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Université de Bechar TAHRI

MOHAMED
Faculté de Médecine
Laboratoire de pharmacologie

Cours de 3eme année médecine

Les antalgiques
Centraux et périphériques

Préparé par : Dr LETTREUCH R.A

2022/2023
I- Introduction :
Les Analgésiques appartiennent aux médicaments du système nerveux ; modificateurs
de la perception douloureuse. Ils suppriment ou atténuent la douleur par action
périphérique ou centrale, sans provoquer une perte de conscience.
- Antalgiques: diminuent la douleur.
- Analgésiques: suppriment la sensibilité à la douleur.
II- Classification : (paliers)
. Il existe  plusieurs sortes d'antalgiques qui sont dispensés en fonction du type de
douleurs rencontrées.
Ainsi l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a classé ceux-ci en trois paliers :
 Palier I : Antalgiques périphériques (pour les douleurs légères à moyennes)
 Palier II : Antalgiques centraux faibles (pour les douleurs moyennes à intenses)
 Palier III : Antalgiques centraux forts (pour les douleurs très intenses voire rebelles)

Schéma : les paliers des antalgiques


III- Rappel physiopathologique de la douleur
Douleur = Algie (ex : Myalgie – Névralgie) Elle est définie comme une expérience
sensorielle émotionnelle et désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou
potentielle
 Les types de la douleur :
 Voies de la douleur ou voies nociceptives
La douleur est due à la stimulation de récepteurs spécialisés « les Nocirecepteurs ou
nocicepteurs », constitués par les terminaisons libres des fibres nerveuses. La
stimulation directe de ces Nocirecepteurs par un stimulus (exogène : physique,
chimique, thermique), provoque une douleur immédiate et fugace c'est : la première
douleur.
Les médiateurs chimiques libérés par les tissus lésés : (Prostaglandines, Sérotonine,
histamine.), sensibilisent de nouveau les Nocirecepteurs, il en résulte une autre
douleur diffuse et tardive c'est : la deuxième douleur.
Les fibres afférentes provenant des Nocirecepteurs excitent les neurones spinaux,
l'information douloureuse est ensuite véhiculée par les voies ascendantes, jusqu'à
plusieurs régions cérébrales qui constituent les zones de la perception de la douleur
et de la réponse, c'est: la réaction à la douleur

Schéma : mécanisme de la douleur par excès de nociception


Chacune de ces étapes comporte :
• Des cibles moléculaires de composés « Allogènes », qui représentent les stimuli
chimiques endogènes, comme : le Glutamate, les Neurokinines A et B, ainsi que les
médiateurs chimiques libérés au niveau des tissus lésés.
• Des cibles moléculaires endogènes représentées par : les Enképhalines, les
Endorphines et les Dynorphines, ces molécules sont appelées « Opioïdes endogènes»
par analogie aux molécules extraites de l'opium.
 Evaluation de la douleur :

IV- Les différentes classes d'antalgiques :


1- Les antalgiques périphériques (palier I)
On peut les qualifier d'usuels car ils sont ceux que chaque foyer garde dans sa
pharmacie.
En effet, ils sont utilisés dans le traitement des douleurs légères à moyennes.
Plusieurs familles de médicaments sont utilisés comme antalgiques périphériques :
 Les AINS (voir cours AINS)
Ils sont utilisés soit en complément d'un traitement antalgique simple soit seul car ils
ont une action anti-inflammatoire et anti pyrétique associées.
 Le paracétamol: Antalgique et antipyrétique
Pharmacocinétique
Bonne biodisponibilité per os (80%) et IV (100%)
Faible liaison aux protéines plasmatiques (10%)
½ vie plasmatique : 2 à 3 heures
Métabolisme hépatique (et toxicité)
É limination rénale (90%)
Mécanisme d’action
Inhibiteur du cox 3 centrale
Activateur de la voie sérotoninergique descendante,
Stimulation des contrô les inhibiteurs descendants de la douleur.
Inhibition de la dégradation des endocannabinoïdes
Effets indésirables (Rares aux doses thérapeutiques)
• Allergies (rash, urticaires, …)
• Hépatite toxique en cas de surdosage

