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Résumé : Le syndrome de Goodpasture est une maladie auto-immune rare (0,5 à un cas par million
d’habitant par an) caractérisée par le développement d’anticorps polyclonaux ciblant deux épitopes par-
ticuliers de la chaîne alpha-3 du collagène 4 (anticorps antimembrane basale glomérulaire [anti-MBG]).
Le dépôt de ces anticorps sur les membranes basales glomérulaires et alvéolaires s’accompagne d’un
tableau de glomérulonéphrite rapidement progressive, d’hémorragie intra-alvéolaire, ou d’une atteinte
pneumorénale concomitante. Une double positivité anticorps anti-MBG et anticytoplasme des polynu-
cléaires neutrophiles est identifiée chez 15 à 30 % des patients avec un syndrome de Goodpasture et
impacte le pronostic à long terme. Outre la prise en charge symptomatique, souvent réanimatoire, un trai-
tement combinant cortisone, cyclophosphamide et échanges plasmatiques doit être débuté en extrême
urgence, parfois même avant la confirmation du diagnostic par une méthode non invasive (dosage des
anti-MBG circulants) ou invasive (biopsie rénale). La survie à long terme est désormais supérieure à
85 % mais le pronostic rénal reste sombre malgré une prise en charge adaptée (30 à 60 % de patients
en insuffisance rénale terminale à 1 an). La sévérité de l’atteinte rénale initiale, le retard à l’initiation
du traitement et l’absence de triple thérapie immunosuppressive sont les principaux facteurs prédictifs
de mauvais pronostic rénal. La place des nouveaux immunosuppresseurs (anticorps monoclonaux anti-
CD20, bloqueurs du complément) reste à déterminer. Le risque de rechute est faible et une greffe rénale
peut être proposée à distance de l’épisode aigu chez les malades en insuffisance rénale terminale.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Néphrologie 1
Volume 32 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1762-0945(19)68853-4
18-037-E-15 Vascularites à anticorps antimembrane basale glomérulaire
2 EMC - Néphrologie
Vascularites à anticorps antimembrane basale glomérulaire 18-037-E-15
A B C
Figure 1. Aspect radiologique et scanographique d’une hémorragie intra-alvéolaire dans le cadre d’une vascularite avec anticorps antimembrane basale
glomérulaire (MBG).
A. Radiographie thoracique de face d’un patient de 62 ans avec une vascularite avec anti-MBG (glomérulonéphrite rapidement progressive et hémorragie
intra-alvéolaire grave caractérisée par un syndrome de détresse respiratoire aiguë nécessitant une oxygénothérapie à haut débit). Opacités alvéolo-interstitielles
bilatérales symétriques sans cardiomégalie (diagnostic différentiel de l’œdème aigu du poumon).
B. Scanner thoracique sans injection d’une patiente de 19 ans avec une vascularite avec anti-MBG caractérisée par une glomérulonéphrite rapidement
progressive et hémorragie intra-alvéolaire peu sévère. Aspect en « verre dépoli » hétérogène dans les deux champs pulmonaires.
C. Scanner thoracique sans injection du patient de la Figure 1A à j15 de la prise en charge montrant un épanchement pleural bilatéral, des lésions réticulaires
séquellaires et la persistance de quelques condensations alvéolaires.
diagnostic. La sensibilité et la spécificité de ces techniques sont d’anticorps antimyéloperoxydase et antiprotéinase 3 chez tous les
supérieures à 95 et 97 %, respectivement [26] . Toutefois, environ malades présentant une vascularite par anti-MBG. Cette associa-
5 % des malades avec une authentique vascularite à anti-MBG tion doit particulièrement être recherchée chez les malades avec
ne présentent pas d’anticorps anti-MBG circulants détectables ; une présentation clinique plus lente.
le diagnostic de certitude repose alors sur la biopsie rénale. Cette
situation peut être secondaire à un défaut de sensibilité de la tech-
nique ou à une vascularite par anti-MBG associée à des anticorps
anti-MBG d’isotypes IgA, IgG2 ou IgG4 , non reconnus par les tests
Diagnostics différentiels
sanguins usuels [9, 10] .
Des atteintes pulmonaire et rénale concomitantes, en parti-
L’analyse en microscopie optique de la biopsie rénale montre
culier lorsque le diagnostic de glomérulonéphrite rapidement
une glomérulonéphrite nécrosante avec croissants extracapillaires
progressive et/ou d’hémorragie intra-alvéolaire est posé, imposent
comblant la chambre urinaire des glomérules (Fig. 2). Les crois-
d’évoquer et de rechercher une vascularite par anti-MBG mais
sants sont le plus souvent circonférentiels et touchent l’ensemble
doivent également faire éliminer les autres causes de syndrome
des glomérules (lésions d’âge identique). Dans les formes plus
pneumorénal immunologique : vascularite à ANCA, cryoglobuli-
lentes, des croissants fibreux peuvent cohabiter avec des crois-
némie, lupus érythémateux aigu disséminé, purpura rhumatoïde.
sants cellulaires. Des lésions de nécrose tubulaire aiguë sont
Une glomérulonéphrite rapidement progressive peut également
également observées, tout comme des cylindres hématiques intra-
se compliquer d’une rétention hydrosodée à l’origine d’un œdème
tubulaires. L’immunofluorescence affirme le diagnostic et montre
aigu du poumon se présentant par une hémoptysie. Ce diag-
des dépôts linéaires d’IgG polytypiques (absence de monotypie
nostic doit être évoqué en cas d’aggravation de l’hypoxie après
kappa/lambda) le long des MBG (Fig. 2). Rarement, la mem-
quelques jours de traitements (rétention hydrosodée favorisée par
brane basale du tube distal peut également être le siège de dépôts
l’insuffisance rénale aiguë, la cortisone, l’oligurie, les échanges
d’IgG [27] . Les dépôts d’IgG sont habituellement accompagnés de
plasmatiques).
dépôts de la fraction C3 du complément [20] . Une analyse en
Une infection pulmonaire grave peut également se compliquer
immunofluorescence doit donc être systématiquement associée
d’une détresse respiratoire aiguë et d’une insuffisance rénale aiguë
à l’analyse en microscopie optique.
fonctionnelle ou organique (nécrose tubulaire aiguë). L’absence
La réalisation de la biopsie rénale peut être difficile à la phase
de fièvre et d’état de choc tout comme la négativité des exa-
aiguë (anémie profonde, troubles de la coagulation secondaires
mens microbiologiques doivent orienter vers une vascularite par
aux séances quotidiennes d’aphérèse, détresse respiratoire). Elle
anti-MBG. L’évaluation du sédiment urinaire peut être décisive en
ne doit pas retarder la mise en place d’un traitement spécifique,
démontrant le caractère glomérulaire de l’insuffisance rénale.
le pronostic rénal étant corrélé à la rapidité de la mise en route
Dans tous les cas, la biopsie rénale permet d’écarter les diag-
de celui-ci (cf. infra). Chez les malades ayant un anticorps anti-
nostics différentiels et doit donc être proposée en urgence en cas
MBG circulant confirmant le diagnostic, la biopsie rénale peut
d’incertitude diagnostique.
être proposée dans un deuxième temps afin de préciser le pro-
nostic de l’insuffisance rénale, d’évaluer les possibilités de sevrage
de l’épuration extrarénale et de moduler l’intensité du traitement
immunosuppresseur. Traitements spécifiques
La sensibilité élevée du dosage des anticorps anti-MBG et le
recours à une biopsie rénale permettent d’aboutir à un diagnostic Avant la description de l’efficacité d’un traitement associant
dans plus de 90 % des situations. La réalisation d’une biopsie pul- échanges plasmatiques, cortisone et cyclophosphamide par Lock-
monaire est donc exceptionnellement nécessaire mais elle peut wood et al. en 1975 [28] , la mortalité des patients présentant une
être proposée dans les situations d’hémorragie intra-alvéolaire vascularite par anti-MBG était supérieure à 90 % à un an, en raison
isolée inexpliquée sans anticorps anti-MBG circulants. Celle-ci de la sévérité de l’hémorragie intra-alvéolaire ou de l’insuffisance
montre des images d’hémorragie intra-alvéolaire avec une accu- rénale. Désormais, la survie est supérieure à 85 % à un an [4, 29]
mulation de macrophage dans les alvéoles, parfois accompagnée et la mortalité est principalement secondaire à des complications
d’une alvéolite neutrophilique et de lésions alvéolaires diffuses. infectieuses, en particulier opportunistes. Dans une large étude
Enfin, l’association fréquente d’une vascularite par anti-MBG rétrospective chinoise, l’utilisation concomitante des trois traite-
et d’une vascularite à ANCA, en particulier à anticorps antimyé- ments était associée à une meilleure survie globale et rénale que
loperoxydase (cf. supra) nécessite de tester la présence d’ANCA et l’utilisation de cortisone seule [30] .
EMC - Néphrologie 3
18-037-E-15 Vascularites à anticorps antimembrane basale glomérulaire
A * B
*
C D
Figure 2. Aspect histologique rénal (microscopie optique) d’une vascularite avec anticorps antimembrane basale glomérulaire.
A, B. Coloration au trichrome de Masson. Présence de croissants inflammatoires extracapillaires comblant la chambre urinaire (A, flèche), cylindre hématique
intratubulaire (B, flèche) et nécrose tubulaire aiguë (B, astérisque).
C. Coloration argentique de Jones. Présence de croissants inflammatoires extracapillaires comblant la chambre urinaire (astérisque) avec disparition du floculus
glomérulaire et de la membrane basale glomérulaire.
D. Immunomarquage anti-immunoglobulines G linéaire le long des membranes basales glomérulaires.
Durée du traitement
Cortisone
La difficulté de prise en charge des vascularites par anti-MBG
Habituellement, trois bolus quotidiens de méthylpredniso- tient en particulier au risque de complications infectieuses sous
lone (500 à 1000 mg) sont proposés puis une corticothérapie traitement d’une part, et au mauvais pronostic rénal d’autre
intraveineuse ou orale quotidienne (1 mg/kg/j) est débutée [26] . part (cf. infra). La possibilité d’une transplantation rénale dans
L’antibioprophylaxie repose sur l’association triméthoprime- les 9 à 12 mois suivant l’épisode aigu chez les malades survi-
sulfaméthoxazole. vant à la poussée de vascularite par anti-MBG mais requérant
une hémodialyse chronique impose de moduler l’intensité de
l’immunosuppression en fonction de la probabilité d’une réponse
Traitement immunomodulateur rénale et de la qualité de la réponse pulmonaire. La durée consen-
Le traitement de référence est le cyclophosphamide. Il est pro- suelle du traitement est de trois mois pour le cyclophosphamide
posé par voie orale à raison de 2 mg/kg par jour (en ciblant un et de 3 à 6 mois pour la cortisone. Toutefois, le traitement
taux de leucocytes supérieur à 5000/mm3 ) mais de nombreuses peut être raccourci chez les malades avec une atteinte rénale
équipes l’utilisent par voie intraveineuse (0,5–0,6 g/m2 toutes les irréversible (cf. infra, facteurs prédictifs) et avec une atteinte res-
3 à 4 semaines pendant 3 mois en l’absence d’insuffisance rénale piratoire en rémission complète. La persistance des anticorps à
sévère ; 500 mg par injection dose maximale en cas d’insuffisance trois mois doit faire maintenir le traitement immunosuppresseur
4 EMC - Néphrologie
Vascularites à anticorps antimembrane basale glomérulaire 18-037-E-15
pendant 6 à 9 mois ou discuter une alternative thérapeutique. pathogènes) afin de prévenir les lésions rénales secondaires dans
Chez les malades âgés ou porteurs de comorbidités importantes, l’attente de l’efficacité du traitement immunosuppresseur (clini-
une atteinte rénale exclusive, suffisamment sévère pour être caltrials.gov NCT 03157037).
considérée comme irréversible (créatininémie > 600 mol/l ou Outre un éventuel impact thérapeutique et pronostique, ces
glomérulosclérose > 90 %), peut motiver une abstention théra- études devraient permettre de mieux préciser le rôle du complé-
peutique [32] . ment et des anticorps anti-MBG dans la physiopathologie de la
Chez les patients présentant une double positivité des anticorps vascularite à anti-MBG.
anti-MBG et des ANCA, le risque de rechute de la vascularite rénale
est estimé à 50 % [18] . Le délai médian avant la rechute étant de
4,8 ans, la place d’un traitement d’entretien selon les modalités Conclusion
utilisées chez les patients présentant une vascularite à ANCA est
à préciser. La vascularite par anti-MBG est une maladie auto-immune
rare, ciblant spécifiquement les membranes basales alvéolaires
(hémorragie intra-alvéolaire) et les MBG (glomérulonéphrite rapi-
Transplantation rénale dement progressive). Les pronostics vital et fonctionnel sont
Une transplantation rénale peut être proposée chez les malades sombres sans traitement. Le recours en urgence à une triple thé-
en insuffisance rénale terminale. Un délai de six mois après la rapie immunosuppressive associant plasmaphérèse, cortisone et
négativation des anti-MBG est habituellement recommandé afin cyclophosphamide améliore drastiquement le pronostic global
de s’assurer de la rémission complète de la maladie. La rechute de (survie > 80 % à 5 ans) mais seulement 30 à 60 % des patients
la maladie après transplantation rénale est exceptionnelle. seront indépendants d’une épuration extrarénale chronique à un
an. La place des nouvelles thérapeutiques immunosuppressives
(anticorps anti-CD20) et anticomplémentaires est à préciser.
