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Embryologie et anomalies congénitales


du nez
J.-B. Charrier, E. Racy, C. Nowak, B. Lemaire, S. Bobin

Malgré la complexité du développement du nez et de la région médiofaciale, les anomalies congénitales


du nez sont rares. Les kystes et fistules du dos du nez, les encéphalocèles et les hétérotopies gliales nasales
sont les plus fréquentes. Le risque est d’ignorer une communication potentielle avec le système nerveux
central au niveau de l’étage antérieur de la base du crâne. Ces malformations sont globalement
retrouvées dans environ 1/40 000 naissances vivantes. Elles peuvent survenir avec ou sans obstruction
ventilatoire. Compte tenu du fait que les nouveau-nés sont des respirateurs nasaux obligatoires,
l’obstruction nasale est généralement diagnostiquée en période néonatale, tandis que le diagnostic des
anomalies congénitales sans obstruction nasale est souvent plus tardif. Cet article comprend une
description embryologique du nez et de la région médiofaciale. Il reprend et discute les grandes
hypothèses embryologiques du développement de la région nasofrontale, en particulier la théorie de
l’espace prénasal de Grünwald à la lumière des résultats récents obtenus en embryologie expérimentale.
Les principales malformations médiofaciales sont décrites, ainsi que leurs modalités de prise en charge.
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Mots clés : Embryologie du nez ; Anomalies congénitales du nez ; Espace prénasal ; Obstruction nasale

Plan ■ Embryologie de la région


¶ Introduction 1
nasofrontale
¶ Embryologie de la région nasofrontale 1 Dès le début de leur développement, les embryons des
¶ Développement des structures craniofaciales 2 vertébrés présentent une polarité rostrocaudale et une symétrie
Cellules provenant de l’ectoderme de surface 2 bilatérale. Au cours de sa 3 e semaine de développement,
Cellules endodermiques 2 l’embryon humain prend la forme d’un disque composé de
Cellules du mésoderme céphalique 2 deux ébauches tissulaires, l’épiblaste et l’hypoblaste. Le premier
Cellules de la crête neurale 3 signe morphologique de l’existence d’une symétrie bilatérale est
l’apparition de la ligne primitive au sommet de laquelle se
¶ Sous-unités embryologiques de la région nasofrontale 4 trouve le nœud de Hensen, considéré comme le centre fonc-
Capsule nasale 4 tionnel ou « organisateur » de la gastrulation. Au cours de cette
Base du crâne 4 période essentielle du développement, se mettent en place les
Voûte du crâne 4 trois feuillets primordiaux, précurseurs de tous les tissus de
¶ Embryologie descriptive du nez 4 l’embryon : l’ectoderme à la face dorsale de l’embryon qui
¶ Théorie de l’espace prénasal 6
formera la plaque neurale, ébauche du système nerveux central,
l’endoderme à sa face ventrale et le mésoderme, le tissu
¶ Définitions et aspects cliniques des malformations congénitales intermédiaire intraembryonnaire. L’organogenèse progresse
axiales de la région nasofrontale 7 selon un axe céphalocaudal, de telle sorte que l’ébauche de la
Kystes et fistules du dos du nez 7 tête apparaît avant celle du tronc qui se développe elle-même
Malformations de l’espace prénasal 9 avant celle de la queue. La notochorde, limitée en avant par la
Malformations du fonticulus frontalis 13 plaque préchordale, forme la ligne médiane de la jeune gastrula.
Dysraphies médianes 14 Ces structures se développent progressivement de l’avant vers
Arhinie et proboscis lateralis 15 l’arrière au fur et à mesure que l’embryon s’allonge. De chaque
Anomalies des voies lacrymales 16 côté de la notochorde, le mésoderme paraxial est le siège d’une
segmentation s’effectuant elle aussi dans le sens rostrocaudal
pour donner naissance aux somites à l’origine des vertèbres et
des muscles squelettiques du corps. Le mésoderme céphalique
qui prolonge crânialement les somites ne présente pas l’organi-
■ Introduction sation segmentaire du reste de l’ébauche embryonnaire. Au
cours de l’étape suivante du développement appelée neurula-
La connaissance de l’embryologie de la région nasofrontale tion, la plaque neurale se plie dorsalement pour former le tube
permet une classification topographique plus claire des malfor- neural. Au moment de sa fermeture, l’épithélium du bourrelet
mations médiofaciales et de l’étage antérieur de la base du neural subit une transition épithéliomésenchymateuse permet-
crâne. tant l’individualisation des cellules de la crête neurale (CCN)

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Tableau 1. comprend la voûte et la base du crâne ainsi que les capsules qui
Devenir des cellules de crêtes neurales. entourent la plupart des organes des sens : yeux, oreilles et
Système nerveux périphérique
épithélium olfactif. Le splanchnocrâne est formé à partir des
ébauches cartilagineuses des arcs branchiaux.
Sensoriel
Neurones et cellules gliales des ganglions de nerfs crâniens
et des ganglions rachidiens
■ Développement des structures
Autonome
Neurones et cellules gliales des ganglions et plexus sympathiques craniofaciales
et parasympathiques
Au cours du 2e mois de développement embryonnaire se
Entérique
produit une importante croissance volumétrique des arcs
Neurones et cellules gliales des plexus nerveux intramuraux du tube branchiaux vers la région ventrale où ils se rejoignent et
digestif fusionnent. Le premier arc est alors divisé en deux sous-unités,
Nerfs périphériques maxillaire et mandibulaire. Le deuxième arc grandit de façon
Cellules de Schwann beaucoup plus importante que les arcs caudaux qu’il va recou-
Cellules endocrines vrir complètement, pour former le sinus cervical qui disparaîtra
• Cellules adrénomédullaires de la glande surrénale lors du redressement de la courbure nucale. La persistance de ce
• Glomus carotidien sinus peut être à l’origine de kystes ou de fistules branchiales.
De façon presque concomitante, la croissance explosive du tube
• Cellules à calcitonine des corps ultimobranchiaux et de la glande
neural antérieur (le prosencéphale) et son enroulement vers
thyroïde (chez les mammifères)
l’avant aboutissent à la mise en place des cinq bourgeons
Cellules pigmentaires (à l’exception de la rétine pigmentaire)
faciaux autour de l’orifice stomodéal limité par la membrane
Mésectoderme buccopharyngée : les bourgeons maxillaires et mandibulaires,
• Squelette de la face et du crâne (en partie), os hyoïde pairs et symétriques, et le bourgeon nasofrontal médian.
• Dents : ivoire et pulpe dentaire Pendant la 5e semaine, les deux bourgeons maxillaires grandis-
• Derme de la face et du cou (y compris les muscles lisses et le tissu sent ventralement et médialement autour de deux zones
adipeux qui lui est associé) d’épaississement ectodermique, les placodes nasales, destinées à
• Œil : muscle ciliaire et cornée former l’épithélium olfactif des fosses nasales. Chez l’homme,
• Méninges des hémisphères cérébraux, de l’hypothalamus
l’origine précise du philtrum et de l’os prémaxillaire à partir du
et du thalamus bourgeon nasofrontal ou des bourgeons maxillaires n’est pas
clairement déterminée.
• Tissu conjonctif associé aux muscles de la tête et aux glandes de
Dans un premier temps, nous analyserons les contributions
la région céphalique et pharyngienne (hypophyse, glandes lacrymales,
salivaires, parathyroïdes, thyroïde, thymus)
respectives des feuillets primordiaux de l’embryon à la forma-
tion des structures craniofaciales.
• Paroi des vaisseaux : les troncs artériels issus du cœur et des vaisseaux
céphaliques, sauf l’endothélium vasculaire
Cellules provenant de l’ectoderme
de surface
capables de migrer et de se différencier en une large variété de Elles s’internalisent pour former le revêtement de la cavité
types cellulaires (Tableau 1). Ces cellules commencent leur buccale.
migration d’autant plus tôt qu’elles sont situées rostralement Le devenir des cellules ectodermiques est la formation de
dans l’ébauche embryonnaire. Au niveau céphalique, la migra- l’épiderme kératinisé, mais aussi de l’épithélium de la muqueuse
tion et la multiplication précoce des CCN associées à la crois- du plancher de la bouche et des fosses nasales.
sance différentielle de l’ectoderme de surface aboutissent à la
formation de bourgeons pairs et symétriques appelés arcs
branchiaux. Chez les vertébrés supérieurs, les arcs branchiaux Cellules endodermiques
n’ont plus la fonction primitive de surface d’échanges nutri- C’est à partir des régions latérales de la première poche
tionnels et respiratoires, mais servent d’ébauche à la différencia- endodermique que se produit, de façon paire et symétrique,
tion du squelette viscéral ou splanchnocrâne. l’invagination du récessus tubotympanique qui s’allonge
La fin du 1er mois du développement embryonnaire humain progressivement pour former la trompe d’Eustache et la caisse
correspond à l’individualisation des arcs branchiaux. Chaque arc du tympan. La partie médiane de la première poche endoder-
forme une structure indépendante et transitoire, limitée en mique fournit l’épithélium thyroïdien à partir d’une invagina-
dehors par de l’ectoderme, qui forme des sillons, et en dedans tion du canal thyréoglosse au niveau du foramen cæcum situé
par de l’endoderme, qui forme des poches. À chaque arc à la jonction entre les deux tiers antérieurs et le tiers postérieur
correspond un nerf crânien, une armature cartilagineuse, de la langue définitive et qui détermine la limite entre l’épithé-
reliquat du squelette cartilagineux branchial de nos ancêtres lium buccal d’origine ectodermique et l’épithélium pharyngé
aquatiques et une arche artérielle. Le premier arc, précurseur de d’origine endodermique. La deuxième poche endodermique va
la face, se divise en deux segments, rostral (arc maxillaire) et former précocement l’épithélium des amygdales palatines,
caudal (arc mandibulaire), soutenus respectivement par les tandis que la colonisation par le tissu lymphoïde a lieu dans les
cartilages palatoquadrate et de Meckel innervés par les nerfs 3 mois précédant la naissance.
maxillaires (V2) et mandibulaires (V3). Le deuxième arc corres-
pond au cartilage de Reichert, innervé par le nerf facial (VII), le
3e arc est innervé par le nerf glossopharyngien (IX), tandis que
Cellules du mésoderme céphalique
les arcs 4 à 6 dépendent du nerf vague (X). Le mésoderme céphalique fournit les myocytes des fibres
Le squelette craniofacial des vertébrés dérive en presque- musculaires striées. Cependant, toute la trame conjonctive, tissu
totalité de l’ectomésenchyme provenant des CCN. Il est séparé de soutien des muscles, aponévroses et tendons, provient de
en deux parties : le neurocrâne, qui entoure le cerveau, et le cellules issues de la crête neurale. De plus, des expériences de
splanchnocrâne (ou viscérocrâne) annexé à la face et aux arcs remplacement de mésoderme céphalique chez le poulet par du
branchiaux. L’origine du squelette craniofacial est double, selon mésoderme plus postérieur de niveau somitique ont permis
le type d’ossification impliqué : le dermatocrâne (ou syndesmo- d’obtenir un développement normal des muscles masticateurs et
crâne) est formé par une transformation directe du mésenchyme de montrer ainsi que l’information de configuration spatiale du
en tissu osseux, appelée ossification membraneuse, tandis que muscle est en fait donnée par le tissu conjonctif provenant de
l’ossification du chondrocrâne est un processus passant par un la crête neurale [1]. Ces données soulignent d’emblée le rôle
stade intermédiaire d’ébauche cartilagineuse. Le neurocrâne fondamental de la crête neurale dans l’établissement de la

