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Introduction

Philippe Ch.-A. Guillot


Dans Mise au point 2017 (2e éd.), pages 5 à 16
Éditions Ellipses
ISBN 9782340015746
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Introduction

Le patrimoine est une notion polysémique dont il faut préciser le sens et la portée,
les termes « naturel » et « culturel » étant moins évidents qu’il n’y paraît doivent
également être explicités pour cerner ce qu’est le patrimoine culturel et naturel
avant d’envisager la place de sa protection au sein des différentes branches du droit.

I. Patrimoine
Étymologiquement, le patrimonium était matière à héritage, « bien transmis
par le père1 », sans pour autant être alors un concept juridique, tandis que les res
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patrimonio étaient des choses susceptibles d’appropriation privée mais composant
le domaine public romain. À l’époque féodale, « les premières acceptions col-
lectives du mot patrimoine sont venues […] fournir un produit de remplacement
aux classes sociales qui en étaient dépourvues, “les biens donnés à l’Église doivent
être le patrimoine des pauvres”, et le même terme a servi, en ce sens, à désigner
les États pontificaux, “le patrimoine de Saint-Pierre”2. » En 1694, le Dictionnaire
de l’Académie française définit le patrimoine comme « un bien qui vient du père
et de la mère, qu’on a hérité de son père et de sa mère ». Pour l’Encyclopédie de
d’Alembert, il s’agit « d’un bien de famille ; quelquefois on entend même par-là ce
qui est venu à quelqu’un par succession ou par donation en ligne directe », tandis
que l’adjectif « [p] atrimonial se dit de ce qui vient par succession, et quelques fois
en général de tout ce qui est un bonus, et que l’on possède héréditairement3. »
Le Dictionnaire de la langue française de Paul-Émile Littré donne au patrimoine
le sens premier de « [b] ien d’héritage qui descend, suivant les lois, des pères et
mères à leurs enfants », mais aussi le sens figuré de « propriété patrimoniale »,

1. J. Bouffartigue & A.-M. Delrieu, Étymologies du français, tome II, Les racines latines, Belin,
1996, p. 113.
2. J.-P. Babelon & A. Chastel, La notion de patrimoine, Liana Levi, 1994, p. 49.
3. Cf. : A. Héritier, Genèse de la notion juridique de patrimoine culturel, L’Harmattan, 2003,
p. 101-102.

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en donnant comme exemple : « Chaque découverte dans les sciences est le
patrimoine de toutes les nations1. » Plus près de nous son Supplément accorde
au patrimoine une nouvelle définition : « Biens, héritage culturel communs à
un groupe de personnes, une collectivité, un État 2. »
Dans le langage juridique, les significations sont aussi variées, reflétant la summa
divisio entre droit privé et droit public3. Pour les privatistes, le patrimoine est
depuis l’œuvre de Charles Auby et Charles Rau, « l’ensemble des biens d’une per-
sonne, dont il n’est au reste que l’émanation » et, plus récemment, sous l’influence
de la théorie du patrimoine d’affectation, « l’ensemble des droits et obligations
d’une personne, avec pour trait saillant la référence à la notion d’universalité »,
tandis que les publicistes ont développé une notion autonome de patrimoine
commun. « Le patrimoine civiliste est empreint de libéralisme économique
tandis que le patrimoine commun se rattache à une conception beaucoup plus
conservatrice et non productiviste4 » qui remonte à la conception originelle du
patrimoine qui, dans la Grèce archaïque, désignait « l’ensemble de la terre utile à
la survie d’une famille5 ». Le patrimoine est encore pour un civiliste une « masse
mouvante dont l’actif et le passif ne peuvent être dissociés 6 » et « où tous les
éléments futurs sont appelés à rentrer7 », tandis que la patrimonialité postule
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l’évaluation pécuniaire, la cessibilité onéreuse et la transmission à cause de mort8.
Cette idée de transmission se trouve aussi originellement dans la conception
publiciste du patrimoine : « Un des premiers actes juridiques de la Constituante,
le 2 octobre 1789, avait été de mettre les biens du clergé “à la disposition de la
nation”. Suivirent ceux des émigrés puis ceux de la Couronne. […] La valeur
primaire du trésor ainsi échu au peuple entier est économique. Les responsables
adoptent immédiatement pour le désigner et le gérer la métaphore successorale.
Mots-clés : héritage, succession, patrimoine et conservation9. »

1. Éd. de 1880, Tome 4, réimpression Encyclopædia Britannica France, 1994, p. 4547-4548.


