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*Antalgiques non opiacés : Les points essentiels

Résumé de la fiche
Les antalgiques non opiacés (anciennement dit « périphériques ») constituent une vaste famille de produits aux structures et
aux modes d’action divers dont le chef de file est le paracétamol.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), avec l’aspirine, sont également des antalgiques non opiacés. 

Les antalgiques non opiacés sont des antalgiques de palier 1 selon la classification de l’OMS. Ils sont donc utilisés dans le
traitement symptomatique de la douleur aiguë ou chronique par excès de nociception, principalement dans les formes
légères à modérées.

Le paracétamol, l’aspirine et les AINS ont également une action antipyrétique. Seuls les AINS et l’aspirine ont des actions anti-
inflammatoire et anti-agrégant plaquettaire et sont utilisés dans le traitement symptomatique des syndromes inflammatoires
aigus ou des affections chroniques, notamment rhumatismales.

Cette classe d’antalgiques est très largement utilisée aussi bien en prescription qu’en automédication. Les AINS et l'aspirine
sont responsables de nombreux effets indésirables, parfois graves. Le paracétamol est le médicament avec le meilleur profil
d'effets indésirables gastro-digestifs (par rapport aux AINS ou salicylés). Toutefois, des surdosages aigus peuvent provoquer
une nécrose hépatique fatale et les intoxications massives volontaires détectées avec retard restent un problème majeur.

Item(s) ECN
135 : Thérapeutiques antalgiques, médicamenteuses

330 : Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes chez l’adulte et chez l’enfant

Rappel physiopathologique
La fièvre, la douleur et l’inflammation sont des phénomènes pathologiques extrêmement complexes, mettant en jeu le
système immunitaire, des processus neurobiologiques et des systèmes humoraux locaux et régionaux.

1. Physiopathologie de la fièvre :

La fièvre est le mécanisme de défense physiologique résultant d’une modification pathologique de la thermorégulation qui se
fait au niveau de l’hypothalamus. Ce thermostat interne est physiologiquement programmé aux alentours de 37°C chez
l’Homme et va se voir réajusté de 2 à 3 degrés au-dessus en cas de fièvre. Les phénomènes pathologiques à l’origine de la
fièvre (agents pathogènes, processus tumoral, allergène…) vont activer le système immunitaire et induire la production et la
libération dans le sang de facteurs pyrogènes qui sont des cytokines (Interleukine-1, TNF-a) qui vont alors induire la
production de prostaglandines E1 et E2 (PGE1 et PGE2) dans la région hypothalamique. Ces prostaglandines sont à l’origine
d’une augmentation des taux d’AMPc dans les cellules hypothalamiques conduisant à leur réajustement 2 à 3 degrés au
dessus de leur réglage habituel.

Cette synthèse des prostaglandines est inhibée par les molécules à propriétés antipyrétiques.

2. Physiopathologie de la douleur :

La douleur est la perception consciente d’un stimulus nociceptif. Ce stimulus va activer des récepteurs appelés nocicepteurs
situés en périphérie dans les tissus cutanés, musculaires, articulaires et dans la paroi des viscères. Ces nocicepteurs sont
activés par des médiateurs endogènes comme la bradykinine, l’IL-1, l’IL-6, le TNF-a ou les prostaglandines. Les nocicepteurs
vont alors générer des messages qui seront véhiculés à la moelle épinière par deux types de fibres, les fibres Ad et les fibres
C. Les messages nociceptifs sont ensuite transmis aux centres supérieurs par des neurones spinaux.

Les antalgiques non opiacés, en inhibant la synthèse des prostaglandines, vont diminuer la sensibilisation des fibres Ad et C
aux médiateurs algogènes.

3. Physiopathologie de l’inflammation :
L’inflammation est un processus physiologique complexe qui se développe dans l’organisme en réponse à une agression
(agents infectieux, ischémie..). Ce processus met en œuvre des phénomènes vasculaires, cellulaires et la libération de
nombreux médiateurs dont des prostaglandines, cibles des AINS et de l’aspirine.