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morphogenèse faciale. Pour des raisons didactiques, nous antérieures d’expression de ces gènes sont situées au niveau du
envisagerons le détail de l’embryogenèse des muscles craniofa- rhombencéphale et correspondent aux limites morphologiques
ciaux dans le chapitre consacré aux dérivés des CCN. entre deux rhombomères adjacents. Ainsi, chaque rhombomère
Le mésoderme céphalique a les mêmes potentialités de est doté d’une combinatoire d’expression des gènes Hox qui
développement que le mésoderme troncal : il fournit le tissu constitue son « code Hox » [7]. Cette séquence spatiotemporelle
musculaire, mais aussi les cellules endothéliales des artères des d’expression des gènes Hox pourrait correspondre à une infor-
arcs aortiques, en particulier celles des artères primitives mation positionnelle le long de l’axe antéropostérieur et être un
mandibulaires pour le premier arc et hyoïdienne pour le moyen d’orienter les cellules des différents rhombomères et
deuxième arc. leurs dérivés vers une voie particulière de développement [8].
Une autre propriété du mésoderme céphalique est son Les CCN participant à la formation de structures craniofacia-
potentiel ostéogénique. Cette capacité semble réduite chez les peuvent être divisées en deux domaines. Un domaine
l’embryon d’oiseau à la partie la plus médiane du mésoderme antérieur s’étendant jusqu’au niveau du deuxième rhombomère
céphalique [2] qui forme avec le mésoderme somitique rostral inclus dans lequel les gènes Hox ne sont pas exprimés et un
l’os occipital, la partie postérieure du sphénoïde et une partie de domaine postérieur dans lequel les gènes Hox sont exprimés. Les
la capsule otique. Tout le reste de la boîte crânienne et du CCN qui forment le squelette de la face appartiennent exclusi-
massif facial dérive de cellules issues de la crête neurale [3]. Il en vement au domaine Hox-négatif. Cette distribution antéropos-
est de même pour la formation des enveloppes du cerveau anté- térieure du patron d’expression des gènes Hox dans les cellules
rieur que constituent les méninges et celle des enveloppes du de l’ectomésenchyme dérivé des CCN est importante pour
crâne (le derme céphalique, épiderme exclu) : on décrit schéma- déterminer l’identité antéropostérieure des arcs branchiaux. Le
tiquement une origine mésodermique pour la région occipito- fait que les CCN soient génétiquement prédéterminées ou
nucale ainsi que pour le reste du corps, et une origine des CCN susceptibles de modifier leur devenir en fonction d’influences
pour toute la partie plus rostrale de la face et du crâne [3]. extérieures a fait l’objet de nombreux débats chez les scientifi-
ques. Schématiquement, deux théories s’opposent. Dans la
Cellules de la crête neurale première, les CCN pourraient être déterminées à devenir
certains os du squelette de la face avant de commencer à migrer
C’est à partir des bourrelets dorsaux du tube neural que se dans les arcs branchiaux ; dans l’autre cas, elles ne recevraient
détachent progressivement de l’avant vers l’arrière les CCN. aucune information quant à leur devenir dans le tube neural et
Elles subissent une transition épithéliomésenchymateuse et conserveraient cette plasticité jusqu’à ce qu’elles atteignent leur
migrent en flux à partir de l’épithélium neural dans les diffé- destination finale. Cependant, des données récentes semblent
rentes régions de l’embryon. Ces cellules ont des capacités être en faveur d’une situation intermédiaire entre la plasticité et
migratoires importantes et peuvent se différencier en un grand la prédétermination. La plasticité des CCN est en effet forte-
nombre de dérivés tissulaires dont nous avons déjà apprécié la ment restreinte par l’expression des gènes Hox. Les CCN Hox-
variété au cours des paragraphes précédents. négatives sont capables de former l’ensemble du squelette
Les CCN destinées à former le crâne et le squelette facial frontonasal et facial [9]. En revanche, l’expression des gènes Hox
proviennent de flux distincts des bourrelets neuraux du est incompatible avec la formation de dérivés du premier
diencéphale, du mésencéphale et du rhombencéphale. Le arc [10]. Le code Hox prémigratoire semble donc restreindre le
rhombencéphale est divisé en huit renflements segmentaires potentiel squelettogénique des CCN, possiblement en modulant
appelés rhombomères dont les limites morphologiques corres- la réponse des CCN crâniales aux signaux inducteurs provenant
pondent au développement segmentaire des différents nerfs des arcs branchiaux dans lesquels elles migrent. Bien que ces
crâniens. Les CCN di-, més- et rhombencéphaliques ont le résultats soient en faveur d’une préspécification des CCN en
potentiel de se différencier en cartilage, en os et en tissu fonction de leur code Hox, d’autres données expérimentales
conjonctif [4]. Les cellules les plus rostrales sont à l’origine du montrent que ces cellules ne sont pas définitivement détermi-
squelette frontonasal, tandis que les CCN plus caudales vont nées et peuvent subir l’influence d’autres tissus de voisinage lors
coloniser les différents arcs branchiaux. de leur migration.
Chaque arc branchial peut être considéré comme une unité Nous avons vu que l’information morphogénétique pour
segmentée. Les CCN fournissent les précurseurs du squelette, de former le squelette frontonasal et facial est contenue dans les
la paroi des artères, le tissu conjonctif de soutien des muscles au cellules Hox-négatives. Cependant, cette information peut être
squelette, les neurones, les cellules gliales des ganglions fortement modulée par des molécules de signalisation prove-
sensoriels des nerfs crâniens et les cellules de Schwann des nerfs nant des épithéliums avoisinants que sont l’ectoderme en
moteurs. surface et l’endoderme en profondeur. La zone de polarisation
Il existe des marqueurs moléculaires contemporains au ectodermique frontonasale (ZEF) a récemment été identifiée
processus de morphogenèse exprimés de façon segmentaire et dans l’ectoderme qui recouvre le processus frontonasal chez
qui respectent les limites morphologiques des rhombomères et l’embryon de poulet [11]. Cette ZEF, non seulement oriente la
des arcs branchiaux. Parmi les gènes qui sont exprimés de façon croissance dorsoventrale des maxillaires, mais peut aussi induire
segmentaire, les gènes Hox sont ceux qui sont les mieux connus. un bec supérieur ectopique lorsqu’elle est transplantée dans une
Ces gènes sont groupés en complexes dont l’organisation a été région différente au processus frontonasal. Ce travail montre
conservée au cours de l’évolution. Chez les vertébrés, quatre l’influence dominante de la ZEF (ectoderme de surface) sur le
complexes répartis sur quatre chromosomes différents regrou- mésenchyme sous-jacent des CCN. Il a aussi été montré que
pent 39 gènes qui codent pour des facteurs de transcription qui l’ablation de fragments d’endoderme du tube digestif ventral
se fixent à l’acide désoxyribonucléique (ADN) par un domaine chez l’embryon de poulet est capable d’empêcher la formation
remarquablement conservé au cours de l’évolution appelé d’os faciaux à partir du mésenchyme de CCN avoisinant [9].
l’homéodomaine [5]. Au cours du développement précoce de L’endoderme est donc lui aussi une source d’information
l’embryon, ces gènes s’expriment transitoirement dans les positionnelle et morphogénétique pour la formation du sque-
rhombomères du tube neural, dans les CCN qui se détachent lette de la face. Son implication dans la morphogenèse est
des bourrelets du tube neural et qui colonisent les arcs bran- décisive, car l’adjonction d’endoderme dans des conditions
chiaux, mais aussi dans le mésoderme et l’endoderme céphali- expérimentales est capable d’induire la formation de fragments
que. Leur domaine d’expression répond à la règle de colinéarité de mâchoire surnuméraire et même de déterminer leur position
découverte chez la drosophile [6], selon laquelle le moment et le et leur orientation.
niveau d’expression de ces gènes le long de l’axe antéroposté- Ces observations montrent la grande compliance des CCN
rieur de l’embryon sont dictés par l’organisation spatiale de ces Hox-négatives squelettogéniques, face aux signaux provenant
gènes au sein des complexes chromosomiques. Ainsi, plus un des épithéliums avoisinants. Cependant, l’influence morphogé-
gène est situé du côté 3’ d’un complexe chromosomique, plus nétique de la ZEF et de l’endoderme rostral reste limitée aux
son expression est précoce au cours du développement et CCN Hox-négatives. Des greffes hétérotopiques plus postérieures
antérieure dans le tube nerveux. Chez les vertébrés, les limites de ZEF ou d’endoderme ne changent pas le devenir de CCN