Survie et pronostic fonctionnel
La gravité de la vascularite par anti-MBG tient à la sévérité
des atteintes respiratoire et rénale initiales, à l’âge des patients
et au recours à des alternatives thérapeutiques en raison d’une
“ Points essentiels
forme réfractaire de vascularite par anti-MBG [4, 33] . La survie glo-
• Le diagnostic de vascularite par anticorps anti-MBG
bale à un et cinq ans est désormais supérieure à 80 % [4, 23, 33] .
Une part importante de la mortalité est désormais à rattacher aux repose sur l’identification d’anticorps anti-MBG circulants
complications du traitement (infection, néoplasie, dialyse). et/ou de dépôts linéaires d’IgG (plus rarement IgA) poly-
L’atteinte rénale des vascularites par anti-MBG est particulière- typiques le long des MBG (biopsie rénale).
ment sévère mais la survie à un an ne semble pas impactée par • Le traitement doit être débuté en urgence, sans
le recours à une épuration extrarénale [4] . Dans une large cohorte attendre le diagnostic de certitude, en cas d’association
française issue du registre de la Société d’hémaphérèse, 60 % des d’une glomérulonéphrite rapidement progressive et d’une
patients présentaient une créatininémie supérieure à 500 mol/l à hémorragie intra-alvéolaire.
l’admission et 68 % avaient besoin d’épuration extrarénale dans le • Le traitement repose sur l’association d’échanges plas-
premier mois. À un an, la dépendance à l’hémodialyse était prédite
matiques quotidiens (minimum sept en 10 j), d’une
par la sévérité de l’insuffisance rénale au diagnostic (créatininé-
corticothérapie (1 mg/kg/j, précédée de trois bolus quoti-
mie > 500 mol/l), un pourcentage de croissants extracellulaires
supérieur à 75 % sur la biopsie rénale et un âge supérieur à 60 diens) et de cyclophosphamide.
ans [4] . Le pronostic rénal est donc fortement corrélé à la rapidité • La durée du traitement dépend de la réponse immuno-
du diagnostic et la précocité du traitement immunosuppresseur, logique, de la probabilité de récupération rénale et de la
incluant les échanges plasmatiques [33, 34] . sévérité de l’atteinte respiratoire.
Les données concernant les séquelles tardives de l’atteinte • La place du rituximab (anticorps anti-CD20) doit être
respiratoire sont pauvres et ne permettent pas de proposer de précisée.
recommandations formelles de surveillance à long terme. • Une transplantation rénale peut être proposée 9 à 12
Une fois la rémission immunologique de la vascularite par anti- mois après l’épisode aigu chez les patients en insuffisance
MBG obtenue à l’aide du traitement d’induction (anticorps anti-
rénale terminale et en rémission complète immunolo-
MBG circulants négatifs), le risque de rechute de la maladie est
gique.
faible (< 2 %) [1, 34] .
Perspectives
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
La vascularite par anti-MBG appartient au groupe des maladies en relation avec cet article.
immunologiques rares et le développement de nouvelles théra-
peutiques ne peut reposer sur les études prospectives comparatives
Références
conventionnelles. La caractérisation des mécanismes d’initiation
et de progression de la maladie rénale chez l’animal, et la meilleure
caractérisation des données histologiques chez l’homme, ont
[1] Segelmark M, Hellmark T, Wieslander J. The prognostic signifi-
permis d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. À titre
cance in Goodpasture’s disease of specificity, titre and affinity of
d’exemple, l’activation des voies classiques et alternes du complé-
anti-glomerular-basement-membrane antibodies. Nephron Clin Pract
ment dans le rein des patients avec syndrome de Goodpasture 2003;94:c59–68.
ouvre la voie à un essai testant la place des anticomplémen- [2] Taylor DM, Yehia M, Simpson IJ, Thein H, Chang Y, de Zoysa JR.
taires comme l’éculizumab (anticorps bloquant la fraction C5 du Anti-glomerular basement membrane disease in Auckland. Intern Med
complément) [20] . L’utilisation de peptides inhibant l’interaction J 2012;42:672–6.
entre l’IgG anti-MBG et le récepteur FcRn exprimé dans les glo- [3] Savage CO, Pusey CD, Bowman C, Rees AJ, Lockwood CM. Antiglo-
mérules permet également de bloquer le développement de la merular basement membrane antibody mediated disease in the British
glomérulonéphrite chez l’animal [35] . Enfin, une étude de phase Isles 1980-4. Br Med J 1986;292:301–4.
II teste actuellement la place de l’IdeS, une protéinase strepto- [4] Huart A, Josse A-G, Chauveau D, Korach J-M, Heshmati F, Bauvin
coccique spécifique des IgG, dans les vascularites par anti-MBG. E, et al. Outcomes of patients with Goodpasture syndrome: a nation-
L’objectif de cette approche novatrice est d’éliminer pharmaco- wide cohort-based study from the French Society of Hemapheresis. J
logiquement et transitoirement les IgG du sérum (dont les IgG Autoimmun 2016;73:24–9.
EMC - Néphrologie 5
18-037-E-15 Vascularites à anticorps antimembrane basale glomérulaire
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Faguer S. Vascularites à anticorps antimembrane basale glomérulaire. EMC - Néphrologie 2020;32(1):1-6
[Article 18-037-E-15].
6 EMC - Néphrologie
18-061-C-10
Résumé : L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) est au moins quatre fois plus fréquente chez les
patients insuffisants rénaux, notamment chez les dialysés ou les greffés rénaux, que dans la population
générale et est associée à une mortalité plus élevée. Les insuffisances rénale et hépatique et leur morbi-
mortalité conséquente sont aussi plus fréquentes chez les greffés rénaux infectés par le VHC que chez les
non-infectés. Le VHC est associé à une plus grande incidence et à une progression plus rapide du dia-
bète, de complications systémiques dont des manifestations cardiovasculaires et une insuffisance rénale
chronique (IRC) qui sont diminuées par la réponse virologique soutenue (RVS) (ou guérison virologique)
associée au traitement antiviral. Cela justifie les recommandations récentes de dépistage de l’infection
active par le VHC des patients insuffisants rénaux et d’accès aux thérapies antivirales orales. Les traite-
ments par les antiviraux directs (AVD) oraux du VHC, étendus aux IRC terminales et aux greffés rénaux,
ont montré un taux de guérison du VHC supérieur à 95 % : tous les patients infectés par le VHC doivent
être traités et guéris par un traitement combinant les AVD, en priorisant ceux qui en ont le plus besoin
(vascularite cryoglobulinémique symptomatique, fibrose hépatique étendue ou IRC de grade 4-5 selon
la classification Kidney Disease: Improving Global Outcomes [KDIGO]). Le traitement par AVD peut être
retardé après la transplantation rénale chez ceux dont le temps d’attente serait significativement réduit
par un greffon dérogatoire infecté par le VHC. Une question en suspens est celle de l’impact rénal à long
terme des AVD, qui exige une réévaluation. L’élimination du VHC du champ néphrologique semble ainsi
possible, à condition que le traitement par AVD soit couplé à des précautions d’hygiène universelle pour
prévenir infections et réinfections dans les unités d’hémodialyse.
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Mots-clés : Insuffisance rénale chronique ; Transplantation rénale ; Hémodialyse ; Virus de l’hépatite C (VHC) ;
Antiviraux directs du VHC (AVD)
EMC - Néphrologie 1
Volume 32 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1762-0945(19)86755-4
18-061-C-10 Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C
Hépatite chronique
Cirrhose Troubles
Hépatotropisme VHC
Carcinome neurocognitifs
hépatocellulaire
• Insulino-
Inflammation
Lymphotropisme résistance
chronique
• Diabète
AVC
Glomérulonéphrite
Lymphome B Vascularite
Membrano-proliférative
Cancers
extrahépatiques
Figure 1. L’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC) est une maladie systémique du fait de l’hépatotropisme et du lymphotropisme du VHC,
et du fait de l’inflammation chronique associée à l’infection chronique. IRC : insuffisance rénale chronique ; AVC : accident vasculaire cérébral.
à leur surface les protéines virales par les cellules immunitaires que dans la population générale [21–23] , du fait du risque persis-
spécifiques entraîne une nécro-inflammation et la fibrose avec tant d’infection, en particulier dans les unités d’hémodialyse et du
un risque de cirrhose lorsque l’inflammation persiste ou qu’il dépistage sous-optimal des donneurs de sang dans de nombreux
existe des comorbidités hépatiques (consommation excessive pays à faibles revenus.
d’alcool, diabète, surpoids et syndrome métabolique). La cirrhose L’infection chronique par le VHC peut être directement respon-
est associée à un risque de 3 à 5 % d’apparition d’un CHC et sable de l’apparition d’une maladie rénale [23] , principalement une
à un taux similaire de complications non carcinomateuses de glomérulonéphrite, avec ou sans cryoglobulinémie [24] , et accé-
la cirrhose, incluant hémorragies variqueuses, ascite et infection lère la progression de l’IRC vers l’insuffisance rénale terminale
spontanée du liquide d’ascite par translocation bactérienne [4] (IRT) [25] , encore augmentée par des comorbidités préexistantes
(Fig. 1). Le VHC peut également se répliquer dans les lymphocytes comme le diabète ou l’hypertension [10] .
B : son infection ou sa stimulation chronique peuvent générer L’infection par le VHC accroît également la morbidité et la mor-
une cryoglobulinémie, voire une sélection clonale de lympho- talité des patients dialysés, principalement par des manifestations
cytes B à l’origine d’un lymphome non hodgkinien (LNH) [5] . extrahépatiques (MEH), en particulier cardiovasculaires et diabé-
Enfin, l’infection chronique par le VHC est associée à une tiques, encore accrues par le VHC [26] . La transplantation rénale
inflammation chronique avec surexpression de cytokines pro- reste le meilleur traitement de l’IRC, mais l’infection par le VHC
inflammatoires (interleukine [IL]-1, tumor necrosis factor α [TNF-␣] a un impact négatif sur la survie des patients et des greffons [27–29]
et IL-6) [6] , production d’espèces réactives de l’oxygène [7] , d’oxyde et cet impact négatif n’a pas diminué au cours des deux dernières
nitrique [8] et une dérégulation de l’autophagie [9] . En plus de décennies [30] .
l’inflammation hépatique impliquée dans la progression de la Après l’ère de l’interféron débutée en 1988, les premiers anti-
fibrose et la survenue du CHC, l’inflammation extrahépatique viraux directs (AVD) oraux ciblant les protéines du VHC ont été
est associée à un risque accru de diabète [10] , de maladies vascu- approuvés en 2011 : inhibiteurs de protéase NS3/4A, inhibiteurs
laires [11–13] , de troubles neurocognitifs et de cancers extrahépati- du complexe de réplication NS5A ou inhibiteurs de polymérase
ques [14–17] . (ou NS5B) nucléos(t)idiques et non nucléos(t)idiques. Au début,
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est définie par un les AVD étaient combinés à l’interféron pégylé et la ribavirine.
débit de filtration glomérulaire (DFG) estimé inférieur à Depuis 2015, on combine deux ou trois AVD de seconde généra-
60 ml/min/1,73 m2 , ou par d’autres signes de lésions rénales tion sans interféron ni ribavirine pour 8 à 16 semaines selon les
cliniquement pertinents par analyse d’urine, imagerie ou his- profils de patients et de virus incluant le stade de fibrose hépa-
topathologie rénales. L’IRC a une prévalence globale d’environ tique évalué par des tests non invasifs (Fibroscan® , Fibrotest® ou
10 % et un impact délétère croissant dans le monde [18] . Les Fibromètre® ), génotype et sous-type, charge virale, histoire théra-
principaux facteurs de risque de l’IRC sont, en plus de l’âge, le peutique antérieure du patient (naïf de traitement ou prétraité) et
diabète, l’hypertension, l’ethnie (avec une plus grande prévalence variantes de résistance préexistantes. La plupart de ces combinai-
chez les Afro-Américains) et les antécédents familiaux de maladie sons ont une puissance antivirale élevée définie par une réponse
rénale [18] . virologique soutenue (RVS) élevée (définie par un acide ribonu-
Le VHC et l’IRC sont étroitement liés épidémiologiquement cléique [ARN] viral C indétectable dans le sérum 12 semaines après
pour deux raisons principales : d’abord parce que les patients la fin du traitement) supérieure à 95 %, une tolérance satisfaisante
atteints d’IRC sont surexposés au virus [19] et deuxièmement parce et un nombre réduit de comprimés (1 à 3). Au-delà des limitations
que le VHC augmente le risque et le taux de progression de liées au dépistage de l’infection virale C et de l’accès aux soins, les
l’IRC [20] . recommandations internationales sont de traiter tous les patients
Avant le dépistage des anticorps anti-VHC dans les années 1990, infectés par le VHC, y compris ceux atteints d’IRC, chez qui des
l’exposition au VHC était très fréquente et principalement liée résultats très prometteurs ont été rapportés [31–33] , pour réduire le
à la transmission nosocomiale dans les unités de dialyse ou risque de MEH, y compris l’aggravation de l’IRC [26] . Il est main-
aux transfusions sanguines contaminées ou aux greffons [19] . tenant bien établi que les RVS, correspondant à une guérison
L’amélioration progressive des précautions d’hygiène universelle, virologique, réduit le risque de progression de la maladie hépa-
l’amélioration spectaculaire de l’hémovigilance et l’utilisation tique, mais aussi le risque de MEH [34] , y compris le diabète [10] ,
de l’érythropoïétine ont réduit de façon significative le risque la maladie cardio- ou cérébrovasculaire [10–13] , les cancers extra-
d’infection [19] . Malgré cette réduction de la prévalence et de hépatiques [14–17] et la morbidité et la mortalité rénale [20, 26] . Le
l’incidence de l’infection par le VHC chez les patients dialysés, la traitement des patients dans les unités de dialyse réduit le risque
prévalence de l’infection virale C demeure beaucoup plus élevée de contamination : la RVS permet ainsi des bénéfices individuels
2 EMC - Néphrologie
Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C 18-061-C-10
EMC - Néphrologie 3
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structures complexes ressemblant à des empreintes digitales [43, 47] . sans VHC [27, 28, 29, 30] . Cela a été récemment confirmé dans une
Pour les deux autres lésions rénales, certains patients atteints du étude française : le VHC était encore associé à une plus faible sur-
VHC ont une maladie rénale qui est classée, à l’examen histo- vie des patients et des greffons [39] par contraste avec l’infection
logique, comme glomérulonéphrite membrano-proliférative sans chronique par le VHB qui a eu longtemps un impact négatif sur
la présence simultanée de cryoglobuline, tandis que la néphro- la survie des patients et des greffons avant l’utilisation des trai-
pathie glomérulaire est caractérisée par un épaississement des tements oraux anti-VHB, à savoir les analogues nucléos(t)idiques
membranes basales glomérulaires, qui contiennent des dépôts (Nucs), lamivudine, entécavir ou ténofovir. La plupart des greffés
immuns, mais les aspects de prolifération sont absents [43] . rénaux infectés par le VHB sont actuellement traités par Nucs qui
ont permis la « normalisation » de l’espérance de survie de ceux
infectés par le VHB [55] . La survie à dix ans reste plus faible chez les
Épidémiologie de l’insuffisance rénale greffés atteints d’hépatite C (71,3 %) que chez ceux infectés par le
chronique chez les patients infectés VHB (81,2 % ; p = 0,0004) ou non infectés (82,7 % ; p < 0,0001). La
survie à dix ans des greffés rénaux avec ARN VHC détectable est
par le virus de l’hépatite C significativement plus faible (66,1 % ; IC 95 % : 61,1–77,1 %) que
celle des témoins avec ARN VHC indétectable (81,5 % ; IC95 % :
L’infection par le VHC augmente le risque d’IRC [20, 48, 49] qui est
78,1–84,9 % ; p = 0,003) avec un HR de 1,61 (IC 95 % : 1,18–2,21) ;
rapporté chez 9,1 % des patients infectés par le VHC, comparati-
les survies à dix ans correspondantes des greffons sont de 45,7 %
vement à 5,1 % (p = 0,04) chez les témoins négatifs appariés sur
(IC 95 % : 38,2–53,2 %) versus 59,2 % (IC 95 % : 55,3–63,1 % ;
l’âge, la race et le sexe [50] . Les patients infectés par le VHC ont un
p = 0,01) avec un HR de 1,31 (IC95 % : 1,06–1,61) [39] .
