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Chapitre 3 : Conception et dimensionnement de réseaux d’irrigation

1. Définition
Un réseau d’irrigation est l’ensemble des équipements qui permettent le transport et la
distribution de l’eau d’irrigation dans une zone de culture appelée périmètre de cultures
irriguées. On appelle parfois et de façon impropre, le réseau d’irrigation, l’ensemble des réseaux
d’irrigation, de colature et de circulation dans un périmètre irrigué.

2. Conception d’un réseau d’irrigation gravitaire

2.1 Structure générale d’un périmètre irrigué

Un périmètre irrigué (figure 1) comprend d’amont en aval des canaux d’irrigation, des canaux
colature, des pistes, des ouvrages divers et des parcelles de culture. L’agencement dans l’espace
des trois réseaux irrigation-colature-circulation est appelé canevas.

Figure 1 : Structure générale d’un périmètre irrigué

1
2.1.1 Le réseau d’irrigation proprement dit se compose :

- d’une prise d’eau qui peut être, soit une prise en rivière, soit une prise en eau morte
(lac, retenue de barrage), soit un captage d’eau souterraine.

- d’une tête morte ou canal d’amené qui transporte l’eau depuis la prise jusqu’à l’entrée
du périmètre. En générale, la tête morte ne comporte pas d’ouvrage de prélèvement.

- d’un ou plusieurs canaux primaires ou principaux dominant chacun une zone


d’irrigation ;

- de canaux secondaires qui répartissent l’eau entre les divers secteurs d’irrigation ;

- de canaux tertiaires desservant les quartiers hydrauliques. Ils sont perpendiculaires aux
secondaires et transportent une à trois mains d’eau ;

- de canaux quaternaires ou arroseurs ou rigoles de distribution qui dominent les


parcelles à irriguer et qui de ce fait sont souvent en terre compactée, avec un profil en remblai
ou mixte remblai-déblai. Ils transportent une main d’eau.

2
2.1.2 Le réseau colature évacue hors du périmètre :

- les eaux de pluie excédentaires tombées sur périmètre ;

- les eaux de ruissellement provenant de l’extérieur du périmètre quand celui-ci n’est


pas protégé par une digue périmétrale ;

- les eaux d’irrigation excédentaires provenant de la régulation du réseau, des façons


culturales (vidange avant récolte…), des besoins de lessivage et de drainage, des fausses
manœuvres dans la conduite de l’irrigation, des débris excédentaires des canaux, des pertes
par ruissellement ;

- les eaux souterraines en cas de remontée excessive de la nappe.

De par sa fonction d’évacuation, le réseau de colature est toujours en déblai et non revêtu. La
vitesse d’écoulement de l’eau doit être inférieure à 0.6 m/s. Ce réseau est appelé réseau de
drainage lorsqu’il assure la fonction de contrôle de la nappe phréatique.

Le réseau colature est calqué sur le réseau d’irrigation et est composé d’amont vers l’aval de :

- colatures quaternaires en extrémité de parcelle

- colatures tertiaires collectant les eaux provenant des colatures quaternaires et


recueillant les eaux excédentaires des quaternaires d’irrigation ;
- colatures secondaires qui recueillent les eaux des colatures tertiaires et celle des canaux
tertiaires d’irrigation.
- colatures primaires qui collectent les débits excédentaires des canaux secondaires
d’irrigation et ceux des colatures secondaires.

La colature primaire ou principale est appelé émissaire sur sa partie située situé entre l’extrémité
aval du périmètre et l’exutoire. Un ouvrage anti-retour empêche l’eau de l’exutoire de remonter
dans l’émissaire.

2.1.3 Le réseau de circulation comprend des pistes de desserte qui permettent :

- l’accès aux parcelles pour les hommes et les engins mécanisés

- une gestion efficace et un bon entretien des réseaux.

La piste principale longe le canal principale d’irrigation et permet l’accès aux pistes
secondaires, celle-ci longent les secondaires d’irrigation et permettent l’accès aux tertiaires…
La largeur des pistes dépend des objectifs auxquels elles doivent répondre (circulation prévue
3
ou non des véhicules, des machines) et de leur situation dans le périmètre. En général, on adopte
les largeurs suivantes :

- piste piétonnière : 1.5 m

- piste pour véhicule sans croissement : 3 - 4m

- piste pour véhicule avec possibilité de croissement : 6 m

Le réseau de circulation doit être maillé. S’il ne l’est pas, il faut prévoir la possibilité de faire
demi-tour.

