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pour l’égalité
et la diversité
dans les médias
audiovisuels
de la Fédération
Wallonie-Bruxelles
sommaire
Des objectifs chiffrés plutôt que des quotas : le cas singulier de la VRT
Les quotas pour la représentation et l’emploi des questions au ministre en charge des Médias.
sont un moyen éprouvé pour combler un Chaque année, le régulateur des médias flamands
retard en termes de diversité. Pourtant, le rédige un rapport objectif et indépendant dans
gouvernement flamand n’a pas choisi d’impo- lequel il indique si la radiotélévision a atteint ses
ser un quota à la radiotélévision publique de la objectifs, y compris en matière de diversité. Un
Communauté flamande, la VRT. Dans l’actuel échec dans les objectifs à atteindre ne passera
contrat de gestion, le gouvernement et la VRT donc jamais inaperçu.
ont choisi d’utiliser « des objectifs », au lieu de
quotas. La représentation et la création
d’une image
Il y a une différence essentielle entre les quotas À la VRT, la diversité porte sur différents thèmes.
et les objectifs. Un quota est une norme contrai- Le contrat de gestion de la VRT mentionne le sexe,
gnante et suggère une sanction quand elle n’est l’origine, le handicap, l’âge, l’orientation sexuelle et
pas atteinte. Un objectif est un but mesurable vers les personnes défavorisées. Au sujet de la repré-
lequel on tend. Il est donc plutôt un outil pratique. sentation de certains groupes démographiques,
Vous êtes face à une situation existante qui équi- le contrat mentionne un chiffre pour deux groupes
vaut à la mesure zéro et vous mettez le curseur un cibles : « la représentation des femmes dans l’offre
peu plus haut pour provoquer le changement. Un télévisuelle globale produite en interne et en
objectif doit donc être réaliste et faisable, afin de externe, à l’exception des programmes achetés »,
constituer un encouragement. Dès que l’on a atteint doit s’élever à 33 %, la représentation des nouveaux
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une mission de service public
de programmes qui ont fait l’objet d’une mesure Les chiffres sont une chose. Mais le gouvernement La VRT considère que les objectifs en matière
quantitative. Cette moyenne masque néanmoins de veut non seulement une représentation équilibrée, de personnel constituent l’un des moyens pour
grandes différences. Seule la chaîne pour enfants mais aussi la création d’une image nuancée. La atteindre ceux ayant trait à la représentation à
Ketnet enregistre un pourcentage de 42,1 %. C’est manière dont les gens apparaissent à l’antenne est l’écran. La diversité sur le lieu de travail génère plus
pour cette raison que l’outil motivant que consti- tout aussi importante. C’est précisément pour cette de diversité dans l’offre. Si une équipe de concep-
tuent les objectifs a été privilégié. La direction avait raison que les groupes cibles ne sont pas l’objectif teurs de programmes se compose de manière
d’ailleurs déjà bien auparavant exprimé un engage- final, mais une étape pour arriver à la vraie diversité. diversifiée, les angles d’approche, les récits, les
ment clair pour plus de diversité. Les premiers plans réseaux et les thèmes seront plus larges. Il est évi-
d’action étaient en chantier quand le contrat de Il faut pouvoir mesurer les efforts entrepris et les dent qu’un personnel diversifié constitue l’une des
gestion fut négocié. L’organisme veut absolument résultats. Pour la VRT, la diversité est surtout une missions sociales d’une chaîne de service public.
atteindre ces chiffres et même les dépasser si cela manière d’appréhender les gens : le public pour
s’avère possible. lequel elle travaille – qu’elle montre et à qui elle Les plans d’action
donne la parole – et les gens travaillant au sein de Au-delà des objectifs, la VRT a choisi la « méthode
Pourquoi le contrat de gestion ne mentionne des l’institution. De cette manière, la diversité constitue du projet » pour atteindre les objectifs, avec une
chiffres que pour le sexe et l’origine ? Parce que les un fil conducteur de la politique de la VRT. Il y a six série de plans d’action. Ceux-ci sont rédigés au
personnes handicapées ne sont pas nombreuses mois, la VRT a d’ailleurs exprimé cette vision dans niveau des différents départements, là où ils sont
dans la société ? Il est vrai que ces personnes sont une charte rénovée de la diversité. réalisés. Cela renforce leur assise et assure leur fai-
peu représentées dans les médias flamands : elles sabilité à travers des étapes réalistes. Un comité de
ne représentent même pas 2 % sur les chaînes Le personnel pilotage dirigé par la direction assure la cohérence
de la VRT. Le sujet est délicat car chaque handi- Le contrat de gestion impose également un deu- entre ces plans et un timing correct.
cap n’est pas forcément visible. L’argument de la xième type d’objectif à la VRT. La radiotélévision
visibilité vaut aussi pour l’orientation sexuelle. Il est « veille à ce que la composition de son personnel C’est notamment le cas au département Média qui
impossible de connaître avec certitude l’orienta- soit dans la ligne de la diversité sociale flamande ». dresse la grille des chaînes, déterminant ce qui sera
tion sexuelle d’une personne, à moins que celle-ci « L’organisme attirera de nouveaux talents issus de diffusé à un moment donné. Ces personnes choi-
n’évolue dans un contexte particulier. La pauvreté ? divers groupes cibles : les femmes, les nouveaux sissent « la couleur et l’ambiance » de la chaîne. Elles
Ce serait stigmatisant. L’âge est aussi difficile à Flamands et les personnes ayant un handicap afin commandent aussi, à travers des briefings, les émis-
évaluer. Les chiffres de la VRT ne correspondent de tendre vers une participation proportionnelle à sions auprès des concepteurs de programmes en
pas à ceux de la population. La VRT n’a d’ailleurs l’emploi. » interne et aux maisons de production extérieures.
pas besoin d’objectifs pour vouloir y travailler. Dans le premier plan d’action (2011-2012), le dépar-
Les objectifs pour la composition du personnel tement Média a travaillé avec des émissions de
Par ailleurs, le contrat ne mentionne rien à pro- sont : pour les personnes handicapées : 1 % fin 2012 pointe : pour celles-ci, des directives spécifiques en
pos de la représentation en radio ou en ligne. et 1,5 % en 2014 ; les nouveaux Flamands : 2,5 % fin matière de diversité (un pourcentage de femmes,
Néanmoins, la VRT estime qu’il lui appartient 2012, 4 % fin 2014 ; les femmes au sein du personnel un pourcentage de personnes d’origine étrangère)
également d’œuvrer à plus de diversité dans ces dans sa globalité : 40 % fin 2012, et au minimum ont été imposées et testées. Le but était de générer
domaines. 33 % au niveau de la direction. des seuils et des exemples de bonnes pratiques
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une mission de service public
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une mission de service public
Télé Bruxelles est une asbl qui, comme la RTBF, d’origine étrangère qui décrochent un diplôme de Si la composition du personnel de la chaîne dans
poursuit une mission de service public et tra- journaliste. C’est un problème de discrimination son ensemble reflète assez bien la diversité bruxel-
vaille avec un contrat de gestion et un décret dans l’enseignement qui se situe en amont des loise, au niveau de la rédaction, il est en effet
qui règlent le cadre dans lequel la télévision procédures de recrutement, sur lequel nous n’avons difficile de trouver de bons candidats d’origine
opère. La composition du conseil d’adminis- pas d’influence et avec lequel la chaîne est ame- étrangère. Or c’est à ce niveau qu’il est stratégi-
tration reflète la répartition politique au sein née à travailler quand elle cherche de nouveaux quement important de faire des efforts. Ensuite,
de la COCOF. Vu cette dimension de service collaborateurs. Nous avons adapté nos procédures lorsqu’un réel talent d’origine étrangère est capté
public, des objectifs chiffrés ou des quotas de recrutement tout en maintenant le critère des dans les services de rédaction, il est très dur de le
pourraient être « imposés » à Télé Bruxelles, compétences comme étant le plus important. Nous garder car il est rapidement débauché par une plus
tout autant qu’à la RTBF ou à la VRT. Marc de aspirons à une meilleure représentativité de la grande chaîne. Dans un tel contexte, reprendre des
Haan, directeur général de la chaîne, envisage réalité socio-démographique de Bruxelles parmi nos objectifs chiffrés dans l’évaluation des managers de
cette possibilité. journalistes. Seulement nos possibilités en la matière départements, comme c’est le cas à la VRT, semble
sont limitées, dans la mesure où il nous est interdit là aussi délicat. « Comment reprocher à un rédacteur
Un média a tout intérêt à ce que son antenne par la loi de pratiquer de la discrimination positive ». en chef de ne pas engager de personnes d’origine
reflète la composition démographique de son
public s’il veut être crédible auprès de celui-ci. La
diversité qu’une chaîne souhaite obtenir tant en ce
qui concerne la représentation à l’écran qu’au sein
de son personnel sera donc fortement liée à son
public cible. À Télé Bruxelles, on parle d’intégration
« naturelle » de la diversité, avec une représentation
effective des composantes ethniques de la ville, une
équipe pour moitié féminine et une volonté claire du
conseil d’administration de faire place aux réalités
bruxelloises au sein de la chaîne.
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une mission de service public
© Télé Bruxelles
tout en étant lié aux contraintes de la profes-
sion par le fait qu’ils doivent rendre à temps et
en heure un projet finalisé pour une diffusion à
Marc de Haan l’antenne. « Ce programme et d’autres, comme
“Télé Matonge” et “Afrikavision”, ont permis de
étrangère quand il y en a très peu qui se présentent procéder à l’embauche de jeunes qui ont l’avan- Les émissions «Coup2Pouce», «Handiversité»
et «Un peu de tous» de Télé Bruxelles
lors du recrutement ? Nous tentons d’élargir nos tage d’avoir pu bénéficier d’une telle expérience.
canaux de recrutement et nous collaborons avec C’est donc une bonne manière d’inspirer des gens
des écoles de journalisme pour développer des à faire de la télévision. Cela dit, la participation En conclusion, et sans pouvoir s’exprimer pour
formations et trouver des solutions à la sous-repré- à un tel programme n’est pas une garantie de se d’autres chaînes, Marc de Haan estime que « la
sentation des personnes d’origine étrangère dans faire embaucher car les critères principaux restent question des objectifs chiffrés pourrait encourager à
les cursus. Mais on ne peut se substituer au système les indispensables diplômes, les compétences travailler la question, si nous manquions de volonté
d’enseignement ». techniques et le bagage général ». en la matière. Or ce n’est pas du tout le cas et les
initiatives que nous développons en témoignent.
Télé Bruxelles, la chaîne Par ailleurs des émissions sur Télé Bruxelles, telles Dans la situation actuelle, si l’on nous impose des
de tous les Bruxellois que « Handiversité », rendez-vous mensuel qui pose objectifs chiffrés et que l’on nous écoute lorsque
Par contre, pour ce manager de l’information, il un regard positif sur la mixité sociale handi-valide nous exposons les raisons pour lesquelles nous ne
est parfaitement acceptable de demander à une et donne la parole aux personnes en situation de les avons pas atteints, cela pourrait être un argu-
chaîne d’expliquer comment elle gère la diversité, handicap, ou « Un peu de tous », émission quinzo- ment envers les responsables de l’enseignement
pourquoi il y a un manque de diversité au sein de madaire qui part à la rencontre des Bruxellois de pour qu’ils prennent des mesures particulières. À
son personnel et ce qu’elle fait pour garantir la toutes origines pour les saisir dans leur quotidien, condition évidemment que les acteurs concernés ne
représentation des différentes minorités à l’écran : contribuent également à l’élaboration d’une identité se rejettent pas la patate chaude et que des moyens
« À Télé Bruxelles, nous avons une réelle politique bruxelloise basée sur la diversité. financiers soient débloqués pour cela ». ¢
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comité permanent et référent
Le 3 juin 2009, France Télévisions installait un de cette diversité et de veiller à ce qu’il y ait un
Comité permanent de la diversité, composé suivi des engagements qui sont pris », explique
de huit collaborateurs du groupe et de huit Marijosé Alie. Interlocuteur privilégié au sein de
personnalités extérieures. Ce Comité a reçu chaque chaîne pour les questions liées à la diver-
pour mission de promouvoir la diversité tant sité, ce « référent diversité » s’est vu attribuer des
dans les structures du groupe qu’à l’antenne missions très concrètes : il sensibilise les équipes
© Nathalie Guyon
et dans les contenus des programmes. Il pos- au quotidien, relaye les informations et les bonnes
sède un rôle de vigilance et de conseil auprès pratiques, veille à l’utilisation et à l’actualisation des
du président de France Télévisions à qui il outils mis en place, contribue à la définition des
remet chaque année un rapport. Cet engage- objectifs et à la mise en place des partenariats avec
Marijosé Alie
ment en matière de diversité a pris la forme les écoles, dresse le bilan des actions, etc.
de quatorze chantiers.
Au vu de ses missions, ce référent diversité occupe spécificité de ce répertoire réside en sa capacité de
Dans le cadre des démarches pour obtenir le label un certain niveau de pouvoir dans la structure hié- contourner le problème de la stigmatisation inhé-
Diversité, enclenchées par France Télévisions en rarchique de chaque chaîne : « Le référent diversité rent à toute tentative de classification des experts
janvier 2011, quatorze chantiers ont été mis en place ne doit pas ‘ramer’ pour avoir les infos. Il faut qu’il sur la base des critères ethnoculturel, socioculturel,
en juin de la même année. L’un de ces chantiers ait un peu de pouvoir de persuasion ». Les objectifs voire de handicap. En effet, sa construction repose
est exclusivement réservé aux programmes et à que les référents doivent atteindre sont précis et les sur l’agrégation d’un spécialiste issu de la diversité
l’information. Marijosé Alie, directrice déléguée aux résultats de leur mission sont comptabilisés dans à une association amenée à proposer le nom de
programmes de France Télévisions et chargée de la leur salaire, au sein de la part variable d’ajustement. l’expert en question : « Je me suis dit : ‘Comment
diversité, s’est attelée à stimuler la diversité au sein Un processus à la frontière entre l’émulation et la faire pour trouver des personnes qui viennent de
des programmes. À cette fin, elle a mis en place quantification des objectifs. « Comme chacun se nos quatre espaces de la diversité ?’ C’est là que j’ai
neuf mécaniques axées sur les contenus éditoriaux fixe son résultat et que c’est dans la part variable, eu l’idée de m’adresser aux associations parce que
des programmes, mais aussi sur la visibilité des au bout du compte il y a une espèce de surenchère les associations, elles, mènent un combat. Ce com-
différentes composantes de la diversité : le genre, de ‘je vais bien faire’. C’est comme ça qu’on peut y bat, les idées qu’elles défendent leur permettent
le socioculturel, l’ethnoculturel et le handicap. arriver : si on verrouille trop et qu’on crée des sas, d’identifier les personnes adéquates ». Ainsi, cent
Détaillons quatre de ces mécaniques. on va se retrouver avec des gens très contrariés et personnes ont été retenues, après un entretien
qui ne seront pas motivés ». avec chacune d’entre elles, sur la base des listes
Un référent diversité suggérées par un panel d’associations. Ce carnet
La première mesure cible l’organisation des struc- Un répertoire d’experts d’adresses, à usage exclusivement interne, est
tures contribuant à la réalisation des programmes : issus de la diversité partagé au sein des chaînes de France Télévisions. Entretien avec
« J’ai demandé que chaque chaîne identifie un colla- L’un des outils à l’utilisation desquels les référents Il offre la possibilité à chaque collaborateur qui y a Mariejosé Alie,
borateur dont la mission est d’organiser et d’assurer doivent veiller repose sur la constitution d’un réper- accès de trouver l’expert dont il peut avoir besoin directrice déléguée
le suivi de la politique diversité, de rendre compte, toire recensant les spécialistes issus de la diversité dans son émission. L’objectif étant non pas de valo- aux programmes de
de nourrir par des propositions le fonctionnement dans tous les domaines de l’information. La riser des spécialistes sur les matières relatives à la France Télévisions
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comité permanent et référent
diversité, mais bien d’enclencher une participation par les unités de programmes de ses chaînes d’un
naturelle d’experts issus des différentes compo- certain nombre de stagiaires issus de la diversité.