Précautions d’emploi
• Réduction de dose dans l’insuffisance rénale sévère
• Antalgique de choix chez la femme enceinte et le jeune enfant
En perfusion : Dose adulte : 1 g en perfusion sur 15 min en 3 à 4 fois maximum par
24 heures. Dose enfant 1,5 ml/kg en 3 à 4 fois/24h.
En cas de surdosage (>10 g chez l’adule et >150 mg/Kg chez l’enfant en prise
unique), le paracétamol provoque une nécrose complète et irréversible du foie se
traduisant par une insuffisance hépatocellulaire, une acidose métabolique, une
encéphalopathie pouvant aller jusqu'au coma et à la mort.
On observe une augmentation des transaminases hépatiques, de la LDH, de la
bilirubine, et une diminution du taux de prothrombine pouvant apparaître 12 à 48
heures après l'administration.
Antidote : N-Acétylcystéine (NAC) injectable ou oral
 NÉFOPAM : (acupan®)
Le néfopam est un antalgique non-opioïde d’action centrale, classé de palier 1 mais il
a une action comparable aux produits de palier 2.
Il agit par une inhibition de la recapture des catécholamines et de la sérotonine
Il est commercialisé depuis les années 70 et a l’AMM dans le traitement des douleurs
aigues notamment en post opératoire.
Il n’a pas de propriété antipyrétique contrairement au Paracétamol et aux AINS.
Effets indésirables
–Cardiaques (tachycardie, HTA)
–Oculaires (glaucome)
–Rétention urinaire
–SNC : irritabilité
Contre-indications :
épilepsie, enfants <15 ans, glaucome, adénome de la prostate.
Déconseillé chez le sujet â gé, la femme enceinte et durant l’allaitement.
Prudence en cas d’insuffisance rénale ou hépatique. Risque d’addiction en cas
d’utilisation abusive.
 Antalgiques anti nociceptifs de palier II (opioïdes faibles)

Les opiacés miment l’action des opioïdes endogènes:


- les endorphines
- les enképhalines
- les dynorphines
En se fixant sur les récepteurs opioïdes dont le plus important est le récepteur μ:

Les opioïdes endogènes ou exogènes agissent en inhibant la sécrétion des


neuromédiateurs de la douleur: le GABA, la substance P et le Glutamate, Ce qui va
inhiber le signal douloureux.
 Effets pharmacologiques des opioïdes:
• Antalgiques
• Action psychomotrice
• Action sédative
• Dépression respiratoire
• Spasme des muscles : vomissements, constipation
• Stimulation vagale : myosis, hypotension.
On distingue deux groupes d’opioides:
Les opioïdes faibles: Codéine, tramadol.
Les opioïdes forts: Morphine, Nalbuphine, Oxycodone, Hydromorphone,
Buprénorphine, Méthadone, Fentanyl.
 CHLORHYDRATE DE TRAMADOL :
Le Tramadol est un analgésique à action centrale
Effet opioïde dû à la fixation sur les récepteurs opioïdes de type μ. Il existe donc un
risque de compétition avec la morphine.
il inhibe la recapture neuronale de noradrénaline et augmente la libération de
sérotonine.
Action moins puissante que la morphine et persiste 5 à 7 heures.
Métabolisé par le foie et éliminé par les reins.
Effets indésirables :
Nausées, vomissements, sécheresse de la bouche, vertiges et tremblements.
É ventuellement des convulsions notamment chez des épileptiques et chez les
patients atteints de troubles métaboliques ou en cas d’association avec
antidépresseurs ou antipsychotiques. Risque d’addiction et d’usage détourné.
Précautions : grossesse (innocuité non démontrée), allaitement.
À forte dose > 10 mg/kg : collapsus, myosis, convulsions, dépression respiratoire.
 Codéine :
Dérivée de l’opium, métabolisée par le foie en morphine, a une action antitussive et
antalgique.
La durée d’action est de 5 heures en moyenne.
La dose usuelle chez l’adulte est de 30 à 60 mg toutes les 6 heures.

Effets indésirables :
prurit, inhibition de la toux, euphorie, myosis, constipation, rétention d’urine,
sédation et risque de dépression respiratoire (prudence chez les personnes â gées).
L'usage prolongé de la codéine peut conduire à un état de dépendance.
Réduire les doses en cas d’insuffisance rénale.
Contre indications :
- avant 12 ans,
- premier trimestre de la grossesse
Antidote des opiacés : NARCAN® (Naloxone) en cas de dépression respiratoire en
plus de l’assistance ventilatoire.

