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Chapitre 4

Le respect des règles numériques par


l’entreprise
PROGRAMME

Thème 4 - L’impact du numérique sur la vie de l’entreprise


Le numérique, issu de la convergence des sciences et technologies de l’information et de la communication, affecte la vie et le
fonctionnement de l’entreprise de différentes manières :
- en facilitant l’accès des agents à l’information par la mise en place de réseaux d’agents économiques ou de modèles spécifiques de
fixation des prix ;
- en confrontant l’entreprise à des situations juridiques nouvelles et spécifiques liées au principe de la preuve, de la protection des
données ou encore au suivi de l’identité numérique ;
- en modifiant les modalités de coordination entre les différents acteurs, de partage de l’information, d’organisation des processus de
l’entreprise en installant des possibilités d’organisations collaboratives.
Autant d’éléments qui influencent directement le mode de management.
Le titulaire du diplôme est appelé à utiliser les ressources suivantes :
- une documentation décrivant le contexte numérique et la situation de l’entreprise ;
- une documentation relative à l’environnement de l’entreprise et aux relations entretenues avec différents agents ;
- des situations juridiques auxquelles l’entreprise est confrontée et la réglementation afférente ;
- des situations organisationnelles présentant les processus, les besoins et les finalités de l’entreprise.
Question Compétences Savoirs associés

Dans quelle mesure le droit répond-il aux - Identifier pour l’entreprise les modalités -Le rôle de la CNIL
questions posées par le développement du juridiques de protection des actifs -La protection des actifs immatériels :
numérique ? immatériels droit d’auteur et droits d’utilisation des
- Caractériser les conséquences juridiques services et des applications
des choix opérés par l’entreprise sur la -La protection de la personne : les données
protection des personnes, des données à caractère personnel, l’identité numérique,
- Qualifier et analyser les clauses de l’usage du numérique dans l’activité de
contrats relatives à une vente ou à une travail
prestation de service numérique -La preuve électronique
-Le contrat de vente électronique
-Le contrat de prestations de service
numérique

Vidéo – Le Parlement européen vote une réforme du droit d’auteur qui hérisse
Google et Facebook
1. Comment ce projet de réforme impacte-t-il les géants du net comme Google et Facebook ?
Ce texte oblige désormais des plateformes comme Google ou Facebook à signer des accords avec les
associations de droit d’auteur pour rémunérer les artistes dont les créations sont postées sur leurs sites.
En outre, une forme de taxe sur les liens pour la presse pourra obliger ces sites à rémunérer
l’entreprise de presse à l’origine d’une information reprise dans une publication, en leur versant des
redevances.
2. Quel est l’enjeu pour la création artistique d’une juste rémunération des auteurs ?
Un auteur doit pouvoir vivre de son art. Si ce n'est pas le cas, il devra rechercher un emploi pour lui
procurer la rémunération qui lui est nécessaire pour vivre. Il ne pourra dès lors plus se consacrer à son
art ou, en tout cas, avec beaucoup moins de temps pour cela. Il y aura donc bien une diminution, au
moins quantitative, de la création artistique.

Thème 4 Comment le numérique transforme-t-il l’environnement des entreprises ?


