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CR CO II-TORRIONE/BARAKAT, art.

960a

Commentaire romand Code des obligations II Art. 960a CO

HENRI TORRIONE/AURÉLIEN BARAKAT, in:


Pierre Tercier, Marc Amstutz, Rita Trigo Trindade
Code des obligations II
2e édition, 2017
Helbing Lichtenhahn Verlag, ISBN 978-3-7190-3169-5

[Seite 2422] Art. 960a


1
II. Actifs Lors de sa première comptabilisation, un actif est évalué au plus
à son coût d’acquisition ou à son coût de revient.
1. En général
2
Lors des évaluations subséquentes, la valeur de l’actif ne peut
être supérieure à son coût d’acquisition ou à son coût de revient.
Les dispositions relatives à certaines catégories d’actifs sont
réservées.
3
Les pertes de valeur dues à l’utilisation de l’actif et au facteur
temps sont comptabilisées par le biais des amortissements, celles
dues à d’autres facteurs, par le biais de corrections de valeur. Les
corrections de valeur et les amortissements sont calculés
conformément aux principes généralement admis dans le
commerce. Ils sont imputés directement ou indirectement sur l’
actif visé, à charge du compte de résultat ; leur comptabilisation
au passif est prohibée.
4
Des amortissements et corrections de valeur supplémentaires
peuvent être opérés à des fins de remplacement et pour assurer la
prospérité de l’entreprise à long terme. L’entreprise peut, pour les
mêmes motifs, renoncer à dissoudre des amortissements ou des
corrections de valeur qui ne sont plus justifiés.

[Deutsche Fassung]
1
II. Aktiven Bei ihrer Ersterfassung müssen die Aktiven höchstens zu den
Anschaffungs- oder Herstellungskosten bewertet werden.
1. Im
2
Allgemeinen In der Folgebewertung dürfen Aktiven nicht höher bewertet
werden als zu den Anschaffungs- oder Herstellungskosten.
Vorbehalten bleiben Bestimmungen für einzelne Arten von Aktiven.
3
Der nutzungs- und altersbedingte Wertverlust muss durch
Abschreibungen, anderweitige Wertverluste müssen durch
Wertberichtigungen berücksichtigt werden. Abschreibungen und
Wertberichtigungen müssen nach den allgemein anerkannten
kaufmännischen Grundsätzen vorgenommen werden. Sie sind direkt
oder indirekt bei den betreffenden Aktiven zulasten der
Erfolgsrechnung abzusetzen und dürfen nicht unter den Passiven
ausgewiesen werden.
4
Zu Wiederbeschaffungszwecken sowie zur Sicherung des
dauernden Gedeihens des Unternehmens dürfen zusätzliche
Abschreibungen und Wertberichtigungen vorgenommen werden. Zu
den gleichen Zwecken kann davon abgesehen werden, nicht mehr
begründete Abschreibungen und Wertberichtigungen aufzulösen.

[versione italiana]

1
Alla prima contabilizzazione gli attivi devono essere valutati al
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CR CO II-TORRIONE/BARAKAT, art. 960a

1
II. Attivi Alla prima contabilizzazione gli attivi devono essere valutati al
massimo al loro costo di acquisto o di produzione.
1. In genere
2
Nelle valutazioni successive il valore degli attivi non può essere
superiore al loro costo di acquisto o di produzione. Sono fatte salve le
disposizioni concernenti singole categorie di attivi.
3
Le perdite di valore dovute all’utilizzazione o al tempo e quelle
dovute ad altri fattori vanno contabilizzate procedendo
rispettivamente ad ammortamenti e a rettifiche di valore. Gli
ammortamenti e le rettifiche di valore devono essere effettuati in
conformità ai principi generalmente ammessi nel commercio.
Devono essere direttamente o indirettamente imputati agli attivi in
questione, a carico del conto economico ; non possono essere iscritti
nei passivi.
4
Possono essere effettuati ammortamenti e rettifiche di valore
supplementari a fini di sostituzione e per garantire durevolmente la
prosperità dell’impresa. Per gli stessi motivi, l’impresa può
rinunciare a sciogliere ammortamenti e rettifiche di valore che non
sono più giustificati.