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comité permanent et référent
© FTL
coordination que peut instaurer la FTL. La cascade
France Télévisions conçoit le référent diversité au qui est envisagée pour France Télévisions ne me
Afrikavision / Let’s Swagg : magazine hebdomadaire de 12 minutes
sein d’une structure arborescente : attaché à la semble pas transposable : on ne va évidemment destiné à informer sur la communauté africaine à Bruxelles (diffusé
par Télé Bruxelles)
direction des programmes de chaque chaîne de pas demander à chaque chaîne de déléguer un
télévision, il fait rapport auprès de la directrice responsable. L’initiative est faisable, mais au niveau
déléguée aux programmes du groupe chargée de de la Fédération et non de chaque chaîne ».
de la structure des équipes, du choix des per-
Si l’initiative est envisageable à l’échelon de la sonnes interviewées et dans le cadre de la mise en
FTL, c’est parce que le rôle de référent diver- évidence de bonnes pratiques. On pourrait faire
sité entrerait en résonance avec les missions de un travail de sensibilisation ». Les deux fonctions
coordination et d’impulsion d’initiatives qui sont de référent – celle en débat et celle prévue par le
dévolues à cette Fédération. « Le référent est règlement ’ accessibilité ‘ – pourraient se combi-
une interface qui à la fois impulse, coordonne et ner, selon la directrice de la Fédération, car elles
produit des outils qui facilitent la mise en place partent « d’une même ouverture à la diversité et à
de la diversité dans les différentes chaînes et ça, la différence, que ce soit sur le plan du handicap
c’est la mission de la Fédération ! Celle-ci s’occupe ou de la diversité culturelle ».
des dossiers communs aux différentes télés et des
outils qui peuvent accélérer et faciliter le travail Sur une base participative
de chaque chaîne », précise Suzy Collard. Notre Dans cette optique de coordination via la
interlocutrice rapproche à cet égard la notion de Fédération, Suzy Collard imagine la mise en
référent diversité et celle de référent accessibilité, place d’un groupe de travail constitué, sur une
prévue par le règlement du CSA relatif à l’accessi- base volontaire, des directeurs des chaînes Entretien avec
bilité des programmes aux personnes à déficience intéressés par le sujet. Il s’agirait donc de Suzy Collard,
sensorielle : « La Fédération pourrait amener mener des initiatives collégiales, sous la hou- directrice de la
© FTL
une coordination sur le plan de la référence en lette de la Fédération, fondées sur un état des Fédération des
Suzy Collard
matière de diversité et d’accessibilité au niveau lieux des avancées de chacun. La Fédération télévisions locales (FTL)
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comité permanent et référent
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Une responsabilité sociale d’Entreprise
Le groupe TF1 fédère l’ensemble des En parallèle, le groupe crée en 2007 la Fondation Quelle diversité ?
démarches visant à promouvoir la diver- TF1, axée sur un autre pan de la diversité : la jeu- Le Comité Diversité de TF1 est une autre initiative
sité autour de quatre axes : la diversité des nesse et la mixité socioculturelle. « La Fondation TF1, du groupe. Rassemblant les directions de l’antenne,
origines, l’égalité hommes-femmes, les c’est une entité à part dont l’ambition est d’intégrer des programmes, de l’information, de la com-
seniors et le handicap. Il entend décliner douze jeunes par an issus des quartiers sensibles. En munication et des ressources humaines, il vise à
ces quatre axes tant à l’antenne qu’au sein France, on parle des quartiers définis par la politique stimuler la diversité tant dans les contenus diffusés
des ressources humaines. Cette politique de la ville », informe Nathalie Clinckx. Le rapport à l’antenne qu’au sein des ressources humaines. À
proactive d’une grande chaîne privée en annuel 2011 de la Fondation définit cinq axes de tra- cet égard, mentionnons deux plans d’action ciblés
matière de diversité invite à étudier dans vail : insertion professionnelle des jeunes au sein du en matière de ressources humaines. Le premier,
quelle mesure les critères de responsabilité groupe (pour des contrats de deux ans), rencontres visant l’égalité hommes-femmes : masse salariale
sociale d’une entreprise de média entrent en entre des personnalités de TF1 et la communauté (0,2%) consacrée à l’ajustement des salaires, évo-
résonance avec ses stratégies marketing et étudiante, réalisation de stages, parrainage de lution professionnelle des femmes et formation du
managériale. lycéens par des collaborateurs du groupe et enfin, management à la mixité. Et le second, ciblant le
promotion de jeunes auteurs autour de l’écriture de maintien à l’emploi des seniors, mais aussi le tutorat
Le groupe TF1 déploie une politique active en scénarios pour la chaîne. par les collaborateurs de plus de 50 ans.
matière de promotion de la diversité. Celle-ci a
démarré en 2007 avec l’engagement du groupe au
sein de la mission « Actions Handicap » et la mise
sur pied de la Fondation TF1. Elle s’est poursuivie
en 2009 avec la création du Comité diversité, puis
en 2010 via la signature de la Charte de la diver-
sité et l’obtention du label Diversité AFNOR.
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Une responsabilité sociale d’Entreprise
La politique de diversité du groupe TF1 passe donc Certains axes de formation se veulent davantage
par des structures multiples et complémentaires. transversaux : « Il y a toute une partie axée sur le
Elle a abouti à l’obtention du label Diversité par cadre juridique, sur les représentations et stéréo-
AFNOR Certification en 2010. Un label attribué types. On axe aussi le discours sur la politique
pour quatre ans et évalué au bout de deux ans. diversité de TF1 : pourquoi notre chaîne souhaite
Le cahier de charges du label implique la mise en aujourd’hui, au sein de l’entreprise, représenter au
place d’un certain nombre d’outils : ce faisant, il aide mieux la diversité de la société française ? Quel est Du point de vue de l’évaluation des outils, le groupe
les entreprises à définir une démarche structurée en l’intérêt, quels sont les enjeux ? ». n’a pas établi de dispositif aussi structuré d’auto-
matière de diversité. « Pour structurer notre che- évaluation que ce qui peut être observé par ailleurs.
minement, le label nous a vraiment aidés à nous Les procédures de recrutement quant à elles – et Il se repose essentiellement sur les évaluations de
engager dans un processus d’amélioration continu : singulièrement de recrutement du personnel dit l’AFNOR et du CSA : « En interne, nous considérons
on a vraiment des points très précis à respecter », « permanent » – ont été aussi structurées par des que le label Diversité est la meilleure façon pour
précise Nathalie Clinckx. outils précis qui ont été impulsés par le label : pouvoir évaluer l’ensemble de nos engagements.
« Pour le recrutement des permanents, nous Sur la partie externe, c’est-à-dire la représentation
Quels outils ? sommes dans des processus extrêmement normés, de la diversité à l’antenne, le CSA nous auditionne
Pour amener la diversité au sein de l’entreprise, un où les recruteurs ont analysé en amont les com- chaque année pour savoir ce qui a été fait en matière
certain nombre d’outils ont donc été mis en place : pétences requises à la base d’un glossaire que de diversité et quels sont les engagements que l’on
outils de formation, de sensibilisation, de com- nous avons mis en place. Par ailleurs, toutes nos prend pour l’année suivante (…). Cette année, les
munication interne et externe, outils qui aident au candidatures sont tracées de façon électronique. engagements auprès du CSA concernent aussi des
recrutement et à la gestion des carrières, mais aussi Grâce au label AFNOR, nous sommes rentrés dans aspects internes ». Néanmoins, le groupe a mis en
indicateurs qui permettent un suivi du plan d’action. des processus objectivés », explicite la responsable place un système d’indicateurs présenté aux parte-
« Nous avons décidé de consacrer une journée Diversité-Handicap. La sensibilisation des colla- naires sociaux sous forme de rapport annuel.
entière au volet formation, avec un organisme borateurs en interne passe par une vaste panoplie
spécialisé sur cette question. Nous avons formé d’actions et d’outils de communication qui allient Quels bénéfices internes
l’ensemble des managers, toutes les personnes une donnée informationnelle à un versant esthé- et externes ?
qui concourent à la fabrication des programmes, tique, pratique voire ludique : concours photos Si le groupe TF1 insiste sur la prise de conscience
l’ensemble des populations RH, des partenaires repris pour la réalisation de cartes de vœux ou de sa responsabilité sociale en matière de promo-
sociaux », explique Nathalie Clinckx. Chaque d’un calendrier, projection du film Intouchables, tion de la diversité en tant que première chaîne
catégorie de personnel a été formée à des enjeux film coproduit par le groupe TF1, tournoi de basket généraliste, on peut néanmoins se pencher sur
spécifiques de promotion de la diversité : enjeu de en fauteuil roulant, etc. La communication interne les paramètres stratégiques qui peuvent motiver
performance s’agissant des managers, enjeu de res- porte aussi sur la possibilité pour le personnel de une grande chaîne privée à déployer cette poli-
ponsabilité sociale de la télévision comme « reflet » formuler d’éventuelles plaintes pour une discri- tique. Ainsi, au-delà de la responsabilité sociale de
de la société pour les journalistes, les monteurs mination, supposée ou avérée, à une « cellule l’entreprise, quelles peuvent être les motivations du
et les documentalistes ou encore enjeu pour le d’alerte », un autre critère spécifié dans le cahier groupe à adopter une politique active en matière
dialogue social s’agissant des partenaires sociaux. de charges du label. de diversité ?
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Une responsabilité sociale d’Entreprise
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Une responsabilité sociale d’Entreprise
Mediarte.be est le Fonds social du secteur s’accordent pour dire que la diversité est vécue au humaines. La structure hiérarchique pyramidale de
de l’audiovisuel et de la production de films quotidien par les entreprises de manière générale TF1, dans laquelle l’impulsion en matière de diver-
en Belgique. En font notamment partie les comme un « fardeau ». La diversité nécessite un réel sité provient du top management et se répercute
chaînes de télévision privées, des sociétés travail au quotidien et demande de dégager des par vagues successives sur l’ensemble des niveaux
de production, des entreprises de services moyens, ce qui ne serait pas nécessairement en de personnel, favoriserait, aux dires de mediarte.be,
techniques et d’équipement privées. Le Fonds adéquation avec les objectifs immédiats de la majorité la mise en place de tels plans d’action transversaux
social travaille sur trois grands axes définis des acteurs du secteur de l’audiovisuel en Belgique : (englobant les directions de l’antenne, des pro-
dans une convention sectorielle : l’emploi, « En quatre ans d’existence, nous avons reçu peu de grammes, de l’information, de la communication et
la gestion des talents et la diversité. Trois demandes d’entreprise pour les aider à établir un des ressources humaines). L’initiative est descen-
axes qui s’interpénètrent dans les faits. Nous plan diversité. Maintenant, si la diversité n’est pas dante et l’on imaginerait mal, selon Jan Vermoesen,
avons rencontré mediarte.be, afin de recueillir prioritaire dans leurs agendas, cela ne signifie pas des retours négatifs vers le CEO du groupe.
son avis sur l’opportunité et la faisabilité de pour autant qu’ils ne sont pas sensibles à la question.
promouvoir des politiques de ressources Ils sont conscients de la problématique. Nous avons De tels plans transversaux intégrant tant les conte-
humaines actives en matière de diversité dans ainsi accompagné quelques employeurs dans la mise nus des programmes que les ressources humaines
le paysage audiovisuel belge – et plus spécifi- en place de plan pour la diversité ». Pour expliquer ce et initiés depuis le haut de la pyramide hiérarchique
quement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. état de fait, Jan Vermoesen et Virginie Breuls mettent seraient donc concevables uniquement pour les
en exergue la structure du secteur audiovisuel en grandes structures, peu nombreuses dans le secteur
Jan Vermoesen et Virginie Breuls, représentants de Belgique et, singulièrement, la question de la taille et audiovisuel belge. Des modèles alternatifs devraient
mediarte.be, soulignent combien le Fonds social des moyens des entreprises qui en font partie : « On être pensés pour les micro-PME constitutives du
conçoit la diversité comme une composante « natu- a quelques entreprises très grandes, mais la plupart tissu du secteur. Cependant, Virginie Breuls souligne
relle » de la vie de l’entreprise. Naturelle au sens où il des sociétés sont des micro-PME qui font moins de que les plans d’action mis en œuvre par les grandes
s’agit de tirer une plus-value des spécificités intrin- dix personnes. Sensibiliser à la diversité dans une structures ne sont pas dénués d’impacts sur les plus
sèques de chacun. L’enjeu pour le Fonds est donc entreprise où il y a 50 ou 60 personnes a peut-être du petites : « Il est clair qu’à partir du moment où des
d’envoyer vers les acteurs du secteur audiovisuel un sens, mais, quand il y a deux personnes, on ne parle entreprises d’une certaine taille appliquent ce genre
message les incitant à tirer profit de ces spécificités pas de la même chose. Pour ces petites structures, ce de politique, cela a des répercussions dans toutes
intrinsèques, plutôt que de les écarter par facilité qui prévaut, c’est survivre, éviter la faillite ». les autres parce qu’en général, les petites entreprises
ou méconnaissance : « Parmi les spécificités propres sont montées par des gens qui ont eu une expé-
à chaque individu, forcément, il y en a qui sont plus Cette construction particulière du secteur de rience des entreprises plus grandes et reprennent en
Entretien avec faciles à gérer que d’autres. La diversité est une l’audiovisuel belge limiterait, aux dires de nos inter- quelque sorte les mêmes valeurs ».
Jan Vermoesen composante plus difficile à gérer, mais ça ne veut pas locuteurs, la possibilité de transposition d’initiatives
et Virginie Breuls, dire qu’il faut l’écarter ! Notre but, c’est vraiment de inspirées de grands groupes privés, tels que TF1. La Un rôle de soutien aux
respectivement sensibiliser les employeurs et les travailleurs ». taille des entreprises, leurs ressources, mais aussi micro-structures
directeur et leur structure organisationnelle entreraient en ligne Si les outils destinés à penser la diversité néces-
conseillère de Si mediarte.be cherche à impulser cette idée de de compte lorsqu’il s’agit d’impulser de la diver- sitent d’être adaptés aux spécificités du secteur
mediarte.be plus-value intrinsèque, les représentants du Fonds sité dans la gestion quotidienne des ressources belge et de ses micro-structures, limitant la
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Une responsabilité sociale d’Entreprise
praticabilité de plans d’action transversaux comme des minorités. L’objectif étant alors de stimuler, en
Virginie Breuls Jan Vermoesen
ceux de TF1, Jan Vermoesen et Virginie Breuls sou- amont, l’envie des jeunes d’origines sociales et cultu-
tiennent en revanche les démarches visant à faire relles diverses d’embrasser les métiers du secteur de
entrer en résonance la responsabilité sociale des l’audiovisuel. Des clips qui ont été très peu relayés
entreprises audiovisuelles à refléter la diversité de par les associations. Cet état de fait soulève, aux
la société et leurs stratégies marketing et mana- yeux de nos interlocuteurs de mediarte.be, une autre
gériales. « Tant mieux ! Ce n’est pas à considérer problématique des missions de sensibilisation à la
comme un mal. La diversité est une composante qui diversité : la légitimité de celui qui en est l’instigateur.
va peut-être permettre au secteur de se structurer ». « On se rend bien compte que ce n’est pas l’utilité de
l’outil qui est remise en question, c’est la légitimité
Dans ce contexte, mediarte.be exerce un rôle de du porteur de projet ». L’enjeu est alors de construire
sensibilisation, mais aussi de soutien structurel des partenariats.
