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PRÉPARER UN PROJET DE THÈSE SOLIDE

Mohammed Amine
Chercheur en Finance – Africa Business School – UM6P
Docteur en Sciences de Gestion – ENCG Casablanca – UH2C

http://cycledoctoral.ma/preparer-un-projet-de-these-solide/

Lorsque vous postulez pour un doctorat (au Maroc ou à n’importe quel pays), il vous
sera généralement demandé de soumettre un document appelé « projet de thèse ». Ce
projet est considéré comme un résumé concis et cohérent de votre recherche proposée
qui expose les principaux problèmes que vous avez l’intention de traiter, et qui décrit le
domaine d’études général dans lequel s’inscrit votre recherche, en faisant référence à
l’état actuel des connaissances et aux débats récents sur le sujet.

Votre feuille de route s’adressera aux professeurs/laboratoires qui l’évalueront pour


s’assurer que vous savez où vous allez, que vous avez tracé le bon itinéraire et que
vous avez tous les outils dont vous avez besoin pour y arriver. De plus, ils détermineront
si c’est le bon voyage à faire, car ils ne veulent pas que vous vous retrouviez perdu
dans les dunes d’un désert intellectuel.

Votre projet de thèse nécessitera des recherches, de la préparation et une vision claire
de votre destination finale. Un projet de thèse est généralement structuré autour d’un
certain nombre de sections communes, dont chacune vous aidera à établir les plans de
votre projet.

Bien que le format des projets soit variable, je vais lister ici les éléments essentiels
qui doivent être présents dans votre document et qui vous permettront d’être
convaincant.

1- Nom et Prénom du candidat

2- Laboratoire/Équipe de recherche : Chaque université marocaine fédère plusieurs


laboratoires de recherche. Commencez par identifier l’université à laquelle vous
souhaitez postuler, après, consultez le site web de l’université pour cibler un laboratoire
en se basant sur ses axes de recherches. Par exemple, si vous souhaitez travailler sur
les indices boursiers dans votre projet de thèse, il faut que vous cibliez un labo ratoire
qui propose des axes de recherche en relation avec les marchés financiers ou avec la
finance en général.

3- Axe de recherche : Un laboratoire rassemble plusieurs équipes de recherche qui


travaillent sur des sujets d’études spécifiques (axes de recherche), mais dans un
domaine commun et une stratégie commune. Vous trouverez les informations détaillées
sur les labos et les axes proposés sur le site de l’université où vous souhaitez postuler.

4- Titre du projet : Le titre est la première chose que votre lecteur lira de votre projet
de thèse. Un titre accrocheur vous permettra de vous démarquer du lot en donnant à
votre lecteur une idée sur le contenu et les positions défendues dans votre projet.
Généralement, le titre doit être court, concis et explicite. Par exemple, vous souhaitez
travailler sur l’impact de la responsabilité sociale sur la performance financière des
entreprises cotées marocaines et vous estimez répondre à votre problématique en
faisant recours à une analyse empirique, vous pouvez donc nommer votre projet :
Responsabilité sociale et performance financière : étude empirique sur les sociétés
marocaines cotées. Votre lecteur doit trouver dans votre projet tout ce que vous avez
promis dans votre titre.

Astuce très importante : Rédigez le titre une fois le projet de thèse terminé, le fait de
peaufiner le titre après avoir complété la rédaction vous permet de capter l’essentiel en
quelques mots.

5- Définition du projet : La définition doit être concise et précise (environ 10 lignes).


Vous pouvez commencer par exemple, par une entrée en matière sur l’importance de
votre sujet pour la société (rédigez-la comme si votre lecteur ne connaissait pas le sujet
afin qu’elle éveille sa curiosité). De plus, évoquez le fait que les recherches sont peu
fréquentes et/ou se concentrent uniquement sur des pays ou des secteurs spécifiques.
Puis, lancez l’objectif de votre recherche ainsi que la méthode d’analyse dont vous allez
mobiliser pour l’atteindre.

