Vous êtes sur la page 1sur 11

SEANCE N°7

LA DIRECTION DE LA SOCIETE ANONYME

I. LES OBLIGATIONS DE L’ADMINISTRATEURS

Document n°1 : Article L. 225-256 du Code de commerce.

Document n°2 : Cass.com, 31 janvier 1995, N° JurisData : 1995-000294.

Document n° 3 : Cass.com, 25 mars 1997, N° JurisData : 1997-001388.

Document n° 4 : T. confl., 20 nov. 2006, n° 3570, SEM Olympique d'Alès en Cévennes : Juris-
Data n° 2006-316779 ; RJDA 2007, n° 183, p. 186.

Document n° 5 : Cass.com, 24 avril 1990, N° JurisData : 1990-001208.

II. LES ORGANES DE LA SOCIETE ANONYME

Document n° 6 : JurisClasseur Sociétés Traité > Fasc. 149-20 : ACTIONS EN JUSTICE DANS
L'INTÉRÊT DE LA SOCIÉTÉ ANONYME. – Exercice > I. - Pouvoir d'agir au nom de la société > A.
- Organes dotés du pouvoir de représenter la société en justice > 1° Fonctionnement normal de
la société (Extraits).

III. LA DIRECTION DE LA SOCIETE ANONYME

Document n°7 : Cass.com., 30 nov. 2004, Sté groupe Joliez Regol c/ Regol : Juris-Data n° 2004-
025990.

 Travail à effectuer : cas pratiques.

1
Cas pratiques.

A) M. Gasse est administrateur à titre personnel de la SA Julien. Peut-il être, au sein de ce même
conseil d’administration, représentant permanent de la SA Gasse ?

B) M. Bouveret est actionnaire (25% du capital), administrateur et directeur général de la SA


AIDE, dont l’actionnaire majoritaire (65% du capital) est la SA Destrez. Ces deux sociétés ont
leur siège à Nanterre.
Le 26 juin dernier, jour de l’assemblée générale de la société AIDE, M. Bouveret reçoit
une lettre de la SA Detrez l’informant que son mandat d’administrateur, qui arrive à expiration
le jour même, ne sera pas renouvelé en raison de divers manquements professionnels. L’AGO se
prononce effectivement en ce sens.
M. Bouveret envisage de demander 150 000 euros de dommages-intérêts, à titre de
réparation.

Il entend invoquer plusieurs griefs :


 la question du non renouvellement de son mandat n’a pas été inscrite à l’ordre du jour.
 e banquier de la société AIDE a été avisé du retrait immédiat de la signature alors que M.
Bouveret n’a pu faire valoir ses observations.

De son coté, la société Detrez fait valoir que cette décision de non renouvellement n’a pas été
entourée de propos malveillants ou injurieux.

Que pensez-vous des chances de succès de M. Bouveret ?

C) M. Bertrand, président du conseil d’administration de la SA TRICOTERRE s’est vu allouer un


complément de retraite par la société, à la veille de son départ, il y a quelques années.
Ce complément de retraite a été fixé par une commission ad hoc désignée par le conseil
d’administration et le rapport de cette commission a été annexé au procès-verbal de la réunion
du conseil.
M. Albert qui a longtemps travaillé sous les ordres de M. Bertrand, ne s’est jamais bien
entendu avec lui. M. Albert, qui est actionnaire de la société depuis le mois de janvier de cette
année, entend contester ce complément de retraite et demander à M. Bertrand le
remboursement des sommes que celui-ci a perçues.

M. Albert vous consulte.

2
DOCUMENT 1

Article L. 225-256

(Modifié à compter du 1er janvier 2006, L. n° 2005-845, 26 juill. 2005, art. 165, II et 190)

Lorsque la société est soumise aux dispositions des articles L. 225-57 à L. 225-93, les
membres du directoire sont soumis à la même responsabilité que les administrateurs dans
les conditions prévues aux articles L. 225-249 à L. 225-255.

En cas d'ouverture d'une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation


judiciaire[s] en application des dispositions du titre II du livre VI relatives au redressement et
à la liquidation judiciaires des entreprises, les personnes visées par ces dispositions peuvent
être rendues responsables du passif social et sont soumises aux interdictions et déchéances,
dans les conditions prévues par celles-ci.