1. L'utilisation ou la création par l'entreprise des actifs immatériels protégés
A. Le respect du « droit d’auteur »
1. Présentez les faits opposant la société Les Éclaireurs et son concurrent.
La société Les Éclaireurs a reproduit des photographies de son concurrent L’Atelier Lumière en y
apposant le nom de ce dernier mais également le sien. En outre elle a présenté, sur son site Internet,
des réalisations de ce concurrent dans un onglet « Projets », laissant penser que ces œuvres étaient
donc de son propre fruit.
2. Relevez les atteintes au droit d’auteur par la société Les Éclaireurs.
Les atteintes au droit d’auteur sont d’ordre :
-patrimoniales : il y a eu reproduction et représentation sur le site Les Éclaireurs, soit une double
atteinte aux prérogatives patrimoniales ;
-morales : le respect de la paternité de l’œuvre n’est pas respecté puisque Les Éclaireurs se
mentionnent comme auteur.
3. Expliquez comment s’opère la protection.
La protection s’opère à un double niveau :
-au niveau pénal : la reproduction d’une œuvre protégée constitue une contrefaçon passible de
trois ans de prison et de 300 000 € d’amende ;
-au niveau civil : les préjudices causés par cette contrefaçon donnent lieu à l’octroi de dommages et
intérêts pour l’auteur lésé.
4. Expliquez pourquoi une société ne peut normalement pas détenir un droit d’auteur.
Le droit d’auteur revient à une personne physique, or une société est une personne morale.
5. Justifiez chacune des exceptions présentées dans le texte.
Plusieurs exceptions se justifient :
-la création collective et certaines inventions* : lorsque la création a lieu sur le temps de travail
rémunéré avec le matériel de l’entreprise et que l’objet du contrat de travail consistait à cette création,
on peut considérer que le risque, les efforts financiers et l’idée d’origine relèvent de l’employeur, à qui
revient donc le profit de cette création ;
-dans la même logique économique, les droits patrimoniaux des logiciels appartiennent à l’employeur.
Néanmoins, la rédaction du code elle-même est souvent empreinte de l’originalité du programmeur, ce
qui justifie que les prérogatives morales lui reviennent.
*Les inventions, que le salarié découvre sur son temps de travail avec le matériel de l’entreprise, sont
un cas spécifique avec le régime de l’expropriation pour cause d’utilité privé et n’est pas au
programme.

B. La protection des œuvres numériques


6. Justifiez que le catalogue d’un site comme Amazon puisse être qualifié de base de données.
On entend par base de données un recueil de données indépendantes (chaque produit du catalogue),
disposées de manière méthodique (présentation des produits codifiée avec une même charte
graphique) et individuellement accessibles par des moyens électroniques (la recherche d’un produit
dans la barre de recherche du site). Le catalogue d’un site comme Amazon remplit bien les trois
conditions qualifiant une base de données.
7. Expliquez pourquoi il serait impossible de créer un site nommé ikea.fr même si l'entreprise
Ikéa n’avait pas enregistré ce nom de domaine (ce qui n’est pas le cas).
Le nom Ikéa, même s’il n’était pas enregistré comme nom de domaine, ne pourrait pas être utilisé
comme nom d’un site Internet car il s’agit d’une marque protégée par le droit des marques.

2 Chapitre 4 Le respect des règles numériques par l’entreprise


8. Expliquez pourquoi un logiciel ne peut être protégé par un brevet d’invention.
Une invention doit être nouvelle, c’est-à-dire une création modifiant la réalité et inconnue à la date de
son dépôt. Les éléments du code d'un logiciel ne sont pas inconnus, ils sont justes agencés par le
programmeur (comme pour les théorèmes en mathématiques).
9. Montrez qu’une entreprise qui accorde une licence libre et gratuite à des utilisateurs peut
tout à fait le faire dans un but de rentabilité et de profitabilité.
La gratuité d’un logiciel est souvent le signe d’un modèle économique fondé sur un produit d’appel
limité qui, pour une utilisation complète ou efficiente, requiert l’achat payant de fonctionnalités
complémentaires, génératrices de rentabilité puis de profitabilité.

Pour faire le point


Rédigez un schéma sur les principales caractéristiques des licences propriétaires et les
licences libres.
Licence Code source
propriétaire verrouillé

