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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

REPUBLIQUE DU CAMEROUN / REPUBLIC OF CAMEROON


Paix –Travail- Patrie / Peace – Work - Fatherland

UNIVERSITE DE NGAOUNDERE / THE UNIVERSITY OF NGAOUNDERE


************
B.P. / P.O Box : 454
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES
FACULTY OF LAW AND POLITICAL SCIENCE
DEPARTEMENT DE DROIT PRIVE
DEPARTMENT OF PRIVATE LAW
Discipline, Intégrité, Rigueur. Discipline, Intégrity, Rigour
Tél : 222 25 40 19 – E-mail: fsjp@univ-ndéré.cm
L’émergence scientifique en marche

Thème : L’expLoitation du fonds de


commerce à L’épreuve du covid-19

MEMOIRE
Présenté en vue de l’obtention du diplôme de MASTER RECHERCHE en Droit Privé
Option : Droit des Affaires
Par
FOTSING FOKUE Patrick Romuald
Matricule : 19B231JP
Titulaire d’une Licence en Droit Privé

Sous la Direction de :

Dr WAGOUE Diane
Sous la Supervision de :

Pr VOUDWE Bakreo

Année académique 2019-2020

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

AVERTISSEMENT

L’Université de Ngaoundéré n'entend donner aucune approbation ni improbation aux


opinions émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à son
auteur.

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

DÉDICACEh

Je dédie ce travail,

Ma grande famille,

Mon épouse LILIANE CAROLE MAWE et nos enfants,

Tous ceux qui me sont chers,

Trouvez ici, l’expression de mon amour inconditionnel d’aujourd’hui et de demain.

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

REMERCIEMENTS

Au moment de présenter ce modeste travail, qu’il me soit permis de remercier tout d’abord
Madame le Recteur de l’Université de Ngaoundéré, le Professeur ChinjeUPHIEde m’avoir
accueilli dans cette auguste institution dont elle a la charge.

Qu’il me soit aussi permis de remercier le Professeur Janvier ONANA, Doyen de la Faculté
de Sciences Juridiques et politique de l’Université de N’Gaoundéré.

Je tiens aussi à remercier le Professeur Bakreo VOUDWE d’avoir accepté de superviser ce


travail.

Un remerciement particulier et toute ma gratitude au Docteur Diane WAGOUE, pour toute


sa rigueur, sa disponibilité et son encouragement dans la conduite de mes premiers pas sur le
terrain de la recherche. Ce mémoire lui doit beaucoup. Merci du fond du cœur chère Docteur.

Que tous mes enseignants du département de droit de la FSJP de l’Université de Ngaoundéré


et l’Université de Yaoundé 2 trouvent en ce travail le fruit de leurs efforts au quotidien. Par
vos enseignements, vos conseils et orientations, vous m’avez légué un précieux héritage
inépuisable.

J’exprime ma reconnaissance au Professeur Yannick NKOULOU et au Docteur Placide


EBANGA pour leurs précieux conseils qui ont suscité en moi l’envie d’y arriver.

Mes remerciements vont à l’endroit de tous mes camarades de promotion et des ainés
académiques, parce qu’ils ont eu beaucoup d’intérêt à discuter avec moi sur ce travail.

Pour leur amitié et leur soutien, je remercie enfin Emmanuel BAKANG et Isaac LINGON,
de qui j'ai fini par apprendre qu'il ne faut jamais reculer devant les difficultés et que l'espoir
n'est pas un vain mot pour qui cherche son fil d'Ariane dans les labyrinthes de la vie.

Puissiez-vous, tous et chacun, trouver dans chacune des lignes de ce mémoire la marque de
votre contribution et l’expression de mon infinie reconnaissance.

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

RÉSUMÉ

La pandémie de la COVID-19 a plongé le paysage économique mondial dans une situation


inédite et a mis plus que jamais à l’épreuve la résistance du secteur commercial dans son
ensemble. Les mesures de restriction prisent par les gouvernements pour endiguer les effets
néfastes de la pandémie ont mis en lumière les forces et les faiblesses des différentes manières
d’exploiter son fonds de commerce dans des circonstances exceptionnelles comme celle-ci.
Entre menaces et opportunités, la pandémie de Covid-19 s’illustre comme une période
décisive pour le devenir de l’exploitation du fonds de commerce. Les exploitants du fonds de
commerce physique et ceux du fonds de commerce virtuel ont été touchés de façon différente
dans leurs activités. Mais, dans l’ensemble l’épidémie de Covid-19 a été une opportunité pour
les commerçants entreprenants.

Mots clefs : Covid-19, fonds de commerce, menaces, opportunité.

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

ABSTRACT

The Covid-19 pandemic has plunged the worldwide economic landscape in an unusual
situation and has ever put in trouble the whole trading sector resistance. The restriction
measures taken by the governments to hold back the harmful effects of this pandemic have
clearly shown the strengths and weaknesses of the different ways to exploit the trading fund in
exceptional conditions like this one. Between threats and opportunities, Covid-19 pandemic
illustrates itself like a decisive period for the future of the commercial fund exploitation. The
physical trading fund exploiters and those of the virtual trading fund have been affected
differently in their activities. But overall, Covid-19 pandemic has been a great opportunity for
the entrepreneurial traders.

Keywords:Covid-19, commercial fund, threats, opportunity.

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1


PREMIÈRE PARTIE :UNE VARIABILITÉ D’IMPACTS DU COVID-19 SUR LA
CLIENTELE........................................................................................................................... 11
CHAPITRE 1 :UNE DÉCADENCE CONSTATÉE DE LA CLIENTÈLE PHYSIQUE .... 13
Section 1 : UNE AMPLIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE DU POUVOIR
D’ACHAT DE LA CLIENTÈLE ..................................................................................... 13
Section 2 : DIMINUTION DU FLUX DE LA CLIENTÈLE DEVANT LES MAGASINS
PHYSIQUES..................................................................................................................... 21
Chapitre 2 :UNE ASCENDANCE CONTRASTÉE DE LA CLIENTÈLE
ÉLECTRONIQUE ................................................................................................................ 27
Section 1 : UNE EXPLOSION DE L’E-FONDS DE COMMERCE PERCEPTIBLE .... 28
Section 2 : UN DÉVELOPPEMENT DE L’E-FONDS DE COMMERCE
PERFECTIBLE................................................................................................................. 35
Deuxième partie :UNE FRAGILITÉ DES ÉLÉMENTS D’EXPLOITATION DU
FONDS DE COMMERCE PAR LA COVID-19 ................................................................. 43
Chapitre 1:L’IMPACT DE LA COVID-19 SUR LE DROIT AU BAIL ............................. 45
Section 1 : LES INFLUENCES DE LA COVID-19 SUR LES DROITS ET
OBLIGATIONS DU LOCATAIRE ................................................................................. 45
Section 2 : DISPOSITIF DE NEUTRALISATION DES SANCTIONS ÉVENTUELLES
EN CAS D’INEXÉCUTION DES OBLIGATIONS CONTRACTUELLES .................. 52
Chapitre 2 :LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ÉLÉMENTS CORPORELS
CONTRIBUANT À L’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE ......................... 61
Section 1 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ELEMENTS CORPORELS
STABLES DU FONDS DE COMMERCE. ..................................................................... 61
Section 2 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ELEMENTS CORPORELS
INSTABLES DU FONDS DE COMMERCE. ................................................................. 67
CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................... 77

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

LISTE DES ABRÉVIATIONS


Al. Alinéa

Art. Article

AUDCG Acte uniforme OHADA portant sur le droit commercial général

CA. Coup d’Appel

C. Civ.fr. Code Civil français

C. Com. Code de commerce

C.Cass. fr. Cour de Cassation française

C.Cass. fr. ass. plén. Cour de Cassation française assemblée plénière

C. Cass. civ. Cour de Cassation chambre civil

C. Cass. Com. Cour de Cassation chambre commerciale

CCI. Chambre de commerce international

CCR. Chambre Consulaire Régionale

CEMAC. Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale

CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

COVID Corona Virus Desease

CRHA Ordre des Conseillers en Ressources Humaines Agréés

DEA Diplômes d’études approfondies

ÉD Edition

ERSUMA École Régionale Supérieure de la Magistrature

EX Exemple

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

FEVAD Fédération du e-commerce et de la Vente à Distance

IRSIC Institut de Recherche en Science de l’Information et de la Communication

GICAM Groupement interpatronal du Cameroun

L.G.D.J. Librairie Général de Droit et de Jurisprudence.

MMS Multimédia messaging service

N° Numéro

OCDE Organisation de Coopération et de Développement Économique

OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

OMS Organisation mondiale de la santé

P Page

PME Petite et Moyenne Entreprise

S. Suivant

SMS Short message service

TPE Très Petite Entreprise

UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest Africaine

V. Voir

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

INTRODUCTION GENERALE
Le droit, qui est l’autre nom de la volonté, de la raison et de la prévision, n’échappe pas
toujours à la fantaisie du fait et à la folie de la nature. La COVID-19 le soumet encore à
l’épreuve de son ambition au règne et à la maîtrise absolue de tout ce qui saisit l’humain. Il
ébranle sérieusement le droit dans sa solidité, dans son hégémonie et dans sa prévisibilité1.