Médicaments existants
Les antalgiques non opiacés sont représentés principalement par le paracétamol, l’aspirine et les AINS. La famille des AINS
comporte de nombreuses substances appartenant à plusieurs familles chimiques, dont le point commun est d’être des
acides faibles.

Dénomination Commune Internationale Famille chimique


Paracétamol
Aspirine ou acide acétyl-salicylique Salicylés
AINS
Floctafénine  
 
Phénylbutazone Pyrazolés
Indométacine Indoliques

Sulindac
Acéclofénac Arylcarboxyliques

Acide tiaprofénique

Alminophène

Diclofénac

Etodolac

Flurbiprofène

Ibuprofène

Kétoprofène

Nabumétone

Naproxène
Acide niflumique Fénamates
Piroxicam Oxicams

Meloxicam

Téloxicam
Nimésulide Sulfonalidine
Célécoxib Inhibiteurs "sélectifs" de la Cox-2

Etoricoxib ou Coxibs

Parécoxib

Mécanismes d’action des différentes molécules


Paracétamol :

Le paracétamol n'exerce peu ou pas d'action sur les cyclo-oxygénases périphériques, mais sur les Cox centrales (Cox 3), ce
qui explique son incapacité à excercer une activité anti-inflammatoire. Son mode d'action est central (spinal ± supra-spinal),
préférentiellement au niveau hypothalamique où il empêche la production des prostaglandines responsables de la fièvre (effet
anti-pyrétique central) et de la sensibilisation des nocicepteurs périphériques (effet antalgique périphérique).

En 2012 un nouveau récepteur situé sur les fibres nerveuses médilaires impliquées dans la transmissiion de la douleurs a été
identifié (TRPA 1). Le paracétamol ne possède pas non plus d’effet anti-agrégant plaquettaire.

Aspirine et AINS :

Les AINS et l’aspirine sont tous des inhibiteurs de la COX. Ils inhibent donc la transformation de l’acide arachidonique en
prostaglandines ou thromboxanes. L’effet anti-inflammatoire, l’effet antalgique et l’effet antipyrétique résultent de l’inhibition
de la formation des prostaglandines. L’effet anti-agrégant plaquettaire résulte de l’inhibition de la formation de thromboxane
A2.

Effets utiles en clinique


Paracétamol :

- Traitement symptomatique de la douleur aiguë ou chronique par excès de nociception, principalement dans les formes
légères à modérées. Le paracétamol est utilisé soit seul, soit en association avec d'autres antalgiques (codéine, tramadol), il
rentre alors dans la classification des antalgiques de palier 2, et est indiqué dans les affections douloureuses d’intensité
modérée à intense et/ou ne répondant pas à l’utilisation d’antalgiques périphériques seuls.

- Traitement symptomatique de la fièvre, en particulier chez l'enfant chez lequel il constitue l'antipyrétique de première


intention.
Dans tous les cas, ce traitement ne dispense pas de la démarche diagnostique indispensable pour identifier l'origine des
symptômes.

Aspirine :

- Traitement symptomatique de la douleur aiguë ou chronique de l’adulte et de l’enfant: principalement dans les formes
légères à modérées. L’aspirine n’est pas efficace dans le traitement des douleurs viscérales intenses (syndrome abdominal
aigu, coliques néphrétiques, …)

- Traitement symptomatique de la fièvre de l’adulte. Elle n’est utilisée qu’en 2ème intention dans les affections fébriles chez
l’enfant et est fortement déconseillée en cas de viroses chez l’enfant < 16 ans (risque de syndrome de Reye).

- Traitement de la douleur d’origine rhumatismale de l’adulte (forte dose).

- Traitement des rhumatismes inflammatoires de l’adulte (forte dose) : polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante.

- Prévention secondaire après un premier accident ischémique myocardique ou cérébral lié à l’athérosclérose (faible dose).

