé-
On trouve également les commissionnaires travaillant en rapport rence au mode principal avec lequel ils travaillent. Un classement
avec le transport maritime et le transport aérien, improprement par mode ne peut toutefois être rigoureux, du moins s’agissant de
appelés « transitaires ». Puisqu’il s’agit dans tous les cas de com- ceux qui ont le statut de commissionnaire : en effet un commission-
missionnaires, ils agissent en leur nom propre. naire, par définition, peut travailler en relation avec tous les modes
Il existe également des intermédiaires agissant pour le compte de et être plus ou moins spécialisé. Les grands « transitaires » organi-
leurs clients mais qui n’ont pas la qualité de commissionnaires et sent des chaînes ayant des maillons maritimes ou aériens et utili-
interviennent donc au nom de leurs donneurs d’ordre. Ils portent le sent le mode routier comme mode d’approche de l’aéroport ou du
nom de courtier et l’on trouve dans cette catégorie les courtiers de port.
fret routier et les courtiers de fret fluvial. Nota : pour de plus amples renseignements, se reporter aux dossiers spécialisés à
paraître dans ce traité.
Il existe des intermédiaires mais qui représentent les transpor-
teurs. Ils sont présents, dans le mode maritime, avec les agents de
fret maritime (ou plus simplement agents maritimes) et, dans le 3.4.1 Transport routier
mode aérien, avec les agents de fret aérien. Ils n’ont pas la qualité de
commissionnaires et n’agissent donc qu’au nom de leur client. On peut classer les auxiliaires du transport routier par référence à
l’importance des envois dont ils s’occupent. Lorsqu’il s’agit de trans-
Enfin on trouve un intermédiaire dont le rôle est très particulier
port de lots, les affréteurs et les courtiers de fret routier
car il représente, selon les cas, soit le donneur d’ordres, soit le trans-
interviennent ; lorsqu’il s’agit d’envois de détail, les groupeurs et les
porteur. Il s’agit des courtiers de fret maritime, qui exécutent les ins-
exploitants de bureaux de ville sont compétents.
tructions de leurs clients (les mandants) et n’agissent donc pas en
leur nom propre. ■ Les affréteurs et les courtiers réalisent l’appairage entre une
● La liste des « exécutants » est moins longue et l’on peut noter demande et une offre de transport. Ils se situent l’un et l’autre du
que, dans tous les cas, il s’agit de simples mandataires. Nous pou- côté de la demande, c’est-à-dire que leurs clients sont des chargeurs
vons en citer quatre : ayant un besoin de transport correspondant au minimum à la
charge d’un véhicule. Ces chargeurs leur confient le soin de trouver
— le consignataire de navire qui agit pour le compte de l’arma- un transporteur susceptible d’assurer le service. Leur connaissance
teur (mais auquel peuvent parfois être confiées des missions com- des transporteurs leur permet d’orienter la demande vers un presta-
merciales, auquel cas il devrait être classé dans la catégorie des taire qui convient.
intermédiaires et non des simples exécutants) ;
Dans le cas d’un affréteur, un contrat de commission est conclu
— le consignataire de la marchandise, également dans le mode entre le chargeur et l’affréteur, et un contrat de transport entre
maritime, qui agit pour le compte du propriétaire de celle-ci ; l’affréteur et transporteur. En revanche, le courtier n’étant pas un
— les agents de handling, dans le mode aérien, qui agissent pour commissionnaire, il se borne à mettre en relation son client et le
le compte des transporteurs ; transporteur et il n’est pas partie au contrat de transport. Mais les
— les commissionnaires en douane qui, selon les cas, agissent courtiers de fret terrestre sont très peu nombreux.
pour le compte de l’expéditeur ou du destinataire. ■ Dans le domaine des envois de détail, c’est-à-dire de la message-
Nota : les trois premières professions citées sont plus précisément présentées au rie, interviennent les groupeurs et les exploitants de bureau de ville.
paragraphe 3.4 ; celle de commissionnaire en douane a été définie paragraphe 3.2.2.