risque de 27 % plus élevé de problèmes rénaux que les contrôles
non infectés (hazard ratio [HR] : 1,27, intervalle de confiance [IC]
95 % : 1,18 à 1,37) [50] . Le risque augmente de 8,5 % chez les Bénéfices associés à la réponse virologique
patients infectés par le VHC âgés de 20 à 64 ans à 26,5 % chez
ceux âgés de plus de 65 ans [51] . Dans la cohorte française Hepather soutenue
C022 de l’Association française pour l’étude du foie/Agence natio-
La RVS est définie par ARN du VHC indétectable dans le sérum
nale de recherche sur le sida et les hépatites virales (AFEF/ANRS)
12 semaines après la fin de tout traitement antiviral [31, 32] . La
(8571 évaluables parmi les 12 456 inclus infectés par le VHC),
biologie du VHC est facile (réplication de l’ARN VHC dépen-
la prévalence d’une IRC chronic kidney disease (CKD) stade supé-
dante d’une ARN polymérase intracytoplasmique, traduction en
rieur à 3, définie par un DFG (CKD-epidemiology collaboration [EPI])
une polyprotéine qui est clivée par une protéase en protéines
inférieur à 60 ml/min à l’inclusion, était de 7,3 % et était associée
structurales et non structurales qui participent à l’organisation
en analyse multivariée à l’âge, l’hypertension artérielle, le diabète,
des virions, à leur réplication et à leur exportation) et il n’y
l’hypercholestérolémie et un antécédent de cardiopathie mais pas
a pas d’intégration du génome viral dans le génome de l’hôte
à la sévérité de l’hépatopathie [52] .
(contrairement au VHB et autres rétrovirus) et aucun réservoir
Les patients infectés par le VHC présentent également un risque
(contrairement aux rétrovirus comme le VIH). Ainsi, la RVS cor-
plus élevé de manifestations extrahépatiques, avec un risque accru
respond à une guérison virologique complète définie par un
de 2 à 2,5 [53] de développer des événements cardiovasculaires,
ARN du VHC indétectable dans le sérum 12 semaines après
cérébro- ou rénovasculaires et un risque accru de développement
la fin du traitement antiviral (critère de jugement habituel).
d’une insulino-résistance et un diabète de type 2 [54] (Fig. 1). En
Il est alors aussi indétectable dans le foie ou dans les cellules
plus de la maladie rénale associée au VHC (par cryoglobuliné-
mononucléées du sang périphérique (PBMC) [56] . Cette guérison
mie ou inflammation chronique entraînant une augmentation
virologique est habituellement associée au pire à une stabilisa-
de l’insulino-résistance, la libération de médiateurs solubles avec
tion, au mieux à une réversibilité des manifestations liées au VHC.
leur effet direct sur l’athérosclérose) [13] , le risque d’IRC est éga-
L’arrêt de l’activité nécrotico-inflammatoire permet un remode-
lement augmenté par les comorbidités (vieillissement, diabète,
lage de la fibrose, même chez les patients cirrhotiques chez qui
hypertension, infection par le VIH, etc.) [25] et les co-médications
une réversibilité de la cirrhose a été prouvée chez 10 à 25 % des
néphrotoxiques (anti-inflammatoires non stéroïdiens, antirétro-
patients atteints de RVS [57] . Une réversibilité des manifestations
viraux ou analogues de nucléotides, médicaments antidiabétiques
extrahépatiques est également observée, rapidement pour les
et antihypertenseurs) [45] . En résumé, l’infection chronique par le
lésions cutanées (purpura, acrodermatite nécrosante) ou rénales
VHC est associée à un risque plus élevé d’IRC par rapport à la
(syndrome néphrotique), moins rapidement pour les troubles
population non infectée. Dans la cohorte taïwanaise longitudi-
neurocognitifs, vasculaires ou les dysglycorégulations, plus lente-
nale (REVEAL-HCV) de 23 785 sujets, le risque d’IRC augmentait
ment pour les manifestations de neuropathie périphérique, toutes
avec la charge virale chez les patients ayant une virémie C détec-
majoritairement liée à la cryoglobulinémie qui devient indétec-
table et par comparaison à ceux ayant des anticorps anti-VHC mais
table chez 50 % des patients guéris à un an par les AVD [53, 58, 59] .
une virémie C indétectable ou l’absence d’anticorps [26] . La morta-
La RVS n’exclut pas le risque de réinfection. Ainsi, le dépistage
lité liée à une IRT était plus élevée chez les sujets virémiques (4,3 %
devrait être maintenu dans les populations à haut risque, incluant
des 124 patients à charge virale élevée et 2,6 % des 371 patients à
les usagers de drogues intraveineuses, les hommes qui ont des
charge virale basse) que chez les non-virémiques (0,3 % des 330)
relations sexuelles avec des hommes [60] , mais aussi les dialysés [61] .
ou les patients non infectés par le VHC (0,5 % des 16 629 sujets)
Les avantages de la RVS ont été établis dans la population
(p < 0,001). Le risque était inférieur chez ceux ayant reçu un trai-
générale, tant pour la réduction de la progression hépatique vers
tement par interféron que chez les patients non traités (HR : 0,15 ;
la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire [61–64] que pour les
IC 95 % : 0,07–0,31 ; p < 0,001) [26] .
manifestations extrahépatiques [59, 65] . Dans la cohorte prospective
française Hepather, il est montré non seulement une réduction
du risque de la survenue du CHC mais aussi une diminution de la
Impact négatif du virus de l’hépatite C mortalité globale chez les patients traités par AVD par comparai-
sur l’histoire naturelle de l’insuffisance rénale son avec ceux qui n’ont pas été traités [66] .
chronique L’amélioration de la fonction hépatique n’est pas non plus le
seul avantage du traitement antiviral C des patients avec IRC.
La mortalité est plus élevée chez les patients dialysés infectés En effet, la RVS réduit les risques de diabète, de complications
par le VHC que chez les patients non infectés, en particulier en cardiaques et d’accident vasculaire cérébral chez les patients diabé-
raison de l’augmentation du fardeau cardiovasculaire et du dia- tiques, les manifestations de vascularite cryoglobulinémique et est
bète [10] , en plus du risque beaucoup plus élevé de complications associée à une meilleure qualité de vie des patients ayant une IRC
hépatiques [3, 4] . Chez les greffés rénaux, l’infection chronique par avec une CKD stade 4-5 dans l’étude C-surfer [67] . Enfin, les risques
le VHC réduit la survie des patients et des greffons, en raison de de détérioration rénale et de mortalité liée à l’IRT sont inférieurs
la maladie hépatique ou de complications septiques liées à la cir- chez les patients traités comparativement à ceux non traités [65] .
rhose et au traitement immunosuppresseur par rapport aux greffés Une étude suédoise récente de registre montre un bénéfice du
4 EMC - Néphrologie
Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C 18-061-C-10
traitement des dialysés avant la transplantation rénale : 17 % Study of Liver Diseases (AASLD) [31] , et « tous les patients atteints
des patients dialysés infectés seulement ont été traités pour leur d’IRC et les greffés rénaux infectés par le VHC devront être évalués
hépatite C chronique ; 24 % des traités sont décédés contre 56 % pour un traitement antiviral » selon KDIGO [33] .
des non-traités (p < 0,0001) ; l’amélioration de la survie par le Les recommandations internationales de choix thérapeu-
traitement antiviral avait un odds ratio de 3,901 (p = 0,001) [65] . tique pour les patients atteints d’IRC avec DFG supérieur à
Contrairement à celle des greffés rénaux infectés par le VHB (car 30 ml/min/1,73 m2 sont les mêmes que celles pour la popu-
traités par Nucs) [55] , la survie des greffés rénaux infectés par le VHC lation générale infectée par le VHC [31, 32] . En 2019, le choix
ne s’est pas améliorée en 20 ans [27–30, 39] . Dans l’étude récente des doit être fait entre sofosbuvir/lédipasvir, sofosbuvir/velpatasvir
auteurs de la base de données Cristal (voir ci-dessus), les greffés et grazoprévir/elbasvir pendant 8 à 12 semaines selon le géno-
rénaux avec ARN du VHC indétectable avaient une survie à dix type et le sous-type (il y a sept génotypes majeurs de 1 à 7 et
ans (86,5 % ; IC 95 % : 77,8–95,3 %) plus élevée que celle des plusieurs sous-types classés selon l’ordre alphabétique), et la mala-
patients avec ARN du VHC détectable mais aussi de leurs témoins die hépatique sous-jacente, principalement sur les combinaisons
non infectés correspondants (77,9 % ; IC 95 % : 72,5–83,4 % ; pangénotypiques sofosbuvir/veltapasvir/voxilaprevir et glécapré-
p = 0,04) avec un HR de 0,50 (IC 95 % : 0,25–0,98). La survie à dix vir/pibrentasvir pendant huit semaines chez les non-cirrhotiques
ans des greffons était comparable (63,8 % ; IC 95 % : 52,8–74,0 %) et 12 semaines chez les patients cirrhotiques [32] . La cirrhose
à celle des patients non infectés (61,5 % ; IC 95 % : 55,7–67,3 % ; décompensée contre-indique l’utilisation d’inhibiteurs de pro-
p = 0,3) avec un HR de 0,84 (0,57 à 1,22) [39] . À l’inverse, dans téase qui peuvent avoir un certain degré d’hépatotoxicité (liée à
cette étude cas-témoins, la survie à dix ans des greffons et des l’accumulation des produits ou de leur métabolite) : une combi-
patients avec ARN du VHC détectable était clairement inférieure naison sans inhibiteur de protéase (sofosbuvir/velpatasvir) doit
à celle des malades non infectés [39] . Ces données soutiennent être utilisée pendant 12 semaines en combinaison avec la ribavi-
fortement, comme celles obtenues avec le traitement antiviral rine.
B [55] , l’impériosité du contrôle de la réplication virale chez les Les inhibiteurs de protéase ou inhibiteurs de NS5A sont
insuffisants et les greffés rénaux infectés par le VHC. Le dévelop- principalement métabolisés par le foie et ne nécessitent pas
pement des AVD [68, 69] , aujourd’hui disponibles et efficaces en cas d’ajustement de dose au DFG et sont de bons candidats pour
d’IRC [70, 71] , constitue une opportunité unique pour l’élimination le traitement des patients avec IRC, notamment les CKD stades
du VHC du champ néphrologique. 4 et 5. Cela explique les excellents résultats obtenus avec la
combinaison grazoprévir/elbasvir dans la plus grande étude ran-
domisée contrôlée chez les patients avec IRC CKD 4-5 infectés
Traitement de l’infection virale C par des génotypes 1 (C-surfer) : 99 % de RVS en analyse per
protocole [70] .