2.1.4 Les aménagements divers suivants peuvent être observés sur certains périmètres
irrigués :
- digue de protection et fossé de garde contre les venues d’eau extérieure ;
- réserve d’eau en cas de pénurie ;
- aire de séchage et de battage des récoltes nécessaire à l’intensification culturale.

2. 2 Etude du projet d’irrigation


Dans un projet d’irrigation, les différentes phases d’études se déroulent en général et
sommairement de la façon suivante :

a- Collecte des données de base

- topographie de la zone concernée

- données agro-pédologiques : l’étude pédologique mettra en évidence l’aptitude des


sols à l’irrigation sur la base de leurs caractéristiques hydrodynamique notamment la capacité
d’infiltration, la conductivité hydraulique, les taux d’humidité et d’autres caractéristiques
physicochimiques (pH, teneur en humus, salinité,..). L’étude pédologique déterminera les plans
de culture (spéculations, assolements, calendriers culturaux).

- donnés climatologiques : on va réunir les données concernant les pluies, les


températures, l’ETP, l’insolation, les vents, l’humidité relative. On fait référence à des stations
climatiques représentatives et les plus proches.

- ressources en eaux : faire l’inventaire des ressources en eau disponible et l’évaluation


de leurs caractéristiques : emplacement, qualité, quantité, débit.

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- données géologiques et géotechniques : il est particulièrement nécessaire pour les
réseaux gravitaires dans lesquels l’eau est transportée par des canaux qui reposent sur le sol. Il
est donc indispensable d’étudier la stabilité et la cohésion du sol. Si des tranchées importantes
sont prévues, des sondages doivent être effectués pour déceler d’éventuelles difficultés
d’excavation.

- données socio-économiques
Elles prendront en compte : les objectifs assignés à l’aménagement, les traditions d’irrigation,
la disponibilité de la main d’œuvre, les ressources financières, possibilité de commercialiser les
produits, les questions foncières….

b- Concertation nécessaire avec les agriculteurs, les collectivités locales et l’état

c- Elaboration d’un plan cultural

La phase d’étude préalable et celle de la concertation aboutissent à un plan cultural qui doit
préciser :

- nature et importance de cultures envisagées dans le futur périmètre ;


- leur répartition dans le temps (rotations culturales) et dans l’espace (assolement) ;
- leur distribution géographique à l’intérieur du périmètre en fonction des aptitudes des
sols, de la taille des parcelles, des problèmes fonciers.

d- Confrontation du plan cultural aux données physiques de la zone (topographie,


occupation du sol…) permet le découpage parcellaire et la détermination du canevas c’est-à-
dire, le tracé du réseau d’irrigation-colature-circulation, le positionnement des ouvrages
hydrauliques et le tracé parcellaire.

e- Le dimensionnement et le calage des canaux et des ouvrages ponctuels terminent les


études techniques du projet.

f- L’établissement de l’avant métré et calculs économiques achèvent la phase d’étude du


projet.

2. 3 Les ouvrages de transport


Les canaux sont des ouvrages linéaires qui assurent le transport de l’eau entre la source (prise)
et les parcelles de culture. Très souvent, leur réalisation intervient pour une large part dans les
5
couts d’investissement initial. Leur conception doit par conséquent être un compromis
raisonnable entre la recherche du faible coût d’une part et la facilité d’entretien, la longévité
des ouvrages, d’autre part.

2.3.1 Tracé de canaux


La nature et la structure du sol de fondation jouent un rôle très important :
-Pour les canaux en terre, la conductivité hydraulique du sol qui conditionne les pertes par
infiltration est une caractéristique importante. Les meilleurs sols présentent une large
granulométrie. La cohésion du sol joue un rôle important dans le choix de la pente du talus : les
sols hétérogranulométriques présentent une forte cohésion contrairement au sable ou au gravier.

-Pour les canaux revêtus, une fondation ferme et stable protège bien le revêtement et évite les
fissures et rupture provoquées par le tassement du sous-sol. Pour éviter ces problèmes, les sols
de faible densité doivent être compactés fortement au préalable, les argiles gonflantes sont à
éviter de même que les sols gypseux ou salins instables qui peuvent attaquer le revêtement en
béton.