2. J. Baudenau & Cl. Bégué (dir.), Littré – Dictionnaire de la langue française – Supplément,
Encyclopædia Britannica France, 1999, p. 372.
3. Cf. A. Dionisi-Peyrusse & B. Jean-Antoine (dir.), Droit et patrimoine, PURH, 2015,
p. 13 et s.
4. D. Hiez, Étude critique de la notion de patrimoine en droit privé actuel, LGDJ, 2003, p. 1-3.
5. Ibidem, p. 47.
6. S. Guinchard & G. Montagnier (dir.), Lexique des termes juridiques, Dalloz, 12e éd., 1999,
p. 385.
7. R. Cabrillac (dir.), Dictionnaire du vocabulaire juridique, Litec, 2002, p. 283.
8. P. Catala, Famille et patrimoine, PUF, 2000, p. 33. Cf. : M. Fontaine e.a., Notions fonda-
mentales de droit, Foucher, 4e éd., 2004, p. 92-94.
9. F. Choay, L’allégorie du patrimoine, Seuil, 3e éd., 1999, p. 75 ; Cf. A. Héritier, op. cit., p. 106 et s.

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Sous la Convention, « [l] e sens du patrimoine, c’est-à-dire de biens fondamentaux,
inaliénables, s’étend pour la première fois en France aux œuvres d’art, tantôt en
fonction des valeurs traditionnelles qui s’y attachent et qui les expliquent, tantôt au
nom de ce sentiment nouveau d’un lien commun, d’une richesse morale de la nation
tout entière1. » Le rôle de l’abbé Grégoire face au vandalisme révolutionnaire fut
primordial pour amorcer une politique de protection du patrimoine, mais c’est la
voix d’un grand romantique déclarant la guerre aux démolisseurs qui définit le mieux
la notion : « Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d’un édifice
historique et monumental ne doit pas être permise […] Il y a deux choses dans un
édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à
tout le monde ; c’est donc dépasser son droit que le détruire2. » Dès lors, ainsi que
le note un des meilleurs spécialistes : « La nation tout entière est responsable de son
patrimoine. Les intérêts privés cèdent le pas devant cette exigence. La propriété privée,
conçue comme un absolu par les légistes de la Révolution, connaît paradoxalement
des atteintes et des limitations réelles, qui ne cesseront de ce fait de se multiplier3. »
Les biens patrimoniaux objets de la sollicitude des pouvoirs publics se multiplie-
ront eux aussi : des monuments historiques au « complexe de Noé qui tend à mettre
à l’abri de l’arche patrimoniale l’ensemble exhaustif des nouveaux types construc-
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tifs4 », des archives aux manuscrits, des livres aux périodiques, des photographies
aux partitions musicales, des orgues aux vitraux, des œuvres conservées dans les
musées aux produits des fouilles archéologiques5. Il en résulte que le patrimoine
« recouvre aujourd’hui un ensemble fluctuant et indéterminé d’objets matériels
et immatériels, si bien qu’il n’apparaît ni comme une classe d’objets organisés ni
comme une catégorie intellectuelle normalisée6. » D’autant plus que si le code
du patrimoine – adopté en 2004 – se focalise sur le patrimoine culturel – dans
ses aspects matériels comme immatériels – il englobe aussi des éléments du patri-
moine naturel. Ce qui nous oblige à distinguer culture et nature.

II. Patrimoine culturel & naturel


L’article L1 qui ouvre le code définit le patrimoine comme :

1. J.-P. Babelon & A. Chastel, op. cit., p. 58-59 (mon soulignement).


2. V. Hugo, Littérature et philosophie mêlées, 1834, cité in J.-P. Babelon & André Chastel, op.
cit., p. 69 (mon soulignement).
3. D. Audrerie, La notion et la protection du patrimoine, PUF, 1997, p. 15.
4. F. Choay, op. cit., p. 156.
5. Cf. P. Moulinier, Les politiques publiques de la culture en France, PUF, 3e éd., 2005, p. 19 et s.
6. M.-A. Guérin, Action publique locale et patrimoine culturel, Grenoble II, 2004, p. 25.