Liberté
d'exécution
Logiciel

Liberté d'analyse

Licence libre
Liberté
de modification

Liberté
de redistribution

2. Le contrat de vente en ligne proposé par l'entreprise


A. La formation du contrat de vente en ligne
1. Expliquez pourquoi une argumentation commerciale insistante et percutante peut
constituer une « zone grise » en matière de loyauté de la pratique commerciale.
Les pratiques agressives sont trompeuses mais la frontière entre « insistant et percutant » et
« agressif » est ténue : le juge devra donc prendre en compte le contexte, l’âge et l’état de santé du
client, la nature du produit concerné, l’enjeu financier…, pour déterminer si la force de conviction du
commercial a, ou non, été excessive.
2. Caractérisez la pratique de la société Trés@unet.
Trés@unet promet un lave-vaisselle pratique et de faible encombrement ; la brosse envoyée permet de
laver la vaisselle, elle est pratique et prend peu de place. Il n’y a donc pas mensonge. Pour autant, cette
pratique commerciale est bien déloyale car trompeuse : une personne de discernement normal attendra
légitimement un lave-vaisselle au sens produit électroménager.
3. Vérifiez que le site Hachette Collections respecte bien l’article L. 111-1 du Code de la
consommation.
Il y a bien :
-les caractéristiques essentielles du bien ou du service (échelle, matière, couleur, marque) ;

Thème 4 Comment le numérique transforme-t-il l’environnement des entreprises ?


-le prix du bien ou du service : 24,90 € ;
-les informations relatives à l'entreprise (son identité, ses coordonnées postales, téléphoniques et
électroniques et ses activités), pour autant qu'elles ne ressortent pas du contexte : Hachette
Collections SNC au capital de 1 648 euros - 58 rue Jean Bleuzen - 92178 VANVES CEDEX
395 291 644 RCS Nanterre. Hachette Collections est membre de la Fédération du e-commerce et de la
vente à distance ;
-le délai auquel le professionnel s'engage à livrer le bien (« produit expédié sous 24h »).
Le site Hachette Collections respecte donc bien l’article L. 111-1 du Code de la consommation.

B. L'exécution du contrat de vente en ligne


4. Justifiez que l’entreprise soit tenue d’accorder un droit de rétractation à ses e-
consommateurs.
La perception d’un produit à distance peut être faussée. Cela est d’autant plus vrai sur un support
numérique où la mise en valeur dynamique peut être encore plus avantageuse que la photographie
statique d’un catalogue.
5. Expliquez les différentes exceptions à ce droit dont une entreprise peut se prévaloir.
Les différentes exceptions et leurs justifications sont :
-des biens nettement personnalisés : l’entreprise ne peut pas les revendre ;
-des biens périssables ou encore des services d’hébergement : 15 jours peuvent rendre le bien périmé
ou la date d’hébergement dépassée ;
-des transports de biens, de locations de voiture, de restauration ou d’activités de loisir devant être
fournis à une date ou selon une périodicité déterminée : besoin de visibilité des opérateurs sur les
plannings de réservation et d’activité et difficulté à compenser des désistements si la date de résiliation
est proche de celle d’une rétractation.

Pour faire le point


Vérifiez si les règles présentées dans le DOC 11 sont bien respectées par Paul Claudine.

Conditions à respecter Site Paul Claudine


Mise à disposition des CGV Politique de retour
Termes et conditions
Possibilité de vérifier/modifier/supprimer avant de confirmer un La possibilité de vérifier est réalisée en consultant le panier.
consentement La possibilité de modifier est réalisée avec les boutons +/-.
La possibilité de supprimer est réalisée avec le bouton "x".
Bouton de confirmation indiquant une obligation de paiement en Bouton « Finaliser la commande »
des termes non équivoques Terme équivoque cependant (mais le montant est juste à côté)

À ce stade, les trois conditions sont donc respectées (avec une réserve pour le caractère équivoque du
terme « finaliser »). Les trois autres conditions à respecter ne peuvent l’être sans finaliser la vente.

3. L’entreprise : cliente de prestataires de services numériques


A. Les contrats de services numériques
1. Montrez la complémentarité de ces quatre types de contrat en imaginant un entrepreneur
qui vient de racheter une entreprise et qui souhaite remettre à plat son système informatique.
 Avec le contrat d’étude préalable, l’entrepreneur va vérifier l’état de son système informatique et
son degré d’adéquation à ses besoins.

