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Punu (peuple)
ethnie du Gabon

Cet article est une ébauche concernant un groupe ethnique, le Gabon et la République du Congo.

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Punu

Populations importantes par région

Gabon 444 716 de 2 340 613, soit


19 % [1]
République 238 491 de 5 546 317 soit
du Congo 4,3 % [2]
Population 683 207 (2022)
totale
Autres

Langues Ipunu

Les Punu forment un peuple bantou d'Afrique centrale établi principalement au sud du Gabon, également en République du
Congo dans la région du Niari. Ils constituent l'un des groupes dits shira-punu, auxquels sont aussi rattachés les Sangu (ou
Massango).

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs variantes : Alpounou, Alpunu, Apono, Bapounou, Bapunu, Ipounou, Ipunu,
Pouno, Pounou, Puno, Punus, Yipounou, Yipunu[3].

Langues

Leur langue est le punu (ou yipunu)[4]. On trouve des personnes parlant le yipunu dans les provinces de la Ngounié et de la
Nyanga principalement. Les grandes concentrations sont les villes de Mouila, Ndendé (Ngounié); Tchibanga et Moabi (Nyanga).
Aujourd'hui, il faut y ajouter les villes comme Lambaréné (Moyen-Ogooué) et même la capitale du pays Libreville. En nombre de
locuteurs, le yipunu se classe en seconde position, après la langue Fang.

Histoire

Selon Monique Koumba Manfoumbi, les Punu se déplacèrent depuis le sud du Gabon (vers le bassin de la Ngounié) au
XVIIIe siècle, et peuplèrent leur territoire actuel entre la fin du XVIe siècle et le XIXe siècle[5]. En 1568, ils envahirent le nord–est du
:
royaume du Kongo et triomphèrent contre le roi Alvare Ier.

Ils constituaient l'arrière-garde d'une longue tradition de migration depuis le nord-ouest du Congo, et qui s'était mise en place
depuis le XVe siècle, comme le précise Guy Claver Loubamono-Bessacque, dans son Panorama des déplacements, en 2017[6]. Ils
suivirent l'axe de la côte, depuis Dolisie jusqu'à Mouila, sur la Ngounié, avant de se disséminer dans la région voisine de la
Nyanga (Tchibanga, Moabi et dans le massif du Mayombe). Certains seraient peut-être entrés par cette région de la Nyanga.

On ne connait pas les raisons qui ont poussé ces populations à se déplacer. Cependant, si les guerres peuplent les récits des
déplacements, il est probable que d'autres facteurs aient été déterminants. L'appauvrissement des sols utilisés par les villages, la
raréfaction du gibier ou le manque de ressources de la cueillette impliquaient l'allongement des distances à parcourir pour
subvenir aux besoins du village. Et se déplacer, pour chercher une région nettement plus propice, devenait une alternative
judicieuse[7]. Les habitations, elles-mêmes, se dégradant sur une vingtaine d'années, et la mort d'un habitant pouvait créer un
choc qui, avec d'autres facteurs, incitait, alors, à partir.

Culture et société

Les Punu appartiennent au groupe culturel Shira-Punu, avec les Eshira (Shira), les Lumbu et les Vili. Ils sont aussi rattachés aux
Sangu (ou Massango).

Ils vivaient dans des villages indépendants divisés en clans et en familles.

Le mukudj et l' ikwar …

La cohésion sociale était assurée par la société de l'okuyi (terme générique pour le masque, nommé mukudji, blanc, chez les
Punu et les Eshira). Son rôle essentiel était de subjuguer les esprits malfaisants de la forêt. Cette forme d'expression était
partagée par de nombreux groupes régionaux, dont les Eshira, les Masango et les Lumbu. Le masque mukudj était aussi utilisé
par la société Okuyi au moment du deuil. Le nom du masque varie selon les populations, par exemple okuyi, mukuyi, mukudj[8]
chez les Eshira. Le rôle de la danse rituelle du mukudj était d'invoquer un esprit de l'au-delà, revenu du monde des morts dans
celui des vivants, représenté sous les traits d'une "belle jeune femme" au visage idéal. Après avoir eu autrefois un rôle de
régulateur social ou parfois de justicier qui le faisait craindre, l'okuyi s'est peu à peu transformé au milieu du XXe siècle en
manifestation de divertissement communautaire.[9].