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l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou
privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique,
scientifique ou technique.
Il s’entend également des éléments du patrimoine culturel immatériel, au sens
de l’article 2 de la convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel1, adoptée à Paris le 17 octobre 2003.
Cette définition se réfère aux divers intérêts publics ayant justifié la protection
du patrimoine au cours des siècles : intérêts historique et artistique dans la loi
de 1887 sur les monuments historiques, intérêt scientifique dans la loi de 1930
sur les sites, intérêt archéologique dans l’acte dit loi de 1941 sur les fouilles ; en
revanche l’intérêt légendaire qui figurait aussi dans la loi de 1930 a disparu, à
moins de considérer qu’il est désormais inclus dans le patrimoine immatériel ;
la disparition de l’intérêt pittoresque que contenait la même loi se justifie par
son rattachement à l’intérêt esthétique emprunté à la loi du 7 janvier 1983, mais
aucune loi n’avait précédemment fait référence à un intérêt technique lequel
renvoie à la politique du ministère de la Culture en faveur du patrimoine industriel
ou, plus largement, du patrimoine du XXe siècle2.
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Le qualificatif naturel ne correspond à aucune définition précise et n’entraîne pas
à lui seul l’application d’un régime juridique déterminé3. Le patrimoine naturel
est généralement considéré comme résultant des forces naturelles sans interven-
tion de l’Homme, mais, « il est souvent difficile d’identifier une nature “pure”,
sur laquelle l’homme ne serait jamais intervenu pour l’organiser, pour répartir
champs, haies, espaces boisés, etc.4 » En définitive, « il ne peut exister entre
l’environnement et le patrimoine culturel qu’une fausse opposition et en tout cas,
une complémentarité très réelle si l’on consulte les textes5. » La Convention de

1. «… les pratiques, représentations, expressions, connaissance et savoir-faire – ainsi que les


instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communau-
tés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur
patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération,
est recrée en permanence par les communautés et les groupes en fonction de leur milieu, de
leur interaction avec la nature et de leur histoire et leur procure un sentiment d’identité et de
continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité
humaine » ; Cf. R. Goy, « La protection du patrimoine culturel immatériel », Annales de droit,
n° 6, 2012, p. 73 et s.
2. Cf. C. Delivré-Gilg, Finances publiques et protection du patrimoine culturel, Lyon III, 2004, p. 8-10.
3. Cf. J.-M. Bécet & R. Rézenthel, Dictionnaire juridique des ports maritimes et de l’environ-
nement littoral, PUR, 2004, p. 137.
4. P.-L. Frier, Droit du patrimoine culturel, PUF, 1997, p. 14.
5. J. Fromageau, « L’évolution du droit et des institutions a-t-elle été identique ? », Patrimoine
culturel, patrimoine naturel, Documentation française, 1995, p. 48.

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l’UNESCO, signée à Paris le 16 novembre 1972, pour la protection du patrimoine
mondial culturel et naturel distingue les deux types de patrimoine mais favorise
l’unité de leur protection, considérant la nature et la culture comme des valeurs
communes contribuant au patrimoine mondial1. Selon son article 2, le patrimoine
naturel rassemble les monuments naturels (formations physiques et biologiques)
d’une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique et scientifique,
les formations géologiques et physiographiques et les zones d’habitat d’espèces
animale et végétale menacées, ayant une valeur universelle exceptionnelle pour
la science ou la conservation et les sites naturels exceptionnels du point de vue
de la science, de la conservation ou de la beauté naturelle.
Même si le patrimoine naturel et le patrimoine culturel ne sont pas réductibles
à la simple beauté, les deux notions renvoient cependant à l’esthétique, qui est la
définition que nous retenons dans cet ouvrage. En dépit des distinctions quant
aux intérêts à protéger, la notion de patrimoine unifie le régime de protection
limitant l’absolutisme du droit de propriété au nom de l’intérêt général.