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Hox-positives, ce qui indique que l’information provenant de cation apparaît en plein mésenchyme sans modèle cartilagineux
ces épithéliums ne peut pas prévaloir sur la préinformation préexistant. La voûte du crâne provient essentiellement des
donnée par le code Hox. CCN qui migrent à partir du tube neural et se différencient sur
Ces résultats montrent que l’information donnée par les place. La seule exception pour la voûte est l’écaille de l’occipital
épithéliums n’est pas absolue, mais est intégrée par les CCN en qui a une origine mésodermique para-axiale [3]. L’os de mem-
fonction de leur identité positionnelle antéropostérieure initiale. brane est un os d’origine conjonctive qui se développe au
Les processus morphogénétiques du squelette craniofacial contact du tube neural qui exerce sur lui une induction qui
semblent donc régulés par des interactions épithéliomésenchy- permet la formation de cartilage alors que l’ectoderme de
mateuses bidirectionnelles [12]. surface (précurseur de l’épiderme) exerce une influence ossi-
fiante directe. Ces interactions expliquent pourquoi l’ossifica-
tion de la voûte est si particulière selon le mode membraneux.
■ Sous-unités embryologiques On distingue schématiquement :
• l’os de membrane à ossification directe que sont les os de la
de la région nasofrontale voûte du crâne et de la face. Les premiers points d’ossification
qui préfigurent les différentes pièces squelettiques s’étendent
Capsule nasale en « tache d’huile », si bien que les bords des différentes
pièces squelettiques se rapprochent de plus en plus. Elles
Les os nasaux et l’os frontal sont une partie du syndesmo- laissent entre elles une bande conjonctive étroite appelée
crâne et sont des os à ossification membraneuse. Cette ossifica- suture membraneuse ;
tion à partir du mésenchyme dérivé des crêtes neurales débute • les sutures membraneuses ou syndesmoses constituent un
autour des 7e et 8e semaines. En arrière de ces structures se lien entre les différentes pièces osseuses. À ce niveau, la
trouve le mur antérieur de la capsule nasale, qui constitue la croissance des sutures ne dépend que des contraintes
structure antérieure du chondrocrâne. La capsule nasale est le mécaniques, c’est-à-dire de la poussée exercée par le cerveau
squelette cartilagineux primaire de la face. À 4 mois, elle en croissance. Ce sont des zones de croissance passive qui
constitue un massif cartilagineux creusé de deux structures ne prolifèrent pas en culture et dont l’excision ne modifie
tubulaires séparées par le septum nasal. En arrière, la capsule pas la croissance de la voûte, à condition que la dure-mère
nasale se continue par le cartilage sphénoethmoïdal et par le soit respectée. Ces synfibroses ou sutures membraneuses
chondrosphénoïde. La capsule nasale embryonnaire est l’ébau- sont constituées schématiquement d’une zone centrale de
che du chondroethmoïde dont la croissance cartilagineuse est croissance fibroblastique qui permet leur élargissement et
très active chez le fœtus. Il porte puis positionne les pièces de deux zones marginales où les fibroblastes se transfor-
squelettiques membraneuses naso-fronto-prémaxillaires (Couly, ment en ostéoblastes. Si l’agrandissement de la voûte
1980). On distingue classiquement trois structures dans le dépend de l’ostéogenèse marginale des sutures, son mode-
chondroethmoïde : lage est lié à des mécanismes d’apposition-résorption. La
• le mésethmoïde (septum nasal, cartilages alaires et triangulai- table interne se modèle sur le sac dural et par son intermé-
res) ; diaire sur l’encéphale. Elle s’épaissit si le cerveau diminue
• les deux ectethmoïdes à vocation olfactive qui forment les de volume (atrophie, hydrocéphalie valvée), les circonvolu-
masses latérales et les lames criblées. tions cérébrales s’y impriment en cas d’hypertension
Le mésethmoïde cartilagineux participe à la croissance du intracrânienne. La table externe est sous la dépendance
massif facial pendant les 4-5 premières années de vie. Il exerce d’autres facteurs mécaniques, notamment musculaires
alors une action de propulsion et de positionnement sur les os (temporaux, muscles de la nuque), ce qui explique les
propres du nez, les os frontaux et prémaxillaires. Il contribuerait asymétries crâniennes des torticolis congénitaux. La crois-
ainsi à la formation du sinus frontal par son action sur le sance de la voûte est donc étroitement liée à la croissance
clivage des deux tables osseuses de l’os frontal à l’âge de 6 ans. du cerveau et cesse avec elle.
La table interne reste alors au contact du cerveau qui a terminé
son développement volumétrique, tandis que la table externe
subit le mouvement de propulsion du mésethmoïde, et le
clivage entre les deux tables de l’os frontal fait apparaître un ■ Embryologie descriptive du nez
espace colonisé par les cellules antérieures de l’ethmoïde.
Les ectethmoïdes ou futures masses latérales finissent leur L’organogenèse et la croissance du nez sont indissociables de
croissance vers 4 ans, en déterminant la position des deux os celles de l’ensemble de la région médiofaciale.
planum et par conséquent la distance entre les deux orbites La formation de la face se déroule entre la 4 e et la 10 e
appréciée par la distance intercanthale interne. semaine de développement intra-utérin par le développement et
la fusion de cinq bourgeons mésenchymateux ; le processus
nasofrontal impair et médian à l’origine de l’auvent nasal et du
Base du crâne septum ; les bourgeons maxillaires et mandibulaires, pairs et
Les différentes pièces qui constituent la base du crâne symétriques. Latéralement, les bourgeons maxillaires sont
(ethmoïde, sphénoïde, partie pétreuse de l’os temporal et séparés du bourgeon nasofrontal par la fente orbitonasale, siège
corps de l’occipital) sont séparées par des synchondroses qui de l’ébauche du canal lacrymonasal. Au fond du stomodeum, la
ont la même signification biologique que les cartilages de membrane buccopharyngienne sépare le futur oropharynx
conjugaison : ce sont des zones actives, pouvant proliférer d’origine ectodermique de l’intestin pharyngien d’origine
même en culture d’organe et dont l’excision bloque la endodermique. Cette membrane va progressivement se résorber
croissance de la base. La croissance de la base du crâne (Fig. 1).
dépend essentiellement du jeu hormonal et est peu ou pas À la 5e semaine, le bourgeon frontal est limité latéralement
influencée, du moins à l’état physiologique, par la croissance par les placodes optiques, future ébauche cristallinienne,
cérébrale. Les deux capsules orbitaires du chondrosphénoïde situées en regard de la cupule optique qui constitue une
positionnent dans l’espace les apex des cônes orbitaires. Les expansion dans la future région diencéphalique du pro-
deux capsules otiques, futur os pétreux des temporaux, sencéphale. De façon simultanée, les placodes nasales qui
positionnent les os membraneux, squamosaux et du même constituent des épaississements ectodermiques pairs et
coup les condyles de la mandibule. symétriques au niveau rostral du bourgeon nasofrontal
apparaissent. Très précocement, certaines cellules de la
Voûte du crâne placode nasale se différencient pour former les cellules
neurosensorielles primaires du futur épithélium olfactif. À la
D’apparition plus récente au cours de l’évolution, la voûte est fin de la 5e semaine, des extensions axonales se font à partir
constituée par la juxtaposition d’os de membrane dont l’ossifi- de ces cellules et vont coloniser la région la plus rostrale du

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A B

B C
Figure 1. Embryologie du nez. Développement de la région médiofa-
ciale avec mise en évidence des dérivés du bourgeon frontonasal et des
bourgeons maxillaires (bleu clair) et mandibulaires (vert), à 6 semaines
(A) ; 7 semaines (B) ; 10 semaines (C). Le bourgeon nasofrontal est à C D
l’origine du bourgeon nasal interne (en rouge) et du bourgeon nasal Figure 2. Embryologie du nez. Formation des fosses nasales primaires
externe (en bleu roi). (A-C) puis définitives (D) ; du palais primaire (A-C) et secondaire (D), par
fusion des lames palatines à la 6e semaine (A) ; au début de la 7e semaine
(B) ; au début de la 8e semaine (C) ; à la fin de la 8e semaine (D).
télencéphale. L’ossification secondaire de l’ethmoïde autour
de ces ramifications axonales sera à l’origine de la lame
criblée.
Au cours de la 6e semaine, les placodes nasales sont le siège la fin de la 7e semaine, la morphogenèse superficielle de la face
d’une dépression médiane en fossette, avec en parallèle un est achevée et l’on peut déjà individualiser : les orifices narinai-
soulèvement mésenchymateux périphérique en « fer à cheval » res, les fosses nasales primaires, le palais primaire (antérieur), la
formé par les bourgeons nasaux médians et latéraux. lèvre supérieure formée par le bourgeon nasal médian et les
Au cours de la 7e semaine, les bourgeons nasaux confluent et bourgeons maxillaires.
se soudent, amorçant la configuration de la face (Fig. 1). Le bourgeon nasofrontal est ainsi à l’origine du développe-
L’ectoderme du plancher du sillon lacrymonasal situé entre le ment de l’auvent nasal, de la columelle et du philtrum de la
bourgeon nasal médian et le bourgeon maxillaire s’invagine lèvre supérieure (unité labiocolumellaire).
dans le mésenchyme sous-jacent pour former le canal lacrymo- C’est au cours des 8e et 9e semaines de développement que
nasal. Les bourgeons nasaux médians confluent vers la ligne se forme le palais secondaire et que le septum divise les fosses
médiane et forment par leur réunion le bourgeon médian, nasales en deux cavités distinctes (Fig. 2). Les bourgeons
amorce du prémaxillaire. Parallèlement à l’accroissement de la maxillaires donnent naissance, par accroissement du mésen-
gouttière olfactive, le bourgeon maxillaire prolifère, se dirigeant chyme, à deux petites lames, les processus palatins. Ces trois
progressivement en dedans, pour dépasser le niveau du bour- lames s’accroissent d’abord verticalement vers le bas, de part et
geon nasal latéral et se souder au niveau du bourgeon nasal d’autre de la langue qui occupe alors toute la cavité buccona-
médial. L’accolement se produit sur toute la longueur, ainsi sale. Cette notion est fondamentale et explique les rapports
qu’en arrière, aboutissant en profondeur à la fermeture ventrale privilégiés entre les fosses nasales et la cavité buccale. Lors du
des gouttières olfactives qui deviennent les fosses nasales redressement de la tête, la langue s’abaisse, les processus
primaires (Fig. 2). Ces dernières sont des culs-de-sac ouverts en palatins à l’intérieur desquels le mésenchyme subit un processus
avant par l’orifice narinaire, l’orifice postérieur, ou choane d’ossification enchondrale se redressent et deviennent horizon-
primaire étant obstrué par la membrane bucconasale. Puis le taux pour former le palais osseux. Dans la partie postérieure du
bourgeon nasal se soude à la partie homolatérale du bourgeon palais secondaire, du mésenchyme myogénique se condense
nasal médian, délimitant ainsi l’orifice narinaire. Cette soudure pour donner la musculature du palais mou. En même temps, le
conduit à la formation d’une cloison horizontale entre fosses bourgeon nasofrontal qui constitue la voûte de la cavité buccale
nasales primaires et stomodeum, le palais primaire, qui donne naissance à une crête cartilagineuse verticale, le septum
n’occupe que la partie antérieure de la cavité bucconasale nasal qui descend à la rencontre des processus palatins (Fig. 3).
primitive. Avec l’effondrement de la membrane bucconasale La migration septale entraîne avec elle de chaque côté des
s’individualisent des conduits olfactifs extrêmement courts qui cellules olfactives qui vont constituer une structure tubulaire
correspondent au prémaxillaire. Tandis que dans les fosses basiseptale et symétrique, l’organe olfactif voméroseptal de
nasales primaires l’ectoderme commence à se différencier en Jacobson. Ces structures disparaissent rapidement chez
épithélium nasal, la région du cerveau où les cellules neurosen- l’homme, tandis qu’elles persistent chez l’animal.
sorielles primaires font synapses avec le télencéphale est le siège À la 9e semaine, les processus palatins se joignent sur la ligne
d’une croissance en longueur pour former les bulbes olfactifs. médiane par affrontement de leur épithélium et forment ainsi
Les cellules des bulbes olfactifs qui font synapses avec les le palais secondaire. Cette jonction se fait d’avant en arrière, du
axones des cellules neurosensorielles primaires se différencient canal incisif à la luette. Le palais résulte ainsi de la jonction de
pour devenir des neurones sensoriels secondaires de la voie trois ébauches palatines dont le point de jonction est le canal
olfactive. La croissance volumétrique concomitante de la face et palatin antérieur. En même temps, le septum nasal progresse
du cerveau aboutit à l’allongement considérable des axones des vers le bas et vient s’unir à la face supérieure du palais secon-
nerfs olfactifs secondaires, expliquant la grande fragilité des daire délimitant ainsi les deux fosses nasales définitives qui
bulbes olfactifs à toute agression traumatique ou chirurgicale. À s’ouvrent en arrière par les choanes définitives.