aux entreprises désireuses de mettre en place des
actions favorisant la diversité : « La démarche doit Ainsi, mediarte.be tend à déconstruire l’idée que
venir des employeurs, puisque ce sont eux qui vont la diversité dans l’entreprise est un processus lourd
avoir le final cut. S’ils souhaitent mettre en place et complexe au vu des moyens que sa formalisation
des actions, notre rôle est d’apporter un cadre et de nécessiterait. La diversité peut être vécue comme
donner des ressources ». Le Fonds exerce un rôle naturelle, en cherchant la plus-value qui émane des
de centre de connaissances et fournit une guidance spécificités intrinsèques de chacun. Un travail de
pour répondre aux questions telles que : qu’est-ce sensibilisation reste à faire auprès d’acteurs dont
qu’un plan de diversité, pourquoi le faire, quelles les priorités, liées à la gestion quotidienne de leur
sont les subventions disponibles, quelles sont les organisation, ne favorisent pas la montée de cette
personnes ressources, quelles démarches mettre thématique à la une de l’agenda. Cette sensibi-
en œuvre ? Du point de vue des actions de sensi- lisation nécessite par ailleurs de développer des
© mediarte.be
bilisation, le Fonds social a conçu un ensemble de partenariats permettant d’appuyer la légitimité du
clips vidéos, très esthétiques, destinés à toucher le porteur de projet. Dans tous les cas, la structure
secteur en « humanisant le visage de la diversité ». du secteur audiovisuel belge limiterait la mise en
L’un d’entre eux reprend, pour mieux le déconstruire, œuvre de plans d’action transversaux, intégrant les Extraits du clip de promotion de la diversité dans le secteur des
médias, réalisé par Mediarte
le thème de la complexité et de la lourdeur, associé contenus des programmes, les ressources humaines
dans les représentations des professionnels aux et la communication, à l’image de celui développé
Liens :
moyens à mettre en œuvre pour stimuler la diversité. par TF1. Intégrer les dimensions de responsabilité
¡ www.mediarte.be
Le clip se termine en effet par le message : « Sur le sociale et d’efficacité marketing et managériale peut ¡ V idéo « Osez opter pour la diversité » :
lieu de travail, la diversité est considérée comme un sembler une bonne chose à condition de développer http://vimeo.com/52917906
fardeau. À tort ». D’autres capsules ont été diffu- des outils appropriés à la taille, aux ressources et à la ¡ Témoignage de diversité :
www.mediarte.be/fr/t%C3%A9moignages
sées cette fois vers les associations représentatives structure organisationnelle de chaque entreprise. ¢
20
Partie 2
Des outils pour susciter la diversité
et l’égalité
De l’intérêt des bases de données
Investir dans la formation continuée
Un cadre légal
d’ailleurs
De l’intérêt des bases de données
Dans les précédentes éditions du Panorama d’activités dont la culture, la littérature, l’économie, constituer la base de données. De plus, cela lui a
des bonnes pratiques1 et du Baromètre de les sciences exactes, les sciences sociales et les aussi permis de s’assurer du soutien de personnes
l’audiovisuel2, le thème des experts a été médias. Cette base contient aussi les références de et associations faisant figure d’autorité auprès de la
abordé à différentes reprises. Cette ques- plus de 170 organisations travaillant sur les thèmes profession journalistique elle-même.
tion a dès lors fait l’objet d’une étude afin liés au genre et à l’égalité des chances.
d’améliorer la diversité concernant les experts Une base de données mise à jour, évolutive et
présents sur les chaînes de radio et de télé- Les avantages de la base de données conviviale :
vision de la Fédération Wallonie-Bruxelles3. L’analyse de l’Expertendatabank menée dans le Un autre atout de la base de données est le fait
Au cours de cette recherche, une initiative de cadre de l’étude réalisée a permis de mettre en qu’elle soit mise à jour régulièrement et ce, à un
la Communauté flamande a particulièrement avant ses différents avantages. double niveau. Premièrement, les experts réfé-
retenu l’attention : l’Expertendatabank. rencés reçoivent un rappel leur demandant de
Un projet pensé avec et pour les journalistes : mettre leurs informations à jour deux fois par an. Le
L’Expertendatabank est une base de données spé- Son premier grand atout est le fait qu’elle ait été contenu est donc mis à jour de façon bisannuelle,
cialisée en références d’experts issus des minorités. pensée avec et pour les journalistes. Différents ce qui est indispensable pour les journalistes.
Elle a été lancée en 2008 par le Gelijke kansen in projets de ce type ont été réalisés avec une portée Deuxièmement, l’Expertendatabank est aussi
Vlaanderen, qui est responsable de l’égalité des plus large et ne correspondaient pas aux attentes régulièrement mise à jour au niveau des services
chances en Communauté flamande, en collabora- des journalistes. Dans le cas de l’Expertendata- et fonctionnalités qu’elle propose. Ainsi, en 2010,
tion avec la Vlaamse Vereniging voor Journalisten bank, des études qualitatives préliminaires ont été constatant que le nombre de demandes n’évoluait
(VVJ), l’équivalent de l’AJP en Fédération réalisées auprès des journalistes par la personne en pas, ses gestionnaires ont fait une enquête auprès
Wallonie-Bruxelles. charge du projet et la directrice adjointe du Centre des journalistes.
de l’égalité des chances en Flandre, Sabine Van
L’objectif du projet est d’assurer une représentation de Gaer. Ainsi, afin d’être assurée que la base de
non stéréotypée des experts dans les médias, ce données intéresse les journalistes et leur convienne,
qui est capital vu qu’ils ont un impact important sur cette dernière a tout d’abord contacté Kathleen De
la représentation que le public se fait des groupes Ridder (Tref Media) qui a créé un forum pour obtenir
vulnérables et minoritaires. Les journalistes étant leur avis. Elle a également organisé une rencontre
confrontés à différentes contraintes4 lors de leurs avec les personnes en charge de Perslink5 (une base
recherches d’experts, la base de données leur de données hollandaise utilisée par les journalistes).
donne un accès rapide à des références fiables. Elle De même, elle a organisé une réunion avec la VVJ
leur offre ainsi un accès à plus de 1 000 références pour essayer de comprendre pourquoi les initiatives
d’experts issus de différents groupes sous-repré- précédentes n’avaient pas fonctionné. Enfin, une
Une contribution sentés dans les médias. Quatre groupes principaux dernière concertation a eu lieu avec le directeur de
de Thomas Bihay, sont concernés : les femmes, les personnes d’ori- l’information de la VRT. À la suite de ces démarches,
© CSA
chercheur en gine étrangère, les personnes handicapées et les Sabine Van de Gaer a pu établir clairement
Thomas Bihay
résidence, CSA personnes transgenres. Ceci, dans 14 domaines quels étaient les besoins des journalistes afin de
23
De l’intérêt des bases de données
À la suite de cette étude, ils ont identifié diffé- Une recherche efficace et
rents problèmes et décidé de créer de nouveaux des informations pertinentes :
services et moyens afin de rendre la base de Le dernier grand atout de l’Expertendatabank est
données plus attractive, conviviale et interactive. qu’elle offre des services extrêmement efficaces
Tout d’abord, un courriel qui contient un article sur en ce qui concerne la recherche de références et
un thème particulier est envoyé chaque mois aux les descriptions. En effet, la base de données offre
journalistes. Cela leur permet de découvrir certains des instruments de recherche performants. Elle est
experts, mais aussi certains sujets moins présents dotée de quatre outils différents : une recherche
dans les médias. Ensuite, la promotion de la base full texte (« recherche simple »), qui est utile lorsque
de données auprès de la VVJ et des médias a été le sujet recherché est flou ou peu connu des
accentuée. Sabine Van de Gaer a contacté les direc- journalistes ; une recherche via des mots clefs, Un exemple à suivre ?
teurs de différents médias néerlandophones afin de qui est plus précise ; une recherche via le plan de Comme nous venons de rapidement le démontrer,
promouvoir le projet. L’ergonomie et la présentation classement (dont les classes forment une des deux la base de données Expertendatabank offre une
du site ont aussi été améliorées. La page d’accueil sortes de descripteurs utilisés pour l’indexation réponse adéquate à la problématique du manque
a pris la forme d’un blog et différents contenus des références) et, enfin, une recherche selon le de diversité au sein des experts cathodiques.
multimédias (vidéos d’interviews de chercheurs, nom des experts.
articles…) ont été ajoutés sur celle-ci. Le choix de Efficace, fiable et facile d’utilisation, elle rencontre
ce format n’est pas anodin, les journalistes étant de Les éléments de description des références offrent un franc succès auprès des journalistes et pourrait
plus en plus amenés à employer ce type de sites. eux aussi des informations pertinentes et précises. offrir des pistes pour la mise en place d’un tel projet
Il s’agit donc d’un format facile à utiliser et extrê- Elles correspondent parfaitement aux informa- à l’échelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. ¢
mement intuitif. Enfin, la dernière initiative mise en tions que les journalistes souhaitent obtenir sur
place est la création d’une brochure sur la diversité les chercheurs. Ces informations sont réparties en
1. U
ne réponse aux experts « typés » ? Des banques de don-
qui se compose de huit articles portant sur des différentes catégories clairement signalées sur la nées ciblées , in Panorama des bonnes pratiques en matière de
sujets tels que les femmes, la pauvreté, les alloch- référence : les « informations personnelles » (« nom », diversité et d’égalité dans les médias audiovisuels de la Fédé-
ration Wallonie-Bruxelles 2011, Bruxelles, CSA, 2011, pp.19-20.
tones, les jeunes et les seniors ou les personnes « prénom », « langue », « adresse de contact pré-
2. Voir Lits M., Experts, in Baromètre Diversité Egalité 2011,
handicapées. Elle a été envoyée en 800 exem- férée », « nom de l’organisation/entreprise », « rue, Bruxelles, CSA, 2011, pp. 58-61. Voir Bihay T., Les expert(e)s,
plaires, à la VRT notamment, ainsi qu’aux écoles de n°», « code postal », « adresse », « ville », « numéro de in Baromètre Diversité Egalité 2012, Bruxelles, CSA, 2012,
pp.86-91.
journalisme. téléphone personnel », « courriel » et « site web »), les
3. Bihay T., Modalités de recours aux expert(e)s par les
« domaines d’expertise » (« description de l’exper- médias audiovisuels : benchmarking des bonnes pratiques
Après la mise en place de ces différentes initiatives, tise », « mots clefs », « publications » et « recherches »), en matière de diversité, Bruxelles, CSA, 2012. (Coll. Etudes
le succès de l’Expertendatabank auprès des journa- les « études et carrière professionnelle » (tableaux et recherches), disponible sur www.csa.be/documents/
categorie/34
listes n’a cessé d’augmenter. En effet, les mesures avec des informations telles que le diplôme, la
4. Ibid., pp. 24-46.
furent mises en place en 2010 et les statistiques formation, la date d’obtention du diplôme…) et les 5. www.perslink.nl/perslink/index.web, [Consultation du
démontrent que le nombre de consultations men- « informations de base » (sexe, nationalité, nationa- 12/09/2012].
suelles a doublé entre juin 2011 et janvier 2012. lité des parents…) ».6 6. Bihay T., Modalités de recours…, op. cit., p.67.
24
d’ici
De l’intérêt des bases de données
Max Zimmermann, rédacteur en chef de TV chaînes. L’intégration n’est par exemple pas un sujet peux leur conseiller fortement de s’en servir. Très
Com, le reconnaît : « Sur le principe, cette fréquent. Nous ne voudrions pas, pour faire de la certainement ».
Expertendatabank est très bien. En effet, par diversité, tomber dans le cliché inverse qui irait à l’en-
manque de temps, on a tendance à toujours contre de la sociologie actuelle du Brabant wallon ». L’idée est d’ouvrir d’autres perspectives aux journa-
faire appel aux mêmes experts. Et par facilité listes, mais la transposition d’une pareille banque de
aussi, avoue-t-il. Le journaliste fait régulière- « Et l’argument premier lorsque nous recherchons données d’experts en Fédération Wallonie-Bruxelles
ment appel aux experts avec lesquels il a déjà un expert dans un média tel que le nôtre, qui se
travaillé car il connaît leur domaine d’expertise concentre sur une petite région, c’est la proximité ».
et l’étendue de celle-ci, et surtout, il sait que Selon lui, idéalement, cette banque de données
ces experts connaissent notre média, et ça, devrait comprendre une classification par région.
c’est important quand on doit travailler vite ». « Un expert d’une région ne se déplace pas forcé-
ment dans une autre, explique-t-il, ou seulement
Enthousiaste à l’idée de transposer cette banque sur un certain type de sujet. De plus, une expertise
de données du côté francophone du pays, il émet régionale ou provinciale peut s’avérer utile. Par
toutefois quelques réserves : « Le risque d’une telle exemple : un sujet sur les élections dans la Région
banque de données, c’est que nous finissions par wallonne et plus exactement sur le ressenti du vote
tous faire appel aux mêmes experts ou que ceux des étrangers aurait plus d’intérêt si les intervenants
présents dans la banque de données correspondent apportent une expertise régionale ».
à ceux de notre banque de données personnelle.
Il me semble dès lors indispensable de veiller à ce Comment garantir l’utilisation
qu’elle soit largement étayée ». de la banque de données ?
Si un journaliste, par souci d’efficacité, a tendance
Oui, mais… à privilégier des experts parce qu’il les connaît, il
Max Zimmermann soulève quelques limites au est logique de douter de leur envie de faire appel
projet qu’il attribue à sa situation particulière de à de nouveaux experts, inconnus, issus d’une
directeur d’une chaîne locale. « Cette limite m’est nouvelle banque de données. Max Zimmermann
peut-être très personnelle, explique-t-il, et provient l’admet : « Pour que cette banque de données
certainement du fait que nous travaillons dans une fonctionne, il faudrait presque aller, même si c’est
région particulière, le Brabant wallon. D’un point de un peu utopique, jusqu’à créer un contact préalable
vue sociologique, la population est très différente entre l’expert et le média. Prévoir des rencontres
© Geoffroy Libert
de celle des autres régions. Par exemple, la popu- au lancement de la banque de données ». Quand
Entretien avec lation d’origine étrangère y est moins importante. on lui demande s’il ne serait pas plus facile dès lors
Max Zimmermann, Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a moins de femmes de les obliger à utiliser cette banque de don-
rédacteur en chef que d’hommes, bien entendu, mais j’entends par là nées, il répond : « Les obliger ? Non. Mais en tant
Marc Zimmermann
de TV Com que nous réalisons des sujets différents des autres que rédacteur en chef ou directeur de chaîne, je
25
De l’intérêt des bases de données
nécessitera un travail de séduction auprès des permettrait de gagner du temps, tout en variant
journalistes. Leur montrer les avantages à en retirer, leurs sources d’informations, percevraient-ils
briser la glace des premières utilisations en provo- pour autant le but premier de cette démarche ?
quant quelques rencontres clés, recevoir quelques Les journalistes auraient-ils conscience que
recommandations de leur rédacteurs en chef sont celle-ci s’intègre dans un plan diversité-égalité
autant de techniques d’amorçage qui pourraient leur plus large ? « En toute franchise, nous rassure
donner l’envie de l’utiliser régulièrement. Max Zimmermann, nous n’avions pas remarqué,
avant que le CSA ne nous en fasse part, que nous
Max Zimmermann est certain qu’il est possible de avions un déficit en termes de représentation de
les convaincre du bien-fondé d’une telle banque diversité et d’égalité. Et j’ai trouvé très intéres-
de données : « Nous avons tout intérêt à ce que sante l’initiative du CSA de venir chez chacun
nos experts y figurent. En effet, il est indispen- d’entre nous, chiffres à l’appui, nous montrer
sable d’y intégrer les experts auxquels nous ce qu’il en était dans notre média. Cela nous a
faisons appel aujourd’hui car il faut que ces gens permis de prendre conscience qu’on avait des
soient eux-mêmes reconnus comme experts par la progrès à faire dans ce domaine et qu’en tout
société pour qu’ils puissent tenir ce rôle avec plus cas, nous devions y penser à l’avenir ».
de force. Pour mettre au point cela, il sera donc
nécessaire, tout comme pour l’Expertendatabank, Sans se chercher d’excuses, ce dernier avouera que,
de créer une collaboration avec les journalistes en depuis les résultats du premier Baromètre de la
amont de la création de la banque de données diversité, leur politique en interne n’a pas changé,
afin qu’ils transmettent leurs contacts. Puis dans et ce, malgré la prise de conscience. Cependant, ils
un deuxième temps, les encourager à prendre le sont très curieux de découvrir les nouveaux chiffres
© Shutterstock / Andrey_Kuzmin
réflexe d’inviter leurs experts-contacts à s’inscrire du baromètre 2012. « Nous y sommes peut-être
dans la banque de données ». inconsciemment plus vigilants. Je le constate dans
des détails : la rédaction m’a fait part, il y a peu de
À l’instar de Max Zimmermann, l’ensemble des temps, concernant un sujet d’actualité que ce der-
rédacteurs en chef devraient être ouverts à cette nier manquait de femmes ».
banque de données d’experts, dans la mesure où
elle est conçue avec et pour les médias, en prenant En somme, Max Zimmermann est persuadé que
en compte les particularités de chacun et en colla- la prise de conscience est déjà amorcée et que
boration constante avec les journalistes. leur proposer des initiatives du même acabit que
l’Expertendatabank, les aiderait de manière concrète
À la recherche de bonnes pratiques à intégrer des méthodes journalistiques plus res-
Partant de l’idée que cet outil serait un ins- ponsables, soucieuses de promouvoir la diversité et
trument utile pour les journalistes, qui leur l’égalité des femmes et des hommes. ¢
26
d’ailleurs
investir dans la formation continuée
© Axel Beelen
l’égalité des genres, a lancé en 2006 une campagne pour un journa- projet propose également un support pédagogique
le droit d’auteur et le lisme éthique2. Objectif ? Recentrer les journalistes afin de guider les formateurs par une liste de ques-
journalisme éthique et leurs syndicats sur leur mission d’information, tions à soulever, mais aussi des données techniques
Pamela Morinière
pour la FIJ/FEJ ainsi que sur l’un des principes fondamentaux du permettant d’illustrer les extraits sélectionnés.