Le masque mukudj, en bois peint, n'est que la partie supérieure d'un ensemble qui est composé d'un danseur, invariablement
masculin, dont le corps est masqué par un vêtement plus ou moins ample, tandis que ses pieds reposent sur des échasses qui
peuvent aller jusqu'à trois mètres de haut. Comme la danse comporte des mouvements violents et saccadés et des
déplacements, parfois rapides parmi les villageois, le danseur doit être un professionnel chevronné et au maximum de sa force
physique, car sa prestation est une prouesse exceptionnelle. Le masque de bois par lequel il peut voir ce qui l'environne n'étant
pourvu que d'étroites fentes à l'endroit des yeux aux paupières presque fermées ! Aussi une équipe de soutien, et pouvant
atteindre 25 membres, aide le danseur à s'habiller, à le fixer solidement sur les échasses et assure sa protection tout en
l'accompagnant par des chants. Le danseur communique avec eux par un langage codé et des gestes des mains qui tiennent des
chasse-mouches, lesquels amplifient leurs mouvements codés. Un ensemble de musiciens de percussions rythme le spectacle
et un chœur interprète un « collage de textes tirés de divers faits historiques et contextes rituels. »[10] Le portrait féminin idéalisé
semble ainsi voler, emporté par la masse informe du danseur masqué mais qui témoigne d'une évidente maitrise quasiment
surnaturelle.

Des spectacles apparaissant comme une caricature comique du mukudj offraient à des danseurs moins expérimentés l'occasion
de tester leurs capacités physiques sur des échasses bien plus petites. Les chants qui accompagnaient cet ikwar pouvaient être
des versions simplifiées du mukudj, mais aussi être grivoises, agressives ou même violentes. Le masque était alors caricatural ou
même une simple capuche en tissu. Mais un masque mukudj, au visage originellement blanc pur, après de nombreuses années
d'usage pouvait être noirci au ngulu, un mélange de charbon et d'huile de palme rouge et devenait ikwar. Le masque changeait
alors de nature, devenant masculin et passant « du sommet d'une culture exceptionnelle au prosaïque et au commun. »[11]

Ces masques sont toujours des figures de femme. Un Punu interrogé en 1993 sur l'usage du kaolin sur le masque mukudj a eu
:
cette phrase: « Les femmes sont représentées par la couleur blanche parce qu'on les admire ». Ces masques ont d'ailleurs fait
l'admiration des Occidentaux et furent collectionnés par les artistes modernes dès avant 1910, dont Matisse, Picasso et
Vlaminck[12]. On peut constater qu'un soin évident a été porté dans la représentation de certains traits personnalisés, et de telles
sculptures sont ainsi des portraits idéalisés de femmes Punu qui peuvent se reconnaitre et être reconnues. Le sculpteur
travaillant en dehors du village, il doit sculpter de mémoire, en s'inspirant des traits d'une femme reconnue pour sa beauté, qui
peut être la femme même du sculpteur. Le blanc du kaolin « impose au masque une lividité surnaturelle qui sublimait la beauté de
son sujet féminin idéalisé. »[13]

Le voyageur et anthropologue des tout débuts de cette discipline, Paul Belloni Du Chaillu, décrit ainsi les femmes Punu qui
vivaient sur une des rives de la Ngounié: « Les femmes ont pour ornements des scarifications sur le front ; très souvent celles-ci
consistent en neuf protubérances arrondies, de la dimension d'un pois et disposées en losange entre les sourcils, et elle portent
des marques en relief similaires sur les joues et quelques marques irrégulières sur la poitrine et l'abdomen, dont la disposition
varie selon les individus. »[12]. Ces ornements se retrouvent évidemment sur les masques, dont de caractère naturaliste est
soigneusement idéalisé par le sculpteur.

Masque anthropomorphe blanc. Punu.


19e-début 20e siècle. Bois, pigments noir, rouge et kaolin.
25 x 17,5 x 11,5 cm.[14]

Masque mukudj. Punu.


19e siècle. Bois, pigments dont kaolin
37 x 11 (Largeur de la face) x 12 cm.[15]
:
Masque mukudj. Punu.
19e-début 20e siècle. Bois, pigments dont kaolin.
27,9 x 19,1 x 23 cm.[16]

Masque ikwara. Punu.


19e-début 20e siècle. Bois, pigments
46 x 21 x 16,5 cm.[17]

Démographie

Bien qu'étant présents dans une bonne partie du bassin du Congo (Gabon, Congo Brazzaville, République démocratique du
Congo, Angola), c'est au Gabon qu'ils vivent en grand nombre où ils représentent un peu plus de 25 % de la population
gabonaise. Ils sont, après l'ethnie Fang, la deuxième ethnie du Gabon (la troisième étant l'ethnie Nzebi). [réf. nécessaire]

Personnalités

Annie-Flore Batchiellilys, artiste, chanteuse.

Didjob Divungi Di Ndinge, ancien vice-président de la République[18]

Emile Kassa Mapsi, ancien ministre, ancien vice-premier ministre.

Alfred Mabika, haut fonctionnaire et ancien ministre.

Pierre-Claver Maganga Moussavou, ancien vice-président de la République[18]

Pierre Mamboundou, opposant historique au régime des Bongo (Omar Bongo et Ali Bongo).

