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les techniques

d’audit comptable et
financier

Section 1: les techniques de description

I. Le mémorandum
II. L’inspection physique
III. La lettre de circularisation

Section 2 : les techniques d’interrogation

I. Les sondages
II. Les interviews
III. Les vérifications et les rapprochements divers
Section 1: les techniques de description

I. Le mémorandum

Une première approche possible du contrôle interne est la description narrative, à laquelle on
donne traditionnellement le nom de mémorandum. L'auditeur fait la synthèse écrite des
entretiens qu'il a avec les responsables intéressés et des documents qu'il a pu réunir.

L’approche par mémorandum présente des avantages certains, elle autorise l’auditeur à une
certaine souplesse dans le déroulement de ses conversations avec les responsables de
l’entreprise. Moins directif, l’auditeur écoutera mieux son interlocuteur. Inversement, celui-ci,
se sentant moins contrôlé, se montrera plus direct et plus coopératif1.

Toutefois, les propos tenus sont généralement embrouillés : ils mêleront souvent l’essentiel et
l’accessoire, et l’auditeur devra s’armer de tout son courage pour réaliser une synthèse dont il
craindra toujours que, victime du tout trop spontané de la conversation, elle n’omette quelque
aspect important. A ce sujet, faisons remarquer que l’auditeur peut pallier cet inconvénient en
utilisant un questionnaire dit « ouvert ».

Ce type de questionnaire ne doit pas être confondu avec celui utilisé lors de l’évaluation du
contrôle interne et qui est dit par opposition « fermé ». Le questionnaire « ouvert » se
caractérise par le fait qu’une réponse par « oui » ou « non » est impossible. Chaque question
implique un développement et nécessite donc une compréhension du système.

L’utilisation de ce questionnaire est généralement très efficace pour préparer l’interview avec
les responsables et pour vérifier, après coup, qu’aucun point important n’a été omis.

Indépendamment de ces inconvénients, le mémorandum reste difficile d’accès au lecteur


étranger ; un effort important requis pour acquérir d’un circuit une compréhension
d’ensemble, un effort impraticable dès que les procédures deviennent trop longues ou trop
complexes.

6
L’approche par mémorandum ne peut donc être recommandée que dans les cas simples. Dans
les cas plus compliqués, l’utilisation d’autres techniques sera nécessaire.

II. . L’inspection et l’observation physique


Une observation physique est la constatation de la réalité instantanée de l’existence et du
fonctionnement : d’un processus, d’un bien, d’une transaction, d’une valeur.

Cette technique est celle qui possède la valeur probante la plus élevé et est celle qui est
privilégié par les commissaires de l’armée de terre.

L’observation physique s’applique à tout processus, bien, produit, support matériel d’une
donnée quantifiée. La liste ci-dessous n’est pas limitative :

 Les biens immobiliers tangibles


 Les biens mobiliers tangibles : matériels et équipements de toutes natures.
 La documentation représentative de droits ou de dettes immobilières, mobiliers ou de
valeurs pécuniaires, incorporelles :
- encaisse physique ;

- créances (factures,) ;

- dettes.

 Les processus matériels de contrôle ou de protection des actifs de l’entité concernée :


Systèmes de sécurité et de protection (incendie, back up informatique, surveillance des
installations, diffusion des informations, etc.…).

L’observation physique intervient essentiellement dans le cadre des audits de régularité ou de


conformité. Dans les audits d’efficacité, il n’est qu’une phase accessoire : appréciation de la
quantité de biens, d’engagements, de l’existence d’un processus…

L’observation physique prend deux formes : directe ou indirecte.2

 Directe
Elle consiste essentiellement en la vérification détaillée et visuelle d’un descriptif donnée
avec le bien ou le processus devant porter les mêmes marques d’identification ou

6
correspondre au descriptif. Elle doit permettre de porter un avis sur l’état physique et/ou de
fonctionnement apparent du bien à l’instant de l’observation.

Elle peut, pour les valeurs fiduciaires ou les créances, prendre la forme d’un comptage
d’unités ou de signes représentatifs de valeur.

Elle peut et doit enfin, dans le cas où le bien se présente en quantité, prendre l’aspect d’un
comptage desdites unités.