27
investir dans la formation continuée
inscrites comme priorité de la formation continue s’agit pas ici de traiter l’égalité hommes-femmes ou
et peu abordées dans les conseils de rédaction. la diversité en les isolant des autres sujets d’actua-
Chacun a pourtant une expérience personnelle lité, ni de prêcher des convaincus, mais davantage
ou un exemple médiatique significatif à partager. d’analyser comment tout sujet d’information – des
Ici l’affaire des caricatures de Mahomet, le foulard changements climatiques à la crise économique –
islamique, ailleurs l’utilisation de la femme-objet doit intégrer une variété de sources, prendre en
dans l’information. Enfin, sont soulevées d’impor- compte la diversité d’une population et veiller au
tantes questions éthiques suscitant généralement respect de l’éthique journalistique.
une réflexion sur la façon d’exercer ce métier, sur
les codes de déontologie et les lignes directrices Une clarification terminologique des notions s’im-
existants, leur mise en pratique, les instruments et pose souvent. Le trafic des femmes n’implique pas
méthodes permettant de mesurer leur impact sur le nécessairement la prostitution, le demandeur d’asile
contenu informatif. ne bénéficie pas du même statut qu’un réfugié…
Rétablir l’équilibre
L’utilisation d’extraits vidéo nous permet d’abor- En petits groupes, les langues se délient. Certains
der de manière ludique les bonnes et mauvaises confient leurs réelles tentatives d’interroger plus
pratiques journalistiques en matière de diversité ou de femmes dans leurs reportages, mais déplorent
d’égalité hommes-femmes. Elle permet d’illustrer le manque de volonté des sources féminines à
la manière dont une interview ou un reportage s’exprimer dans les médias. D’autres s’insurgent : il
abusant de clichés et de stéréotypes peut véhiculer faut avant tout que la source soit pertinente, peu Egalité dEs gEnrEs dans lE journalismE
une image tronquée d’un individu, d’un groupe eth- importe son origine ou son sexe. D’autres encore
En coopération avec le
nique ou religieux et influencer de manière négative nous font part de leur difficulté à traiter certains Organisation
Secteur de
la communication
et de l’information
la perception qu’aura le public de cette personne sujets par crainte de commettre une erreur et d’être
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
28
investir dans la formation continuée
prennent parfois le dessus. Les échanges au sein La télévision régionale suédoise Västerbottensnytt apposée sous une photo peuvent eux aussi avoir
des écoles en journalisme sont extrêmement riches, offre les prémices d’une solution. En adoptant des des effets destructeurs. Diversifier le recrutement
mais sporadiques, car rares sont les cursus incluant directives pour une représentation équilibrée des des professionnels et les sujets qui leur sont assi-
des cours spécifiquement dédiés à la diversité ou à femmes et des hommes dans ses sujets d’informa- gnés est également primordial, en ne perdant pas
l’égalité hommes-femmes. tion, elle a décidé d’aborder le problème de front. de vue que seul un réel engagement de la direc-
Afin de garantir un réel équilibre, le rédacteur en tion éditoriale envers le contenu informatif peut
Comment s’assurer que la formation sera mise en chef compte chaque jour le nombre de sources, permettre une véritable prise de conscience profes-
pratique ? Quelle place trouveront les questions hommes et femmes, qui apparaissent à l’écran. sionnelle et culturelle au sein de la rédaction. ¢
éthiques soulevées dans le travail journalistique Les chiffres sont présentés en conseil de rédaction
quotidien et son lot de contraintes horaires ? En chaque matin et soumis à discussion. « Si l’on n’est
l’absence de représentants de la direction édito- pas vigilant et qu’on ne discute pas activement du
riale et de réels engagements éditoriaux, l’impact sujet, rien n’empêche un retour en arrière », pré-
de la formation restera limité aux « happy few » qui vient-on à la rédaction.
en auront bénéficié. Le développement de lignes
directrices dans certaines rédactions démontre le Alors que faire ? Continuer de sensibiliser les 1. www.portrayingpolitics.net/
souci de mettre en place une réelle culture de la étudiants, renforcer la formation continue et la 2. http://ethicaljournalisminitiative.org/en
diversité et de l’égalité. Mais comment mesurer les rendre accessible à tous les professionnels des 3. http://whomakesthenews.org/
progrès réalisés ? médias. Parce que le cadre d’une image, la légende 4. www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/mars/default_en.asp
29
d’ici
investir dans la formation continuée
Que penser des outils présentés par la Du temps pour la réflexion de s’arrêter un moment et de réfléchir à l’angle
Fédération internationale des journalistes Marc Sinnaeve précise qu’au-delà de l’aspect par lequel il aborde ses sujets. Des outils tels que
(FIJ) ? De bonnes pratiques à encourager… et identitaire, il y a aussi l’influence du processus de Portraying Politics sont une excellente manière d’illus-
beaucoup de travail pour faire fructifier les fonctionnement de l’information : le journaliste se trer la différence de traitement hommes-femmes.
avancées sur la thématique de l’égalité et de concentre sur les conflits qu’il interprète comme Elle les utilise d’ailleurs lors de ses interventions sur
la diversité. Même si pour Martine Simonis, anormaux et violents, alors qu’ils font partie le sujet, notamment dans les écoles de journalisme.
secrétaire générale de l’Association des jour- intégrante d’une société et peuvent être résolus « Dommage que cet outil soit maintenant épuisé.
nalistes professionnels (AJP), et pour Marc démocratiquement sans être stigmatisés. Selon lui, Celui-ci datant un peu, il serait intéressant d’en refaire
Sinnaeve, président du département Presse les causes proviennent du manque d’autoréflexion une version actualisée s’intéressant plus spécifique-
Info de l’IHECS (Institut des Hautes études des des journalistes. Ils sont, dès leur formation, habi- ment à la Belgique : voir comment on crée un panel
Communications sociales), la thématique de la tués à apprendre le métier de manière technique de débats, le temps donné aux femmes lors d’inter-
diversité et de l’égalité fait depuis longtemps avec des professeurs privilégiant l’expérience sur views, etc. ». Le programme MARS (Media Against
partie des priorités à mettre à l’agenda. le terrain, plutôt que la réflexion sur le rôle et la Racism in Sports) lui semble tout aussi intéressant car
responsabilité du journaliste. Les conditions de se focalisant sur le sport, ce qui est plutôt rare. Marc
Tous deux soulignent les problèmes actuels dans travail actuelles des journalistes, marquées par Sinnaeve souligne l’intérêt de ces initiatives dans
le traitement de l’information, que ce soit le peu l’accélération de la production et de la diffusion leur aspect pratico-pratique, cassant le temps de la
de diversité représentée ou encore l’inégalité de de l’information, poussent ceux-ci à « privilégier le production pour laisser place à l’autoréflexion.
traitement des personnes apparaissant à l’écran. réflexe à la réflexion ». Cet aspect n’est pourtant
Les angles utilisés pour rédiger un article ou pro- pas évident à voir pour les journalistes eux-mêmes Mieux toucher son public
duire un reportage sont souvent très réducteurs, qui ne se rendent pas compte qu’ils privilégient, Et de reprendre l’exemple marquant de la télévision
comparés à la réalité sociale qu’ils sont censés par exemple, certaines catégories de personnes au régionale suédoise Västerbottensnytt (voir page 29)
représenter. Marc Sinnaeve pense qu’on a ten- détriment d’autres. Et si la thématique les interpelle, qui analyse les chiffres de la diversité au jour le
dance à faire de « l’information spécifique » : « On ils n’ont généralement ni le temps, ni la possibilité de jour. Pour Marc Sinnaeve, cela permet de prendre
ne retrouve, par exemple, des handicapés que mettre le problème de la diversité et de l’égalité sur conscience du pourquoi des choix, de prendre
dans des sujets liés spécifiquement au handicap ». la table. La symbolique du journaliste « hors du com- du recul et d’atteindre un « continent impensé ».
À l’inverse, tous deux notent l’absence de diver- mun » est une barrière de plus qui empêche celui-ci Martine Simonis souligne que cette situation est
sité dans des sujets touchant pourtant un spectre d’aller au-delà de la croyance qu’il peut « rapporter volontariste. Les journalistes font leurs reportages
large de la population, comme le premier jour des le monde tel qu’il est ». Marc Sinnaeve conclut en en ayant en tête les questions de parité, une autre
soldes ou la hausse du prix de l’essence. Martine précisant que le rôle de l’AJP, autant que celui des équipe compte et une troisième analyse, sur le
Simonis remarque que cette polarisation d’une écoles de journalisme, est de prendre le temps que plan marketing, les effets en termes de public-cible
société mélangée était déjà un danger pointé les professionnels n’ont pas. et d’audience. Rapidement, ils ont remarqué que Entretien avec
dans les recommandations publiées en 1994 en cette dernière a augmenté de cinq points parmi Martine Simonis
matière d’information relative aux personnes Selon Martine Simonis, l’initiative de la FIJ pour un les femmes, peu après le lancement de l’initiative. (AJP) et
issues de l’immigration… et qui est toujours journalisme éthique promeut justement l’autoré- « Quand on explique aux patrons des chaînes que la Marc Sinnaeve
d’actualité. flexion. Son objectif est de permettre au journaliste diversité permet de retrouver un public qui devenait (Ihecs)
30
investir dans la formation continuée
© CSA
années : on est passé d’un journalisme factuel
- basé sur la pluralité, la hiérarchisation et l’établis-
Martine Simonis et Marc Sinnaeve
sement de connexions - à un journalisme basé sur
l’unicité et la primordialité des événements. Dans
ce contexte difficile, tous deux pointent la nécessité un constat objectif aux différents protagonistes. Le depuis trois ans par Nathalie Caprioli du Centre
pour les acteurs du marché de développer des poli- Plan diversité-égalité est indispensable pour soutenir bruxellois d’Action interculturelle. « Les intervenants
tiques éditoriales et un engagement au niveau des ce type d’initiatives : « La situation a évolué depuis qu’elle invite et ses méthodes issues de l’éducation
ressources humaines car sans cela, les thématiques cinq ans, notamment grâce à ce plan et à ses réper- permanente et du travail social permettent à cet
de l’égalité et de la diversité demeureront sans cussions au travers des associations sur le terrain », univers endogène du journalisme de s’ouvrir un peu
résultats sur le terrain. poursuit la Secrétaire générale. « La thématique de au monde ». À cela s’ajoute un cours qu’il donne
l’égalité et de la diversité a été mise à l’agenda ». sur les oubliés de l’information. Martine Simonis
Former les journalistes à la diversité quant à elle anime régulièrement un module
« À ce niveau, on voit des évolutions, notamment Tous deux soulignent que cette étape est impor- égalité-diversité développé par l’AJP à l’attention
à la RTBF qui a instauré un Plan diversité- tante, mais insuffisante : en effet il faut, après des écoles de journalismes. Après l’étude sur la
égalité en interne », précise Martine Simonis. évaluation de sa première itération, relancer le plan diversité dans le contenu journalistique et toujours
« Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas et persévérer dans la promotion de l’égalité et la dans le but de changer les comportements, chez
dans le privé, mais je pense que cela viendra, entre diversité. Selon Marc Sinnaeve, « il est nécessaire de les étudiants, autant que chez les professionnels,
autres à l’aide de la contrainte légale, notamment développer une politique proactive, des contraintes l’AJP travaille actuellement sur une étude s’intéres-
en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes ». légales, voire des quotas ». sant à la diversité dans les effectifs journalistiques :
Des études telles que le Baromètre de la diversité « Les premiers résultats montrent qu’il y a très peu
et de l’égalité dans les médias audiovisuels, ou son Pour l’heure, tous deux continuent à leur échelle à de diversité dans les rédactions. D’autres résultats
équivalent pour la presse écrite fait par l’AJP, sont défendre l’égalité et la diversité. Marc Sinnaeve a interpellent, mais on garde le suspens pour un pro-
pour elle essentielles car elles permettent d’exposer créé un cours sur les médias et la diversité, donné chain Panorama ! ». ¢
31
d’ailleurs
un cadre légal
Soutenir la diversité culturelle par la program- offrir une chance aux producteurs, auteurs, tech- afin de maximiser l’accès des créateurs et des
mation et des perspectives d’emploi est l’un niciens et artistes ayant des origines culturelles et consommateurs d’émissions à caractère ethnique, en
des objectifs importants de la Loi sur la radio- sociales différentes. langues tierces et autochtones, au système de radio-
diffusion (la Loi) du Canada. Il incombe donc la politique en matière de radiotélédiffusion
¡ diffusion. Par exemple, en 2005, le CRTC a adopté
aux radiodiffuseurs canadiens titulaires d’une autochtone. Cette politique énonce les critères une politique d’entrée libre pour certains services
licence de contribuer à refléter et à représen- que doit respecter un service de radio ou de d’intérêt général en langues tierces afin d’accroître la
ter la diversité culturelle du Canada. Sous l’œil télévision pour diffuser en tant que station diversité et l’éventail des services canadiens dans ces
avisé du régulateur, le CRTC. autochtone. Elle favorise la radiodiffusion langues pour les collectivités mal desservies. Pour
autochtone en soulignant l’importance de la faciliter davantage l’accès des groupes de langues
La réglementation canadienne stipule que le système propriété autochtone et de la préservation des tierces au système de radiodiffusion, le CRTC a établi
de radiodiffusion doit : « … par sa programmation langues et des cultures autochtones. Le réseau en 2007 une nouvelle politique qui soustrait à la
et par les chances que son fonctionnement offre Aboriginal Peoples Television Network (APTN), réglementation certaines entreprises de télévision en
en matière d’emploi, répondre aux besoins et aux premier réseau autochtone national du monde, langues tierces, sous réserve qu’elles respectent les
intérêts, et refléter la condition et les aspirations des est un exemple de ce type de service de radio- conditions de l’ordonnance d’exemption.
hommes, des femmes et des enfants canadiens, diffusion. Il est exploité par des autochtones
notamment l’égalité sur le plan des droits, la dualité et reflète les collectivités et la diversité des Le CRTC autorise également la distribution de ser-
linguistique et le caractère multiculturel et multi- nombreuses cultures autochtones au Canada et vices de télévision non canadiens en langues tierces,
racial de la société canadienne, ainsi que la place ce, dans de nombreuses langues. De plus, tous à condition que certains critères soient respectés. En
particulière qu’y occupent les peuples autochtones » les fournisseurs de services de télévision ont décembre 2004, le CRTC a modifié cette politique
(sous-alinéa 3(1)d)(iii)). Le CRTC veille pour sa part à l’obligation de distribuer APTN afin que tous les afin d’instaurer une approche préconisant davantage
l’adoption de pratiques exemplaires en matière de foyers canadiens y aient accès. une entrée libre. Le but était d’autoriser des services
diversité culturelle dans le système de radiodiffusion, la politique relative à la radiodiffusion à carac-
¡ d’intérêt général non canadiens en langues tierces,
en s’appuyant sur deux principes de base : 1) la radio- tère ethnique. Cette politique énonce les critères en mettant davantage l’accent sur une plus grande
diffusion pour et par les Canadiens appartenant aux que doit respecter un service de radio ou de télé- diversité et un plus grand choix de services offerts
groupes ethniques et aux peuples autochtones et 2) le vision en direct pour diffuser en tant que station aux collectivités ethniques mal desservies dans une
reflet de la diversité du Canada dans tout le système. à caractère ethnique. Par exemple, les stations de tierce langue au Canada.
