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Le candidat chercheur rencontre un certain nombre de difficultés qui semblent tenir avant tout à une
méthodologie déficiente. C’est pourquoi le but de ce chapitre est d’offrir un petit «vademecum»
méthodologique susceptible de l’aider à progresser dans sa démarche ainsi qu’à résoudre quelques uns des
problèmes les plus récurrents.
Il convient d’abord de ne pas confondre la démarche d’élaboration et le plan définitif d’un mémoire ou
d’une thèse : ce dernier prend souvent une forme différente de la démarche d'élaboration. Le plan de
construction d’un bâtiment (celui mis en œuvre par l’entrepreneur) n’a pas toujours grand-chose à voir avec
le plan au sol (dessiné par l’architecte). De la même façon, le plan de construction de l’objet en science – les
différentes étapes du plan opératoire - aura bien souvent un design différent du plan de présentation de
l’objet scientifique ainsi construit (plan de rédaction).
C’est le lieu de rappeler les phases opératoires d’un travail de recherche en géographie depuis la genèse
même du projet jusqu’à la mise au point finale. Contrairement aux apparences, l’étape qui nous intéresse –
celle de la rédaction – commence dès le début du processus. En effet, la plus ou moins longue (plusieurs
années quelques fois) maturation du thème général que vous retenez doit être jalonnée de lectures
exploratoires, de consultations diverses dont vous devez conserver des traces écrites. La rédaction de la
bibliographie notamment commence aux premières heures de la recherche : tout document consulté devrait
être désormais inséré dans votre bibliographie, quitte à ce que vous ne reteniez pas cette référence dans la
rédaction définitive.
De même il lui sera loisible d’avoir pour terrain d’investigation l’institution dans laquelle il exerce. Cela
constituera un gain de temps et d’énergie considérable s’il n’est pas obligé d’opérer sur un terrain différent
de celui qu’il fréquente déjà pour des raisons professionnelles. Le candidat joindra ainsi utilement
l’académique au professionnel, pour le plus grand bien des enseignés.
Parfois, la motivation n’est liée ni à une perspective professionnelle, ni à une poursuite d’études, mais tout
simplement à l’envie de comprendre et de «décortiquer» un problème, une question. Dans tous les cas, il
faut toujours commencer un questionnement de départ. Peu importe qu’on lui consacre une heure, une
journée ou une semaine, pourvu qu’elle se fasse avec l'aide critique de collègues, d'amis, d'enseignants.
Retravailler son questionnement de départ jusqu'à obtenir une formulation satisfaisante et correcte, est
indispensable. Le résultat de ce travail n'occupera sans doute qu’une ou deux feuilles de papier mais il
constitue le véritable point de départ de la recherche.
- Si la recherche est une commande (école, fin de formation), et que vous n’avez aucune idée de départ
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Définissez le thème et lisez un ou deux documents (Ouvrage, journaux) ou faire un entretien exploratoire
avec les acteurs sur celui-ci (ouvrages de synthèse ou mieux articles de synthèse)
- Si vous commencez avec une intuition ou des constats de terrain ou si vous avez terminé le point n° 1
Listez toutes les questions qui se posent à vous et classez-les en trois catégories :
- questions simples dont les réponses se trouvent quelque part sur le terrain
- questions théoriques générales
- questions complexes dont personne ne possède la réponse a priori
3. Formulez un projet de question de départ
- Testez cette question de départ auprès de votre entourage, de votre encadreur, et professionnels concernés,
pour vérifier ses qualités de clarté, de précision, et qu'elle est comprise de la même manière par tout le
monde,
- Vérifiez si elle possède également les autres qualités et critères énoncés ci-dessus, reformulez-la en tenant
compte des remarques qui vous ont été faites.
Le projet de recherche est donc momentanément orienté par un questionnement de départ, il s'agit
maintenant de se décentrer de la vision initiale (forcément limitée). Un recueil d'information sur l'objet
étudié va permettre de trouver différentes manières de l'aborder, avec ses multiples dimensions.