Le tracé des canaux doit être choisi pour éviter les zones où la présence des sols précités est
observée.

Lorsque la topographie est irrégulière, le relief du terrain doit déterminer le tracé des canaux
placés en général sur les lignes de crête et des colatures dans les thalwegs.

Lorsque le terrain est plat, le concepteur a toute la latitude pour choisir un meilleur compromis
entre la superficie parcellaire maximale, la longueur des parcelles, la commodité des usagers,
l’organisation de la gestion de l’eau et le coût du réseau.

En principe, il est nécessaire de :

- Protéger le canal contre les crues des cours d’eau et les ruissellements provenant du
bassin versant.
- Eviter les profils entièrement en remblai qui sont très onéreux et dont il faut protéger la
stabilité (revêtement souple d’étanchéité, drainage de pied…).

Le canal principal est calibré pour recevoir le débit de pointe de la zone desservie. Il est implanté
aussi haut que possible dans le périmètre pour dominer une superficie maximale. Quand la pente
générale du canal est trop forte, on essaie de la réduire en prévoyant des ouvrages de chute.
Tout changement de direction se fait selon des courbes de grand rayon pour se prémunir contre

6
l’affouillement des berges. On adopte en général un rayon R supérieur ou égal à vingt fois la
hauteur d’eau dans le canal (R ≥ 20 H).

2.3.2 Profil en long


Le profil en long doit être choisi pour que la vitesse d’écoulement qui dépend du canal (pente,
débit, géométrie, nature des parois) et de la nature de l’eau, soit comprise entre les limites bien
définies. La vitesse d’écoulement de l’eau dans les canaux doit être supérieure ou égale aux
vitesses minima afin d’éviter les dépôts des matières en suspension. De nombreuses formules
empiriques permettent d’évaluer la vitesse minima dont celle de Kennedy la plus connue :

Vmin = b h 0.64

avec

b = 0.4 pour les limons et sables très fins b = 0.55 pour les sable fins, b = 0.63 pour les sables
moyen, h = hauteur d’eau en m, Vmin = vitesse mini en m/s

En règle générale, on s’efforce de ne pas descendre en dessous de 0.50 m/s.

La vitesse d’écoulement doit être inférieure à la vitesse maxima afin d’éviter l’érosion et l’usure
des parois et des ouvrages, d’éviter les projections au niveau des singularités et de rester en
écoulement fluvial. Les vitesses maxima sont définies en fonction de la nature des terrains, de
la nature de l’eau et du revêtement du canal.

La pente doit être telle que la vitesse d’écoulement soit comprise entre les vitesses limites.
L’augmentation de la pente d’écoulement s’accompagne de l’augmentation de la vitesse et
d’une diminution de la section d’écoulement pour le même débit. Cette augmentation se trouve
encadrer par deux contraintes de vitesse qu’on appelle vitesses limites (vitesse limite mini et
maxi) comme énoncé dans ce tableau qui suit.

Vitesse limite minimale Vitesse limite maximale


Canaux en terre 0.5 à 0.6 m/s 1 m/s
Canaux revêtus 0.75 à 1.5 m/s 2 à 3 m/s

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En général, la pente moyenne du canal doit être voisine de celle du terrain naturel. Lorsque
celle-ci est trop forte, il est nécessaire de créer des chutes pour réduire la pente du radier.

Du point de vue économique, il est préférable :

- d’augmenter la pente du canal lorsque le prix de revient au m2 de section est élevé ;

- de réduire la pente lorsque la section est peu couteuse.

Lorsque des contraintes de vitesse et de tracé nous imposent les autres paramètres, on calcule
la pente à partir de l’équation de Manning.

2.3.3 Profil en travers


2.3.3.1 Types de section : en fonction du débit et de l’utilisation des canaux, on adopte l’un
des quatre types de section :

- section trapézoïdale pour les grands canaux, en terre ou préfabriqués ;


- section rectangulaire pour les petits débits
- sections semi-circulaire pour les canaux portés
- section circulaire pour le franchissement d’obstacles

2.3.3.2 Types de profil trapézoïdaux

En fonction de la configuration du terrain, on peut adopter :

- soit le profil en déblai lorsque le terrain est plat ;


- soit le profil mixte remblai-déblai qui est économique surtout lorsque le terrain en en
pente ;
- soit le profil en remblai et dans ce cas, il convient de s’assurer que le terrain de fondation
soit incompressible et l’abri des tassements.