radio et de télévision à caractère ethnique doivent
Ces principes sont soutenus dans diverses allouer un minimum de temps à la programmation Pour une représentation équitable,
politiques et mesures, notamment : à caractère ethnique et en langues tierces. Les représentative et inclusive
¡ l
a politique télévisuelle au Canada : Misons radiodiffuseurs à caractère ethnique doivent aussi Toutefois, la responsabilité de présenter des
sur nos succès. Cette politique précise que le rendre compte des questions et des préoccupa- personnes de diverses cultures n’incombe pas
système devrait être un miroir dans lequel tous tions propres à leur collectivité. seulement aux radiodiffuseurs autochtones et à Une contribution de
les Canadiens peuvent se voir représentés de caractère ethnique. Les Canadiens de toutes origines Nanao Kachi, A/Director
façon juste, équitable et non stéréotypée. Elle Dans ce contexte, le CRTC réévalue régulièrement et les personnes handicapées devraient aussi être Social and Consumer
ajoute que le système de radiodiffusion devrait sa politique sur l’octroi de licences pour ces services représentés dans les émissions de télévision et de Policy au CRTC
32
un cadre légal
Petit lexique
Radiotélédiffusion autochtone : les radios ou
télévisions communautaires autochtones diffusent
au niveau national ou local, des programmes
audiovisuels produits par les différentes commu-
nautés amérindiennes qui composent le Canada,
notamment les Indiens, Inuit et Métis (« peuples
radio grand public. Ce qui a débuté en 2001 comme Pour s’assurer que tous les Canadiens ont accès aux autochtones »). Ces émissions qui reflètent la
une étude sur la présence et la représentation des émissions, le CRTC s’est doté d’une politique sur diversité des cultures autochtones ont lieu dans les
minorités visibles, des peuples autochtones et des l’accessibilité qui établit des lignes directrices en langues propres ou non de ces communautés. Elles
personnes handicapées au Canada, menée par matière de sous-titrage codé pour malentendants peuvent leur être directement destinées ou viser un
plus large public (comme APTN).
l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ARC) ainsi que de description audio et vidéo pour divers
à la demande du CRTC, s’est traduit aujourd’hui par services de radiodiffusion. The Accessible Channel
Radiodiffusion à caractère ethnique : une émission
des gestes concrets à l’échelle de l’industrie en vue (service télévisuel d’AMI) est une chaîne exemplaire à caractère ethnique est une émission, diffusée
d’accroître la participation et la représentation dans qui offre une programmation variée 24 heures sur dans une langue donnée, s’adressant directement à
les émissions grand public. L’objectif étant d’instau- 24 : films, séries, émissions spéciales, actualités, émis- un groupe à caractéristiques culturelles ou raciales
rer un système de radiodiffusion qui reflète vraiment sions originales dans des formats accessibles. Tous distinctes, autres que celles du Canada autochtone,
ou encore de la France ou des îles Britanniques.
la diversité du Canada. les distributeurs comptant plus de 2 000 abonnés
Les émissions à caractère ethnique peuvent être en
sont tenus d’offrir The Accessible Channel dans leur anglais, en français, dans une langue tierce ou une
En outre, en mars 2008, le CRTC a approuvé le forfait de base. combinaison de langues.
nouveau Code d’autoréglementation de l’ARC
visant à accroître la représentation des minorités Enfin, depuis 2001, les télédiffuseurs sont aussi tenus Langues tierces : il s’agit des langues qui, outre le
visibles, des peuples autochtones et des per- de dresser un plan d’entreprise visant à accroître français et/ou l’anglais, sont parlées par certaines
communautés ou minorités visibles du Canada.
sonnes handicapées, lequel s’intitule Code sur la diversité culturelle dans toutes leurs activités, en
la représentation équitable. L’obligation de s’y s’engageant notamment à rendre des comptes, à
Minorités visibles : les minorités visibles corres-
conformer est devenue une condition pour l’obten- refléter la diversité dans leurs émissions et à solliciter pondent à la définition que l’on trouve dans la Loi
tion d’une licence de service de télévision et de l’avis des collectivités. Pour lui permettre d’évaluer canadienne sur l’équité en matière d’emploi. Il s’agit
radio. En approuvant le Code sur la représentation les progrès réalisés, le CRTC exige des titulaires de de personnes, autres que les autochtones, qui ne
équitable, le CRTC en a fait une nouvelle norme services de télévision qu’ils déposent un rapport sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau
blanche. Il s’agit de Chinois, de Sud-Asiatiques,
importante pour la représentation équitable de annuel décrivant les progrès réalisés dans l’atteinte
de Noirs, de Philippins, de Latino-Américains,
tous les groupes identifiables. Les Canadiens sont de ces objectifs. Ces rapports peuvent être consultés d’Asiatiques du Sud-Est, d’Arabes, d’Asiatiques
mieux servis par ce nouveau code de conduite en tout temps sur le site web du CRTC. occidentaux, de Japonais, de Coréens et d’autres
imposé aux radiodiffuseurs canadiens car il minorités visibles et de minorités visibles multiples.
établit des normes communes qui préviennent la En 2007, dans le cadre de l’examen de la politique
représentation négative ou préjudiciable. En assu- sur la radio commerciale, les radiodiffuseurs privés se Représentation équitable : terme issu du Code sur
la représentation équitable qui vise à assurer une
jettissant à ce code toutes les émissions diffusées sont engagés à satisfaire à des exigences semblables
représentation équitable des groupes identifiables
par les radiodiffuseurs canadiens, le CRTC vise à afin de rendre leur secteur plus inclusif et plus repré- et qui s’applique relativement à plusieurs dimensions
promouvoir un système de radiodiffusion équi- sentatif. Plus particulièrement, ils sont maintenant de la représentation de la diversité à la télévision :
table, représentatif et inclusif qui offre à tous les tenus de suivre les Pratiques exemplaires en matière droits de la personne, représentations négatives,
publics des émissions d’information, de divertis- de diversité à la radio privée recommandées par stéréotypes, stigmatisation et victimisation, dérision
des mythes, des traditions ou des pratiques, contenu
sement et éducatives qui appuient les objectifs de l’ARC et approuvées par le CRTC. Les grands exploi-
dégradant, exploitation, langage et terminologie.
multiculturalisme de la Loi. tants de la radio commerciale doivent soumettre
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un cadre légal
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d’ici
un cadre légal
© CSA
Plusieurs modes de représentation de la diversité de leur choix. Il y a ainsi 70 ou 80 collaborateurs
culturelle ont été mis en œuvre au sein de RTC qui tournent au sein de la radio. » L’auditeur est Jean-Louis Radoux
Télé-Liège. « À l’origine, les expériences cana- donc mobilisé dans les activités de la station et de
diennes, avec des conceptions telles que le canal nombreuses associations font appel à elle pour
ouvert qui consistait en la mise à disposition de relayer leurs animations. « Nous ne sommes pas des communauté. Celui qui vient d’une communauté qui
créneaux horaires pour tous, avaient été prises professionnels du média. Nous vivons la radio plus n’est pas directement représentée par une chaîne
pour modèle. Toutes les communautés pouvaient comme un outil d’expression qui soit le plus proche satellitaire peut aller chercher de l’information sur
donc venir s’exprimer ». Cependant, il n’y a pas eu possible de nos attentes et inquiétudes ». le Web. Les communautés se sont déplacées du
d’appropriations spontanées, bien que l’évolution média télévision ou radio vers d’autres supports ».
du matériel le favorisait. « À part une démarche L’évolution des supports Si le public n’est plus demandeur, du moins plus
proactive de la chaîne qui, dans ses programmes, À l’heure actuelle, Jean-Louis Radoux se ques- autant, ce serait en raison de l’existence de ces
veille à assurer la diversité, la simple ouverture à tionne sur la pertinence de l’ouverture de créneaux autres canaux. Les sources d’approvisionnement
la diversité ne fonctionne pas. Il faut qu’il y ait une horaires à des communautés spécifiques. « C’est ayant changé, la question ne devrait plus se poser
Un entretien avec dynamique, une attitude volontariste derrière ». Ce sans doute une idée qui, à la limite, n’a plus sa place de la même façon.
Jean-Louis Radoux manque de demandes de coopération, Jean-Louis aujourd’hui. À l’époque du satellite et d’Internet,
(directeur RTC Radoux le déplore tant au sein des communautés ça n’a plus beaucoup de sens. Sur Liège, je voulais Cependant, le constat est différent au sein de Radio
Télé-Liège) et ethniques que dans le chef d’autres minorités, faire une émission pour les différentes commu- Alma qui émet en cinq langues (en français, espa-
José-Manuel comme les organismes représentant les personnes nautés arabes, mais elles regardent Canal Al gnol, italien, grec et portugais). Celle-ci se veut
Martinez Ferreira sourdes et muettes. « Nous pourrions faire le pas de Jazeera qui a une diversité plus grande et d’autres pluraliste, indépendante et s’efforce d’offrir une
(président Radio Alma) la technique et eux, le pas de la connaissance du moyens. Chacun peut davantage s’approprier sa programmation riche en diversité culturelle.
35
un cadre légal
José Manuel Martinez Ferreira insiste, lui, sur le Tout en s’interrogeant sur la pertinence de certains
besoin, aujourd’hui encore, pour diverses commu- dispositifs actuels, la chaîne de télévision locale lié-
nautés européennes vivant à Bruxelles de s’identifier geoise veille pour sa part à assurer la présence de la
culturellement. Les communautés provenant du nord diversité. Travaillant essentiellement comme média
de la Méditerranée s’y sont installées dans les années d’information, le critère d’accessibilité en matière
soixante. Et bien que parfaitement adaptées à la vie de diversité se fonde à présent sur la communica-
du pays d’accueil, il n’en reste pas moins, d’après tion qui est faite des différentes actions menées.
José Manuel Martinez Ferreira, espagnol de souche, « À partir du moment où le stade de la communi-
une impression de « malaise » au sein des générations cation de base est passée, il y a une accessibilité
successives, dû à un sentiment de déracinement. De et une égalité de traitement qu’on porte d’une
là, perdure la nécessité de diffuser des informations communauté à une autre. Si la représentation de la
locales en espagnol, par exemple. C’est la société et diversité, notamment sociale, est forte, comme cer-
la culture belges qui se donnent ainsi à connaître par taines études ont pu le démontrer, c’est sans doute intéressant pour pouvoir se situer par rapport au
ces émissions multilingues. en raison du phénomène de proximité ». Il ne serait reste des initiatives et appréhender la radio telle
donc pas ici question d’une politique délibérée, qu’elle existe aujourd’hui ».
Pratiques exemplaires … mais plutôt d’une politique de fait qui, conjuguée
Le président de la Radio Alma expose les axes au critère de proximité, donne lieu à des résultats Pour le directeur de RTC Télé Liège, « L’imposition
principaux de cette radio qui se veut alternative : exemplaires. qui est faite aux transporteurs de signaux de véhi-
« Promouvoir l’identité culturelle de chacune de culer la diversité et non de sélectionner en fonction
ces communautés en suscitant auprès des audi- … et quid des demandes ? de ce qu’ils considèrent comme étant plus porteurs
teurs bruxellois un intérêt pour les autres cultures Jean-Louis Radoux revient sur certaines mesures pour leur chaîne, ça je suis tout à fait d’accord !
européennes ; favoriser, par cet esprit d’ouverture, de l’article du CRTC, et particulièrement, sur l’idée C’est comme ça que la diversité pourra être
la prise de conscience d’un patrimoine culturel com- de rapports concernant les pratiques en matière de rencontrée. Mais fabriquer de la diversité à l’inté-
mun et de ce fait, renforcer l’esprit de citoyenneté diversité. Selon lui, il serait plus pertinent que ce rieur de chaque chaîne, c’est une démarche très
européenne ». Pour ce dernier, c’est par l’impor- soit des organismes externes, tels que des univer- coûteuse et qui ne sera pas forcément porteuse ».
tance du bénévolat, la garantie d’une diversité sités ou le CSA, qui se chargent de ces analyses. Au-delà des moyens, les éléments de la diversité
sociale au sein des équipes et une vigilance à D’une part, ce ne devrait pas être à celui sur qui se modifient et se complexifient à mesure que l’on
éviter les replis ethniques que Radio Alma vise une la recommandation va peser de faire le travail de descend vers le local. « Il y a différents types de
représentation juste, équitable et non stéréotypée. l’analyse. D’autre part, un même point de vue d’ana- Wallons, de communautés immigrées à Liège… et
Ses projets sont construits en sollicitant l’avis des lyste sur différentes périodes donnerait une vue qui ne sont pas celles de Verviers ou Charleroi. Plus
collectivités. « Le fait que l’on soit ouvert à tout type beaucoup plus parlante. Un point de vue qui rejoint vous descendez, plus vous vous retrouverez face
de projet permet que les idées présentées dans le leur demande de simplification administrative. La à un particularisme qui sera tel que ça deviendra
cadre des nouvelles émissions soient en accord avec réaction du président de la radio communautaire impraticable ». Des éléments de fait à corréler
l’attente du public, puisque c’est précisément le bruxelloise face à cette proposition canadienne est avec la question de la mise en place de certaines
public qui vient à la radio pour faire des émissions ». toute autre. « Faire un état des lieux est toujours demandes (ou contraintes) légales. ¢
36
Partie 3
Des modes de régulation diversifiés
Autorégulation
Corégulation
Régulation par la stimulation et l’accompagnement
d’ailleurs
autorégulation
Les recherches les plus récentes1 qui ont confirment la capacité accrue de ce média à se (immigrés non régularisés), qui ont une connotation
trait à l’image des migrants dans les médias focaliser sur une pluralité d’enjeux. Cependant, ces extrêmement négative, persistent au sein des ser-
mettent en avant un ensemble de questions données soulignent également que la couverture vices, des articles et même au sein des titres.
persistantes et problématiques, telles que des migrations peut être compatible avec « l’échelle
la surreprésentation des migrants dans les de temps propre à l’information ». Une évolution favorable
articles relatant des faits divers criminels, un Cet ensemble de données encourageantes semble
nombre limité de personnes-ressources pour Ensuite, selon le rapport de l’Observatoire euro- témoigner de l’impact des activités initiées par la
faire état des enjeux liés aux migrations, voire péen de la Sécurité3, la « peur de l’étranger » a Charte de Rome5 – un code définissant des lignes
même l’emploi d’une terminologie inappro- significativement diminué au cours de ces dernières de conduite relatives à la couverture médiatique
priée, superficielle ou déformée pour traiter années en dépit d’une constante surreprésentation de la question des migrants, demandeurs d’asile,
des migrants. Néanmoins, ces différentes des migrants dans les rubriques consacrées aux réfugiés et victimes de la traite des êtres humains
recherches mettent également en relief de crimes en regard de la médiatisation de la crimi- – adoptée par le Conseil national de l’Associa-
nouvelles tendances positives dans les médias nalité autochtone. Sur l’échelle de l’insécurité, le tion des journalistes professionnels (Consiglio
italiens qui méritent d’être analysées. sentiment d’insécurité économique prédomine sur Nazionale dell’Ordine dei Giornalisti, CNOG) et
la peur de la criminalité. En outre, le pourcentage la Fédération nationale de la presse italienne
La manière dont les médias décrivent les migrants de ceux qui pensent que l’immigration est liée à (Federazione Nazionale della Stampa Italiana,
exerce un impact significatif sur les images, atti- l’insécurité a diminué (29%) en comparaison avec FNSI). Cette Charte, élaborée en collaboration
tudes et opinions de la population à leur sujet, mais les données antérieures, particulièrement celles de
aussi sur la manière dont ces migrants s’auto-repré- l’année 2007 (51%). Il s’agit d’une avancée notable
sentent. Tout d’abord, l’enquête « Mister Media au vu de la tendance persistante de la télévision
– L’image des minorités sur les chaînes nationales italienne à couvrir les affaires criminelles de manière
de radio et de télévision en Italie »2, réalisée par très saillante (elles représentent 55% des informa-
le « Centro d’Ascolto radio-televisivo » en collabo- tions en prime time), témoignant de la difficulté des
ration avec le Département de Communication médias italiens à refléter adéquatement la réalité.
et de Recherche sociale de l’Université Sapienza
(Rome), a montré une différence significative entre Une recherche conduite par le Département de
télévisions et stations radios, non seulement du Communication et de Recherche sociale de l’Univer-
point de vue du traitement, mais aussi de l’espace sité Sapienza sur le traitement médiatique des flux
qu’elles consacrent aux enjeux des migrations. de migrants à Lampedusa (entre février et avril 2011)4
© Redattore Sociale
Une contribution Lorsque les radios traitent de ces enjeux, elles montre par ailleurs des signaux encourageants du
d’Anna Meli, offrent un plus large spectre de représentations. point de vue des usages terminologiques et lexicaux.
pour l’Association Elles tendent en effet à dépasser le cadre de l’infor- Par exemple, le terme « migrant » se substitue sou-
de la Charte de Rome mation générale pour considérer les dimensions vent au terme « immigré », le syntagme « personnes
(Associazione Carta sociales, économiques et culturelles des migrations déplacées et réfugiées » est utilisé plus largement.