 Indirecte
On entend par-là la vérification de l’existence d’un bien au travers de documents authentiques
au sens juridique du terme ou de documents émis par des tiers liés au sujet par des relations
juridiques précises et strictes (mandataires, tiers détenteurs, dépositaires) ou par des relations
contractuelles simples (clients).

Cette observation indirecte peut être faite de deux manières :

- soit par consultation directe de documents représentatifs du droit ou de l’engagement


(contrats, courriers,) ;

- soit par correspondance avec le tiers concerné (lettre de confirmation de banque,


circularisations clients où il leur est demandé d'indiquer leur solde).

1. L’examen et le contrôle d’un inventaire physique effectué par l’organisme


L'auditeur n'a pas la prétention de vérifier par lui-même l'intégralité des actifs concernés mais
plutôt :

o De déterminer si la procédure mise en place est fiable ;


o D'observer si la procédure est correctement appliquée par le personnel de l'organisme ;
o D'effectuer des tests de vérification par sondages.

Dans le cadre d’un inventaire physique de stocks qui constitue le cas d'application le plus
fréquent, l'objectif visé est essentiellement de s'assurer de l'existence physique des stocks.

L'auditeur procède par sondage soit à des contrôles des fiches en vérifiant lui-même les
quantités reportées, soit en relevant des références et en inventoriant les quantités. Il s'assurera
par la suite que ce sont bien ces quantités qui figurent sur les relevés d'inventaire définitif.

6
2. Le contrôle de l'existence physique d'un actif

L'objectif de ce contrôle est généralement de s'assurer non seulement de l'existence d'un actif
mais aussi de la propriété effective.

Cette procédure peut concerner en particulier les effets à recevoir ou les espèces en caisse.

Pourtant il ne faut jamais confondre « existence » et « propriété » ; ainsi l’auditeur ne peut pas
dissocier le contrôle physique d’une chose, du support documentaire (factures, contrats,
marchés,) qui en donne la justification de propriété. Néanmoins, on peut ajouter que l’examen
physique avec sa qualité indissociable de comptage de l’existant, peut s’appliquer à une
gamme très large de populations physiques et comptables : stocks, espèces, effets…

3. La confirmation directe (la circularisation) :

a- Présentation
L’une des techniques permettant l’observation physique est la confirmation directe.
L’instruction de référence en fait mention, mais une fois de plus, elle reste limitée dans son
emploi par le commissariat

La confirmation directe, également appelée « circularisation », consiste à demander à un tiers


externe à l’organisme de confirmer directement par écrit au commissaire vérificateur
des informations d’ordre comptable et financier, ou tout autre renseignement.

En effet, la confirmation ne doit pas être adressée au commissaire aux comptes par
l’intermédiaire de l’entreprise contrôlée. S’il en était ainsi le niveau de preuve serait d’une
qualité inférieure car la réponse n’aurait plus la qualité d’une preuve externe.3

La confirmation directe auprès de tiers possède une très grande force probante car elle permet
à l’auditeur financier de disposer d’un document dont il est certain qu’il a été établi par le tiers
concerné (il ne peut pas s’agir d’un faux).

Deux critères sont à considérer avant la décision d’utilisation :

3
Alain MIKOL « Les audits financiers », collection d’audit, édition d’organisation 1999. Page 155

6
L’importance relative : est essentiellement l’importance du poste par rapport au
total de l’actif. Il est difficile de fixer un seuil standard qui pourrait s’appliquer
automatiquement.
La relativité du risque : qui s’apprécie selon la nature même du poste du bilan
considéré.

b- La mise en œuvre de la confirmation directe

Relations avec la société contrôlée avant la mise en œuvre :


Sachant que la confirmation directe est une procédure encore peu connue de beaucoup
d’entreprises, et notamment des PME, il apparaît opportun à l’auditeur :

- de se concerter très étroitement avec la société contrôlée pour obtenir son accord sur
l’utilisation de la confirmation.
- De définir en détail avec les modalités pratiques de réalisation (travaux à faire par la
société, notamment copie de relevés, frappe et reproduction de la lettre de confirmation,
confection des enveloppes, principes d’expédition et de retour).
Choix des éléments à confirmer
On distingue généralement deux catégories de tiers à confirmer :

a. Les tiers qui peuvent b. Les tiers qui doivent être


être confirmés préalablement sélectionnés en
exhaustivement raison de la taille de la population

Ó Tiers qui peuvent être confirmés exhaustivement


Dans cette catégorie, on trouve généralement les banques, les organismes de crédit, les
avocats, cabinet de contentieux, conseils fiscaux, administrations fiscales, conservations des
hypothèques. Les informations qu’ils donneront porteront à la fois sur les comptes et les
engagements de la société.