8
Canal en déblai

Canal en remblai

9
AC
La pente des talus exprimée par tg = doit être choisie après étude géotechnique pour
BC
s’assurer de la stabilité de l’ouvrage.
A défaut d’études précises, on peut admettre pour les talus en déblai :

2
- terre franche tg = 1 ou
3
- terre argileuse tg = 2
2 1
- terre sablonneuse tg = ou
3 3
- rocher sain : talus vertical
Pour les talus en remblai, la pente est sensiblement plus faible.

2
Pour les profils bétonnés, on adopte tg = ou 1 pour les petits canaux et
3
3
tg = ou 2 ou 2.5 pour les grands canaux.
2

1
On exprime parfois la pente par le paramètre m = appelé fruit.
tg 

3. Dimensionnement d’un réseau d’irrigation gravitaire

En général, le dimensionnement des canaux repose sur l’hypothèse d’un écoulement uniforme.
Une telle hypothèse n’est vérifiée que pour les ouvrages transportant des débits qui ne varient
pas ou très lentement, ce qui n’est pas toujours le cas, notamment dans les réseaux en régulation
par l’aval.

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Il est utile de donner quelques définitions :

Section mouillée S : section occupée par l’écoulement (ABCD)

Périmètre mouillé : périmètre ABCD délimité par les parois solides en contact avec l’eau

Rayon hydraulique : S/P

1
tg =
m

P = AB + l + CD AB = CD

AB 2 = y 2 + x 2

y 1 x
tg =  =m= x = my
x tg y

AB 2 = y 2 + x 2  AB 2 = y 2 + (my ) 2  AB 2 = y 2 (1 + m 2 )

AB = y 1 + m 2

P = l + 2 y 1+ m 2

S = ly + xy avec x = my

S = y (l + my )

Tirant d’eau h : hauteur de l’eau au-dessus du point le plus bas de la section droite

EF : largeur en gueule

AD : largeur au miroir

BC : largeur au plafond

Revanche r : hauteur comprise entre le plan d’eau libre et le niveau supérieur du canal. Elle est
indispensable à la sécurité de l’ouvrage (éviter la submersion du canal en cas d’augmentation
du débit) ; sa valeur dépend de l’importance et du type de canaux ainsi que du mode
d’exploitation du réseau.

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Pour les canaux en terre exploités en commande par l’amont, on admet :

- canaux de quelques m3s-1 : r = 0.5 m


- petits canaux r = 3h/10 ou souvent 30 cm
- très gros canaux exposés au vent : la revanche peut atteindre 1m

Dans un projet, on prend en général r= 0.15 – 0.2m pour les quaternaires et r = 0.2 – 0.5m pour
les autres canaux. On observe que dans tous le cas, la revanche augmente avec le débit
transporté.

Pour les canaux exploités en commande par l’aval, la revanche doit être calculée dans chaque
cas étant donné la position de la ligne d’eau à débit nul.

Pour les canaux en terre les valeurs suivantes peuvent être utilisées :

Q (m3/s) > 50 30-50 10-30 5-10 2-5 0.5-2

r(m) 0.8 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2-0.25

Pour les canaux revêtus, on peut utiliser la formule de Lacey :

r = 0.2 + 0.15Q (m 3 / s)
3

L’étude de l’écoulement dans un canal fait intervenir le débit, la pente, la géométrie et la


nature de la section. La formule la plus utilisée est celle de Manning-Strickler qui s’écrit :

V = K s RH2 / 3 I 1 / 2
V : vitesse moyenne de l’eau en ms-1 RH : rayon hydraulique, en m,

I : pente longitudinale du canal

Ks : Coefficient d’écoulement ou de rugosité fonction de la nature des parois en m1/3s-1. Ks peut


passer de 100 pour des parois en ciment lisse à 20 pour des fossés en mauvais état et encombrés
de végétation.

En pratique, on prend K = 70 pour les canaux revêtus et K = 30 pour les canaux en terre. Il ne
faut pas oublié qu’en pratique, plusieurs raisons peuvent contribuer à abaisser la valeur de Ks

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notamment : la détérioration de l’état de surface du fond et des parois, les dépôts de sédiments,
l’apparition de mauvaises herbes.