BIBLIOGRAPHIE
Cf. bibliographie CO 957.

[Seite 2423] I. Evaluation lors de la première comptabilisation

A. Le coût historique de CO 960 I

CO 960a I introduit une nouveauté en matière d’évaluation des actifs : il distingue l’ 1


évaluation lors de la première comptabilisation, des évaluations subséquentes. Selon
CO 960a, l’évaluation d’un actif se fait lors de la première comptabilisation « au plus »
1
selon son coût historique (« Kostenwertprinzip » ), c’est à dire selon son prix d’
acquisition s’il a été acquis de tiers, ou selon son coût de revient s’il a été généré en
2
interne . Cette règle est conforme au droit européen qui prévoit également le coût
3
historique comme règle de base . On va voir plus bas que selon CO 960a II « lors des
évaluations subséquentes », il y a le même maximum constitué par le coût historique
qui doit être respecté. En imposant comme valeur maximale le coût historique, la loi
interdit d’incorporer dans les comptes toute plus-value sur un actif, tant que cet actif
continue de figurer dans les comptes, c’est-à-dire tant qu’il n’a pas été réalisé. Comme
le relevait déjà le Message de 1983, cette disposition signifie que les augmentations de
valeur ne doivent pas apparaître si elles ne sont pas réalisées par le truchement d’
4
une vente. Il s’agit du principe de réalisation , qui est aussi une conséquence du
principe de la prudence (cf. CO 958c I [5] et CO 960 II).

Cette disposition s’explique par l’importance que le législateur de 1936 voulait 2


5
accorder à « l’idée du maintien du capital » . Suivant le Message de 1983, cette raison
à elle seule « commande de ne pas s’écarter du principe d’évaluation au coût
6
historique » . C’est ce principe qui « empêche que l’on fasse état, dans les livres, de
7
bénéfices fictifs susceptibles d’être distribués par la suite » . Les seules exceptions en
droit suisse sont la réévaluation des immeubles et des participations en cas de bilan
8
déficitaire (CO 670) et l’évaluation à leur « valeur réelle » des actifs ayant un prix
courant observable sur le marché (CO 960b).

Cette approche peut être critiquée. Si une exception durable existe pour une partie 3
9
des actifs, principalement circulants et conformément à la pratique internationale ,
qui sont évalués à leur « juste valeur » dès lors qu’ils sont réalisables en tout temps, le
législateur suisse semble ne pas avoir envisagé que d’éventuelles réévaluations sur
actifs immobilisés pouvaient être créditées directement en capitaux propres sous un
libellé « écart de réévaluation », comme exigé par IAS 16 § 40, et que le poste en

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question pouvait être frappé d’une interdiction de distribution. Le maintien du


capital-actions ne constitue donc pas à lui seul une raison suffisante pour justifier l’
10
approche adoptée . L’AP-LECCA proposait d’ailleurs sur ce point une approche
semblable à celle des normes IFRS (voir AP-LECCA 22).

B. CO 960a I n’impose-t-il qu’un plafond, mais pas de plancher ?

CO 960a I fixe clairement un plafond qui ne peut pas être dépassé (la loi utilise l’ 4
expression « au plus »). L’enregistrement d’un actif acquis auprès d’un tiers pour une
valeur supérieure à son coût d’acquisition ou de revient est ainsi une violation de
11
cette règle d’évaluation . La [Seite 2424] question de la première évaluation ne
concerne pas que le premier enregistrement comptable, mais chaque enregistrement
12
dans un nouveau poste du bilan .

La disposition fixe-t-elle aussi une limite inférieure ? La lettre de la loi ne mentionne 5


pas de limite inférieure. Une partie de la doctrine soutient cependant qu’il existe une
telle limite. Si en effet l’élément de l’actif est porté au bilan à une valeur inférieure à
son coût d’acquisition ou de revient, il est nécessaire de faire figurer comme charge
la différence, sous peine de violer le droit comptable. Si par exemple une entreprise
acquiert un actif immobilisé pour une valeur de 100, mais ne fait figurer cet actif
immobilisé que pour une valeur de 90, alors il faut enregistrer une charge de 10 au
13
compte de résultat . La comptabilisation de cette charge au compte de résultat doit
alors être justifiée d’une manière ou une autre, et normalement elle ne peut pas l’être
pour une première comptabilisation d’un nouvel actif, qui doit en effet se faire
conformément à CO 959 II. Cette contrainte conduit à reconnaître qu’il existe une
14
limite inférieure pour l’évaluation au moment du premier enregistrement . Ce seuil
n’est cependant pas applicable lors d’évaluations subséquentes : la diminution de
valeur se justifie alors « conformément aux principes généralement admis dans le
commerce », en raison du « facteur temps » ou pour « d’autres facteurs » (CO 960a III).