● Rappelons que le groupage est l’opération par laquelle un com-

■ Mais il est une autre façon de présenter, de façon plus dynami- missionnaire réunit, pour former une seule unité de charge, des
que, le rôle des différents intervenants, en montrant comment leurs envois provenant d’expéditeurs différents et adressés à des destina-
actions se combinent. taires différents, unité dont l’acheminement est confié à un trans-
porteur public. Si le messager assure lui-même cet acheminement,
● Le commissionnaire auquel le chargeur industriel ou commer- le fait qu’il regroupe des envois divers en un seul lot ne fait pas de
çant fait appel est l’architecte de la chaîne de transport, c’est-à-dire lui un groupeur ; il agit alors en tant que transporteur et non en tant
qu’il a vocation à organiser la chaîne transport de bout en bout, en que commissionnaire.
choisissant les modes de transport, les transporteurs et l’itinéraire. Dans la pratique, la plupart des messagers combinent l’utilisation
Son intervention est particulièrement justifiée lorsque l’achemine- de moyens propres (véhicules légers pour assurer la ramasse et la
ment implique un passage de frontières avec toutes les formalités livraison, plus rarement véhicules de ligne pour relier entre elles les
qui en découlent, une (ou des) rupture(s) de charge entre modes dif- agences) et le recours à des transporteurs publics. Mais la tendance
férents, un entreposage provisoire de la marchandise. Il faut à cha- va clairement dans le sens d’un accroissement de la sous-traitance,
que rupture, dans le port ou l’aéroport, réceptionner et contrôler les en faisant appel à de petites entreprises de transport et, notamment,
marchandises, éventuellement les entreposer, effectuer des démar- à des « locatiers ».
ches administratives, les réexpédier et surveiller le chargement, etc.
Nota : « ramasse » est le terme utilisé par la profession. Le mot est accepté par la Com-
● Il est possible que le commissionnaire, appartenant à un grand mission de terminologie du ministère de l’Équipement.
groupe international, soit présent en tous les points où il est néces- ● Un bureau de ville est un lieu qui, comme son nom l’indique,
saire d’effectuer ces opérations, auquel cas il peut les effectuer lui- est situé au cœur d’un quartier urbain où un expéditeur peut venir
même. Mais tous les commissionnaires n’appartiennent pas à des déposer ses colis. Mais il se distingue de l’agence que peut entrete-
grands groupes et, en toute hypothèse, même ces derniers ne peu- nir un messager (mais les messagers n’entretiennent que très rare-
vent être présents partout. C’est alors qu’ils font appel à d’autres ment des agences au cœur des villes...), car le gestionnaire du
auxiliaires, qui peuvent, selon la nature des opérations qu’on leur bureau de ville ne dispose pas d’un réseau pour assurer le transport
confie, être aussi commissionnaires ou être de simples transitaires des colis qui lui ont été remis ; il confie donc à son tour ces colis à
au sens juridique du mot, pour prendre en charge ces opérations. un ou plusieurs messagers qui viennent les chercher lorsqu’ils effec-
Ces acteurs interviennent alors ponctuellement sur un point précis tuent leurs tournées de ramasse. Le bureau de ville peut aussi fonc-
de la chaîne, généralement comme un agent de liaison entre deux tionner de façon symétrique en réceptionnant les colis destinés aux
modes, dans un port ou un aéroport. clients de son quartier, lesquels viennent en prendre livraison.

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La complexité accrue de la chaîne de transport et le coût supplé- reçoit alors des instructions précises et il n’intervient, dans ce cas,
mentaire qu’impose le maintien de locaux au cœur de quartiers très qu’en qualité de mandataire.
actifs où les charges foncières sont lourdes expliquent que les
bureaux de ville aient progressivement disparu − de même ■ L’agent maritime (ou agent de fret maritime) accomplit des
d’ailleurs que les dépôts de colis assurant les mêmes fonctions, à la tâches identiques à celles que remplit le transitaire et, notamment
différence près qu’un dépositaire n’est pas un commissionnaire des tâches commerciales : il recherche des clients pour le ou les
mais un simple mandataire... armements pour lesquels il travaille dans une zone géographique
définie. Il agit en tant que mandataire. Mais il peut aussi exécuter ou
Toutefois, les difficultés croissantes du transport de marchandises faire exécuter des opérations de groupage, de préacheminement, ce
en ville et l’intérêt accru que lui portent les pouvoirs publics pour- qui suppose qu’il soit également commissionnaire. Et, de fait, les
raient conduire à réhabiliter ce type d’organisation. agents maritimes ont souvent cette double qualité, ce qui ne man-
que pas, lorsqu’une avarie quelconque survient et qu’il faut recher-
cher les responsabilités, de soulever d’intéressants problèmes
3.4.2 Transport fluvial juridiques et factuels !

Comme l’indique l’expression « courtier », le courtier de fret flu- ■ Le rôle du courtier maritime est étroitement dépendant de l’exis-
vial est un intermédiaire entre une demande et une offre de trans- tence du contrat d’affrètement maritime. Par ce contrat, le fréteur
port, agissant en qualité de mandataire au nom de l’expéditeur et fournit le navire − ou une capacité de chargement à bord d’un navire
non de commissionnaire. Il représente l’expéditeur auprès du − et l’affréteur loue ce navire ou cet emplacement. Le contrat d’affrè-
bureau d’affrètement en vue de la conclusion du contrat de trans- tement se distingue donc du contrat de transport. Le courtier mari-
port. Il peut également, pour le compte de son client, surveiller le time est un intermédiaire mettant en relation fréteur et affréteur en
chargement et le déchargement et, plus généralement, veiller au vue de la conclusion d’un contrat d’affrètement. Il met les parties en
bon déroulement de toutes les opérations relatives à l’exécution du présence et les conseille. Il peut, selon les cas, agir au nom du fré-
contrat. teur ou de l’affréteur, mais toujours en qualité de mandataire.