DOCUMENT 2

Cour de cassation
Chambre commerciale
31 Janvier 1995
Cassation – renvoi Grenoble
N° 92-21.548
Publié au Bulletin
Classement :**
Contentieux Judiciaire
Numéro JurisData : 1995-000294
Résumé

A violé l'article 180 de la loi du 25 janvier 1985, l'arrêt qui refuse de condamner un
administrateur au comblement du passif au motif qu'ayant accepté les fonctions comme un
service rendu au président, son inaction, compte tenu du peu d'intérêt qu'il avait dans la
société, ne constituait pas une faute de gestion. En effet, en statuant ainsi alors que
l'administrateur est tenu à une surveillance et un contrôle sérieux et que son peu d'intérêt à
l'affaire ne peut excuser sa passivité, l'arrêt a violé le texte susvisé. Ce même texte a été,
encore une fois méconnu, lorsque la cour d'appel a refusé de retenir comme fautes de gestion
la non tenue de l'assemblée et le défaut d'établissement des comptes, qui sont pourtant
considérés par l'article 180 de la loi du 25 janvier 1985 comme des manquements
susceptibles d'entraîner le paiement de l'insuffisance d'actif par le dirigeant.

DOCUMENT 3

Cour de cassation
Chambre commerciale
25 Mars 1997
Rejet
N° 95-10.995
Publié au Bulletin
Classement :**
Contentieux Judiciaire
Numéro JurisData : 1997-001388

3
Résumé

Ayant accepté les fonctions d'administrateur d'une société anonyme, un comité de


développement économique est tenu à une surveillance et à un contrôle sérieux de
l'entreprise et ne peut prétendre s'exonérer de sa responsabilité en invoquant la présence au
conseil d'administration, d'hommes de paille dévoués au président. La prise de participation
de l'administrateur au capital devant être libérée par compensation avec les loyers impayés
par la société cautionnée par le comité, celui-ci ne pouvait ignorer l'état de cessation des
paiements, d'autant que la perte de l'exercice se montait au double du capital social en dépit
des subventions accordées, les perspectives de redressement immédiat étant illusoires dès
lors que près de la moitié des produits fabriqués par l'entreprise étaient inutilisables et
qu'une nouvelle machine de production ne pouvait être livrée rapidement. Par ailleurs,
l'augmentation de capital évoquée en réunion du conseil n'était pas suffisante pour laisser
espérer une amélioration sensible de la situation et l'attribution d'un "prix de l'initiative" ne
pouvait masquer l'état critique de la société qui n'avait pas encore obtenu l'agrément
nécessaire pour vendre ses produits et envisageait un chômage technique du personnel. En
s'abstenant d'exiger du président qu'il effectue la déclaration de cessation des paiements,
l'administrateur a donc commis une faute de gestion justifiant sa condamnation au
comblement du passif à hauteur de 5000000 sur le fondement de l'article 180 de la loi du 25
janvier 1985.

DOCUMENT 4

T. confl., 20 nov. 2006, n° 3570, SEM Olympique d'Alès en Cévennes : Juris-Data n° 2006-
316779 ; RJDA 2007, n° 183, p. 186.

Considérant que la Société d'économie mixte Olympique d'Alès en Cévennes a été créée, le
1er avril 1993, sous forme de société anonyme à directoire et conseil de surveillance, pour
gérer les activités professionnelles et commerciales de l'association Olympique d'Alès en
Cévennes ; que la présidence du conseil de surveillance était assurée par le maire de la
commune d'Alès, ès qualités ; que la SEM Olympique d'Alès en Cévennes a été placée en
redressement judiciaire, le 1er avril 2003, puis en liquidation judiciaire, le 3 juin 2003 ; que
la procédure collective ayant fait apparaître un passif déclaré de 1 392 026, 96 euros et une
importante insuffisance d'actif, le liquidateur judiciaire a assigné devant le tribunal de
commerce les membres du directoire et la commune d'Alès, demandant la condamnation
solidaire de cette dernière à combler la totalité de l'insuffisance d'actif de la SEM Olympique
d'Alès en Cévennes en qualité de dirigeant de fait et en raison d'un manquement à son
obligation de surveillance ;

Considérant que si la recherche de la responsabilité civile de l'État ou d'autres personnes


morales de droit public au titre de l'exercice d'une mission de service administratif relève de
la compétence des tribunaux de l'ordre administratif une telle action relève de la compétence
des tribunaux de l'ordre judiciaire lorsque la responsabilité de l'État ou de la personne
morale de droit public est recherchée au titre d'une activité à caractère industriel ou
commercial sans qu'il y ait lieu de distinguer si la collectivité publique concernée a agi en
qualité de dirigeant de fait ou de droit ;