III. La place de la protection du patrimoine au sein


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des différentes branches du droit
Si la protection du patrimoine a d’abord été conçue en droit interne, une protec-
tion internationale s’est ensuite mise en place ; le droit de l’Union européenne
régissant la libre circulation des biens et la protection de l’environnement il n’est
pas étranger au droit du patrimoine. En effet, le droit du patrimoine entretient
des rapports étroits avec le droit de l’environnement au point de se confondre avec
lui, même s’il relève par ailleurs du droit de la culture et du droit de l’urbanisme.

1. Droit international et droit de l’Union européenne


La protection internationale du patrimoine culturel apparaît tout d’abord dans
le droit de la guerre avec le règlement annexé à la IVe Convention de La Haye
de 1907 sur les lois & coutumes de la guerre sur terre, la Convention de La Haye
de 1907 sur les bombardements par les forces navales en temps de guerre, puis la
Convention de La Haye de 1922-1923 sur les règles de la guerre aérienne et enfin avec
la Convention de La Haye du 14 mai 1954 sur la protection des biens culturels en cas
de conflit armé, son protocole du même jour et son Second Protocole du 23 mars

1. Cf. N. de Sadeleer & Ch.-H. Born, Droit international et communautaire de la biodiversité,


Dalloz, 2004, p. 157.

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1999, ainsi qu’avec les Premier et Deuxième protocoles additionnels de 1977 aux
Conventions de Genève de 1949 adoptées sous l’égide du Comité international
de la Croix-Rouge1. Elle fait son entrée dans le droit de la paix avec l’UNESCO.
Succédant à l’Institut international de coopération intellectuelle créé par la Société
des nations2, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science
et la culture – plus connue sous son acronyme anglais d’UNESCO – est une
institution spécialisée de l’Organisation des Nations unies. L’article 1er de son
Acte constitutif la charge d’aider « au maintien, à l’avancement et à la diffusion du
savoir : en veillant à la conservation et protection du patrimoine universel de livres,
d’œuvres d’art et d’autres monuments d’intérêt historique ou scientifique, et en
recommandant aux peuples intéressés des conventions internationales à cet effet ».
Le traité majeur conclu par l’UNESCO dans notre domaine est la Convention
déjà citée pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. Solution
classique du droit international, la responsabilité d’appliquer les obligations nées
de ce traité revient prioritairement aux États, l’article 4 rend compte que chaque
Partie « reconnaît que l’obligation d’assurer l’identification, la protection, la
conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patri-
moine culturel et naturel […] lui incombe au premier chef ». Le rôle opérationnel
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de l’UNESCO est donc des plus limités. Conforme au principe de souveraineté,
cette liberté de mise en œuvre est d’autant plus grande que le droit internatio-
nal propose seulement « un rattachement supplémentaire pour l’objet juridique
complexe et global que constitue le patrimoine culturel dans son ensemble, mais
ne prétend nullement le substituer aux rattachements nationaux3 ».
Sous les auspices de l’UNESCO, ont été également adoptés des traités concernant
notre sujet, à savoir la Convention de Paris du 14 novembre 1970 concernant
les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’ importation, l’exportation et le
transfert de propriété illicites de biens culturels – complétée par la Convention de
Rome 1995 de l’Unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés4 – et
la Convention de Ramsar du 2 février 1971 sur la protection des zones humides
d’ importance internationale (amendée en 1982 et 1987)5.

1. Cf. Ph. Ch.-A. Guillot, « La protection internationale du patrimoine culturel en droit des
conflits armés », in A. Dionisi-Peyrusse & B. Jean-Antoine (dir.), op. cit., p. 127 et s.
2. Cf. J.-J. Renoliet, L’UNESCO oubliée. La Société des Nations & la coopération intellectuelle
(1919-1946), Publications de la Sorbonne, 1999, 352 p.
3. Cl. Bories, Le patrimoine culturel en droit international, Pédone, 2011, p. 283.
4. Ce traité n’a toutefois pas été ratifié par la France.
5. Cf. N. de Sadeleer & Ch.-H. Born, op. cit., p. 164 et s. ; article L336-2 du Code de
l’environnement issu de la loi du 8 août 2016 de reconquête de la biodiversité.

