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Il est bien acquis, en droit administratif, que de telles situations ont des
incidences sur la légalité. Les pouvoirs des autorités administratives sont accrus.
Les libertés publiques sont restreintes dans l’objectif de permettre à ces autorités
de rétablir l’ordre public. Cette extension des pouvoirs des autorités
administratives est consacrée depuis longtemps par le juge (TA, Libreville, 7
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Guillaume PAMBOU TCHIVOUNDA, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative du Gabon, Paris,
Pedone, 1994, p 69
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Cependant, l’évolution des crises fait souvent penser à l’effet boule de neige :
minimes à l’origine, elles peuvent rapidement devenir incontrôlables. En tenant
compte de cette situation, le droit administratif a confié au Premier ministre des
pouvoirs limités pour faire face à des crises mineures (I) et au président de la
République des pouvoirs étendus pour faire face à des crises de plus grande
envergure (II).
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B. L’ETAT D’ALERTE
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Cette assertion est confortée par le contexte dans lequel est prononcé l’état
d’alerte. Ce régime peut être déclaré « en cas de péril imminent résultant
d’évènements graves menaçant l’ordre public ou présentant par leur nature ou
leur gravité le caractère de calamité publique. » (Loi du 12 novembre 1959
relative au maintien de l’ordre public en République gabonaise, article 5)
A travers cette définition, on retient que l’état d’alerte comme l’état de mise
en garde sont proclamés pour faire face à des atteintes à l’ordre public ou des
évènements ayant le caractère de calamité publique : inondations, tsunamis, feux
de brousses, pandémies. Ces régimes visent donc à remédier à des problèmes
similaires. Toutefois, ce qui change c’est la gravité ou le degré du phénomène à
combattre.
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A notre connaissance, l’état d’alerte a été proclamé une fois au Gabon par un
décret du 16 novembre 1960 (Voir TA, Libreville, 7 février 1962, Indjendjet-
Gondjout ; Guillaume PAMBOU TCHIVOUNDA, Les grands arrêts de la
jurisprudence administrative du Gabon, Paris, Pedone, 1994, p 68)
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d’urgence est l’ensemble des mesures qui sont édictées pour faire face à « un
péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public » ou « d’évènements
présentant par leur nature et leur gravité le caractère de calamité publique ».
Cependant les lignes qui précèdent montrent que l’état d’urgence et l’état
d’alerte se rejoignent. On se demande alors quel peut être l’intérêt d’avoir dans
un même ordonnancement juridique, qui plus est dans la même Constitution,
deux régimes d’exception au contenu identique. On peut supposer que le
constituant a entendu établir une différence de degrés dans les crises et dans les
pouvoirs attribués aux autorités administratives pour y faire face. Mais rien n’est
certain.
Dans tous les cas l’état d’urgence est un régime qui confère à l’autorité civile
des pouvoirs de police extrêmement étendus. On peut citer, entre autres, la
fermeture des lieux ouverts au public (débits de boissons, écoles, universités,
lieux de culte), le droit de réquisition, la réglementation sélective du séjour et de
la circulation des personnes (interdiction de séjour, assignation à résidence…).
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emporte une diminution des libertés publiques et une extension des pouvoirs de
police, afin de surmonter les difficultés résultant de la guerre ou de
l’insurrection (Loi n°5/90 du 5 juin 1990, article 1).
Le régime de l’état de siège a été prononcé une seule fois au Gabon par un
décret n°609/PR du 28 mai 1990. Ce décret s’appliquait uniquement à la
province de l’Ogooué maritime et visait à y rétablir l’ordre.
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