II. Evaluations subséquentes

A. La fixation d’un maximum uniquement, pas d’un minimum

Comme on l’a dit, CO 960a II, au contraire de CO 960a I, n’impose en matière d’ 6


évaluation qu’un maximum, mais pas de minimum. En particulier, CO 960a II n’
impose pas de considérer que le coût d’acquisition ou de revient constitue un
plancher en dessous duquel l’entreprise ne pourrait pas descendre. Bien plus, la
disposition n’impose pas non plus de considérer que le coût historique de l’
immobilisation, diminué des amortissements et corrections de valeur nécessaires
selon CO 960a III, constitue un plancher au-dessous duquel l’entreprise ne peut pas
descendre. Comme le relève le Message de 1983, et cela reste valable pour CO 960a à
CO 960d, ces dispositions n’imposent pas un mode d’évaluation contraignant mais
15
seulement des maxima ; ce façonnage des règles d’évaluation a pour but de laisser l’
espace nécessaire à la création volontaire de réserves latentes (v. CO 960a IV). Dans le
langage courant, cependant, la référence à ces maxima est souvent présentée comme
16
un mode d’évaluation contraignant . Il n’en est rien : on peut aller en dessous.

Il ne faut cependant pas oublier que ce façonnage des règles d’évaluation permettant 7
la création volontaire de réserves latentes ne signifie pas que le droit suisse ne
contient aucun frein face à la création de telles réserves. Comme on l’a expliqué en
commentant CO 960 II, la loi de 2011 a, contrairement au droit de 1991, introduit une
limite en matière de mesures de création de réserves latentes arbitraires, c’est-à-dire
s’agissant des amortissements, corrections de valeur ou provisions non justifiés
objectivement, arbitraires donc (par exemple ceux qui sont visés par CO 960a IV). Il
ne faut pas confondre cette limite avec une interdiction générale : il n’y a pas d’
interdiction générale s’agissant de la constitution volontaire de réserves latentes
arbitraires en droit suisse. Cette limite, formulée par CO 960 II comme le principe qui
interdit des évaluations qui pourraient « empêcher une appréciation fiable de la

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situation de l’entreprise », signifie en pratique que l’arbitraire dans les mesures d’


évaluations n’est désormais possible que pour des mesures qui se tiennent en
dessous du seuil d’importance relative en matière de compte de résultat, seuil que
Böckli fixe à 10 % du résultat net annuel.

[Seite 2425] B. Le coût historique selon CO 960a II

Le plafond pour les évaluations subséquentes est le coût historique, à savoir le coût d’ 8
acquisition du bien ou son coût de revient. La coût d’acquisition est relativement
simple à déterminer : il s’agira du prix d’achat, dans lequel on inclura l’ensemble des
charges liées à l’achat en question, à savoir, à titre illustratif, les frais de
17
dédouanement, de transports ou d’assurances . Il est en revanche plus compliqué de
déterminer le coût de revient ; on utilisera en règle générale le prix de la matière
18
première, auquel on ajoutera les coûts de production et de finition cas échéant . Le
droit européen définit le coût de revient comme suit : « la somme du prix d’
acquisition des matières premières et des consommables et des autres coûts
19
directement imputables au produit considéré » .

Une réévaluation d’un bien de l’actif est naturellement possible, à travers par 9
exemple la dissolution d’une correction de valeur n’ayant plus de sens, bien que la
20
valeur réévaluée ne doive pas dépasser le coût historique .

Peut-on aller au-dessus du coût historique en évaluant ? La réponse est positive, 10


comme indiqué plus haut, pour les catégories d’actifs qui font l’objet d’une
règlementation différente, par exemple les actifs côtés en bourse qui sont détenus à
court terme (CO 960b).