- Réduction de la mortalité et de la morbidité d’origine cardiovasculaire (après infarctus du myocarde, angor stable ou
instable, lors d’angioplastie coronaire transluminale, après accident ischémique cérébral transitoire ou constitué).

- Réduction de l’occlusion des greffons après pontage aortocoronaire.

AINS :

Certains AINS sont commercialisés à faibles doses pour leur effet antalgique et antipyrétique, leur effet anti-inflammatoire
n’apparaissant qu’à des doses plus élevées (Ibuprofène, kétoprofène, diclofénac, naproxène, acide méfénamique et
fénoprofène):

- Traitement symptomatique des affections douloureuses et/ou fébriles (en 2ème intention chez l’enfant et à éviter en cas de
viroses).

- Traitement symptomatique des dysménorrhées essentielles.

AINS à doses anti-inflammatoires (indications essentiellement rhumatismales) :

- Traitement symptomatique des arthroses douloureuses et invalidantes.

- Traitement au long cours des rhumatismes inflammatoires chroniques.

- Traitement symptomatique de courte durée des poussées aiguës des rhumatismes abarticulaires, arthrites microcristallins,
lombalgies et radiculalgies sévères.

Pharmacodynamie des effets utiles en clinique


Pour le paracétamol, l’aspirine et les AINS : l’effet anti-inflammatoire, l’effet antalgique et l’effet antipyrétique résultent de
l’inhibition de la formation des prostaglandines :
- Effet anti-inflammatoire : atténuation des phénomènes inflammatoires impliquant les prostaglandines (vasodilatation,
œdème, douleur) sans effet sur les processus entraînant des lésions tissulaires chroniques.

- Effet antalgique : atténuation des douleurs d’origine périphérique.

- Effet antipyrétique : diminution de la fièvre et retour à la normale de la température corporelle par abaissement du seuil du
thermostat hypothalamique.

L’importance respective de ces trois effets varie avec les produits.

L’effet anti-agrégant plaquettaire résulte de l’inhibition de la formation de thromboxane A2.

Caractéristiques pharmacocinétiques utiles en clinique


Elles sont résumées dans le tableau ci-dessous

Molécule Demi-vie Absorption Distribution Métabolisme Elimination


Comprise entre Rapide et presque Liaison faible aux Hépatique Par voie rénale
1,5 h et 3 h totale au niveau de protéines important  en
90 % sous forme de métabolites
l'intestin grêle plasmatiques  (< à dérivés glucuro ou
Peu de glucurono ou sulfoconjugués.
20%) sulfoconjugués.
variabilité
Moins de 5 %  sous forme
interindividuelle Bonne diffusion
Paracétamol inchangée.
Peu modifiée Franchit la barrière
par placentaire et
l’insuffisance passe faiblement 
rénale dans le lait
chronique

30 minutes Résorption totale Dans tout Hydrolyse rapide et Voie rénale sous forme d'acide
environ Demi- et rapide (1h) par l'organisme. Passe totale en acide salicylique et de métabolites, en
vie dose l'estomac et la barrière salicylique moins proportions variables selon le pH
dépendante, l'intestin grêle foetoplacentaire.
actif. urinaire, l'état pathologique, la dose
allongée chez Résorption très et dans le lait: ingérée;- A pH 6, 10 %; à pH 8, 80 %,
Inactivation
Aspirine les sujets âgés. lente après Fixation aux justifiant la diurèse alcaline dans les
hépatique par
administration par protéines intoxications à l'aspirine.
transformation en
voie rectale. plasmatiques:50 à
acide salicylurique, Voie biliaire:Selon le pH urinaire: - A
90%
en acide gentisique pH 6, 90%, à pH 8, 20 %.
et en dérivé
glucuronoconjugué.
Très variable Résorption Bonne diffusion Métabolisme Elimination urinaire sous forme de
selon les digestive rapide dans la plupart hépatique intense métabolites
molécules : de des tissus et (90%)
Bonne
2h à 72h fluides de
biodisponibilité (70
l’organisme
à 80%)
(diffusion facilitée
AINS dans les tissus
inflammatoires)