Considérant que la SEM Olympique d'Alès en Cévennes dont l'objet social comprend
notamment l'organisation de manifestations sportives payantes, le recrutement et la
formation des joueurs et la promotion par tous moyens, de l'équipe professionnelle de la ville
disposait de produits d'exploitation provenant pour une large part des droits d'entrée des
spectateurs de la publicité, du « sponsoring » et des subventions de la Ligue nationale de
football ainsi que celles de la fédération française de football ; que dans ces conditions cette
société ne gère pas un service public administratif ; qu'il résulte de ce qui précède que la

4
juridiction judiciaire est compétente pour connaître de l'action intentée par le liquidateur de
la SEM Olympique d'Alès en Cévennes contre la commune d'Alès ; qu'il y a lieu d'annuler
l'arrêté de conflit du préfet du Gard ;

Décide :

Art. 1er : L'arrêté de conflit pris le 22 décembre 2005 par le préfet du Gard est annulé

Art. 2 : La présente décision sera notifiée au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, qui est
chargé d'en assurer l'exécution. (...)

DOCUMENT 5

Cour de cassation
Chambre commerciale
24 Avril 1990
Cassation – renvoi Orléans
N° 88-17.218, 88-18.004
Publié au Bulletin
COINTREAU / REMY MARTIN
Classement :**
Contentieux Judiciaire
Numéro JurisData : 1990-001208
Résumé

C'est à tort qu'il est reproché à une cour d'appel d'avoir refusé d'annuler un conseil
d'administration en raison du défaut d'information d'un administrateur, alors que seuls les
actes et délibérations du conseil et non le conseil lui-même sont susceptibles d'annulation et
qu'en l'espèce aucune décision n'avait été prise, sauf un vote, non critiqué.

Doit être cassé l'arrêt qui, à la suite d'annulation des nominations d'administrateurs, refuse
d'annuler la délibération du conseil d'administration dans sa composition nouvelle, au motif
que les nominations n'avaient pas exercé d'influence sur la décision alors que de ce fait le
conseil d'administration se trouvait irrégulièrement composé.

Ne donne pas de base légale à sa décision, au regard des articles 98 et 113 de la loi du 24
juillet 1966, l'arrêt qui déboute un administrateur de sa demande en nullité des
délibérations du conseil pour défaut d'information préalable, en retenant que le demandeur
n'a pas assisté à la réunion en question et qu'il n'a jamais pris l'initiative d'une demande
d'information complémentaire alors que ces motifs étaient impropres à déterminer si
l'administrateur avait, à l'initiative du président du conseil, reçu l'information à laquelle il
avait droit, soit par un envoi, soit par une mise à disposition.

Viole l'article 360 de la loi du 24 juillet 1966, l'arrêt qui refuse d'annuler les délibérations d'un
conseil d'administration malgré l'absence d'information préalable d'un administrateur, alors
que la méconnaissance de ce droit affecte par elle-même la régularité de la réunion de l'organe
social.

5
DOCUMENT 6

JurisClasseur Sociétés Traité > Fasc. 149-20 : ACTIONS EN JUSTICE DANS L'INTÉRÊT DE LA
SOCIÉTÉ ANONYME. – Exercice > I. - Pouvoir d'agir au nom de la société > A. - Organes dotés
du pouvoir de représenter la société en justice > 1° Fonctionnement normal de la société
Cote : 03,2009
Date de fraîcheur : 01 Décembre 2008

1° Fonctionnement normal de la société


a) Titulaires du pouvoir
10. – Habilitation pour agir et décision d'agir au nom de la société – L'exercice d'une
action suppose deux manifestations successives de volonté : dans une phase de réflexion, le
titulaire de l'action doit apprécier l'opportunité d'agir ; une décision positive ouvre une phase
de mise en oeuvre qui suppose l'accomplissement d'actes de procédure (demande, défense ou
recours). À ces deux stades, la personne morale s'exprime nécessairement par l'intermédiaire
de ses organes, en fonction de leurs attributions respectives. Ainsi, le président d'une
association ne peut la représenter régulièrement en justice, s'il n'a pas reçu des statuts le
pouvoir d'exercer l'action (Cass. 1re civ., 19 nov. 2002 : JurisData n° 2002-016416 ; D. 2003, p.
21, concl. Av. gén. J. Sainte-Rose ; Procédures 2003, comm. 15, obs. H. Croze) et si les organes
délibérants n'ont pas préalablement décidé d'engager un procès (Cass. 1re civ., 7 nov. 1995 :
Bull. civ. 1995, I, n° 389. – Cass. 1re civ., 11 janv. 2000 : Rev. sociétés 2000, p. 319, note Y.
Chartier).