6- Intérêt du sujet : L’intérêt du sujet représente l’impact et les implications du sujet


(les contributions principales de votre projet). Cette section peut être divisée par
exemple en 2 parties : pour la communauté scientifique et pour les praticiens (vous
pouvez ajouter d’autres éléments si vous le souhaitez, comme le développement
économique/social/financier d’un pays/groupe de pays/région). Pour la communauté
scientifique, vous pouvez parler du fait que les études élaborées sur le sujet sont très
rares au Maroc, du coup votre projet vise l’extension de la littérature scientifique ainsi
qu’il peut servir de base pour les recherches futures que ce soit pour approfondir le
sujet ou pour l’élargir à d’autres horizons. De plus, vous pouvez ajouter les apports
théoriques (la contribution de votre sujet aux théories relatives) si vous le souhaitez.
Pour les praticiens (professionnels qui travaillent dans des domaines liés au sujet), vous
pouvez par exemple indiquer que votre projet apportera des éléments de réponse
pouvant guider le processus des décisions financières/stratégiques/opérationnelles ou
tout type de décisions, et vous expliquerez.

7- Revue de littérature, question de recherche et hypothèses : Commençons par la


revue de littérature, qu’est-ce que cela signifie ? Une revue de la littérature est une
enquête basée sur des sources scientifiques (ouvrages, articles, rapports, thèses, etc.)
liées à un sujet ou à une question de recherche spécifique. Elle est souvent écrite dans
le cadre d’une thèse, d’un mémoire ou d’un article scientifique, afin de situer un trav ail
par rapport aux connaissances existantes. Dans cette section, vous devrez parler de
toutes les théories et les études (et de leurs résultats) qui ont été élaborées en relation
avec votre sujet, puis vous devrez identifier le « Knowledge Gap » (problème qui n’a
été résolu par aucune des études ou recherches existantes dans votre domaine). Par
exemple, vous parlerez de toutes les théories et études liées à votre sujet et ensuite
vous indiquerez que la plupart des recherches n’ont pas enquêté sur le phénom ène
« X » que vous souhaiterez analyser dans votre thèse, ou par exemple, que tous les
chercheurs ont étudié un phénomène « Y » dans les pays développés alors que
personne ne l’a analysé dans le contexte d’un pays en voie de développement, donc
l’objectif de votre projet est d’étudier « Y » dans le contexte d’un pays en voie de
développement « Maroc par exemple » (même chose pour les
secteurs/pays/régions…..), et vous commencerez à expliquer pourquoi il est important
d’étudier « Y » au Maroc.

Après avoir parlé des études et théories qui ont été élaborées autour de votre sujet,
identifié le « Knowledge Gap » et indiqué l’objectif de votre recherche, la prochaine
étape sera de lancer la problématique de votre recherche (la problématique représente
la question centrale à laquelle votre thèse va répondre. Elle doit être claire et fournit
suffisamment de détails pour que le public puisse facilement comprendre l’objectif de
votre recherche sans avoir besoin d’explications supplémentaires). Par exemple, la
problématique peut être formulée et écrite comme suit : » la problématique centrale
provisoire de notre thèse s’articule autour de la question suivante : Comment assurer
la robustesse et la stabilité du système financier marocain ? » (gardez à l’esprit que la
problématique est provisoire et peut être modifiée après avoir être retenu).

Passons aux hypothèses et aux sous-questions (vous pouvez mettre en avant les deux
en même temps, pourtant la plupart des chercheurs soit testent des hypothèses, soit
formulent des sous-questions et y répondent). Commençons par les hypothèses.
Qu’est-ce qu’une hypothèse dans une recherche scientifique ? Une hypothèse est une
proposition relative à l’explication des phénomènes, admise provisoirement avant d’être
soumise au contrôle de l’expérience. Autrement dit, une hypothèse est une simple
supposition que l’on formule avant l’analyse, et l’on confirme/infirme après l’obtention
des résultats de l’analyse. Comment formuler une hypothèse ? Pour être crédible,
l’hypothèse doit se baser sur les théories et les résultats des recherches antérieures.
Par exemple, un chercheur « X » a étudié l’impact de la responsabilité sociale sur la
performance financière des entreprises cotées tunisiennes et a trouvé que l’impact est
nul. Même résultat a été trouvé par un autre chercheur « Y » par exemple qui a analysé
le même phénomène en Égypt. Une théorie « Z » indique que généralement, dans les
pays en voie de développement, l’investisseur n’est pas attiré par la responsabilité
sociale. Si je veux travailler sur le même phénomène au Maroc, je peux formuler une
hypothèse qui se base sur les résultats des chercheurs « X » et « Y », ainsi que la
théorie « Z ». De ce fait, cette hypothèse peut s’écrire comme suit : H1 : Il n’existe
aucune relation entre la responsabilité sociale et la performance financière des
entreprises cotées marocaines (H1 signifie l’hypothèse numéro 1, d’autres hypothèses
peuvent être ajoutées en suivant la même méthodologie (H2, H3, H4 …)). Après
l’analyse et l’obtention de mes résultats, je peux infirmer ou confirmer cette hypothèse.
Généralement, les chercheurs divisent la question centrale en plusieurs
hypothèses/questions plus précises qui permettent d’avoir une idée plus détaillée du
problème (la réponse à la question centrale se fait en testant les hypothèses et/ou en
répondant aux sous-questions). Les sous-questions s’élaborent de la même manière
dont les hypothèses se formulent. Par exemple, une sous-question peut s’écrire comme
suit : Existe-t-il une relation entre la responsabilité sociale et la performance financière
des entreprises cotées marocaines ?