4 Chapitre 4 Le respect des règles numériques par l’entreprise


 Le contrat d’assistance à la maîtrise d’ouvrage lui permettra de recourir à un professionnel du
domaine (comme un architecte pour la construction d’une maison) pour toutes les étapes de son projet
d’évolution de son système informatique.
 Le contrat de conception de logiciel lui permettra d’avoir une solution informatique sur mesure par
rapport à son système d’information et plus globalement à ses besoins.
 Enfin, le contrat de maintenance permettra, dans la durée, de maintenir la performance de son
système informatique.
2. Listez les principaux motifs justifiant ou proscrivant le stockage des données de
l’entreprise sur les serveurs d’un prestataire de cloud computing.
Les principaux motifs justifiant ou proscrivant le stockage des données de l’entreprise sur les serveurs
d’un prestataire de cloud computing sont :
-la sécurité des données : elle est en général mieux assurée par un prestataire spécialisé ;
-la disponibilité des données : la dépendance à une connexion externe peut conduire à préférer un
stockage local ;
-la confidentialité des données : plus elle est importante, plus la solution cloud computing peut
inquiéter (où est le nuage, en combien de redondances, qui peut réellement y accéder, quid des
suppressions…) ;
-le coût du service : sur ce point, la marge d’intermédiation du prestataire peut être compensée par les
coûts fixes de ces équipements qui sont mieux rentabilisés par une société spécialisée réalisant des
économies d’échelles.
3. Citez les intérêts économiques et juridiques pour une entreprise de recourir à des
prestations de SaaS.
Les intérêts économiques sont :
-pas d’investissement important en début de période : le paiement est échelonné dans le temps ;
-pas de risque d’obsolescence des logiciels par défaut d’achat des mises à jour ;
-une variabilisation de la charge en fonction de l’activité de l’entreprise, alors que les licences
traditionnelles sont des charges fixes.
L'intérêt juridique est de ne pas risquer de défaut de licence quant aux solutions logicielles installées
sur ses postes.

B. La signature d’un contrat électronique et les obligations qui en découlent.


4. Distinguez les obligations d’information et les obligations de conseil.
L’information consiste à communiquer au client les caractéristiques des différents produits proposés.
L’obligation de conseil va plus loin en imposant en vendeur de préconiser un produit correspondant
aux besoins spécifiques du client (qui ont donc été préalablement identifiés).
5. Justifiez l’obligation de collaboration qui pèse sur le client.
Le prestataire est tenu à une obligation de délivrance conforme et dans les délais annoncés. Pour
autant, dans une conception ad hoc d’un contrat, il est nécessaire d'avoir des allers-retours pour
échanger, affiner, modifier et valider le produit. Si le client n’apporte pas de retour à ces échanges ou
dans des délais irraisonnables, le prestataire n’est plus responsable des défauts de conformité qui en
découleraient.
6. Montrez l’intérêt, pour l’activité quotidienne ou exceptionnelle de l’entreprise, de
permettre la signature électronique des contrats.
L’impression d’un document, sa signature, puis sa numérisation ou son renvoi par la voie postale
coûtent du temps et de l'argent (outre la dimension écologique). La signature électronique des contrats
permet de contracter sans support papier.
7. Identifiez les conditions requises pour garantir à la signature électronique la même valeur
que la signature autographe.
Il est nécessaire que la signature électronique ait la même valeur juridique que celle autographe. Pour
cela, la condition requise est qu’elle soit techniquement réalisée par un : « procédé fiable

Thème 4 Comment le numérique transforme-t-il l’environnement des entreprises ?


d'identification garantissant son lien avec l'acte auquel elle s'attache » et que cet acte lui-même
respecte deux autres conditions : identification de « la personne dont il émane et qu'il soit établi et
conservé dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité. »

Pour faire le point


Réalisez sous forme schématique une fiche de présentation de ce nouvel organisme en
précisant ses règles de saisine et de fonctionnement.