Forte liaison aux


protéines
plasmatiques (60
à 99%)

Source de la variabilité de la réponse


Paracétamol

1. Interactions médicamenteuses

- Anticoagulants oraux : Risque d'augmentation de l'effet de l'anticoagulant oral et du risque hémorragique en cas de prise de
paracétamol aux doses maximales (4 g/j) pendant au moins 4 jours. Ce risque justifie un contrôle régulier de l'INR et
l’adaptation éventuelle de la posologie de l'anticoagulant oral pendant le traitement par le paracétamol et après son arrêt.
Compte tenu de l'importance de l'interaction entre les AINS, dont les salicylés, et les anticoagulants oraux, l'utilisation des
AINS (dont les salicylés), ne constitue pas une alternative au paracétamol.

- Médicaments hépatotoxiques et inducteurs enzymatiques : synergie et augmentation de la toxicité du paracétamol


(phénobarbital, phénytoïne, carbamazépine, topiramate, rifampicine, alcool...).

Il est important également de prendre en compte la présence de paracétamol dans de très nombreuses spécialités (risque de
surdosage).

2. Réponses des populations physiologiques particulières

- Femme enceinte : Bien qu’il franchisse la barrière placentaire, le paracétamol n’a pas d’effet tératogène ou fœtotoxique aux
doses thérapeutiques. A doses thérapeutiques, le paracétamol est le médicament de choix dans la prise en charge de la
douleur et de la fièvre tout au long de la grossesse.

- Allaitement : Aux doses thérapeutiques, l'administration de ce médicament est possible pendant l'allaitement. Les quantités
de paracétamol excrétées dans le lait maternel sont inférieures à 2 % de la dose ingérée.

- Sujet âgé : On observe une diminution de la clairance plasmatique du paracétamol au cours du vieillissement mais cette
altération n’oblige toutefois pas à modifier le schéma posologique habituel. La Société Américaine de Gériatrie recommande
d’ailleurs le paracétamol comme antalgique de première intention pour les douleurs musculo-squelettiques d’intensité faible à
modérée, jusqu’à 4 g par jour, en l’absence de dysfonctionnement hépatique ou rénal ou d’abus d’alcool.

- Alcoolisme chronique : Une augmentation du risque d'atteinte hépatique sévère, par augmentation de production d’un
métabolite réactif du paracétamol, a été rapportée en cas d'alcoolisme chronique et de prise de paracétamol à doses
thérapeutiques. Néanmoins, cette notion est actuellement très controversée.

- Insuffisance hépatique : La biodisponibilité du paracétamol et sa clairance ne sont pas altérées lors d’affections chroniques
bénignes du foie. La voie métabolique oxydative semble également préservée. Ces données, même si elles ne garantissent
pas l’innocuité d’un traitement à long terme, n’imposent pas de modifications posologiques du paracétamol en France.

- Insuffisance rénale sévère : Espacer les prises unitaires de 8 heures au minimum et ne pas dépasser une posologie
quotidienne de 3 g.

Aspirine

1. Interactions médicamenteuses

Elles sont communes avec les interactions médicamenteuses des AINS (cf. Tableau).

Il est important également de prendre en compte la présence d’aspirine dans de très nombreuses spécialités (risque de
surdosage).