6
En ce qui concerne les banques, par exemple, l’intérêt ne réside pas dans la confirmation du
solde du compte courant (qui est connu par le relevé de compte bancaire, lequel a été
confronté au compte « Banque » tenu par l’entreprise, grâce à l’état de rapprochement) mais
plutôt dans celle des effets escomptés non échus : lignes crédit ouvertes et utilisées, conditions
bancaires, signatures autorisées, engagements reçus, etc.

En général, le coefficient de réponse est excellent lorsqu’on s’adresse aux organismes cités ci-
dessus.

Ó Tiers qui doivent être préalablement sélectionnés :


Il s’agit surtout des clients, des fournisseurs, du personnel et éventuellement des débiteurs et
créditeurs divers.

L’objectif de la confirmation des clients est de s’assurer avant toute chose qu’il n’y a pas
d’actif fictif. On procédera donc en envoyant un relevé détaillé des risques sur le client
sélectionné, c'est-à-dire non seulement les factures non encore facturées. C’est ce que l’on
appelle la demande de confirmation positive, car on sollicite l’accord du client.

Une autre méthode consiste à pratiquer une confirmation négative, c'est-à-dire à ne demander
au client de ne répondre que s’il est en désaccord avec les sommes présentées. Cette pratique
à l’avantage de faciliter les opérations d’exploitation des réponses. Par contre, elle peut
conduire à assimiler à des réponses positives un comportement d’indifférence.

L’objectif principal de la confirmation des fournisseurs est de déceler des passifs non
comptabilisés. En ce sens, le terme « demande de confirmation » appliqué aux fournisseurs
est impropre car, en fait, on demandera plutôt aux fournisseurs d’adresser à l’auditeur le
relevé effectué par lui des créances qu’il a sur la société contrôlée. C’est ce relevé qui sera
rapproché de la comptabilité.4

Sélection des tiers :


L’auditeur effectuera une sélection des tiers à confirmer. Pour cela, il aura recours aux
sondages.

L’étendue des sondages sera essentiellement fonction de l’appréciation du risque sur le poste
considéré : cette appréciation se base sur la qualité des procédures et du contrôle interne mise
en place.

4
Robert OBERT « Audit et commissariat aux comptes », DUNOD, 2ème édition 2000. Page 87

6
Le choix des soldes à confirmer doit tenir compte de toutes les particularités de l’entreprise
contrôlée. Généralement seront retenus :

Les soldes importants ;


Les soldes anciens ;
Les comptes annulés ou ayant fait l’objet de transferts ou de régularisations dans la
période ;
Les comptes au nom des employés ;
Les soldes anormaux (dans le contexte de l’entreprise : clients créditeurs par exemple).

La confirmation directe auprès de tiers présente plusieurs avantages. S’agissant d’un élément
probant externe, elle bénéficie d’un plus haut niveau de fiabilité. Elle ne nécessite pas la mise
en œuvre de techniques complexes et maintient la durée du contrôle dans des limites
raisonnables. Elle permet d’obtenir des indications sur certaines opérations dont le contrôle
est difficile (engagements ou passifs éventuels).

Toutefois, la confirmation directe connaît aussi certaines limites dans la mesure où les
réponses obtenues ne sont pas toujours en nombre suffisant et parce qu’elle dépend de la
qualité du système comptable de celui qui répond.

Egalement, elle ne permet pas d’atteindre avec la même efficacité tous les objectifs de
contrôle (assertions). Ainsi par exemple, en ce qui concerne les créances commerciales, elle
confirmera l’existence des créances, pas leur caractère recouvrable ni l’absence de créances
non enregistrées. Dès lors, il sera le plus souvent nécessaire de compléter le contrôle par
d’autres méthodes plus appropriées aux objectifs non couverts par la confirmation.

Section 2: les techniques d’interrogation

I- Les sondages

6
Il est impossible à l’auditeur d’étudier toutes les pièces qui entrent dans le champ d’action de
son contrôle. Il lui faudra donc se limiter à des sondages.