L'organisation des pouvoirs au sein de la société anonyme n'échappe pas à ce schéma. Certes,
dans la forme classique de la société anonyme, le directeur général est en principe tout à la fois
investi d'un pouvoir décisionnel qui lui permet d'engager une action et d'un pouvoir de
représentation qui lui permet l'exercice de cette action ; mais les statuts peuvent déroger à
cette concentration des fonctions et réserver le pouvoir d'initiative au conseil
d'administration. En sens inverse, l'organisation de la société avec directoire et conseil de
surveillance, dissocie légalement le pouvoir d'initiative et le pouvoir de représentation entre le
directoire, organe collégial de décision et son président, organe d'exécution.
11. – Décision d'agir dans la société dotée d'un conseil d'administration – La loi du 24
juillet 1867 (D. 1867, 4, p. 98) disposait que la société anonyme était administrée par un ou
plusieurs mandataires qui pouvaient choisir parmi eux un directeur ou se substituer un autre
mandataire extérieur à la société. Ce système fondé sur l'autonomie de la volonté a prévalu
jusqu'à une loi du 16 novembre 1940 (D. 1940, 4, p. 383). Soucieuse de lutter contre la dilution
des responsabilités qui résultait de l'éclatement des fonctions, cette réforme a concentré
l'organisation de la société en réunissant les fonctions de président et celles de directeur
général sur une même personne, chargée de représenter la société à l'égard des tiers : elle a
conféré à cet organe les plus larges pouvoirs d'initiative, notamment dans le cadre des actions
en justice (J.-P. Bouère, PDG ou président et directeur général ? : Bull. Joly 2001, p. 695). Ce
système a été reconduit par la loi du 24 juillet 1966. La loi du 15 mai 2001 relative aux
nouvelles régulations économiques a remis en cause cette évolution en permettant à nouveau
de dissocier les fonctions de président et de directeur général au sein du modèle classique de
la société anonyme et en conférant au conseil d'administration des attributions qui le
rapprochent davantage d'un conseil de surveillance (Journal Officiel 16 Mai 2001). Cette
nouvelle organisation est cependant facultative : la société peut choisir de réunir les fonctions
de président et de directeur général sur une même personne.

En droit positif, les pouvoirs limitativement attribués au président par l'article L. 225-51 du
Code de commerce, ne comportent ni la faculté d'engager une action en justice, ni celle de
représenter la société à l'instance. De même, le conseil d'administration n'a pas pour mission
légale de représenter la société en justice ni même de décider de l'engagement d'une instance
judiciaire (Cass. com., 3 oct. 2006 n° 05-12.410 : JurisData n° 2006-035332 : Bull. Joly 2007, p. 33,

6
note J.-F. Barbièri ; Rev. sociétés 2007, p. 117, note Ph. Merle ; JCP G 2007, I, 107, n° 7, obs. J.-J.
Caussain, Fl. Deboissy et G. Wicker ; RTD com. 2007, p. 164, note P. Le Cannu. – CA Toulouse, 2e
ch., sect. 1, 13 janv. 2005 : JurisData n° 2005-275419 ; Dr. sociétés 2005, comm. 160, obs. H.
Hovasse). En dehors d'une délégation de pouvoir régulière, les administrateurs agissant
individuellement n'ont pas davantage le pouvoir de représenter la société dans l'exercice d'une
action en justice (Cass. com., 3 oct. 2006, n° 05-13.244 : JurisData n° 2006-035456 ; RTD com.
2007, p. 164, obs. P. Le Cannu).

En revanche, le directeur général est investi par l'article L. 225-56 du Code de commerce, des
pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société et pour la
représenter dans ses rapports avec les tiers : il peut tout à la fois décider d'agir puis
représenter la société en justice dans l'instance engagée à son initiative. Le président recueille
ces pouvoirs lorsqu'il cumule ses fonctions avec celle de directeur général. C'est au conseil
d'administration qu'il appartient de décider la réunion ou la dissociation des missions de
présidence et de direction générale, dans les conditions fixées par les statuts : cette faculté
s'exerce par une modification statutaire des sociétés qui étaient déjà immatriculées à la date
de publication de la loi du 15 mai 2001 (le 16 mai 2001), dans la mesure où elle s'applique
immédiatement à ces sociétés. À cette fin, l'article 131, I, de la loi du 15 mai 2001 a prévu
qu'une assemblée générale extraordinaire devait être convoquée dans un délai de dix-huit
mois à compter de la publication de la loi ; à défaut, tout intéressé pourrait demander en référé
qu'il soit enjoint au conseil de procéder à cette convocation. Le décret n° 2002-803 du 3 mai
2002 portant application de la troisième partie de la loi relative aux nouvelles régulations
économiques, établit les règles de publicité afférentes à la nouvelle organisation de la société
anonyme (B. Saintourens, Les dispositions du décret du 3 mai 2002, relatives aux organes de
direction de la société anonyme : Rev. sociétés 2002, p. 430). L'article R. 123-109 du Code de
commerce prévoit le dépôt du procès-verbal comportant le choix du conseil d'administration
entre les modalités légales d'organisation de la société. L'article R. 225-27 du Code de
commerce prescrit en outre l'insertion d'un avis dans un journal d'annonces légales du
département du siège social.
12. – Aménagements statutaires – Cette répartition légale des fonctions peut être aménagée
par les statuts : ceux-ci peuvent réserver au conseil d'administration le pouvoir de décider
d'agir en justice. L'article L. 225-56 du Code de commerce prévoit que les restrictions
conventionnelles aux attributions du directeur général sont inopposables aux tiers : la règle
s'applique au président qui occupe parallèlement les fonctions de directeur général,
conformément à l'article L. 225-51-1, dernier alinéa du Code de commerce. Ce dispositif est
inspiré de l'ancien article 113 de la loi du 24 juillet 1966 relatif aux pouvoirs du président du
conseil d'administration, qui était destiné à protéger les partenaires de la société.