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20-264-A-10 ¶ Embryologie et anomalies congénitales du nez

Figure 3. Aspect en microscopie électroni-


que à balayage de la formation du palais pri-
maire chez un embryon humain au stade 17 (A)
et au stade 18 (B). Chambre nasale au stade 23
(C) : noter que la lame palatine droite a été
déchirée lors de l’ablation de la mandibule.
D’après [13].

Ainsi, on peut considérer qu’à 10 semaines, le nez est concomitant de la fermeture du foramen cæcum, il existerait,
structurellement formé. La plupart des malformations du nez et du fait de l’adhérence de la dure-mère au derme profond, une
de la région frontonasale se produisent au cours de cette invagination ectodermique à l’origine de la formation du
première période de développement. Une bonne intégration de trajet fistuleux. Elle est presque unanimement admise dans la
l’embryologie descriptive permet la compréhension de la littérature anglo-saxonne où elle représente de loin l’hypo-
plupart des malformations. thèse la plus prisée. Elle vient du travail original de
Lors de la période suivante ont lieu les phénomènes d’ossifi- Grünwald, qui dès 1910 proposait une hypothèse embryopa-
cation de la région frontofaciale à partir des ébauches cartilagi- thogénique expliquant aussi bien les kystes et fistules du dos
neuses et mésenchymateuses. On parle de l’étape squelettique du nez, que les gliomes de l’espace prénasal ou les
du développement de la face qui sort de l’embryologie à encéphalocèles nasoethmoïdales (Fig. 4) [15]. Cette théorie est
proprement parler. particulièrement attrayante car elle propose un véritable
continuum embryopathogénique unissant ces différentes
pathologies. Les kystes et fistules du dos du nez pourraient donc
■ Théorie de l’espace prénasal appartenir à une famille d’anomalies du développement de la
ligne médiane intéressant l’espace prénasal qui pourrait inclure
D’après les travaux de Grünwald, le nez est à la naissance une les encéphalocèles et les gliomes [14].
structure comprenant un mur antérieur composé des os nasaux
Cette théorie a été réactualisée par Brunner (1947), puis par
et de l’apophyse nasale de l’os frontal à ossification membra-
Session (1982) qui ont tous deux proposé des coupes histolo-
neuse et en profondeur, la capsule cartilagineuse de l’ethmoïde
giques d’embryons et de nouveau-nés humains [16, 17]. Les
à ossification enchondrale. On décrit entre les os nasaux et
auteurs soulignent le fait que l’extension d’un processus
frontaux, pairs et symétriques, une suture membraneuse appelée
fibreux d’origine durale neurectodermique pourrait entraîner
par Zuckerkandl le fonticulus naso frontalis ou fontanelle
une persistance de l’espace prénasal. C’est à partir de ce
nasofrontale. Ces derniers s’accolent en effet aux os nasaux sur
postulat erroné que de nombreux auteurs présentent actuel-
une hauteur variable. Il existerait donc au cours du développe-
ment un espace entre les os nasaux et la suture nasofrontale en lement un mécanisme commun à toutes les malformations de
avant, la capsule cartilagineuse du nez en arrière, le processus l’espace prénasal avec un séduisant continuum embryopatho-
frontal du maxillaire latéralement et la dure-mère en haut. C’est génique unissant les encéphalocèles, les gliomes et les kystes.
ce même espace qui a été décrit par Grünwald comme l’espace En effet, si la dure-mère était d’origine neurectodermique, on
prénasal [14]. En bas, cet espace se prolonge presque jusqu’à la pourrait alors concevoir que la chronologie de survenue d’un
pointe du nez, sans avoir à aucun moment de connexion avec épisode épigénétique au cours du développement précoce de
les cavités nasales internes et les sinus paranasaux qui ne sont l’embryon puisse expliquer le spectre malformatif prénasal ;
pas développés à ce stade. Selon ce même auteur, au cours du les deux extrêmes de ce spectre étant représentés par
développement précoce, il existerait une projection de la dure- l’encéphalocèle nasale externe d’un côté et le sinus dermoïde
mère dans cet espace prénasal en forme de mamelon, avec un de l’autre. On sait maintenant que l’ensemble de la dure-
accolement à la face profonde de la peau. Pendant la croissance, mère du prosencéphale dérive de l’ectomésenchyme des crêtes
la fontanelle nasofrontale est remplacée par le processus nasal neurales, qui vient tapisser l’ensemble des lobes frontaux
de l’os frontal et la projection durale se trouve alors encerclée d’origine neurectodermique pour les envelopper dans un sac
dans un canal osseux dont les murs sont formés par l’incisure étanche, le sac dural. Il existe donc entre l’ectoderme (à
ethmoïdale de l’os frontal. Le foramen cæcum, ou trou borgne, l’origine de l’épiderme) et le neurectoderme (à l’origine du
situé médialement entre l’os frontal et le bord antérieur de cerveau) une troisième couche cellulaire continue, la dure-
l’apophyse crista galli, serait le témoin de l’évolution embryo- mère, qui à la différence de la peau et du cerveau n’est pas
logique de cette région. Cependant, l’existence de ce diverticule d’origine ectodermique. On ne peut donc pas concevoir
est toujours hypothétique, ainsi que l’origine du foramen qu’une projection durale à travers l’espace prénasal soit à
cæcum. Selon Grünwald, le canal à l’origine du foramen cæcum l’origine d’une invagination ectodermique puisque ces tissus
n’est pas situé entre les os frontaux et l’ethmoïde, mais dans le ont une origine embryologique différente. Cela nous a
processus nasal de l’os frontal. conduit à remettre fortement en question la notion de
La description de l’espace prénasal a donné lieu à une continuum embryopathogénique évoqué ci-dessus (Fig. 5).
hypothèse embryopathogénique des kystes et fistules du dos Nous avons proposé dans des travaux récents que si la théorie
du nez : lors de la régression du diverticule dure-mérien de l’espace prénasal explique parfaitement les méningocèles ou

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Embryologie et anomalies congénitales du nez ¶ 20-264-A-10

1 1

2 2
3 3
4 4

A B C
1 1
5 5
6 8
A
7 2
2
4 4

C D D

1 1
5
8
9 8
7 10
2 2
4 B
4

E F E
Figure 5. Anomalies congénitales de l’espace prénasal : réinterpréta-
tion du continuum embryopathogénique tel qu’il a été proposé par
Sessions, 1982.
A. Encéphaloméningocèle.
8 B. Hétérotopie gliale extranasale.
11 C. Tissu dermoïde à extension paraméningée.
D. Tissu dermoïde à extension jusqu’à la base du crâne.
E. Kyste dermoïde du dos du nez sans extension profonde. Si la persis-
tance d’une projection durale dans l’espace prénasal au cours du déve-
loppement de l’étage antérieur de la base du crâne peut effectivement
expliquer la formation de méningocèle ou de gliome dans l’espace
G
prénasal (A, B), elle n’explique en aucun cas la formation de kyste ou de
Figure 4. Théorie de l’espace prénasal telle qu’elle a été proposée par fistule dermoïde (C-E). Cerveau et tissu glial en bleu, dure-mère en vert, os
Grünwald (1910). membraneux en jaune, tissu dermoïde en rouge.
A. Capsule nasale embryonnaire avec représentation de l’ectoderme et de
la dure-mère. Les pointillés indiquent la région où l’ectoderme reste
adhérent au cartilage de la capsule où des résidus de tissu ectodermique
peuvent être trouvés.
■ Définitions et aspects cliniques
B. Schéma représentant les restes d’ectoderme dans l’espace prénasal des malformations congénitales
avant la condensation des éléments osseux.
C. Condensation de l’os propre et de l’os frontal entre l’ectoderme et la
axiales de la région nasofrontale
dure-mère laissant l’espace prénasal entre l’os propre et la capsule cartila-
La connaissance de l’embryologie de la région nasofrontale
gineuse. Le fonticulus frontalis est présent et pas encore ossifié.
permet une classification topographique plus claire de ces
D. Ossification de l’os frontal avec fermeture du fonticulus frontalis. La
malformations. Au risque de paraître redondant, nous avons
projection en « pis de vache » de la dure-mère est représentée à travers
choisi de présenter les malformations de la région nasofrontale
l’os frontal.
en séparant arbitrairement les malformations dont la topogra-
E à G. Redessiné d’après Macomber et Wang, 1953 [15]. E. Montre une
phie est en relation avec l’espace prénasal, tel que nous l’avons
poche de dure-mère se projetant à travers l’os frontal pour former une
décrit antérieurement, et les malformations dont la topographie
encéphalocèle. F. Montre le foramen cæcum fermé avec un reste de tissu
est en rapport avec une persistance du fonticulus naso frontalis,
glial (gliome ou hétérotopie) dans l’espace prénasal. G. Montre le fora-
c’est-à-dire un défaut de fermeture de la suture située entre
men cæcum fermé avec un reste de tissu ectodermique (kyste dermoïde)
l’apophyse nasale des os frontaux et les os nasaux.
dans l’espace prénasal.
1. Dure-mère ; 2. espace prénasal ; 3. ectoderme ; 4. capsule cartilagi-
neuse ; 5. os frontal ; 6. fonticulus frontalis ; 7. os nasal ; 8. foramen Kystes et fistules du dos du nez
cæcum ; 9. encéphalocèle ; 10. gliome ; 11. kyste. Nous avons volontairement choisi de ne pas inclure les kystes
et fistules du dos du nez, ni dans les malformations de l’espace
les gliomes, de topographie basale antérieure ou prénasale, elle prénasal (comme c’est habituellement fait dans la littérature), ni
n’explique en aucun cas les kystes et fistules du dos du nez de dans les malformations relatives à la persistance du fonticulus
même topographie. La proposition de continuum embryopa- naso frontalis, ni dans les malformations basales. En effet,
thogénique unissant ces différentes pathologies nous semble l’étude topographique précise des différentes formes cliniques
donc caduque (Fig. 5) [18, 19]. topographiques de kystes et fistules du dos du nez nous a

