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BTS 2023

Correction épreuve de culture générale et expression

PREMIERE PARTIE : SYNTHESE

Vous rédigerez une synthèse objective, concise et ordonnée des documents suivants.

VOTRE CORPUS était :

• DOCUMENT 1 : Ivan GONTCHAROV, Oblomov, 1859, traduit du russe par Arthur


Adamov.
• DOCUMENT 2 : Gaëtane LAMARCHE-VADEL, « Entre les pierres du mur », revue
Autrement, 1990.
• DOCUMENT 3 : Mona CHOLLET, Chez soi, une odyssée de l’espace domestique, 2015.
• DOCUMENT 4 : Etienne CHATILLEZ, Tanguy, affiche du film, 2001.

But de l’exercice de synthèse :

Le but de l’exercice de synthèse est de croiser les documents entre eux, c’est-à-dire de les
confronter, de les faire « dialoguer » ensemble, de les comparer entre eux pour en montrer
le sens, l’unité et/ou l’opposition.
Le thème général annuel est « Dans ma maison ».

Le thème proprement dit de votre corpus, c’est-à-dire de l’ensemble des documents que
l’on vous demande de traiter en synthèse, est celui du « repli sur soi » qu’offre la maison,
pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Votre problématique et le plan qui découle de la problématique seront issus de votre
tableau de confrontation (voir ci-dessous).

Cette problématique de corpus (ou question principale) à laquelle les auteurs de votre
corpus répondent pourrait être la suivante : Quelle protection permet la maison et avec
quelles conséquences positives et/ou négatives pour ses habitants ?

NB : Votre synthèse doit donc répondre à cette problématique de corpus en n’utilisant que
le contenu du corpus. Les arguments utilisés en synthèse ne doivent jamais sortir du corpus
sinon ils sont hors-sujet !

Les grandes parties du plan doivent s’articuler autour des idées suivantes qui répondent à
votre problématique :

1
DOCUMENT 1 : I. DOCUMENT 2 : G. DOCUMENT 3 : DOCUMENT 4 : E. Idées
GONTCHAROV, LAMARCHE-VADEL, M. CHOLLET, Chez CHATILLEZ, communes aux
Oblomov, 1859, traduit « Entre les pierres soi, une odyssée Tanguy, affiche du documents du
du russe par Arthur du mur », revue de l’espace film, 2001. corpus/pistes
Adamov. Autrement, 1990. domestique, de réflexion
2015.

Le personnage Titre : « Entre les Titre : « Chez soi, ANALYSE d’IMAGE CONSTATS &
principal, I. Illitch, vit pierres du mur » → une odyssée de /SIGNES DÉFINITION DE
de ses rentes chez lui. Protection des murs l’espace ICONIQUES, LA MAISON :
→ Protection du de la maison. domestique » → PLASTIQUES et Fonction(s) de
cocon, du chez-soi vis- Exemples et Protection des LINGUISTIQUES : protection de la
à-vis de l’extérieur. opposition entre la murs de la Interprétation maison (murs
sécurité du chez-soi maison par son possibles : les solides) / du
vis-à-vis de ancrage solide personnages sont chez-soi
l’extérieur : (§1) « Le de/dans la vie collés les uns aux (intime,
dehors synonyme de (enfance, rêve, autres. Le fils de 28 rêveries), vis-à-
vol et de point de départ). ans heureux est vis du dehors.
malfaisance ? Exemples : (§1) encadré par ses
L’extérieur menace « L’idée du foyer deux parents
de rapt l’intérieur (comme) besoin malheureux. Le fils
qui s’en défend par de m’arrimer à la est en plein centre
des barreaux, (…), vie par des liens de la couche
des codes ? » plus solides (qui parental et semble
satisfait) un tel un coucou dans
besoin régulier un nid, cherchant à
de repli, de pousser ses
solitude, parents au dehors
d’évasion dans de leur lit, de leur
l’imaginaire ne intimité voire de
relevait pas d’une leur chez-eux. →
tentation L’adage « chacun
coupable, chez-soi » ne
infantile (…) mais fonctionne pas ici,
d’une pulsion d’où l’usage de
essentielle, couleurs vives
bénéfique. » voire « agressives »
du rouge et du
jaune.
Chez lui (contexte, Interprétation CAUSES :
paratexte et §1) : il possible de Possibilités
aime la liberté et l’analyse des offertes par la
l’espace → liberté signes : Chambre à maison : liberté
donnée par l’espace couchée comme et espace.
intime/intérieur. « espace