Anna Meli
di Roma – ACR) via des analyses approfondies. Les données radio Toutefois, certains termes tels que « clandestins »
39
autorégulation
avec l’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés expérience pilote pour le journalisme italien. Le
(UNHCR), est entrée en vigueur en juin 2008. Les travail mené sur la Charte de Rome a également été
trois promoteurs de la Charte, en collaboration alimenté par l’ANSI – l’Association nationale de la
40
d’ici
autorégulation
La Charte de Rome est un exemple original propos des migrants, alors qu’il ne s’agit jamais
de partenariat entre associations de journa- que de l’application des règles générales pour la
listes et associations œuvrant à l’intégration pratique du journalisme ? Cela étant, si les règles
interculturelle. Nathalie Caprioli, journaliste du journalisme me semblent suffisantes, cela ne
au Centre bruxellois d’Action interculturelle veut pas dire qu’elles sont appliquées. Et ce genre
(CBAI) et chargée de cours à l’Ihecs, et de démarche peut œuvrer comme une piqûre de
André Linard, secrétaire général du Conseil rappel pour les journalistes.
de déontologie journalistique (CDJ), passent
l’expérience et ses potentielles déclinaisons en NC : Je suis d’accord que cette Charte peut être
revue. Indispensable, mais déjà vu ? comprise sous forme de piqûre de rappel, mais
je crois qu’elle amène aussi quelques éléments
Que pensez-vous de cette Charte de Rome ? nouveaux. Notamment au niveau de la formation
© Massimo Bortolini
chargée de cours ce texte ressemblait aux Recommandations pour à la rencontre des publics dont on parle. Il faut
à l’Ihecs, et l’information relative aux allochtones, publiées par se donner des clés de lecture pour apprendre à
André Linard, l’Association générale des Journalistes profession- questionner les nouveaux phénomènes liés à la
secrétaire général du nels de Belgique (AGJPB), en 1994. Je me pose diversité. Et à ce niveau, il faut pouvoir diversi-
Conseil de déontologie dès lors la question suivante : est-il nécessaire fier ses sources, s’appuyer par exemple sur des
Nathalie Caprioli
journalistique d’exprimer ces idées de manière spécifique à recherches académiques qui demeurent parfois
41
autorégulation
trop confidentielles, tout en restant critique quant On doit pouvoir mesurer les conséquences du choix
à leurs commanditaires. Tout cela demande du d’une photo, d’un titre, de l’angle dans le traitement
temps. de l’information, etc.
© Nathanaël Faure
AL : La décentration, la mise à distance, c’est la AL : Les recommandations de l’AGJPB pour l’infor-
base du travail du journaliste, quel que soit le sujet mation relative aux allochtones, adoptées en 1994,
qu’il aborde. mentionnent d’ailleurs la responsabilité sociale
de leur travail, ce qui signifie que les journalistes
Intégrer des cours sur la diversité dans les médias à la formation des journalistes
NC : Sauf qu’on remarque tout de même que la doivent se poser la question des conséquences
reconnaissance de l’autre dans sa diversité ne s’im- que peut avoir le fait de diffuser telle information
pose pas d’emblée, surtout lorsqu’on a grandi dans ou de la diffuser de telle manière. Mais il faut
une ambiance d’« ethnosatisfaction ». Dans le cours aussi avoir conscience que le journaliste n’est pas intéressant d’envisager des collaborations, le tout
sur « La diversité dans les médias » que j’enseigne à socialement responsable de tous les effets de est de savoir jusqu’à quel point. Au niveau de la
des étudiants en journalisme, certains d’entre eux l’information qu’il diffuse. connaissance, c’est indispensable. Si cela devient
affirmaient qu’en premier master, ils n’avaient plus de la régulation du travail des journalistes, c’est plus
de préjugés. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est Un autre aspect original de la Charte de problématique.
que le préjugé n’est pas un problème en soi, parce Rome réside dans son application qui
qu’il est à la base de la communication. Il devient un est le résultat d’une collaboration entre Comment faire évoluer concrètement les
problème à partir du moment où il nous fait glisser associations de journalistes et associations pratiques journalistiques dans le domaine ?
vers le stéréotype et la discrimination. travaillant dans le domaine de l’intégration AL : Les recommandations de l’AGJPB ont été le
ou de l’interculturalité. Une démarche fruit d’un travail avec la Fondation Roi Baudouin qui,
AL : Il est vrai que la pratique journalistique peut intéressante ? je suppose, était elle-même en contact avec bon
poser question dans le cas précis du traitement de AL : S’il s’agit de mieux connaître les réalités sur nombre d’associations. Quand je dis qu’il ne faut
l’information lié aux phénomènes migratoires, où lesquelles travaillent les journalistes, ça passe pas trop de régulation, cela ne veut pas dire que
la prise de distance est plus compliquée que dans aussi par le contact avec les gens dont c’est les journalistes ont le droit de faire n’importe quoi.
d’autres domaines. Et la contrainte de temps joue l’activité permanente. Mais une collaboration, Mais c’est un domaine où il est plus important de
ici un rôle, tout comme la tendance perçue de vou- dans un domaine particulier, entre le monde s’autoréguler.
loir accroître les ventes par des informations chocs, associatif et les journalistes ne doit pas mener à
qui sont contradictoires avec l’information de qua- ce que le monde associatif dicte aux journalistes NC : Personnellement, je suis partisane du fait que
lité, notamment parce qu’on simplifie à l’extrême. comment ceux-ci doivent travailler sur un terrain les médias « grand public » puissent se tourner
On joue sur la sensibilité du public. précis, ou dans un but précis qui serait celui de vers les médias de la diversité, à savoir plus de 80
ces associations. médias en Belgique francophone, fondés et animés
NC : Voilà pourquoi je trouve que la Charte de par des personnes issues de l’immigration ou
Rome est intéressante car elle invite le journaliste à La presse est toujours un contre-pouvoir, y com- appartenant à une communauté issue de l’immi-
réfléchir aux conséquences de tels comportements. pris par rapport au monde associatif. Donc, s’il est gration. Tout d’abord parce que c’est une façon de
42
autorégulation
© Aywa
AL : Je crois effectivement que c’est indispensable.
Comme il est indispensable de bien connaître les Le magazine bruxellois Aywa met en avant la diversité culturelle de la capitale, sur le thème du travail et de l’entreprise
sujets sur lesquels on travaille et pas seulement
lorsqu’on produit au jour le jour un papier ou un
reportage.
des glossaires terminologiques. Par ailleurs, le CDJ NC : Valorisons en effet ce qui existe déjà et pour
NC : Le mélange des genres peut aussi être une reçoit des plaintes qui peuvent faire l’objet d’une cela il faut une volonté plus marquée des directions
voie. Comme cette initiative suédoise d’encar- prise de position de notre part sur un sujet précis. et des chefs de rédaction de donner des formations
ter ce journal de la diversité « Gringo », une fois Il est en contact permanent avec les rédactions. aux journalistes. Ce métier est l’un des rares à ne pas
par semaine, dans les pages du quotidien gratuit On a développé de nouvelles approches face à des avoir de plages de recyclage ou d’éducation perma-
« Métro ». C’est un partenariat win-win, où le lecteur phénomènes nouveaux comme la façon dont les nente. Le Conseil de l’Europe et l’Union Européenne
est confronté à une réalité différente ou à deux gens s’expriment dans les médias en ligne. Je ne ont développé des outils destinés à identifier les
façons de voir une même réalité. crois donc pas qu’il faille encore créer de nouveaux bonnes et les mauvaises pratiques. J’aimerais
outils. connaître le nombre de rédactions qui, à Bruxelles,
La question, face aux efforts à faire, aux tirent profit de ces outils. Alors qu’il suffirait d’une
lacunes à combler, aux initiatives à encourager, L’Association de la Charte fonctionne comme après-midi de formation pour amorcer une réflexion
est de savoir comment agir concrètement un point de référence sur les questions constructive sur les pratiques des journalistes.
pour arriver à une amélioration du traitement liées au traitement de la diversité dans
de la diversité dans l’information. Est-ce l’information… Faut-il attendre la seule volonté des
qu’une démarche autorégulatoire, spécifique, AL : Il s’agit de mieux appliquer et de mieux rédactions ?
pourrait être prise dans le contexte belge ? valoriser ce qui existe déjà. Ce qui peut prendre AL : C’est une dynamique. On ne dégagera pas
AL : Je crois en tout cas qu’on n’a pas besoin de effectivement des modalités différentes. de temps et de moyens pour une formation dans
nouveaux textes parce qu’il y en a déjà, qu’ils ne De la même façon que l’on a imaginé un site une rédaction s’il n’y a pas la conviction que c’est
sont pas dépassés, et qu’il « suffit » de les appliquer. « Presse – Justice », l’on pourrait imaginer un site nécessaire. La décision vient des rédactions, mais
Et ce, en rappelant leur existence aux journalistes, « Presse – Diversité » où seraient rassemblés des l’incitation peut parfois venir d’une impulsion
mais aussi en les aidant avec certains outils comme outils pertinents. extérieure. ¢
43
d’ailleurs
Corégulation
Approuvé en 2008 par le Conseil de la radiodif- rend, en 1986, un avis où il enjoint l’Association être décrits d’un œil juste et impartial aux plans
fusion et des télécommunications canadiennes canadienne des radiodiffuseurs (ACR) à revoir ses de l’âge, de l’état civil, de la race, des origines
(CRTC), le Code sur la représentation équitable lignes directrices. Les principaux points d’achop- ethnoculturelles, de l’apparence physique, des
constitue un outil unique en matière de repré- pement résidaient dans la concrétisation, par l’ACR tendances sexuelles, du milieu et de la religion,
sentation de la diversité à la télévision. Élaboré et ses membres, de mécanismes de lutte contre les de l’occupation, de la condition économique, des
et appliqué par l’Association canadienne des stéréotypes sexuels. loisirs et intérêts. Les radiotélédiffuseurs devraient
radiodiffuseurs (ACR) – représentant plus de également refléter dans leurs émissions le rôle et
700 radios et télévisions privées –, ce code De la lutte contre les stéréotypes l’apport des handicapés, des déficients mentaux et
s’avère intéressant pour l’historique de sa sexuels à une représentation des mésadaptés mentaux ».
conception, son processus de validation ainsi équitable en télévision
que sa concrétisation. Si l’approbation par À la suite de plusieurs échanges entre CRTC et C’est probablement afin d’approfondir et préciser
le CRTC marque le début officiel de la vie ACR, ainsi que de consultations publiques, le CRTC cette dimension de diversité, mais aussi et surtout
du Code sur la représentation équitable, il avalisait finalement en 1990 le Code d’application parce que le Canada, en dehors de l’importante
s’agit plutôt pour lui d’une nouvelle vie, en concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la « question » autochtone, a toujours été un pays
redéployant l’héritage du Code d’application télévision de l’ACR. Ce code visait à ce que les dif- d’immigration2 – avec une intensification au cours
concernant les stéréotypes sexuels à la radio et fuseurs essaient de « présenter dans leurs émissions des dernières décennies – que le CRTC deman-
à la télévision de 1990 à l’ensemble des minori- et leurs messages publicitaires, un nombre propor- dait aux radiodiffuseurs privés d’élaborer un plan
tés visibles au Canada. tionnel d’hommes et de femmes » et que « l’image d’action portant sur la représentation de la diver-
véhiculée par la radiotélévision [soit] comparable à sité culturelle du Canada à la télévision. Le Conseil
Tout commence en 1979, lorsque, dans la conti- la réalité et [reflète] véritablement les réalisations, demandait également à l’industrie de mettre sur
nuité d’un plan d’action national « Femmes en voie l’apport, les intérêts et les activités mondaines et pied un groupe de travail chargé d’accompagner
d’égalité » du gouvernement fédéral, le CRTC prend professionnelles des hommes et des femmes »1. Ces cette initiative. Parrainé par l’ACR, le rapport
l’initiative de constituer un groupe de travail ayant objectifs devaient s’appliquer aussi bien dans la du groupe de travail « À l’image des Canadiens.
pour mission d’élaborer des lignes directrices pour conception des grilles-horaires, dans l’évaluation des Pratiques exemplaires pour la diversité culturelle à
favoriser l’élimination des stéréotypes fondés sur réalisations d’une station que dans le traitement des la télévision privée » de 2004 n’a pas manqué de
le sexe dans les médias de radiodiffusion. Trois plaintes éventuellement reçues, afin de lutter contre souligner les enjeux que posent l’intégration et la
ans plus tard, et après de larges consultations, ce des présentations péjoratives ou partiales et des dis- représentation de la diversité dans les médias : « Le
groupe de travail publie un rapport qui recom- criminations systématiques, notamment en adoptant Canada a […] connu des changements importants
mande, entre autres, l’établissement d’une période à l’antenne un langage neutre et non sexiste. en ce qui a trait à sa population et aux origines de
d’autoréglementation, évaluée par un groupe son peuple. Depuis ses racines autochtones […] le
ad hoc investi par le CRTC. Après plusieurs années La portée de ce code voulait également dépasser la Canada s’est transformé en l’un des pays les plus Un article rédigé
de discussions et d’analyses – le CRTC commandera seule, mais non moins cruciale, dimension d’égalité diversifiés. La diversité ethnoculturelle du Canada à partir d’informations
en 1984 une étude exhaustive de la représenta- hommes-femmes, en précisant que les émissions est une force sociale et politique »3 . Mais aussi de fournies par le
tion sexuelle de la femme et de l’homme dans le devaient donner une vue panoramique de la société présenter l’opportunité économique d’une telle régulateur canadien,
système de radiodiffusion canadienne –, ce dernier canadienne : « Les hommes et les femmes doivent représentation : « […] la diversité culturelle sur scène le CRTC.
44
Corégulation
Outre le bénéfice évident tiré par l’adoption d’une Moyen Orient 81% 14% 4%
45
Corégulation
46
d’ici
Corégulation
Avant de faire l’objet d’une quelconque codi- afin qu’elles puissent à long terme embrasser des
fication, l’appréhension de la diversité sur nos postes à responsabilité.
écrans doit d’abord passer par une réflexion
sociétale profonde sur notre modèle d’inté- Vous évoquez le besoin de réflexion en
gration et prendre en compte la réalité des profondeur, de maturité des médias et de
marchés. la société à penser la diversité. Est-ce une
difficulté en Belgique francophone ?