La maladie à coronavirus (COVID-19) qui a été déclarée dans la ville de Wuhan en Chine en
fin décembre 2019 s’est vite propagée dans plusieurs pays du monde. Elle a eu et continuera
d’avoir des répercussions sanitaires, économiques et financières sans précédent à l’échelle
mondiale et singulièrement dans l’espace OHADA. La crise sanitaire qui frappe le monde est
sans précédent et n’épargne aucun secteur d’activité économique. Le secteur du commerce qui
dépend directement de la fréquentation du public est fortement affecté. Depuis plusieurs mois,
de nombreux changements dans la vie du commerçant ont été observés à cause de cette crise
et du fait des mesures gouvernementales interdisant les rassemblements publics, ordonnant
des fermetures et imposant le confinement. Il en va de soi que le patrimoine du commerçant
doit être lui aussi affecté.

Cependant, la COVID-19 a été décrété comme une pandémie le 11 mars 2020 par
l’OMS2. Hissé officiellement au rang d’une pandémie selon l’OMS, le coronavirus (COVID-
19) soulève de nombreuses inquiétudes. D’un point de vue macro, la crise du coronavirus
contribuera à un ralentissement économique, voire à une récession au Cameroun comme dans
d’autres États de l’OHADA. Plusieurs entreprises, sont affectées par cette situation. D’un
point de vue micro, la propagation du virus a un impact certain sur l'emploi, aussi les
employeurs n’ont d’autres choix que de se préparer à gérer les conséquences de cette crise qui
pourrait durer plusieurs mois3.

Pour éviter la propagation du COVID-19 dans les différents États membres de l’OHADA
et garantir une prise en charge efficace des personnes déjà contaminées, tous les
Gouvernements de la zone ont pris des mesures d’urgence, dont la plupart ont porté sur la

1
J. DJOGBENOU, «Procédures civiles d’exécution et urgence sanitaire : le cas de la pandémie de la covid-19»,
Bulletin ERSUMA de pratique professionnelle numéro spécial- droit ohada & covid-19, 1ère série, n° 031, mars
2020, p. 11.
2
CCR, UEMOA Rapport Covid-19, impact de la pandémie du covid-19 sur le secteur prive de l’UEMOA, mai
2020, p.10.
3
https://crha.li/covid-19 . Consulté, le 05 mai 2021 à 21h 15mn.

1
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

fermeture des frontières, la mise en quarantaine des voyageurs provenant des pays à risque, le
confinement des populations et l’intensification des campagnes de sensibilisation et de
prévention par des mesures d’hygiène simples à observer par tous.

Les entreprises subissent alors plusieurs changements ces derniers mois du fait du
Covid-19. Cette crise a créé des situations qui ont affecté grandement les activités
commerciales. Par conséquent, la capacité des entreprises à créer de la valeur et à générer de
la croissance est devenue tributaire de leur degré d'adaptation à l’évolution de la pandémie.

Une entreprise peut se retrouver impactée dans son activité par la pandémie du Covid-19
au point de remettre en cause l’équilibre contractuel et la bonne exécution d’obligations
contractuelles. Afin de limiter l’impact économique, l’entreprise peut envisager une
exonération de responsabilité. Il est évident que l’avènement de cette crise pandémique4et ses
manifestations ont modifié en profondeur le paysage de l’activité commerciale, le rendant
plus difficile, mais aussi plus incertain. La crise sanitaire a évidemment un impact sur
l’activité du commerçant. Elle conduit inévitablement à une nouvelle réflexion sur les
incertitudes relatives à la qualification juridique de cette crise sanitaire et fait ressortir des
difficultés concernant l’exploitation du fonds de commerce.

L'entrée du commerçant dans les affaires a lieu au moyen de l'acquisition d'un fonds de
commerce, lorsqu'il ne crée pas un établissement absolument nouveau4. Pour exercer une
activité commerciale, celui-ci utilise un ensemble de biens corporels (machines,
marchandises…) et incorporels (brevet d’invention, le nom commercial…). Tous ces biens
sont regroupés et utilisés par le commerçant pour répondre au besoin de sa clientèle, pour
l’attirer, pour la retenir. Ces biens forment un ensemble auquel le droit OHADA applique un
régime particulier. Cet ensemble, c’est le fonds de commerce. Les mesures gouvernementales
prises pour limiter la propagation du virus ont influencés les activités des commerçants. Telle
est la raison pour laquelle nous avons optés pour l’étude du sujet : l’exploitation du fonds de
commerce à l’épreuve du Covid-19.
Le caractère libéral du droit commercial est illustré par la règlementation du statut et de
l’activité de l’entreprise. Le législateur va organiser le statut des biens des moyens d’action
mis à la disposition des commerçants pour l’exercice de leur activité. Il s’agit de la loi du 17
mars 1909 qui introduit dans le droit français la notion de fonds de commerce5. Cette loi

4
E. THALLER, Traité élémentaire de droit commercial, éd., A. ROUSSEAU, Paris, 1898, p. 59.
5
N. BEN AMMOU, Cours de droit commercial, Université de Tunis EL Manar, année universitaire 2003-2004,
p. 13. Disponible sur : http://rel.uvt.rnu.tn. Consulté, le 30 novembre 2021 à 11h 03mn.
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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

organise la vente et le nantissement du fonds de commerce6. On peut encore ajouter une loi
postérieur, il s‘agit de la loi du 20 mars 1956qui organise la location gérance du fonds de
commerce7. Le propriétaire ou l’exploitant du fonds de commerce concède totalement ou
partiellement la location du fonds de commerce à un gérant qui l’exploite à ses risques et
périls. Les composantes du fonds de commerce sont la clientèle, le droit de bail et le nom
commercial. Une loi du 1926 ainsi qu’un décret-loi du 30 septembre 1953 vont fixer le statut
du bail commercial. Lorsque le commerçant loue les murs où est installé un fonds de
commerce, il est indispensable de protéger le bail qui est une source de richesse pour le
commerçant. Aussi, ces textes législatifs de 1926 et de 1953 reconnaissent au profit du
commerçant un droit « au renouvellement du bail ». Le droit commercial a ainsi
particulièrement développé l’idée selon laquelle les biens appartenant au commerçant et qui
ont le plus de valeur sont les biens incorporels. Ainsi, la valeur du fonds de commerce est
principalement constituée par la clientèle, le droit de bail et le nom commercial. D’autres
textes vont fixer le statut des propriétés incorporelles. On peut citer la loi du 5 juillet 1844 sur
les brevets d’invention (pour leur protection), la loi de 1909 sur les dessins et modèles et le
texte du23 septembre 1957 sur les marques de fabrique.
C’est la pratique qui a fait naitre le fonds de commerce, et c’est la pratique qui le développe et
le maintien. Le Code de commerce de 1807 a ignoré le fonds de commerce8. La loi l’ignore,
mais dès 1807 l’on connaissait ce concept et il regroupait les marchandises, le matériel, et au
XIXème siècle il était simplement un rassemblement de biens nécessaires à l’exploitation
commerciale, et non pas ce qu’il est aujourd’hui, à savoir une institution, un cadre juridique
inévitable pour exercer une activité commerciale.
L'expression « fonds de commerce» est employée pour la première fois par la loi fiscale du
28 février 1872 en frappant d'une taxe les mutations de clientèle9. C'est donc par la porte de
l'impôt que cette locution est entrée dans le langage juridique; c'était la reconnaissance d'un
nouvel élément de la fortune générale10.La notion de fonds de commerce se dégage donc au
XIXe siècle sous une double nécessité. D’une part, avec l’émergence du capitalisme, les
commerçants souhaitaient pouvoir protéger leur clientèle contre les attaques des concurrents,
donner à celle-ci la plus grande stabilité possible et, partant, protéger les investissements
intellectuels et financiers réalisés. En particulier, une reconnaissance du fonds de commerce