C. L’absence de référence expresse dans la loi à la valeur d’utilité

Comme la doctrine l’a relevé à juste titre, la loi ne mentionne plus l’existence de la 11
valeur d’utilité comme plafond (aCO 690 II prévoyait que « la valeur de tous les
éléments de l’actif ne peut y figurer pour un chiffre dépassant celui qu’ils
21
représentent pour l’entreprise à la date du bilan ») . L’ancien droit conduisait au fait
qu’entre le coût historique (aCO 665) et la valeur d’utilité à la date du bilan (aCO 960
II), c’était le chiffre le plus bas qui devait être retenu afin de respecter le cumul de
deux maxima fixés par la législation. Cette évaluation au plus faible des deux
maxima résultait d’ailleurs d’une application du principe de « la valeur la plus basse
», lui-même une conséquence du principe de la prudence (v. CO 960 II).

Dans la mesure où la prise en compte d’une valeur d’utilité plus basse que la valeur 12
historique résulte du principe de la prudence, le fait que la valeur d’utilité ne soit
plus mentionnée dans la loi ne change rien à la situation antérieure. Il y a une autre
raison pour admettre que la valeur d’utilité continue à avoir de l’importance dans de
nombreuses situations : on peut considérer que le principe suivant lequel en cas de
surévaluation d’éléments de l’actif, « les valeurs doivent être adaptées » (CO 960 III),
renvoie à CO 960a III, qui précise que les pertes de valeur qui ne sont dues ni à l’
utilisation de l’actif ni au facteur temps, sont prises en compte par des corrections de
valeur « calculées conformément aux principes généralement admis dans le
commerce », ces principes renvoyant, s’agissant d’actifs immobilisés, à la valeur qu’ils
représentent pour l’entreprise, donc à la valeur d’utilité de ces actifs. On va revenir
sur cette question ci-dessous dans la section sur le calcul des corrections de valeur.

La valeur d’utilité d’un actif est sa valeur pour l’entreprise en cause, non pas une 13
valeur fixée abstraitement. Dans ce sens, on décrit parfois cette valeur comme
22
subjective , non pas parce qu’elle ne résulte pas d’une appréciation objective, mais
parce que l’évaluation est faite exclusivement en fonction de l’utilité de l’actif pour l’
entreprise en question. La doctrine utilise l’expression « valeur d’utilité » pour
23
désigner la valeur visée par aCO 960 II (« Nutzwert ») ou par [Seite 2426] fois aussi, de
24
façon moins exacte, l’expression « valeur d’exploitation » , ou plus simplement « la
valeur pour l’entreprise ».

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III. Les amortissements et corrections de valeur calculés conformément aux principes


généralement admis dans le commerce (CO 960a III)

Suivant le Message, les pertes de valeur d’un actif se traduisent par un 14


amortissement ou une correction de valeur, en fonction de l’origine de la perte de
25
valeur . CO 960a III prévoit en effet l’obligation d’enregistrer les pertes de valeur d’
un actif à travers un amortissement ou une correction de valeur. Les corrections de
valeur ont pour objet d’enregistrer la perte de valeur du bien indépendamment de
son utilisation et du facteur temps. Ces enregistrements de pertes de valeur sont
appelés « impairments » en anglais, et sont distinguées des amortissements («
depreciations »). L’amortissement se limite, en effet, à refléter le « rythme selon lequel
26
l’entité s’attend à consommer les avantages économiques futurs liés à l’actif » .

C’est là une évolution positive du droit suisse dans la terminologie. Le Message de 15


1983 distinguait en effet entre amortissement et correction de valeur en fonction du
type d’actifs concernés : « l’amortissement est la correction de valeur sur le capital
27
immobilisé », alors que « les corrections de valeur se font sur l’actif circulant » . Une
partie de la doctrine avait approuvé cette délimitation du Message de 1983 entre les
28
notions d’amortissement et les corrections de valeur . Nous avions relevé dans la
première édition de ce commentaire que « malgré cette position de la doctrine, le
droit comptable suisse ferait probablement mieux de suivre les usages
internationaux dans ce domaine […]. Il n’existe aucune justification pour désigner
par un terme différent une opération de réduction de valeur portant sur un actif
immobilisé (p. ex. une immobilisation financière), et la même réduction de valeur
lorsqu’elle porte sur un actif circulant (sur un élément du stock ou sur des titres
faisant partie de l’actif circulant). Le terme utilisé doit dénoter la nature de la
réduction de valeur, non pas le type d’actif concerné ».