On sait que la profession de courtier de fret fluvial a la particula- ■ Il existe également des courtiers interprètes et conducteurs de
rité d’être réglementée, avec conditions d’accès. navires qui, malgré la proximité des appellations, n’ont rien à voir
Il n’existe qu’un tout petit nombre d’entreprises exerçant cette avec les courtiers dont nous venons de parler. Il s’agit également de
profession et, généralement, les courtiers ont parallèlement une mandataires, mais ils ont la qualité d’officiers ministériels et dispo-
autre activité, liée ou non au transport fluvial. sent, en vertu du code de commerce, d’un monopole de place pour
l’exécution de certaines opérations dès lors qu’elles ne sont pas réa-
lisées par l’armateur lui-même. Il s’agit de toutes les opérations de
3.4.3 Transport maritime courtage des affrètements, constatation des cours de fret, traduction
et interprétation des documents à présenter devant les tribunaux et
les services douaniers en cas de contestation et, enfin, de l’exécu-
Les transports internationaux sont, par excellence, le champ tion de toutes les opérations administratives que le capitaine d’un
d’intervention des auxiliaires de transport, et les transports mariti- navire doit effectuer pour entrer dans un port ou en sortir
mes plus particulièrement. Les professions d’auxiliaires intervenant (« conduite du navire »). Le courtier interprète agit donc pour le
dans ce domaine sont assez nombreuses. compte d’un armement maritime.
■ La profession la plus importante est celle de transitaire maritime
■ Le consignataire de navire est le représentant d’un armement
(qui est un commissionnaire) qui :
chargé de « réceptionner » le navire et sa cargaison, c’est-à-dire de
— organise des chaînes de transport comportant un maillon s’occuper de l’avitaillement du navire et, éventuellement, des répa-
maritime en faisant appel aux opérateurs de transport nécessaires rations à réaliser à bord, de réceptionner la marchandise, de contrô-
(transporteur routier − et, parfois, ferroviaire ou fluvial − pour le pré- ler sa conformité aux documents, de prendre les mesures
et postacheminement, armement pour la partie maritime) et, éven- garantissant sa sécurité... Il peut également se voir reconnaître des
tuellement, à d’autres auxiliaires pour gérer les ruptures de charge ; fonctions commerciales et signer des contrats de transport pour le
— contrôle le bon déroulement des opérations ; compte de l’armement. Il s’agit d’un simple mandataire.
— est garant de l’expédition, de sa prise en charge à sa livraison
au destinataire. ■ Enfin le consignataire de cargaison (ou de la marchandise) a, à
Les tâches qu’il doit effectuer sont multiples et, si l’on suit les opé- l’égard de la marchandise, un rôle semblable à celui du consigna-
rations dans l’ordre chronologique, on trouve : formuler une propo- taire de navire. Il est lui aussi mandataire, mais il agit pour le compte
sition de service et de prix (cotation) en réponse à la demande du des ayants droits à la marchandise dont il prend livraison.
client ; réserver les moyens nécessaires pour assurer le transport ; La multiplicité des professions n’est qu’un indice de la complexité
produire les documents d’accompagnement de la marchandise ; des situations qui peuvent se présenter, et qui est accrue par le fait
souscrire les assurances, contrôler les emballages, faire exécuter la que ces acteurs peuvent détenir plusieurs « casquettes » et interve-
prise en charge par les transporteurs, assurer ou contrôler les ruptu- nir, sur une même opération, à des titres différents, pour le compte
res de charge, réaliser les formalités liées aux passages des frontiè- de mandants différents. Ainsi, il est parfaitement possible qu’une
res, etc. Naturellement, le transitaire doit suivre le déroulement des même personne soit à la fois consignataire du navire pour le compte
différentes étapes et informer son client lorsque les choses ne se de l’armateur et consignataire de la cargaison pour le compte des
déroulent pas comme il était prévu. propriétaires de la marchandise.
Le développement de la conteneurisation a conduit de plus en
plus les transitaires maritimes à faire des opérations de groupage.