1- Domaines d’application du contrôle par sondage

Deux types d’opérations peuvent motiver l’auditeur à utiliser les sondages, il s’agit :

- de l’appréciation du contrôle interne et des procédures comptables (tests de


procédures)
- de la vérification des comptes (contrôles substantifs)

a- Appréciation du contrôle interne et des procédures comptables

Dans l’évaluation du risque et du contrôle interne, des tests de procédures sont effectués si
l’auditeur envisage d’évaluer un risque lié au contrôle de niveau inférieur pour une assertion
particulière.

En fonction de la compréhension que possède l’auditeur des systèmes comptables et de


contrôle interne, l’auditeur identifie les caractéristiques ou les attributs qui révèlent
l’existence d’un contrôle, ainsi que les déviations éventuelles qui traduisent une mise en
œuvre insuffisante de ces contrôles. L’auditeur peut alors tester la présence ou l’absence
d’attributs.

En général, les sondages en audit se prêtent aux tests de procédures lorsque le contrôle révèle
l’évidence de preuves suffisantes.

b- Vérification des comptes

Les contrôles substantifs portent sur des montants et sont de deux types : les procédures
analytiques et les contrôles portant sur le détail des transactions et des soldes. Les contrôles
substantifs ont pour but d’obtenir des éléments probants afin de détecter des anomalies
significatives dans les états financiers. Lors de contrôles substantifs portant sur des
transactions, l’auditeur peut recourir aux sondages en audit et à d’autres méthodes de
sélection d’échantillons à des fins de contrôle et de collecte d’éléments probants en vue de
vérifier une ou plusieurs assertions sous-tendant une rubrique des états financiers ou de
procéder à une estimation indépendante d’un montant.

2- Types de sondage

On distingue habituellement les sondages ordinaires et les sondages mathématiques

6
a- Sondages ordinaires

Encore utilisés par un grand nombre d’auditeurs, les sondages ordinaires sont basés sur
l’expérience, les impressions, c'est-à-dire sur des critères essentiellement subjectifs.

Cette technique laisse à l’auditeur l’entière liberté quant aux choix des échantillons, de leur
dimension, de la formation des lots et de leur mode de prélèvement.

L’auditeur doit d’efforcer de créer un effet de surprise dont il tirera bénéfice. Pour cela, il doit
varier sans cesse son programme de sondages. Il pourra ainsi contrôler les dix derniers jours
de l’année, l’année suivante contrôler les dix premiers jours durant un mois quelconque, ou
encore, contrôler tous les dixièmes clients de la balance clients…

L’auditeur, en raison du caractère subjectif sous-jacent doit toujours veiller à la


représentativité du sondage qu’il effectue, critère d’une étude de qualité ;

b- Sondages mathématiques

De plus en plus, les auditeurs recherchent des critères objectifs qui assurent un coté plus
rigoureux à leur analyse. Ils ont donc recours aux techniques d’échantillonnage statistique.

La théorie des sondages est basée sur les probabilités à deux événements : l’élément est
acceptable ou l’élément est à refuser

3- Conclusion d’un sondage

Trois possibilités sont offertes à l’auditeur après le contrôle par sondage : il accepte, il
continue ou il refuse.

 Il accepte dans le cas où :

- l’échantillon est suffisamment représentatif de la population, la précision et le niveau


de confiance satisfaisants ;
- le nombre d’erreurs extrapolé à la population totale est faible ;
- les erreurs ne portent pas sur des sommes importantes ;
- les erreurs ne sont pas systématiques ;
- les erreurs ne sont pas intentionnelles

 Il refuse quand l’une des conditions énoncées ci-dessus n’est pas remplie.

6
 L’auditeur a la possibilité de continuer d’approfondir s’il le juge nécessaire, si le nombre
d’erreurs est relativement important mais insuffisant pour refuser.

II- Les interviews

1. Définition de l’interview d’audit

L’interview est un outil que l’auditeur utilise fréquemment, mais une mission d’audit qui ne
serait opérée qu’avec des interviews ne pourrait être considérée comme une mission d’audit
interne. De surcroît, l’interview d’audit interne ne saurait être confondue avec des techniques
d’apparence similaire :

- ce n’est pas un entretien, ni une conversation ;

- ce n’est pas un interrogatoire.