L’exploration va ainsi permettre d’ouvrir les contenus du champ de travail, grâce à deux approches souvent
menées en parallèle : d'une part un premier niveau de lecture et de recherche documentaire, et d'autre part
des entretiens non directifs ou d'autres méthodes d’investigation sur le terrain (on pourrait parler de pré-
enquête pour cette phase exploratoire).
Les lectures
Les lectures préparatoires servent d'abord à s'informer des recherches déjà menées sur le thème du travail et
à situer la nouvelle contribution envisagée par rapport à elles. Grâce à ses lectures, le chercheur pourra en
outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente pour aborder son objet de recherche.
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Dans tous les cas de figure, l’entreprise doit être mûrement réfléchie car elle implique un investissement non
seulement en temps, mais aussi en énergie et en argent. Cela implique, et c’est le plus important, une
capacité à vivre une période plus ou moins longue avec son sujet. Il s’agit également d’un défi sur soi qui
procurera un enrichissement personnel à partir du moment où tout le processus aura été couvert et donnera à
l’étudiant le sentiment d’avoir relevé le défi qu’il s’est fixé. Il s’agit enfin d’un engagement sur une durée
qui va bien au-delà du travail classique des cours et des évaluations et qui implique par conséquent de s’y
consacrer pleinement, ce qui peut occasionner des alternances de phases de grande satisfaction, mais aussi
de découragement. Quelques principes de base doivent à ce titre être connus du candidat chercheur dès
l’entrée dans le processus de recherche géographique.
Tout d’abord, la recherche dans laquelle il va s’engager s’inscrit forcément dans une histoire dont les limites
sont constituées par l’acceptation de l’engagement, au tout début du processus, à la soutenance- l’extrême
fin de ce même processus. Cela signifie qu’à partir du moment où la décision est prise d’engager une
recherche, le temps est compté. Il est donc impératif, dès le départ, d’adopter un calendrier échéancier et de
s’y tenir. Le temps passe toujours plus vite qu’on le pense, et il peut être amputé par des circonstances
imprévues plus encore dans nos pays du Sud qu’ailleurs (maladie, événements familiaux, documentation
plus difficilement accessible que prévu, disparition d’une source de financement, pertes de données,
rédaction plus longue que prévue, temps de frappe sous-estimé, panne d’ordinateur, etc). Les institutions que
le candidat souhaite consulter peuvent être fermées à certaines périodes de l’année et si la documentation est
commandée à l’étranger, il convient de prévoir les délais d’acheminement. Les personnes que l’on souhaite
avoir en entretien peuvent également avoir des indisponibilités ou être amenées à changer de poste. C’est
pourquoi, le candidat doit dès le départ accepter l’idée qu’il doit être actif – et productif - dès les premiers
instants et dominer au plus vite son travail afin d’anticiper les problèmes qui ne manqueront pas d’émailler
le processus de recherche géographique.
b - Délimitation de l'unité de temps et de l'espace (le terrain) sur lesquels porte l'investigation;
c - Choix d'une méthode d'analyse (inductive, déductive, approche empirique ou théorique, macro ou micro
analyse, etc.)
e -Mise en perspective de la spécificité du sujet, de son intérêt propre, de sa pertinence et de ce qui permet
d'envisager son traitement comme un apport au domaine auquel il se rattache ; par là, l'étudiant vient à
préciser son apport personnel et évite de faire une simple compilation.
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f -Perspective globale et rapide sur la documentation disponible ; cette démarche est indispensable pour
pouvoir, dès la première phase, être en mesure de préciser :
Une fois que le problème et les variables à prendre en considération sont dégagés sur la base des travaux
préliminaires, il faut construire les questions de recherche en rapport avec la préoccupation de départ. Une
question principale avec des questions spécifiques.