6
B.-J. BERNARD, D. RICHARD, Droit des affaires, 8e éd., L.G.D.J., 2015, p. 184.
7
Ibid.
8
Ibid.
9
Ibid.
10
G. CENDRIER, Le fonds de commerce, traité général théorique et pratique avec formulaire revue et
complétée par R. MARTIN , R. MAUS, Paris, Dalloz, 5éme éd., p.1.
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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

permettait au commerçant de soutenir que son exploitation avait une valeur supérieure à la
simple somme du prix de ses éléments constitutifs11. D’autre part, la reconnaissance du fonds
de commerce était souhaitée par les créanciers des commerçants, en tant qu’élément
patrimonial de ces derniers. En créant l’entité « fonds de commerce », le contrôle des
opérations effectuées par le commerçant devenait plus commode, en particulier par la mise en
place de règles de publicité12.C’est dans ce contexte qu’est né le gage sur fonds de commerce,
dans la mesure où il permit aux commerçants de lever plus facilement des fonds pour financer
leurs activités et aux institutions de crédit de disposer d’une garantie plus efficace.
Le fonds de commerce n'est pas un tout juridique ayant son économie particulière. Il ne forme
pas une universalité soumise à un régime propre. A plus forte raison ne peut-on, même par
fiction, le considérer comme une personne distincte de celle de l'exploitant. C'est la
convention des parties qui réunit entre eux, pour en faire l'objet de transmissions simultanées,
des valeurs de condition différente. Ces valeurs sont rendues seulement solidaires en fait par
un intérêt d'exploitation13.
Nous voici en plein crise sanitaire aussi importante que n'importe quelle autre dans l'histoire
de l'humanité, celle de la pandémie de Covid-19. Dans de telles circonstances, s’il est
essentiel de faire tout notre possible pour comprendre les effets de la pandémie sur
l’exploitation du fonds de commerce et pour trouver des solutions qui répondent aux besoins
actuels sur le plan de la sauvegarde des objectifs attachés à la constitution d’un fonds de
commerce, il est tout aussi crucial de dégager des meilleures pratiques qui pourraient être
utilisées à l’avenir pour répondre à tout incident futur de ce type, d'une manière coordonnée et
cohérente.
Le fonds de commerce n’a pas de définition légale, ni une définition doctrinale unanimement
admise du fonds de commerce. La doctrine a cependant proposé un certain nombre de
définitions. Le mutisme a d’ailleurs continué avec la loi du 17 mars 1909 baptisée « Loi
Cordelet», n’en déplaise à l’importance qui lui est faite. Malgré l’ancienneté de la notion, et
son omniprésence dans la vie économique, le fonds de commerce, en tant qu’institution
juridique, ne reçoit aucune définition légale. Différents textes y font toutefois explicitement
référence14.Un auteur français nous donne également une définition intéressante « le fonds de
commerce est constitué par l’ensemble des biens mobiliers affectés à l’exercice des activités

11
M. VERCRUYSSE, E. LAUWERS, Le fonds de commerce, Bruxelles, LARCIER, 1967, Extrait du Journal
des tribunaux 121e année no 6044 du 23 février 2002 le fonds de commerce virtuel : une réalité juridique ?p. 8.
12
G. SADDE, La notion de fonds de commerce virtuel, mémoire de D.E.A. Informatique et droit, Université de
Montpellier I, 1999-2000, p.11 et s.
13
E. THALLER, op.cit., p.59.
14
M. VERCRUYSSE, E. LAUWERS, op.cit. P. 10.
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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

commerciales. Il permet essentiellement de retenir et de développer une clientèle attirée par le


savoir-faire du commerçant, la qualité des marchandises vendues, l’emplacement de
l’établissement, l’enseigne, etc. Ses divers éléments présentent une certaine stabilité, une
certaine unité, et peuvent se transmettre globalement»15.Cette définition laisse poindre la
notion centrale autour de laquelle s’articule le fonds de commerce : la clientèle. En effet, la
clientèle est l’élément essentiel du fonds, ainsi que le souligne la jurisprudence de la Cour de
cassation de France16.
A cet égard, nous faisons nôtre la définition dite « essentialiste » d’un autre auteur français: «
le fonds de commerce est l’ensemble des moyens utilisés pour attirer et fidéliser la clientèle
»17.
C’est dans ce courant que s’inscrit la communauté OHADA quand elle dit : « le fonds de
commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au commerçant d’attirer et
de conserver la clientèle »18. Elle est plus une description qu’une définition. En fait le fonds
de commerce est, en droit OHADA, régi par les articles 135 à 168 de l’AUDCG.
Le fonds de commerce est aussi« un droit mobilier incorporel, qui porte sur une valeur
marquée sur un rendement potentiel découlant de la possibilité d’attraire une certaine clientèle
qui sera liée à l’organisation de l’établissement commercial »19.Selon le vocabulaire juridique,
le fonds de commerce est ensemble des éléments corporels (matériel, outillage, marchandises)
et incorporels (droit au bail, nom, enseigne, brevets et marques, clientèle et achalandage) qui,
appartenant à un commerçant ou à un industriel et réunis pour lui permettre d’exercer son
activité, constitue une universalité juridique et un meuble incorporel soumis à des règles
particulières (notamment en cas de vente ou de nantissement20. Le fonds de commerce est
aussi l’ensemble du matériels, des marchandises et des éléments incorporels (clientèle,
notoriété, etc.) qui font la valeur d’un établissement commercial21.

Pour le lexique des termes juridiques, il s’agit d’un ensemble former des éléments mobiliers
corporels (matériel, outillage, marchandises) et incorporels (droit au bail, nom, enseigne)
qu’un commerçant ou un industriel groupe et organise en vue de la recherche d’une clientèle,

15
Y. GUYON, Droit des affaires, t. I, Economia, Paris, 1994, p. 665.
16
C. Cass. fr., 15 févr. 1937, D.H., 1937, p. 179.
17
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Droit commercial, 3ème éd., Montchrestien, Paris, 1993, p. 268. Pour cet auteur,
la clientèle devient ainsi « une possibilité de contrats futurs et renouvelés ».
18
Art. 135 AUDCG.
19
M. GRÉGOIRE, A.-M. Stranart, D. LECHIENIN, Sûretés réelles, partie II, fascicule 3, P.U.B., 5eme éd.,
p.108.
20
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant 12ème éd. mise à jour « Quadrige » : 2018,
janvier, p. 1013.
21
V., Dictionnaire hachette encyclopédique, éd. 2001, p. 618.
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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

et qui constitue une entité juridique distincte des éléments qui le composent. Le droit
commercial saisit le fonds au titre des opérations qui le prennent pour objet : cession,
constitution de garantie (nantissement), location-gérance. Le bénéfice de cette réglementation
est parfois étendu aux autres fonds professionnels, notamment artisanal et agricole22.D’après
Dominique LEGEAIS, le fonds de commerce est un ensemble d’éléments divers, mobiliers
corporels et incorporels relatifs à l’exploitation d’un commerce et ayant tendance à rallier une
clientèle au profit du commerçant23.

Il est essentiel de définir quelques notions voisines et notions connexes du fonds de commerce
pour éviter toute confusion. Le fonds de commerce est distinct du fonds commercial. En effet
le fonds commercial est la valeur d’acquisition de l’ensemble des éléments incorporels du
fonds de commerce (clientèle et achalandage ; droit de bail s’il ne fait pas l’objet d’une
convention à part)24. Le fonds commercial regroupe les éléments principaux du fonds de
commerce. Ce sont la clientèle et l'enseigne ou la clientèle et le nom commercial, ou encore la
clientèle, l’enseigne et le nom commercial25.Ensemble d'éléments incorporels ne pouvant faire
l'objet d'une évaluation et d'une comptabilisation séparées, au bilan, et qui participent au
maintien et au développement de l'activité de l'entreprise26.Le fonds social est composé de
tous les apports des associés : argent, marchandises, fonds de commerce, industrie, crédit,
meubles, immeubles. Mais chaque associé apporte surtout son nom et le crédit qui s'y attache
; le plus ordinairement son industrie et toute sa capacité commerciale27.Le fonds de commerce
est une notion essentiellement juridique alors que l’entreprise est une notion essentiellement
économique. Le fonds de commerce ne serait qu’une composante de l’entreprise au côté des
éléments humains, des éléments corporels, incorporels, …28 . La raison qui pousse à ne pas
confondre fonds de commerce et entreprise tient au fait que l’entreprise n’est pas une
exclusivité du droit commercial dans la mesure où il y a des entreprises civiles (sans fonds de
commerce), des entreprises agricoles, des entreprises artisanales sans fonds de commerce
mais avec des fonds artisanaux29. Le fonds de commerce n’a pas de personnalité juridique. En
revanche, la société constitue une personne juridique qui détient un patrimoine et qui peut
détenir un ou plusieurs fonds de commerce. La société est donc le sujet de droit, alors que le
22
Voir Lexique des termes juridiques, Dalloz, 25e éd., 2017-2018, p. 909.
23
D. LEGEAIS, Droit commercial, 11ème éd., Paris, Sirey, 1998, p.65.
24
Site internet : https://fr.m.wikipédia.org . Consulté, le 17 septembre 2021 à 00h 45mn.
25
Cours de droit civil, 2ème année sur le site http://dfp.ci. Consulté, le 05 mai 2021 à 15h 02mn.
26
H. BITSAMANA, Dictionnaire de droit OHADA, 2003, p. 46.
27
A. BOISTEL, Précis de droit commercial, 2eme éd., corrigée, mise au courant de la jurisprudence, et enrichie
d'innombrables citations de doctrine, Paris, 1878, p. 134.
28
Ibid.
29
Ibid.
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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

fonds de commerce n’est qu’un instrument juridique à disposition de la société, un bien parmi
d’autres dans le patrimoine du commerçant30.
L’exploitation est l’action de mettre en valeur quelque chose et d’en tirer profit31.Elle est
dérivée du verbe exploiter et peut signifier la mise en valeur d’une source de richesse
(agricole, industrielle). Ex. exploitation d’un domaine rural, d’une usine, d’un fonds de
commerce. Elle signifie non seulement l’action d’exploiter, mais aussi l’action de tirer profit
d’une chose que l’on fait produire. Ce que l’on fait produire pour en tirer profit32.Fonds du
Latin fundus signifie bien, expression générique servant à désigner les immeubles par
nature(fonds de terre ou bâtiments) pris comme biens principaux, notamment par opposition
aux immeubles par destination33et par extension dans l’expression fonds de commerce, une
entité mobilière complexe, autre source de richesse. Voir par exemple héritage34. Il signifie
non seulement une terre considérée comme immeuble35mais aussi, ce terme usuel peut
désigner un immeuble non bâti (fonds de terre), une entreprise commerciale à caractère
individuel (fonds de commerce), un cabinet de clientèles civiles (fonds libéral), un fonds
artisanal et plus généralement un capital36. Le mot commerce vient du latin commercium, de
merx (chose vendue), merces (le prix) qui signifie échange de marchandise pour l’argent37. Il
signifie en droit commercial l’opération ayant pour objet de mettre les divers produits de la
nature ou de l’industrie ou des services à la portée des consommateurs et des clients, à effet
d’en tirer un profit38.