Astuce très importante : Dans cette partie (revue de littérature, problématique w


hypothèses), essayez d’écrire avec un style scientifique. Lorsque les propos exacts
d’un auteur sont repris, l’extrait de texte utilisé est mis entre guillemets « » et il est
identifié avec ce qu’on appelle « citation de référence » qui contient les informations
suivantes mises entre parenthèses : (Nom (s) de l’auteur(s), et date de publication de
l’ouvrage/thèse/article/rapport …). Par exemple : « La vie, c’est comme une bicyclette,
il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. » (Albert Einstein, 1940). Lorsque les
opinions ou les idées d’un auteur sont reformulées ou résumées dans vos propres mots ,
il est alors nécessaire d’accompagner la reformulation avec le(s) nom(s) de l’auteur(s)
original et la date de publication. Par exemple : Vivre dans la vie, c’est comme conduire
un vélo, ce n’est que lorsqu’on avance qu’on peut confortablement maintenir notre
équilibre (Albert Einstein, 1940) -ou bien- Albert Einstein (1940) a indiqué que le fait de
vivre la vie est similaire à la conduite d’un vélo, ce n’est que lorsqu’on avance qu’on
peut confortablement maintenir notre équilibre.

Important : Dans tous les cas, les références complètes des citations de références
sont toujours citées dans la bibliographie à la fin du document. Par exemple : Albert
Einstein (1940). « De l’influence de la gravitation sur la propagation de la lumière », La
revue Annalen der Physik, vol. 19, n°4, p. 369-372.
Pourquoi devriez-vous écrire cette partie exactement avec un style scientifique ? Votre
travail en tant qu’étudiant consiste uniquement à analyser les documents déjà publiés
afin d’identifier le « Knowledge Gap » et de formuler une question centrale et des
hypothèses/sous-questions. Les autres paragraphes/phrases doivent être liés avec
leurs citations de références, car elles ne vous appartiennent pas. De ce fait, vous
devez identifier les idées, les faits, les pensées et les concepts qui vous appartiennent
et ceux qui sont dérivés de la recherche et du travail d’autres personnes. Que vous
résumiez, paraphrasiez ou utilisiez des citations directes, si ce n’est pas votre idée
originale, la source doit être mentionnée. Ce style de rédaction permet de renforcer la
crédibilité du contenu et affirmer le sérieux de la recherche tout en prenant en compte
le lectorat.

8- Théories mobilisées : (cette section est facultative, mais elle est vivement
recommandée, car elle donnera à votre projet plus de force et d’harmonie ce qui
augmentera vos chances d’être retenu) Les théories mobilisées sont les théories les
plus importantes liées aux concepts clés de votre recherche que vous prendrez en
considération dans votre étude afin d’obtenir vos résultats. Chacune de ces théories
doit être mentionnée et discutée dans cette section. La discussion doit montrer
comment votre projet utilisera ces théories et les poussera plus loin. Vous pouvez par
exemple tester la validité d’une théorie dans un contexte spécifique (non examiné
auparavant), utiliser une théorie existante comme base pour l’interprétation de vos
résultats, critiquer ou remettre en question une théorie, et/ou combiner différentes
théories d’une manière nouvelle ou unique.

Comment puis-je trouver les théories liées à mon sujet ? Il suffit de lire les articles
scientifiques, les ouvrages et les thèses élaborées autour de votre sujet pour trouver
les théories adéquates à mobiliser.