2
Exemples : « sans parental »
cravate, ni gilet, normalement
pantoufles « réservé ».
moelleuses » (confort
des
vêtements)/ « position
allongée/couchée »(co
mportement oisif). →
« État normal » du
personnage principal
(art de vivre)
Description des pièces Description du Description de la Description de CAUSES :
de la maison (§2) : - la « nid » de la maison maison comme l’intérieur de la Possibilités
chambre : « lui servait (§2) : Selon refuge perdu des maison parentale offertes par la
de chambre à coucher, Bachelard, la maison années 70 contre de Tanguy : SIGNES maison :
de cabinet de travail et est source de « bien- la modernité : PLASTIQUES l’intérieur
de salle de réception être, une coquille, « que l’air devient (ambiance(s), (pièces,
(…) mais il s’y intériorité irrespirable, que formes et décorations,
aventurait rarement. enveloppante, les amis sont couleurs) : Cette mobiliers,
(…) Meubles couverts intimité » → rares et lointains, affiche de film est agencement de
de house et les stores Contraste (§3) que la solitude est composée de l’espace/refuge
baissés. » → Contraste intérieur (refuge) le meilleur couleurs chaudes à soi/à son
(§3) apparences versus versus extérieur refuge. » (§2) et contrastées image et pour
réalité : « Aux premiers (dangers) : « une comme le rouge soi/confort,
regards, merveilleusem telle maison (uniforme faisant intimité) versus
ent meublée : bureau communiquera ressortir le slogan), l’extérieur
d’acajou, deux divans, d’autant plus des le jaune (papier (dangers, vols)
(…), nombre de sensations de peint usé de la
charmants bibelots. quiétude, de chaleur, chambre, usé →CONSÉQUEN
(apparences) / de protection, (…) comme le sont les CES :
« conservé tant bien que la pluie frappera parents de la ouverture/accu
que mal décorum exigé les volets. Aussi la présence de leur eil versus
par les convenances : maison qui fils) et au milieu du isolement/solit
(…) dossier du divan aujourd’hui s’isole blanc (draps du lit ude
affaissé, bois plaqué se (du bruit, (…), des parental).
soulevait par endroits voisins, des hommes
». (…) est assurée de
conserver (…)
silence, propreté,
(…) mais aussi de
connaître une
solitude vide
(maisons
hantées) ».

3
La maison et ses La maison et ses La maison et la CAUSES :
habitants internes : visiteurs externes : famille /succession Possibilités
« le maître de céans « Une maison dont des générations : offertes par la
regardait son cabinet la sécurité SIGNES maison : la
d’un œil si indifférent pointilleuse refoule LINGUISTIQUES maison pour soi
(…). Mais la froideur les visiteurs est (mots, chiffres) : et pour les
d’Oblomov envers son incapable Titre « Tanguy » et autres.
logis paraissait devoir d’esprit(s) : « (…) slogan : « À 28
être dépassée par celle l’hostilité a ANS, il habite →CONSÉQUEN
de Zakhar, son valet. remplacé toujours chez ses CES :
Aux yeux de quiconque l’hospitalité. (§3 l. parents. » ouverture/accu
(…) lieu 22) ». Présence durable, eil versus
particulièrement envahissante du isolement/solit
négligé, voire fils → La maison ude
abandonné ». (§4) comme lieu de
« Sans cette assiette création de la
(…) ou le maître lui- famille et comme
même (…) on eût pu lieu de solidarité
croire la chambre générationnelle /
inhabitée, (…) familiale, pour le
poussiéreux, déteint, meilleur ou le pire.
dépourvu de toute
présence
humaine. »(§5)
Le rôle d’accueil de Le rôle de rêverie Le rôle de point de CONSTATS &
la maison (§3, l. 22 à de la maison (§3) départ, de passage DÉFINITION :
l. 32) : « La maison : « Me voilà donc, voire de retour Fonction(s)/rôle
est une étape (pour entre mes quatre pour les habitants s de protection
celui qui en est murs, tentant de de la maison : de la maison
privé) ; rôle d’accueil préserver des SIGNES ICONIQUES (murs solides) /
de l’étranger vents froids du (personnages, du chez-soi
(lumière du phare au dehors une petite objets) : les (intime,
loin) ; capacité flamme personnages : père rêveries), vis-à-
d’introduire sans d’enthousiasme, (cheveux gris) et vis du dehors +
crainte l’inconnu au demandant à mes mère relativement rôle
cœur de la maison rêveries de jouer âgés allongés sur d’ouverture aux
et de transformer les le rôle d’une leur lit de chambre autres, aux
âpretés de la route baguette de à coucher faisant la passages, aux
en un séjour sourcier (…). » moue. Au milieu risques.
amical. » d’eux et allongé
jambes croisées et
souriant, le fils
Tanguy (adulte).