Il y a donc intérêt à prendre une marge de sécurité pour s’assurer que le canal puisse transporter
toujours le débit souhaité.

Le débit Q, Ks, et I étant fixés, on recherche la valeur des paramètres de la section (tirant d’eau :
h et largeur au plafond : l = b) qui vérifie l’équation de Manning-Strickler.

Q = Ks RH2 / 3 I 1 / 2 S
Profil simple

Calcul de h et b pour le cas d’un trapèze :

S et P sont à déterminer

S = (b + mh)h P = b + 2h 1 + m 2

Remplacer dans la formule de Manning S et P

1 S 5 / 3 1/ 2 1 h 5 / 3 (b + mh) 5 / 3
Q= I donc Q= I 1/ 2
n P2/3 n (b + 2h 1 + m 2 ) 2 / 3

Cette équation peut être transformée en une équation du type h = f (h)

3/ 5
 Q n (b + 2h 1 + m 2 ) 2 / 3 
h =  1/ 2 
 I (b + mh) 5 / 3 
Résolution itérative de l’équation en s’imposant une valeur de h

Si b et h sont deux inconnues on peut travailler avec les valeurs suivantes :

m 0 1/2 1/1 3/2 2/1


b/h 3-4 2.5-3.5 2-3 1.5-2.5 1-2

b
= 4 1 + m 2 − 3 si m > 2 on a 1 < b/h < 2
h

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Il faut respecter un équilibre entre la largeur du plafond b et la hauteur d’eau h. On se base généralement
sur les règles suivantes :

- pour les petits canaux trapézoïdaux, on adopte des hauteurs totales comprises entre 0.3 et 1m
pour des largeurs du plafond oscillant respectivement entre 0.2 et 1 m ;
- pour les petits canaux rectangulaires revêtus, la hauteur d’eau ne devrait pas dépasser la moitié
de la largeur au plafond (h ≤ b/2) ;
- pour les grands canaux, on fait appel aux formules empiriques :

S
h = 0.5 S avec h en m et S en m 2 h=
3

Quelle que soit l’importance de la section, h ne dépasse pas 3.5m

Profil de meilleur rendement hydraulique (section hydrauliquement favorable)

Déterminer une section économique ou hydrauliquement favorable revient à déterminer la


section du canal afin qu’il puisse faire passer le débit maximal.

Cas d’une section trapézoïdale

La section mouillée et le périmètre mouillé s’écrivent :

S = y (b + my ) P = b + 2 y 1 + m2

Pour un débit Q à faire circuler, quand on fait varier b, on fait varier la profondeur y de l’eau ;
on a donc une fonction y(b). S et P s’écrivent de façon plus formelle :

S ( y(b), b) = y(b) b + my (b)

P( y (b), b) = b + 2 y (b) 1 + m 2

Q est maximal si S est maximale, P minimal alors les dérivées dS/db et dP/db s’annulent.

dS dy(b + my ) d (b + my ) dy dy dy
= +y = b + my + y (1 + m )
db db db db db db

dS dy dy dy
=b + my + y + my = 0 soit
db db db db

bdy + 2mydy + ydb = 0 (1)

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dP db dy dP
= +2 1 + m2 avec =0 on a
db db db db

db + 2dy 1 + m 2 = 0 (2)  db = −2dy 1 + m 2

bdy + 2mydy + ydb = 0 (1)  bdy + 2mydy − 2 ydy 1 + m 2

b + 2my − 2 y 1 + m 2 = 0  b = 2 y ( 1 + m 2 − m)

Démontrer que RH = y/2 et avec l’équation de Manning-Strickler

3/8
 
 Q 
y = h = 0.917 
/ 2 2 m
 K s I ( m +1 − ) 
1
 2 

Cas d’une section rectangulaire

Pour obtenir une section économique il faut que Q soit maximal. Q est maximal si RH est
maximal c’est-à-dire S maximale et P minimal.