A. La définition des amortissements

Lorsqu’un actif se déprécie à cause de son utilisation ou lorsque le facteur temps est 16
29
en cause, alors on parle d’un amortissement . Le Message précise que les
amortissements « sont des ajustements de valeur systématiques et récurrents, qui s’
étalent généralement sur la durée d’utilité d’un actif ou qui sont fixés en fonction de
30
sa capacité de rendement » . Les IFRS définissent l’amortissement comme « la
31
répartition systématique du montant amortissable d’un actif sur sa durée d’utilité » .
L’un des critères principaux est donc la durée d’utilité de l’actif, ce que ni la loi, ni le
Message ne définissent précisément. Les normes internationales déterminent la
32
durée d’utilité d’un actif en fonction de l’utilité attendue de l’actif en question . Elles
précisent également que « la politique de gestion des actifs d’une entité peut faire
intervenir la sortie d’actifs au bout d’un délai spécifié ou après consommation d’une
certaine quantité d’avantages économiques futurs représentatifs de cet actif », ainsi la
durée d’utilité d’un actif n’est pas nécessairement aussi longue que sa vie économique
33
.

[Seite 2427] B. La définition des corrections de valeur

CO 960a III donne une définition négative des corrections de valeur : toute perte de 17
valeur d’un actif qui n’est pas liée à l’utilisation ou au facteur temps doit être
34
enregistrée sous forme de correction de valeur . Les « vraies corrections de valeur »,
telles que définies par une partie de la doctrine, sont donc en général dues à un
35
événement extraordinaire ou auquel on ne s’attendait pas . Il s’agit selon le Message
d’ajustements uniques sur la valeur d’un actif : elles sont plutôt courantes, dit le
36
Message, sur les éléments de l’actif circulant comme les créances et les stocks . A
titre illustratif, le Message cite le cas du produit qui perd en valeur car il ne répond
37
plus aux besoins du marché . Mais les corrections de valeur portent aussi sur les
actifs immobilisés. Le Message donne l’exemple d’une correction de valeur lorsque
des circonstances imprévisibles, qui ne découlent pas de l’utilisation régulière de l’
actif, causent une dépréciation. Par contre, dit le Message, s’il s’avère nécessaire d’

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adapter un plan d’amortissement, il faut procéder à un rattrapage des


amortissements planifiés. Les IFRS utilisent en français le terme « perte de valeur » et
le définissent comme « le montant par lequel la valeur comptable d’un actif ou d’une
38
unité génératrice de trésorerie excède sa valeur recouvrable » .

C. Le calcul des amortissements et des corrections de valeur conformément aux principes


généralement admis dans le commerce

La loi n’impose pas de critère pour définir le montant des amortissements ou des 18
corrections de valeur, mais se contente de prévoir que le calcul de ce montant se fait
39
« conformément aux principes généralement admis dans le commerce » . Le Message
précise que c’est volontairement que le législateur n’a pas été plus, précis, et a ainsi
assuré une certaine liberté aux entreprises, qui doivent néanmoins indiquer les
40
différents choix à l’annexe . La liberté laissée aux entreprises est également limitée
par l’exigence de permanence des méthodes d’évaluations formulée dans CO 958c I
41
(6), le droit européen connaissant une limitation analogue ; les entreprises sont
toutefois libres d’adapter certains facteurs comme la durée d’utilité ou taux d’
42
amortissement .