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I. Introduction possible

(AMORCE) Cette synthèse de quatre documents porte sur le thème annuel « Dans ma
maison » et concerne plus précisément les différents types de « repli sur soi » qu’offre la
maison, pour le meilleur mais aussi pour le pire de ses habitants. (PRÉSENTATION des
DOCUMENTS) En effet, le ton est donné dès le document 4 qui est l’affiche du film Tanguy
d’E. CHATILLEZ, datant de 2001 dénonçant avec un humour pince sans rire le départ de plus
en plus tardif des enfants du cocon familial. Notre modernité est de plus en plus fragile mais
aussi malheureusement de plus en plus dangereuse. L’une des solutions, pour certains,
consiste en un choix de vie radical : celui de se cloîtrer volontairement chez-soi, tel le récit d’
I. GONTCHAROV (document 1), intitulé Oblomov, traduit du russe par Arthur Adamov en
1859. Les documents 2 et 3, respectivement de G. LAMARCHE-VADEL, intitulé « Entre les
pierres du mur », publié en 1990 dans la revue Autrement et le livre Chez soi, une odyssée de
l’espace domestique de M. CHOLLET publié en 2015, retracent et prolongent la réflexion sur
le paradoxe de toute maison à être, à la fois un « chez-soi » bienfaisant propre à l’intimité, à
la rêverie personnelle voire à l’accueil de l’étranger, mais aussi, parfois, à devenir une
« prison » malfaisante, propre cette fois à l’isolement et à la peur de l’autre, que cette
situation d’enfermement soit voulue ou subie.
(Annonce de la PROBLÉMATIQUE) Ainsi, ce corpus soulève une question directrice qui est
« quelles protections permet la maison et avec quelles conséquences positives ou
négatives pour ses habitants ? »
(Annonce du PLAN) Tout d’abord, nous ferons le constat paradoxal, grâce à l’ensemble du
corpus, que la maison possède différents critères de définition notamment de par ses
différentes fonctions. Ensuite, nous exposerons les causes de ce paradoxe au travers des
possibilités d’ouverture aux autres ou au contraire de refuge qu’offre la maison. Enfin, les
conséquences de ce paradoxe nous permettrons de montrer que l’ambiguïté de tout habitat
tient plus sûrement de ses habitants et de leur mode de vie que de la maison elle-même.

II. Proposition de plan détaillé

1. Constats : La maison et ses différentes fonctions

a) La fonction de protection (voir les détails dans le tableau) : confrontation des


arguments suivants issus du corpus de documents

• Document 1 : le personnage principal, I. Illitch, vit de ses rentes chez lui. →


Protection du cocon, du chez-soi vis-à-vis de l’extérieur.
• Document 2 : « Entre les pierres du mur » → Protection des murs de la maison.
Exemples et opposition entre la sécurité du chez-soi vis-à-vis de l’extérieur §1.
• Document 3 : « Chez soi, une odyssée de l’espace domestique » → Protection des
murs de la maison par son ancrage solide de/dans la vie (enfance, rêve, point de
départ) §1.
• Document 4 : interprétation de l’analyse de l’affiche → L’adage « chacun chez-
soi » ne fonctionne pas. Cf. description par signes de l’image.

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b) La fonction ou le rôle d’ouverture aux autres, etc. : confrontation des arguments
suivants issus du corpus de documents

• Document 2 : Le rôle d’accueil de la maison (§3).


• Document 3 : Le rôle de rêverie de la maison (§3).
• Document 4 : interprétation de l’analyse de l’affiche → Le rôle de point de départ et
de passage, voire de point de retour pour les habitants de la maison. Cf. description
par signes de l’image.

2. Causes : Un paradoxe de possibilités, la maison entre repli et ouverture

Confrontation des arguments suivants issus du corpus de documents

a) Possibilités de liberté et d’espace :


• Document 1, paratexte et §1.
• Document 4 : chambre à coucher comme « espace parental » normalement
« réservé ».

b) Possibilités d’intimité et de rêveries :


• Document 1 : notion d’intérieur et de décorations des pièces, §2 et 3.
• Document 2 : la maison comme « nid », §2.
• Document 4 : l’intérieur de la chambre à coucher parentale.

c) Possibilités de refuge sécurisé par contraste avec l’extérieur source de dangers :


• Document 2 : maison isolée mais à quel prix ? §3.
• Document 3 : maison comme refuge perdu, nostalgie des années 70 vis-à-vis de la
modernité, §2.
• Document 4 : Interprétation de l’analyse de l’affiche → Le fils toujours chez ses
parents à 28 ans. Cf. description par signes de l’image.