Interactions médicamenteuses Mécanisme et conséquences de l’interaction

de l’aspirine et des AINS


anticoagulants oraux pour les salicylés augmentation du risque hémorragique (inhibition de la fonction plaquettaire,
à fortes doses : association contre- agression de la muqueuse gastroduodénale, déplacement de l’anticoagulant de ses
indiquée liaisons aux protéines plasmatiques)
méthotrexate (doses supérieures ou augmentation de la toxicité hématologique du méthotrexate
égales à 15 mg/semaine) : association
contre-indiquée
méthotrexate (doses inférieures à 15 augmentation de la toxicité hématologique du méthotrexate. Il est nécessaire de
mg/semaine) : association nécessitant contrôler de façon hebdomadaire l’hémogramme durant les premières semaines de
des précautions d’emploi l’association ou en cas de modification de l’état rénal.
anticoagulants oraux pour l’aspirine à augmentation du risque hémorragique (inhibition de la fonction plaquettaire,
faibles doses : association agression de la muqueuse gastroduodénale)
déconseillée
autres AINS : association déconseillée augmentation du risque ulcérogène et hémorragique digestive
probénécide : association déconseillée diminution de l’effet uricosurique par compétition de l’élimination de l’acide urique au
avec l’aspirine niveau des tubules rénaux
héparines : association déconseillée l’aspirine à doses fortes augmente le risque hémorragique par inhibition de la
fonction plaquettaire et agression de la muqueuse gastroduodénale
glucocorticoïdes : association augmentation de l’élimination de l’aspirine par les corticoïdes. Cette interaction
nécessitant des précautions d’emploi nécessite une adaptation des doses d’aspirine pendant l’association et après l’arrêt
du traitement par les glucocorticoïdes.
diurétiques, IEC et antagonistes de insuffisance rénale aiguë chez le malade déshydraté par diminution de la filtration
l’angiotensine II : association glomérulaire. Ces interactions nécessitent une bonne hydratation du patient et la
nécessitant des précautions d’emploi surveillance de sa fonction rénale en début de traitement.
insulines : association nécessitant des majoration de l’effet hypoglycémiant par de fortes doses d’aspirine. Il est important
précautions d’emploi d’informer le patient et de renforcer l’autosurveillance glycémique
dispositif intra-utérin : pour l’aspirine à diminution de l’efficacité du DIU
fortes doses : association à prendre en
compte
héparines et aspirine à faible dose: augmente le risque hémorragique par inhibition de la fonction plaquettaire et
association à prendre en compte agression de la muqueuse gastroduodénale
topiques gastro-intestinaux : augmentation de l’excrétion rénale de l’aspirine par alcalinisation des urines
association à prendre en compte

2. Réponses des populations physiologiques particulières :

- Femme enceinte : L’aspirine est tératogène chez l’animal mais ce risque est discuté chez l’homme (doses élevées et
traitement prolongé). L’aspirine augmente la durée de la gestation par son effet inhibiteur sur la synthèse des prostaglandines
(surtout pendant les deux derniers trimestres de la grossesse, et le retard peut atteindre une semaine). L’aspirine augmente la
durée du travail. Elle modifie l’hémostase et induirait des hémorragies chez le nouveau-né (à doses supérieures à 325 mg/jour
chez la mère).

- Allaitement : Ce médicament est à proscrire en période d'allaitement ou impose de différer celui-ci, car il existe un risque
d'éruption cutanée, de diminution de l'agrégation plaquettaire et d'acidose métabolique avec les fortes doses.

- Sujet âgé : Une réduction posologique est nécessaire.

- Insuffisance hépatique : Une réduction posologique est nécessaire.

- Insuffisance rénale sévère : Une réduction posologique est nécessaire.

AINS :

1. Interactions médicamenteuses :

Les AINS entraînent une diminution de l’excrétion rénale de très nombreux médicaments, avec parfois des conséquences
cliniques graves lors d’une altération de la fonction rénale même de faible amplitude (cf tableau interactions
médicamenteuses de l’aspirine). Ils sont également responsables d’interaction par compétition avec les transporteurs
tubulaires.

2. Réponses des populations physiologiques particulières :


- Femme enceinte : Utilisation contre-indiquée à partir du 6ème mois. Toxicité de classe concernant tous les inhibiteurs de
synthèse de prostaglandines : risques d’atteinte fonctionnelle rénale et d’atteinte cardiopulmonaire du nouveau-né. Lors de
l’accouchement, il y a un risque d’allongement du temps de saignement pour la mère et l’enfant.