1. Le calcul des amortissements

La loi n’impose pas de méthode d’amortissement spécifique et autorise aussi bien l’ 19


amortissement direct (les montants d’amortissement sont portés en déduction des
immobilisations, de sorte que seule la valeur résiduelle de celles-ci apparaît), que l’
43
amortissement indirect (comptabilisation des amortissements dans un poste séparé)
. En outre, la loi autorise aussi bien l’utilisation de la méthode linéaire, que l’
44
amortissement dégressif ou l’amortissement progressif . Une partie de la doctrine
soulève à juste titre que pour des motifs principalement liés à la fiscalité, les petites et
moyennes entreprises auront tendance à suivre les indications de la notice de l’
Administration fédérale des contributions sur les amortissements sur les valeurs
immobilisées [Seite 2428] des entreprises commerciales de 1995, afin de s’assurer que
45
les différents amortissements qu’elles veulent faire valoir soient reconnus .

Suivant le Message, différentes méthodes d’amortissements sont possibles pour un 20


même poste du bilan dans la mesure où cela se justifie objectivement. Le Message cite
par la suite une série d’exemples de justifications qui seraient objectives, en
46
indiquant des justifications qui reviennent à un avantage fiscal . Si l’idée d’une
possibilité, pour des raisons objectives, d’appliquer différentes méthodes d’
amortissements à différents actifs d’un même poste du bilan, est pleinement
acceptable, encore faut-il pouvoir démontrer, s’agissant de motivations purement
fiscales, que leur acceptabilité relève des principes généralement admis dans le
commerce.

L’une des questions les plus controversées dans le nouveau droit comptable est la 21
possibilité, pour les entreprises, de bénéficier de certaines pratiques fiscales, comme l’
amortissement unique. Nous proposons d’analyser ce point ci-dessous afin de le
regrouper avec la pratique de l’abattement d’un tiers du stock et les forfaits ducroire
47
sur les créances, la problématique générale étant commune aux trois éléments .

2. Le calcul des corrections de valeur

La loi pose une obligation stricte en matière de correction de valeur à travers CO 960 22
III qui prévoit que si des indices concrets laissent supposer que des actifs sont
surévalués, alors les valeurs doivent être adaptées si après contrôle les indices se
48
concrétisent .

Suivant le Message, « les corrections de valeur ne sont tolérées qu’à concurrence de la 23


dépréciation effective intervenue à la suite d’un événement et il n’est pas permis d’
49
anticiper des pertes future » . Une correction ne peut donc intervenir qu’une fois que
la perte ou le risque a été identifié, et, s’il s’agit d’un risque, seulement si sa

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réalisation apparaît plus probable que non (« more likely than not »), c’est à dire au-
50
delà du seuil de 50 %, ainsi que le prévoient les IFRS . Il faut ainsi relativiser « la
dépréciation effective » à laquelle le Message fait référence, puisqu’un risque qualifié
est en soit déjà suffisant.

Une forme particulière de correction de valeur est la correction de CO 960b II s’ 24


agissant d’actifs ayant un prix courant observable afin de palier au risque de
dévaluation des actifs dont les valeurs sont volatiles. Une partie de la doctrine
soutient que cette dernière doit figurer dans la catégorie des corrections de valeur
forfaitaires. La loi indique qu’il s’agit d’une correction de valeur. On peut se
demander s’il ne s’agit pas plutôt d’une provision dès lors que la mesure ne reprend
pas la caractéristique de diminution effective de valeur, propre aux corrections de
51
valeur, mais sert au contraire à couvrir un risque .
52
Comme nous l’avons relevé ci-dessus , le nouveau droit ne reprend pas 25
explicitement la notion de valeur d’utilité, mais cette valeur peut s’imposer, comme
on l’a dit, dans le contexte de l’application du principe de prudence, ou à travers le
recours « aux principes généralement admis dans le commerce » (CO 960a III) pour le
calcul des corrections de valeur.

Pour déterminer le montant de la perte de valeur éventuelle d’un actif par rapport à 26
sa valeur historique, et fixer ainsi la valeur maximale de l’actif en question, il faut
tenir compte, suivant les circonstances et le bien en cause, de la « valeur vénale » du
bien sur le marché (lorsqu’il s’agit d’un bilan de liquidation, ou lorsqu’il s’agit d’un
actif destiné à être vendu sur le marché, [Seite 2429] p. ex. des produits finis), du coût
actuel du bien sur le marché (s’agissant p. ex. de matières premières), ou bien
finalement cette valeur peut être l’utilité, exprimée en termes monétaires, de l’
utilisation future du bien par l’entreprise (« valeur actuelle » du bien). Sur ces
différentes conventions d’évaluation, v. supra ad CO 960 N 1.