La locution prépositionnelle ‘’à l’épreuve de’’ (en parlant d’une personne ou d’une chose) qui
peut être soumis à une expérience, qui est capable d’y résister, de la supporter39. Évènement
pénible, malheur, souffrance qui éprouve du courage, qui fait apparaitre les qualités morales.
‘’A l’épreuve de’’ signifie ‘’qui résiste à’’40.Expérience à laquelle on soumet une (ou la)
qualité d’une personne ou d’une chose et qui est susceptible d’établir la valeur positive de
cette qualité41.

30
Ibid.
31
Site internet : https://www.toupie.org . consulté, le 03 mars 2021, à 10h 16mn.
32
Dictionnaire hachette encyclopédique, op.cit. p. 496.
33
V. C. civ. fr., Art. 518 et s.
34
G. CORNU, op.cit., p. 907.
35
Dictionnaire hachette encyclopédique, op.cit., p. 503.
36
Lexique des termes juridiques, op.cit., p. 763.
37
Site internet : https://sites.google.com. Consulté le 16 mars 2020 à 21h 35mn.
38
Site internet : https://www.cnrt.fr. Consulté le 27 mai 2020 à 01h 11mn.
39
Site internet : https://www.cnrtl.fr. Consulté le 19 février 2020 à 19h 46mn.
40
Dictionnaire hachette encyclopédique, op.cit., p. 436.
41
https://www.cnrtl.fr op.cit.
7
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Dans la délimitation matériellement, nous nous intéresserons à toutes les bases légales, des
fondements textuels que jurisprudentiels sur lesquels l’exploitation du fonds de commerce tire
sa source et son expansion c’est-à-dire les fondements et l’évolution jusqu’à nos jours des
difficultés liées à l’exploitation du fonds de commerce. Dans le cadre spatial, nous allons
mener notre étude dans l’espace territorial du Cameroun mais aussi de l’espace OHADA car
le droit commercial camerounais est gouverné par l’AUDCG. Cette réflexion sera en fin
menée sur la base du droit comparer avec le droit français. S’agissant de la délimitation
temporelle, nous partirons de la naissance de la covid-19 jusqu’à nos jours.

L’objectif général de la présente étude est d’identifier les difficultés auxquelles est confronté
l’exploitant du fonds de commerce dans cette période exceptionnelle dictée par la pandémie
de Covid-19et de proposer des mesures palliatives des effets. L’intérêt réside tout d’abord
dans la constatation que le fonds de commerce, reste au cœur de la vie juridique de
l’entreprise malgré les critiques dont il est la cible et les orientations prises par le commerce
contemporain. Étudier l’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du Covid-19, c’est
apprécier la dynamique d’un concept considéré comme l’épicentre des activités du
commerçant.

Cette recherche se propose alors de contribuer à la connaissance et à la vulgarisation du droit


positif OHADA, droit économique par certains de ses aspects, qui devrait pouvoir permettre
de mieux prendre en considération les situations qui peuvent faire obstacles à l’exploitation
sereine d’un fonds de commerce afin de proposer des solutions plus adaptées aux réalités
économiques et sociales des États parties de l’OHADA.
Force est de constater qu’en présence d’une pandémie, le droit est interpelé de deux
manières : la gestion de la pandémie au moyen du droit et l’effet de la pandémie sur le droit
positif42.En effet, les dernières positions de la jurisprudence et récents commentaires de la
doctrine font désormais du fonds de commerce un élément assez particulier du patrimoine du
commerçant. Il a non seulement une valeur patrimoniale spécifique mais est aussi d’une
importance indéniable.
L’analyse de la thématique sur l’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du
Covid-19 a tout son sens car elle pourrait indubitablement être intéressante aussi bien sur le
plan théorique que pratique. D’un point de vue théorique, l’étude de l’exploitation du fonds
de commerce à l’épreuve du Covid-19 en droit de l’OHADA se veut une contribution à la

42
R. NEMEDEU, « Les pandémies et le droit », in LE NEMRO Revue Trimestrielle de Droit Économique,
Avril/Juin 2020, p. 2.
8
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

systématisation de cette expression apparue dans le langage juridique à la suite des discours
sur le développement et méconnu des juristes, alors que sa place grandissante dans le discours
juridique de l’espace de l’OHADA est aujourd’hui indéniable.

L’analyse de cette thématique pourrait permettre de bien cerner les contours de l’exploitation
du fonds de commerce en période de crise. Ainsi, les informations que nous aurons à apporter
pourraient être d’une modeste contribution à la façon d’adapter l’exploitation de son fonds de
commerce pendant la covid-19. Aussi comme tout travail scientifique, l’analyse de la
thématique permet d’enrichir les œuvres scientifiques ; car à base de cette étude, il existe de
multiples textes juridiques et des écrits scientifiques qui ont vu le jour. C’est ce qui permet
d’élargir le champ de recherche de ce sujet.

Notre étude, comme toute recherche en droit, contribuera à l’enrichissement de la littérature


scientifique sur l’exploitation du fonds de commerce en période de crise. D’un point de vue
pratique, l’exploitation du fonds de commerce entraîne plusieurs conséquences juridiques,
puisqu’elle permet en particulier de grever le fonds d’un gage, et a des répercussions fiscales
en cas de cession. Également, le sujet soumis à notre réflexion présente un réel intérêt tout
aussi impératif qu’impérieux. En effet, dans un moment où sévit une crise sanitaire, la
question d’exploitation du fonds de commerce suscite beaucoup de débats et son étude
devient incontournable. Cette thématique est aussi importante dans la mesure où la pandémie
vient poser des difficultés dans l’exploitation sereine du fonds de commerce. Ainsi, les
mesures barrières prise par le gouvernement viennent de toute évidence perturber l’exploitant
du fonds de commerce dans son activité. Aussi, cette étude permet de donner un éclairage
certain à tous les acteurs de vie commerciale sur l’exploitation du fonds de commerce en
temps de crise sanitaire. Cette étude peut enfin aider l’exploitant du fonds de commerce à
mieux comprendre les contours et d’exploiter d’une façon rationnelle pour prendre les
meilleures décisions et être flexibles.

Nous pensons donc sans être présomptueux que les différentes parties intervenant
dans la chaine d’exploitation du fonds de commerce, trouverons les ressources nécessaires et
une politique indispensable à leur exploitation et à la satisfaction des objectifs fixés.

La question centrale qui se dégage peut-être formuler de la façon suivante : comment la


covid-19 impacte- t-elle l’exploitation du fonds de commerce ? Cette question soulève bien
d’autres qui lui sont connexes. Ainsi que devient l’obligation d’exploiter le fonds de
commerce face à la covid-19 ? Comment déjouer les incertitudes liées au covid-19 ?A la

9
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

question centrale sus-posée, la réponse est duale car il est évident que la crise sanitaire du
coronavirus rend difficile l’exploitation du fonds de commerce, mais il en demeure pas moins
que la covid-19 peut être une opportunité à saisir par le commerçant.

Par la méthode analytique nous démontrerons la manière dont la survenance d’une crise
pareille est aménagée en général en droit positif. Il s’agit, en quelque sorte, d’une démarche à
suivre dans toutes ses formes requises pour aboutir à un résultat attendu. En réalité, l’objectif
général de la présente étude est de jeter un regard analytique et critique des différents textes,
leur application dans ce contexte particulier de la pandémie de Covid-19.

Relativement à la dogmatique, elle nous permettra de comprendre le caractère formel de la


règle de droit, tandis que la casuistique nous permettra de confronter cette dernière à la réalité
sociale43.Par la casuistique nous nous pencherons sur la position des juges relatives à la
question de l’exploitation du fonds de commerce en période de crise sanitaire. La dogmatique
nous aidera à présenter le droit positif (c’est-à-dire le droit en vigueur) de manière raisonnée
et logique. Il s’agit donc de livrer une étude savante menée dans un souci de rationalisation
c’est-à-dire d’expliquer et de comprendre l’activité juridique de manière cohérente et logique.

En somme, aborder le sujet de l’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du Covid-19


en droit, c’est préciser, finalement, dans cette étude, la problématique de l’adaptabilité et
l’applicabilité de l’Acte Uniforme et du Code Civil dans des contextes de crise sanitaire.
Ainsi, de l’analyse de l’Acte Uniforme révisé relatif au droit commerciale général, il résulte
que le fonds de commerce occupe une place centrale dans la vie commerciale. Il sera envisagé
dans cette étude, de faire une analyse, d’une part, sur la variabilité d’impacts qu’a la covid-19
sur l’existence du fonds de commerce(première partie)et, d’autre part, sur la fragilité des
éléments d’exploitation du fonds de commerce par la covid-19 (seconde partie).