9- Terrain de recherche : Représente le milieu/lieu que le chercheur entend étudier


dans le but de collecter les données sous le cadre d’une recherche scientifique. Par
exemple, un chercheur compte travailler sur la performance financière des banques
marocaines, donc son terrain de recherche est le secteur bancaire marocain.

10- Positionnement épistémologique et choix méthodologiques : (préparez-vous,


nous allons plonger dans le monde de la philosophie) Dans cette section vous pouvez
mettre en avant 4 éléments, à savoir :

 Positionnement épistémologique
 Méthodologie
 Raisonnement
 Exploration

10-1- Positionnement épistémologique : L’épistémologie peut être définie comme la


philosophie de connaissance (la manière dont nous pouvons acquérir la connaissance
du monde), la théorie des sciences ou la théorie de la connaissance (définition large,
vous comprendrez plus tard, veuillez lire la suite). Généralement il existe deux 2 familles
de paradigmes épistémologiques, à savoir : les paradigmes inscrits dans une
orientation réaliste (le positivisme, le post-positivisme et le réalisme critique), et les
paradigmes inscrits dans une orientation constructiviste (l’interprétativisme, le post -
modernisme et le constructivisme). Ces paradigmes constituent autant de modèles,
schémas intellectuels et cadres de référence dans lesquels peuvent s’inscrire les
chercheurs.
– Positivisme : Selon ce paradigme, le but de la science est de découvrir la réalité
(l’ensemble des lois qui régissent le monde) à travers son comportement (principe
ontologique – hypothèse réaliste). C’est-à-dire que la réalité existe même si elle n’est
pas encore exposée, et la mission du chercheur est de la découvrir à travers les chaines
de causalité (principe de la causalité). Au niveau des travaux scientifiques, un
chercheur adopte une posture positiviste lorsqu’il veut expliquer et prédire le
comportement d’un phénomène par une méthode déductive (chemin rationnel,
expérimental, principe de causalité, et validation empirique des énoncés
hypothétiques). Par exemple, lorsqu’il veut déterminer les facteurs qui i nfluencent la
performance financière des entreprises cotées marocaines (le rôle du chercheur ici
réside dans l’explication (en se basant sur la causalité et la déduction) plutôt que dans
la compréhension de la relation entre les facteurs et la performance) .

– Post-potivisme (positivisme aménagé) : Le post-positivisme partage avec le


positivisme le postulat de l’ontologie réaliste (principe ontologique – hypothèse réaliste)
et celui de la causalité (principe de la causalité), et se distingue en se basant sur le
principe de « la réfutation » (la réalité ne peut être connue que de manière probabiliste).
Le chercheur qui adopte une posture post-positiviste accepte l’existence de l’erreur et
considère les résultats et les conclusions de sa recherche comme étant p robables tant
qu’ils ne sont pas réfutés (cela doit être mentionné dans son document scientifique).

– Réalisme critique : Comme avec le positivisme et le post-positivisme, le réalisme


critique adopte le postulat de l’ontologie réaliste et celui de la causa lité. Il partage avec
le post-positivisme l’idée qu’on ne peut que se rapprocher de la vérité (la réalité ne peut
être connue que de manière probabiliste). Ce qui distique le réalisme critique est le fait
qu’il encourage la réflexion sur des questions clés pour savoir pourquoi les relations
sont restées les mêmes (ou ont changé), et surtout, quelles étaient les conditions
nécessaires pour que cela soit possible. Les méthodes de recherche réalistes critiques
sont principalement axées sur la compréhension, plutôt que sur la simple description,
de la réalité. Le chercheur qui adopte une posture réaliste critique tente d’identifier les
structures, les mécanismes et les processus connexes par lesquels la nature de la
relation (entre la performance et les facteurs qui l’influencent par exemple) est réalisée
au fil du temps.

– Interprétativisme : L’interprétivisme propose qu’il existe des réalités multiples et non


uniques des phénomènes et stipule que la production de la connaissance dépend de
l’environnement, des pensées et les actions des individus guidées par les intentions et
les finalités de ces derniers. En d’autres termes, l’interprétativisme repose sur
l’interprétation ou la compréhension des significations que les humains attachent à leurs
actions. Par exemple, un chercheur interprétativiste pourrait interroger les dirigeants
d’une entreprise sur les raisons qui les ont poussés à prendre une décision de fusion
avec une autre entreprise. En termes de collecte de données, l’approche interprétiviste
favorise les études de cas, les observations participantes, les entretiens, les
questionnaires, et les analyses de discours.

