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MANAGEMENT
INTERCULTUREL
L’interculturel est considéré, aujourd’hui, comme la science humaine dont l’objet est de
tenter de DECRYPTER et de DECODER ce qui se passe lorsque des CULTURES
DIFFERENTES sont en interaction et en contact circonstanciels ou prolongés, pour
coopérer, créer une entreprise ou, de façon générale, faire des activités génératrices de
revenus ou d’emplois
Comment vivre entre deux ou plusieurs cultures dans le contexte actuel caractérisé par une
mondialisation et un « Tsunami du numérique » et les implications inévitables qu’il va
entrainer avec la cryptique : objets connectés, big data et intelligence artificielle qui sont
entrain de définir un nouveau monde et une réorganisation profonde du monde du travail?
Comment rendre performante une entreprise qui subit particulièrement des tensions
émanant de son contexte SOCIOCULTUREL ?
Il en est ainsi des théories classiques d’organisation (TAYLOR, FAYOL, FORD, CROZIER…),
des concepts de leadership, de motivation, de gestion des conflits, de recrutement,
d’évaluation, de performance, des techniques de vente ou encore du comportement des
consommateurs et des stratégies de publicité et même des pratiques comptables.
L’hypothèse d’un grand écart entre les théories enseignées à l’Université et les réalités
observées sur le terrain se confirme de plus en plus.
C’est la raison pour laquelle le management interculturel est préconisé. Il autorise une
remise en cause partielle de ce qui fut pendant longtemps considéré comme le
management universel, c’est-à-dire susceptible d’être développé de la même manière
dans tous les pays quels que soient les systèmes de valeurs et les normes sociales en
vigueur.
Ainsi les indicateurs théoriques classiques (Théories des organisations anglo saxonnes) sont
très limités pour rendre compte à la fois de la situation réelle des entreprises en Afrique et de
leurs pratiques organisationnelles.
Le sens que les acteurs de l’entreprise donne à leurs comportements au travail et de la
dynamique socioculturelle qui sous-tend leurs représentations liées, par exemple, à l’utilisation
et la gestion du temps, la pratique de la comptabilité ou encore l’impact des innombrables
fêtes religieuses sur la performance organisationnelle ou la mesure de leur productivité…tout
cela est fortement codé culturellement !
Une culture est la confirmation de comportements appris et de leurs résultats dont les
composants sont partagés et transmis par les membres d’une société donnée.
La formation est généralement centrée sur les spécificités du pays de destination, dans le cas
de l’expatriation. Des exposés présentent les caractéristiques du pays, ses us et coutumes
dans la vie quotidienne ainsi que les pratiques des entreprises locales, par exemple en matière
de conduite de réunion, dans les processus de négociations, dans le fonctionnement des
organisations, la conception des travailleurs sur leur système de motivation, les techniques de
vente ou encore le système de gestion des conflits qui prennent souvent une forte coloration
culturelle !
M. Alassane Elfecky Agne
A. DEFINITION ET CONCEPTS
4. DEFINITION DE LA CULTURE ET FORMATION A L’INTERCULTUREL :
RECOMMANDATIONS ET PIEGES A EVITER
Une introduction plus large aux différences culturelles - et leur impact sur le climat et
l’ambiance générale de travail - est proposée, on mesure l’écart et les différences de
conception entre certaines valeurs culturelles selon les pays d’origine.
Des mises en situation visent à familiariser le personnel – d’une entreprise caractérisée par la
diversité culturelle – avec les comportements appropriés et les erreurs à ne pas commettre !
Il faut aussi comprendre que les différences culturelles se logent dans la profondeur des
apprentissages, effectués dans l’enfance et dans les comportements spontanés, naturels,
inconscients (au sens psychanalytique du terme) !
QUATRE DIMENSIONS DE
LA CULTURE NATIONALE
(HOFSTEDE ET
BOLLINGER)
Les questions portent, par exemple, sur la satisfaction au travail, la signification du travail, les
facteurs de motivation, la gestion des conflits, le leadership, le travail des femmes.
L’appartenance des répondants à une même entreprise et l’analyse statistique des données fait
apparaître des différences nationales par rapport aux réponses sur les questions posées.