Achat en ligne

Client et vendeur :
pays de l’UE +
exceptions
Conditions de saisine

Démarche amiable
préalable

Pas de poursuite
judiciaire en cours ou
Plateforme de passée
règlement des litiges
du e-commerce 
Démarche extra-
judiciare

Gratuite

Fonctionnement

Indépendante

Transfrontalière

6 Chapitre 4 Le respect des règles numériques par l’entreprise


Vers le BTS

Le respect des règles numériques au sein de Demeur'Art, agence immobilière


de belles demeures en Normandie
1. Appréciez la possibilité d’une action de l’agence immobilière Demeur’art à l’encontre de
son concurrent.
Dans les faits, l’agence immobilière Demeur’art a vu des reportages photographiques, accompagnés de
textes que l’une de ses salariés réalisait sur des biens à la vente, être reproduits par un concurrent.
Une entreprise peut-elle reproduire des textes et photographies de l’un de ses concurrents sans son
accord ?
Trois règles de droit sont applicables en l’espèce :
-l’article L. 341-1 du Code de la propriété intellectuelle définit le producteur d’une base de données
comme la personne à l’origine de cette base et qui en assume les risques substantiels correspondants ;
-l’article L. 341-2 du même Code qui précise que ce producteur peut interdire la réutilisation
substantielle de sa base ;
-le jugement du 6 décembre 2016 du TGI de Paris qui applique ces articles à l’encontre d’un site en
ligne d’accessoires automobiles qui avait reproduit des extraits du catalogue de l’un de ses
concurrents.
Ainsi, l’agence Demeur’Art peut justifier être à l’origine de ces reportages (mandats, intégration des
éléments sur son site…) et peut justifier des coûts humains et matériels pour constituer et entretenir
une telle base. Elle peut donc se voir reconnaître le statut de producteur et demander ainsi réparation
pour la reproduction non autorisée des éléments de sa base.
2. Présentez l’action que pourrait mener, en parallèle, Isabelle Maestro à titre privé.
Dans les faits, Mme Maestro est la salariée qui a rédigé les textes et a pris les photographies qui ont
été reproduites. Ses travaux sont appréciés de son employeur qui semble exprimer une opinion
générale en disant que « les talents de Mme Maestro qui rendent ses photos si uniques ».
L’auteur de textes et de photographies a-t-il des droits sur ses réalisations ?
Deux règles de droit sont applicables en l’espèce :
-la définition juridique de l’auteur, à savoir si la personne physique qui a consciemment créé une
œuvre emprunte de sa personnalité ;
-l’arrêt du 13 mai 2014 de la cour d’appel de Rennes qui confirme cette dernière exigence en
déboutant une salariée qui prétendait être l’auteur de pages d'un site Internet alors qu’elle ne leur avait
apporté qu’un savoir-faire certain en technicité graphique mais aucune créativité et originalité.
Ainsi, les œuvres de Mme Maestro, si elles sont bien « uniques » en raison de ses talents particuliers,
sembleront bien pourvoir prétendre au critère de l’originalité qualifiant une œuvre de l’esprit. Dès lors,
Mme Maestro pourrait mener une action en justice sur le fondement du droit d’auteur, en parallèle à
l’action de son employeur en tant que producteur.
3. Montrez que la réponse du prestataire informatique ne peut écarter sa responsabilité
envers l’agence immobilière Demeur’Art.
Dans les faits, une société d’informatique a vendu des équipements sous-dimensionnés aux besoins de
l’agence Demeur’Art. Informé de ce problème par cette dernière, le vendeur s’est défendu en
expliquant avoir transmis toutes les informations relatives aux équipements à son client.
Un fournisseur en équipement informatique peut-il écarter sa responsabilité en cas de défaut dans la
délivrance d’une solution informatique en se fondant sur la réalisation de son obligation
d’information ?
Une jurisprudence peut être convoquée en l’espèce : l’arrêt du 4 juin 2015 de la cour d’appel de
Grenoble condamne, à ses torts exclusifs, une société d’informatique n’ayant pas rempli envers son
client son obligation de conseil.

Thème 4 Comment le numérique transforme-t-il l’environnement des entreprises ?


Ainsi, en ne justifiant que la réalisation de son obligation d’information et non celle de son obligation
de conseil, la société d'informatique semble ne pas fournir une justification suffisante pour écarter sa
responsabilité dans le défaut de dimensionnement de la solution informatique fournie.