3. Conséquences : La maison est le reflet de ses habitants, entre positif et négatif

Confrontation des arguments suivants issus du corpus de documents

a) Hospitalité (aspect positif de l’accueil) versus hostilité (aspect négatif de la


maison « prison ») :
• Document 1 : Contraste entre les apparences (décors) versus réalité (meubles et
intérieur usés), (§3).
• Document 2 : contraste entre l’isolement de « protection » et l’isolement de la
« solitude », de l’enfermement, (§3).
• Document 3 : éloignement des amis pour privilégier la solitude, (§2).

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• Document 4 : interprétation de l’analyse de l’affiche → papier peint usé de la
chambre, usé comme le sont les parents de la présence de leur fils. Cf. description
par signes de l’image.

b) Les rôles essentiels de la maison :


• Document 2 : rôle d’accueil de l’étranger, (§3).
• Document 3 : rôle de rêverie de la maison (§3).
• Document 4 : interprétation de l’analyse de l’affiche → rôle de point de départ, de
passage, de retour pour les habitants de la maison. Cf. description par signes de
l’image.

III. Conclusion possible

Pour conclure, nous avons vu au travers de l’étude de ce corpus que le statut de la maison
est paradoxal. En effet, la maison est prise entre sa fonction première de refuge protecteur,
de cocon familial comme personnel pour ses habitants et sa fonction d’accueil de l’ami
comme de l’étranger, susceptible alors d’ouvrir la porte à toutes sortes de dangers tels que
les vols ou encore les intrusions, etc. Avec son intérieur typique des goûts et rêves de chacun
de ses occupants, la maison est le reflet de la personnalité de ses habitants en matière de
mobilier, de décoration. L’intérieur est synonyme de confort et de bien-être vis-à-vis de la
dureté du monde extérieur pris dans la frénésie de la modernité. Ainsi, on comprend que les
auteurs du corpus insistent sur le risque réel à se laisser enfermer dans et par cette « prison
dorée » que peut devenir la maison, privilégiant le « chacun chez-soi », le « chacun pour
soi » plutôt que l’hospitalité naturelle de toute habitation. Ce corpus est donc un véritable
appel à ouvrir son cœur à autrui comme on ouvre ses fenêtres pour faire entrer le soleil.
Mais, cet appel pour une « maison du bonheur » sera t-il entendu ?

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DEUXIEME PARTIE : ÉCRITURE PERSONNELLE

1. Bien lire les consignes


Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les
documents du corpus, vos lectures et vos connaissances personnelles.

2. Analyse par la méthode OPLC d’un sujet d’écriture personnelle


Analysez grâce à la méthode « OPLC » le sujet d’écriture personnelle suivant : « Selon vous,
la maison est-elle toujours un refuge ? »

SUJET : « Selon vous, la maison est-elle toujours un refuge ? » :

« O » de Objet : la maison est un refuge


Pour trouver la problématique : découpage du sujet en tronçons :
- « D’après vous » : positionnement personnel ARGUMENTÉ ;
- « la maison » : l’habitation, le lieu de vie, etc.
- « est-elle » : verbe / auxiliaire être → Définition du thème ;
- « toujours » : de façon certaine, obligatoire, immuable ;
- « un refuge » : une protection pour l’individu, etc.
« P » de Problématique que l’on peut formuler grâce aux synonymes précédents : La maison
ne peut-elle se définir que comme une source de protection pour l’individu ?

« L » de Limite(s) : Ne parler que de « refuge » sans tenir compte de l’opposé, à savoir que la
maison peut parfois se révéler être une véritable « prison ».

« C » pour les Consignes : Bien relire les consignes de l’exercice.

3. Rédaction/conseils généraux
Pour rappel, l’écriture personnelle est un exercice de rédaction visant à mesurer la capacité
du candidat à réfléchir par rapport à un sujet donné et à mesurer sa culture générale.

Compréhension du sujet : on attend de vous une analyse argumentée et illustrée du rôle de


la maison dans nos vies.
Introduction = 3 ÉTAPES = UN SEUL PARAGRAPHE :
• phrase d’accroche (présentation du thème) ;
• présentation du sujet (question) ;
• annonce du plan = connecteurs logiques.

Développement : au moins 2 parties avec 2 ou 3 arguments par partie et 1 transition entre


les parties.

Conclusion : un seul paragraphe qui reprend votre copie et donne clairement votre
positionnement personnel/réponse personnelle au sujet d’après votre copie.

