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1- L’énonciation :

Qui désigne l’action de produire un énoncé oral ou écrit, s’accomplit dans une
situation particulière. Elle implique un locuteur qui s’adresse à un (ou
plusieurs) destinataire(s) dans un lieu et à un moment précis.
Ce sont ces quatre éléments qui définissent la situation d’énonciation.
Que nous nous exprimions à l'écrit ou à l'oral, nous échangeons
des informations avec d'autres personnes. L'énonciation existe dès lors qu'il y a un acte
de parole ou d'écriture. Le résultat de l'énonciation s'appelle un énoncé et les
circonstances dans lesquelles l'énonciation se déroule s'appellent la situation
d'énonciation.

Une situation d'énonciation se repère grâ ce à quatre composantes :

 Qui parle ?
 A qui s'adresse le locuteur ?
 Où et quand se passe l'énonciation ?
 Quel est le sujet de l'énonciation ?

Application : Reliez chacun des énoncés suivants à sa situation d’énonciation puis


indiquez les éléments (qui, à qui, quand, où ) renvoyant à la situation d’énonciation.

 É noncés :
 a. Vos papiers s’il vous plait !
b. Tu me rejoins au café dès la fin des cours.
c. Je ferai tout pour que les salaires augmentent.
d. Bonsoir, comme je suis contente que vous ayez pu venir à ma fête !
e. Une baguette, s’il vous plaît.
 Situations d’énonciation :
 1. À la boulangerie, un client.
2. Sur l’autoroute, un policier contrô le les voitures.
3. Un candidat aux élections pendant sa campagne électorale.
4. Un étudiant, à la fac.
5. Une dame le jour de son anniversaire.

2- Les types d’énoncés et leurs caractéristiques :


Il existe deux types d’énoncés :
A- L'énoncé ancré
❯ Le locuteur s’exprime en son nom, tient compte de son destinataire, et son
énoncé porte les marques du lieu et du moment où il s’exprime. Pour comprendre
cet énoncé, il est donc nécessaire de connaître la situation d’énonciation ; c’est
pourquoi l’on dit qu’il est ancré dans la situation d’énonciation.
→ Oui, tu as raison, c'est une riche idée. (Guy de Maupassant, « En famille », 1881)

Pour comprendre un énoncé ancré, il est nécessaire de connaître la situation


d'énonciation. Cela peut par exemple être un dialogue inséré dans un texte. Tout seul, il
est peu probable que le lecteur comprenne de quoi il s'agit.

L'énoncé doit être ancré au milieu d'une situation d'énonciation pour être compris.

Par exemple, dans l'énoncé "Je te rejoins directement après le travail", on ne sait pas qui
est "je", "te", on ne sait pas où le locuteur rejoint le destinataire. C'est un énoncé ancré : il
doit être entouré de la situation d'énonciation pour être compris dans sa globalité.

C'est comme lorsque vous entendez une phrase d'une conversation de personnes dans le
métro ou dans la rue. Impossible de savoir de qui ou de quoi elles parlent sans écouter
du début à la fin.

L'énoncé ancré correspond plutô t au dialogue et au genre théâ tral qui doit être inséré
au milieu d'un texte pour être compris.

B- L'énoncé coupé.

❯ Le locuteur s’efface et l’on peut comprendre son énoncé sans connaître la situation
d’énonciation. On dit alors que l’énoncé est coupé de la situation d’énonciation.
→ Le tramway de Neuilly venait de passer la porte Maillot et il filait […] tout le long de la
grande avenue qui aboutit à la Seine. (Guy de Maupassant, « En famille », 1881)
Les énoncés coupés peuvent être compris sans la situation d'énonciation. Ils peuvent
être retirés de la situation d'énonciation sans que cela gêne la compréhension de la
phrase et du contexte.
Par exemple, "le mousquetaire entra dans l'auberge de Palaisao, il prit une soupe et
repartit pour Paris où il arriva trois jours après". Dans cette phrase, on sait qu'il y a un
mousquetaire, qu'il est dans une auberge, qu'il mange une soupe, puis qu'il part ensuite
pour Paris où il arrive trois jours après. Même si nous n'avons pas le reste de la situation
d'énonciation, ces éléments suffisent à comprendre de quoi on parle et où l'on est.

L'énoncé coupé se retrouve dans le récit. Les temps sont au passé et il n'y a pas de
marque de l'énonciateur.

Remarque. Ces deux types d’énoncés peuvent être mêlés dans un texte narratif : si le
récit est le plus souvent coupé de la situation d’énonciation, les dialogues sont ancrés
dans une situation d’énonciation.

3- Les indices de l’énonciation


É noncé ancré É noncé coupé
Avec marques de la situation d’énonciation Sans marques de la situation d’énonciation

Genres principaux

Dialogues, lettres, articles de presse, journaux


Romans, contes, récits historiques, textes scientifiques
intimes

Temps principaux

Présent de l’indicatif, passé composé, futur, Passé simple, imparfait, plus-que-parfait, présent de
présent de l’impératif narration ou de vérité générale

Déictiques

Emploi de déictiques
❯ Mots ne pouvant être compris que si l’on connaît Absence de déictiques
la situation d’énonciation. • Marques de 1re et • Marques de 3e pers.
2e pers. → il, elles, son, ses, les leurs, etc. • Indicateurs spatiaux et
→ je, tu, vous, mon, votre, le mien, le nôtre, toi, temporels sans référence à la situation d’énonciation
etc. • Indicateurs spatiaux et temporels en → à Paris, au 108 rue Balzac, ce jour-là, etc.
référence à la situation d’énonciation
→ ici, là-bas, à droite, aujourd’hui, hier, etc.