Le plaideur avec lequel la société est en litige, est le plus souvent un tiers aux statuts. Il peut
s'en tenir à la distribution légale des pouvoirs au sein de la société anonyme : les clauses
restrictives de pouvoir et leur méconnaissance par le dirigeant légal ne peuvent lui être
opposées. Mais en sens inverse, pourrait-il invoquer la clause pour conclure à la nullité de la
demande irrégulièrement formée par un dirigeant à son encontre ?

Sous l'empire des précédentes législations, la Cour de cassation s'était prononcée sur l'exercice
d'une action en justice par le président, alors qu'une clause des statuts conférait au seul conseil
d'administration le pouvoir de décider d'engager l'action. Par un arrêt de principe du 23
octobre 1985, la Cour régulatrice a décidé que l'ancien article 113 de la loi du 24 juillet 1966
“qui déclare inopposable aux tiers les dispositions des statuts limitant les pouvoirs du président
du conseil d'administration d'une société anonyme n'interdit pas aux tiers de s'en prévaloir pour
justifier du défaut de pouvoir de ce président à figurer au procès comme représentant de la
société” (Cass. 2e civ., 23 oct. 1985, Komla c/ Sté d'équipement de la Guadeloupe : JurisData n°
1985-702860 ; Bull. civ. 1985, II, n° 159 ; JCP G 1986, IV, 13 ; D. 1987, somm. p. 32, obs. A.
Bousquet ; Rev. sociétés 1988, p. 408, note B. Bouloc ; RTD civ. 1988, p. 180, note R. Perrot. – adde

7
Cass. soc., 11 juin 1997 : JurisData n° 1997-002769 ; Dr. sociétés 1997, comm. 143, obs. D. Vidal).
Conformément à l'article 117 du Code de procédure civile visé par la Cour de cassation,
l'adversaire de la société peut obtenir l'annulation des actes de procédure accomplis sans
l'autorisation prévue par les statuts. La solution doit être transposée en droit positif pour
sanctionner les excès de pouvoir des directeurs généraux et des présidents qui cumulent leurs
fonctions avec celle de directeur général (sur les directeurs généraux délégués, V. infra n° 13).