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20-264-A-10 ¶ Embryologie et anomalies congénitales du nez

précoce pour que puissent avoir lieu les interactions épithélio-

“ Points forts
mésenchymateuses nécessaires à la formation du tissu dermoïde.
Le développement cartilagineux de la capsule nasale précède
l’ossification membraneuse des os nasaux et frontaux ; cela
• La plupart des malformations congénitales de la région explique la topographie préférentielle en superficie par rapport
nasofrontale se manifestent comme des masses ou des à la capsule nasale cartilagineuse, en particulier le septum.
L’inclusion pouvant avoir lieu à n’importe quel moment dans
tuméfactions symptomatiques de la ligne médiane au
la fourchette de temps proposée ci-dessus, les kystes et les
niveau de l’étage moyen de la face.
fistules peuvent être situés n’importe où en profondeur entre
• Des complications infectieuses locales ou l’ethmoïde, charpente cartilagineuse de la capsule nasale, et le
locorégionales (en particulier méningite chronique ou à tissu sous-cutané (Fig. 6) [13, 22].
répétition) peuvent parfois être révélatrices.
• Ces malformations sont retrouvées dans environ 1 sur Clinique
40 000 naissances vivantes, sans prépondérance de
Le diagnostic est fait le plus souvent à la naissance devant la
sexe [20].
présence d’une fistule cutanée externe qui peut être située
• Toutes malformations confondues, jusqu’à un tiers de n’importe où entre la glabelle et la pointe du nez. Il peut s’agir
ces patients ont des malformations intracrâniennes parfois (en cas de kyste sans trajet fistulaire) d’une tuméfaction
comprenant des dysgénésies du corps calleux, des isolée du dos du nez.
lipomes interhémisphériques, des kystes colloïdes ou des • En cas de fistule externe, l’orifice fistuleux se présente sous la
kystes arachnoïdiens. forme d’une petite dépression punctiforme circulaire ou
ovalaire, à bords nets, située sur la ligne médiane entre la
glabelle en haut et la base de la columelle en bas. La présence
de poils faisant issue à travers l’orifice fistulaire est considérée
comme pathognomonique. Parfois, plusieurs orifices sont
“ Point fort retrouvés, soit spontanément, soit par fistulisation secondaire.
La pression laisse poindre du sébum jaunâtre ; l’issue de
liquide cérébrospinal (LCS) a été décrite. Cette fistule peut
La biopsie diagnostique est contre-indiquée devant une être borgne, mais le plus souvent, l’orifice externe communi-
malformation congénitale du nez avant le bilan que par un trajet qui s’enfonce entre les cartilages triangulai-
morphologique. res et le bord inférieur des os nasaux, remontant vers la
glabelle, élargissant parfois les os jusqu’au kyste dermoïde.
• Le kyste dermoïde médian : parfois isolé, il apparaît sous
forme d’une petite tumeur médiane elliptique ou arrondie, du
permis de montrer que cette malformation peut concerner aussi volume d’un pois ou d’une noisette, indolore, mobile, de
bien l’espace prénasal que la région du fonticulus frontalis ou, consistance assez molle, recouvert d’une peau normale ou
dans de plus rares cas, l’étage antérieur de la base du crâne. d’aspect angiomateux. Dans certains cas, il est plus profond,
Les kystes et fistules du dos du nez sont rares. Leur incidence siégeant à la face interne des os nasaux, creusant une cavité
est estimée à 1 pour 20 000 à 40 000 naissances. Les kystes et en pleine cloison cartilagineuse, pouvant remonter jusqu’à la
fistules du dos du nez sont les malformations nasales de la ligne base du crâne. En cas de surinfection, la peau en regard est
médiane les plus fréquentes ; ils représentent 3,7 à 12,6 % des rouge, il prend l’aspect d’une tuméfaction inflammatoire
lésions dermoïdes de la tête et du cou et 1,1 % de tous les douloureuse et fixée. Si une incision intempestive de l’abcès
dermoïdes. Ces lésions sont dans la plupart des cas sporadiques, a eu lieu, il lui succède une fistule suppurée adhérente aux
même si des formes familiales ont ponctuellement été décrites. plans profonds.
• Les formes mixtes avec présence d’une fistule et d’un kyste
Embryopathogénie sont les plus fréquentes, réunissant les deux aspects précé-
demment décrits. À la différence des encéphalocèles, ces
La formation au cours du développement embryonnaire d’un masses ne sont pas transilluminables, le test de Furstenberg
kyste ou d’une fistule du dos du nez implique deux conditions (compression bilatérale des veines jugulaires visant à aug-
nécessaires et suffisantes : menter la pression intracrânienne) ou les cris n’entraînent
• compétence des cellules impliquées à former du tissu der- aucune expansion de la tumeur.
moïde comprenant un épithélium kératinisé stratifié et des • Les complications sont dominées par la surinfection aboutis-
annexes pilosébacées ; sant à une collection sous-cutanée de l’arête nasale ou plus
• topographie de la lésion compatible avec les différentes souvent paralatéronasale pouvant aboutir à une fistulisation
formes cliniques rencontrées. secondaire. La plupart des infections sont limitées à la fistule
L’hypothèse embryopathogénique la plus communément et au kyste mais des cellulites périorbitaires et des ostéomyé-
admise est celle qui découle de la théorie de l’espace prénasal lites ont été décrites. La possibilité de prolongement profond
proposée par Grünwald. Cette théorie est séduisante, mais au niveau de la cloison vers la base du crâne expose aux
n’explique ni les kystes et fistules du dos du nez de topographie complications endocrâniennes : méningite, abcès du cerveau.
superficielle par rapport aux os nasaux qui représentent la
majorité des cas, ni les exceptionnelles formes basales profon-
Examens complémentaires
des. Nous proposons une hypothèse selon laquelle cette patho-
logie résulterait d’une inclusion ectodermique au niveau des Leur but essentiel est d’apprécier l’extension en profondeur
zones axiales de fusions des bourgeons embryonnaires du tractus dermoïde, de rechercher une déhiscence de l’étage
nasofrontaux, entre 24 et 56 jours de développement intra- antérieur de la base du crâne et d’éliminer une malformation
utérin [19, 21]. Cette inclusion peut ou non rester en contact avec craniofaciale associée.
le milieu extérieur et se manifester ensuite sous forme de kyste La tomodensitométrie (TDM) faciale en coupes axiales et
ou de fistule. La topographie et la profondeur de la structure coronales est actuellement l’examen de référence. On y recher-
dermoïde ainsi formée seront fonction du stade de développe- che un dédoublement de l’apophyse crista galli ou un élargisse-
ment auquel se produit l’inclusion : plus l’inclusion est précoce, ment du trou borgne qui sont des signes de suspicion
plus le kyste ou la fistule seront profonds. Nous proposons que d’extension haute du tractus dermoïde. Mais l’interprétation des
ces épisodes d’inclusion ectodermique ont lieu entre la ferme- images TDM de la base du crâne est rendue difficile chez le
ture du neuropore antérieur autour du 24e jour de développe- jeune enfant par les processus d’ossification en cours de la lame
ment intra-utérin (IU) et 56 jours IU, où le nez est perpendiculaire de l’ethmoïde et de l’apophyse crista galli
structurellement formé. L’inclusion serait donc suffisamment (Fig. 7).

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Figure 6. Inclusion sagittale d’ectodeme : théorie embryopathogénique unissant les différentes formes cliniques de kystes et fistules du dos du nez (KFDN).
L’importante variabilité topographique des KFDN représente un continuum anatomique qui peut être corrélé avec le moment de l’inclusion ectodermique lors
du développement embryonnaire. Photographies en microscopie électronique à balayage d’embryons humains aux stades 13 (A), 15 (B), 17 (C, D), 21 (E)
selon la classification de Carnegie [22] (avec l’autorisation du docteur Klaus Hinrichsen) [13]. F à I. Schémas des principales formes topographiques de KFDN
(redessiné d’après Sessions, 1982). Une inclusion ectodermique précoce peut se produire lors de la fusion médiane des bourgeons nasofrontaux entre 24 et
56 jours de développement (A à E, flèches). Plus l’inclusion a lieu précocement, plus le KFDN est profond.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM), par la meilleure cérébrospinal et du tissu nerveux encéphalique habituellement
définition des tissus mous qu’elle donne, permet une évaluation malformatif. Quand la hernie ne contient que de la méninge,
précise du trajet du tractus et de ses extensions. Elle vient donc on parle de méningocèle. Quand la hernie contient du tissu
en complément du bilan TDM s’il persiste un doute sur une cérébral et/ou méningé, on parle alors de méningoencé-
extension haute du tractus dermoïde. phalocèle et quand elle contient du tissu cérébral, de la
Ces deux examens complémentaires ont supplanté les tomo- méninge et une partie du système ventriculaire, on parle alors
graphies du massif facial, et la fistulographie qui ne permet pas d’encéphalo-méningo-cystocèle.
toujours d’opacifier les trajets fistuleux trop étroits, et qui Les méningoencéphalocèles sont sous-divisées en quatre
présente pour certains un risque infectieux. groupes anatomiques en fonction de la topographie de la
hernie : sincipital, pariétal, occipital et basal. Nous nous
Traitement intéresserons exclusivement aux méningoencéphalocèles de
L’indication opératoire est formelle devant toute fistule topographie antérieure, que sont les formes sincipitales et
dermoïde du dos du nez. Opérer ces enfants jeunes, vers l’âge basales. On sépare les formes sincipitales en ménin-
de 6 mois, permet d’éviter les complications infectieuses, et goencéphalocèles nasoethmoïdales, nasofrontales et naso-
facilite les conditions techniques d’exérèse des lésions. orbitaires. Seules les formes nasoethmoïdales font partie des
Lorsque le bilan radiographique ne montre pas d’extension malformations de l’espace prénasal du fait de leur trajet entre
endocrânienne, l’exérèse peut être réalisée par une voie d’abord, les os nasaux et la capsule cartilagineuse ethmoïdale. La forme
soit médiane sur le dos du nez, soit dissimulée au niveau de la naso-orbitaire, de topographie paramédiane, ne sera pas traitée.
columelle. L’exérèse de la fistule se fait sous contrôle du La forme nasofrontale est abordée dans le cadre des malforma-
microscope opératoire (Fig. 8). tions du fonticulus frontalis.
Lorsque le bilan radiographique montre une extension La prévalence des encéphalocèles varie de 0,8 à 4 pour
endocrânienne, une exérèse par voie neurochirurgicale doit être 10 000 naissances vivantes [23], mais l’incidence réelle est
réalisée associée à l’exérèse par « voie basse » du trajet fistuleux. considérablement plus importante car ce type de malforma-
Les suites opératoires sont en général simples, avec cependant tion aboutit à une interruption de grossesse dans presque
un taux de récidive à long terme de 5 à 15 %. 70 % des cas [24]. Des facteurs ethniques et géographiques
influencent à la fois la fréquence et la topographie des
Malformations de l’espace prénasal encéphalocèles. En Asie du Sud-Est, les atteintes de la région
nasofrontale et nasoethmoïdale sont 9 fois plus fréquentes
Méningoencéphalocèles nasoethmoïdales que les atteintes postérieures [25] . La grande majorité des
Une encéphalocèle est par définition une dysraphie crânienne encéphalocèles est sporadique avec, dans un petit nombre de
avec hernie congénitale d’un sac méningé contenant du liquide cas, un lien avec la dysplasie frontonasale [26]. Bien que les

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Figure 7. Aspect en tomodensitométrie de


différentes formes cliniques de kystes et fistules
en coupes axiales (A, E, F) et reconstructions
coronales (B, C, D). Encoche frontale réalisée
par un kyste dermoïde glabellaire (A) ; aspect
radiologique physiologique de l’étage antérieur
de la base du crâne avec défaut d’ossification de
la lame criblée pouvant faire évoquer une dé-
hiscence osseuse (B) ; empreinte osseuse réali-
sée par un trajet fistuleux kystique s’étendant
jusqu’à la base du crâne sans composante intra-
crânienne (C) ; aspect de dédoublement de
l’apophyse crista galli chez un enfant présen-
tant un trajet fistuleux s’étendant jusqu’à la
base du crâne sans extension intracrânienne
(D) ; aspect d’élargissement du foramen cæ-
cum chez le même patient (E) ; encoche os-
seuse sagittale entre les os nasaux correspon-
dant au point de pénétration du trajet fistuleux
dans l’espace prénasal préalablement superfi-
ciel (F).