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Cette étape ne doit pas être négligée. C’est elle qui va permettre de dire si le projet est réalisable ou non. Le
candidat doit donc être actif dès le départ et s’assurer de la « faisabilité» de son sujet. Cela implique de
dépouiller systématiquement, notamment via Internet et les banques de données qui y sont accessibles, les
catalogues des bibliothèques à consulter, de faire un premier point de revues utilisables, éventuellement des
travaux universitaires réalisés sur le thème/sujet mais non publiés (rapports, mémoires, thèses)... et d’évaluer
les manques à combler. Cela implique également de rédiger des notes de lecture, consigner par écrit des
idées, commentaires, appréciations réutilisables par la suite.
À la fin de cette première phase, on doit aboutir à une conception opérationnelle d'un sujet précis, des
possibilités de le traiter, et de la manière dont il sera abordé. Cette phase doit donc se terminer par la
rédaction d’une première note-bilan constituant le point de départ, répondant au moins à l'ensemble des
questions soulevées et permettant de savoir d'où l'on part et où on va.
3. Problématique
Il s’agit d’indiquer clairement le problème de recherche qui peut partir des observations générales de terrain,
des recherches précédentes ou des informations contenues dans des journaux. Montrer comment le problème
que vous voulez résoudre se pose concrètement et dégager les variables à prendre en considération. C’est la
problématisation du sujet de recherche qui se fait en trois temps.
• Premier temps : il convient de faire d'abord le point sur le problème tel qu'il est posé par les constats de
terrain, le questionnement de départ enrichi par la recherche documentaire (lectures) et les entretiens de la
phase exploratoire.
Concrètement, cela consiste, d'une part, à repérer et à décrire les différents aspects ou dimensions du
problème (géographiques, sociologiques, psychologiques, économiques, politiques, institutionnelles,
juridiques...etc, et, d'autre part, à prendre en compte le vécu du problème par les principaux protagonistes :
population, professionnels, hiérarchies, institutions...etc.
Il s’agit ensuite de montrer les liens et oppositions qui existent entre ces aspects ou dimensions et points de
vue d’acteurs. Enfin il faut replacer l’ensemble dans la perspective de diverses approches se rattachant
implicitement ou explicitement à des systèmes théoriques qui pourraient servir de cadre à autant de
problématiques.
• Dans un deuxième temps, il s'agit soit d'inscrire son travail dans un des cadres théoriques exposés, soit de
concevoir un nouveau modèle. L’étudiant aura souvent intérêt à se référer à un cadre théorique existant. Ce
choix se fait en tenant compte des convergences apparaissant entre le cadre théorique, la question de départ
et les autres informations retirées de la phase exploratoire. C'est à la lumière de la problématique retenue que
la question de départ prend un sens particulier et précis. Lorsque celle-ci n'a pas été bien précisée
antérieurement, le choix d'une problématique est aussi l'occasion de reformuler la question de départ en
référence à un cadre théorique particulier et de la rendre plus précise.
Dans une situation complexe, il n’y a jamais de réponse directe à la question posée. Il y aura un “vide” entre
les données recueillies lors des premières lectures (les composantes de ce type de situation en général) et la
question finale à laquelle doit répondre provisoirement “l’Hypothèse”. Ce vide il faudra le remplir en
utilisant toutes les connaissances acquises (constats, observations, réflexion...), les données concrètes
recueillies lors de “l’Exploration” et notre réflexion créatrice, le tout mis en forme dans un raisonnement
logique argumenté et justifié par des références théoriques.
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En bref la “Problématique” est un construit de l’ensemble des réponses aux questions que l’on doit se poser
à partir de l’énoncé de base de la situation problème, en vue de proposer une réponse provisoire
(“l’Hypothèse”), qui sera infirmée ou confirmée par “l’Observation” ou “Expérimentation” (soit la
vérification de la validité de la proposition, avec un outil d’investigation : “Questionnaire” - “Entretiens” ou
autres...). Le vide entre les données de base et “l’Hypothèse” doit être rempli à partir de questions
intermédiaires à inventer et dont les réponses progressives permettent de relier les “deux bouts” de la
situation problème.