– Post-modernisme : Le post-modernisme remet en cause le positivisme (la recherche


de lois universelles et de la réalité) au profit d’une approche prenant en compte la
diversité de points de vue, le fait qu’il n’y a pas qu’une seule vérité, et la prise en compte
de la parole des minorités. Le post-modernisme est un mouvement culturel en général
qui tend vers l’appréciation de la diversité, de la pluralité, de l’abondance et de la
fragmentation en acceptant les contradictions, la banalité et l’ironie. En affirmant
connaître la vérité, le chercheur post-moderniste exerce un pouvoir, car sa voix est
exposée au détriment de celle des autres. Le mouvement féministe peut également être
considéré comme typiquement post-moderne, car il rejette les autorités traditionnelles
et vise à construire un nouveau concept de féminité et à changer les relations de pouvoir
entre les sexes. Le postmoderne a connu quelques années de popularité au cours des
années 1990, mais après cela, il a presque disparu du discours scientifique.

– Constructivisme : D’un point de vue épistémologique, le constructivisme soutient


que chaque individu à une vision singulière de la réalité et du monde qui l’entoure (il
existe de multiples réalités socialement construites, qui ne sont pas gouvernées par
des lois naturelles, causales ou d’autres sortes). Chaque individu construit ses propres
règles et modèles mentaux, déterminant sa vision du monde. Le constructivisme fonde
sa théorie sur le principe que les individus construisent des connaissances plutôt que
de les absorber (ceci développe des compétences avancées telles que la pensée
critique, l’analyse, l’évaluation et la création de nouvelles approches). Un exemple de
constructivisme est lorsqu’un chercheur construit une nouvelle approche de la gestion
des ressources humaines dans la fonction publique (la co-construction des
connaissances ici se fait entre le chercheur et les praticiens dans un processus itératif).

Nous concluons que le projet du positivisme/post-positivisme est d’expliquer la réalité,


celui du réalisme critique/interprétativisme est de comprendre cette réalité et celui du
post-modernisme/constructivisme est de la construire.

10-2- Méthodologie : La méthode de recherche est le processus choisi par le chercheur


pour répondre de manière empirique à sa question de recherche. Il existe trois types
de méthodes de recherche : la méthode quantitative, la méthode qualitative et la
méthode mixte.

– Méthode quantitative : La recherche quantitative fait référence à l’investigation


empirique systématique des phénomènes par des techniques statistiques,
mathématiques ou computationnelles (les résultats sont exprimés en chiffres). Les
données sont collectées par le biais des sondages, des questionnaires et d’enquêtes,
et/ou en manipulant des données statistiques préexistantes à l’aide des techniques
informatiques.

– Méthode qualitative : La recherche qualitative est une approche holistique qui


implique la découverte et nécessite des données texturales afin de répondre aux
questions de la recherche. Il existe plusieurs méthodes pour mener une recherche
qualitative, à savoir : les entretiens, les analyses de contenu, les études de cas, les
études ethnographiques, les études théoriques ancrées, et les études
phénoménologiques.

– Méthode mixte : La méthode mixte cherche à intégrer les méthodes quantitatives et


qualitatives dans la même étude pour répondre à la problématique de recherche.

10-3- Raisonnement : Le raisonnement est la capacité de penser logiquement pour


formuler des jugements justes et justifier une position. En d’autres termes, il s’agit
d’identifier, d’analyser et d’évaluer les arguments (la démarche scientifique repose sur
la construction d’un raisonnement logique et argumenté). Généralement on distingue 3
types de raisonnement, à savoir : le raisonnement inductif, déductif et abductif.

– Le raisonnement inductif : part d’observations particulières pour aboutir à une


conclusion de portée générale.

– Le raisonnement déductif : part d’une idée générale pour en déduire des


propositions particulières.
– Le raisonnement hypothético-déductif : forme du raisonnement déductif qui vise la
déduction des conclusions sur un phénomène à partir de la confirmation ou l’infirmation
des pures hypothèses formulées en se basant sur les théories/les résultats des études
antérieurs/les faits réels.

– Le raisonnement abductif : consiste à inférer les causes probables à un fait observé.