 Règles générales de prescription :


Indiquées dans les douleurs modérées à intenses Association synergique avec le
paracétamol (se potentialisent l’un l’autre)
Ne doivent jamais être prescrits ensemble ou avec la morphine: effet de compétition
Doivent être introduits progressivement
L’évaluation doit être régulière et rapprochée pour adapter les doses La prudence est
requise avec les personnes â gées, les insuffisants rénaux et hépatique

2- Antalgiques anti nociceptifs de palier III (opioïdes forts)


C’est grâ ce à leur action sur les récepteurs opioïdes que les antalgiques de niveau III,
ou opioïdes forts, permettent le soulagement des douleurs intenses de type nociceptif.
Cette action sur les récepteurs est aussi responsable des effets indésirables des
opioïdes forts.
Les opioïdes forts ont un potentiel d’efficacité variable selon leur affinité aux
récepteurs µ. Ils ont tous le même potentiel d’effets indésirables, les mêmes
précautions d’emploi et nécessitent la même surveillance.
Les agonistes:
 CHLORHYDRATE DE MORPHINE : Le chlorhydrate de morphine est un dérivé
d’opium(latex de pavot : Papaver somniferum), le plus ancien antalgique connu,
purifié et synthétisé en 1804. C’est le traitement de choix, en urgence, de la douleur
intense
Utilisé per os sous forme de préparations mais est surtout prescrit en parentéral, soit en
discontinu — voie intraveineuse ou sous-cutanée, voie péridurale et intrathécale, soit en
continu par voie intraveineuse ou sous-cutanée à la seringue électrique, avec un
perfuseur portable ou une pompe programmable
Voie orale: sulfate de morphine Formes à libération immédiate, formes à libération
prolongée ( Effet de premier passage hépatique +++, biodisponibilité 30%)
Métabolisme hépatique :
• Morphine-3-glucuronide (inactif)
• Morphine-6-glucuronide (effet antalgique)
Elimination rénale
• Risque d’accumulation en cas d’insuffisance rénale organique ou fonctionnelle
Effets indésirables:
• Dépression respiratoire
• Diminution du réflexe de toux
• Nausées, vomissements
• Constipation
• Bradycardie, hypotension artérielle
• Myosis
• Somnolence, sédation
• Dépendance
Précautions :
La morphine est un stupéfient Tableau B, sa prescription et son stockage sont
réglementés : ordonnance souche signée par un docteur en médecine.
La surveillance du rythme respiratoire est nécessaire après administration.
Prudence en cas : Sujets â gés, enfants, association avec l’alcool ou les autres opioïdes
(Codéine, tramadol) et dépresseurs du système nerveux central (Benzodiazépines,
Antidépresseurs), traumatisme crâ nien, hypertension intracrâ nienne HIC, convulsions,
insuffisance hépatique.
Antidote : Naloxone NARCAN® diluer une ampoule de 0,4 mg dans 10 ml de sérum
 Oxycodone :
L'oxycodone est une alternative pour le traitement de douleurs sévères justifiant
l'utilisation d'analgésiques opioïdes forts, en particulier dans le cas des douleurs
cancéreuses de l'adulte à partir de 18 ans.
 Fentanyl :
Les patchs de Durogesic®. Ils sont indiqués dans les douleurs chroniques sévères
nécessitant un palier 3.
La forme injectable est indiquée seulement chez les patients intubés et ventilés. Le
timbre transdermique est appliqué sur la peau, durant 72 heures, pour les douleurs
chroniques sévères.
Le fentanyl étant 100 fois plus puissant que la morphine, une titration préalable
avant son introduction est fortement recommandée : de ce fait, ce médicament est
plutô t utilisé en relais d’un traitement per os qu’en début de traitement.
 Buprenorphine (tamgésic)
•T ½ court (3h) mais effet prolongé
•Analgésique :douleurs aigus ,chroniques et postopératoires
•Médicament de substitution á la morphine chez les toxicomanes
Antagonistes morphiniques:
- Naloxone
- Naltrexone
• Les opioïdes sont des molécules addictogènes d’où le risque d’overdose.
• La naloxone et la naltrexone sont des antgonistes des opioides utilisés comme
antidote en cas d’overdose.
Les co-analgésiques
À  cô té de ces traitements purement antalgiques, il existe d'autres médicaments
qui favorisent l'action des antalgiques ou qui agissent sur la cause de la
douleur. 
Au vu de chaque cas, ces composés peuvent être prescrits, on les appelle les co-
analgésiques. Ce sont :
 Les corticoïdes ;
 Les antidépresseurs ;
 Les anxiolytiques ;
 Les neuroleptiques ;
 Les antiépileptiques ;
 Les antispasmodiques.

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