Options de traitement dans l’infection virale L’essai RUBY-1 (paritaprévir/ritonavir, ombitasvir, dasabuvir
avec ou sans ribavirine) a également rapporté des taux élevés de
C (Fig. 2) RVS (100 % de RVS 4 chez les 10 patients sur 20 qui ont atteint
Depuis plus de 20 ans, le traitement du VHC était principa- la semaine de post-traitement 4) chez les patients infectés par le
lement fondé sur l’interféron, y compris sa formulation pégylé, génotype 1 du VHC avec des stades 4-5 d’IRC [71] . L’essai RUBY-2
en combinaison avec la ribavirine après 1995. Lors des 24 à sans ribavirine rapporte également un taux élevé de RVS, et semble
48 semaines de traitement à base d’interféron, de nombreux évé- être une meilleure option (puisque sans ribavirine).
nements indésirables (syndrome grippal, troubles neurocognitifs, Dans la pratique, aucun ajustement de la dose à la fonction
fatigue, activation de maladies dysimmunitaires, myélosuppres- rénale n’était nécessaire avec siméprévir et daclatasvir, mais la
sion, etc.) sont majorés par l’ajout de la ribavirine et ses puissance antivirale optimale était seulement obtenue en combi-
inconvénients intrinsèques (prurit, dépression et anémie hémo- naison avec le sofosbuvir. C’est la première classe d’inhibiteur
lytique) [72, 73] . Le faible taux de RVS (de 15 à 50 % selon les nucléotidique de la polymérase NS5B, épine dorsale de la plu-
génotypes) et le taux d’effets indésirables graves en limitaient son part des combinaisons d’AVD pouvant être co-formulée dans une
utilisation chez les patients avec IRC chez lesquels le métabolisme seule tablette avec l’inhibiteur NS5A lédipasvir ou velpatasvir,
rénal de la ribavirine nécessitait fréquemment une réduction de voire avec velpatasvir et l’inhibiteur de protéase, le voxilaprévir.
posologie (60 % environ), voire un arrêt du traitement (15 à 30 %). L’utilisation de la dose standard de sofosbuvir (400 mg/j), qui est,
Cela restait vrai à l’époque des AVD de première génération qui comme la ribavirine, éliminé par le rein, n’est pas recommandé
étaient combinés avec l’interféron pégylé et la ribavirine. Après chez les patients avec un DFG inférieur à 30 ml/min/1,73 m2 [31, 32] ,
2015, les combinaisons pangénotypiques de deux ou trois AVD de empêchant l’utilisation des combinaisons contenant le sofosbu-
deuxième vague ou de deuxième génération ont montré une forte vir chez ces patients compte tenu du risque de surexposition
puissance antivirale (taux de RVS supérieur à 95 %), une tolérance au sofosbuvir et à son métabolite GS-007, qui pourrait entraîner
satisfaisante pour un à trois comprimés par jour pendant huit à un risque potentiel d’augmentation de la toxicité rénale intrin-
16 semaines, sans interféron ni ribavirine dans la population géné- sèque. Alors que les doses inférieures sont suboptimales [77] , une
rale [31, 32, 74–76] mais aussi chez les patients avec IRC [31–33, 70, 71] . Le dose standard de sofosbuvir (400 mg/j) administrée en associa-
choix du traitement est fondé sur le stade de la fibrose, génotype tion avec d’autres AVD à des patients ayant un DFG inférieur à
et sous-type, charge virale initiale, antécédent de traitement anti- 30 ml/min/1,73 m2 pourrait détériorer la fonction rénale dans
viral (le patient est naïf ou prétraité) et variantes de résistance environ 25 % des cas [78] .
préexistants [31, 32] . Cependant, les pharmacocinétiques sont rassurantes [79] et le
sofosbuvir pourrait être utilisé hors label chez les patients ayant un
DFG inférieur à 30 ml/min/1,73 m2 en l’absence d’autres options
Options thérapeutiques chez les insuffisants thérapeutiques.
rénaux Les données d’AVD publiées chez les greffés rénaux sont
rares [80, 81] : un essai international comparant 12 ou 24 semaines
Du fait des interactions réciproques entre VHC et IRC, des avan- de sofosbuvir et lédipasvir chez des greffés rénaux avec un DFG
tages rénaux et cardiovasculaires associés à la RVS chez les patients supérieur à 40 ml/min/1,73 m2 a montré une efficacité antivirale
avec IRC et de l’impact négatif persistant du VHC chez les greffés élevée (100 % en analyse per protocole avec 12 ou 24 semaines)
rénaux, les recommandations internationales sont de traiter tous et une bonne tolérance sans détérioration rénale pendant et après
les patients infectés [31, 32] . Les patients avec IRC sont des patients la thérapie [82] .
prioritaires pour réduire les risques hépatiques et extrahépatiques, En résumé, les options thérapeutiques disponibles pour les
en particulier la détérioration rénale et le diabète chez les patients génotypes 1 et 4 étaient, avant 2018, une combinaison de
avec IRC : « en raison du risque élevé de complications graves, les paritaprévir boosté par le ritonavir, ombitasvir et dasabuvir ou
patients atteints d’IRC nécessitent d’être traités » selon l’European grazoprévir/elbasvir pendant 12 semaines sans ribavirine [83] . Il n’y
Association for the Study of the Liver (EASL) [32] , « le traitement avait pas d’option approuvée pour les génotypes 2, 3, 5 et 6 chez
doit être réalisé sans délai » selon l’American Association for the les patients ayant une clairance inférieure à 30 ml/min/1,73 m2 ,
EMC - Néphrologie 5
18-061-C-10 Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C
Paritaprévir
/ombitasvir
Sofosbuvir (Viekirax® )
Sofosbuvir Siméprévir Daclatasvir /lédipasvir Dasabuvir Grazoprévir,
(Sovaldi® ) (Olysio®) (Daklinza® ) (Harvoni®) (Exviera® ) elbasvir
même si les résultats de la vie réelle rapportaient un taux de atteints d’IRC sans ribavirine, selon les recommandations KDIGO
RVS élevé et un bon profil de tolérance du sofosbuvir. Les trai- récentes [33] .
tements pangénotypiques (Fig. 2) ont modifié les indications, en Dans une étude de 100 greffés, dont 20 receveurs de rein,
particulier la combinaison de glécaprévir/pibrentasvir (Maviret® ) 12 semaines de glécaprévir/pibrentasvir a également eu un bon
qui peut être utilisée indépendamment du stade d’IRC et du profil d’efficacité et d’innocuité [89] .
génotype. Dans l’étude EXPEDITION-4, la combinaison glécapré-
vir/pibrentasvir a été administrée à 104 patients avec IRC stade
4-5, incluant une majorité (82 %) de dialysés et 19 % des patients
cirrhotiques. Un traitement de 12 semaines a permis un taux
Sofosbuvir et insuffisance rénale
de RVS de 98 % en intention de traiter et 100 % en inten- La confrontation des données d’enregistrement et des don-
tion de traiter modifiée (les échecs étant liés à un décès et à nées de vraie vie donnent des résultats discordants sur les risques
une perte de suivi). La tolérance était satisfaisante sur le plan rénaux du sofosbuvir. Les autres AVD que les inhibiteurs de
clinico-biologique et les effets indésirables n’étaient pas liés au polymérase, dont le sofosbuvir, sont largement à métabolisme
traitement [84] . EXPEDITION-5, en utilisant 8 (n = 84), 12 (n = 13) hépatique et excrétés dans les fèces. Ils n’ont pas été associés
ou 16 (n = 4) semaines selon le label américain ou européen de à des signaux rénaux de tolérance dans les études observation-
glécaprévir/pibrentasvir, a donné des résultats similaires (100 % nelles post-marketing [88] . Au contraire, des études suggèrent un
de RSV12 en intention de traiter modifiée) chez des patients naïfs risque rénal, avec le sofosbuvir [78, 90] mais les résultats sont discu-
ou prétraités par interféron/ribavirine et/ou un inhibiteur de pro- tables avec des limites méthodologiques, les facteurs confondants
téase de première génération infectés par un génotype GT1 à 6 (sévérité de l’hépatopathie, traitements néphrotoxiques, etc.) et
et avec une IRC de stade 3B, 4 ou 5 [85] . Aucun patient n’a eu peu de données analytiques sur la fonction rénale, voire discor-
d’effet indésirable significatif, notamment de détérioration de la dants [79–82, 91–94] . Les études alarmantes [78, 90] sont contrebalancées
fonction rénale. par des résultats contradictoires sur l’évolution de la fonction
Dans le programme global de développement du glécapré- rénale [91–94] .
vir/pibrentasvir (2238 patients traités qui ont reçu 8, 12 ou Dans une étude longitudinale, les auteurs ont modélisé les varia-
16 semaines de traitement), la fonction rénale initiale ne modi- tions du DFG mesurées par un modèle mixte avant, pendant et
fiait ni l’efficacité thérapeutique (RVS : 93 à 100 %), ni le profil de après le traitement par AVD chez 749 patients avec une fonction
tolérance clinique ou biologique [86] . Fait intéressant, les patients rénale ou peu modifiée initialement (96,5 % avaient un DFG ≥
atteints d’une IRC de stade 3 ont eu une amélioration de leur 60 ml/min/1,73 m2 ) [95] . Alors que la fonction rénale n’était pas
fonction rénale [87] , confirmant des données similaires avec la modifiée dans les deux ans qui précédaient le traitement, les traite-
combinaison grazoprévir/elbasvir [88] ou avec des régimes à base ments sans sofosbuvir s’accompagnaient d’une augmentation du
de sofosbuvir (cf. infra). Chez les patients atteints d’IRC stade 4-5, DFG (+2,96 ml/min/1,73 m2 ), à l’inverse de ceux à base de sofos-
en raison de la contre-indication à l’utilisation du sofosbuvir, cette buvir (suivi médian de 24 semaines) (–2,6 ml/min/1,73 m2 ) [95] .
combinaison pangénotypique (trois comprimés en une prise quo- Les observations post-marketing de détérioration rénale sous
tidienne) semble être une excellente option thérapeutique quel sofosbuvir contrastent avec l’absence de détérioration rénale dans
que soit le génotype, mais la combinaison grazoprévir/elbasvir les études prémarketing [96] . L’exclusion des patients avec des
(un seul comprimé pendant 12 semaines mais huit semaines DFG inférieurs à 50 ml/min/1,73 m2 et l’utilisation d’échelles
sont en en cours d’investigation, avec des résultats encourageants insuffisamment sensibles dans les études prémarketing, incluant
chez les patients infectés par les génotypes 1b et 4) demeure une les plus récentes, ne pourraient seules l’expliquer car de nom-
bonne option chez les patients infectés par les génotypes 1 et 4 breuses études postmarketing n’ont pas rapporté de risque rénal
6 EMC - Néphrologie
Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C 18-061-C-10
chez les patients traités par sofosbuvir. Une méta-analyse incluant de suivi, 38,8 % des patients avaient un taux plasmatique de
264 patients avec une IRC CKD 4-5 traités par sofosbuvir ou NGAL supérieur à la norme contre 11,1 % initialement (p = 0,054).
non n’a pas suggéré de différence d’efficacité (RVS 12 de 89,4 et Les auteurs concluent que la diminution négligeable du DFG
94,7 %, respectivement) ou de tolérance (incidence poolée des contraste avec une augmentation significative du NGAL dans un
effets indésirables de 12,1 % et taux d’arrêt thérapeutique pour petit sous-groupe, ce qui pourrait refléter un dysfonctionnement
effet indésirable de 2,2 %) [91] . Des résultats rassurants ont même tubulaire [103] . D’autres études suggèrent une atteinte glomérulaire
été rapportés dans une étude rétrospective incluant 97 patients possible.
avec un DFG inférieur à 60 ml/mn et un certain degré de protéi- Étant donné que le traitement du VHC se déplace des centres
nurie (42 % IRC stade 1-2 et 58 % IRC stade 3, 49 % avec diabète, tertiaires vers des professionnels de santé non spécialisés, le DFG
38 % avec cirrhose et 33 % avec une greffe d’organe) recevant des doit être surveillé chez les patients recevant un traitement par
traitements incluant le sofosbuvir : un modèle de régression a ana- AVD, surtout chez les patients à risque de progression d’une mala-
lysé les variations de DFG entre l’initiation et la fin du suivi. Le die rénale. Le traitement par AVD est également recommandé pour
DFG était comparable sous traitement aux valeurs initiales sauf les patients recevant des greffes de donneurs séropositifs au VHC.
chez sept patients ayant une augmentation du DFG supérieur à L’impact rénal des AVD, notamment de ceux incluant le sofosbu-
1,5 fois la valeur initiale : tous sauf un ont guéri. Un patient avec vir, va devoir être exploré à l’avenir avec des études analytiques
une IRC stade 3 avec RVS a amélioré sa clairance de 9,3 ml/min complètes.
dans les six mois post-traitement [92] . Des résultats similaires ont
été rapportés chez 71 patients avec IRC (84,5 % en hémodialyse et
23,9 % avec cirrhose) ayant reçu les doses d’un générique de sofos- Réactivation virale B pendant le traitement
buvir en combinaison avec la ribavirine chez 26 pour 12 semaines, par antiviraux oraux directs
lédipasvir chez 26 pour 12 semaines et daclatasvir chez 19 pour
12 semaines : une RVS 12 était obtenue chez 100 % des patients ; Le risque de réactivation du VHB après clairance du VHC était
un patient du groupe lédipasvir a rechuté à 24 semaines et un connu après les traitements à base d’interféron [104] et a également
patient du groupe ribavirine à 48 semaines [93] . La créatininémie été rapporté avec des AVD oraux [105] . C’est pourquoi le dépistage
dans les 12 semaines post-traitement n’avait augmenté de plus de l’antigène HBs doit être réalisé avant le début d’un traitement
de 0,3 mg/dl que chez deux patients traités par ribavirine, un par AVD. Même si des cas de réactivation sévère (définie par une
avec une infection urinaire et l’autre sans facteur d’aggravation augmentation de plus de 1 log de l’acide désoxyribonucléique
identifié : il n’y avait pas de variation significative du DGF médian. (ADN) du VHB et une hypertransaminasémie) pouvant entraîner
Une étude italienne rétrospective d’une cohorte prospective la mort ou une transplantation du foie ont été rapportés [105] , les
a évalué les variations du DFG (CKD-EPI) chez 403 patients expériences espagnole et chinoise [106, 107] montrent que la plupart
traités par AVD (RVS de 98 %). Le DFG médian augmentait des patients HBsAg positif présentent seulement une augmenta-
avec le traitement de 84,54 à 88,12 ml/min. L’augmentation du tion modeste et asymptomatique de l’ADN du VHB [107] .