Que pensez-vous de ce projet de Code sur la Il faut bien distinguer le contexte canadien du
représentation équitable ? contexte belge francophone. Il n’y a chez nous que
C’est une démarche intéressante. Mais il est deux médias qui peuvent déployer des moyens en
nécessaire de bien comparer les situations dans termes de productions propres, par exemple. Et en
lesquelles peut émerger une démarche autorégu- matière en diversité, chacun fonctionne dans son
latoire, comme celle du Code sur la représentation coin sans qu’on ait la possibilité d’avoir des discus-
équitable, dans le cadre d’une réflexion globale sions communes à ce sujet.
sur le développement des médias. Est-ce que ce
code s’insère dans un contexte de maturité des L’ACR s’est justement posée en tant qu’espace
médias, comme un élément supplémentaire à un de dialogue entre les éditeurs pour la
© RTL
secteur stabilisé ? Il faut ici envisager les médias réflexion et l’élaboration de ce Code. Faut-il
comme un reflet de la société et s’interroger sur la (re)construire un tel espace en Belgique ? Stéphane Rosenblatt
capacité de cette société à poser la question de On est tout à fait ouvert à la réflexion, du moment
la diversité. À-t-on affaire à une société apaisée que celle-ci ne se traduise pas par une codification
à ce sujet ? Ou sommes-nous plutôt en présence contraignante car il faut bien gérer la réalité prag- habitudes de consommation des téléspectateurs.
d’une situation de rupture ? Il s’agit d’aller beau- matique des marchés en Belgique francophone, et Là où au Canada ou aux Etats-Unis, les différentes
coup plus loin dans la réflexion. Cependant, cela prendre aussi en compte l’ensemble des acteurs du communautés constitutives vont regarder ou
n’enlève rien au fait qu’il y a des efforts à faire à secteur, comme les écoles de journalisme, le mar- écouter des programmes communautaires produits
notre niveau, qu’il y a une bonne volonté et une ché du travail, etc. Je ne pense pas qu’une politique sur place, ici en Belgique, une grande partie des
prise de conscience à construire. À RTL, nous avons de quotas, par exemple, soit la solution. communautés issues de l’immigration regardent les
réfléchi à un règlement interne à ce sujet. Car je programmes de chaînes satellitaires venus de leur
crois qu’il s’agit aussi d’une philosophie d’entreprise Le rapport met en évidence l’opportunité pays d’origine via leur parabole. Je crois donc qu’il
qui, dans le long terme, doit porter ses fruits. Cela économique qu’il y aurait à s’ouvrir à la faut bien prendre en compte le contexte particu-
Entretien avec se vérifie par exemple au niveau de l’équité entre diversité. Avez-vous eu ce type de réflexion ? lier dans lequel les médias belges francophones
Stéphane Rosenblatt, hommes et femmes à tous les niveaux décisionnels. On revient à ce que je disais plus haut, à savoir opèrent. Ce qui ne signifie pas que nous n’avons
directeur des Cela peut passer par des mesures contraignantes, qu’il faut prendre en compte la réalité sociale du pas d’énormes chantiers de discussion devant nous.
programmes mais il serait peut-être plus judicieux d’intégrer un dialogue interculturel en Belgique, de son modèle Le chemin est encore long pour l’appréhension de
de RTL-TVi nombre plus important de femmes dans les effectifs d’intégration. Il faut aussi prendre en compte les la diversité sur nos écrans. ¢
47
d’ailleurs
régulation par la stimulation et l’accompagnement
CSA français : une mission « Diversité » basée sur des initiatives structurées
En vertu de l’article 3-1 de la loi du 30 d’améliorations possibles. Créé en mars 2008, entreprise à mettre en œuvre une gestion des
septembre 1986 relative à la liberté de l’Observatoire de la diversité, que président les ressources humaines centrée sur la reconnaissance
communication, le Conseil supérieur de conseillers Rachid Arhab et Alain Méar1, a été le lieu et la valorisation des compétences individuelles, à
l’audiovisuel (CSA) français veille à ce que la privilégié pour déterminer les points de blocage sensibiliser l’ensemble du personnel sur les bienfaits
programmation des services de communica- empêchant une meilleure représentation de la de la diversité et à former les responsables de
tion reflète la diversité de la société française. diversité de la société française à la télévision et rédaction et de programmation à la lutte contre les
Afin de mener à bien cette mission, qui lui pour envisager des leviers d’action. La force de discriminations et les stéréotypes.
semble essentielle, le Conseil s’est doté l’Observatoire tient à la diversité des membres qui
d’outils permettant de suivre les actions en le composent, à leur détermination et à leur impli- Dans son troisième rapport au Parlement, présenté
faveur de la diversité dans le domaine de cation dans ses travaux. en janvier 2013, le Conseil met en avant la prise
l’audiovisuel. en compte de la diversité dans les politiques de
Cet Observatoire associe des professionnels répu- gestion des ressources humaines des groupes TF1,
Le CSA français ausculte de près les actions mises tés dont l’engagement en faveur de la diversité est France Télévisions et M6 :
en œuvre par les éditeurs de services de télévi- connu et des représentants d’organismes publics
sion en matière de diversité. Il a ainsi conçu et fait qui mènent des actions en faveur de la promotion Le Conseil constate avec satisfaction que le
¡
réaliser un baromètre bisannuel destiné à évaluer la de la diversité et de lutte contre les discriminations : groupe TF1, qui a obtenu dès la fin de l’année
perception de la diversité à la télévision. À la suite Hervé Bourges, Anne Debet, Jacques Martial, 2010 le label Diversité de l’AFNOR, a poursuivi et
de premiers constats préoccupants émanant de Lydia Meziani, Marie-Hélène Mitjavile, Eric Molinié, développé une politique globale et cohérente en
ce baromètre, le Conseil a adopté, le 10 novembre Marie-France Picart. Depuis une modification de faveur de la promotion de la diversité. Le groupe
2009, une délibération tendant à favoriser la repré- la loi du 30 septembre 1986 en 2009, le Conseil a appréhendé le label non comme une finalité,
sentation de la diversité de la société française dans remet chaque année au Parlement un rapport sur la mais comme le moyen d’inscrire ses engage-
les programmes des chaînes nationales hertziennes représentation de la diversité à la télévision assorti ments dans un processus d’amélioration continue.
gratuites et de Canal+. L’objectif du Conseil consis- de préconisations. Le groupe TF1 déclare ainsi être conscient de
tait à provoquer, chez les éditeurs, une démarche sa responsabilité sociale et considère que ses
volontariste fondée sur des engagements formels La prise en compte de la collaborateurs doivent être à l’image de la société
pris annuellement. Le texte établit donc le cadre diversité dans la gestion française parce qu’ils concourent au reflet de la
des engagements que chaque éditeur doit prendre des ressources humaines diversité dans les contenus audiovisuels. Un plan Une contribution de
auprès du Conseil, et fixe les modalités du suivi Dans son deuxième rapport au Parlement, publié ambitieux et ciblé de formations à la diversité des Rachid Arhab et
exercé par ce dernier. en juillet 2011, le Conseil avait souligné la néces- différentes catégories de personnels du groupe Alain Méar,
sité pour les entreprises audiovisuelles de mieux a été mis en place : formation à destination des membres du CSA
Le CSA s’est également doté d’un Observatoire refléter, dans leurs effectifs, la diversité de la et respectivement
de la diversité qui lui permet de fonder son action population française pour que cela ait un effet 1. Rachid Arhab et Alain Méar étaient conseillers du CSA président et
sur une approche globale, caractérisée par une mécanique immédiat sur les effectifs présents dans français jusqu’en janvier 2013. Le CSA est renouvelé co-président de
par tiers tous les deux ans. Les membres disposent
collaboration étroite avec l’ensemble des acteurs les programmes et sur les thèmes abordés dans les d’un mandat de six ans non renouvelable.
l’Observatoire
et une réflexion continue sur les perspectives émissions. Le Conseil encourageait alors chaque Voir www.csa.fr/Le-CSA/Presentation-du-Conseil/Le-College de la diversité
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régulation par la stimulation et l’accompagnement
managers (« La diversité : un enjeu de perfor- avant la fin de l’année 2013. Le Conseil a apprécié
mance », à destination des représentants du que dans cette perspective, un état des lieux ait
personnel, « Un enjeu pour le dialogue social », été entrepris dès 2011, et qu’une direction de la
à destination des journalistes, monteurs et responsabilité sociétale et environnementale ait
documentalistes, « La diversité dans les JT et les été créée. Cette direction a pour mission de struc-
magazines : refléter la société française »…). En turer les engagements de France Télévisions à la
2011 et 2012, le groupe TF1 a également mis en fois comme entreprise citoyenne et comme média
œuvre ou poursuivi plusieurs plans d’action. Afin responsable. En 2011 et 2012, France Télévisions
de diversifier ses équipes en termes d’origine, s’est attachée à développer des actions en faveur
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régulation par la stimulation et l’accompagnement
et les femmes (accord-groupe du 13 juillet 2007) d’entreprise et en a avisé notamment les cabi- de 45 ans et plus. Par ailleurs, concernant
et le maintien dans l’emploi des seniors à hauteur nets de recrutement et les agences d’intérim l’égalité entre les hommes et les femmes, un
de 20 % des effectifs (plan d’action du 1er janvier auxquels il fait appel. L’année 2011 constitue plan d’action a été signé en 2011 garantissant
2010) ont été renforcés afin de corriger dura- la dernière année du plan triennal en faveur notamment un accès identique à la formation et
blement les déséquilibres constatés dans les de l’emploi des seniors dans l’entreprise qui a aux postes, fixant un objectif de réduction des
processus de gestion des ressources humaines. permis de mettre en place un accès privilégié écarts de rémunération et des engagements en
au bilan de compétences ainsi qu’à des actions matière de conditions de travail. Au cours de ce
Le groupe M6 a également intégré la diversité
¡ spécifiques de formation et un entretien avec même exercice, la mission handicap du groupe a
comme un axe stratégique de développement les ressources humaines pour les collaborateurs amplifié ses actions [sensibilisation, recrutement,
50
régulation par la stimulation et l’accompagnement
maintien dans l’emploi, recours aux entreprises La diversité dans la programmation nouvelles séries françaises dont le pilote a été mis
adaptées (EA) et à des établissements et services des chaînes en production en 2011 comportaient un person-
d’aide par le travail (ESAT)]. Lors de la semaine Le Conseil vient par ailleurs de réaliser un bilan du nage récurrent « vu comme non blanc » pour un
pour l’emploi des personnes handicapées, du 14 respect des engagements pris par les chaînes au engagement de 60 %. S’agissant des téléfilms
au 20 novembre 2011, le groupe M6 a parti- titre de l’exercice 2011 concernant les programmes. unitaires français mis en production en 2011, 57 %
cipé pour la 5e année consécutive à l’opération Il en ressort que les rapports remis par les chaînes comportaient un personnage « vu comme non
« Un jour, un métier en action » en accueillant qui se contentaient par le passé de recenser les blanc » contre un engagement de 60 %. Ce très
13 personnes handicapées au sein de différents programmes diffusés au cours de l’année sont glo- léger déficit est dû à l’annulation d’une produc-
services et différentes filiales du groupe. Un balement plus structurés pour répondre point par tion en cours de développement. Par ailleurs,
événement de sensibilisation interne « Handicap : point aux engagements pris devant le Conseil. 100 % des conventions de développement « de
la semaine de tous les défis ! », du 27 juin au 1er textes » des fictions françaises signées en 2011 ont
juillet, a également été créé, permettant aux col- Tous les diffuseurs, à l’exception des chaînes d’in- intégré une clause au sein de laquelle le produc-
laborateurs du groupe de défier des champions, formation, ont pris l’engagement de proposer aux teur s’engage à proposer un casting comportant
dans divers domaines, en situation de handicap producteurs l’introduction d’une clause de sensibili- des comédiens représentant la diversité de la
(cuisine, tennis de table, danse et billard). Dans sation à la diversité dans les contrats de commande population française.
le cadre du Club des DRH de Neuilly-sur-Seine, de programmes. Toutes les chaînes se sont égale- Enfin, le Conseil salue l’action de sensibilisation à
le groupe M6 a participé à l’organisation du 1er ment engagées à réaliser des actions régulières de la diversité menée par TF1 auprès du jeune public
forum « Handicap et entreprises » réunissant sensibilisation de la rédaction et des responsables par le biais de plusieurs modules courts au sein
59 exposants œuvrant pour l’insertion des per- de la programmation sur la nécessité d’améliorer la des programmes jeunesse.
sonnes reconnues handicapées. représentation de la diversité de la société française
dans les programmes mis à l’antenne. Par ailleurs, C anal+ a proposé plusieurs documentaires
¡
Toutes ces initiatives, désormais structurées et toutes les chaînes se sont engagées sur une clause s’inscrivant dans une démarche de rencontre et
touchant plusieurs aspects de la diversité, doivent de non-recul par rapport à la situation observée de partage permettant de briser certains pré-
servir d’exemples aux autres chaînes. Tous les dans les derniers baromètres du Conseil concer- jugés, ainsi que des documentaires dénonçant
titulaires d’une autorisation d’usage d’une fré- nant la représentation de l’origine, des catégories certaines dérives sectaires et excluantes (Passe le
quence hertzienne ont été encouragés à se mettre socioprofessionnelles, de la parité hommes/femmes périph d’abord, L’immigration aux frontières du
en situation d’obtenir le label Diversité dans un et du handicap sur leurs antennes. droit, Islam antéchrist et jambon beurre…). Canal+
délai raisonnable. En effet, assurer dans la ges- a également initié en 2011 des programmes
tion des ressources humaines des processus non Quelques initiatives sont particulièrement courts prônant l’intégration et la solidarité
discriminatoires est une étape clé qui doit avoir remarquables concernant la diversité des (Collection Donne de la voi(e)x). Enfin, Canal+ a
inévitablement des retombées positives à l’antenne, origines : pu s’illustrer en développant la participation de
s’agissant des intervenants comme des thèmes ¡ TF1 qui est une des rares chaînes à avoir pris des chroniqueurs, reporters et animateurs représen-
abordés. Le rapport remis en janvier par le Conseil engagements chiffrés de présence de person- tatifs de la diversité de la société française dans
supérieur de l’audiovisuel contiendra ainsi la préco- nages « vus comme non blancs » dans ses fictions ses émissions diffusées dans les plages en clair (La
nisation que la loi soit amendée en ce sens. les a pour l’essentiel respectés. Ainsi, 67 % des Matinale, Le Grand Journal, Le News Show…).
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régulation par la stimulation et l’accompagnement
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d’ailleurs
régulation par la stimulation et l’accompagnement
© HACA
et politique. Force est pourtant de constater la communication audiovisuelle (HACA), de l’obliga-
la dichotomie qui subsiste encore entre cette tion de veiller à leur respect et à celui des droits et Amina Lemrini Elouahabi
volonté politique affirmée et la persistance de la dignité humaine.
d’une représentation réduite et réductrice des
femmes dans les médias audiovisuels maro- Forte de cette attribution, laissée ouverte, la HACA a sociale et politique, les médias nationaux se voient,
cains. Une dichotomie qui se manifeste par une d’emblée œuvré pour l’intégration de l’approche du en outre, investis de la mission d’accompagner ce
visibilité timide des femmes dans les conte- genre dans sa démarche de régulation, tout en étant processus par un effort de sensibilisation.
nus et supports médiatiques, dans la faible par ailleurs consciente des mécanismes d’interaction
expression de leur point de vue et de leur entre les rôles socialement assignés en fonction du Une approche participative,
avis en général, autant qu’à travers une vision genre, de la séparation des sphères publiques et concertée, intégrée
stéréotypée ou dévalorisante de leur nature, privées qui en découle et qui conditionne l’accès La prise de conscience de ces défis n’est toutefois
rôle ou statut, dans les discours et les images aux ressources matérielles (terre, crédit, formation, pas suffisante pour que la réponse attendue se
véhiculés. etc.) et immatérielles (éducation, travail, sphères décrète. Ainsi, même si la volonté, affirmée dans
de décision), ainsi que de la facture lourde que la loi 77-03 relative à la communication audiovi-
La problématique de l’image des femmes, telle que ces mécanismes peuvent avoir sur les initiatives de suelle, est partagée par les différents intervenants
perçue à travers les médias, se trouve au centre développement humain. Sachant, en outre, que (Gouvernement, Parlement, diffuseurs audiovisuels
d’enjeux de taille, de par la nature du contexte et les médias audiovisuels peuvent être, à la fois, des publics et privés, annonceurs, réalisateurs, pro-
de la puissance des médias audiovisuels comme vecteurs du changement ou de consécration des ducteurs, concepteurs et distributeurs d’œuvres
outil d’information, de sensibilisation, mais aussi de poches de résistance, de par leur pouvoir didactique audiovisuelles…), les responsabilités autant que les
construction de l’opinion et des imaginaires collectif et leur potentiel d’enrôlement des masses, ils sont le bonnes initiatives se trouvent diluées du fait même
et individuels. Et ce, a fortiori dans une société à théâtre d’une double équation. En tant que chantier de leur multiplicité. Seule une approche participa-
Une contribution tradition orale et à faible taux d’alphabétisation. de réforme, leur ouverture doit être calculée en fonc- tive, intégrée et concertée permet d’aborder cette
d’Amina Lemrini Cette question de l’image des femmes se trouve tion des opportunités réelles offertes aussi bien aux problématique. Approche en faveur de laquelle la
Elouahabi, par la force de ces contradictions au cœur des hommes qu’aux femmes et dans l’aptitude de l’offre HACA a œuvré activement, dès le départ. Faisant de
présidente de la dysfonctionnements qui caractérisent les médias globale des services et contenus diffusés à représen- cette méthode de travail son cheval de bataille, elle
Haute autorité de la audiovisuels, publics et privés, marocains. Le législa- ter et à satisfaire les attentes plurielles de la société a adhéré à toutes les entreprises engagées autour
communication teur n’était d’ailleurs nullement dupe de cet état des dans la diversité de ses deux franges, féminine de la problématique du genre dans le secteur et en a
(Haca) du Maroc choses, ni de l’importance du canal médiatique pour et masculine. Dans le contexte de modernisation initié d’autres.