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Le Conseil de l’Europe a développé des politiques spécifiques dans le domaine
du patrimoine, tant sur des aspects techniques que dans le cadre de la coopération
juridique et institutionnelle1. La Convention culturelle européenne du 19 décembre
1954 confie à chaque État le soin de sauvegarder son apport au patrimoine culturel
commun de l’Europe et à en encourager le développement. La Charte européenne
du patrimoine architectural, adoptée le 26 septembre 1975 à Amsterdam, est une
déclaration en forme de décalogue sur une conservation intégrée du patrimoine.
Une résolution du 14 avril 1976 relative à l’adaptation des systèmes législatifs et
réglementaires nationaux aux exigences de la conservation intégrée du patrimoine
architectural met au point des dispositions en matière de protection intégrée liant
les États qui s’engagent de surcroît à promouvoir des politiques d’information et
de sensibilisation auprès du public. La Convention européenne sur les infractions
visant des biens culturels, signée à Delphes le 23 juin 1985, la Convention pour la
sauvegarde du patrimoine architectural en Europe, signée à Grenade le 3 octobre
1985, la Convention pour la protection du patrimoine archéologique signée à La
Valette le 16 janvier 1992 régentent leur domaine respectif. La Convention euro-
péenne du paysage, adoptée à Florence le 20 octobre 2000, a pour vocation de
mettre en valeur l’ensemble des paysages, sans se limiter à une approche sectorielle
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de sites patrimoniaux, ni même de paysages culturels. Enfin, la Convention-cadre
sur la valeur du patrimoine culturel pour la société adoptée le 27 octobre 2005 à
Faro contient la plus ambitieuse définition du patrimoine culturel2 mais la France
ne l’a pas signée3.
L’article 3 du Traité sur l’Union européenne mentionne un « patrimoine culturel
européen », tandis que l’article 167 du Traité sur le fonctionnement de l’Union
européenne se réfère à un « héritage culturel commun », mais, par respect du
principe de subsidiarité, l’Union européenne se contente de se superposer à
l’action des États membres, notamment avec les labels « Capitale européenne de la
culture » et « patrimoine européen ». Des programmes spécifiques comme Raphaël
(30 millions € pour un patrimoine perçu dans ses dimensions mobilière, livresque,

1. Cf. P.-L. Frier, « L’Europe et le patrimoine », in N. Mezghani & M. Cornu (dir.), Intérêt
culturel et mondialisation, tome II Les aspects internationaux, L’Harmattan, 2004, p. 137.
2. « Le patrimoine culturel constitue un ensemble de ressources héritées du passé que des
personnes considèrent, par-delà le régime de propriété des biens, comme un reflet et une
expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et tradition en continuelle évolution. Cela inclut
tous les aspects de l’environnement résultant de l’interaction dans le temps entre les personnes
et les lieux », art. 2 a.
3. Seuls 17 États membres l’ont ratifiée, 5 l’ont signée mais ne l’ont pas encore ratifiée ; l’absence
de signature par la France n’a pas empêché des parlementaires de s’y référer durant les débats
sur le projet de loi relatif à la liberté de la création, l’architecture et le patrimoine.

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archivistique, archéologique, architecturale, ainsi que pour les sites et les paysages)
et Culture 2000 (167 millions € mais pour l’ensemble des politiques culturelles)
ont été spécifiquement développés mais en plus l’Union européenne prend en
compte de l’élément patrimonial dans d’autres politiques structurelles comme le
programme Europe créative (1 462 milliards € pour la période allant du 1er janvier
2014 au 31 décembre 2020) et dans les fonds structurels déployés dans le cadre
de la politique de cohésion économique et sociale1.

2. Droit public et droit privé


Collection de polices administratives spéciales, le droit du patrimoine relève
essentiellement du droit public « car il s’agit d’un droit régalien de servitudes
administratives qui s’appuie pour l’essentiel sur les pouvoirs conférés à la puissance
publique : autorisations, interventions et procédés d’acquisition dérogatoires2. ».
Il relève notamment du droit administratif des biens, puisque certaines dépen-
dances du domaine public sont des objets patrimoniaux, que les techniques de
transfert forcé de propriété sont utilisées et que le droit général du domaine
public mobilier joue un rôle essentiel pour les collections des archives, biblio-
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thèques et musées. Afin de mieux assurer la protection du patrimoine, l’outil
fiscal est utilisé de manière incitative et le droit pénal de manière dissuasive. La
patrimonialisation des biens étant loin d’entraîner nécessairement leur appro-
priation par les personnes publiques, il faut garder à l’esprit que le droit civil
s’applique, même si l’objet de cet ouvrage est de détailler les dérogations à ce
droit commun.