nombre de CKD 1-2 était de 83,1 % initialement à 87,8 % à En pratique, une prophylaxie de la réactivation virale B par ana-
12 semaines post-traitement (p < 0,05). Une amélioration signi- logues nucléos(t)idiques doit être mise en place chez les patients
ficative était notée chez les patients sans diabète (p < 0,01), co-infectés VHB/VHC pour la durée du traitement antiviral C et
chez les cirrhotiques (p < 0,05), seulement chez ceux recevant au moins les 12 semaines suivant le traitement du VHC [32] .
sofosbuvir-lédipasvir (p < 0,01) (et pas chez ceux traités par ombi-
tasvir/partitaprévir/ritonavir/dasabuvir avec ou sans ribavirine)
(p < 0,05), seulement chez ceux ayant une IRC avec un stade CKD Défis de demain
supérieur à 2 (p < 0,01) et chez ceux avec RVS (p < 0,05) [97] . Une
amélioration de la fonction rénale chez des patients avec RVS 12 Améliorer dépistage et prévention
a été rapportée chez 523 patients, quelle que soit l’option théra- chez les insuffisants rénaux
peutique par comparaison avec les patients sans RVS confirmant,
d’une part, l’impact de l’infection virale C sur la fonction rénale et L’infection chronique par le VHC est souvent asymptomatique,
d’autres manifestations extrahépatiques et, d’autre part, la néces- de sorte que le dépistage des anticorps anti-VHC par enzyme-
sité de guérir ces patients [98] . linked immuno assay (Elisa) est nécessaire pour détecter l’infection
Ces résultats vont dans le même sens que ceux de chez les populations à haut risque, en particulier les patients
la cohorte ERCHIVES [99] rapportant une détérioration de commençant l’hémodialyse en centre et ceux transférés d’une
la fonction rénale chez 3728 patients traités par ombitas- autre structure de dialyse ou ayant changé leur modalité de dia-
vir/partitaprévir/ritonavir/dasabuvir mais pas chez 12 018 traités lyse [33] . Les patients dialysés à sérologie VHC négative sont testés
par sofosbuvir, à l’inverse des résultats poolés des études Sapphire I tous les six mois. L’infection aiguë par le VHC chez un hémodia-
et II et RUBY I et II, essais cliniques ne suggérant pas de dysfonc- lysé doit être signalée aux autorités de santé et tous les patients
tion rénale après traitement [100] . Il est difficile de conclure en du même centre doivent être testés. La surveillance mensuelle de
2019 sur l’éventuelle néphrotoxicité des AVD et les futures études l’alanine aminotransférase (ALAT) sérique est un moyen peu coû-
de cohorte offriront probablement une réponse fiable. teux de dépistage de l’infection aiguë du dialysé. En outre, compte
tenu de la relation épidémiologique étroite entre IRC et infection
chronique par le VHC, le KDIGO recommande un dépistage du
Mécanismes de la néphrotoxicité potentielle VHC au moment du premier diagnostic d’IRC [33] . Enfin, les can-
du sofosbuvir didats à la transplantation rénale doivent être tous testés pour
l’infection à VHC lors de l’évaluation initiale pour la greffe [33] .
Les mécanismes de néphrotoxicité potentielle du sofosbuvir ne
sont pas clairs et ne semblent pas semblables à ceux des ana-
logues nucléotidiques du VHB ou du VIH avec leur néphrotoxicité Micro-élimination du virus de l’hépatite C
spécifique incluant l’accumulation de la drogue dans les tubules chez les insuffisants rénaux : l’initiative
rénaux proximaux médiés par le transporteur d’anions organiques
de type 1 (OAT1) et la protéine de résistance aux médicaments de European Association for the Study of the
type 4 (MRP4) responsable d’une toxicité mitochondriale moins Liver/European Renal Association–European
avec le ténofovir qu’avec l’adéfovir ou surtout le cidofovir [101, 102] . Dialysis and Transplant Association
L’évolution du DFG et du neutrophil gelatinase-asociated lipo-
calin (NGAL) a été évaluée rétrospectivement dans une cohorte Globalement, les données justifient fortement le contrôle de la
de 102 patients sous AVD. Une réduction du DFG était obser- réplication virale chez les patients atteints d’IRC, y compris les
vée (de 86,2 initialement à 84,4 ml/min à la semaine 12 de greffés rénaux, comme la meilleure approche pour améliorer la
suivi) (p = 0,049) et le taux moyen de NGAL augmentait chez 18 survie des patients (et des greffons). L’utilisation du traitement
patients (de 121,9 à 204,1 ng/ml ; p = 0,014). À la 12e semaine antiviral a été limitée à l’époque de l’interféron, en raison du
EMC - Néphrologie 7
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risque de rejet de greffe, de la mauvaise tolérance de l’interféron surveillés. Les agents anti-protéinuriques doivent être adminis-
et de la fréquence élevée de l’anémie en cas d’utilisation de la riba- trés à des patients présentant des protéinuries significatives. Le
virine chez ces patients avec IRC. La disponibilité de nombreux cas échéant, les diurétiques et les antihypertenseurs doivent être
AVD pour les patients avec IRC et greffés rénaux est un progrès administrés pour atteindre la pression artérielle cible recomman-
majeur qui va permettre d’améliorer la cascade de soins du dépis- dée pour les patients atteints d’IRC.
tage à l’accès aux soins et au traitement. L’accès au traitement Enfin, le suivi de la maladie hépatique dépend de l’étape de
a été jusqu’à récemment anecdotique chez les patients atteints la fibrose hépatique avant de commencer le traitement par AVD.
d’IRC [33, 37] , même s’ils ont été considérés comme des patients Les patients atteints de fibrose sévère (F3-F4) doivent effectuer
prioritaires pendant au moins trois ans et en dépit des avantages une échographie hépatique tous les six mois selon les direc-
hépatiques et extrahépatiques associés à la RVS. tives internationales et l’endoscopie gastro-intestinale supérieure
C’est pourquoi, au nom de la Fondation de l’EASL, une initia- chez les patients cirrhotiques selon le nombre de plaquettes
tive européenne pour l’élimination du VHC (réunissant EASL et (< 150 000/mm3 ) et l’élasticité hépatique (Fibroscan® < 25 kPa)
l’European Renal Association-European Dialysis and Transplant avant le traitement antiviral selon les directives Baveno VI [110] .
Association [ERA-EDTA]) a débuté en mars 2018 à Amsterdam
pour unir les efforts des deux sociétés pour un programme de
« micro-élimination » de l’hépatite virale chez les patients atteints Réduction du taux de réinfection
d’IRC [108] . en néphrologie
On estime que seuls 34 à 48 % des porteurs chroniques du
VHC sont référés et reçoivent un traitement contre l’hépatite La prévention dans les unités de dialyse reste la pierre angu-
C dans les pays du Nord, mais ce chiffre est inférieur à 1 % laire de la stratégie de micro-élimination du VHC [111, 112] ou
dans les pays à faible revenu [109] . Par conséquent, l’instauration éviter les réinfections. En effet, la guérison de l’infection par
de modèles de soins susceptibles de surmonter les obstacles et le VHC par un sous-type spécifique du VHC ne confère pas
d’améliorer l’accès aux soins constitue un objectif essentiel pour d’immunité contre l’infection par d’autres sous-types, et la réin-
modifier l’épidémiologie du VHC dans le but d’atteindre l’objectif fection par un autre génotype du VHC a déjà été rapportée chez
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (réduction de 90 % un patient hémodialysé après un traitement antérieur [113] . Ainsi,
de la prévalence de l’hépatite et réduction de 60 % de la morta- le risque de transmission nosocomiale persiste aussi longtemps
lité liée aux hépatites d’ici 2030) [3] . Pour atteindre cet objectif qu’un seul patient infecté par le VHC est présent dans une unité
d’« élimination du VHC », tous les efforts devraient être faits donnée.
pour l’élaboration de programmes éducatifs ciblant les popula-
tions à risque. Compte tenu des manifestations systémiques de
l’infection virale C et des multiples communautés concernées, Questions en discussion
l’approche doit nécessairement être multidisciplinaire.
La voie vers l’élimination du VHC doit permettre de promou- Malgré de grands progrès dans le traitement du VHC et une
voir l’accès et le traitement pour tous, et elle est fondée sur meilleure compréhension des interactions entre le VHC et l’IRC,
des initiatives visant à sensibiliser les communautés (groupes à de nombreuses questions demeurent sans réponse : le moment du
risque, population générale, professionnels de santé, et sur les pro- traitement antiviral chez les candidats à la transplantation (avant
grammes éducatifs et de formation pour les médecins et autres ou après ?), l’utilisation de greffons (dérogatoires) infectés par le
travailleurs de la santé). VHC, les bénéfices hépatiques et extrahépatiques à long terme des
Enfin, l’ouverture de la prescription des AVD à un spécialiste RVS chez les patients avec IRC.
non hépatologue est certainement un moyen de simplifier la ges-
tion des patients atteints du VHC.
L’éducation des médecins et des patients est associée à des Quand traiter les dialysés infectés par le virus
résultats positifs dans divers modèles de soins du VHC [60] , de l’hépatite C candidats à la greffe rénale ?
y compris l’augmentation des connaissances spécifiques à la
maladie, l’intérêt pour le traitement, la volonté d’accepter le trai- Le moment du traitement antiviral, avant ou après la trans-
tement, et d’augmenter la fréquentation clinique de soins de plantation rénale, chez les patients ayant une IRC stade 4-5 qui
santé du foie. L’approche centrée sur le patient a le potentiel sont des candidats à la transplantation rénale reste débattu. Les
d’influencer la gestion du VHC, d’accroître l’intérêt pour la récep- considérations prises en compte sont le type de donneur (vivant
tion du traitement par le VHC et d’améliorer les résultats du ou décédé), le temps d’attente escompté, la politique spécifique
traitement. au centre pour l’acceptation de greffons dérogatoires séropositifs
pour le VHC, le génotype spécifique du VHC et la sévérité de la
fibrose hépatique (généralement évaluée par des méthodes non
Améliorer le suivi des patients avec réponse invasives).
virologique soutenue Avant les AVD, les experts recommandaient le traitement du
VHC avant la transplantation rénale en raison du risque accru
La RVS est une guérison virologique. Les patients peuvent avoir de rejet du greffon induit par un traitement à base d’interféron.
des manifestations hépatiques et extrahépatiques sous-jacentes. Actuellement, le moment du traitement du VHC avant ou après
Le suivi des patients atteints de RVS est obligatoire parce qu’il une greffe rénale dépend de la sévérité des lésions hépatiques et
existe un risque persistant de réinfection chez les populations à de la disponibilité d’une greffe : le traitement peut être commencé
haut risque [60, 61] , y compris les patients qui reçoivent une dia- après la greffe si la greffe est rapidement disponible (par exemple
lyse, mais aussi parce qu’il existe un risque de progression des dans le cas d’un donneur vivant) ou avant transplantation rénale ;
manifestations cliniques de base, notamment en cas de comorbi- cela peut être une option, au moins pour les patients qui n’ont
dités hépatiques. La RVS est associée à une stabilisation ou à une pas de fibrose hépatique significative. Le patient peut alors être
amélioration de la situation clinique. Cependant, les comorbidi- transplanté plus tôt avec un greffon infecté par le VHC et un trai-
tés hépatiques (surcharge pondérale, syndrome métabolique, abus tement antiviral peut être administré après la transplantation avec
d’alcool) peuvent induire une progression de la fibrose. Chez les les avantages escomptés [33] qui sont semblables à ceux signalés
patients atteints d’IRC, même si une amélioration de la fonction pour le VHB [39] . La décision est principalement influencée par
rénale est constatée au stade 3 de l’IRC et des MEH, la réduction la disponibilité locale de greffons infectés par le VHC qui réduit
de la mortalité chez les patients recevant une dialyse et des greffés significativement le temps d’attente pour la transplantation (cf.
rénaux est acquise, nous devons fournir des résultats prospec- infra). La grande variabilité entre les pays ou les régions est illus-
tifs à long terme concernant l’impact rénal de ces traitements. trée par le fait que le taux de greffons positifs pour le VHC est
Chez tous les patients traités ayant une RVS, les changements passé de 1,2 à 13,7 % de 2000 à 2016 aux États-Unis alors qu’il est
de la fonction rénale, l’évolution de la protéinurie et les effets demeuré systématiquement inférieur à 1 % en Europe au cours de
indésirables du traitement antiviral doivent être soigneusement la même période.
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Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C 18-061-C-10
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18-061-C-10 Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Pol S, Parlati L. Rein et infection chronique par le virus de l’hépatite C. EMC - Néphrologie 2020;32(1):1-12
[Article 18-061-C-10].