S = yb P = 2y + b

dS d ( yb) db dy
= = y +b = 0  ydb + bdy = 0 (1)
db db db db

dP d ( 2 y + b) dy db
=  2 + = 0  2dy + db = 0 (2)
db db db db

2dy + db = 0  − 2dy = db(2)

(1)  ydb + bdy = 0  y (−2dy) + bdy = 0  dy(b − 2 y ) = 0 dy  0

b = 2y

Démontrer que RH = y/2 et avec l’équation de Manning-Strickler


3/8
 Q 
y = h = 0.917 1/ 2 
 KsI 

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4. Conception et dimensionnement d’un réseau d’irrigation localisé

4.1 Principe de fonctionnement d’un réseau d’irrigation goutte à goutte

L’irrigation goutte à goutte représente une conception nouvelle de l’apport d’eau au sol. Celle-
ci est appliquée localement, ponctuellement, dans le volume de sol occupé par les racines d’où
son appellation d’irrigation localisée ou encore micro-irrigation. Elle est dispensée en petites
quantités mais à des intervalles de temps très rapprochés : de quelques heures à un jour. Il se
forme de cette manière, sous l’impact des gouttes, un bulbe humide où l’humidité du sol se
maintient proche de la capacité de rétention. On considère que la quantité d’eau versée dans ce
bulbe doit être juste égale à celle consommée par l’arbre pour son développement et sa
production comme l’indique la figure.

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Schéma de principe de la micro-irrigation (Mathieu et al, 2007)

4.2 Tracé du réseau d'irrigation

Un réseau d’irrigation localisée comprend en général de l’amont vers l’aval, les éléments
suivants :

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• L’unité de pompage : la prise d’eau
• La station de tête : c’est l’élément principal de l’installation. Elle comprend les
différents éléments nécessaires au bon fonctionnement du réseau. Elle assure les
fonctions de filtration, de fertilisation et de comptage. La figure suivante montre les
différents éléments constituant la station de tête.

- Le compteur d’eau est placé sur la borne d’un réseau collectif ou d’une
canalisation de refoulement d’une station de pompage. Il permet d’assurer un bon
fonctionnement du réseau par un contrôle du débit (rupture de canalisation, colmatage
des goutteurs), de connaître la qualité de l’eau apportée lors de l’arrosage, de dresser le
bilan des apports lors d’une campagne.
- Le clapet anti-retour a pour rôle de créer une disjonction entre le réseau
d’irrigation et la ressource en eau. Ceci permet d’éviter les risques de pollution par le
retour de l’eau du réseau d’irrigation et de la solution fertilisante dans la source en cas
d’arrêt de l’arrosage ou de dépression dans le réseau collectif. Le clapet anti-retour est
monté en ligne sur la canalisation principale et ne permet le passage de l’eau que dans
un seul sens.

Figure : Schéma type de la station de tête

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1 : Arrivée d’eau 2 : Compteur 3 : Clapet anti-retour

4 : Vanne principale 5 : Soupape de décharge 6 : Régulateur de pression

7 : Filtre à tamis 8 : Vanne de purge 9 : Filtre à sable 10 : Injection d’engrais

11 : Filtre à tamis

- La soupape de décharge a pour rôle de protéger les installations contre les


risques de surpression.

- Le régulateur de pression permet de maintenir constante la valeur de la


pression en aval lorsque celle en amont est variable. Il fonctionne
normalement dans des plages de débits et de pression définies par le
constructeur. Il se place en amont de la station de tête et protège les
installations contre les risques de surpression et de dépression.
- Le filtre à tamis est constitué d’une toile en plastique ou en acier inoxydable
qui stoppe les impuretés dont le diamètre est supérieur à la maille de filtration.
- Le filtre à sable est une cuve métallique étanche fonctionnant à une pression
maximale de 10 bars et contenant des sables calibrés pouvant arrêter les
éléments solides en suspension dans l’eau. Il est indispensable pour arrêter les
éléments organiques.
- L’injection d’engrais se fait avec un injecteur de type Venturi qui est basé
sur le principe du tube Venturi. Une différence de pression est nécessaire entre
l’entrée et la sortie de l’injecteur. Par conséquent, il est installé sur une
dérivation placée sur une cuve ouverte contenant le fertilisant. Le taux
d’injection est très sensible aux variations de pression, ce qui justifie en partie
la pose du régulateur de pression. Les pertes de charge sont d’environ 1 bar et
les taux d’injection varient de 40 à 2000 litres par heure.