Dès lors le travail d’Hofstede et de Bollinger a consisté à définir les cultures nationales à partir de
valeurs et à établir leurs conséquences sur les institutions dont au premier chef les entreprises
nationales en dressant l’inventaire de leurs particularités d’organisation dans chaque pays.
La relation à l’incertitude,
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les sociétés à orientation
individualiste et les Dimension 1
sociétés à orientation
communautaire
Dans une société individualiste, chaque personne entretient des rapports particuliers aux autres.
C’est ‹‹ chacun pour soi et Dieu pour tous ››. L’individu veille strictement sur ses propres
intérêts et ceux de sa famille immédiate, nucléaire. Dans ce type de société, l’éducation de base
fournit aux membres les germes de la liberté, de l’autonomie et du ‹‹ penser par soi-même ››.
Cette première dimension met en évidence la constatation suivante : les sociétés à tendance
individualiste valorisent le temps consacré à la vie privée, cela veut dire que l’intérêt individuel
passe avant l’intérêt général.
Dans une société communautaire (ou collectiviste) les liens entre les individus sont plus forts.
Chaque personne naît au sein d’une communauté (famille élargie, clan, village, parenté…) à
laquelle il doit allégeance et obligations diverses et variées. L’individu, en principe, n’existe pas, il
s’efface devant le groupe qui considère que ‹‹ l’homme est remède l’homme ››.
Dans les cultures collectivistes, les individus sont référencés à des valeurs de biologique, car en
contexte communautaire on parle de famille élargie !
Dans leurs ouvrages cités en référence, Hofstede et Bollinger affirment qu’excepté l’Afrique du
Sud, toutes les sociétés africaines sont des sociétés collectivistes.
D’HIRIBARNE(1998) constate, de son coté que les sociétés africaines sont marquées aujourd’hui
par une très forte poussée d’INDIVIDUALISME, rendue plus facile par la MONDIALISATION !
D’après les résultats de l’enquête, il existe un lien évident entre le niveau de développement
économique d’une nation et la culture individualiste : les pays les plus riches adoptent les
comportements les plus individualistes, alors que les pays les plus pauvres semblent conserver
une vie communautaire.
Les cultures communautaires et individualiste, exercent une influence sur différents aspects du
management: liberté d’action dans l’organisation, sens de l’initiative, l’attitude face au défi et aux
notions de responsabilité individuelle et de responsabilisation des travailleurs par le chef,
conception du leadership, signification du travail et de la productivité souvent faible
D’une façon générale, les sociétés communautaires favorisent le temps passé en groupe
(cérémonies familiales et religieuses) alors que les sociétés individualistes valorisent le
temps passé par les individus par leur vie personnelle (lecture, sport, loisir, développement
personnel, créativité…).
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La distance hiérarchique
(c’est-à-dire le rapport à Dimension 2
l’autorité, au chef…)
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D’après les résultats de l’enquête, il y a deux types de société : les sociétés à forte distance
hiérarchique (dans lesquelles on accepte naturellement l’existence d’écarts et de différence
entre les individus selon leur rang, leurs origines, leur lignée) et les sociétés à faible distance
hiérarchique (où ces écarts sont réduits au maximum car on y considère que ‹‹ l’existence
précède l’essence ››).
La distance hiérarchique (‹‹ je ne suis pas ton égal ››, ‹‹ on n’a pas gardé les vaches
ensemble ››) se mesure à la perception qu’un sujet a du pouvoir de son chef et à ses
conséquences en termes de comportement. Dans un cas (faible distance hiérarchique), les
subordonnées considèrent leurs supérieurs comme des gens comme eux et dans l’autre cas
(forte distance hiérarchique), les subordonnés considèrent leur supérieur comme des gens à
part, des êtres d’exception !
Dans un contexte à faible distance hiérarchique, l’acquisition d’une compétence personnelle est
plus importante que le statut social !
La relation à l’incertitude,
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à l’avenir et à l’inconnu
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Selon les résultats de l’enquête, il existe des cultures à fort contrôle de l’incertitude dans
lesquelles les individus et organisations tentent de se prémunir contre l’incertain par des
dispositifs techniques limitant l’impact des catastrophes (sociales, naturelles, etc.) par des lois
et des mesures de précaution, de prévention et de contrôle sur tout ! On y développe des
plans, des outils de prévision, des projections sur un avenir lointain et de comptabilité
rigoureuse dans les entreprises.
