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Un antidépresseur,c’est bien…
mais deux,est-ce mieux ?
Hélène Demers et Michel Lapierre
partielle (diminution du score de dépression entre O Inobservance (liée ou non à la présence d’effets indésirables)
25 % et 50 %) tandis que de 19 % à 34 % n’obtien-
O Erreur lors du diagnostic psychiatrique initial
dront aucun résultat1,2,3.
Habituellement, une dépression est qualifiée de ré-
fractaire en cas d’échec thérapeutique de deux anti- logies adéquates pendant une période appropriée1,2.
dépresseurs de classe différente prescrits à des poso- Des symptômes dépressifs résiduels augmentent le
risque de rechute dépressive et de récurrence, d’où
Mme Hélène Demers, pharmacienne, exerce à l’UMF- l’importance de bien choisir l’antidépresseur initial
GMF de la Cité de la Santé de Laval. Le Dr Michel ou de bien rajuster la pharmacothérapie1.
Lapierre, omnipraticien, est professeur adjoint de clinique Ainsi, après avoir réévalué le diagnostic initial et
à l’Université de Montréal et pratique aux groupes de éliminé toutes les causes potentielles de pseudoré-
médecine familiale de la Cité de la Santé de Laval et sistance (encadré), le clinicien dispose de quatre stra-
de Lorraine. tégies pharmacologiques pour traiter la dépression
Tableau I
Stratégies d’optimisation des principaux antidépresseurs2,4,5
Dose thérapeutique Moment de
Antidépresseur Dose de départ minimale Dose maximale l’administration
Citalopram (Celexa) 10 mg – 20 mg 20 mg 60 mg Le matin*
Escitalopram (Cipralex) 10 mg 10 mg 20 mg Le matin*
Fluoxétine (Prozac) 10 mg – 20 mg 20 mg 80 mg Le matin
Fluvoxamine (Luvox) 25 mg – 50 mg 100 mg – 150 mg 300 mg Au coucher
Paroxétine (Paxil) 10 mg – 20 mg 20 mg 60 mg Le matin*
Sertraline (Zoloft) 25 mg – 50 mg 50 mg 200 mg Le matin* après le repas
Venlafaxine (Effexor XR) 37,5 mg – 75 mg 75 mg 375 mg Le matin
Mirtazapine (Remeron) 15 mg 15 mg 45 mg Au coucher
Bupropion SR † (Wellbutrin SR) 100 mg – 150 mg 150 mg 150 mg, 2 f.p.j. Le matin et l’après-midi ‡
Bupropion XL† (Wellbutrin XL) 150 mg 150 mg 300 mg Le matin
* Déplacer la dose au coucher en cas de somnolence ; † Bupropion XL, 150 mg, 1 f.p.j. ≅ bupropion SR, 100 mg, 2 f.p.j. ; ‡ Administrer la deuxième
dose avant 17 h pour éviter l’insomnie.
paré l’efficacité des différentes méthodes de trai- suivre pendant au moins huit semaines avant de
tement de la dépression réfractaire. En présence changer de stratégie4.
d’un échec thérapeutique, le clinicien doit évaluer
différentes options afin de choisir la bonne stra- Optimiser la dose d’ISRS en cas de réponse partielle
tégie (figure). Contrairement à celle de la venlafaxine (Effexor XR),
de la mirtazapine (Remeron) et du bupropion (Well-
Les pièges à éviter… butrin), la courbe dose-réponse des ISRS (inhibiteurs
sélectifs du recaptage de la sérotonine) atteint un pla-
Conclure trop rapidement à un échec thérapeutique teau à dose élevée. Chez les patients n’ayant pas ré-
Avant de conclure à un échec thérapeutique, le cli- pondu à l’optimisation, il y a peu d’avantages à aug-
nicien devrait toujours s’assurer que le patient : menter la dose des ISRS au-delà des doses minimales
O reçoit la dose minimale efficace tolérée ; et efficaces recommandées puisque les effets indési-
O reçoit cette dose thérapeutique depuis au moins rables dépassent alors les bienfaits thérapeutiques6.
quatre semaines consécutives. La substitution de l’ISRS par un autre antidépres-
En l’absence de réponse après quatre semaines, seur ou l’ajout d’un deuxième antidépresseur de-
le clinicien pourra augmenter graduellement la viennent ainsi des choix intéressants en présence
dose jusqu’à la posologie maximale tolérée et pour- d’une réponse partielle à l’agent initial. 9
Le Médecin du Québec, volume 42, numéro 10, octobre 2007 91
Figure
Algorithme de traitement de la dépression réfractaire4,5,6,7
Non Oui