- Allaitement : Les AINS passent dans le lait maternel. Par mesure de précaution, il convient d’éviter de les administrer chez la
femme qui allaite.

- Sujet âgé : Les sujets âgés présentent un risque accru d’effets indésirables aux AINS en particulier d’hémorragie gastro-
intestinale et de perforations pouvant être fatales. Cependant, il n’y a pas lieu de réduire systématiquement la posologie chez
le sujet âgé.

- Insuffisance hépatique : Les AINS sont contre-indiqués en cas d’insuffisance hépatique sévère.

- Insuffisance rénale sévère : Les AINS sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère.

Situations à risque ou déconseillées


Paracétamol :

Contre-indications :

- Hypersensibilité au paracétamol.

- Insuffisance hépatocellulaire sévère : allongement de la demi-vie d'élimination en cas d'insuffisance hépatocellulaire sévère.

Aspirine :

Contre-indications :

- Hypersensibilité aux salicylés ou à ses excipients

- Grossesse : dernier trimestre

- Allaitement

- Nouveau-né

- Ulcère gastrique, ulcère duodénal, gastrite

- Syndrome hémorragique (acquis ou congénital)

- Anesthésie péridurale (risque d’hématome extradural)

- Antécédent d’asthme provoqué par l’administration de salicylés

- Insuffisance hépatique sévère

- Insuffisance rénale sévère

- Insuffisance cardiaque sévère non contrôlée

AINS :

Contre-indications :

- Allergie aux AINS ou à l’aspirine

- Ulcère gastro-duodénal en évolution

- Insuffisances hépatiques ou rénales sévères

- Antécédents récents de rectites ou rectorragies (pour les suppositoires)

- Grossesse (au premier trimestre et formellement au 3ème trimestre) et allaitement

- Enfants < 15 ans sauf mention

- Lupus érythémateux disséminé (néphropathie lupique)

- Affections cardiaques et vasculaires (coxib)

- HTA non contrôlée (phénylbutazone)

- Hémopathies, atteintes des lignées sanguines (phénylbutazone)

Précautions d’emploi
Paracétamol :
L'administration de doses thérapeutiques chez le sujet ne présentant pas d’insuffisance rénale ne nécessite pas de
surveillance particulière.

Il faut sensibiliser le patient de l’importance du respect de la posologie maximale prescrite en l’informant de la toxicité
hépatique potentielle en cas de surdosage. Pour éviter un risque de surdosage, il est important de vérifier l’absence de
paracétamol dans une autre spécialité, d’informer également le patient du risque de la prise concomitante de plusieurs
médicaments.

La dose totale de paracétamol ne doit pas dépasser 80 mg/kg/jour chez l’enfant de moins de 37 kg et  3g par jour chez
l’adulte et le grand enfant au-delà de 38 kg.

Aspirine :

- Antécédent d’ulcère gastrique, d’ulcère duodénal, de gastrite, de hernie hiatale

- Antécédent d’allergie aux salicylés

- Asthme

- Insuffisance rénale sévère

- Cirrhose hépatique

- Troubles de l’hémostase, thrombopénie

- Intervention chirurgicale : il est nécessaire d’interrompre le traitement 7 jours avant.

- Angor de Prinzmetal

- Déficit en G6PD (risque d’anémie hémolytique)

- Infection virale de l’enfant : L'aspirine est contre-indiquée aux Etats-Unis lors de suspicion d'infection virale chez l'enfant, en
raison du risque d'apparition d'un syndrome de Reye, qui a pratiquement disparu aux USA depuis la suppression de l'aspirine
dans les préparations.

AINS :

Utiliser avec prudence les AINS en cas de déshydratation, d’HTA, d’antécédents d’ulcère, de hernie hiatale ou d’hémorragie
digestive, d’insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale ainsi que chez le sujet âgé et chez les conducteurs et utilisateurs de
machines.

Arrêt immédiat en cas de réaction allergique (crise d’asthme) ou autres troubles graves.