12 EMC - Néphrologie
18-064-O-10
Cystinose
G. Deschênes, A. Bertholet-Thomas
Résumé : La cystinose est une maladie lysosomiale marquée par une accumulation lysosomiale de cystine.
La cause de la maladie est une mutation du gène codant la cystinosine, qui a pour fonction le transport
transmembranaire de la cystine. Elle débute par une atteinte rénale précoce au cours de la première
année de vie sous la forme d’une insuffisance tubulaire proximale ou syndrome de Fanconi. Le syndrome
de Fanconi est responsable des principaux signes d’appel : retard de croissance staturale et rachitisme
vitaminorésistant. Le diagnostic repose sur la présence de cristaux de cystine dans la cornée, sur le taux
élevé de la cystine intraleucocytaire et sur la mise en évidence de la mutation du gène de la cystinosine.
La progression vers l’insuffisance rénale terminale est inéluctable, le plus souvent avant l’âge de 20
ans. La maladie systémique est plus lentement progressive, mais touche tous les organes. Les atteintes
endocriniennes sont les plus précoces : insuffisance thyroïdienne et diabète insulinoprive. La maladie
neuromusculaire est la plus tardive mais est à l’origine d’une limitation ou d’une perte de l’autonomie
motrice. Le traitement spécifique repose sur la cystéamine comportant un groupement thiol capable
de réduire le pont disulfure de la cystine et de la rompre en deux cystéines. Le traitement est d’autant
plus efficace sur la progression de la maladie rénale et l’apparition des atteintes d’organes qu’il a été
commencé plus tôt dans la vie. L’atteinte cornéenne n’est pas influencée par le traitement oral, mais par
l’instillation pluriquotidienne d’un collyre à la cystéamine.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots-clés : Syndrome de Fanconi ; Maladie rénale chronique ; Cystéamine ; Malvoyance ; Myopathie ; Diabète ;
Infertilité ; Insuffisance thyroïdienne
Plan ■ Traitement 8
Syndrome de Fanconi : syndrome de perte de sel et équilibre
■ Introduction 1 acidobasique 8
Syndrome de Fanconi : phosphates et vitamine D 9
■ Modes de présentation 2 Syndrome de Fanconi : L-carnitine 10
Syndrome de Fanconi 2 Gastrostomie 10
Retard de croissance statural 3 Hormone de croissance 10
Rachitisme hypophosphatémique 3 Traitement systémique par la cystéamine 10
Anorexie, vomissements, déshydratation extracellulaire 4 Collyre 11
Atteinte cornéenne 4 Greffe rénale 11
■ Évolution et progression de la maladie 4 Traitements des atteintes extrarénales 11
Maladie rénale chronique 4 Transition enfant–adulte 11
Retard de croissance 5 Prise en charge dans les pays émergents 11
Maladie osseuse 5 ■ Conclusion 11
Atteinte ophtalmologique 5
Atteinte pancréatique 5
Atteinte thyroïdienne 5
Hypogonadisme et infertilité 5
Atteinte neuromusculaire 6 Introduction
Calcifications vasculaires 8
■
La cystinose (ORPHA 213, OMIM 219800) est une maladie géné-
Diagnostic 8
tique rare de transmission autosomique récessive caractérisée par
Diagnostic clinique 8
une accumulation progressive de cystine dans les lysosomes de
Cystine intraleucocytaire 8
toutes les cellules de l’organisme. Le gène CTNS code la cystino-
Génétique moléculaire 8
sine qui est le transporteur de cystine et qui permet son évacuation
Diagnostic différentiel 8
hors des lysosomes. C’est une maladie progressive qui touche tous
EMC - Néphrologie 1
Volume 32 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1762-0945(19)51026-9
18-064-O-10 Cystinose
les organes [1] . L’incidence de la cystinose est estimée à environ tation extracellulaire chronique [8] . Il n’y a pas de signes cliniques
1/200 000 naissances vivantes, soit quatre ou cinq nouveaux cas spécifiques de la déplétion sodée chronique, et ils se limitent à une
par an en France. tachycardie modérée et un pincement de la pression artérielle.
Dans la forme infantile classique, l’atteinte rénale est généra- Elle expose aux accidents graves de déshydratation extracellu-
lement précoce, dès les premiers mois de vie. La cystinose est laire aiguë en cas de gastroentérite aiguë infectieuse et de pertes
effectivement la première cause de syndrome de Fanconi chez le digestives de sodium. Ces accidents sont parfois compliqués de
nourrisson. La néphropathie de la cystinose progresse systémati- collapsus cardiovasculaire et peuvent menacer la vie des malades
quement vers l’insuffisance rénale chronique. En plus de l’atteinte dans la première enfance. La déplétion sodée est aussi un des deux
rénale, la cystinose touche successivement les yeux, la thyroïde, le facteurs déterminants dans l’insuffisance de croissance staturale
pancréas endocrine, les organes génitaux internes, l’appareil res- dès le quatrième ou le sixième mois de vie. Les signes biologiques
piratoire, les muscles et le système nerveux central. Un très petit consistent en une élévation de la protidémie plasmatique et de
nombre de malades ont une forme juvénile dont le diagnostic est l’hématocrite, une élévation des concentrations circulantes de
fait à l’adolescence et qui évolue beaucoup plus lentement. Enfin, rénine et d’aldostérone. Il est important de comprendre que la
quelques malades n’ont pas de maladie rénale apparente et sont natrémie est souvent normale car la perte urinaire de sodium est
diagnostiqués à l’âge adulte sur l’atteinte ophtalmologique [2] . iso-osmotique au liquide extracellulaire.
Le traitement spécifique repose sur l’utilisation de la cystéamine
qui permet de dériver la cystine intralysosomiale vers le trans-
porteur de la lysine. Le traitement symptomatique du syndrome
Acidose métabolique
de Fanconi et des différentes atteintes d’organes est un fardeau Elle est générée par le défaut de sécrétion des ions hydrogènes
pour les malades et les familles par la multiplication exception- et le défaut associé de réabsorption des bicarbonates par le tube
nelle des médicaments nécessaire pour équilibrer la maladie. La contourné proximal, qui n’est pas suffisamment compensé par
néphropathie de la cystinose ne récidive pas après la greffe de la sécrétion distale d’ion hydrogène [9] . C’est également un para-
rein [3] . mètre qui peut décompenser en cas de diarrhée aiguë. C’est aussi le
deuxième facteur majeur de l’insuffisance de croissance staturale.
2 EMC - Néphrologie
Cystinose 18-064-O-10
Interstitium-sang
Pôle basolatéral FGF23 protéines
& Klotho Na HCO3
O2 3 Na+
Pompe à sodium Na-bicarbonates
Vésicule
2 K+ exocytose
ADP Lysosome
OCRL1
ATP
25-hydroxycholecalciferol H+ + HCO3 CTNS
(25-hydroxy vitamine D3)
H2O
OH
cystine
In Kidney
HO
Car2
1,25 dihydroxycholecalciferol
Glucose
OH
Active form
CO2 ClC5
HO OH Na Vésicule
+ H2O Cl- endocytose
AQP1
Car4, Car14 mégaline-cubuline
Na-Glucose
Na-Acides organiques
NPT2a
Échangeur Na-proton
+
H & récepteur FcRN
Na-Acides aminés
NPT2c
GLUT2
Figure 1. Cellule tubulaire proximale. La cellule tubulaire proximale est la cible la plus précoce de la cystinose dans les formes infantiles classiques. C’est
une cellule à tout faire dont le fonctionnement est particulièrement complexe. Elle assure 60 % de la réabsorption tubulaire totale des solutés qui ont été
filtrés avec les 150 l/j de plasma. De gauche à droite de la figure : 1 : le système de réabsorption des solutés est animé par le couple mitochondrie–pompe
à sodium (en bleu-rouge-violet). Le glucose contenu dans l’urine tubulaire est absorbé par la cellule tubulaire proximale par un facilitateur du transfert
du glucose (GLUT2) et par le cotransporteur sodium-glucose (Na-glucose) ; il sert à alimenter la mitochondrie dont le fonctionnement aérobie permet de
transformer le glucose en métabolites énergétiques (ATP : adénosine triphosphate). L’énergie contenue dans le phosphate ␥ de l’ATP est consommée et
convertie par la pompe à sodium à la face basale (côté interstitiel) de la cellule pour générer le transport de sodium du cytoplasme dans le compartiment
interstitiel contre un gradient de concentration (145 mmol dans l’interstitium et 10 mmol dans le cytoplasme). Le transport croisé de deux potassium
contre trois sodium est générateur d’une différence de potentiel selon le principe de Nernst (troisième principe de thermodynamique) ; 2 : le système de
réabsorption active du sodium au pôle basal entraîne toute une série de cotransporteurs sodium au pôle apical (côté urine) : le cotransporteur sodium-glucose
qui alimente la machinerie énergétique de la mitochondrie, les cotransporteurs sodium-acides qui réabsorbent les acides organiques et les acides aminés,
ainsi que les cotransporteurs sodium-phosphate (NPT2a et NPT2c) dont l’expression est régulée et inhibée par le signal Klotho-FGF23 (fibroblast growth factor
23, l’hormone phosphaturiante, en gris) et à la parathormone. Le signal Klotho-FGF23 contrôle également négativement l’hydroxylation de la vitamine D en
position 1␣ ; 3 : la réabsorption active du sodium entraîne également l’échangeur sodium-hydrogène au pôle apical qui est ainsi responsable de la sécrétion
acide d’hydrogène (en noir au milieu de la cellule). L’hydrogène tamponne les bicarbonates urinaires en équilibre avec l’acide carbonique et le gaz carbonique
(CO2 ) par l’intermédiaire des anhydrases carboniques de surface (Car-4 et car-14). Le CO2 diffuse à travers la membrane plasmique et alimente l’anhydrase
carbonique 2 (Car-2) intracellulaire qui remet en équilibre l’acide carbonique et les bicarbonates. Les bicarbonates sont réabsorbés à la face basale de la cellule
par le cotransporteur sodium-bicarbonates en profitant de la différence de potentiel transmembranaire générée par la pompe à sodium ; 4 : la surface apicale
urinaire de la cellule tubulaire proximale exprime le couple mégaline-cubuline et le récepteur néonatal des immunoglobulines (qui est le même que celui
exprimé par le placenta pour transférer les immunoglobulines maternelles dans la circulation fœtale) qui sont de véritables récepteurs à protéines aptes à
récupérer les protéines filtrées par la paroi glomérulaire et à les transférer dans une vésicule d’endocytose à l’intérieur de la cellule. L’acidification des vésicules
d’endocytose par l’échangeur chlore-hydrogène ClC5 permet de décoller les protéines de leur récepteur. Elles sont dégradées dans les structures lysosomales
ou rejetées intactes dans l’interstitium par une vésicule d’exocytose née du bourgeonnement de l’appareil de Golgi et du système de trafic cellulaire ; 5 : les
aquaporines 1 et 3 assurent la perméabilité transcellulaire à l’eau et l’équilibre osmotique des transferts de solutés.
EMC - Néphrologie 3
18-064-O-10 Cystinose
Na
plasma Concentration du volume
K
plasmatique avec
Masse augmentation de
cellulaire l’hématocrite et des
H2O
interstitium protides totaux
Volume
intracellulaire
4 EMC - Néphrologie
Cystinose 18-064-O-10
A B
Figure 3. Dépôts cornéens de cystine.
A. Photographie à la lampe à fente de la cornée d’une patiente de 17 ans montrant de très nombreux cristaux de cystine intracornéens (cliché A. Labbé,
Hôpital national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
B. Image en microscopie confocale in vivo (400 m × 400 m) du stroma cornéen. De très nombreux cristaux de cystine sont visibles (cliché A. Labbé,
Hôpital national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
maintenant devenue banale, mais ne concerne encore qu’une seur de l’os cortical et à une inhibition de l’activité ostéoclastique
minorité de patients [27] . qui limite le renouvellement de la structure osseuse [31, 32] .
Les supplémentations, en particulier en phosphates et en potas-
sium, doivent être adaptées au niveau de la fonction rénale lorsque Atteinte ophtalmologique
la clairance est abaissée au-dessous de 25 ml/min/1,73 m2 . La poly-
urie et la fuite de solutés, et en particulier des phosphates, par les L’évolution naturelle est rapidement sévère, avec une cécité
reins propres persistent au stade d’insuffisance rénale terminale et complète avant l’âge de 20 ans. La destruction de la cornée est
même après la greffe rénale. secondaire à l’accumulation des dépôts des cristaux de cystine
dans toutes les couches du tissu cornéen. Cette accumulation est
centripète, débutant par la périphérie et progressant vers le centre
de la cornée. L’accumulation des dépôts cornéens est insensible au
“ Point fort traitement systémique par cystéamine en raison du caractère avas-
culaire de ce tissu [33] . Les lésions rétiniennes participent largement
à la cécité par la constitution d’une véritable rétinopathie pigmen-
La maladie rénale évolue toujours vers l’insuffisance rénale taire avec un épaississement de la rétine [34] . Les lésions rétiniennes
terminale. sont accessibles au traitement oral par la cystéamine. Un glaucome
peut venir compléter les lésions rétiniennes et cornéennes [34] .
Atteinte pancréatique
Retard de croissance Elle touche la fonction exocrine et la fonction endocrine.