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régulation par la stimulation et l’accompagnement
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régulation par la stimulation et l’accompagnement
de la Communication audiovisuelle (CSCA), s’est n’ont pas dérogé à la règle. Les programmes, autant décriée. Véhiculant des modèles sociaux prêts à
assigné la finalité d’arrêter une vision globale pour que les données de ressources humaines, montrent la consommation, elles constituent, selon les audi-
le traitement de cette problématique. Il a d’abord ainsi une absence de diversité et une perception tionnés, une préoccupation supplémentaire pour la
procédé à un benchmark des bonnes pratiques à mitigée du principe de parité ou de promotion, construction identitaire des individus et importent de
l’international. Il a ensuite établi un diagnostic des ainsi que du rôle des médias dans la fabrication nouveaux stéréotypes.
degrés de respect ou d’atteinte aux dispositions des opinions autant que des préjugés. Les médias
afférentes, tels que relevés en interne, suivant une audiovisuels nationaux semblent défendre tout et Les recommandations se sont axées sur la néces-
approche quantitative de décompte de la présence son contraire : prêcher le modernisme et pécher sité de définir une politique nationale, globale et
physique et de l’intervention directe des femmes sur par excès de conservatisme, louer les initiatives concertée, pour promouvoir le contenu média-
les écrans et sur les ondes, à travers le recensement courageuses en matière de droits des femmes et tique national et le droit des femmes à une image
des émissions qui leur sont dédiées. Cette évaluation véhiculer, en même temps, des images stéréoty- saine, positive et plurielle. Celle-ci procédant d’un
a été complétée par une lecture quantitative des pées, confortant le clivage social fondé sur le genre. référentiel culturel doit être abordée avec doigté et
résultats, pour définir la nature de cette présence et précaution, en gardant en vue le référent religieux
l’objet des interventions ou des émissions féminines. Les auditions ont confirmé l’assertion selon laquelle commun, autant que les particularités des choix
Cette étude a produit des résultats intéressants, les femmes, aujourd’hui plus visibles, ne font toujours individuels et des héritages locaux. Ceci impose
mais peu surprenants, puisqu’elle a conclu que si les pas entendre leur vision des choses. Ce constat est l’élaboration préalable et consensuelle d’un guide
femmes sont aujourd’hui un peu plus visibles, leur voix sensiblement le même partout dans le monde, même conceptuel appliqué à l’image et au discours média-
n’en reste pas moins inaudible. Les stéréotypes et les dans les pays développés. Par ailleurs, la présence tique à l’égard des femmes. Le reste de la stratégie
lacunes restant légion à tous les paliers d’analyse défi- de plus en forte des femmes dans les métiers de d’action préconisée, sur la base des différentes
nis par le groupe. Celui-ci a ensuite fait une ouverture l’audiovisuel, en plus de donner une image favorable conclusions, interpelle différents intervenants. Les
sur les représentants de la société civile et des forma- de modernisme et d’ouverture, contribue à coup sûr à maîtres mots en sont « sensibilisation, vigilance,
tions politiques, ainsi que sur les cercles académiques. faire évoluer les mentalités des récepteurs masculins régulation et contrôle » à tous les niveaux d’interven-
Ainsi, 26 auditions ont été organisées durant le autant que les aspirations féminines, par effet d’iden- tion et de production, de diffusion ou de réception
deuxième semestre 2010 et ont abouti à la précision tification. Cependant, pour être efficiente, elle doit des contenus. Pour s’en donner les moyens, une
des concepts autant qu’à la proposition d’une série de s’accompagner d’une réelle prise de parole et non refonte des textes encadrant le paysage audiovisuel,
recommandations stratégiques et opérationnelles. d’un saupoudrage ou d’un confinement des voix fémi- notamment certaines de ses activités, comme par
nines, voire de leur simple figuration par leur présence exemple la publicité, a été fortement recommandée.
Encore du chemin à parcourir silencieuse sur les plateaux des émissions débats. Elle vise entre autres à renforcer le rôle d’observa-
Il en ressort un constat négatif à la suite de l’analyse Ce confinement concentre en effet le plus de griefs teur de la société civile, en lui permettant de saisir
du comportement des médias à l’égard des femmes. exprimés dans les auditions, considérant que l’image l’autorité de régulation1 et à consolider le pouvoir de
Les chaînes publiques censées répondre par excel- qui en ressort semble être que la femme n’est pas statuer de celle-ci, en précisant les concepts et les
lence à des missions de service public et exécuter la concernée par la chose publique et le fait politique et normes d’intervention. ¢
politique gouvernementale en matière de commu- économique. À côté de ce genre de programmes, la
nication, en harmonie avec le reste des politiques présence excessive aux heures de grande écoute des 1. Les textes juridiques en vigueur limitent la possibilité de saisir
de développement économique, politique et social, œuvres dramatiques étrangères a été particulièrement la HACA pour les associations reconnues d’utilité publique.
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d’ici
régulation par la stimulation et l’accompagnement
Partant des textes de la HACA et du CSA encadrement plus contraignant des chaînes en on envisager l’institutionnalisation d’une
français, le directeur général du CSA, Jean- termes d’égalité et de diversité? politique de diversité et d’égalité dans le
François Furnémont, revient sur le Plan Je pense que si certains étaient dans le déni au secteur audiovisuel belge ?
diversité-égalité dans les médias audiovisuels départ, et s’ils le demeurent à l’issue du Plan, la Je ne pense pas que ce soit ni souhaitable, ni
de la Fédération Wallonie-Bruxelles et définit contrainte n’y changera rien. En revanche, je suis faisable. Dans les situations française et marocaine,
la place du régulateur, ainsi que ses possibili- convaincu que s’il y a des personnes qui ne sont nous avons deux cadres et deux cultures régle-
tés d’intervention dans les matières liées à la plus dans le déni aujourd’hui, c’est le fruit d’une mentaires pour les médias audiovisuels qui sont,
diversité et à l’égalité. évolution qui a pu se faire grâce à la mise en œuvre parmi tous les paysages audiovisuels libéralisés
de méthodes autres que la contrainte. Beaucoup et dans lesquels des missions significatives sont
La Fédération Wallonie-Bruxelles a procédé, d’efforts et d’énergie ont été consentis à expliquer confiées à une autorité de régulation des médias,
dans un premier temps, à une sensibilisation les enjeux, à faire de la pédagogie et à faire en sans doute les plus interventionnistes. Ce n’est
avec le Baromètre diversité-égalité. Selon sorte que ces objectifs d’intérêt public soient inté- pas le cas en Belgique où notre culture régle-
vous, ce dernier a-t-il vraiment fait ses preuves grés par le secteur audiovisuel. mentaire est beaucoup plus participative et où
et faut-il aller vers une systématisation de la le CSA actuel est le fruit d’un organe qui était
procédure ? Dans le cas marocain, une cellule permanente consultatif au départ et dont un des deux collèges
En matière de sensibilisation, il me semble que dédiée au suivi et à l’analyse des contenus relève toujours de la quasi-corégulation. Je crains
l’objectif est atteint. Le Baromètre a permis de mettre audiovisuels a été mise en place. Est-il qu’une intervention législative puisse avoir un
en place un dialogue et un échange sur le sujet qui envisageable d’en faire autant en Belgique ? effet contreproductif. Depuis trois ans, nous nous
n’existaient pas auparavant. Des évaluations doivent Nous pourrions l’envisager, mais est-ce vraiment positionnons dans une démarche d’implication
être réalisées à la fin du Plan diversité. Il faudra voir utile ? J’ai le sentiment que le système que nous et d’appropriation par les médias eux-mêmes. La
à l’issue du troisième Baromètre si l’on observe une avons mis en place depuis le début, qui consiste contrainte risque de casser cette dynamique. Les
évolution significative et si cela permet d’envisager à travailler un semestre sur le Panorama et un éditeurs feront les choses car il y aura une obliga-
une poursuite des choses. Je pense que la méthode a semestre sur le Baromètre, a trouvé son rythme. tion de le faire, comme c’est le cas avec les quotas
fait ses preuves, tout le monde reconnaît la fiabilité de Par ailleurs, le travail pédagogique de sensibili- de diffusion d’œuvres européennes ou de chan-
ses résultats. En termes de baromètre, faire plus serait sation et d’implication des chaînes de télévision sons d’artistes de la Communauté française par
sans doute difficile. Il ne faut pas oublier que nous ne est un travail que nous réalisons au quotidien sans exemple. Dans le cas qui nous occupe, le sujet s’y
sommes pas la France, ni le Maroc et que nous faisons qu’il ait nécessairement besoin d’être formalisé. Là prête sans doute moins : il est difficile d’imaginer
selon nos moyens. Pour prolonger le Plan, et singu- encore, l’essentiel est dans l’état d’esprit, pas dans une évolution dans la promotion de la diversité
lièrement son volet Panorama des bonnes pratiques, la structure. si ce n’est pas quelque chose qui est peu à peu
il faudrait que toutes les parties prenantes veuillent intégré de manière volontaire à la culture des
poursuivre cette dynamique d’implication et même la Au Maroc, le régulateur se positionne en entreprises concernées. Entretien avec
nourrir. Il s’agit là d’une condition sine qua non. faveur d’un cadre législatif pour l’égalité dans Jean-François
le secteur de la communication. En France, Si aucune réelle évolution n’était constatée Furnémont,
Faut-il aller plus loin que la sensibilisation et c’est le législateur qui confie un mandat au dans la promotion de l’égalité et de la directeur général
évoluer, comme c’est le cas au Maroc, vers un CSA. Sans transposer les contextes, peut- diversité, la mise en place d’un système du CSA
56
régulation par la stimulation et l’accompagnement
de contrôle et de sanction serait-elle ne doit pas nécessairement être la même dans une
envisageable ? entreprise de plus de 2 000 personnes comme la
Je crois que la diversité doit rester un objectif RTBF que dans une télévision locale de douze per-
partagé, non une contrainte. Cela risquerait d’être sonnes, comme Canal Zoom, dans une petite région
déresponsabilisant. Depuis le départ, nous sommes de Wallonie, ou encore dans une grosse entreprise
dans une démarche destinée d’une part à faire com- privée telle que RTL Belgique.
prendre et intégrer le problème, ce qui est le but
du Baromètre, et d’autre part, destinée à échanger Que pensez-vous de l’idée « marocaine »
et mettre en valeur les bonnes pratiques, ce qui est d’une obligation de diffuser une émission
le but du Panorama. Continuons à échanger ces hebdomadaire faisant la promotion de
bonnes pratiques et à faire en sorte que certaines l’égalité et de la diversité ?
puissent susciter de l’intérêt et être mises en œuvre Je crois qu’une telle obligation ne serait envisa-
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régulation par la stimulation et l’accompagnement
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conclusion
Vers un nouveau Plan diversité-égalité
Une dynamique participative, des objectifs représentations du monde autant qu’ils le reflètent. La
individualisés, des moyens financiers et des outils diversité est donc leur affaire, certes, mais elle est aussi
adaptés… Telles sont, selon les acteurs, les clés celle de la société dans laquelle nous vivons.
d’une meilleure diversité médiatique.
Sur le plan de la méthode, un consensus semble se
À l’issue de ce dernier tour de bonnes pratiques, un dégager pour une démarche participative qui permette
constat émerge. L’émulation et la participation initiées à chacun d’avancer à son propre rythme. À tout le moins,
en 2010 constituent désormais un point de référence les éditeurs estiment que parce qu’ils sont les premiers
avec lequel il faudra compter. La grande majorité des concernés, ils devraient définir eux-mêmes les objectifs de
professionnels qui ont répondu à nos questions s’accorde diversité qu’ils entendent poursuivre au sein de leur petite
en effet pour constater qu’à la suite de la dynamique mise – ou grande – entreprise. Laisser à chacun le choix de se
en place pendant ces trois dernières années, la situation fixer des objectifs propres permettrait sans doute d’éviter
s’est améliorée. Bien évidemment, ils relèvent aussi que l’écueil de règles générales et uniformes qui trouvent
des progrès restent à faire, que les efforts doivent être difficilement à s’appliquer en raison d’organisations,
poursuivis… à condition qu’ils restent réalistes : mettre de structures, de contenus différents. Plus de liberté
en œuvre la diversité est un processus lent et complexe signifierait par conséquent plus de motivation et de
pour des acteurs qui sont principalement et naturellement responsabilité. Cela étant, la cohérence d’ensemble du
focalisés sur leur core business. Et si les modèles étrangers dispositif pourrait être maintenue par une concertation, un
sont source d’inspiration, voire d’admiration, ils doivent échange préalable entre éditeurs.
être nécessairement repensés à l’aune de la taille et des
moyens de chacun. Question qui revient à trancher le mode d’évaluation. Sur
la manière, deux pistes coexistent : l’auto-évaluation et
Une même unanimité se dégage autour de la question l’« analyse externe ».
des quotas. Le refus manifeste de ces derniers, et
plus largement de toute codification contraignante, Au-delà de la charge de travail qu’elle pourrait
est loin d’être de pure forme : là où la sensibilisation représenter pour certains, l’auto-évaluation laisse peu de
n’a pas ouvert la réflexion, que pourra apporter la place à l’objectivation, à la concertation et au partage
contrainte ? Les expériences du régulateur en matière d’informations, même si elle préserve, sans doute aux
d’autres quotas le démontrent à suffisance : quand il n’y yeux de ceux qui la défendent, la sacro-sainte autonomie
a pas adéquation à l’objectif, les atermoiements sont des acteurs. Or, jusqu’ici, le Baromètre, construit sur la
nombreux et les résultats difficiles à atteindre. Sans base d’indicateurs récurrents, identiques pour tous, a
compter que les médias n’ont pas non plus l’entière permis d’objectiver la situation d’ensemble et de parler
maîtrise du « processus », même si leur influence leur à tous le même langage. Le maintien de cet outil, sous
attribue une responsabilité spécifique: ils construisent les forme bisannuelle par exemple, permettrait, sans pour
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conclusion
autant devenir fétichiste, de mesurer, comprendre et une base de données d’experts pour diversifier la parole
¡
valider les résultats engrangés, éditeur par éditeur, des spécialistes en TV ;
service par service. Ces résultats pourraient le cas des formations à l’interculturel ou aux stéréotypes
¡
échéant être complétés par des études qualitatives qui, présents dans les récits journalistiques pour réfléchir à la
au-delà des statistiques, éclaireraient en profondeur les production d’information ;
représentations en jeu. Par ailleurs, on retiendra que les des partenariats entre associations de terrain,
¡
échanges d’expériences qui ont émaillé tant les Panoramas associations professionnelles et journalistes, et entre
que les rencontres avec les éditeurs ont participé à la médias de la diversité et médias traditionnels pour
réussite de la dynamique enclenchée il y a trois ans. apprendre à penser en dehors des sentiers battus ;
Ils gagneraient donc à être maintenus, au travers d’un un site Presse-Diversité pour mettre à disposition des
¡
processus qui tient davantage de la corégulation que de médias une information de base sur les questions de
l’auto-évaluation… diversité et présenter les principes déontologiques et les
règles légales existantes ;
Enfin, au-delà des analyses rigoureuses, des rencontres un observatoire de la diversité, pour fédérer les idées et
¡
et de la réflexion, le Plan diversité-égalité ne peut éluder, les initiatives…
surtout dans le chef des plus petits éditeurs, la question
des outils partagés qui viendraient à l’appui des stratégies Le secteur ne manque à l’évidence ni d’idées ni
développées par chaque télévision : d’intentions. Peut-être manque-t-il encore du coup de
¡des collaborations structurées entre écoles de pouce qui lui permettra de transformer l’essai. Parce que
journalisme et rédactions et des programmes ouverts la diversité est un processus certes lent et complexe, mais
aux jeunes dans les quartiers, de manière à diversifier et aussi un formidable pari organisationnel et sociétal. ¢
élargir les canaux de recrutement ;
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colophon
En mars 2010, la ministre de la Culture, de Ont collaboré à la rédaction de ce Panorama des bonnes pratiques 2012 : Rachid Arhab et Alain Méar
l’Audiovisuel, de la Santé et de l’égalité des (CSA, France), Thomas Bihay (CSA), Célestine Bocquet (CSA), Quentin Callens (Centre pour l’égalité des
Chances annonçait la mise en œuvre, pour trois chances et la lutte contre le racisme), Elodie Debrumetz (Institut pour l’égalité des femmes et des hommes),
ans, du Plan pour la diversité et l’égalité, piloté Geertje De Ceuleneer (VRT Diversiteit), Sabri Derinoz (CSA), Joëlle Desterbecq (CSA), Halima El Haddadi
par le CSA avec le concours et la supervision de (CSA), Muriel Hanot (CSA), Nanao Kachi (CRTC), Amina Lemrini Elouahabi (HACA), Bertrand Levant (CSA),
partenaires experts en matière de lutte contre Anna Meli (Associazione Carta di Roma), Pamela Morinière (FIJ/FEJ).
les discriminations.
Coordination et direction éditoriale : Muriel Hanot
La présente publication, la troisième du genre,
rencontre l’un des axes méthodologiques forts Editeur responsable : Dominique Vosters, président du CSA
de ce plan, complémentaire à la publication du
Baromètre annuel de la diversité et de l’égalité. Contact : CSA – Boulevard de l’Impératrice, 13 – 1000 Bruxelles
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