43
Les cours de droit, L.G.D.J, 1969, cité par C. NACH MBACK, Démocratisation et décentralisation, Paris,
Karthala, PDM, 2003, p.45 et s.

10
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

PREMIÈRE PARTIE :

UNE VARIABILITÉ D’IMPACTS DU COVID-19 SUR


LA CLIENTELE.

11
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

On intègre la clientèle dans les biens incorporels parce que c'est quelque chose qu'on ne
peut pas saisir et elle fait la notoriété du fonds de commerce. C'est incontestablement
l'élément principal du fonds de commerce, c'est ce qui le caractérise. C'est même ce qui
caractérise le commerçant. Il ne peut pas exister de fonds de commerce sans clientèle. La
doctrine est d'accord avec ça et la jurisprudence, dans une logique constante considère, que
«des éléments du fonds de commerce, la clientèle représente le plus essentiel, celui sans
lequel le fonds ne saurait exister». Cette position jurisprudentielle est à relativiser lorsque l’on
est au commencement de l'activité commerciale. Dans cette hypothèse en effet, on peut
admettre que le fonds de commerce existe même si la clientèle n'est pas effectivement
constituée dès lors qu'elle est certaine. C’est ainsi que la clientèle n'est pas seulement un
élément essentiel du fonds de commerce mais c'est aussi la finalité.

Étudier l’impact du covid-19 sur la finalité du fonds de commerce revient à déceler les
influences des restrictions gouvernementales suites à la pandémie sur la clientèle physique
(chapitre 1) d’une part et sur la clientèle électronique (chapitre 2) d’autre part.

12
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

CHAPITRE 1 :
UNE DÉCADENCE CONSTATÉE DE LA CLIENTÈLE PHYSIQUE
L’importance de la clientèle du fonds de commerce n’est plus à démontrer, elle reste son
élément essentiel sans lequel le fonds de commerce ne peut exister. Le législateur OHADA a
dans cette logique rendu cet élément obligatoire. C’est ainsi que l’AUDCG dispose : «Le
fonds de commerce comprend nécessairement la clientèle et l’enseigne ou la clientèle et le
nom commercial, sans préjudice du cumul de la clientèle avec l’enseigne et le nom
commercial»44. La crise sanitaire du coronavirus a eu une influence significative sur la
clientèle et la conséquence directe est celle de la chute du chiffre d’affaire. Pour les
entreprises du secteur des services, le chiffre d’affaires devrait connaitre une baisse de plus de
la moitié dans les différents secteurs d’activités si la pandémie perdurait. En effet, dans le
secteur du tourisme, de l’hôtellerie, des agences de voyage, du transport et de l’enseignement,
des arts et spectacles, le chiffre d’affaires devrait baisser de plus de 50% de l’avis respectif de
69%, 55%, 52%, 57%, des acteurs interrogés. Dans le secteur de la restauration, le chiffre
d’affaires sera marqué par une baisse de 25% à 50% pour 58% des acteurs interrogés et dans
le secteur financier, la baisse devrait être de l’ordre de moins de 25%45.

Les mesures prise pour juguler la crise ont conduit à une baisse et perte du pouvoir d’achat de
la clientèle (Section 1) qui a eu pour conséquence la diminution du flux de la clientèle devant
les magasins physiques (Section 2).

Section 1 : UNE AMPLIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE DU POUVOIR


D’ACHAT DE LA CLIENTÈLE
L’étude menée par le ministère des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et
de l’artisanat révèle que le secteur tertiaire qui représente 51,5% du PIB et emploie 42% de la
population active est le plus touché. Cette morosité ambiante a entrainé la réduction de 70%
du pouvoir d’achat tandis que certains secteurs comme le tourisme ont connu une baisse
d’activité de plus de 92%46.

44
Confère Art. 136 de l’AUDCG.
45
CCR-UEMOA, Rapport final étude impact covid-19 sur le secteur privé de l’UEMOA, mai 2020, p.13.
46
A. MBOG, « Cameroun : le chiffre d’affaires des entreprises chute de 80% à cause de la Covid-19 »,
Financial Afrik, 17 Juin 2021. Disponible sur https://www.financialafrik.com/author/mbogachilleyahoo-fr/.
consulté le 15 novembre 2021 à 16h 20mn.
13
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Le pouvoir d’achat c’est la quantité des biens matériels et immatériels qu’un agent peut
se procurer sur le marché grâce à son salaire47. Dans un contexte sanitaire ou le coronavirus
dicte sa loi, le déséquilibre existant dans la relation quantité de biens qu’on peut se procurer et
le salaire c’est accentué. Ce déséquilibre est occasionné par la rupture des activités et
l’augmentation des dépenses sociales (Paragraphe 1 ). Le commerçant se trouve ainsi
confronter à une baisse de sa clientèle. Pour y faire face, celui-ci est obligé de se réinventer
(Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : ACCROISSEMENT DU TAUX D’INACTIVITÉDE LA


CLIENTÈLE
La chute du pouvoir d’achat ainsi que l’augmentation des prix sur le marché ont
profondément influencé les habitudes des populations. La protection de l’emploi pour
certaines entreprises qui rencontrent des difficultés de trésorerie, s’avère particulièrement
difficile, alors que les ressources humaines demeurent capitales aussi bien pour le maintien de
l’activité que pour la reprise après la crise. Sur le plan opérationnel, certaines entreprises dont
le secteur est frappé d’interdiction d’activités exercent toujours. D’autres ont réussi à adapter
leurs offres de services pour limiter la baisse de leur chiffre d’affaires. La mise en œuvre de
ces différentes réactions dépend du secteur d’activité, de la taille de l’entreprise, de sa
capacité de résilience, et de sa capacité à bénéficier de ligne de crédit trésorerie. L’impact sur
la clientèle est alors relatif à l’effondrement de leur situation économique (A) suivi d’une
baisse du revenu monétaire des ménages (B).

A- Effondrement de la situation économique de la clientèle


Il s’agit ici d’une augmentation du chômage et des charges du consommateur. En effet
l’approche de Patinkin défini le chômage involontaire comme phénomène de déséquilibre48.
Cette approche estime que le chômage involontaire ne peut pas exister comme phénomène
d’équilibre et qu’il doit être donc pensé comme un phénomène témoignant d’un déséquilibre
de marché dans un contexte où des prix visqueux (c’est-à-dire non fixes, mais non
parfaitement flexibles) autorisent des transactions en dehors de l’équilibre49. Il étudie en
particulier les effets de report qui font qu’un marché en déséquilibre conduit les agents qui y
sont rationnés (qui ne peuvent satisfaire leurs offres ou demandes) à « reporter » ce
47
B. MUSHAGALUSA D. & All (2021), « Salaire et pouvoir d’achat en période de pandémie de Covid-19. Cas
pratique des agents de l’Enseignement Supérieur et Universitaire de Lubumbashi », Revue Internationale des
Sciences de Gestion, « Volume 4 : Numéro 3 », p. 470. Site internet: www.revue-isg.com, consulté le 10 octobre
2021 à 21h 12mn.
48
B. MUSHAGALUSA D. & All (2021), op.cit., p. 475.
49
Ibid.
14
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

rationnement sur les autres marchés, en modifiant en conséquence les offres et demandes
qu’ils y manifestent50.

En ce qui concerne l’emploi, il faut noter le grand effort fournit par les entreprises pour
maintenir les emplois. En effet, dans le secteur des services, la plupart des emplois ont été
maintenus. Les secteurs d’activités qui ont procédé à des suppressions d’emplois l’ont fait en
général dans une proportion de moins de 25% (Tourisme, Enseignement, Transport,
Restauration, Hôtellerie)51. Il s’agit pour la plupart de contractuels et de personnels non
essentiels. Toutefois certains secteurs comme l’hôtellerie, les agences de voyage et de
tourismes, l’enseignement, etc. ont dû recourir à des chômages partiels/chômages techniques
pour certaines catégories d’employés en réduisant leur effectif salarié dans les proportions de
25% à 50%52. Ceci a inévitablement contribué à la baisse du taux d’emploi. Les restrictions
gouvernementales pour freiner la propagation du coronavirus ont des incidences négatives sur
les clients. Les consommateurs n’ont plus de source de revenus en raison de la baisse ou de
l’arrêt de leurs activités au temps de confinement, aussi à l’augmentation des dépenses de
consommation. En effet,la plupart des chefs de ménages ont perdu leur travail, certains ont
connu une augmentation des heures de travail, d’autres ont gardé le même quota d’heures de
travail et environs cinquante pour cent ont conservé leur travail avec une chute du quota
horaire de travail. Des organisations patronales à l’instar du GICAM révèlent dans leurs
enquêtes que le Covid-19 a entrainé la suppression et la mise en congés techniques de plus de
72 000 emplois, tandis que près de 14 000 PME sont en état de faillite53.