L’interview d’audit interne n’est pas un entretien

L’audit interne n’est pas dans la position du journaliste qui interview un homme politique, sur
une demande. Ici, c’est celui qui écoute (l’auditeur) qui est demandeur de l’entretien. Ce ne
saurait pas davantage être une conversation car l’interview d’audit est organisé et centré sur
les objectifs à atteindre qui sont l’obtention d’un certain nombre d’information.

L’interview n’est pas un interrogatoire dans lequel le rapport serait celui d’un accusé face à
son accusateur. Tout au contraire l’atmosphère d’une interview d’audit interne doit être une
atmosphère de collaboration. C’est la raison pour laquelle il faut vivement déconseiller
l’usage du magnétophone, lequel ne crée pas les conditions d’une bonne interview et la fait
ressembler à un interrogatoire de police. En audit interne, l’interview est COOPERATIF.

2. Les 7 règles d’une bonne interview

Elles s’inspirent du nécessaire esprit de collaboration qui doit s’instaurer entre audité et
auditeur, interviewé et intervieweur.

 1re règle

Il faut respecter la voie hiérarchique. Sauf urgence exceptionnelle l’auditeur ne doit pas
procéder à une interview sans que le supérieur hiérarchique de son interlocuteur ne soit
informé. La plupart du temps cette information préalable se fait au cours de la réunion
d’ouverture de la mission. Mais lorsqu’il faut procéder à une interview qui n’était pas
programmée à l’avance, il est essentiel que cette règle puisse être respectée.

6
 2e règle :

Rappeler clairement la mission et ses objectifs. L’interlocuteur de l’auditeur doit connaître le


pourquoi et le comment de l’interview. Il serait désastreux qu’il puisse s’imaginer que l’on va
lui tendre des questions pièges, que l’interview n’est en somme qu’un interrogatoire déguisé.
Donc, et c’est le grand principe de transparence qui gouverne toute mission d’audit, on
s’efforce de ne rien cacher des objectifs poursuivis.

 3e règle :

Les difficultés, les points faibles, les anomalies rencontrées seront évoqués avant toute autre
chose. En d’autres termes, on situe d’entrée de jeu le dialogue au niveau de connaissance où
se situe l’auditeur dans le déroulement de sa mission en rappelant le résultat de ses toutes
dernières investigations. Du même coup, on évite toute digression laudative, telle que l’on
peut rencontrer dans la narration.

 4e règle :

Qui est la contrepartie logique de la première : les conclusions de l’interview, résumées avec
l’interlocuteur, doivent recueillir son adhésion avant d’être communiquées sous quelques
formes que ce soit à sa hiérarchie. Rien ne serait plus négatif que le résultat d’une interview
communiqué en confidence à sa hiérarchie alors que l’intéressé n’a pas encore véritablement
donné son aval sur les conclusions à tirer de ses propos.

 5e règle :

Conserver l’approche système, en vertu de ce principe que l’auditeur ne s’intéresse pas aux
hommes. On doit donc se garder de toute question ayant un caractère subjectif en mettant en
cause les personnes. Pour un interviewé : l’auditeur n’hésite pas à le ramener dans le droit
chemin si d’aventure- et ce n’est pas exceptionnel- ce dernier dérive dans ses réponses sur des
questions de personnes.

 6e règle :

Savoir écouter et chacun sait que n’est pas facile. L’auditeur doit éviter d’être celui qui parle
plus qu’il écoute ; or le premier exercice est plus facile- et plus agréable- que le second. Dans
cette écoute l’auditeur doit savoir être néanmoins un « faciliteur », pratiquer d’instinct la
maïeutique de SOCRATE et conduire l’entretien pour le maintenir sur les rails. Il y a un subtil
équilibre à trouver entre le « savoir écouter » et le « ne rien dire ».

6
 7e règle :

L’auditeur qui procède à une interview doit considérer son interlocuteur comme un égal. Non
pas un égal au sens hiérarchique du terme, mais un égal dans la conduite du dialogue. Et on
sait bien que ce n’est pas facile pour un jeune auditeur qui très souvent doit recueillir des
informations auprès de personnes supérieures en grade, parfois très supérieures en grade, et
parfois trouver le juste équilibre entre l’attitude exagérément respectueuse. Voire
obséquieuse, et la familiarité excessive et mal venue. La juste appréciation du contexte et de
la personnalité de l’interlocuteur vont peser lourd dans la recherche de cet équilibre : tout faux
pas peut avoir ici des conséquences désastreuses.