Effets indésirables
Paracétamol :

Aux doses thérapeutiques, le paracétamol est habituellement très bien toléré. Les principaux effets indésirables sont les
suivants :

Nature de l’effet indésirable Gravité Estimation de la En savoir plus sur l’effet indésirable
fréquence
Manifestation allergiques:
Potentiellement Rare Origine allergique probable.
- rash cutané
très grave
- syndrome de Lyel

- syndrome de Stevens-Johnson

- choc anaphylactique

- cytopénie
Hépatite cytolytique à dose Très grave Rare Facteur de risque : sujets ayant une
thérapeutique, hépatite chronique active consommation chronique excessive d'alcool.

Intoxication aiguë et surdosage :

Le paracétamol est un toxique lésionnel qui agit avec retard sur son organe cible principal, le foie. Le risque essentiel d'une
intoxication aiguë, souvent accidentelle chez l'enfant, volontaire chez l'adulte, est la survenue d'une insuffisance
hépatocellulaire aiguë par nécrose hépatique centro-lobulaire. Le décès est possible. La dose toxique théorique est, pour une
dose ingérée unique, supérieure à 125 mg/kg chez l'adulte et 100 mg/kg chez l'enfant. Les conditionnements(8 grammes) 
actuels limitent heureusement le risque. La toxicité du paracétamol est majorée chez les sujets présentant une induction
enzymatique (barbituriques, alcool) ou une déplétion chronique en glutathion (dénutrition, alcoolisme chronique).

La phase initiale de l'intoxication peut être totalement asymptomatique. Les symptômes éventuels sont banals : nausées,
vomissements, anorexie, douleurs abdominales. Il n'existe pas de corrélation entre la présence ou non de symptômes dans
les premières heures et la gravité de l'intoxication. Des signes biologiques d'hépatite cytolytique peuvent apparaître à partir de
la 12ème heure (augmentation des ASAT et ALAT). A partir du 3e jour, l'évolution peut se faire dans les formes graves vers
l'insuffisance hépatocellulaire aiguë, le coma hépatique et parfois le décès.

Dès que la dose toxique théorique est dépassée ou que la dose ingérée est inconnue, l’hospitalisation dans un service
d'urgence doit être immédiate, afin de mesurer les concentrations plasmatiques de paracétamol et de mettre en route
rapidement le traitement. La prise en charge associe l'administration de charbon activé au traitement antidotique par N-
acétylcystéine orale ou injectable qui aide à reconstituer les réserves de glutathion. Le lavage gastrique n'est pas indiqué.
Lorsque l'heure de l'ingestion est connue, la concentration plasmatique du paracétamol après la 4e heure, placée sur le
nomogramme spécifique, permet d'indiquer la poursuite ou l'arrêt de l'antidore. L'administration de N-acétylcystéine doit être
la plus précoce possible, au mieux avant la 8e heure après l'ingestion du paracétamol. Le paracétamol doit donc
impérativement être gardé hors de la portée des enfants.

Aspirine et AINS :

Molécules Nature de l’effet indésirable Gravité Estimation En savoir plus sur l’effet indésirable
de la
fréquence
Épigastralgies, Nausées, Modérée Fréquent EI découlant du mécanisme d’action
gastralgies, vomissements,
diarrhée,
Hémorragie digestive occulte, Potentiellement Rare Aspirine : en cas de forte dose en traitement
ulcère gastro-duodénal, prolongé
grave
perforation digestive
Rétention hydro sodée, Potentiellement Très rare  
hyperkaliémie, IRA, oligurie,
grave
syndrome néphrotique
Prurit, éruptions cutanées, Modérée Fréquent  
urticaire
Inhibiteurs Crise d’asthme, œdème de Potentiellement Rare Arrêt immédiat du traitement
sélectifs Quincke voire choc grave
de la Cox-2 anaphylactique,
Syndrome de Lyell ou de Stevens- Très grave Exceptionnel Arrêt immédiat du traitement
Johnson
Vertiges, céphalées, troubles Potentiellement Peu fréquent  
visuels bénins, somnolence, grave
acouphènes, asthénie, insomnie
Elévation des transaminases Réversible Exceptionnel  
Hépatites Potentiellement Très rare  
grave
Leucopénie, thrombopénie, Potentiellement Rare Arrêt immédiat du traitement
agranulocytose grave
Cystite médicamenteuse Peu grave Peu fréquent  
Inhibiteurs Infarctus du myocarde, Très grave Peu fréquent  
sélectifs
de COX-2
Aspirine Modification de l’uricémie Modérée Fréquent A dose antalgique, l'aspirine augmente l'uricémie
par inhibition de l'excrétion de l'acide urique ; aux
doses utilisées en rhumatologie, l'aspirine a un
effet uricosurique