Les confinements imposés pour contenir la pandémie ont poussé l’économie mondiale dans
une récession sans égale depuis la Grande Dépression, au cours de laquelle des millions de
personnes, majoritairement les plus pauvres et vulnérables, ont perdu leur emploi et leurs
moyens de subsistance54.L’emploi est donc lourdement affecté. Une augmentation brutale des
pertes d’emploi est observée, en particulier dans les secteurs tertiaire et secondaire. Les
mesures d’appui à l’économie, particulièrement pour les petites entreprises, s’avèrent

50
Ibid.
51
CCR-UEMOA, op.cit., p. 23.
52
Ibid.
53
A. MBOG, op.cit.
54
« La pandémie de la COVID-19 : une opportunité pour développer des sociétésplus durables, justes, et
résilientes », La revue Liaison Énergie-Francophonie, no 115, 4e trimestre 2020. Site internet:
www.ifdd.francophonie.org, consulté le septembre 2021 à 05h 17mn.
15
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

insuffisantes pour mitiger l’impact de la crise55. Il est important de signaler avec emphase que
toutes ces mutations et modifications vont impacter les revenus des ménages.

B- Baisse du revenu monétaire des ménages


Aujourd'hui, c'est avant tout le manque d'argent pour acheter de la nourriture qui
fragilise la situation des millions de personnes dans le monde. Ces millions de personnes ont
perdu leur emploi du fait des mesures visant à limiter la propagation du virus. Que ce soit
dans le secteur formel ou informel, du petit vendeur au détail aux gros exportateurs. Les
pertes économiques et d'emplois sont énormes. L'effet économique le plus important de la
pandémie de COVID-19 est la réduction des activités économiques et des revenus associés, en
raison de la réduction des activités productives et génératrices de revenus. Les individus
perdent leur emploi, ferment leurs entreprises et arrêtent même leurs activités commerciales
informelles.

Au même moment, les revenus venant du travail et des fonds provenant de la diaspora sont
réduits à des fractions de leurs niveaux d’avant la crise. La pandémie de Covid-19 a révélé à
quel point les revenus des ménages sont importants et comment ceux-ci ne sont jamais à l’abri
d’un choc exogène pouvant entraîner une dégradation rapide et inattendue de leur situation.
La décrépitude de la clientèle physique est causée par une chute des revenus. Il s’agit en effet
d’une baisse ou d’une perte de salaire. Le salaire qui est la rémunération du travail effectué
par une personne pour le compte d’une autre en vertu d’un contrat de travail ou d’un mandat
salarié56. Cette rémunération perçue permet au salarié de subvenir à ses besoins. Le chômage
et la perte d’activité occasionnés par la crise sanitaire influencent négativement la possibilité
de satisfaire les besoins fondamentaux des ménages. Force est de constater que la hausse des
prix sur le marché est consécutive aux difficultés rencontrées par les ménages. Suite à des
restrictions et mesures prises par les gouvernements, certains commerçants véreux en ont
profité pour augmenter les prix des produits essentiels dont la consommation est privilégiée
pendant la crise. En septembre 2020, les pays ont engagé 13 mille milliards de dollars pour
atténuer les impacts de la pandémie sur les ménages, les petites et moyennes entreprises et les
différents secteurs de l’économie57.

55
«Analyse rapide des impacts socio-économiques du COVID-19 au Mali », rapport des Nations Unies au Mali,
10 Mai 2020, p. 3.
56
B. MUSHAGALUSA D. & All (2021), op.cit., p. 472.
57
« La pandémie de la COVID-19 : une opportunité pour développer des sociétésplus durables, justes, et
résilientes », op.cit.
16
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

La baisse de revenue provoquée par les pertes d’emplois dans divers secteurs d’activité
ainsi qu’un accès extrêmement difficile à de nouvelles embauches influence négativement le
pouvoir d’achat de la clientèle. La crise pandémique à coronavirus va augmenter la pauvreté
qui va accroître le nombre de personnes en besoin d’assistance alimentaire de plus de 70%,
pour atteindre 1,3 million dans les prochains mois. La COVID-19 approfondie la vulnérabilité
des populations et fragilise encore plus leur résilience58.

À mesure que les revenus baissent et que les prix des produits augmentent, les gens
perdent déjà l'accès aux besoins de base comme la nourriture, le savon et les fournitures. La
plupart d'entre eux choisissent d'acheter des aliments en premier, ce qui rend difficile le
maintien des pratiques d'hygiène nécessaires pour arrêter la propagation du COVID-19. De
nombreuses familles réduisent également le nombre de repas qu'elles mangent. Tous ceci
influencent négativement les habitudes d’achat de la population et simultanément les activités
de commerçant. Que peut donc faire l’exploitant d’un fonds de commerce pour contrecarrer
les pertes d’activités ?

Paragraphe 2 : PISTES POSSIBLES D’ATTRACTIVITÉ ET FIDÉLISATION


LA CLIENTÈLE PENDANT LE CONFINEMENT
En cette période de covid-19, Le consommateur cherche de plus en plus à conférer du
sens à son achat. Bien qu’il existe un écart non négligeable entre les intentions exprimées et la
réalisation de l’achat, l’ensemble des enquêtes d’opinion concluent de façon identique : l’acte
d’achat a fortement évolué depuis vingt ans. Dans un nombre croissant de cas, en effet, il ne
vise plus la simple satisfaction d’un besoin mercantile mais tend également à matérialiser
concrètement les aspirations sociétales du consommateur59. Le COVID-19 a certainement
révélé beaucoup d'inefficacités avec ce concept alors que les commerçants tentent de répondre
à la demande et se tournent vers la collecte en magasin. De nombreuses entreprises sont en
train d’examiner de près ce qui a fonctionné ou pas et comment les améliorations futures
pourraient contribuer à mettre en place un processus plus fluide. Les commerçants pour éviter
la perte de leurs fonds de commerce peuvent proposer la vente à distance et de proximité (A),
mais pour y parvenir, ceux-ci doivent intensifier la communication pour rester en contact avec
la clientèle (B).

58
«Analyse rapide des impacts socio-économiques du COVID-19 au Mali », op.cit., p. 8.
59
«Les nouvelles formes du commerce : préparer l’avenir ! », Commission des Affaires Économiques. Site
internet: http://www.senat.fr/commission/affaires_economiques/index.html, 10 février 2021.

17
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

A- Développer la vente à distance et la vente de proximité


Le confinement à domicile entraîne une limitation de la mobilité, car si les citoyens vont
acheter des produits de première nécessité, ils doivent le faire dans les établissements les plus
proches. C’est pour cette raison que lors de la conception d’une stratégie de marketing
pendant cette période, il sera essentiel de segmenter par la géolocalisation afin
d’avoir un impact sur une cible proche des points de vente.

Il est toujours important de définir la zone de chalandise. Il s’agit en fait d’une zone
géographique dans laquelle de potentiels consommateurs y résident. Dans ce contexte
extrêmement difficile le commerce de proximité doit prévaloir. Il s’agit de trouver une
stratégie qui consiste à limiter la zone de chalandise en fonction de la zone de livraison vu les
contraintes sur la mobilité. Acheter en ligne et aller chercher en magasin, autrement connu
sous le nom de Click & Collect permet d’acheter la plupart des biens de cette manière ; quel
que soit la nature. Le Click & Collect a connu une croissance constante au cours des dernières
années, mais il a explosé ces derniers mois avec le COVID-19 et les restrictions d’achats en
magasin, affectant toutes les entreprises, aussi bien celles commercialisant des produits de
premières nécessités, que les autres. Avant l’impact du COVID-19 sur les habitudes de vente
et d'achat, près de 70% des consommateurs américains utilisaient le Click & Collect, et on
s'attend à ce qu'environ 90% des commerçants traditionnels proposent le Click & Collect avec
la COVID-19. Toutefois, ce pourcentage est susceptible de changer au fur et à mesure que les
commerçants et les consommateurs s’adaptent à ces circonstances particulières60.

Le Click & Collect a plusieurs avantages pour les commerçants. Certains d’entre eux
possèdent déjà une méthode efficace de Click & Collect, tandis que d'autres sont en recherche
d’optimisation. Lorsqu’un commerçant utilise un système efficace et sécurisé, il peut
bénéficier des avantages suivants61 : les achats supplémentaires effectués par les clients, la
diminution des frais d'expédition, la fourniture aux consommateurs un plus grand choix de
produits, une bonne exploitation des données et une personnalisation de sa matière
d’exploiter.