Sébastien Mamboundou Mouyama, ancien ministre

Yves-Fernand Manfoumbi, ancien ministre[18]


:
Bruno Ben Moubamba, ancien ministre[19]

André Moussavou, universitaire, onzième recteur de l'université Omar Bongo

Auguste Moussirou, universitaire et écrivain gabonais

Notes et références

1. 2022 population punu-eshira/vili :https://www.cia.gov/the-world-factbook/countries/gabon/#people-and-


society [archive]

2. 2022 population punu : https://www.cia.gov/the-world-factbook/countries/congo-republic-of-the/#people-and-


society [archive]

3. « Punu (peuple d'Afrique) » (http://data.bnf.fr/15069173/punu__peuple_d_afrique_/) [archive], BnF — notice RAMEAU

4. (en) Fiche langue (http://www.ethnologue.com/language/puu) [archive] [puu] dans la base de données


linguistique Ethnologue.

5. Étude d’un genre de la littérature orale : la devise (kûmbù) chez les Punu du Gabon, Amevi Christine Cerena TOMBA DIOGO,
thèse de doctorat, Institut National des Langues et Civilisations Orientales, 2015

6. Guy Claver Loubamono-Bessacque in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 18-25, en particulier p. 21. et Alisa LaGamma, Muses de
l'avant-garde et leur origine punu, carte des migrations depuis le XVIIe siècle, p. 159.

7. Guy Claver Loubamono-Bessacque in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 24

8. Selon A. LaGamma, 1995

9. Christies (https://www.christies.com/lotfinder/Lot/masque-punu-okuyipunu-mask-okuyi-gabon-5745832-
details.aspx/) [archive]

10. Alisa LaGamma in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 167

11. Alisa LaGamma in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 166

12. Alisa LaGamma in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 161

13. Alisa LaGamma in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 164

14. Musée du quai Branly: « Rappelle les masques blancs du Gabon méridional, dont le style varie suivant les peuples qui les
utilisent. Ces masques manifestent la présence des défunts au sein d'un village à l'occasion de certaines activités
religieuses ou juridiques. »

15. «Masque mvudi. Intervient dans des danses à la pleine lune, danse où l'on utilise aussi des échasses. »: Musée du quai
Branly

16. Brooklyn Museum

17. Provenance Maurice de Vlaminck. Musée du quai Branly : « Ce masque, lié à des fonctions judiciaires, sortait, à la tombée
de la nuit, sur des échasses courtes. »

18. Georges Dougueli, « Gabon : Pierre-Claver Maganga Moussavou, la politique, une affaire de famille », in Jeune Afrique, 5
octobre 2017 [1] (https://www.jeuneafrique.com/mag/476379/politique/gabon-pierre-claver-maganga-moussavou-la-politi
que-une-affaire-de-famille/) [archive]

19. Georges Dougueli, « Gabon : Ben Moubamba, le retour », in Jeune Afrique, 7 novembre 2011 [2] (https://www.jeuneafrique.
com/189515/politique/gabon-ben-moubamba-le-retour/) [archive]

Voir aussi

Bibliographie …
Hubert Deschamps, « Pounou » (http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers11-03/12584.pdf) [archive],
:
in Traditions orales et archives au Gabon. Contribution à l'ethno-histoire, Berger-Levrault, Paris, 1962, p. 24-29

Louis Perrois et Charlotte Grand-Dufay, Punu, Milan, 5 continents, 2008, 157 p. (ISBN 978-88-7439-400-5)

Hugues Mouckaga, Les Bapunu du Gabon, communauté culturelle d'Afrique centrale : sexualité, veuvage, alcoolisme,
esclavage, maraboutage, anthropophagie, pour en finir avec les idées reçues, Paris, L'Harmattan, 2010, 250 p.
(ISBN 978-2-296-12565-0, lire en ligne (https://books.google.com/books?
id=YmUUqFLdxLQC&printsec=frontcover) [archive])

Alisa LaGamma, Muses de l'avant-garde et leur origine punu in Yves Le Fur (commissaire et directeur de la publication), Louis
Perrois (conseiller scientifique) et al. (Exposition : Musée du quai Branly, 2017-2018), Les forêts natales : Arts d'Afrique
équatoriale atlantique, Actes Sud et Musée du quai Branly, 2017, 367 p., 33 cm (ISBN 978-2-35744-097-5), p. 158-169

Articles connexes …
Masque Okuyi

Démographie du Gabon

Liste des groupes ethniques d'Afrique

Liens externes …
(en) Punu Information (http://www.uiowa.edu/~africart/toc/people/Punu.html) [archive] (Arts & Life in Africa, Université de
l'Iowa)

Notices d'autorité : Système universitaire de documentation (http://www.idref.fr/085539325) ·


Bibliothèque du Congrès (http://id.loc.gov/authorities/sh98002206) ·
Bibliothèque nationale d’Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_code=UID&request=987007563738305171)

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