Pour déterminer le montant de la perte de valeur sur actif immobilisé, la valeur d’ 27


53
utilité pour l’entreprise n’est pas nécessairement la valeur de marché . S’il s’agit d’un
actif immobilisé, le bien en question n’est, en effet, pas destiné à la vente, mais à une
utilisation à moyen ou long terme par l’entreprise, si bien que le principe de la
prudence n’impose pas nécessairement la prise en compte d’une valeur sur le
marché plus basse.

La même approche est adoptée par les IFRS pour PME, qui précise que c’est la valeur 28
la plus élevée entre le prix de vente net de l’actif (valeur diminuée des coûts de vente)
et sa valeur d’utilité qui doit être prise en considération en matière d’évaluation
recouvrable (§ 27.11). Suivant les IFRS pour PME, qui sur ce point peut être utilisée
54
pour concrétiser les règles applicables en droit suisse , « la juste valeur diminuée des
coûts de la vente est le montant pouvant être obtenu de la vente d’un actif ou d’un
groupe d’actifs lors d’une transaction dans des conditions de concurrence normale
entre des parties bien informées et consentantes, diminué des coûts de sortie » ; la
valeur d’utilité est la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs estimés attendues
de l’utilisation continue d’un actif et de sa sortie à la fin de sa durée d’utilité. La
détermination de la valeur d’utilité constitue un domaine complexe de la
comptabilité, qui devrait probablement être traité en fonction du cadre de référence
utilisé ou, si les comptes sont établis d’après la loi, en utilisant un cadre de référence
reconnu. La loi actuelle ne contient pas expressément un tel renvoi, sauf à considérer
que le renvoi aux « principes généralement admis dans le commerce » de CO 960a III
55
peut être compris aussi comme renvoi à un cadre de référence reconnu .

Ainsi, un actif immobilisé, contrairement à un élément du stock, peut être évalué à 29


un montant supérieur au prix pratiqué sur le marché à la date du bilan, dans la
mesure où ce montant correspond à la valeur d’utilité du bien pour l’entreprise, et
respecte le principe de l’évaluation au coût historique diminué des amortissements et
56
corrections de valeur nécessaires .

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3. Les pratiques fiscales en faveur des entreprises : l’abattement d’un tiers du stock, les forfaits
ducroire et l’amortissement unique

Le Message rappelle qu’en rapport avec les exigences du droit fiscal, « les forfaits de 30
ducroire de 5 % (Suisse) et 10 % (étranger), l’abattement d’un tiers sur le stock de
marchandises (Warendrittel) et l’amortissement unique des investissemnents
57
demeurent aussi autorisés » . Il précise aussi qu’il est possible de recourir à
différentes méthodes d’amortissement dans un même poste du bilan, en donnant l’
exemple des immobilisations corporelles : « il peut s’avérer judicieux, suivant la
règlementation fiscale cantonale, d’amortir les grandes installations presque
entièrement l’année d’acquisition et en une seule fois (amortissement unique), mais
de prévoir un amortissement dégressif pour les machines ou les véhicules, aux taux
58
maximum prescrits par les autorités fiscales » .

IV. Les amortissements et corrections de valeur à des fins de remplacement et pour


assurer la prospérité de l’entreprise à long terme (CO 960a IV)

Cf. ad CO 960 II. 31

[Seite 2430] V. Révision du droit de la société anonyme

Le 23 novembre 2016, le Conseil fédéral a remis au Parlement un projet modifié 32


59
visant à réviser le droit de société anonyme . Afin de ne pas entraver la révision du
droit comptable qui était jumelée à la révision du droit de la société anonyme, les
er
nouvelles dispositions de CO 957 ss sont entrées en vigueur au 1 janvier 2013. Le
projet de révision du droit de la société anonyme ne prévoit pas que CO 960a soit
modifié.

Fussnoten:
1 V. p. ex. BÖCKLI, Neue RL, N 854.

2 FF 2008 1530.

3 Art. 6 I (i) de la Directive comptable de 2013.

4 FF 1983 II 829.

5 Id., 825.

6 Id., 829.

7 Ibid.

8 Cette disposition est cependant appelée à être abrogée lors de la prochaine révision du droit de la
société anonyme, FF 2008 1477.