Dans le respect de ces principes, l’interview se déroule normalement en 4 étapes.

3. les étapes de déroulement de l’interview

a- Préparation de l’interview

Une interview ne s’improvise pas, elle se prépare, c’est la règle d’or, de ce fait, préparer une
interview c’est :

 Définir au préalable le sujet de l’interview : c'est-à-dire définir quelles sont les


informations que l’auditeur souhaite obtenir ? Ces informations peuvent lui être
nécessaires ou bien pour parfaire sa connaissance du domaine à auditer, ou bien pour
apprécier tel ou tel point du contrôle interne. Quelle qu’en soit la cause, la définition
du sujet est la première démarche.

 Préparer l’interview c’est aussi connaître son sujet et ceci recouvre deux éléments
importants :
- connaître la personne que l’on va rencontrer : quelles sont ses activités, ses
responsabilités, sa place dans la hiérarchie…

- mais connaître son sujet c’est aussi connaître l’objet de l’entretien, disposer
d’informations quantitatives sur l’activité concernée, apparaître comme
quelqu’un qui est concerné par cette activité.

 Préparer l’interview c’est ensuite élaborer les questions. Il ne s’agit pas cette fois, de
rédiger un questionnaire de contrôle interne. C’est d’ailleurs souvent pour répondre à
ce dernier que l’interview est pratiquée. Il s’agit, compte rendu de la personnalité de
l’interlocuteur et du contexte, de poser les bonnes questions pour obtenir la réponse.
Pour ce faire, les questions seront toujours ouvertes, non fermées. On ne demande pas

6
« est ce que les gardiens contrôlent bien les visiteurs ? » ( bien sur la réponse serait
toujours « oui ») mais « comment s’effectue le contrôle des visiteurs par les gardiens ?
»

 Prendre rendez-vous est un acte indispensable pour un bon déroulement de


l’interview. Même si l’entrevue a été prévue lors de la première réunion de la mission,
l’auditeur ne doit pas se présenter sans prévenir. Il serait également maladroit pour lui
de « convoquer » : l’interview se déroule obligatoirement chez l’audité, dans son
bureau ; l’interlocuteur se sent « chez lui » et le climat de confiance s’instaure plus
facilement.

b- Début de l’interview

 Il faut commencer par se présenter : l’auditeur rappelle qui il est, quel est l’objet de la
mission et ce qu’il vient faire. D’entrée de jeu, il précise la technique qu’il compte
utiliser ; questions préétablies, prises de notes, en expliquant que là la façon normale
de procéder en interview d’audit interne.

 Des les premières questions l’auditeur doit s’adapter à son interlocuteur, trouver le ton
juste, éviter la plaisanterie avec celui qui ne plaisante pas, détendre l’atmosphère avec
celui qui communique facilement…mais dans tous les cas d’abord s’intéresser au
travail de l’audité avant de commencer le questionnement.
 En ce début d’interview et pour bien positionner ses questions, l’auditeur observe les
attitudes de son interlocuteur. L’auditeur peut s’aider par la PNL (programmation
Neurolinguistique) afin de décoder les gestes et les positions de son interlocuteur et de
s’adapter à ces derniers. L’objectif reste l’obtention de l’information et guère le
jugement de l’interlocuteur.

c- Les questions

Si les questions ont été bien élaborées, et si elles sont posées à quelqu’un qui est en état de
réceptivité, l’auditeur va obtenir l’information recherchée, à condition de ne pas omettre deux
précautions :

 Toujours vérifier que l’on a bien compris la réponse de l’interlocuteur.


 Toujours laisser l’audité s’exprimer.