L’évolution naturelle de la maladie non traitée est marquée L’insuffisance pancréatique exocrine n’a pas été étudiée systé-
par un blocage complet de la croissance en taille comme en matiquement dans de grandes séries de malades, mais elle est
poids. La taille finale des enfants non traités est comprise entre responsable d’une malabsorption digestive qui participe à la mal-
110 et 120 cm [18] . Une taille pratiquement normale peut être nutrition de ces enfants [35] . Il n’est cependant pas habituel
obtenue par la supplémentation en bicarbonates, l’équilibre de de supplémenter les malades par pancréatine. Dans l’évolution
la balance sodée, la prévention des déformations osseuses et naturelle de la maladie, le diabète insulinoprive survenait après
une amélioration de l’état nutritionnel. Le traitement substitu- la transplantation rénale, et la prescription de prednisone et
tif d’une hypothyroïdie et l’utilisation d’hormone de croissance d’inhibiteurs de la calcineurine (ciclosporine et surtout tacro-
recombinante en fonction de la surveillance biologique et auxo- limus) [36] . Le délai d’apparition du diabète insulinoprive est
logique apportent également un bénéfice substantiel pour la aujourd’hui considérablement retardé sinon prévenu par le trai-
croissance [20] . tement spécifique par cystéamine commencé précocement dans
la vie [27] .
EMC - Néphrologie 5
18-064-O-10 Cystinose
et incomplète ainsi que de testicules de taille réduite dans 70 % des Atteinte neuromusculaire
cas [38] . En revanche, l’infertilité est complète et touche 100 % des
hommes par azoospermie [39] . Paradoxalement, la spermatogenèse L’atteinte neuromusculaire est la plus tardive mais aussi la
est normale au niveau testiculaire [39] et la fécondation in vitro plus invalidante. L’atteinte du système nerveux central est très
d’un ovule par du sperme intratesticulaire recueilli par ponction variée : hypertension intracrânienne, encéphalopathie posté-
a permis de donner naissance à deux jumeaux à terme et en bonne rieure et accidents vasculaires cérébraux peuvent émailler la vie
santé [40] . des malades mal traités ou traités tardivement par la cystéamine,
D
Figure 4. Dépôts tissulaires de cystine. Les dépôts de cystine sont systémiques et touchent toutes les cellules de l’organisme : rein (A), foie (B), pancréas (C),
thyroïde (D), ganglion (E), rate (F), cellules sanguines polynucléées et mononucléées (G), testicule (H) (clichés M.-C. Gubler Inserm U1163, Laboratoire des
maladies héréditaires du rein, Institut Imagine et O. Fenneteau AP–HP Robert-Debré, Université Sorbonne Paris Cité, Laboratoire d’hématologie).* microscopie
en contraste de phase.
6 EMC - Néphrologie
Cystinose 18-064-O-10
H
Figure 4. (suite) Dépôts tissulaires de cystine. Les dépôts de cystine sont systémiques et touchent toutes les cellules de l’organisme : rein (A), foie
(B), pancréas (C), thyroïde (D), ganglion (E), rate (F), cellules sanguines polynucléées et mononucléées (G), testicule (H) (clichés M.-C. Gubler Inserm
U1163, Laboratoire des maladies héréditaires du rein, Institut Imagine et O. Fenneteau AP–HP Robert-Debré, Université Sorbonne Paris Cité, Laboratoire
d’hématologie).* microscopie en contraste de phase.
et conduire à un état pseudobulbaire irréversible [41, 42] . Par ailleurs, lisation des cellules musculaires et à la transformation du tissu
l’accumulation de cystine serait délétère sur le fonctionnement musculaire en tissu adipeux [46] . La carence chronique en carnitine
cérébral, la coordination motrice, la cognition et le dévelop- aggrave potentiellement le déficit musculaire, mais aucune étude
pement de la mémoire, mais le retentissement scolaire de ces de l’impact de celle-là sur la force musculaire n’a été conduite
anomalies n’est pas formellement démontré [43–45] . jusqu’à présent [24] . Cliniquement, une amyotrophie distale avec
Sur le plan musculaire, la prévalence de la perte de la masse une disparition des éminences thénars marque le début de la
musculaire et de la faiblesse musculaire qui en résulte varie de maladie. L’extension de l’amyotrophie et la progression du défi-
30 à 60 % en fonction de l’âge des malades (Fig. 5). Elle repré- cit musculaire sont responsables d’une difficulté à la mobilité,
sente la complication la plus invalidante de la maladie à l’âge de troubles de la déglutition [47] , de pneumopathies d’inhalation
adulte [24] . La myopathie de la cystinose correspond à une vacuo- ainsi que d’un syndrome restrictif [48] qui progresse vers une
EMC - Néphrologie 7
18-064-O-10 Cystinose
“ Point fort
L’atteinte neuromusculaire est responsable d’une amyo-
trophie distale dont la progression est marquée par une
perte de l’autonomie et une insuffisance respiratoire.
Calcifications vasculaires
Elles ont été décrites chez les malades transplantés, c’est-à-dire
après une période plus ou moins prolongée d’insuffisance rénale
chronique et d’épuration extrarénale qui peut être à l’origine
de calcifications vasculaires par elle-même. Néanmoins, l’étude
d’une cohorte américaine ancienne a rapporté une prévalence des
calcifications coronariennes de 30 % après l’âge de 30 ans. Les
calcifications peuvent également toucher l’aorte, les artères céré-
brales et vertébrales. Elles aggravent le pronostic cardiovasculaire
des malades [49] .
Figure 5. Amyotrophie distale sévère. Le malade est en fauteuil roulant
et a définitivement perdu toute autonomie motrice.
Diagnostic
une délétion européenne sur un allèle et une deuxième altéra-
Diagnostic clinique tion du gène sur l’autre allèle (substitution, décalage du cadre de
Le diagnostic de la maladie dans sa forme infantile classique lecture, délétion–insertion, etc.). Une minorité de patients cau-
peut reposer sur l’examen de la courbe de croissance et une bio- casiens sont homozygotes pour la délétion européenne. Dans les
logie évocatrice de syndrome de Fanconi. La coexistence d’une ethnies non européennes, les malades sont homozygotes quand
polyurie, d’un retard de croissance staturale avec une inflexion de ils sont issus de familles avec des liens de consanguinité ou double
celle-ci autour de l’âge de 6 mois, et d’un résultat de bandelette hétérozygotes quand ce n’est pas le cas [56] . Dans tous les cas, les
urinaire avec une protéinurie de faible abondance et au mieux parents doivent être informés de la possibilité qui leur est offerte
une glycosurie, sont très évocateurs du diagnostic [50] . Une aci- de recourir à un diagnostic prénatal ou un diagnostic préimplan-
dose métabolique, une hypokaliémie et une hypophosphatémie tatoire lorsqu’un premier enfant a été diagnostiqué préalablement
sont suffisantes pour évoquer le syndrome de Fanconi. L’existence et que la ou les mutations du gène ont été authentifiées.
de cristaux cornéens à la lampe à fente est pathognomonique de
la maladie à cet âge et avec ce contexte clinique [51] .
Diagnostic différentiel
En théorie, les diagnostics différentiels de la cystinose sont
Cystine intraleucocytaire toutes les causes de syndrome de Fanconi chez l’enfant. En pra-
Le dosage de la concentration de cystine à l’intérieur des cel- tique, la cystinose est la première cause de syndrome de Fanconi
lules blanches circulantes du sang est une technique complexe [52] . isolé survenant après la période néonatale et avant la deuxième
Le prélèvement de sang doit être fait sur acide-citrate-dextrose année de vie. Les autres maladies à considérer en l’absence de
et parvenir au laboratoire en moins de 48 heures pour optimi- cristaux cornéens sont :
ser la séparation des cellules blanches totales du sang ou plus • la glycogénose hépatorénale (ou syndrome de Bickel-Fanconi)
précisément des polynucléaires. Après réduction de la cystine, secondaire à une mutation du gène GLUT2 marquée par une
le dosage du contenu cellulaire en cystéine est ensuite réalisé hépatomégalie et une glycosurie très abondante [57] ;
par chromatographie liquide puis spectrométrie de masse en tan- • une maladie de Dent (gènes ClC5 ou OCRL1) ou un syndrome
dem, et rapporté à la quantité de protéines cellulaires mesurée de Lowe (gène OCRL1) en cas de lésions oculaires et de retard
par la méthode Lowry ou par l’acide bicinchroninique. Le résultat du développement psychomoteur, qui peuvent être évoquées
est rendu en nanomole d’hémicystine par milligramme de pro- chez le garçon [7] ;
téines (une cystine est égale à deux cystéines). La valeur normale • les maladies métaboliques comme la tyrosinémie et la galacto-
est inférieure à 0,1 nmol/mg, celle des parents hétérozygotes est sémie [7] ;
comprise entre 0,1 et 1 nmol/mg et celle des malades au dessus • le syndrome GRACILE secondaire à des mutations du gène
de 1 nmol/mg en l’absence de traitement par cystéamine [53] . Le BCSL1, qui est facile à éliminer avec l’atteinte neurologique et
dosage fait sur la couche totale des cellules blanches est moins de la cholestase [58] .
sensible que celui fait sur les polynucléaires isolés en raison de À l’âge habituel du diagnostic de la cystinose, une cause acquise,
l’absence de lysosomes dans les lymphocytes [53] . en particulier une intoxication (plomb, cadmium, pesticides), est
un diagnostic exceptionnel et difficile [7] .
Génétique moléculaire
Le séquençage du gène apporte une preuve irréfutable de la Traitement
maladie [54] . Les nouvelles techniques next generation sequencing
facilitent considérablement la tâche et le résultat peut être rendu Syndrome de Fanconi : syndrome de perte
dans un délai de quelques jours si un diagnostic prénatal est en de sel et équilibre acidobasique
jeu. En Europe et aux États-Unis, l’altération la plus fréquente
du gène de la cystinosine est la délétion européenne de 57 kilo- Le traitement du syndrome de Fanconi consiste à supplémenter
bases [55] . Les malades sont le plus souvent hétérozygotes, avec toutes les fuites de solutés [7] . C’est un traitement difficile pour le
8 EMC - Néphrologie
Cystinose 18-064-O-10
Tableau 1.
Tableau récapitulatif des traitements.
Produits Présentation habituelle Dose usuelle moyenne
Bicarbonate de sodium Anhydre : 1 g = 12 mmol de HCO3 et de Na 2 mmol/kg/j
Solution molaire à 84 ‰ : 1 ml = 1 mmol
Solution semi-molaire à 42 ‰ 1 ml = 0,5 mmol
Bicarbonate de potassium Anhydre : 1 g = 10 mmol de HCO3 et de K+ 1 mmol/kg/j
Citrate de sodium Anhydre : 1 g = 3,8 mmol de citrate et 10 mmol de Na 0,3 mmol/kg/j
Citrate de potassium Anhydre : 1 g = 3,3 mmol de citrate et 9 mmol de K+ 0,3 mmol/kg/j
Chlorure de sodium Anhydre : 1 g = 17 mmol 1 mmol/kg/j
Solution molaire à 5,85 % : 1 ml = 1 mmol
Potassium Kaleorid® 1 mmol/kg/j
Diffu-K® 600 mg : 8 mmol de K+
Sirop de potassium
Phosphore (P) Phosphoneuros® 10 gouttes = 0,43 ml = 79 mg de P = 2,5 mmol de P 30 mg/kg/j
Phocytan® ampoule de 10 ml à 0,66 % = 200 mg de P, soit 6,6 mmol
de P et 13,2 mmol de Na
Phocytan® flacon de 100 ml à 0,33 % = 1000 mg de P, soit 33 mmol
de P et 66 mmol de Na
Carnitine Lévocarnil® 1 flacon de 5 ml = 1 g 1 à 2 flacons/j
Anti-inflammatoires non stéroïdiens Indométacine 1 ml = 5 mg 1 à 3 mg/kg/j
Ibuprofène 1 ml = 20 mg, une dose-poids = 10 mg/kg 10 à 30 mg/kg/j
Vitamine D Un-Alfa® solution 1 goutte = 0,1 g Dose initiale
Un-Alfa® capsules à 0,25, 0,5, 1 g 0,25–1 g/jour
Cystéamine Cystagon® 1200–1900 mg/m2 /j
Procysbi® 1200–1900 mg/m2 /j
Collyre à la cystéamine Cystadrops® 1 à 4 gouttes/œil/jour
Tableau 2.
Valeurs pédiatriques normales des concentrations plasmatiques en phosphates, calcium, phosphatases alcalines et fibroblast growth factor 23 (FGF-23) (valeurs
établies d’après [83–85] ).