9 Norme IAS 39 (46) et l’art. 8 de la Directive comptable de 2013.

10 V. dans le même sens la Directive comptable de 2013 qui, à la fois, interdit l’inscription au bilan de
bénéfices non réalisés à l’art. 6 I (c)(i) et autorise les réévaluations d’immobilisations sous réserve
de la comptabilisation du montant de la réévaluation dans un poste « Réserves de réévaluation » à l’
art. 12.

11 BÖCKLI, Neue RL, N 854.

12 HANDSCHIN, N 586.

13 BÖCKLI, Neue RL, N 854.

14 Ibid.

15 FF 1983 833.

16 V. p. ex. BSK OR II- NEUHAUS/HAAG , CO 960a N 1 : « Die Ersterfassung von Akitven erfolgt nach
Kostenwertprinzip ».

17 BÖCKLI, Neue RL, N 897.

18 Id., N 898.

19 Art. 2 (7) de la Directive comptable de 2013.

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CR CO II-TORRIONE/BARAKAT, art. 960a

20 BÖCKLI, Neue RL, N 860.

21 Id., N 906.

22 BSK OR II-NEUHAUS/BLÄTTLER, 2012, CO a960 N 11, développé sous l’ancien droit.

23 BOSSARD, CO 960 N 41.

24 MSA 2009, N 2.2113 (40).

25 FF 2008 1530.

26 IAS 16 (60).

27 FF 1983 II 918.

28 BÖCKLI, § 8 N 465, et BSK OR II-NEUHAUS/BLÄTTLER, 2012, CO a663 N 24-26.

29 FF 2008 1530.

30 Ibid.

31 IAS 16 (6).

32 IAS 16 (57).

33 Ibid.

34 BÖCKLI, Neue RL, N 982.

35 BÖCKLI, Neue RL, N 983, l’auteur oppose les « eche Wertberichtigung » au « unechte
Wertberichtigung » lorsque ces dernières ne sont pas économiquement fondées mais sont
simplement une mise en œuvre de la possibilité de créer des réserves latentes arbitraires.

36 FF 2008 1530.

37 Ibid.

38 IAS 36 (6).

39 CO 960a III.

40 FF 2008 1530 ; le Message renvoie de manière très générale à CO 959c ; il faut préciser qu’il s’agit d’
un cas d’application de CO 959c I (1).

41 Le principe de permanence dans l’évaluation est introduit par l’art. 6 I (b) de la Directive
comptable de 2013.

42 FF 2008 1530.

43 Pour les avantages de cette méthode, v. BÖCKLI, § 8 N 437 s., spéc. N 741.

44 Cf. BSK OR II- NEUHAUS/HAAG , CO 960a N 17-20 et les réf. cit. ; v. aussi MSA 2009, N 2.3412 (186 s.) ;
v. ég. BÖCKLI, Neue RL, N 967 s.

45 BÖCKLI, Neue RL, N 965 ; l’auteur liste les différentes pratiques reconnues.

46 FF 2008 1530.

47 Supra N 19 ss, sur les pratiques fiscales en faveur des entreprises.

48 BÖCKLI, Neue RL, N 986.

49 FF 2008 1531.

50 NEUHAUS/SCHNEIDER, N 4.2.1, qui partent de l’idée qu’en application du principe de prudence, un


seuil de réalisation de 40 % peut déjà suffire à justifier une correction (à notre sens, à tort dans la
mesure où il convient de privilégier une interprétation conforme aux normes internationales).

51 Infra CO 960e N 1 ss.

52 Supra CO 960a N 11.

53 MSA 2009, N 2.3412 (184).

54 ATF 136 II 88, c. 3.4 ; IFRS pour PME § 27.14.

55 ATF 136 II 88, c. 3.4 : v. ég. l’explication du MSA 2009, N 2.3412 (184).

56 Cf. BÖCKLI, § 8 N 436.

57 FF 2009 1530.

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CR CO II-TORRIONE/BARAKAT, art. 960a

58 FF 2008 1530 s.

59 FF 2017 625.

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