la partie antérieure de la paroi médiale des orbites. Ces patients

“ Points forts
ont souvent une face longue et chez les plus vieux, une classe
III squelettique peut être observée, traduisant l’effet du recul du
septum nasal sur la croissance médiofaciale [27]. Le defect osseux
• L’extension intracrânienne potentielle des kystes et naso-orbitaire est situé dans la partie médiale du mur orbitaire
fistules du dos du nez et le risque de complications et entre le processus frontal du maxillaire et l’os lacrymal. La
conséquence sur les orbites peut être une dystopie orbitaire
infectieuses secondaires justifient leur traitement
horizontale ou verticale. Le télécanthus est caractéristique des
chirurgical précoce.
patients porteurs d’encéphalocèle nasoethmoïdale. Cependant,
• L’analyse tomodensitométrique de la base du crâne est les distances interpupillaires et intercanthales latérales sont le
nécessaire pour la mise en évidence d’une solution de plus souvent normales traduisant le caractère essentiellement
continuité correspondant au trajet fistuleux. médiofacial de ce type de malformation. La dysfonction du
• Toute suspicion d’extension intracrânienne justifie la drainage lacrymal est le problème oculaire le plus fréquent en
réalisation d’une IRM cérébrale centrée sur l’étage raison d’un sac lacrymal malformé, distendu et souvent non
antérieur pour détecter la présence d’une masse perméable. Le contenu intracrânien peut être normal ou
intracrânienne. malformatif.
• Si une masse intracrânienne est mise en évidence, le À l’examen clinique les encéphalocèles se présentent comme
une masse compressible, pulsatile, positive en transillumination.
patient doit alors bénéficier d’une double voie d’abord
Elles augmentent de volume aux cris, à la manœuvre de
rhinologique et neurochirurgicale.
Valsalva et au test de Furstenberg (compression bilatérale des
• Dans les autres cas, la rhinoplastie par voie externe jugulaires). Cependant, l’ensemble de ces signes est fonction du
selon la technique de Réthi, avec si besoin usage du degré de communication avec les espaces sous-arachnoïdiens ; la
microscope opératoire, permet une large exposition et fiabilité de ces signes cliniques est donc toute relative.
l’excision complète de la lésion avec des séquelles
cosmétiques mineures (Fig. 8). Hétérotopie intranasale
Par définition, l’hétérotopie est la présence de formations
cellulaires ou tissulaires en situation anatomique anormale. Les
malformations sincipitales et basales soient présentes à la hétérotopies ou gliomes nasaux sont des malformations congé-
naissance, elles peuvent ne se manifester qu’à l’âge adulte. nitales de tissu glial situé en dehors du système nerveux central
Anatomiquement, la déhiscence des encéphalocèles nasoeth- sans connexion avec le LCS. Ces malformations sont moins
moïdales est située entre les os nasaux et les dérivés de la fréquentes que les dermoïdes, mais plus fréquentes que les
capsule nasale cartilagineuse (Fig. 9). La physiopathologie de ces encéphalocèles.
encéphalocèles pourrait être expliquée par l’extension de tissu On considère classiquement que la physiopathogénie
cérébral dans l’espace prénasal. En conséquence, les os propres de l’hétérotopie intranasale est identique à celle des
sont refoulés vers l’avant, tandis que la lame verticale de encéphalocèles frontoethmoïdales à cette différence que la
l’ethmoïde est reculée. Le defect osseux facial peut s’étendre à connexion entre la dure-mère et le tissu glial faisant hernie ne

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Figure 8. Kystes et fistules du dos du nez : exemple clinique. A. Vue de face au moment de l’épisode infectieux avec abcès de topographie paralatéronasale
droite d’évolution subaiguë, associé à un orifice fistulaire au niveau du tiers inférieur du dorsum nasal. Têtes de flèches : kyste paracanthal droit (en haut) et
fistule du tiers inférieur du dorsum (en bas). Aspect clinique (B) et tomodensitométrique (TDM) (C) de l’encoche maxillaire avec diastème interincisif central
avec interposition médiane du frein de lèvre supérieure, associée à une fente osseuse maxillaire médiane sous-jacente. Aspect radiologique en coupes axiales
TDM (D) et en imagerie par résonance magnétique (IRM) (E) et IRM en coupe sagittale (F). Rétention kystique avec prise de contraste périphérique compatible
avec le contexte infectieux. L’extension du trajet fistulaire se fait au niveau de la ligne médiane avec une solution de continuité osseuse entre les os propres du
nez. Le trajet fistulaire se poursuit ensuite sous l’auvent nasal traversant un foramen cæcum persistant et perméable, jusqu’à un kyste paraméningé médian
venant au contact des lobes frontaux. L’apophyse crista galli est clairement dédoublée. G à I. Vues peropératoires. Une triple voie d’abord a été pratiquée,
fusiforme, circonscrivant l’orifice fistuleux après cathétérisation de ce dernier par un crin de Florence, voie nasale externe de Réthi et incision complémentaire
paralatéronasale en regard de la fistulisation spontanée. L’extension profonde du trajet fistuleux se faisait au niveau d’une déhiscence osseuse à travers le
foramen cæcum. Le kyste venait au contact de l’encéphale, en regard de la déhiscence osseuse, mais restait strictement extradural. L’exérèse monobloc de la
pièce a nécessité la réalisation d’une « out fracture » des os nasaux pour élargir le champ opératoire et permettre un bon contrôle lors du décollement au contact
du kyste avec l’aide d’instruments otologiques sous microscope opératoire. J. Pièce opératoire.

persiste que par un tractus fibreux inconstant (15 % des cas). de malignité et ne dégénèrent pas. Ils sont dans la plupart des
Comme pour l’encéphalocèle nasoethmoïdale, la composante cas asymptomatiques, mais peuvent s’infecter.
intranasale peut être isolée, sans lésion visible en surface. Les Histologiquement, les hétérotopies sont constituées de tissu
formes intranasales représentent 30 % des hétérotopies glial dans un stroma conjonctif. Le tissu glial comprend
nasales, contre 60 % extranasales et 10 % de formes mix- surtout des astrocytes, mais aussi de la microglie et parfois des
tes [28] . Il n’y a habituellement aucun defect osseux. Les cellules géantes. Il existe aussi des neurones dans 10 à 60 %
gliomes nasaux, malgré leur nom, n’ont aucune composante des cas [29].

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Figure 9. Encéphalocèle nasoethmoïdale ;


aspect scanographique en coupes axiale (A),
sagittale (B) et coronales (C-D).

Les mitoses sont rares, et comparé aux encéphalocèles, le stroma Kystes épidermoïdes
conjonctif est plus abondant.
Les kystes épidermoïdes de la région de la pyramide nasale
La présentation clinique des gliomes intranasaux est habi-
sont très rares ; ce diagnostic est envisagé principalement pour
tuellement une obstruction nasale unilatérale (Fig. 10). Cepen-
souligner l’origine embryologique différente des kystes dermoï-
dant, avec le temps, ces lésions peuvent refouler le septum nasal
des et épidermoïdes. Ce sont globalement des tumeurs congé-
et entraîner une obstruction nasale bilatérale. On peut parfois nitales bénignes assez rares. Dans le cadre des tumeurs
observer une épistaxis ou une rhinorrhée de LCS. Une ménin- épidermoïdes bénignes de la tête et du cou, 50 % sont des
gite récidivante peut être le seul point d’appel [30]. cholestéatomes de l’oreille moyenne. Ces tumeurs peuvent être
Certains auteurs ont proposé une tendance particulière à faire situées à n’importe quelle ligne de fusion embryonnaire. La
des sinusites chez les patients porteurs d’hétérotopies nasa- plupart sont situées au niveau de la ligne médiane, mais au
les [31]. À l’examen endonasal, la masse peut se confondre avec niveau de la tête et du cou, elles sont souvent placées en regard
un polype. Les gliomes sont le plus souvent attachés au cornet des lignes de fusions latérales des arcs branchiaux. Les kystes
moyen, mais peuvent parfois être développés au contact de la dermoïdes et épidermoïdes sont les lésions du scalp les plus
lame cribriforme ou du septum nasal. Dans le cas d’un gliome fréquentes chez les enfants [32]. Les kystes dermoïdes sont 2 fois
volumineux, les os propres du nez peuvent être écartés. Bien plus fréquents que les kystes épidermoïdes [33]. Le kyste épider-
que le nez soit la localisation la plus fréquente, d’autres moïde se présente habituellement comme une masse à crois-
localisations ORL sont décrites comme le nasopharynx, la sance lente, indolente. Les formes à extension intracrânienne
langue, l’oropharynx ou le scalp [29]. peuvent entraîner une symptomatologie neurologique (en
Bien que les diagnostics différentiels soient nombreux, la particulier pour les formes temporofrontales volumineuses).
biopsie de la masse est formellement contre-indiquée en raison Ces tumeurs peuvent être classées en deux catégories selon
du risque de brèche méningée et de méningite. Le meilleur leur pathogénie :
examen radiologique est l’IRM. L’intensité du signal des gliomes • les kystes épidermoïdes acquis par implantation traumatique
tend à être identique à celle du parenchyme cérébral normal d’épiderme dans les tissus sous-jacents, de façon iatrogénique
dans toutes les séquences, mais il peut parfois exister une ou non ;
augmentation du signal pondéré en T2 du fait de la gliose. Les • les kystes épidermoïdes résultant d’une inclusion congénitale
sur une ligne de fusion de bourgeons embryonnaires tapissés
produits de contraste peuvent aider au diagnostic différentiel
d’ectoderme.
d’encéphalocèle. Du produit de contraste injecté dans le LCS
D’un point de vue histologique, les kystes épidermoïdes ont
pourra descendre dans une encéphalocèle mais pas dans un
pour seule paroi externe un épithélium kératinisé stratifié. Cet
gliome. Ce type d’examen n’est que très peu spécifique (en cas
épithélium desquame de façon naturelle, libérant ainsi de la
de perméabilité limite autour de la hernie). L’IRM ne peux pas
kératine et du cholestérol. Une cavité kystique se forme et
détecter précisément un defect osseux, mais sa meilleure grandit progressivement par l’accumulation de cette desquama-
résolution pour les tissus mous et la possibilité d’obtention de tion donnant au contenu du kyste cet aspect caractéristique
coupes dans tous les plans permettent de mieux circonscrire la blanc et nacré. Les kystes dermoïdes au contraire contiennent
topographie et le trajet d’une encéphalocèle. Elle permet aussi des annexes pilaires très évocatrices du diagnostic. La capacité
la distinction entre une réaction inflammatoire des tissus mous destructrice locale de ces kystes est bien décrite dans la littéra-
d’un gliome et une meilleure évaluation de la taille de la lésion. ture otologique. À moins d’une communication avec l’extérieur
Le traitement de ces lésions bénignes est chirurgical. Au ou une cavité sinusienne, la surinfection de ces kystes est peu
moindre doute, un avis neurochirurgical est nécessaire. Dans fréquente. Compte tenu de ce potentiel inéluctable de crois-
tous les cas, la confirmation finale de la nature de la lésion sera sance, l’exérèse de ces kystes est recommandée. Il n’y a pas de
faite au moment de l’intervention. récidive si l’exérèse est complète.