Autrement dit, il s’agit d’établir la cause la plus vraisemblable à un fait constaté et
d’affirmer à titre d’hypothèse que le fait en question résulte probablement de cette
cause.

10-4- Exploration : L’exploration peut être définie comme un examen approfondi d’un
sujet « X ». Un chercheur fait un travail exploratoire pour savoir quelle méthode utiliser
pour collecter les données, comment aborder au mieux le sujet de recherche, ou même
quelles sortes de questions sont raisonnables à poser. Il existe trois types d’exploration,
à savoir : l’exploration théorique, l’exploration empirique et l’exploration hybride.

– L’exploration théorique : est une approche qui se base sur la liaison entre minimum
deux champs théoriques (ou disciplines) qui n’ont jamais étés liés dans des travaux
antérieurs. Généralement, l’exploration théorique se fait en faisons recours au
raisonnement inductif. Ceci guide le chercheur à procéder par analogie entre des
champs différents afin de tisser un lien entre deux champs théoriques qui n’ont pas
encore été liés.

– L’exploration empirique : est une approche qui consiste à explorer un phénomène


en se basant sur des connaissances approfondies sur le sujet. Cette voie permet
théoriquement de créer des nouveaux objets indépendants des connaissances
antérieures. Cette exploration ne s’adapte que lorsque le chercheur travaille sur des
phénomènes mal connus ou inconnus, dont il ne dispose pas d’une base de
connaissances. L’induction pure représente la démarche la plus logique associée à ce
type d’exploration, puisqu’elle favorise les inférences de nature nouvelle.

– L’exploration hybride : est une approche qui consiste à opérer durant toute la
recherche entre les connaissances théoriques et les observations du chercheur. En
adoptant une exploration hybride, le chercheur doit s’appuyer sur un raisonnem ent
abductif, puisqu’il va se baser sur la littérature et procéder par des allers -retours entre
les données empiriques et les théories liées à l’objet de sa recherche.

Astuce très importante : vos choix épistémologiques et méthodologiques doivent


s’appuyer sur des argumentations logiques qui prennent en considération l’objet de
votre recherche.

11- Calendrier de la recherche : représente le planning prévisionnel du déroulement


de votre thèse. Voici un exemple :

Première année

– Étudier toute la littérature qui traite le sujet XXXXX.

– Définir le sujet de manière précise : motivations, intérêts, contexte, domaines


d’application et perspectives.

– Faire surgir la problématique finale.

– Participation à des Journées Doctorales afin de présenter le domaine de re cherche


et ses premières idées à l’ensemble de la communauté de recherche.
– Élaborer un premier rapport qui consiste à fixer le déroulement de la suite de la thèse.

– En fin de 1ère année, si la recherche bibliographique est suffisamment conséquente,


bien structurée et vue sous un angle nouveau, un article dans un journal ou une revue
peut être soumis pour présenter cet état de l’art.

Deuxième année

– Mois de janvier : Présenter un article de la littérature.

– Mois de janvier – février : Collecter les données.

– Mois d’avril – mai : Présenter le résultat de la collecte de donnée.

– Mois de juin : Présenter les premiers résultats des tests empiriques.

– Mois de juillet – août : Discuter les résultats empiriques.

Troisième année

– Mois d’octobre – novembre : Présenter un article empirique.

– Mois de décembre – mai : Discuter et rédiger la thèse.

– Mois de juin – septembre : Fin de rédaction de la thèse et présoutenance.

– Mois d’octobre – novembre : Soutenance de la thèse.

12- Bibliographie : La bibliographie est une liste structurée de références de


documents (ouvrages, articles scientifiques, rapports, thèses, etc.) généralement écrits
qui permet au lecteur d’approfondir ou compléter le travail de recherche du sujet traité.
Faire une bibliographie c’est assurer l’intégrité intellectuelle de son travail, se prémunir
du plagiat et créditer les personnes dont les travaux précédents ont contribué à la
construction de la recherche (la bibliographie doit contenir les références de tous les
documents dont vous vous êtes basés sur pour rédiger votre document classées par
ordre alphabétique des noms d’auteurs). Les références listées dans la bibliographie
doivent écrites avec un style très spécifique (les styles varient principalement dans la
séquence de présentation des éléments : auteur(s), date, titre, etc.). Les styles
bibliographiques les plus utilisés sont : American Medical Association (AMA), American
Psychological Association (APA), Chicago Manual of Style, Harvard Reference format
1, IEEE, National Library of Medicine, Nature Journal, et Vancouver. Il existe plusieurs
logiciels de gestion bibliographique qui permettent la rédaction des citations et la
récupération automatique des références selon un style bibliographique sélectionné à
savoir, Zotero, Mendeley, et EndNote (ces logiciels sont très faciles à manipuler et vous
aideront beaucoup lors de la préparation de votre projet de thèse).