8 Chapitre 4 Le respect des règles numériques par l’entreprise


Synthèse

1. L'utilisation ou la création par l'entreprise des actifs immatériels protégés


A. Le respect du « droit d’auteur »
Un auteur est une personne physique qui a, de façon consciente et volontaire par son activité humaine,
créé une œuvre de l’esprit qui doit être matérialisée dans une forme perceptible par les sens (ex. : la
vue pour un dessin) et originale : sa création est inspirée par des choix propres à l’auteur qui
témoignent de sa personnalité.
Sur son œuvre, l’auteur a :
-des droits patrimoniaux : ils sont évaluables pécuniairement, sont cessibles et transmissibles et se
prescrivent 70 ans après sa mort. Ils comprennent le droit de représentation et le droit de reproduction ;
-des droits moraux : ils ne sont pas évaluables pécuniairement, sont inaliénables, imprescriptibles et
perpétuels. Ils confèrent le droit de divulgation, de paternité, d’intégrité de l’œuvre et celui de retrait
ou de repentir.
La protection de ce droit peut s’effectuer sur le plan pénal par l’action en contrefaçon, passible de trois
ans de prison et 300 000 € d’amende, et par une action civile contre le contrefacteur pour demander
des dommages et intérêts pour le préjudice matériel subi.
Dans le cadre d’un contrat de travail, les droits sont par principe dévolus à la personne physique qui
crée : le salarié. La création impose donc un contrat de cession des droits sur l’œuvre créée qui ne peut
pas être global (« toutes les créations à venir du salarié ») et doit comporter une contrepartie financière
pour le salarié. Dans le cas d’une création collective où l’apport individuel ne peut pas être identifié,
les droits appartiennent à la personne à l’origine de la création, c’est-à-dire l’employeur. Les cas
d’invention sont à distinguer selon que l’invention entre ou non dans les missions du contrat de
travail. En ce qui concerne le logiciel, les droits moraux sont dévolus au salarié, les droits
patrimoniaux à son employeur.
Par ailleurs, pour certaines créations qui font intervenir plusieurs personnes et à des dates qui ne sont
pas toujours précisées, l’identification d’un auteur est parfois difficile. La technologie des blockchains
(sorte de grand journal public) rend alors traçable et immédiatement accessible la datation d’une
œuvre et l’identité des titulaires de ses droits.

B. La protection des œuvres numériques


Une base de données est, selon l’article L. 112-3 du Code de la propriété intellectuelle (CPI), « un
recueil […] d’éléments indépendants, disposés de manière systématique ou méthodique, et
individuellement accessibles par des moyens électroniques ou par tout autre moyen ». Cette base de
données est protégée, soit par le droit d’auteur (données elles-mêmes et/ou structuration de ces
données) aux conditions habituelles, soit par le droit du producteur. Selon l’art. 341-1 du CPI, est
considérée comme le producteur d’une base de données, « la personne qui prend l'initiative et le risque
des investissements […] financiers, matériels ou humains substantiels » de la réalisation de la base de
données. C’est un droit qui permet d’interdire l'extraction et/ou la réutilisation qualitativement ou
quantitativement substantielle de la base.
Les règles de protection d’un site Internet sont multiples :
-le nom de domaine ne doit être ni une marque protégée ni un nom de domaine enregistré à l’AFNIC
(Association française pour le nommage Internet en coopération) ;
-les données et la présentation du site sont protégées comme telles par le droit d’auteur.
Il convient de distinguer deux pratiques illicites : le cybersquattage (dépôt des noms de domaine sans
les exploiter pour les revendre) et le typosquattage (reprise du nom d’un site en modifiant légèrement
ses caractères pour détourner les internautes du site initialement recherché).
En droit français, le logiciel, défini comme l'« ensemble des programmes, procédés et règles, et
éventuellement de la documentation, relatifs au fonctionnement d’un ensemble de traitements de

Thème 4 Comment le numérique transforme-t-il l’environnement des entreprises ?


données », est protégé par le droit d’auteur aux conditions habituelles. Le logiciel – en tant que tel –
est exclu de la brevetabilité. Son utilisation passe par un contrat, appelé licence, accordé par le
concédant à un licencié. Il existe un grand nombre de licences réparties en deux grandes catégories :
les licences propriétaires et les licences libres dont la principale utilisation est la libre disposition du
code source.