3. Droit de la culture – droit de l’environnement


– droit de l’urbanisme
Le droit du patrimoine n’est qu’une des composantes du droit de la culture lequel
comprend en outre le droit du spectacle et de la création, la propriété littéraire et
artistique, la liberté d’expression qui ne font pas l’objet de la présente étude. Il est
également, au moins pour sa partie « naturelle », une des composantes du droit de
l’environnement. Celui-ci contient deux grandes branches la conservation de la
nature – qui est en fait la protection des espèces, des espaces et de l’esthétique et
nous intéresse donc directement – et la lutte contre les nuisances – qui outre les

1. Cf. J.-Chr. Barbato, « Union européenne et patrimoine monumental », in M. Le Roux (dir.),


Crise et patrimoine monumental, L’Harmattan, 2015, p. 67-72.
2. P.-L. Frier, Droit du patrimoine culturel, op. cit., p. 28.

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« troubles de la jouissance » contient les risques naturels et anthropiques – ne se
résume pas au code éponyme parce qu’il entretient des rapports privilégiés avec,
notamment, le code de l’urbanisme en ce qui concerne l’occupation des sols, avec
le code rural – qui fut longtemps le recueil de textes relatifs à la conservation de la
nature avant la promulgation du code de l’environnement – en matière d’activités
agricoles et pastorales, et avec le code forestier. Aussi, les développements qui
suivront renverront-ils parfois à ces codes.
La conception du patrimoine en droit de l’environnement ne fait pas nécessai-
rement appel à la propriété : « c’est un ensemble de biens dont la valeur n’est
pas nécessairement économique. Même s’ils peuvent avoir une valeur vénale, les
biens patrimonialisés présentent un intérêt plus symbolique : historique, artis-
tique, culturel, scientifique, identitaire et souvent environnemental1. » Dans cette
perspective, il s’agit « de conserver des éléments qui paraissent essentiels et qui
doivent être transmis intacts aux générations à venir2 » puisque selon la formule
tirée de la Charte européenne du patrimoine architectural : « Chaque génération
ne dispose d’ailleurs du patrimoine qu’à titre viager. Elle est responsable de sa
transmission aux générations futures. »
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Enfin, le droit du patrimoine est une des composantes du droit de l’urbanisme
puisque les documents de planification doivent intégrer notamment la protection
des monuments historiques, de leurs abords et des espaces naturels sensibles et
que les autorisations individuelles d’urbanisme relèvent d’un régime spécifique.

IV. Les principales institutions de protection


du patrimoine
La protection du patrimoine culturel et naturel connaît de multiples intervenants,
toutefois le principal organisme protecteur demeure l’État avec son ministère de
la Culture et de la Communication et plus spécialement sa Direction générale
des patrimoines (DGP) chargée de piloter les politiques publiques en matière
d’étude, de protection, de conservation, de restauration, de valorisation et de
transmission aux générations futures du patrimoine et des collections des musées,
du patrimoine archéologique, du patrimoine archivistique, des monuments et des

1. C. Groulier, « Quelle effectivité juridique pour le concept de patrimoine commun ? »,


Actualité juridique – droit administratif, 2005, p. 1035.
2. C. Chamard, La distinction des biens publics et des biens privés. Contribution à la définition de
la notion de biens publics, Dalloz, 2004, p. 557.