On met en place des procédures standardisées et la recherche de cohérence dans les actions
ainsi qu’un besoin de discipline et d’ordre. Beaucoup de prospection et de PROSPECTIVE pour
l’avenir, avec comme boussole une utilisation quotidienne de la rationalité, de la bonne méthode
et de l’esprit d’organisation face aux risques !
Dans les cultures à faible contrôle de l’incertitude, les individus ne se sentent pas très
concernés par l’avenir ; il y a peu de prévisibilité et de prospective mais aussi peu de
dispositions institutionnelles pour tenter de « maîtriser » l’avenir. Il s’y développe une
soumission totale à l’ordre divin,immuable et qui est la mesure de toute chose.
Le temps et la gestion précise et précieuse du temps restent embryonnaires dans le
fonctionnement, notamment, de l’administration et des entreprises. On prend très peu de
risques dans les investissements ou la création de nouvelles entreprises qui devront bénéficier
d’abord de divination « maraboutique ».
Dans leur enquête, Hofstede et Bollinger, démontrent que les indices notés placent
l’Afrique parmi les sociétés championnes parmi celles qui ont un très faible contrôle de
l’incertitude.
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Dimension 2
Cette dimension traite de la division sociale des rôles entre les 2 sexes dans une société. Cela
pose la double problématique de la question genre et de la « masculinisation » ou la
« féminisation » de certains emplois selon les cultures (secrétaire, dentiste, professeur, chefs
d’entreprise…).
Il existe des sociétés qui déterminent des rôles traditionnellement féminins et qui mettent en
avant des « dispositions » et valeurs féminines particulières comme le souci de la qualité de
vie, la solidarité, l’intériorité, la SENSIBILITE ou encore les relations personnelles. D’autres
sociétés déterminent des rôles exclusivement masculins comme la réalisation de choses
visibles, la compétition acharnée…
Les sociétés à forte orientation masculine acceptent plus facilement les ROLES
DIFFERENCIES alors que les sociétés à forte orientation féminine sont plus sensibles à des
ROLES INTERCHANGEABLES !
Ces éléments culturels, d’après l’enquête I.B.M, vont avoir des conséquences en matière
d’organisation des entreprises et du niveau de développement d’un pays. Ainsi les pays qui
accordent le plus d’équilibre à la question genre et à l’égalité des sexes ont le niveau de vie le
plus élevé au monde (Bonne gestion de la ressource humaine féminine).
Une communication efficace, pour des personnes issues d’une même culture est souvent
assez difficile. Mais cette difficulté est multipliée par deux si l’interlocuteur n’est pas de la
même culture (différences d’acceptations, d’idées, de symboles, de vision du monde, de
perception ou encore de manière de faire…). Communiquer avec des clients ou
fournisseurs étrangers peut être source de nombreux malentendus.
Exemples : Ainsi, un médecin psychiatre de New York s’est vu offrir un poste de médecin libéral,
pour une durée de deux ans, dans un centre urbain en forte croissance dans une capitale africaine.
C’était un fiasco total parce que le médecin a ignoré tout le soubassement culturel de la maladie
mentale en Afrique. Il est arrivé avec une conception de médecine empruntée à l’environnement et
à la conception de l’Occident sur les maladies, leur étiologie et les thérapeutiques appropriées.
Bien communiquer avec l’autre, c’est comprendre sa langue qui traduit toujours une vision
du monde. Les personnes parlant deux langues différentes ne classeront pas les choses de
la même façon. Une personne qui comprend la langue d’un partenaire sur le plan
international, comprend également comment ce partenaire appréhende le monde.
La communication explicite ou implicite
Les cultures varient sur la façon explicite d’envoyer et de recevoir les messages verbaux. Aux Etats-
Unis, par exemple, on s’attend à ce que la communication verbale efficace soit explicite, dirigée et
non ambiguë. Dans ce contexte, un bon communicateur est celui qui est censé dire ce qu’il veut
dire, avec le plus de précision et le plus simplement possible. Dans d’autres contextes, la manière
de communiquer est plus ambiguë, ‹‹ on tourne autour du pot ››.
Les cultures qui on un code verbal élaboré donnent une grande valeur aux mots. (Europe,
Etats-Unis) Il faut persuader les autres en exprimant logiquement et clairement ses idées.