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Figure 10. Hétérotopie gliale intranasale ;


aspect clinique endonasal (A) et en imagerie
par résonance magnétique (IRM) (B à D).

Malformations du fonticulus frontalis d’une peau télangiectasique ou décolorée. Il s’agit d’une masse
homogène, de consistance ferme, non compressible. Le test de
Nous avons vu qu’embryologiquement, le fonticulus frontalis Furstenberg n’entraîne aucune expansion de la masse, contrai-
ou fontanelle nasofrontale correspond à la zone de jonction rement à ce qui est observé pour les encéphalocèles. La transil-
fibreuse située entre la partie inférieure de l’os frontal et la lumination est négative et on n’observe aucune expansion de la
partie supérieure des os nasaux. Dans certaines circonstances masse lors des cris. La prise en charge thérapeutique des gliomes
pathologiques, cette suture membraneuse peut rester déhiscente nasaux nécessite une approche multidisciplinaire avec la
et laisser une voie de passage à des structures sous-jacentes, en participation de chirurgiens maxillofaciaux, de neurochirurgiens
particulier du matériel cérébral. et de neuroradiologues. Le patient doit avoir un examen
clinique complet à la recherche d’autres malformations congé-
Méningoencéphalocèles nasofrontales nitales associées. L’endoscopie nasale est réalisée afin de préciser
Ce type d’encéphalocèle est la plus fréquente des localisations la localisation, l’origine et l’extension de la masse nasale et de
sincipitales. Elles sont la conséquence de la hernie des lobes mettre en évidence un éventuel caractère pulsatile. Toute
frontaux à travers un fonticulus frontalis élargi qui reste ouvert. ponction à l’aiguille ou biopsie doit être formellement proscrite
La déhiscence osseuse est alors située au niveau de la glabelle à avant d’avoir éliminé une éventuelle extension intracrânienne.
la jonction os frontal/os nasaux. En cas de topographie latérale Ces lésions ont un potentiel de croissance lent, sans risque de
de la déhiscence, l’os propre, ou le processus frontal du maxil- dégénérescence maligne. En conséquence, le bilan diagnostique
laire, peuvent être le siège d’une fente osseuse. Des anomalies doit être complet avant la réalisation de l’exérèse chirurgicale
cérébrales peuvent être associées. Le diagnostic positif repose sur qui constitue le traitement de choix. Le bilan radiologique par
l’IRM. scanner et IRM en coupes axiales, coronales et sagittales permet
de préciser la localisation, la taille et le contenu de la lésion.
Hétérotopies extranasales L’intégrité de l’étage antérieur de la base du crâne doit être mise
La présentation clinique des gliomes extranasaux est caracté- en évidence. Le scanner osseux en coupes millimétriques peut
ristique [21] . Ces malformations sont rares et se présentent être pris en défaut du fait de l’absence d’ossification de l’étage
habituellement à la naissance comme une masse médionasale antérieur chez le jeune enfant. L’IRM avec injection de produit
de consistance ferme située n’importe où entre la pointe du nez de contraste est alors utilisée en complément pour délimiter la
et la glabelle. Ils sont le plus souvent situés latéralement par base du crâne cartilagineuse, et donne des résultats complé-
rapport à la ligne médiane et peuvent entraîner une anomalie mentaires au scanner pour déterminer les caractéristiques
du champ visuel ou une compression des voies lacrymales du tissulaires ou liquidiennes de la masse. L’injection de produit de
côté atteint [34]. La racine du nez peut avoir un aspect élargi. contraste peut aussi aider à différencier les masses solides ou
Ces lésions sont classiquement, mais pas toujours, couvertes lorsqu’une infection est suspectée.

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Figure 11. Sténose congénitale des orifices


piriformes, aspect clinique (A) et radiologique
(B, C). B. Noter l’incisive centrale unique.

L’approche chirurgicale dépend de la topographie du gliome. nasaux et prémaxillaire) et le septum cartilagineux. Les tissus
Les hétérotopies extranasales peuvent être enlevées par voie sus-jacents, front, nez et prolabium sont aussi déficients. En
classique de rhinotomie latérale ou même par incision directe revanche, toute la partie latérale de la face dérivant des arcs
sur la masse. La prise en charge des gliomes intranasaux est plus branchiaux (lèvres latérales, régions zygomatomalaires) est
controversée et doit être réalisée avec prudence car l’incidence normale. L’ethmoïde est hypoplasique et s’associe à l’hypotélor-
des connexions fibrogliales avec la dure-mère est plus élevée bitisme et aux anomalies cérébrales systématiquement associées.
dans ce cas (35 % versus 9 % respectivement) et cela augmente L’hypotélorbitisme et la diminution du périmètre crânien sont
le risque de brèche méningée peropératoire. L’exérèse des petites constants et sont discriminants dans le cadre de la distinction
lésions peut se faire par voie endonasale, tandis que pour les des fentes médianes associées à la dysplasie frontonasale et aux
lésions plus importantes envahissant la lame cribriforme, le encéphalocèles [39]. Cette distinction est fondamentale car ces
chirurgien dispose alors de deux options. La première est de deux types de fentes font partie de la fente de Tessier n° 14.
pratiquer une voie paralatéronasale et une exploration de l’étage On distingue cinq grades d’holoprosencéphalie : cyclopie
antérieur chez tous les patients. Cependant, la morbidité d’une
(aucun clivage hémisphérique prosencéphalique, absence de
craniotomie n’est pas nulle. D’autres auteurs proposent une
bulbes olfactifs) ; ethmocéphalie (hypotélorbitisme, probocis
approche extracrânienne initiale si la suspicion d’encéphalocèle
médian) ; cébocéphalie (narine unique, absence d’os propres, de
ou la possibilité d’une large connexion durale est jugée faible
prémaxillaire avec fente labio-maxillo-palatine médiane) ;
d’après les examens cliniques et radiologiques. Si en peropéra-
absence de segment intermaxillaire (fente labiale médiane, nez
toire il devient évident qu’un large defect dural ne permettra
pas la fermeture, par approche extracrânienne, alors on pratique étroit, hypotélorbitisme) ; rudiment intermaxillaire (hypotélor-
la craniotomie. bitisme, nez aplati) [40].
Ces lésions bénignes ne récidivent pas si l’exérèse est com-
plète, aidée par une dissection soigneuse sous microscope Sténose congénitale des orifices piriformes
opératoire.
La sténose congénitale des orifices piriformes (SCOP) est une
dysostose localisée avec excès de croissance de l’anneau osseux
Dysraphies médianes composé de la branche montante du maxillaire et des os
D’autres malformations sont associées à des anomalies de propres du nez sans hypoplasie médiofaciale ou interorbitaire
fermeture de la ligne médiane. Elles sont regroupées sous le (Fig. 11). Il s’agit d’une malformation rare à l’origine d’une
terme de dysraphies médianes. détresse respiratoire néonatale. Les nouveau-nés sont des
respirateurs nasaux obligatoires. Cliniquement, l’obstruction
Fentes médianes et holoprosencéphalie nasale peut être diagnostiquée par l’impossibilité ou la difficulté
de passer une sonde de 3 à 4 mm dans la fosse nasale, par la
À la différence des fentes labiales latérales, les fentes labiales
survenue d’une détresse respiratoire néonatale et/ou une
médianes sont rares et représentent moins de 0,0001 % de
cyanose au cours des tétées. Le diagnostic différentiel devant
toutes les naissances, sans facteur ethnique ni sex-ratio
une obstruction nasale néonatale comprend les lésions trauma-
connu [35]. Elles sont décrites comme les fentes 1 et 2 (paramé-
tiques (luxation ou hématome septal), les kystes (dacryocysto-
dianes ou verticales dans la classification de Tessier). Comme
cèle, kyste dermoïde ou épidermoïde), les anomalies basi-
pour toutes les fentes, il existe une grande variété de présenta-
tions cliniques allant de la simple encoche du vermillon à la crâniennes (méningoencéphalocèles), les lésions tumorales
forme majeure d’holoprosencéphalie (cyclopie-rhinencéphalie). (gliome, hémangiome, lymphangiome, tératome, rhabdomyo-
L’holoprosencéphalie est la conséquence d’une anomalie de sarcome), l’hypoplasie nasale (chondrodysplasie, anomalies
développement de la partie la plus antérieure de la plaque induites par la warfarine) et l’atrésie choanale. Le diagnostic est
neurale destinée à former le télencéphale et de la plaque confirmé par la fibroscopie et la tomodensitométrie. La SCOP
préchordale (structure mésodermique entre le prosencéphale et est fréquemment associée à une incisive maxillaire centrale
le stomodeum). La pathogénie précise n’est pas connue, mais unique, à des anomalies hypophysaires qui doivent être recher-
on dispose d’un modèle d’étude animal reproductible d’holo- chées systématiquement ; son lien avec l’holoprosencéphalie
prosencéphale en administrant un tératogène (alcaloïde) à des reste discuté. Une étude récente a montré que la sténose osseuse
moutons [36, 37]. Des mutations impliquant la voie de signalisa- des SCOP était toujours localisée en avant des voies lacrymales
tion de la protéine Sonic Hedgehog sont connues chez et du septum nasal. Des mesures systématiques de la distance
l’homme [38]. interorbitaire n’ont pas mis en évidence d’hypotélorisme, qui
L’holoprosencéphalie et les fentes médianes sont liées à une constitue un élément diagnostique majeur de l’holopro-
anomalie de croissance du bourgeon frontonasal qui produit le sencéphalie. De plus, les anomalies osseuses associées à l’holo-
squelette craniofacial médian (ethmoïde, crista galli, vomer, os prosencéphalie semblent être une étroitesse des orifices

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piriformes sans excès de croissance osseuse [41]. Ces considéra-


tions sont en faveur du fait que l’holoprosencéphalie et la SCOP
sont deux entités distinctes.
La prise en charge repose sur le rétablissement de la ventila-
tion en urgence par mise en place initiale d’une canule de
Guedel. La perméabilité nasale peut être améliorée par l’usage
de solutions salées hypertoniques et de décongestionnants. En
cas d’échec de traitement conservateur, l’alternative chirurgicale
doit être envisagée rapidement du fait des difficultés ventilatoi-
res, des difficultés alimentaires associées et de la mauvaise prise
de poids du nourrisson. Elle est réalisée par voie sous-labiale par
l’élargissement des orifices piriformes à la fraise diamantée suivi
d’un calibrage prolongé [42].