Comme l'a relevé M. Perrot, la nature des actes de procédure justifie la décision. L'article L.
225-56 du Code de commerce, comme l'ancien article 113 de la loi de 1966, tend à assurer la
sécurité juridique des cocontractants de la société : celle-ci est liée par les engagements que le
dirigeant a négociés en méconnaissance de ses pouvoirs. Or, la demande en justice est un acte
unilatéral que le défendeur n'a pas voulu et qui tend à le lier, bon gré mal gré, à l'instance : les
exigences de sécurité juridique imposent alors de délier le tiers d'une procédure inopportune
qui n'a pas été régulièrement décidée au nom de la société. Par conséquent, les clauses
statutaires qui limitent le pouvoir d'agir en justice, peuvent être invoquées par l'adversaire de
la société pour obtenir l'annulation des actes de procédure accomplis sans pouvoir : l'article L.
225-56 du Code de commerce ne déroge pas à l'article 117 du Code de procédure civile qui
sanctionne de nullité le défaut ou l'excès du pouvoir d'ester au nom de la société.
13. – Directeurs généraux délégués – La loi du 15 mai 2001 a modifié l'article L. 225-53 du
Code de commerce pour permettre au conseil d'administration, sur proposition du directeur
général, de nommer des directeurs généraux délégués dont il détermine l'étendue et la durée
des pouvoirs ; selon l'article L. 225-56 in fine du même code, les directeurs généraux délégués
disposent, à l'égard des tiers, des mêmes pouvoirs que le directeur général. Ce dispositif
évoque l'ancienne faculté de désigner des directeurs généraux, aux côtés du président, dans
l'organisation antérieure de la société anonyme. Or, sous l'empire des précédentes législations,
l'engagement d'une action en justice par un directeur général avait suscité une controverse.
Selon l'ancien article L. 225-53 du Code de commerce, le conseil d'administration pouvait
donner mandat à une ou plusieurs personnes physiques, les directeurs généraux, afin
d'assister le président : l'ancien article L. 225-56 du Code de commerce leur conférait, à l'égard
des tiers, les mêmes pouvoirs que le président. Dans ce cadre, la chambre commerciale de la
Cour de cassation admettait la recevabilité des demandes formées par un directeur général en
se fondant sur l'assimilation légale des pouvoirs de cet organe par rapport à ceux du président
(Cass. com., 12 juill. 1993 : D. 1993, jurispr. p.549, note Ph. Merle ; Rev. sociétés 1993, p. 803, note
Y. Guyon). En revanche, la chambre criminelle et la chambre sociale de la Haute juridiction
interprétaient strictement la référence légale au mandat, pour exiger que le directeur général
justifie d'une délégation de pouvoir du président (Cass. soc., 13 avr. 1988 : Bull. Joly 1989, p. 82.
– Cass. soc., 27 mai 1992 : Dr. et procédure 1992, p. 1058. – Cass. crim., 6 mai 1985 : Rev. sociétés
1985, p. 850, note B. Bouloc). L'assemblée plénière de la Cour de cassation avait tranché cette
divergence d'analyses : par un arrêt du 18 novembre 1994, elle avait reconnu au directeur
général le pouvoir de représenter la société en justice (Cass. ass. plén., 18 nov. 1994 : JurisData
n° 1994-002141 ; LPA 7 déc. 1994, p. 23, note P. M. ; D. 1995, jurispr. p. 101, concl. M. Jéol, note D.
Cohen ; JCP. G 1995, II, 22360, concl. M. Jéol ; JCP E 1995, II, 649, note A. Viandier ; Bull. Joly 1995,
p. 61, note P. Le Cannu ; Bull. civ. 1994, n° 9 ; Rev. sociétés 1995, p. 296, note Ph. Merle ; RTD com.
1995, p. 127, obs. C. Champaud et D. Danet). La formulation des dispositions nouvelles consolide
cette évolution jurisprudentielle : toute référence au mandat ayant disparu, les directeurs
délégués disposent de plein droit du pouvoir légal de représenter la société dans l'exercice
d'une action en justice.

Il résulte de la combinaison des troisième et dernier alinéas de l'article L. 225-56 du Code de


commerce que toute clause des statuts qui limite le pouvoir du directeur général délégué, est
inopposable au plaideur adverse. Par transposition de l'arrêt du 23 octobre 1985 (Cass. 2e civ.,
23 oct. 1985, Komla c/ Sté d'équipement de la Guadeloupe, préc.), le plaideur devrait en
revanche pouvoir invoquer cette clause pour échapper à une initiative irrégulière d'un
directeur délégué (cf. supra n° 12). La même jurisprudence a vocation à résoudre les conflits

8
entre le directeur général et ses délégués : l'initiative d'un délégué qui serait contraire à la
volonté du directeur général, constitue un excès de pouvoir que seul le plaideur adverse
devrait pouvoir soulever afin de se délier de l'instance irrégulièrement engagée au nom de la
société.
14. – Décision d'agir dans la société avec directoire – Dans la seconde structure de la
société anonyme, introduite par la loi du 24 juillet 1966, la personne morale est dirigée par un
directoire conformément à l'article L. 225-58 du Code de commerce. Cet organe est investi par
l'article L. 225-64 du Code de commerce “des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société. Il les exerce dans la limite de l'objet social et sous réserve de
ceux expressément attribués par la loi au conseil de surveillance et aux assemblées
d'actionnaires”. Néanmoins, la mission de représenter la société à l'égard des tiers est dévolue
au président du directoire par l'article L. 225-66 du Code de commerce ; le conseil de
surveillance peut être autorisé par les statuts à attribuer la même fonction à un ou plusieurs
autres membres du directoire.