Le commerce de proximité est aussi à conseiller dans cette période pandémique. Alors
que le monde entier est ébranlé par la pandémie du coronavirus, les acteurs économiques et
les consommateurs locaux s’adaptent de plus en plus à cette crise inédite. À mesure que le

60
«COVID-19 et Commerce : l’impact de l’achat en ligne et du retrait en magasin». Site internet:
https://www.hitachi-solutions.fr/blog/.
61
Ibid.
18
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

comportement des consommateurs évolue et qu'ils expriment de plus en plus d’achats en ligne
ou de livraisons à domicile, le commerce de proximité se transforme pour maintenir son lien
social et économique avec les populations. Cela implique obligatoirement un amour
immodéré les produits locaux. Bien que chaque entreprise locale soit différente et que
chacune doive faire face à ses propres défis, un accompagnement collectif et solidaire
s’impose. Certes, le manque de perception de la sortie de crise inquiète, mais la covid-19 sera
forcément un nouveau marqueur dans la stratégie clientèle. S'il peut être judicieux de
continuer à investir dans la promotion territoriale des produits locaux et l’attractivité du fonds
de commerce, il est probable que les stratégies employées changeront pour s’adapter à la
réalité du covid-19. Le client sera de plus en plus sensible au « consommer local », à
l’authenticité du commerce de proximité. Par exemple, nous avons remarqué que les
commerçants du secteur alimentaire qui se sont mis à la vente et la livraison à domicile ont
pour la très grande majorité remporté un franc succès, économique et social. Cela nous
montre que les exploitants de fonds de commerce doivent poursuivre ce genre d’initiatives de
commerce de proximité comme un élément majeur de la résilience. Ils devront faire en sorte
de comprendre collectivement les futurs besoins des clients, puisque ces besoins seront ceux
de l’après covid-19, ceux du commerce de demain. Dans l’immédiat, l’urgence est à
l’accompagnement, l’urgence est à la solidarité commerciale, parce que cette crise, si inédite
et si pénible soit-elle, aura le mérite de nous rappeler la nécessité de développer le commerce
de proximité.

La livraison à domicile, comme les drives, doit être intensément utilisés pendant cette
période par de nombreux commerçants pour continuer à adapter et développer leurs services.
Mais pour être plus percutant il doit falloir accentuée la communication.

B- Garder le contact avec la clientèle et intensifier la communication.


Bien communiquer sur ses méthodes et délais de livraison en temps de crise du Coronavirus
est très important. En effet, une partie de la clientèle du fonds de commerce ne savent même
pas si certains commerçants continuent ou non d’exercer pendant la période de confinement.
Il est donc nécessaire de ne pas hésiter à tenir informés ses clients du maintien et de la
continuité de son activité, par les réseaux sociaux, ou par une newsletter. Dans cet ordre idées
il faut penser également à afficher des informations-clés à propos de son mode de
fonctionnement. Signalez ainsi, sur les ces affiches : Si vos méthodes de livraison habituelles
ont changé. Par exemple, les livraisons en point-relai ne sont plus assurées ; cela semble
évident, mais il est de bon ton de le communiquer clairement à vos visiteurs, pour éviter toute

19
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

mauvaise surprise. Il en va de même si les délais de livraison annoncés peuvent être


supérieurs à la normale, voire en décalage avec ce qui est annoncé au client lors de sa
commande. Pour vous assurer d’avoir une vision claire de vos délais de livraison, entrez en
contact avec son transporteur, et faire le point avec lui sur la manière dont il fonctionne dans
ces moments difficiles.

Gardez le contact avec ses clients et faire connaître l’évolution de son offre permettra de
palier à une perte grandiose de la clientèle. Pour cela, il est important d’animer sa présence
sur les réseaux sociaux en publiant régulièrement et en partageant des contenus, des photos,
des offres promotionnelles... Pour cela un Smartphone, une tablette ou un ordinateur suffisent.
Aussi, tenez informés sa clientèle sur ses produits ou sur d’éventuelles nouveautés, réductions
en leur envoyant un courriel, un SMS ou grâce à la rédaction d’une lettre d’information.
L’enregistrement et préparation des commandes doit être pris au sérieux pendant la crise. Les
prises de commandes pourront être effectuées sous forme dématérialisée par mail, téléphone,
fax, sms, site web... Il est ensuite précisé au client qu’il doit attendre la confirmation de la
mise à disposition de la marchandise et d’un créneau d’enlèvement ou de livraison avant de se
déplacer. Les exploitants de fonds de commerce, selon leur mode de fonctionnement, mettront
en place des dispositions soit de livraison directe, soit de retrait de marchandises, selon les
préconisations indiquées ci-dessus.

En cette période toujours incertaine liée à la crise sanitaire du coronavirus, la communication


devra s’adapter pour répondre à la fois aux préoccupations sanitaires, mais aussi aux
nouvelles priorités des consommateurs. Pour rester visible auprès de vos clients, bien entendu,
mais aussi pour regagner leur confiance. N’hésitez pas à jouer la carte de la solidarité en
rappelant à vos clients qu’il en va de la pérennité de votre activité et de votre magasin !
Davantage sensibilisés aux vertus d’une consommation plus responsable et locale62.

Dans les cas où le commerce est contraint de fermés, il est essentiel d’afficher à l’entrée
de l’établissement que les agences sont fermées et indiquer les modalités de fonctionnement
éventuelles ; informer les collaborateurs, les clients et les sociétés de livraison de votre mode
de fonctionnement (messages sur répondeur, par courrier, mailing, affichage, sur site internet,
informant les clients des modalités mises en place pour passer leurs commandes et venir les
récupérer voire se les faire livrer) ; s’assurer de l’organisation de vos clients en cas de
livraison; organiser au maximum ses agences pour permettre une continuité de service pour

62
« Commerces en temps de crise sanitaire : comment recréer du trafic en magasin ? », Publié le 26 juillet 2020,
mis à jour le 18/05/2021. Disponible sur https://entreprise.mma.fr/.
20
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

vos clients63. En raison de l’épidémie du Covid-19, informer les consommateurs aux


éventuels réajustements. Il peut s’agit par exemple d’ouverture uniquement aux
professionnels. On peut proposer les commandes à distance. Ainsi, les commandes doivent
être passées au préalable par téléphone ou SMS (numéro), fax (numéro), e-mail (adresse) ou
via le site internet (adresse du site internet).

En somme, il est indispensable de maintenir le contact avec les clients, et être transparents
avec eux sur les soucis éventuels qu’on rencontre. Mieux vaut prévenir que guérir, en termes
de santé comme en termes d’exploitation de fonds de commerce.

Section 2 : DIMINUTION DU FLUX DE LA CLIENTÈLE DEVANT LES


MAGASINS PHYSIQUES
Le confinement et les difficultés imposées par toutes les restrictions ont impactés les
habitudes des consommateurs. Certains ont adopté de nouvelles habitudes de consommation,
d’autres ont subi une baisse du pouvoir d’achat... Force est de constater que recréer du trafic
en magasin est un véritable défi. Pour accompagner ses clients dans cette étape délicate et
redonner à son commerce toute son attractivité, le commerçant doit se réinventer. Cependant
cette crise sanitaire que traverse le monde en ce moment ralentit les mouvements de la
clientèle. Cette crise provoque une baisse de fréquentation du consommateur dans les points
de ventes. La raréfaction de la clientèle s’explique par la peur instaurée par la maladie
(Paragraphe 1) et surtout par les difficultés d’accès dans les points de ventes (Paragraphe
2).

Paragraphe 1 : LA PHOBIE OCCASIONNÉE PAR LA COVID-19


La peur crée autant d'obstacles que de restrictions officielles. Même lorsque les services
sont disponibles, y compris les marchés ou les centres de santé, les gens ont peur d'y accéder
en raison de la peur autour de COVID-19. Cela contribue à un niveau de stress énorme pour
tout le monde, et très peu de services de santé mentale existent qui peuvent compenser ce
besoin de soutien. Cette peur conduit à une baisse de confiance de la clientèle (A) et
inéluctablement à un changement de comportement (B).

A- Baisse de confiance de la clientèle


La confiance constitue un élément important dans les transactions commerciales, de ce
fait il est nécessaire qu’elle soit respectée par les commerçants, puisque c’est cette confiance

63
COVID 19 - Guide de bonnes pratiques pour les agences, publié le 21 avril 2020. Disponible sur
https://www.petitscommerces.fr/.
21
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

qui permet la pérennité et la continuité des transactions commerciales ainsi que le


développement du commerce en général. A titre d’exemple le commerçant de gros n’exige
pas du commerçant de détail le payement immédiat de la marchandise, il lui accorde un délai
jusqu'à la vente de la marchandise, ou exige uniquement un payement partiel et défère le
payement de la partie restant a un délai suffisamment raisonnable, afin de lui permettre
d’écouler la marchandise, tout ça sur la base de la confiance les liant. La confiance est
primordiale pour assurer l’écoulement des marchandises a travers les différentes étapes, de sa
sortie de l’usine jusqu'à sa consommation finale, et de ce fait le commerçant est généralement
débiteur et créancier en même temps, et c’est ce qui fait qu’il est indispensable que cette
confiance soit respectée, et que chaque commerçant a le devoir d’honorer ses obligations,
puisque tout manquement a cette confiance porterait préjudice a l’ensemble de la chaine
commerciale, puisque le commerçant créancier qui ne parviendrait pas a récupérer ses dettes,
se verrait dans l’incapacité d’honorer ses propres dettes.

Les commerçants ont vu leurs ventes chutées, la cause est que certains clients craignant
que les produits importés ne soient infectés par la COVID-19, et beaucoup d’autres ne
pouvant plus se permettre ces dépenses. S’agissant de la contamination de produits et défauts,
certains commerçants dépendent de leurs fournisseurs pour offrir des produits finaux de
qualité à leurs clients. Mais si, par exemple, un producteur alimentaire a un problème de
contamination ou si un produit présente un défaut de fabrication, commerçants peuvent se
trouver soit sans un article dont ils ont besoin, soit avec un produit qu’ils ne peuvent pas
vendre. Dans le cadre des éventuels plans d’urgence, il est conseiller de trouver d’autres
fournisseurs et stratégies qui vous permettront de poursuivre ses activités. Discutez également
avec ses fournisseurs de leur couverture d’assurance et déterminer si on sera couvert si un
problème éventuel survient de leur côté. De plus, on devrait passer en revue votre couverture
pour déterminer ce qui serait couvert par une police de rappel.