-Intoxication aiguë et surdosage avec les AINS : 

Symptômes de l’intoxication : Somnolence, vertiges, désorientation, brûlures gastriques, nausées, vomissements,


convulsions surtout chez l’enfant en bas âge. Un surdosage sévère peut conduire à une hypertension, une insuffisance rénale
aiguë, une atteinte hépatique, une détresse respiratoire, un coma, des convulsions et un collapsus cardiovasculaire avec arrêt
cardiaque.

Signes biologiques : Altération des fonctions rénales et hépatiques, hypoprothrombinémie, acidose métabolique.

Conduite à tenir : Pas d’antidote spécifique, transfert immédiat en milieu hospitalier ; évacuation rapide du produit ingéré par
lavage gastrique ; charbon activé pour diminuer l’absorption du médicament et traitement symptomatique avec surveillance
des fonctions rénales et hépatiques.

Intoxication aiguë et surdosage avec l’Aspirine :

Physiopathologie de l’intoxication : L’intoxication est à craindre chez le sujet âgé et le jeune enfant chez lesquels elle peut
être mortelle.

Symptômes de l’intoxication : L’intoxication modérée se caractérise par des bourdonnements d’oreille, de sensation de baisse
de l’acuité auditive, de céphalées, de vertiges. Une intoxication sévère sera marquée par la fièvre, l’hyperventilation, la cétose,
l’alcalose respiratoire, l’acidose métabolique, un collapsus cardio-vasculaire, une insuffisance respiratoire et une
hypoglycémie importante.

Conduite à tenir : Un transfert en milieu médicalisé spécialisé est impératif pour dans un premier temps, assurer une
décontamination digestive (charbon activé), ensuite contrôler l’équilibre acido-basique, et enfin réaliser une diurèse alcaline
ou une séance d’hémodialyse dans les intoxications graves.

Surveillance des effets


Paracétamol :

Évaluation de l’apyrexie et de l’antalgie par le patient lui-même.

Pas de surveillance particulière.

Aspirine :

Évaluation de l’apyrexie et de l’antalgie par le patient lui-même.

Nécessité d’un contrôle de l’hémostase en cas d’association aspirine faible dose -anticoagulants oraux 

AINS :

Évaluation de l’apyrexie et de l’antalgie ou de l’action anti-inflammatoire par le patient lui-même.

Au cours d’un traitement prolongé, il est recommandé de contrôler la numération et la formule sanguine, les fonctions
hépatiques et rénales, notamment chez les patients présentant des facteurs de risques : sujets âgés, hypovolémie quelle que
soit la cause, insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, syndrome néphrotique, néphropathie lupique et cirrhose
hépatique décompensée.

Une surveillance de la kaliémie est recommandée en cas de diabète ou en cas de traitement concomitant avec des
médicaments hyperkaliémants.
Chez les patients prenant un traitement anti-coagulant, il convient de surveiller particulièrement l’apparition d’une
symptomatologie digestive. En cas d’hémorragie gastro-intestinale, interrompre le traitement.

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12 mai 2022 Posté dans: Antalgiques non opiacés (/medicaments/par-specialites/category/antalgiques-non-opiaces)

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