En bref, l'ensemble thème, objet d'étude, champs d'analyse, théorie de référence, constitue la problématique.
Pour certains auteurs la problématique est la manière d’argumenter et de poser la question, pour d’autres elle
est plutôt le projet de traitement de la question. Quoi qu’il en soit, toute problématique se termine par une
question, et l’hypothèse constitue la réponse (provisoire), à cette question.
4. Contexte scientifique
Il s’agit de voir si ce problème dans sa globalité a déjà été traité ailleurs. Si oui, comment, suivant quel angle
d’approche ? Qu’est ce qui n’a pas été traité ? Et dans ce qui n’a pas été traité se situe alors votre part. C’est
ce que certains appellent Revue de la littérature, d’autres l’état de l’art. Il s’agit plus exactement du contexte
scientifique, car il n’est pas question d’aligner les auteurs sur lesquels, on est parfois tombé par hasard, mais
de les regrouper selon les différentes écoles de pensée. Par rapport au sujet, ceci a été dit suivant telle ou
telle école de pensée. Mais il manque ceci. Dans ce qui manque, je traite de ceci parce que ….Ce qui
entraîne la justification du choix du sujet et du cadre géographique de l’étude.
La définition des concepts revient alors à expliquer votre choix par rapport aux articulations du contexte que
vous avez analysé précédemment. Il ne s’agit pas de recopier les définitions du dictionnaire. (Exemple :
l’homme est défini ordinairement ainsi….dans le contexte de cette étude, nous l’appréhendons
comme….parce que….) Ce qui vous amène à préciser votre démarche méthodologique.
6.3. Méthodologie
Les éléments de la méthodologie doivent permettre de vérifier chacune des hypothèses retenues. La
méthodologie est généralement en deux parties : méthodes de terrain et méthodes de laboratoire. Les
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méthodes de terrain sont celles qui permettent la collecte des données (enquêtes sociodémographique, levés
GPS et relevés phytogéographiques). Elles ne doivent être élaborées que si les objectifs sont clairement
établis.
Elle consiste en général à confirmer ou infirmer une hypothèse principale, expliquer de plus près les raisons,
les mécanismes, les causes, en référence aux hypothèses secondaires formulées qui constituent les pistes que
la démarche emprunte. La démarche est l'ensemble des moyens, des outils d'analyse mis en place en lien
avec la problématique.
Bien souvent la conclusion d'une recherche entraîne de nouvelles questions, donc de nouvelles hypothèses.
La recherche consiste alors en une chaîne de séquences de recherche.
Pour ne pas se perdre au cours d'une recherche, il faut ne pas chercher à vérifier quelque chose non prévu
dans les hypothèses. Ne pas changer de plan d'analyse en cours d'étude, c'est-à-dire se méfier par exemple du
passage en cours de recherche d'un plan géographique, sociologique à un plan psychologique ou moral.
L'hypothèse est inductive: à partir d'une observation on émet une loi générale qu'on se propose de vérifier.
La démarche est autant que possible déductive ; elle peut être aussi inductive en multipliant les observations.
Dans le cas d'une démarche expérimentale, on essaie de mettre en relation des variables sous forme de
tableaux croisés. Cependant, il est quelquefois difficile d'attribuer des valeurs à certaines variables (ex:
niveau culturel, opinion sur certains problèmes...). Il est alors nécessaire de trouver des indicateurs, c'est-à-
dire un aspect d'une variable qu'il est possible d'évaluer et qui la représentera.
7. Intérêt
L’intérêt peut être : - Thématique- Appliquée (recommandations)- Méthodologique (mise en évidence d’une
nouvelle démarche ou mise à l’épreuve d’une démarche méthodologique existante : technique, outils).
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