6
 En effet, l’auditeur ne doit pas se transformer en confesseur, à l’écoute des malheurs et
des difficultés de son vis-à-vis, et surtout si celui-ci met cause des personnes, et
singulièrement sa hiérarchie.
 Les réponses sont notées par écrit, mais ceci doit être fait sans casser le rythme de
l’interview.
Lorsque toutes les questions sont épuisées, tout n’est pas encore achevé.

d- La conclusion de l’interview

 Conclure c’est procéder à une validation générale en résumant les principaux points
notés pour s’assurer qu’il n’y a ni erreur d’interprétation, ni omission.
 Conclure, c’est aussi demander à l’audité si quelques autres points ne méritent pas,
selon lui, d’être abordés.
 Enfin, et lorsque tout est dit, conclure c’est remercier l’audité pour le temps qu’il a
bien voulu consacrer à l’interview.

Procéder à une interview n’est donc pas un exercice facile, il exige un solide travail de
préparation et la capacité à déjouer les trois symboles de l’écoute :

-croire que l’écoute est processus naturel alors qu’il exige un effort de volonté.

-croire qu’il n’y a pas de différence entre entendre et écouter alors que seul le premier
s’exerce sans effort.

-croire que tout auditoire est uniforme alors qu’un travail d’adaptation à l’interlocuteur
est dans tous les cas indispensable.

Reste encore à respecter la règle d’or : « écouter, c’est d’abord se taire ». S’il sait vaincre ces
obstacles, l’auditeur fera à chaque interview une moisson d’information répondant aux
interrogations de son questionnaire de contrôle interne. Mais pour que tout ceci puisse être
exploité efficacement, il est nécessaire que la feuille d’interview rapporte de façon exhaustive
les réponses aux questions. Pour ce faire, les notes prises doivent impérativement et dans les
instants qui suivent, être mises au propre sur le document adéquat. Toutefois, si les notes ont
pu être prises de façon suffisamment claire sur la feuille d’interview, il ne sera pas nécessaire
de procéder à une réécriture.

III- Rapprochement et Reconstitution

6
Se sont plutôt des procédés qui sont utilisés par les auditeurs au cours du travail sur le terrain.
Ces procédés sont largement utilisés :

 Par tous les responsables chargés de la vérification au premier degré,


 Par les auditeurs externes.
 Les auditeurs internes n’y ont recours que pour s’assurer de la validité des opérations
effectuées.

1. le rapprochement
Un rapprochement est la vérification à posteriori, par d’autres sources ou moyens, de la
validité d’un fait, d’une affirmation ou d’une déclaration. Les sources ou moyens peuvent être
de nature endogène (support d’information dans la chaîne d’un processus) ou exogène
(confirmation écrite extérieure). 5

De ce qui découle le rapprochement est orienté vers la vérification d’un fait ou d’une
affirmation d’une ou plusieurs opérations, donc utilisé en audit de conformité. On confirme
l’identité d’une affirmation dés l’instant qu’elle provient de deux sources différentes.

A titre d’exemple :

 Effectif connu par le service personnel et effectif connu de l’unité ;


 Stock comptable et stock réel ;
 Vente de produits à une filiale et achats de la filiale à la société mère ;
 Entrées et sorties dans les bureaux et état des heurs supplémentaires.6
C’est dans l’utilisation des techniques de rapprochement que l’auditeur interne va faire preuve
d’imagination pour aller chercher les réponses à son questionnaire de contrôle interne.

2. les reconstitutions
Une reconstitution est le rétablissement d’un résultat, à partir d’éléments réels et pertinents,
soit par utilisation du processus lui-même, soit par la mise en œuvre de processus différents
mais homologues aux phénomènes contrôlés. 7

5
Olivier Lemant, « La conduite d’une mission d’Audit interne », DUNOD 1997. Page 205

6
Jacques BERNARD, « Théorie et pratiques de l’audit interne », éditions d’organisation, 4ème édition 2002.
Page 326

7
Olivier Lemant, « La conduite d’une mission d’Audit interne », DUNOD 1997. Page 205

6
En d’autres terme la reconstitution permet de passer au travers d’un système, d’un processus
ou d’une organisation donnée, un flux d’information réelle et ayant déjà fait l’objet d’un
traitement, ou théoriques, sélectionnées par l’auditeur, de manière à obtenir un résultat connu
ou attendu.8

La reconstitution est utilisée pour évaluer la fiabilité, le fonctionnement d’un système d’un
processus, donc en audit d’efficacité.

8
Robert OBERT « Audit et commissariat aux comptes », DUNOD, 2ème édition 2000. Page 79 – 80

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