A l’opposé, dans les cultures avec des codes verbaux restreints, les mots sont importants,
mais ils ne sont qu’une partie de tout le système de communication.
Cela ne veut pas dire que les mots ne sont pas importants dans les cultures orientales (Chine,
Japon, Corée…) ou Africaines (Sénégal…) mais que les mots sont profondément liés aux
relations sociales
Des hommes d’affaires européens, négociant avec des japonais, ont découvert que ces derniers
peuvent dire ‹‹ non ›› sans jamais prononcer le mot. Ils utilisent des manières indirectes et non
verbales.Le silence des Japonais est souvent mal compris des occidentaux
C’est ainsi qu’on parle de plus en plus d’intelligence culturelle qui désigne la capacité pour un
individu immergé dans un nouvel environnement culturel à saisir les schémas d’interactions
sociales quiy prévalent et à adopter des comportements appropriés à ce nouvel environnement.
Stephan P., un cadre d’une grande compagnie aérienne américaine a reçu la mission
d’établir un nouveau bureau à DAHRAN en Arabie Saoudite. Il a eu toutes les difficultés de
communication interculturelle parce que ses interlocuteurs locaux disaient toujours ‹‹ Inc.
Allah ›› (‹‹ si Dieu le veut ››). Ce qu’il trouvait exaspérant parce que pour lui cela signifiait
qu’ils ne voulaient pas prendre de responsabilité individuelle en se réfugiant derrière la
fatalité
Comprendre les valeurs sous-jacentes d’une culture passe par un double processus
d’introspection et de décentration qui débouchent sur l’acceptation de l’idée selon laquelle
ses propres valeurs n’ont pas un caractère absolu.
Importance de la référence à la
religion musulmane parce que tout
se ramène à Dieu
Les rapports entre les religions - de façon générale - et le développement économique ont
stimulé beaucoup d’auteurs et chercheurs au premier rang desquels l’histoire de la pensée et des
idées retient le nom d’un sociologue allemand. Dans son célèbre ouvrage, Max Weber cherche à
analyser les fondements de l’esprit d’entreprise. Pour lui, la formation et l’ascension du
capitalisme restent étroitement liées aux comportements d’individus, adeptes du protestantisme
et de l’ascétisme calviniste. Selon Weber, dans tous les pays de confessions religieuses
différentes, les dirigeants d’entreprises, les propriétaires du capital, les plus qualifiés des
travailleurs, le personnel technique et commercial le mieux formé dans les entreprises
modernes, sont en très grande majorité des protestants.
Le sociologue allemand a particulièrement analysé- dans cet ouvrage considéré comme l’un
des plus importants de son œuvre1- les fondements religieux de l’esprit d’entreprise, prenant ainsi
le contrepied d’un autre allemand, sociologue et économiste, Karl Marx, pour qui l’expansion du
système capitaliste renvoie essentiellement à des déterminismes économiques et non à la
superstructure qui renferme, entre autres, les idées religieuses.
Sur un autre registre, les succès économiques des pays asiatiques le Japon d’abord, les ‹‹
dragons ›› ensuite (Corée du sud, Singapour, Hong Kong, Taïwan) et plus récemment la Chine,
ont poussé des chercheurs à s’intéresser de prés au style de management des entreprises dans
ces pays. Ainsi, depuis le début des années 90, les termes‹‹ valeurs asiatiques›› se sont imposés
dans la littérature managériale. Ces ‹‹ valeurs asiatiques ›› sont des croyances et pratiques que
les concernés considèrent comme des religions, différentes cependant des monothéismes
classique, en ce sens qu’elles ne font référence ni à Dieu fondateur, ni à l’église ou une mosquée,
encore moins un livre sacré.
Ainsi, dans un ouvrage fort instructif et bien documenté, Sophie Faure passe en revue les
systèmes de pensée philosophico-religieux des asiatiques qui font référence à l’hindouisme, le
bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme, appelés aussi « religions sociales ». Pour
elle, le succès du management asiatiques s’explique par son enracinement dans le
confucianisme. Celui-ci préconise un système d’éthique sociale qui privilégie des valeurs comme
la sincérité, lebénévolat, la parenté et le respect de la filiation, la loyauté envers l’autorité.