La majorité des références dans votre bibliographie doivent être récentes et relatives
aux articles scientifiques rédigés en anglais. Pourquoi ? L’attention portée aux articles
scientifiques/documents récents indique vous êtes a jour vis-à-vis les derniers
avancements relatifs à votre problématique et démontre que vous avez effectué un
examen approfondi de la littérature de votre sujet et, par conséquent, vous rapportez
vos recherches d’un point de vue éclairé et engagé de manière critique (un
référencement médiocre peut être considéré comme un signe de paresse intellectuelle,
de pensée peu claire et d’écriture inexacte).
Qu’est-ce qu’un article scientifique ? Un article scientifique (parfois appelé « publication
scientifique ») est un écrit à caractère scientifique exposant généralement les résultats
originaux d’une recherche, rédigé par un ou plusieurs chercheurs et publié dans u ne
revue scientifique. C’est à travers les articles scientifiques que le savoir produit par les
chercheurs est rendu accessible. Il existe trois types d’articles scientifiques :

– Article de recherche : présente les résultats originaux d’une recherche scientifique


(c’est le type d’article qui est le plus fréquemment rédigé par les chercheurs).

– Article de synthèse : est une synthèse bibliographique qui pour objectif la


présentation d’un état de l’art sur un sujet X.

– Note de recherche : est un document préliminaire à un article de recherche plus


complet.

Qu’est-ce qu’une revue scientifique ? Une revue scientifique (ou journal en anglais) est
une publication périodique composée d’articles scientifiques éc rits par des chercheurs.
La plupart des revues scientifiques sont dirigées par un éditeur scientifique et
possèdent un comité de lecture (évaluateurs externes et spécialistes des sujets dans
lesquels se spécialise la revue) et un comité éditorial (chercheu rs/professionnels
œuvrant dans le domaine couvert par la revue et responsables de sa gestion). Une
revue scientifique est dite indexée si elle figure dans la base de données d’un
organisme (éditeur scientifique) connu qui classe et sélectionne les revues s elon
plusieurs critères. Les fameuses bases de données des éditeurs scientifiques qui
classent les revues sont : SCOPUS, Web of science, EBSCO, MedLine, PubMed, et
EMBASE. Où puis-je trouver les articles scientifiques, les ouvrages, les thèses, et les
rapports ? Généralement, vous les trouverez en cherchant dans les moteurs de
recherches et les bases de données suivantes :

– https://scholar.google.fr/ (tous types de documents)

– https://www.researchgate.net/ (tous types de documents)

– https://www.sciencedirect.com/ (articles et ouvrages)

– https://www.cairn.info/ (articles et ouvrages)

– https://www.jstor.org/ (articles et ouvrages)

– https://www.elsevier.com/ (articles et ouvrages)

– https://www.scopus.com/ (articles et ouvrages)

– http://www.theses.fr/ (thèses)

– https://hal.archives-ouvertes.fr/ (articles et thèses)

– http://www.sudoc.abes.fr/ (tous types de documents)

– http://theses.unistra.fr/ (thèses)

– https://oatd.org/ (thèses)

– https://www.scholarvox.com/ (articles, ouvrages et thèses)


– https://toubkal.imist.ma/ (thèses soutenues dans les universités marocaines)

– https://otrohati.imist.ma/ (thèses en cours de préparation dans les centres des


études doctorales marocains)

Parfois, vous allez trouver que l’accès à certains articles est payant. Dans ce cas, vous
devez soit acheter ces articles, soit contacter un ami qui a un accès libre à la base de
données des articles en question (fourni par son université) afin qu’il puisse les
télécharger pour vous.

La consultation des sites Otrohati et Toubkal vous permettra à la fois d’avoir une idée
sur l’originalité de votre sujet (s’il est consommé ou non), et d’identifier les laboratoires
qui travaillent sur des sujets et projets similaires pour les cibler après.

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