Lorsqu'un directeur unique a été nommé, les fonctions de décision et d'exécution sont réunies
sur une même tête : le directeur peut librement initier et exercer une action en justice au nom
de la société. Lorsque plusieurs directeurs ont été nommés, la répartition légale des fonctions
fait du président un organe d'exécution chargé d'extérioriser les décisions collectives du
directoire, dont celle d'engager ou non une action en justice, sous réserve de la désignation de
directeurs généraux, dotés du même pourvoi de représentation que le président du directoire
(B. Mercadal et P. Janin, Sociétés commerciales : Lefebvre, 2009, n° 9170). Certains auteurs en
ont déduit que les actes accomplis par le président, sans habilitation du directoire, sont
entachés d'excès de pouvoir (G. Ripert et R. Roblot, Traité de droit commercial, t. 1, vol. 2, Les
sociétés commerciales par M. Germain : LGDJ, 18e éd. 2002, n° 1703). Le plaideur adverse devrait
pouvoir invoquer la nullité de l'instance engagée sans décision préalable de l'organe collégial,
sur le fondement de l'article 117 du Code de procédure civile : la solution dégagée à l'égard de
la répartition statutaire des pouvoirs dans la société anonyme à conseil d'administration,
s'impose de plus fort en raison de la répartition légale des attributions dans la société à conseil
de surveillance (V. supra n° 12). Pour éviter ce risque d'annulation, il semble opportun de
prévoir en pratique une délégation du pouvoir décisionnel dont dispose le directoire, au profit
du président : celui-ci pourrait alors librement engager les actions en justice.
15. – Conditions d'exercice de l'action – Conformément à la règle selon laquelle "nul ne
plaide par procureur", l'action doit être exercée par le dirigeant au nom de la société et non en
son nom propre (Cass. 3e civ., 15 oct. 1974 : Bull. civ. 1974, III, n° 359).

En sens inverse, la société n'est pas engagée dans le cadre des actions personnelles des
dirigeants qu'ils exercent pour leur propre compte : la communauté d'intérêt entre la société
et ses organes de direction ne suffit pas à caractériser une représentation processuelle de la
personne morale, dans le cadre de ces actions. Aussi la société peut-elle former une tierce
opposition à l'encontre d'un jugement défavorable à son dirigeant (Cass. 2e civ., 5 mai 1993, Sté
Chalmaj c/ Meicler : JurisData n° 1993-000816 ; JCP G 1993, II, 22171, note E du Rusquec ; Bull.
civ. 1993, II, n° 169).

L'action doit être exercée dans l'intérêt de la société et non en collusion frauduleuse avec
l'adversaire, sauf à engager la responsabilité du dirigeant (V. pour une société civile, Cass. 2e
civ., 17 nov. 1971 : Bull. civ. 1971, II, n° 316).
16. – Exercice de l'action au sein d'un groupe de sociétés – Le dirigeant commun à
plusieurs sociétés d'un même groupe ne saurait agir au nom et dans l'intérêt de ce groupe :
conformément à l'autonomie de chaque personne morale, le dirigeant doit agir au nom de
chacune d'elles, en fonction de leurs intérêts propres.

La confusion des patrimoines constatée entre les sociétés d'un groupe, dans le cadre d'une
procédure collective, ne modifie pas la règle : une demande présentée par un liquidateur
judiciaire au nom du groupe de sociétés serait irrégulière (Cass. com., 14 nov. 2000 : JurisData
9
n° 2000-006880 ; D. 2000, act. jurispr., p. 437, note A. Lienhard ; Bull. Joly 2001, p. 251, note P.
Pétel). En revanche, lorsque l'extension de la procédure collective se fonde sur la fictivité de
certaines sociétés, la déclaration de simulation fait disparaître les sociétés apparentes : le
liquidateur judiciaire peut agir à l'égard de l'entité ainsi reconstituée.

DOCUMENT 7

Cass. com., 30 nov. 2004, Sté groupe Joliez Regol c/ Regol : Juris-Data n° 2004-025990

Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (Paris, 22 mai 2001), qu'au cours du conseil
d'administration de la société Groupe Joliez Regol, du 6 juillet 1999, M. Jean-Marie Joliez (M.
Joliez), président du conseil d'administration de cette société, qui avait remis son mandat à la
disposition du conseil, a immédiatement été renommé président de la société avec pour
mission de soumettre un plan de restructuration à une prochaine réunion ; que cette
nomination ayant été considérée par le conseil d'administration comme mettant fin aux
mandats des deux directeurs généraux M. Regol et M. François Joliez, conformément à l'article
116 de la loi du 24 juillet 1966, dans sa rédaction alors applicable et M. Joliez ne proposant pas
la nomination de nouveaux directeurs généraux, M. Regol s'est trouvé écarté de la direction de
la société dont il était fondateur avec M. Joliez ; qu'estimant que cette mise à l'écart s'était
produite dans des conditions équivalentes à une révocation et qu'elle revêtait un caractère
abusif, M. Regol a assigné la société Groupe Joliez Regol en réparation de son préjudice ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Groupe Joliez Regol fait grief à l'arrêt de l'avoir condamnée à payer à M.
Regol la somme de 1 500 000 francs à titre de dommages et intérêts, alors selon le moyen, que
la démission du président d'un conseil d'administration n'a pas à être acceptée par celui-ci et
est immédiatement opposable à la société ; qu'aucune disposition légale n'interdit par ailleurs
au conseil d'administration d'une société anonyme de se donner pour nouveau président, à
l'issue d'un vote régulier, son précédent président démissionnaire ; qu'il s'ensuit qu'en
qualifiant d'artificielle l'élection régulière de M. Joliez aux fonctions de président du conseil
d'administration de la société Groupe Joliez Regol au seul motif que cette élection faisait suite à
la démission de M. Joliez des mêmes fonctions, la cour d'appel a violé l'article 116 de la loi du
24 juillet 1966, ensemble les articles 8 et 110 du même texte ;

Mais attendu qu'après avoir relevé que l'éviction de M. Regol a été obtenue à la faveur d'une
désignation artificiellement qualifiée de nouvelle qui a permis au président de ne pas proposer
de directeurs généraux et ainsi d'écarter ceux qui étaient en fonction sans les révoquer
officiellement, l'arrêt retient que cette façon de procéder pour évincer de la direction de la
société l'un de ses fondateurs a été déloyale ; qu'en l'état de ces constatations et énonciations,
la cour d'appel a pu statuer comme elle a fait ; d'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Et sur le second moyen :

Attendu que la société Groupe Joliez Regol fait le même grief à l'arrêt, alors, selon le moyen :

1°) qu'il est constant que M. Regol assistait à la réunion de conseil d'administration du 6 juillet
1999 au cours de laquelle M. Joliez, nouvellement élu au poste de président du dit conseil, a fait
part de son intention de ne pas proposer aux administrateurs le renouvellement du mandat
des deux directeurs généraux, dont M. Regol ; qu'en considérant que cette décision « avait été
prise en dehors de toute contradiction » sans préciser en quoi M. Regol aurait été mis dans
l'impossibilité de faire valoir ses arguments lors de la réunion du 6 juillet 1999, la cour d'appel
a privé sa décision de tout fondement légal au regard de l'article 1382 du Code civil ;

10
2°) que la révocation d'un directeur général peut intervenir à tout moment et n'est abusive que
si elle a été accompagnée de circonstances qui portent atteinte à la réputation ou à l'honneur
du dirigeant révoqué ; qu'en tirant argument du fait que les salariés et actionnaires avaient été
inexactement informés de ce que le conseil d'administration avait décidé de ne pas nommer de
directeurs généraux sans faire ressortir en quoi cette circonstance était de nature à porter
atteinte à la réputation ou à l'honneur de M. Regol, la cour d'appel a encore privé sa décision de
base légale au regard de l'article 1382 du Code civil ;

3°) qu'en retenant « la manière intempestive et vexatoire dont M. Regol s'est vu retirer les
avantages liés à ses anciennes fonctions » sans indiquer si ces faits avaient fait l'objet d'une
publicité malveillante de nature à nuire à la réputation ou à l'honneur de M. Regol, la cour
d'appel a derechef privé sa décision de fondement légal au regard de l'article 1382 du Code
civil ;

Mais attendu, que par motifs propres, l'arrêt relève que la démission du président du conseil
d'administration n'était pas à l'ordre du jour de la réunion du 6 juillet 1999 et qu'aucun
élément du dossier ne permet d'établir qu'une décision de révocation des directeurs généraux
était envisagée dans ce cadre et que M. Regol devait s'attendre à en subir les conséquences ;
que par motifs adoptés, l'arrêt précise que la lecture du procès verbal de ce conseil
d'administration démontre qu'il n'y a eu aucune discussion ni aucune possibilité donnée à M.
Regol de connaître les motifs de la décision prise à son encontre et de pouvoir présenter ses
observations pour la défense de ses intérêts, ce dont il résulte que le principe de la
contradiction n'avait pas été respecté, la cour d'appel a, par ce seul motif et sans avoir à
procéder à d'autres recherches, légalement justifié sa décision ; que le moyen n'est fondé en
aucune de ses branches ;

Par ces motifs :

Rejette le pourvoi ; (...)

11

Vous aimerez peut-être aussi