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Proposition de plan détaillé possible

Introduction

(AMORCE) La maison et ses quatre murs nous protègent d’abord physiquement des
intempéries et des dangers de l’extérieur. Elle nous protège ensuite mentalement, nous
offrant un cocon propice à la rêverie, au retour sur soi et à la construction identitaire.
(PROBLÉMATIQUE) Mais, la maison est-elle toujours un refuge ? En d’autres termes, la
maison ne peut-elle se définir que comme une source de protection pour l’individu ?
(Annonce de PLAN) Tout d’abord, je montrerai que la maison est bel et bien un refuge
permettant, entre autres choses, l’introspection. Ensuite, que ce repli sur soi n’est pas
toujours heureux, surtout lorsque la maison devient synonyme d’enfermement volontaire
ou non voire parfois synonyme de pauvreté si l’on manque de ce fameux toit. Pour finir, je
nuancerai en présentant la maison comme un lieu de transfert, tantôt point de départ pour
l’enfant qui prend son envol dans la vie, tantôt passage pour l’ami, le voisin ou encore
l’inconnu, tantôt point de retour pour l’adulte qui aurait finit son voyage initiatique. Il s’agira
donc ici de montrer les différentes facettes du visage de la maison pour ses habitants.

I. La maison comme refuge

a) Le refuge volontaire : Le cas d’Oblomov/le cas de Tanguy (corpus : Document 1 /


Document 4). En complément concernant Oblomov :
b) Le refuge contraint : A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B.
Jeffries (James STEWART) est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant,
dans le film Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock sorti en 1954.

II. La maison comme prison ou au contraire comme absence

a) La maison comme prison : le cas du film Parasite (2019) de Bong Joon Ho. La maison
d’architecte d’une riche famille abrite, et « emprisonne » en son sein, le mari de l’une
de leur ancienne employée de maison. Le mari est en effet recherché par les forces
de l’ordre. Il se cache enfermé, à la fois volontairement et involontairement, dans le
bunker de la maison des riches patrons.
Autre exemple intéressant issu de la fiction, le manoir hanté du comte Dracula,
vampire immortel, qui emprisonne ses victimes, de jeunes femmes sans défense
vouées à devenir les épouses et amantes du maître des lieux. On peut citer
notamment l’héroïne du livre de Bram Stoker publié en 1897, Mina Harker, femme
du jeune notaire venu expertisé la demeure transylvanienne du comte et lui aussi
retenu contre sa volonté pendant un temps dans cette demeure maléfique.
b) La maison comme absence, manque social : le cas de l’histoire de Miranda Lemare
dans la nouvelle d’Annie Saumont intitulée « À la maison » (Éd. Élise Chedeville, pp.
31-34) In Le tapis du salon, Ed. Julliard, 2012, pp. 59-63. La narratrice est en classe de
6e, elle nous fait entrer dans sa tête suite à la consigne d'un devoir de rédaction en

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classe de français intitulé « Une soirée en famille ». Or, la petite fille est « mal-
logée », sa mère étant pauvre et au chômage.

III. La maison comme point de départ, de passage et, parfois, point de retour dans
le voyage de la vie

a) La maison comme origine, point de départ pour l‘épopée de la vie : le cas du conte Le
petit poucet qui se retrouve chassé de la maison familiale, abandonné dans la forêt
avec ses frères et sœurs par leurs parents, dans l’espoir d’échapper à la pauvreté.
b) La maison comme point de passage : l’accueil des amis et étrangers de passage
comme dans le corpus : documents 2 et 3. Le cas de la colocation avec des personnes
de nationalités différentes comme dans le film L’auberge espagnole de Cédric
Klapisch en 2002.
c) La maison comme point de retour : le cas du héros grec qui revient dans son pays
natal après un voyage de plusieurs années raconté par Joachim Du Bellay, dans un
poème du XVIe siècle, intitulé « Heureux qui, comme Ulysse ».

Conclusion

Pour conclure, la maison est parfois un refuge. Mais parfois ce refuge devient prison dorée,
ou pire, prison hantée. C’est pourquoi, la maison est, selon moi, plutôt qu’un lieu fixe et
défini, un lieu de transition qui permet à l’individu qui y est né, y passe et parfois y revient,
d’accomplir un véritable voyage initiatique permettant à la fois sa découverte intime mais
aussi sa construction externe vers les autres. La maison est un point d’ancrage de l’identité
de tout un chacun mais cet ancrage n’est jamais définitif et à sens unique. Cet ancrage est
souple, offrant espace et liberté de choix comme d’actions à ses habitants. C’est
précisément cette caractéristique protéiforme de la maison qui nous la rend, à mes yeux, si
attachante, si précieuse et si désirable.

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