Âge Phosphorémie Calcémie Calcémie Phosphatases alcalines FGF-23
[ans] (mmol/l) totale ionisée (UI/L) (RU/ml)
(mmol/l) (mmol/l)
0–12 mois 1,54–2,72 2,30–2,80 1,22–1,38 295–745 43–324
1–5 ans 1,38–2,19 2,20–2,80 1,20–1,38 311–526 33–235
6–12 ans 1,33–1,92 2,20–2,70 1,20–1,38 255–641 41–130
12–15 ans 1,02–1,79 2,10–2,70 1,20–1,38 204–596 37–140
> 15 ans 0,95–1,62 2,20–2,60 1,16–1,32 50–210 22–127
malade en raison du nombre total de gélules et par la répétition pédiatrique. Leur effet clinique sur la polyurie est souvent specta-
des prises. Le Tableau 1 résume l’ensemble des traitements utili- culaire et ils ont également la capacité de réduire la calciurie [60] .
sables pour l’équilibre du syndrome de Fanconi, ainsi que les doses Ce traitement doit être arrêté en cas de gastroentérite aiguë et
moyennes des solutés qui sont utilisés dans la cystinose. L’apport quand le débit de filtration glomérulaire passe au-dessous du seuil
de grandes quantités de solutés et le trouble de la concentration de 30 ml/min/1,73 m2 . Les troubles digestifs à type de vomisse-
urinaire sont à l’origine d’une exacerbation de la polyurie. Celle- ments ou de diarrhée liquidienne sont une menace vitale dans les
ci suppose un apport d’eau abondant pour respecter l’équilibre premières années de vie. Les malades doivent être systématique
osmotique du liquide extracellulaire. Le volume hydrique est tel examinés, prélevés et perfusés avec du sérum physiologique ou
qu’il peut faire vomir les jeunes enfants et il est alors préférable du Ringer lactate dès les premiers signes.
de s’aider d’une gastrostomie. Les grands enfants et les adultes
avant transplantation rénale doivent avoir un accès libre à l’eau
de boisson. Syndrome de Fanconi : phosphates
Le traitement est initialement adapté sur la surveillance bio- et vitamine D
logique mensuelle qui peut être rapidement élargie à une
surveillance trimestrielle. La surveillance biologique du syndrome Il est plus facile de procéder en deux temps. Le premier
de Fanconi et les adaptations thérapeutiques qu’elle implique temps concerne l’équilibre de la déplétion en phosphore. La
est résumée dans le Tableau 2. L’équilibre acidobasique peut être supplémentation en phosphates repose sur la prescription de
indifféremment maintenu par une supplémentation en bicarbo- Phosphoneuros® dont le goût est acide ou de Phocytan® dont
nates ou en citrates, ou par un mélange des deux [59] . La tolérance le goût est salé. La supplémentation en vitamine D active
digestive des citrates est notablement meilleure que celle des bicar- (Alfacalcidol® ) (Tableau 1) est indispensable pour optimiser
bonates qui sont anorexigènes et induisent des vomissements à l’absorption intestinale des phosphates. Les deux supplémen-
fortes doses. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens permettent tations sont prudemment augmentées jusqu’à obtenir une
une épargne de la supplémentation en sodium dans les syn- phosphorémie dans les limites de la normale pour l’âge
dromes de perte rénale de sel [60] . Ils permettent d’optimiser la (Tableau 2), un niveau détectable de PTH dans le plasma, au mieux
réabsorption du sodium dans le canal collecteur par inhibition supérieur à 20 ng/l, et une concentration circulante de FGF-23 au
de la production des prostaglandines et de leur action natriuré- dessus de 20 à 30 RU/ml. Dans un second temps, il faut s’attacher à
tique [61] . L’ibuprofène et l’indométacine sont les deux produits les caler la concentration plasmatique de calcium ionisé entre 1,20 et
plus utilisés car ils sont commercialisés sous la forme d’un soluté 1,25 mmol/l (Tableau 2) afin d’optimiser la cristallisation osseuse
EMC - Néphrologie 9
18-064-O-10 Cystinose
Tableau 3.
Principaux éléments de la surveillance biologique du syndrome de Fanconi.
Marqueur biologique plasmatique Valeurs usuelles
Équilibre acidobasique Réserve alcaline 22–28 mmol/l
Hydratation extracellulaire Protides totaux 55–70 g/l
Rénine plasmatique < 120 mU/l
Aldostérone plasmatique 100–700 pg/ml
Potassium Kaliémie 4,1–4,8 mmol/l
Métabolisme osseux Parathormone 40–90 pg/ml
Carnitine Carnitine totale 50–100 mol/l
en modulant la supplémentation en vitamine D active. La sup- régulièrement espacées de six heures ou à libération retardée
plémentation en calcium est contre-productive en précipitant le (Procysbi® ) à donner en deux prises régulièrement espacées de
phosphore contenu dans la lumière intestinale sous forme de 12 heures (Tableau 1) [65] . La forme à disponibilité immédiate
phosphates tricalciques insolubles et non absorbables. oblige à un réveil et une prise nocturnes très inconfortables avec
le temps. En pratique, environ 30 à 40 % des malades sont cou-
verts de façon suffisante avec trois prises par jour [52] . Le coût du
Syndrome de Fanconi : L-carnitine Procysbi® est 20 fois supérieur à celui du Cystagon® et limite son
La supplémentation en L-carnitine est donnée sous forme de emploi aux pays riches. La biodisponibilité de la cystéamine est
Lévocarnil® (Tableau 1). de 20 à 40 % plus importante lorsqu’elle est prise à distance d’un
Les éléments de surveillance de l’ajustement des traitements du repas riche en protéines et en lipides, et il est recommandé de
syndrome de Fanconi sont résumés dans le Tableau 3. garder un délai de 60 minutes entre le dernier repas et la prise
pour améliorer la biodisponibilité [66] . Les séances d’hémodialyse
modifient significativement la biodisponibilité [67] .
Gastrostomie
Posologie et surveillance
Elle permet avant tout l’administration facile de la cystéamine
et de l’ensemble des solutés de manière discontinue chez les très La posologie quotidienne est comprise entre 1300 et
jeunes enfants. Elle est également utilisée pour des suppléments 1950 mg/m2 par jour ou 50 à 80 mg/kg par jour [52] . La dose ini-
nutritionnels en cas d’anorexie et de vomissements induits par la tiale est de 30 mg/kg par jour et elle est secondairement augmentée
maladie et par les traitements. C’est un des moyens pour mainte- en fonction de la tolérance. La dose est ensuite progressivement
nir une croissance pondérale et un état trophique de bonne qualité ajustée sur les niveaux résiduels de cystine intraleucocytaire pour
chez des enfants dont l’alimentation est difficile [62] . viser théoriquement le taux des malades hétérozygotes : inférieur à
0,5 nmol/mg de protéine en cas de dosage sur leucocytes totaux et
inférieur à 1,0 nmol/mg de protéine en cas de dosage sur polynu-
Hormone de croissance cléaires neutrophiles. Dans la pratique, la posologie de cystéamine
nécessaire pour atteindre ces objectifs dépasse assez nettement les
Son utilisation doit être systématiquement considérée chez les
posologies recommandées. Il est donc recommandé de maintenir
malades après deux ans pour obtenir une croissance acceptable
un taux de cystine intraleucocytaire entre 0,8 et 1,5 nmol/mg de
bien que la sécrétion endogène d’hormone de croissance soit nor-
protéine sur leucocytes totaux, et entre 2,0 et 3,0 nmol/mg de pro-
male quantitativement chez la plupart des malades. Une dose
téine sur polynucléaires neutrophiles [52] . La posologie rapportée
comprise entre 0,2 et 0,4 mg/kg par semaine permet d’obtenir un
à la surface corporelle décroît très lentement avec l’âge et la poso-
rattrapage d’une à deux déviations-standards et surtout d’obtenir
logie adulte s’établit à 2000 mg/j. Il est important de préciser que
une taille finale satisfaisante. L’effet de la supplémentation en hor-
le taux résiduel de cystine intraleucocytaire doit être prélevé six
mone de croissance est optimal chez les malades dont le syndrome
heures après la dernière prise de Cystagon® et 30 minutes après
de Fanconi est équilibré avec précision et dont l’état nutritionnel
la prise de Procysbi® (c’est-à-dire 12 heures 30 après la précédente
est normal [20] .
prise dont on mesure le taux résiduel). La surveillance du trai-
tement par la concentration résiduelle circulante de cystéamine
Traitement systémique par la cystéamine n’est pas rentrée dans les habitudes. Un taux plasmatique résiduel
compris entre 4 et 7 mol/l est considéré comme efficace [52] .
10 EMC - Néphrologie
Cystinose 18-064-O-10
adhésion au traitement. La cystéamine a également très mauvaise repris pour prévenir les atteintes extrarénales et en particulier la
réputation en termes de tolérance digestive [21] . En fait, la tolé- maladie neuromusculaire [80] .
rance digestive est nettement améliorée lorsque la cystéamine est
donnée à distance des solutés minéraux et en particulier des bicar-
bonates. L’adjonction d’inhibiteurs de la pompe à protons a été Traitements des atteintes extrarénales
autrefois préconisée pour prévenir les vomissements itératifs et Ils concernent principalement les insuffisances endocriniennes
les douleurs abdominales [71] , mais elle est maintenant décon- de la cystinose, mais n’ont aucune particularité. L’insuffisance
seillée en raison d’un bénéfice incertain et des complications à thyroïdienne peut être compensée par Lévothyrox® (compri-
long terme de ce traitement. Ils diminuent la biodisponibilité de més de 25 à 200 g) en comprimés ou par L-Thyroxine®
la forme à libération prolongée (Procysbi® ). La tolérance de la (1 goutte = 5 g) en gouttes buvables. Le diabète insulinoprive est
cystéamine au long cours est également plus problématique. La traité conventionnellement par insulinothérapie, mais celle-ci est
cystéamine comme tous les produits comportant un groupement rarement débutée à l’âge pédiatrique. Les déformations osseuses
thiol est un agent intercalaire, c’est-à-dire capable de se fixer dans axiales comme le genu valgum ou la scoliose doivent être évaluées
des structures hélicoïdales comme les alphahélices de collagène et et traitées par une équipe d’orthopédie pédiatrique expérimentée.
l’acide désoxyribonucléique où elle pourrait modifier l’expression La surveillance de l’état dentaire est tout à fait recommandable [80] .
des gènes. Précisément, la cystéamine gêne le pontage des chaînes
de collagène et aggrave les déformations osseuses similaires à celle
de l’ostéolathyrisme [28, 72] . D’autre part, la viabilité physiologique Transition enfant–adulte
des cellules endothéliales est augmentée par des concentrations Avec les progrès considérables de la survie des malades, plus
croissantes de cystéamine et explique probablement les manifes- de la moitié des 200 malades répertoriés en France sont adultes.
tations d’angioendothéliomatose marquées par une prolifération La transition enfant–adulte est devenue un enjeu important. Le
microvasculaire dermique qui ont été rapportées chez plusieurs mieux est certainement d’éviter la dispersion des malades et
malades [73] . La posologie de cystéamine était élevée entre 2200 d’avoir un seul référent adulte par région. Les malades transplan-
et 2900 mg/m2 par jour chez trois malades et à la dose classique tés à l’âge pédiatrique doivent donc être transférés simultanément
(1700 mg/m2 /j) chez un quatrième. Les lésions ont été réversibles dans un centre de transplantation adulte et à un néphrologue
après la diminution de la posologie entre 1200 et 2000 mg/m2 adulte référent dans la maladie. L’augmentation substantielle de
par jour selon les malades. Ces manifestations doivent inciter à la l’espérance de vie expose les malades aux atteintes extrarénales
prudence en matière de maintien prolongé des doses au-delà du d’apparition plus tardives comme la maladie neuromusculaire.
seuil de 2000 mg/m2 par jour. La prévalence des cancers chez le Ces atteintes exigent une prise en charge spécialisée et il faut
jeune adulte [19] atteint de cystinose et traité par cystéamine pen- particulièrement insister auprès des malades sur la poursuite du
dant toute la période pédiatrique pourrait répondre à ce même traitement par cystéamine à vie [81] .
problème et mérite une attention accrue avec la durée du traite- La scolarité comme l’insertion professionnelle sont gênées
ment. par l’halitose secondaire à la prise de cystéamine. Néanmoins,
nombre de malades suivent maintenant une scolarité normale,
Adhésion au traitement et acquièrent la possibilité d’apprendre et d’exercer un métier.
Elle est bonne dans la première et la deuxième enfance quand le L’influence d’une équipe comportant une psychologue, une assis-
traitement est encadré par les parents, mais elle est très mauvaise tante sociale, une infirmière de liaison et de coordination ainsi
chez l’adolescent et le jeune adulte, principalement par l’odeur qu’une infirmière d’éducation thérapeutique est un apport déter-
dégagée dans les heures qui suivent l’ingestion de cystéamine et la minant du succès des projets d’insertion sociale.
mauvaise tolérance de l’entourage social [74, 75] . La mauvaise adhé-
sion au traitement est responsable de l’aggravation des atteintes
d’organes et de l’apparition précoce de la maladie neuromuscu- Prise en charge dans les pays émergents
laire chez l’adulte [27] .
Elle est souvent très limitée par le coût de la surveillance biolo-
gique et du traitement. Le traitement par cystéamine représente
Collyre une dépense minimale d’environ 10 000 D par an, même si le
nombre de prises quotidiennes est réduit à trois ou à deux. Le trai-
L’atteinte cornéenne est insensible au traitement oral par cys- tement par hormone de croissance est bien souvent écarté pour
téamine. Le développement de collyres, d’abord à 0,1 % puis à des raisons financières [82] .
0,55 % (Cystadrops® à 3,8 mg/ml de cystéamine-base), a trans-
formé le pronostic ophtalmologique [76] . L’administration de
quatre gouttes par œil et par jour permet une clarification des
couches de la cornée et la dose d’une goutte par œil et par jour peut
Conclusion
être suffisante pour prévenir l’apparition des dépôts lorsque le La cystinose est une maladie systémique qui débute précoce-
traitement est commencé très précocement. La surveillance oph- ment par une maladie rénale tubulaire et progresse rapidement
talmologique est au moins annuelle et l’évaluation de la charge vers l’insuffisance rénale terminale. Les autres atteintes conti-
cornéenne en cristaux est faite à la lampe à fente par le score de nuent de progresser après la greffe rénale et gênent les malades
Gahl ou au mieux à l’aide d’un microscope confocal [76, 77] . à l’âge adulte. Le traitement par cystéamine a considérablement
amélioré le pronostic des malades, mais il reste beaucoup à faire
Greffe rénale pour prévenir une morbidité croissante avec l’âge.
EMC - Néphrologie 11
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Service de néphrologie pédiatrique, Hospice civil de Lyon, Hôpital Femme-Mère-Enfants, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Deschênes G, Bertholet-Thomas A. Cystinose. EMC - Néphrologie 2020;32(1):1-13 [Article 18-064-O-10].
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