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espaces protégés, ainsi que des autres biens culturels, protégés pour leur intérêt
historique, esthétique et culturel. Elle est constituée de quatre services (architec-
ture, archives de France, musées de France et patrimoine1), de sept départements
transversaux, de la mission de la photographie et de l’inspection des patrimoines.
Parmi les services déconcentrés, se trouve dans chaque région une Direction
régionale des affaires culturelles (DRAC)2, responsable de la mise en œuvre
de la politique culturelle de l’État au niveau de la région et des départements qui
la composent et de la mise en œuvre des politiques publiques transverses3, et un
ou deux architectes en chef des monuments historiques (ACMÉ), fonction-
naires chargés de faire des propositions ou de rendre des avis sur le recensement
des immeubles à protéger, sur les projets de travaux à réaliser et sur l’utilisation
des immeubles protégés4. Le ministre de Culture affecte à chaque ACMÉ un ou
des monuments historiques ou une circonscription territoriale afin qu’il assure
la maîtrise d’œuvre5 des travaux de restauration des immeubles classés appar-
tenant à l’État ou mis en dotation ou à disposition d’un de ses établissements
publics. Un ACMÉ peut aussi assurer éventuellement la maîtrise d’œuvre des
travaux de restauration des immeubles classés n’appartenant pas à l’État mais
seulement lorsqu’aucun autre maître d’œuvre n’aura pu être retenu par le maître
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d’ouvrage6 ; il exerce alors en libéral et est soumis à la concurrence des architectes
du patrimoine7.

1. Le service du patrimoine comprend la sous-direction des monuments historiques et des espaces


protégés, la sous-direction de l’archéologie et la mission de l’inventaire général du patrimoine
culturel, sur l’action de cette dernière, cf. J.-F. Auby, Le droit public de la culture, Berger-
Levrault, 2016, p. 281 et s.
2. Direction des affaires culturelles (DAC) en Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Mayotte et
à La Réunion.
3. C’est-à-dire impliquant l’État et des collectivités territoriales ou des établissements publics.
4. Cf. D. n° 2007-1405 du 28.09.2007, JORF du 30.09.2007 ; N Detry & P. Prunet, Architecture
et restauration. Sens et évolution d’une recherche, Éditions de la Passion, 2000, p. 85 et s.
5. Le maître d’œuvre est une « [p]ersonne chargée par le maître d’ouvrage de diriger l’exécu-
tion des travaux. Le maître d’œuvre est responsable de la bonne exécution des travaux. »,
R. Cabrillac (dir.), Dictionnaire du vocabulaire juridique, Litec, 2002, p. 246.
6. Le maître d’ouvrage est une « [p]ersonne pour le compte de laquelle des travaux sont effectués.
Le maître d’ouvrage est le propriétaire immobilier. Il est en général lié par contrat avec le maître
d’œuvre. », ibidem.
7. Architectes libéraux ressortissants de tout État partie à l’Espace économique européen, établis
ou non en France, titulaires et d’un diplôme reconnu par la France pour pouvoir exercer et d’un
diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) mention « architecture et patrimoine »
du Centre des hautes études de Chaillot (CEDHEC) – ou de tout autre titre jugé équivalent
– et justifiant d’une « expérience professionnelle régulière dans le domaine de la restauration
du bâti ancien pendant les dix années qui précèdent l’ouverture du concours » (D. 2007-1405
du 28.09.2007).

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Au niveau du département, le Service territorial de l’architecture et du patri-
moine (STAR) contribue à instruire les projets d’aménagement ou de travaux
qui concernent les espaces protégés. Chaque STAR est dirigé par un Architecte
des bâtiments de France (ABF). L’ABF est inscrit à l’ordre des architectes tout
en étant fonctionnaire – ce qui ne l’empêche pas d’exécuter des travaux privés
rémunérés par honoraires, hors de son département d’affectation1. L’ABF est
affecté au ministère de la Culture mais relève de l’autorité du ministre chargé
de l’urbanisme2. Il apporte son concours à l’ACMÉ dans la surveillance de l’état
des immeubles classés ou inscrits situés dans sa circonscription. L’ABF est maître
d’œuvre des travaux d’entretien et de réparations ordinaires sur les immeubles
classés quand la maîtrise d’ouvrage assurée par les services du ministère de la
Culture3. Afin de prévenir des chevauchements de compétences avec l’ACMÉ,
une concertation préalable sous l’égide du conservateur régional des monuments
historiques représentant la DRAC est prévue pour délimiter interventions ponc-
tuelles et restauration4. L’ABF est maître d’œuvre des travaux de réparation des
immeubles classés n’appartenant pas à l’État en cas de péril pour les monuments
ou de danger imminent pour les personnes, voire de carence de l’offre privée ou
publique, mais il faut dans ce cas une décision du préfet de région. L’ABF contrôle
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l’esthétisme architectural dans les espaces protégés. Enfin, l’ABF apporte son
concours à la DRAC pour les opérations aidées par l’État.
Le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargé des
relations internationales sur le climat joue un rôle essentiel en matière de
conservation et de valorisation du patrimoine naturel et agit notamment au niveau
déconcentré par l’intermédiaire des Directions régionales de l’environnement, de
l’aménagement et du logement (DREAL)5, lesquelles interviennent notamment
pour la protection des sites, de la nature et des paysages.