Modalisateurs

Emploi de modalisateurs
Absence de modalisateurs
❯ É léments qui expriment une subjectivité du
→ Le tramway de Neuilly venait de passer la porte
locuteur (voir Fiche p. 532) → à mon avis, sans
Maillot et il filait […] tout le long de la grande avenue
doute, magnifique ≠ horrible, etc.
qui aboutit à la Seine.
→ Oui, tu as raison, c'est une riche idée.

Les déictiques
= unités linguistiques « dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la
situation
d’énonciation pour trouver le référent visé » (Kleiber). Dans un énoncé comme « Je
reviens dans 10
mn », la référence varie avec chaque situation particulière
À noter :
Les pronoms, déterminants et adverbes qui, dans un énoncé ancré dans la
situation d’énonciation, font référence à la situation d’énonciation sont appelés :
déictiques (qui montrent)
Ceux qui, dans un énoncé coupé de la situation d’énonciation, se comprennent
grâce au contexte linguistique sont désignés par le terme d’anaphoriques (qui
renvoient à un antécédent)
Les déictiques
= unités linguistiques « dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la
situation
d’énonciation pour trouver le référent visé » (Kleiber). Dans un énoncé comme « Je
reviens dans 10
mn », la référence varie avec chaque situation particulière
Les déictiques
= unités linguistiques « dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la
situation
d’énonciation pour trouver le référent visé » (Kleiber). Dans un énoncé comme « Je
reviens dans 10
mn », la référence varie avec chaque situation particulière

Les déictiques
= unités linguistiques « dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la
situation
d’énonciation pour trouver le référent visé » (Kleiber). Dans un énoncé comme « Je
reviens dans 10
mn », la référence varie avec chaque situation particulière

Exercice 01 : Complétez chacune des phrases suivantes par la (ou les) bonne(s)
proposition(s).

1. La situation d’énonciation est :


le lieu et le moment où se déroule l’histoire.
la situation dans laquelle les personnages se trouvent.
la situation dans laquelle un énoncé est produit.

2. Un énoncé coupé de la situation d’énonciation :


ne peut pas être compris sans indication sur la situation d’énonciation.
contient les marques de la 3e personne.

3. Un énoncé ancré dans la situation d’énonciation :


caractérise un dialogue.
ne contient pas de marques de la subjectivité du locuteur.
peut contenir des modalisateurs
TD ;

Activité1 : Pour chaque phrase, dites s'il s'agit d'un énoncé ancré ou d'un énoncé coupé

 Le chien de Pierre courut vers la maison de droite,


 Madame, voulez-vous bien m'ouvrir la porte ?
 La reine se leva pour accueillir ses invités,
 Le dîner fû t servi à 6 heures. Les femmes furent invitées à s'asseoir en premier,
 As-tu perdu l'esprit ? Il se moquerait de toi !
 Madame, désire-t-elle visiter la chapelle ?
 Madame Bovary remarqua que plusieurs dames n'avaient jamais mis leurs gants
dans leur verre,
 Il ne fallait pas qu'elle s'en aille !
 Je pense que tu as 16 ans,
 Les domestiques, ensuite, servirent le thé.

Activité2 : Dans les textes suivants, distinguez les énoncés ancrés dans la situation
d’énonciation de ceux qui en sont coupés.

Ce mercredi matin des vacances scolaires, Jeanne et son père sont au centre commercial.
Jeanne cherche un nouveau manteau et hésite entre deux. Son père en lui désignant un
manteau jaune moutarde lui dit : "Prends plutôt celui-ci, je le trouve plus joli."

Dans l’après-midi qui précédait Noël, nous installâ mes l’arbre dans le grand hall carrelé
du collège. Nous le décorâ mes et nous cachâ mes le bâ ti de bois qui le maintenait dressé
avec de la mousse et une sorte de papier brun qui imitait la rocaille et dont on se servait
aussi pour faire le fond de la crèche. Je me souviens de ces trésors qu’étaient les étoiles,
les guirlandes, les bougies et les boules (le reste de l’année, ils dormaient dans le grenier
du collège), mais les boules de cette époque n’étaient pas comme aujourd’hui des bulles
de verre très minces recouvertes d’un tain argenté très brillant, mais des boules faites
d’une sorte de papier mâ ché, peintes de couleurs plutô t ternes.

Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance , 1975

Activité3: identifiez en classant les déictiques présents dans les énoncés suivants :
Pronoms personnels/ les possessifs/les démonstratifs/le temps/le lieu/les temps
verbaux

« Ne vous ai-je pas déjà dit cette semaine que vous n'êtes pas ici pour jouer à ces petits
jeux infantiles sur votre ordinateur de bureau ? Regardez-moi au lieu de tripoter ça !
Vous n'êtes pas dans l'entreprise pour vous amuser, nous ne vous avons pas embauché
pour ça ! Vous faites un effort, mon ami, sinon d'ici un mois, vous allez vous retrouver là -
haut, à classer le courrier en retard ! »

« J'ai bien relu votre proposition de contrat de la semaine dernière, mais il y a quelques
détails qui n'ont pas été évoqués lors de notre rencontre. D'abord, je constate qu'au lieu
de votre prétendu « tarif privilégié », vous allez en réalité me faire payer le prix fort.
Ensuite, il y a ce texte en petits caractères là en bas, qui apporte de sacrées restrictions.
Regardez-moi ces clauses : avec ça, je me retrouve pieds et poings liés !

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