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Niveau 

: Master 1 (Sciences du langage)


Matière : MRU
Enseignante : BOUARI Halima

Cours 2

Exploration et choix du sujet de recherche

Ayant décidé de se lancer dans un projet de mémoire, l’étudiant-chercheur est censé


organiser voire prévoir non seulement son temps de travail mais surtout réfléchir à un
cadre de recherche ainsi qu’aux ressources matérielles et humaines qui pourront l’aider
durant tout le processus d’élaboration et de rédaction du mémoire. Dans un premier
temps, les aspects qu’il doit absolument envisager sont : le choix d’un sujet fiable et
pertinent en vue d’une recherche, la documentation nécessaire pour nourrir cette
recherche et la sélection d’un directeur.

1. Choix du sujet

L’étudiant-chercheur doit tenir compte de l’intérêt qu’il porte au sujet. Il doit


s’enquérir des travaux antérieurs sur le sujet ainsi que de sa faisabilité. Cette dernière
se base sur un ensemble d’exigences des pratiques scientifiques homologuées ainsi que
les contraintes qui y sont attachées (disponibilité des instruments, compétences
intellectuelles, accessibilité des données, temps, espace, contraintes administratives,
disponibilité de directeur de recherche).

1.1. Justification du choix du sujet

L’étudiant-chercheur commence par laisser naître en lui une idée avec laquelle il
“jongle” pour orienter sa recherche. L’idée peut lui venir d’un certain nombre de
motivations :

a. Vouloir «prouver » quelque chose, confirmer un avis ou une idée déjà faite.
b. Remettre en question une idée reçue.
c. Approfondir une expérience personnelle.
d. Avoir déjà des données disponibles sur le sujet à traiter.
e. Choisir un sujet à continuer un jour en doctorat

Le sujet doit d’abord passionner l’étudiant-chercheur ; s’il ne l’intéresse que vaguement


ou qu’il l’a accepté sans conviction, il est peu probable que sa motivation croisse au
cours de l’année.

Le sujet doit être une question que l’étudiant-chercheur pose réellement et qu’il a
envie de résoudre par lui-même. L’inspiration du sujet peut venir de ses lectures
personnelles, ou de cours qui l’ont particulièrement intéressé en Licence et qu’il
souhaiterait approfondir.

1
1.2. La méthode QQQOCP pour cerner le sujet

Il s’agit d’un moyen mnémotechnique permettant de retenir un ensemble de questions


simples visant à cerner, préciser et approfondir un sujet. L’étudiant-chercheur est
censé se poser les questions suivantes:

Qui ? = Quels sont les acteurs, les personnes impliquées ?

Quoi ? = Quels sont les aspects qui m'intéressent ?

Quand ? = Quelle est la période concernée ?

Où ? = Le sujet est-il circonscrit à une zone géographique précise ?

Comment ? = Quelles approches ou points de vue faut-il considérer ? (historique,


sociologique, économique, politique, etc.)

Pourquoi ? = Quelle est l'importance du sujet dans le contexte actuel ?

1.3. Formuler le sujet

Le sujet doit être exprimé en une phrase courte, si possible sous forme de question et
à l'aide de termes significatifs. Cet énoncé de recherche doit être le plus précis
possible. Chaque terme de l'énoncé est important et va correspondre à des
concepts/mots-clés qui vont servir à élaborer les équations de recherche. Il est
conseillé pour chaque concept, de rechercher un ou plusieurs synonymes ou termes
associés ainsi que leur traduction en langue anglaise.

1.4. Restreindre ou élargir le sujet

À l'issue de cette étape, deux types de difficultés peuvent se présenter :

 Difficulté n°1 : Le sujet est trop général, trop vaste.

Risques majeurs :

- Surabondance de la documentation.

- Traiter le sujet de manière superficielle en voulant être exhaustif.

Que faire ?

Restreindre le sujet en se concentrant sur un aspect de la question, en délimitant une


zone géographique ou une période donnée. Ce choix ne sera pas sanctionné s'il est
argumenté.

 Difficulté n°2 : Le sujet est trop précis, trop pointu.

Risques majeurs :

- Très ardu à traiter.


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- Difficulté à repérer la documentation.

- Nécessité d'interroger de nombreuses sources.

Que faire ?

Mettre le sujet en perspective en le replaçant dans un contexte plus large pour


pouvoir aborder des aspects de la question auxquels l’étudiant-chercheur n'aurait pas
pensé dans un premier temps et ainsi pour élargir sa portée.

En septembre ou octobre, l’étudiant-chercheur doit délimiter un sujet précis et un


corpus suffisamment restreint pour être maîtrisé en quelques mois car si le sujet est
trop flou ou le corpus trop vaste, il se perdra dans une masse de problèmes et de textes,
dans lesquels il peinera à trouver un sens général. La personne qui l’aidera le mieux à
éviter ces écueils est celle qui accompagnera ses recherches tout au long de l’année
c’est bien : le directeur de mémoire.