• Des canalisations de transport (canalisations principales et secondaires) en tête des


postes d’arrosage : ce sont toutes les canalisations acheminant l’eau de la station de
tête aux porte rampes. Elles sont en PVC et enterrées.

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• Des canalisations d’alimentation des rampes (porte rampes) : les porte rampes sont
des conduites (enterrées) en PEHD sur lesquelles sont branchées les rampes qui leur
sont perpendiculaires.
• Des canalisations d’alimentation des distributeurs (rampes) : les rampes sont des
conduites posées à même le sol généralement en PEFD, comportant les goutteurs. Elles
suivent les lignes des cultures et acheminent l’eau jusqu’aux goutteurs pour l’apport
ponctuel.
• Les distributeurs installés le long des rangées de cultures : ces distributeurs sont les
goutteurs.

Figure : Schéma type d’un réseau goutte à goutte

4.3 Dimensionnement du réseau d’irrigation


Le dimensionnement du réseau d’irrigation comprend plusieurs parties que sont : le calcul des
débits dans les différentes conduites (rampes, portes rampes, conduites principales et
secondaires), la détermination des diamètres des différentes conduites, la vérification des
vitesses d’écoulement, le calcul des pertes de charges et la vérification des pressions.

4.3.1 Calcul des débits des conduites


• Le nombre de goutteurs par rampe N goutteurs/rampe
𝐿𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒
𝑁𝑔𝑜𝑢𝑡𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠/𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒 =
𝐸𝑔𝑜𝑢𝑡𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠
L rampe : longueur de la rampe en m
E goutteurs : espacement entre goutteurs en m

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• Le nombre de rampes par parcelle N rampes/parcelle
𝑙𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒
𝑁𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒𝑠/𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒 =
𝐸𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒𝑠
l parcelle : largeur de la parcelle en m
E rampes : espacement entre rampes en m

• Le débit de la rampe Q rampe


𝑄𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒 = 𝑁𝑔𝑜𝑢𝑡𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠/𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒 ∗ 𝑄𝑔𝑜𝑢𝑡𝑡𝑒𝑢𝑟
Q goutteur : débit du goutteur

• Le débit du porte rampe Q porte rampe


𝑄𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒 𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒 = 𝑁𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒 ∗ 𝑄𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒
Sachant que chaque porte rampe alimente une seule parcelle à la fois, il délivrera
simultanément un débit pour n rampes.
Le débit du porte rampe représente le débit d’une parcelle.

• Le nombre de parcelle irriguable simultanément Np


𝑄
𝑁𝑝 =
𝑄𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒 𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒

Np est arrondi par défaut à l’entier supérieur

Le débit maximal dans les conduites principales et secondaires. Ces conduites peuvent fournir
un débit au maximum égal à celui des Np parcelles alimentées simultanément.

4.3.2 Détermination des diamètres des conduites


Connaissant les débits dans les différentes conduites du réseau, les diamètres (diamètre des
rampes, diamètre des porte rampes, diamètre des conduites principales et secondaires) peuvent
être déterminés par la formule suivante :

𝑄
𝐷 = √ ∗ 18,8
𝑉

D : diamètre en mm
Q : débit en m3/h V : vitesse en m/s
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La vitesse V sera prise égale au maximum 1,7 m/s pour le calcul des diamètres des conduites.
Le diamètre choisi sera le diamètre commercial immédiatement supérieur à la valeur calculée.

4.3.3 Vérification des vitesses


Dans un réseau d’irrigation, la vitesse de l’eau dans les conduites doit être comprise entre 0,2
𝑄
et 1,7 m/s. La vitesse est déterminée par la formule suivante : 𝑉 = ; où V est en m/s, Q en
𝐴

m3/s et A en m2.

4.3.4 Calcul et vérification des pressions dans les conduites


Pour que les goutteurs puissent fonctionner correctement, il leur faut une pression minimale de
0,5 bar. Le débit diminue en route après chaque distributeur. Afin de prendre en compte les
pertes de charges réelles, la valeur de pertes de charges linéaires sera multipliée par F, le
coefficient de réduction de Christiansen, pour compenser les débits distribués en route par la
conduite. Les valeurs de F dépendent du nombre de distributeurs uniformément répartis le long
de la conduite. La charge au niveau du goutteur le moins favorable est la différence entre la
charge à la sortie de la station de tête et les pertes de charges au niveau des conduites les reliant.

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