3.4.4 Transport aérien
La multiplicité et surtout la diversité des tâches du transitaire
maritime impliquent un « portefeuille » tenu à jour des différents
opérateurs qu’il peut faire intervenir et une bonne connaissance des La situation est un peu moins complexe et peut être présentée
réglementations sur le commerce international et les formalités plus sommairement, en raison de la symétrie qui existe, au moins
douanières dans tous les pays dans lesquels il est spécialisé. partiellement, avec les auxiliaires du transport maritime.
Il peut arriver, mais assez rarement, que le client qui dispose d’un ■ On trouve d’abord les transitaires aériens, c’est-à-dire les
service de transport conçoive lui-même la chaîne de transport et ne commissionnaires de transport spécialisés dans le mode aérien.
s’adresse au transitaire que pour sa mise en œuvre. L’auxiliaire Leur rôle est identique à celui des transitaires maritimes puisqu’ils

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organisent la chaîne de transport de l’expéditeur au destinataire Cette diversité et cette complexité sont le reflet de la diversité et
avec son segment aérien et qu’ils en surveillent l’exécution. Pour de la complexité des opérations qui doivent être effectuées pour
rentabiliser l’utilisation des conteneurs aériens, ils sont évidemment réaliser un transport de marchandises. Elles soulignent que celui-ci
groupeurs. ne se résume pas en leur simple déplacement physique d’un point à
un autre. De part et d’autre de ce déplacement, et, lorsque le dépla-
■ De même, les agents aériens (ou agents de fret aérien), homolo- cement implique le recours successif à plusieurs modes, entre les
gues des agents maritimes, sont les mandataires d’une compagnie déplacements que chacun réalise prennent place des opérations
aérienne ayant une mission commerciale, accueillant le fret, matérielles, administratives, juridiques, etc. La coordination de ces
rédigeant les documents de transport (lettre de transport aérien : opérations est essentielle pour que la marchandise arrive en bon
LTA), encaissant le prix du transport..., c’est-à-dire effectuant les état, à l’endroit prévu, à la date prévue. Et cette coordination repose
mêmes opérations que les transitaires, mais en exécution des con- fondamentalement sur la circulation et la gestion des informations
signes qui leur sont données par leur mandant. au sein des entreprises et entre les différentes entreprises partenai-
res de la chaîne de transport.
■ De même que le transport maritime a fait naître des professions
originales liées aux spécificités de ce mode, le transport aérien a Les professions du transport impliquent certes la réalisation de
généré l’existence d’une profession particulière, l’agent de hand- tâches d’exécution, matérielles ou à caractère administratif. Par
ling. Celui-ci agit pour le compte d’une (ou de plusieurs) compa- ailleurs, la gestion des informations peut s’inscrire dans le cadre de
gnie(s) sur un aéroport où celle(s)-ci n’est(ne sont) pas présente(s). protocoles préalablement définis, dont le respect est un gage d’effi-
Il n’effectue pas de démarches commerciales, mais exécute des cacité, mais qui lui confère un caractère routinier. Il reste que ces
tâches administratives, douanières et matérielles (empotage). C’est professions font de plus en plus appel à des personnels qualifiés
la prédominance de ces tâches de manutention qui justifie l’appella- présentant, outre un niveau de formation élevé, des aptitudes natu-
tion donnée à cette profession, bien que l’agent de handling soit relles à s’adapter à un environnement qui bouge, à réagir face à des
considéré comme un auxiliaire des transports et non comme une situations qui surgissent de façon impromptue, à gérer la com-
entreprise de manutention. plexité. Les mêmes exigences conduisent les entreprises à mettre
en place des organisations qui privilégient l’adaptabilité et la réac-
tivité.
Ces qualités sont d’ailleurs celles-là mêmes qui leur sont
nécessaires pour répondre à la tendance qui consiste à leur deman-
4. Conclusion der de plus en plus fréquemment de prendre en charge, parallèle-
ment à la gestion des chaînes de transport, la conception,
l’organisation et l’exécution d’opérations logistiques. Les
Le tableau des professions d’auxiliaires brossé au paragraphe 3 « transporteurs » deviennent des prestataires logistiques, c’est-à-
souligne le caractère complexe d’une organisation dans laquelle se dire accèdent à un autre métier qui met en relation les mêmes par-
côtoient des « généralistes » et des « spécialistes », des entreprises tenaires, qui mêle également tâches matérielles ou administratives
qui sont présentes, directement ou grâce à des accords de partena- d’exécution et tâches de conception et de gestion, qui fait appel aux
riat, dans le monde entier et d’autres dont le champ d’action est cir- mêmes qualités et à des niveaux d’exigence sans doute compara-
conscrit à un port ou à un aéroport, des entreprises à monoactivité bles, c’est-à-dire de plus en plus élevés, et qui serait − mais cela
et des entreprises à multiactivités... reste à prouver − plus rémunérateur.

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