2. Choix du directeur de mémoire

Puisque «tout professeur en puissance est un facilitateur, une personne qui met les
choses sur la table, montre aux gens combien c’est excitant et merveilleux et leur dit
de se servir»1, un encadreur est offert aux étudiants pour les suivre et les aider. Cet
encadreur, qu’il soit imposé ou choisi par l’étudiant, a une collaboration portant tant
sur le contenu (choix du sujet, problématique, idées développées) que sur la
méthodologie (plan, style, présentation). Sa fonction d’aide se réalise par :

 L’écoute
 Le questionnement
 La transmission
 L’évaluation

Une fois le sujet du mémoire prédéfini, c’est à l’étudiant que revient l’initiative d’un
premier contact avec un enseignant afin de lui proposer la thématique choisie. Dans un
premier temps, l’étudiant doit vérifier la disponibilité de l’enseignant pour le suivi du
travail proposé. Dans un deuxième temps, il doit être capable de définir et présenter
son sujet de manière claire et précise : la constitution d’un premier plan permet
toujours de mieux expliquer les grandes lignes du travail. Cette première discussion est
essentielle car elle aide l’étudiant à affiner sa recherche en fonction des conseils et des
indications de son encadreur.

Tout au long de l’année, le directeur de mémoire pourra l’aider à préciser son sujet ou à
le recadrer, à poser sa problématique, à délimiter un corpus raisonnablement
maîtrisable en une année, à l’orienter dans la bibliographie, à l’aiguiller dans ses
recherches quand il sera perdu. L’étudiant-chercheur est parfois déçu de constater que
son directeur de mémoire a peu de temps à lui consacrer. Or, il ne pourra généralement
pas discuter avec son encadreur toutes les semaines. Ce ne serait pas même
souhaitable, car il doit travailler essentiellement par lui-même. Mais il est encore moins
souhaitable de ne le rencontrer qu’une fois en début d’année et une fois à la fin de la
rédaction car il risquerait de découvrir trop tard qu’il a fait fausse route. Une fréquence
raisonnable serait par exemple de discuter avec son directeur tous les deux mois : en
1
Léo BUSCAGLIA, cité in Michèle ECKENSCHWILLER, L’écrit universitaire, Alger : Chihab, 1995, p.71.
3
septembre pour discuter du sujet et du commencement des recherches, en novembre
pour parler de leurs premières avancées, en janvier pour présenter les premières
conclusions et amorcer la rédaction, en mars pour exposer le cours de la rédaction, en
mai pour les questions de dernière minute. Il pourra également consulter d’autres
spécialistes que son encadreur.

Tout au long de l’encadrement, le directeur de mémoire a un rôle de médiation entre le


savoir et l’étudiant en établissant des passerelles et fournissant des outils. Et pour que
son évaluation soit efficace, elle doit être se faire régulièrement par bilans
intermédiaires. Les objectifs de départ sont à réactualiser et les étapes à planifier.
Critiques et conseils vont de pair et s’avèrent nécessaires à condition de ne pas bloquer
le travail par une attitude trop normative. Quant à l’étudiant, il doit accepter cette
censure et d’en tenir compte. Il semble plus judicieux de donner à lire les brouillons
progressivement et de ne pas attendre que le texte soit trop avancé pour le montrer. En
cas de difficultés, l’étudiant-chercheur doit contacter son encadreur sans être dans une
situation de dépendance ni dans celle d’attendre des recettes simplistes pour la
résolution de ses problèmes. De son côté, l’encadreur ne doit pas imposer mais donner
les informations qu’il possède et son point de vue en se mettant à la disposition des
étudiants. Cette position requiert « qu’il soit véritablement lui-même et qu’il soit
pleinement conscient des attitudes qu’il adopte »2 tant sur le plan intellectuel
qu’affectif ou émotionnel.

De tout ce qui précède on finit par dire que dans le choix d’un directeur de recherche,
deux critères interviennent : celui de ses connaissances théoriques et celui de sa
personnalité.

3. Formulation de la question de départ

 Écrire une question de départ dès le début de la recherche permet de bien


clarifier et préciser son sujet. Elle est un fil conducteur de la recherche. Les
qualités d’une bonne problématique sont qu’elle:
 Formule une question centrale concernant ce qui pose problème dans le sujet
traité. Elle est construite autour d’hypothèses de recherche qui permettent de
saisir les enjeux et la portée de la question pour le domaine concerné.
 Soit dépendante du sujet traité et de l’optique choisie pour le traiter. Chaque
domaine d’étude possède un ensemble de problématiques récurrentes et
quasiment incontournables dont le chercheur doit tenir compte lorsqu’il aborde
un point particulier du domaine.
 Soit claire dans l’introduction du travail. Elle correspond à une reformulation
interrogative de l’intitulé initial du sujet. Cette reformulation est généralement
articulée autour de trois questions essentielles en heuristique académique : Quoi
(définition de l’objet) ? Comment (explication du processus) ? Pourquoi (exposé
de la finalité) ?
 Soit centrale par rapport au sujet, c’est-à-dire qu’elle doit porter sur un
mot/thème/concept essentiel du domaine traité. Elle ne doit pas être « à côté »
du sujet ni toucher un point secondaire par rapport au problème de fond qui sous-
tend le titre du travail.
 Tienne compte de trois facteurs importants déterminant généralement le
traitement du sujet : le facteur temps, le facteur espace et la nature des
intervenants.
2
Ibid., p.73.
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Bref, la problématique doit poser une question centrale par rapport au sujet choisi,
annoncer une idée directrice pour la suite du travail et esquisser une démarche
démonstrative qui sera suivie tout au long de la rédaction. Elle doit enfin recevoir l’aval
du directeur de mémoire.

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