2. Le contrat de vente en ligne proposé par l’entreprise


A. La formation du contrat de vente en ligne
Pour adresser une prospection commerciale électronique, l’entreprise doit avoir obtenu loyalement les
coordonnées du prospect et obtenu son accord préalable. Le caractère commercial du message doit être
explicite et le destinataire doit pouvoir les stopper sans frais.
Le cybervendeur doit indiquer son identité, ses coordonnées et son activité. Sur les produits qu’il
propose à la vente, il doit préciser leurs caractéristiques essentielles, le prix, les conditions de livraison
et de garantie. Le vendeur doit enfin indiquer l’existence du délai de rétractation de 14  jours (sauf
exception pour certains produits). Toutes ces informations doivent être loyales et les sollicitations ne
doivent pas être agressives.
Pour que le contrat soit valablement formé, outre la mise à disposition des CGV, le e-vendeur doit
proposer un récapitulatif de la commande permettant d’en vérifier et d'en modifier le contenu avant un
second clic de confirmation où l’obligation de paiement est explicite.

B. L’exécution du contrat de vente en ligne


Le vendeur doit livrer le bien convenu et ne peut, en cas d’indisponibilité, le remplacer par un bien au
moins équivalent que si le consommateur a été informé de cette possibilité lors de son achat. Cette
livraison doit intervenir à la date mentionnée lors de la conclusion du contrat et, en tout état de cause,
sous 30 jours. En cas de retard, le consommateur peut demander le remboursement du bien. Ce
remboursement doit être effectué sous 30 jours.
L’utilisation du droit de rétractation (sous 14 jours ou 14 jours et 1 an si le vendeur ne l’avait pas
mentionné) met les frais de retour à la charge du client (sauf choix commercial du vendeur ou s’il
s’agit d’un produit de substitution). Le remboursement du bien rétracté doit s’effectuer sous 14 jours.
Le vendeur est tenu d’archiver les contrats commerciaux d’un montant supérieur à 120  € pendant
10 ans.
En cas de litige avec un cybervendeur implanté en France, le consommateur peut assigner le vendeur
près d’une juridiction civile (vice du consentement) ou pénale (escroquerie). Le tribunal
territorialement compétent est celui du lieu de livraison de la chose objet du contrat, en général le
domicile du consommateur. Entre un vendeur professionnel et un acquéreur non professionnel, cette
règle est d’ordre public : aucune exclusivité de compétence autre ne peut être imposée dans les CGV
par exemple.

3. L’entreprise : cliente de prestataires de services numériques


A. Les contrats de services numériques
Les principaux contrats de prestation informatique sont les contrats :
-d’étude et de conseil, comme l’étude préalable (recensement de l’existant et préconisation d’une
évolution adaptée aux besoins) et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage (conseil permanent de
l’entreprise sur l’ensemble du projet) ;
-de production (ex. : conception d’un site Internet, d’un logiciel) et de maintenance (préventive ou
curative) ;

10 Chapitre 4 Le respect des règles numériques par l’entreprise


-de Software as a Service (utilisation de logiciels installés sur les serveurs de l’éditeur et facturée
forfaitairement ou à l’utilisation) et/ou de cloud computing (hébergement de données sur des serveurs
d’entreprises spécialisées).
Les contrats de prestation de service numérique sont soumis au droit commun des contrats mais leur
nature impose des obligations spécifiques comme celles de conseil, d’assistance et de délivrance
conforme pour le prestataire et celle de collaboration pour le client.

B. La signature d’un contrat électronique et les obligations qui en découlent


Le droit accorde une équivalence fonctionnelle entre la signature autographe et la signature
électronique. Ces deux signatures ont donc la même valeur à condition que cette signature résulte
« d'un procédé fiable d'identification garantissant son lien avec l'acte auquel elle s'attache ». Ce
procédé utilise généralement des techniques de cryptologie qui regroupe des procédés permettant de
remplir les conditions posées par le Code civil : intégrité du contenu du contrat et authenticité de
l’émetteur et de sa signature.

Thème 4 Comment le numérique transforme-t-il l’environnement des entreprises ?

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