1. Cf. Ph. Ch.-A. Guillot, « Fonction publique et activité professionnelle exercée à titre libéral :
le cas des architectes des Bâtiments de France », Les petites affiches, n° 139, 13.07.2001, p. 13-14.
2. Il s’agit actuellement du ministère du Logement et de l’Habitat Durable, cf. D. 2016-254 du
03.03.2016, JORF du 04.03.2016.
3. Pour les édifices classés remis en dotation aux établissements publics la maîtrise d’œuvre
peut être assurée par un architecte urbaniste d’État (AUÉ) spécialisé « patrimoine » affecté à
l’établissement public ; de même, pour les édifices classés affectés à d’autres ministères que le
ministère de la Culture, la maîtrise d’œuvre peut être assurée par un AUÉ titulaire du DSA
« architecture et patrimoine ».
4. Cf. L. Bachoud, Ph. Jacob & B. Toulier, Patrimoine culturel bâti et paysager, Delmas, 2002,
p. 65.
5. Les DREAL sont placées sous la double tutelle du ministère du Logement et du ministère de
l’Environnement, mais c’est ce dernier qui a la responsabilité de la protection du patrimoine.

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Une personne morale de droit privé joue un rôle important : la Fondation du
patrimoine, dont la création a été approuvée par la loi n° 96-950 du 2 juillet
1990, et qui a été reconnue d’utilité publique par un décret du 8 avril 19971.
L’article L. 143-2 du code du patrimoine fi xe son objet social : sauvegarde des
monuments classés ou inscrits et plus généralement tout élément du patrimoine
qui serait menacé, intervention en matière de valorisation du patrimoine non
protégé, concours aux personnes publiques ou privées – notamment en versant
des subventions, pour acheter, entretenir, gérer ou encore présenter au public de
biens patrimoniaux –, acquisition de biens afin de mettre en place des actions
de sauvegarde2, et attribution d’un label – ouvrant droit à déduction fiscale – au
patrimoine non protégé et aux sites. L’article L. 143-8 prévoit que la Fondation
du patrimoine peut demander à l’État d’exproprier ou de préempter à son bénéfice
et à sa charge des immeubles classés. Ces biens sont alors gérés selon un cahier
des charges et peuvent être cédés à des personnes publiques ou privées, comme
le prévoit l’article L. 621-21. La Fondation du patrimoine s’appuie sur une orga-
nisation décentralisée (24 délégués régionaux et 450 délégués départementaux
bénévoles et 65 salariés).
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Plan de l’ouvrage
Le régime de protection du patrimoine matériel est unifié dans le sens où la
distinction entre patrimoines culturel et naturel n’a juridiquement qu’une per-
tinence relative. La distinction fondamentale que le juriste opère en la matière
est classiquement la distinction entre immeubles et meubles. En effet, qu’il
s’agisse d’édifices ou d’espaces non bâtis, il apparaît que c’est dans la protection
du patrimoine immobilier que se manifestent le plus étroitement les interac-
tions entre droit de l’environnement et droit de l’urbanisme avec le droit du
patrimoine (partie 1), tandis que la protection du patrimoine mobilier relève
principalement du droit administratif des biens (partie 2). Si certains éléments
de ce patrimoine mobilier matériel – collections des musées, archives, dépôt
légal – participent à la conservation du patrimoine immatériel, c’est toutefois
essentiellement le droit de la propriété intellectuelle qui assure la protection du
patrimoine immatériel (partie 3).

1. Cf. M. Decré, « La Fondation du Patrimoine, philosophie et pratique d’une institution nou-


velle », in M. Cornu & J. Fromageau (dir.), Fondation et trust dans la protection du patrimoine,
L’Harmattan, 1999, p. 27.
2. Conformément à l’article L. 143-5 C. patri., ces biens ne peuvent être saisis par ses créanciers.

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