La doctrine de Confucius, considérées Chine comme une religion d’Etat, met l’accent sur la
connaissance, le savoir, d’où émane toute vertu, elle préconise également un code de bonne
conduite dans la vie de tous les et considère l’amour du travail bien fait comme le sommet de
toutes les vertus. « Manager avec Confucius », c’est constater immédiatement la relation de
cause à effet entre valeurs religieuses asiatiques et développement de ces pays, comme
l’actualité au quotidien le démontre.
Pour sa part, Gary Tribou partant de l’hypothèse de Max Weber, cherche à l’appliquer à la
religion islamique. Il voit des similitudes entre l’Islam et le protestantisme comme sources
potentielles de l’esprit d’entreprise. Tribou soutien et défend l’idée d’un entrepreneur musulman
dans la mesure où celui-ci est non seulement marqué par sa croyance et sa soumission à la toute
puissance divine, mais l’islam renferme également des valeurs éthiques favorables à
l’organisation rationnelle de l’entreprise comme l’obéissance au groupe, l’esprit communautaire,
le partage des revenus qui condamne, de fait, la richesse qui éloigne de Dieu. L’auteur fait
« parler » les textes fondateurs de l’Islam, le Coran et la Sunna, tout en les comparants à ceux
du protestantisme, l’ancien et le nouveau testament, pour découvrir, sur la base d’enquêtes
fouillées, une corrélation significative entre l’éthique religieuse de l’Islam et l’espritd’entreprise.
Et l’auteur de conclure : « toutes nos investigations nous ont conduit à conclure à l’idée d’un «
entrepreneur musulman » c’est-à-dire à un entrepreneur qui trouve dans l’éthique islamique la
nourriture spirituelle à son activité économique. Si comme le soutient Weber, l’éthique protestante
imprègne l’ethos de l’entrepreneur puritain et donne un sens et une force à son action, on peut
envisager avec les mêmes réserves, quant à la pluralité des facteurs de mentalité, que l’Islam
peut jouer un rôle similaire. Admettre l’idée d’entrepreneurs religieux ouvre cependant des
perspectives nouvelles qu’il convient d’explorer »
Dans son livre paru en 2003, Lachemi Siagh, dirigeant d’un cabinet-conseil en management et
ingénierie financière, intervenant entre le moyen Orient, l’Afrique du Nord et le Koweit, analyse
pour la première fois, de façon exhaustive, les principes fondamentaux de l’Islam qui organisent la
conception que cette religion se fait de l’économie, de la gestion, du monde des affaires et de la
finances1. Il propose dans son livre de réfléchir sur les différences entre la pensée occidentale
fondé sur l’individualisme qui domine les théories managériales depuis le 19e siècle et les
fondements de l’économie islamique qui a comme souci majeur de concilier biens matériels et
besoins spirituels de l’homme.
L’ouvrage s’inscrit dans la diversité des courants intellectuels de pensée qui tentent d’élargir la
vision occidentalo-centrée du monde en soulignant, notamment la place et l’influence
grandissantes de la finance islamique dans le système bancaire mondial. L’auteur analyse, dans
le détail, l’architecture de ces banques islamiques, les produits qu’elles offrent et leurs
particularités de gestion. Evoluant dans un contexte appelé par l’auteur « les milieux de culture
intense », c’est-à-dire des milieux où les entreprises sont caractérisées par des contraintes
majeurs où prédomine fortement l’idéologie religieuse qui structure la croyance des travailleurs,
la conception de l’organisation est largement conditionnée, dans les pays musulmans, par les
principes fondateurs de l’Islam (le Cora, la Sunna, la Charia…).
Selon l’auteur, l’économie et la gestion, selon les principes de l’Islam, se fondent sur une double
conception : celle de l’homme centrée sur l’esprit communautaire et la solidarité et celle de la
propriété considérée comme non exclusive. Sous ce rapport, démontre Siagh, les activités
bancaires subissent de fortes contraintes de l’environnement socioreligieux, avec notamment : le
respect du principe de coparticipation et de prise de risque et aussi la création et la gestion de
deux caisses : l’une pour la Zakat (charité pour les plus démunis des musulmans) et l’autre pour
le Beit Al-Mal (trésor pour une plus grande solidarité).
Seuil, 1998.
chaque pays gère ses hommes. Paris, Editions d’Organisation, Réédition 1999
2008