Fentes médianes et dysplasie frontonasale


Les dysraphies médianes médiofaciales sont divisées en deux
groupes :
• le groupe inférieur avec une fente primaire de la lèvre
inférieure (+/- atteinte nasale). Ces formes sont associées à des
encéphalocèles basales, des agénésies du corps calleux et des
anomalies oculaires variées ;
• les formes supérieures regroupées sous le terme de dysplasie
frontonasale, rarement associées à des anomalies cérébrales à
type d’encéphalocèles basales.
La dysplasie frontonasale semble être le résultat d’un déficit
embryonnaire de fusion des bourgeons faciaux au niveau de la
ligne médiane, sans anomalie de croissance volumétrique de ces Figure 12. Proboscis lateralis. Photographie avec accord de E.-N.
derniers. Le développement du cerveau antérieur est rarement Garabédian.
concerné et le cerveau sous-jacent est habituellement normal.
La dysplasie frontonasale est donc très différente de l’holopro-
sencéphalie et se présente à l’extrême comme une fente labiale Tableau 2.
et palatine médiane, un nez bifide, un hypertélorisme et une Classification anatomique des proboscis lateralis (d’après Garabédian et
zone d’implantation frontale en V de la ligne chevelue. Le al., 1999).
prémaxillaire est habituellement présent, parfois bifide. On peut Type I Nez normal
observer une incisive centrale médiane. D’autres anomalies
Fosse nasale : hypoplasie et/ou atrésie choanale
médiofaciales peuvent parfois être associées comme des fentes
de la lèvre supérieure et du palais, un télécanthus, un colobome Hypoplasie ethmoïdale avec abaissement de la base du crâne
oculaire, une microphtalmie ou des encoches des ailes narinai- Colobome palpébral ou choriorétinien
res. L’hypertélorbitisme est toujours présent et indispensable au Type II Type I + proboscis lateralis homolatéral
diagnostic. Type III Type II + agénésie héminasale homolatérale
Type IV Type III + fente labio-maxillo-palatine
Arhinie et proboscis lateralis
Arhinie
dépens de la région canthale interne (Fig. 12). Cette structure
L’arhinie est une malformation congénitale exceptionnelle ; tubulaire peut être le siège d’une petite lumière sur toute sa
environ 30 cas ont été rapportés dans la littérature [43]. Elle est longueur, tapissée d’un épithélium cylindrique stratifié corres-
définie comme l’absence complète de nez et elle est associée à pondant à de l’épithélium respiratoire de fosse nasale, se
une absence de système olfactif (tractus et bulbes olfactifs) qui drainant à la partie distale de l’appendice. La plupart des cas
est en faveur de l’hypothèse embryopathogénique d’une sont unilatéraux mais des cas bilatéraux ont été décrits [45]. Des
anomalie d’invagination des placodes olfactives. Cliniquement, proboscis atypiques, développés aux dépens de la région
l’arhinie se manifeste par une détresse respiratoire néonatale liée canthale externe, du nez ou de la joue ont aussi été décrits [46,
au fait que les nouveau-nés sont des respirateurs nasaux 47]. Une aplasie ou une hypoplasie héminasale controlatérale est
obligatoires. La mise en place d’une canule de Guedel peut en général associée au proboscis. Les malformations associées
permettre de surseoir à une trachéotomie. L’alimentation est comprennent une hypoplasie de la fosse nasale et de l’ethmoïde
initialement assurée par une sonde nasogastrique ou une homolatéral, une atrésie choanale et parfois une agénésie
gastrostomie. Des anomalies du système nerveux central sont complète de la fosse nasale ; un colobome choriorétinien ou
souvent associées. Malgré les anomalies cérébrales décrites, le palpébral homolatéral ; une hypoplasie des voies lacrymonasa-
développement psychomoteur peut être normal. Les examens
les ; une fente labiale et/ou maxillopalatine. Le développement
radiologiques mettent en évidence une agénésie des os nasaux,
psychomoteur est en général normal. Le proboscis lateralis est
une absence totale des cavités nasales qui sont remplacées par
divisé en quatre groupes cliniques en fonction des malforma-
des masses osseuses. Les sinus maxillaires sont absents, les sacs
tions associées [48] (Tableau 2).
lacrymaux sont présents mais les voies lacrymales peuvent être
Diverses hypothèses embryopathogéniques ont été proposées,
obstruées. Les modalités de reconstruction ne sont pas claire-
telles que l’anomalie de développement des voies lacrymonasa-
ment établies ; elles visent à reconstruire le relief de la pyramide
nasale plus qu’à redonner une perméabilité nasale dont le les [49] ou une anomalie ou une duplication de la placode
résultat est précaire. nasale [47] . Cependant, l’hypothèse la plus plausible est en
faveur d’une anomalie au niveau du territoire ectodermique
présomptif de la fosse nasale, qui pourrait correspondre au
Proboscis lateralis moins en partie à la zone ectodermique frontonasale décrite par
Le proboscis lateralis est une malformation rare sans facteur Hu et al. [11, 48] (voir chapitre embryologie). Cette anomalie
favorisant connu dont l’incidence est inférieure à 1/100 000 primaire ectodermique pourrait conduire à un hypodéveloppe-
naissances vivantes [44]. Il se présente comme une structure ment de la région frontonasale, entraînant une malformation de
tubulaire de quelques centimètres de longueur développée aux la fosse nasale et/ou un proboscis latéral. Ce bourgeon

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Figure 13. Dacryocystocèle congénitale, as-


pect clinique (A, B, D) et radiologique (C).
Photographies du docteur Fayet.

nasofrontal est ensuite incapable de permettre un développe- distale du canal lacrymonasal et qui peut entraîner des troubles
ment correct du bourgeon maxillaire conduisant à un colobome ventilatoires car les nouveau-nés sont des respirateurs nasaux
de la paupière inférieure et une hypoplasie des voies exclusifs, surtout en cas de dacryocystocèle bilatérale. Des
lacrymonasales. complications infectieuses peuvent survenir avec cellulite
Il existe différents procédés de reconstruction qui utilisent le périorbitaire et septicémie.
proboscis comme site donneur, soit par désépithélialisation de Les diagnostics différentiels des dacryocystocèles congénitales
la face postéro-interne du proboscis, soit par rapprochement de sont l’encéphalocèle frontoethmoïdale, l’hémangiome capillaire,
ce dernier par un tunnel sous-cutané [50]. Dans tous les cas, les dermoïdes, les hétérotopies gliales.
plusieurs étapes de reconstruction sont nécessaires. Histologiquement, la dacryocystocèle congénitale est compo-
sée d’une muqueuse de type respiratoire avec métaplasies
Anomalies des voies lacrymales squameuses focales et infiltrat inflammatoire.
Le bilan diagnostique comprend un examen ophtalmologique
Dacryocystocèle complet, une endoscopie nasale, une échographie et/ou TDM
seulement en cas de doute diagnostique. L’objectif du traite-
Embryologiquement, le système lacrymonasal se développe à
ment chirurgical est la reperméabilisation des valves de Hasner
partir de l’ectoderme de surface entre le bourgeon nasal externe
et Rosenmüller. Le cathétérisme est déconseillé. Il repose sur la
et les bourgeons maxillaires. Initialement, le canal nasolacrymal
marsupialisation par voie endonasale. Il est exceptionnel de
est virtuel. La canalisation du système lacrymal débute au cours
recourir à la voie externe.
du 3e mois de grossesse et se termine vers le 6e mois. La zone
topographique la plus fréquente de recanalisation déficiente se
trouve au niveau de la valve de Hasner. Des études anatomiques
ont montré une imperforation des canaux lacrymonasaux de
■ Références
l’ordre de 30 à 70 % chez des fœtus à terme [51]. [1] Noden DM. The role of the neural crest in patterning of avian cranial
Les dacryocystocèles sont liées à une imperforation complète skeletal, connective, and muscle tissues. Dev Biol 1983;96:144-65.
de l’orifice inférieur de voies lacrymales avec dilatation en [2] Couly GF, Coltey PM, Le Douarin NM. The developmental fate of the
amont chez le nouveau-né et dans les premières semaines de cephalic mesoderm in quail-chick chimeras. Development 1992;114:
vie. La dacryocystocèle congénitale fait suite à l’obstruction 1-5.
distale de la valve de Hasner (zone de jonction du sac lacrymal [3] Couly GF, Coltey PM, Le Douarin NM. The triple origin of skull in
et de la muqueuse respiratoire nasale), associée à l’obstruction higher vertebrates: a study in quail-chick chimeras. Development 1993;
proximale de la valve de Rosenmüller (zone de jonction du 117:409-29.
canalicule commun avec le sac lacrymal), ayant pour consé- [4] Le Douarin NM, Kalcheim R. The neural crest. Oxford: Oxford
quence l’accumulation des sécrétions et la distension du sac University Press; 1999.
nasolacrymal. Une dacryocystocèle congénitale non infectée se [5] Krumlauf R. Hox genes in vertebrate development. Cell 1994;78:
191-201.
présente cliniquement comme une masse bleutée localisée à la
[6] Lewis EB. A gene complex controlling segmentation in Drosophila.
région canthale interne (Fig. 13). Elle est souvent associée à un
Nature 1978;276:565-70.
épiphora. La présentation clinique est donc différente des [7] Hunt P, Wilkinson D, Krumlauf R. Patterning the vertebrate head:
obstructions périnatales du canal lacrymal qui sont dépourvues murine Hox 2 genes mark distinct subpopulations of premigratory and
de masse canthale interne et chez qui l’on peut observer des migrating cranial neural crest. Development 1991;112:43-50.
sécrétions lacrymales purulentes au niveau de l’œil et des [8] Lumsden A, Krumlauf R. Patterning the vertebrate neuraxis. Science
paupières. Dans ce dernier cas, le système de drainage est 1996;274:1109-15.
bloqué uniquement en distal au niveau du méat inférieur (valve [9] Couly G, Creuzet S, Bennaceur S, Vincent C, Le Douarin NM.
de Hasner). La dacryocystocèle congénitale est fréquemment Interactions between Hox-negative cephalic neural crest cells and the
associée à la présence d’une masse intranasale à la partie foregut endoderm in patterning the facial skeleton in the vertebrate
antérieure du méat inférieur et qui correspond à la dilatation head. Development 2002;129:1061-73.

16 Oto-rhino-laryngologie

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Embryologie et anomalies congénitales du nez ¶ 20-264-A-10

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J.-B. Charrier, Chef de clinique-assistant (jean-baptiste.charrier@bct.ap-hop-paris.fr).


E. Racy, Attaché des Hôpitaux.
C. Nowak, Praticien hospitalier.
B. Lemaire, Chef de clinique-assistant.
S. Bobin, Professeur, chef de service.
Service d’otorhinolaryngologie et de chirurgie cervicofaciale, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Charrier J.-B., Racy E., Nowak C., Lemaire B., Bobin S. Embryologie et anomalies congénitales du nez. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-264-A-10, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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