Dans ce contexte de peur généralisée marqué par : la crainte de la maladie, la baisse de


confiance, la baisse de croyance et de conviction, sentiment d’insécurité grandissant chez les
clients, il est impératif de proposer quelques solutions pour y faire face. Il faudra trouver des
stratégies pour maintenir la confiance de la clientèle assurer celle-ci de la qualité des
produits. C’est alors l’occasion d’être flexible et maintenez une communication constante
avec vos clients. Le service de relation client devient un moteur essentiel qui permet
d’instaurer la confiance.

22
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

B- Changement de comportement
Dans cette situation de crise, le comportement des consommateurs a également changé,
et ceci d’une façon multi générationnelle. Il y a ceux qui sont isolés ou enfermés ne pouvant
pas accomplir leurs achats habituels, ceux qui transfèrent leurs achats sur un mode
exclusivement de drive ou de livraison à domicile, et puis il y a les touristes qui ne peuvent
plus venir et que nous avons définitivement perdus en cette période de covid-19. Par ailleurs,
les inquiétudes concernant la disponibilité des marchandises ont encouragé l'achat panique
d'articles en grande quantité pour du stockage.

A titre d’illustration, 51% des clients ont réduit non seulement les quantités des denrées
achetées mais également leur qualité (c'est-à-dire des denrées à moindre coût avec une faible
valeur nutritive). Dans le même chapitre, on a noté respectivement que 22,4% et 24,4% des
clients ont réduit la fréquence de leurs achats et sont demandeurs d’achats à crédit64.

Pendant la crise nous avons assisté à un changement d’habitudes des consommateurs.


On a observé de nouvelles pratiques d'achat et de nouveaux rythmes de vente. Les restrictions
ont amorcé la pompe d'un nouveau rythme de ces ventes sur internet, qui sont restées à un
haut niveau. Puis l’accélération des ventes a été particulièrement marquée avec la fermeture
des commerces dits "non-essentiels" pendant les confinements. La plupart des consommateurs
passent beaucoup plus de temps dans leur cuisine, préparent leurs propres plats et se lancent
avec passion dans la boulangerie. On a par exemple été confronté à une pénurie de la farine et
la levure. La pandémie a aussi accéléré le passage au magasinage en ligne, d'où
l'augmentation de la demande des produits de base.

Lors du COVID-19, les consommateurs ont fait preuve de comportements d'achat


paniqués et achetaient tout ce dont ils avaient besoin… ou pas, quelle que soit la marque. La
baisse de la fréquentation due à la crise a conduit à une baisse des volumes d’achats et une
guerre des prix qui continuent à l’heure actuelle. Dans la mesure où la fréquentation même
après la fin du confinement est toujours atone, il y a fort à parier que cette tendance va se
poursuivre par la suite.

Les grandes crises mondiales sont heureusement peu nombreuses. Le coronavirus a


indéniablement changé nos modes de consommation et ses répercussions risquent de durer
encore pendant de nombreux mois après la disparition du virus. Mais la vitesse à laquelle le

64
Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, «évaluation de l’impact de la hausse des prix des
denrées alimentaires sur la sécurité alimentaire des ménages dans les villes de Bamenda, Douala, Maroua et
Yaoundé au Cameroun ».
23
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

virus perturbe nos vies est telle que chaque jour semble apporter une "nouvelle normalité",
nous devons faire preuve de prudence. Des clients ont revu à la baisse leurs commissions, ont
mis des campagnes en pause ou ont fermé des programmes entiers. Cela représente une partie
non négligeable des clients du réseau, mais nous sommes loin d'avoir atteint le pic mondial de
cette pandémie qui se répercutera bien plus loin lorsque nous reviendrons à la normale. Des
changements monumentaux se produisent quotidiennement et d'autres suivront
inévitablement.

La Covid-19 a résolument bouleversé nos habitudes de consommation. Ceci est perceptible


par les achats en ligne qui ont augmenté, les dépenses mensuelles moyennes de
consommation qui ont toutefois diminué. Les consommateurs des économies émergentes et
développées ont reporté des dépenses plus importantes. Ceux des économies émergentes se
sont ainsi concentrés davantage sur les produits essentiels. On observe les changements dans
la quantité achetée : moins d’achat et beaucoup moins dans les articles ménagers, vêtements et
produits non-périssables, manque de moyen, beaucoup d’achats et en grande quantité pour les
produits alimentaire et d’hygiène et la prudence des consommateurs. Pour maintenir un
semblant de normalité, les commerçants sont tributaires de la résistance des chaînes
d'approvisionnement, des livraisons effectuées et de la capacité des annonceurs à remplir leurs
obligations envers leurs clients.

Paragraphe 2: DIFFICULTÉS D’ACCÈS AU LOCAL D’EXPLOITATION


Il est impératif d’étudier les possibilités d’améliorer la fluidité de l’accès dans le local
d’exploitation. Il s’agit de décaler les plages d’ouverture du site ou aménager les horaires
d’ouverture de l’entreprise pour éviter des attroupements. Ainsi, prévoir l’entrée en file, un
par un, en respectant les distances de sécurité ; laisser ouverts les portes et tourniquets si
possible afin d’éviter d’avoir à les pousser ; prévoir le nettoyage régulier des accès ; afficher
les consignes de sécurité sanitaire en plusieurs points (exemple d’affichage en annexe) ;
interdire l’accès au site à toute personne présentant des symptômes grippaux ; prendre la
température à l’entrée (moyennant le respect de la distance de sécurité) n’est pas obligatoire
mais est possible65. Les commerçants éprouvent d’énormes difficultés en raison de la
fermeture des commerces non essentiels (A), mais aussi à cause de la réduction du nombre
maximum de personnes à accueillir dans les espaces (B).

65
« COVID 19 - Guide de bonnes pratiques pour les agences », op.cit.

24
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

A- Commerces non essentiellement fermés


Le caractère pandémique de ce virus et sa forte capacité de propagation impliquent des
conséquences sur l’ensemble des secteurs d’activités. Il apparait que les mesures décidées par
les États pour limiter la propagation du Covid -19 ont contribué à réduire l’activité du
commerçant. L’instauration d’un couvre-feu a contribué à la réduction des heures travaillées
en raison des aménagements induits pour les entreprises ; la fermeture des établissements
scolaires et universitaires réduit l’activité des services associés ; La fermeture des boîtes de
nuit, des restaurants, des cinémas et des lieux de spectacle change les habitudes de
consommation des populations ; La fermeture des frontières terrestres limite les échanges
transfrontaliers et les activités de transports associées.

Les consommateurs sont désireux d’acheter en ligne des produits de première nécessité,
comme les produits d'épicerie, le shampoing et le papier toilette. Ce qui autrefois nécessitait
un déplacement en magasin, est susceptible de changer car les consommateurs ont changé
leurs habitudes de consommation. Alors que la crise sanitaire du covid-19 continue de
progresser contraignant la majorité des entreprises à se mettre en sommeil. Mais le secteur de
la grande distribution alimentaire, revoit ses perspectives vers une forte baisse.

Pendant la pandémie, les restrictions gouvernementales autorisent certains commerçants


à poursuivre leurs activités d’exploitation de fonds de commerce dans le strict respect de la
sécurité sanitaire des professionnels et de leurs clients. Cependant cette crise sanitaire
exceptionnelle actuelle a des conséquences économiques majeures, particulièrement affectée à
la fois par l’arrêt d’activité, des flux touristiques en cette période et via l’effondrement des
exportations. Une situation d’autant plus tendue que les exploitants de fonds de commerce ne
peuvent plus continuer leurs activités, ou très difficilement.

B- Réduction du nombre maximum de personnes à accueillir


Si la pandémie nous a appris une chose, c'est que le rôle du commerce numérique dans
chaque industrie est plus important que jamais. Bien qu'il ne soit pas un remède universel, le
commerce électronique constitue une activité essentielle pour les ventes et la croissance des
petites et moyennes entreprises dont les opérations ont été touchées par des fermetures des
points de vente physiques.

Pour réduit la chute de la clientèle consécutive aux restrictions des gouvernements, il faut
un aménagement de l’agence en mode « dégradé », il s’agit par exemple le maintien des accès
restent fermés et surveillés par le responsable de l’accueil à l’entrée de l’agence : une pancarte

25
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

plastifiée indique les horaires d’ouverture de l’agence, les conditions de prise de commandes,
de retrait de marchandises, de livraison, d’accès en fonction de chaque entreprise et un
numéro de téléphone. Pour s’en sortir, les commerçants devront alors, d’une part, innover en
aménageant l’espace extérieur réservé à l’approvisionnement et au retrait des marchandises.
Dans cette logique, fermer tous les accès non essentiels à l’organisation du retrait des
marchandises ou des livraisons. Les clients ou livreurs patientent à l’extérieur ; indiquer un
numéro de téléphone visible de tous permettant au livreur ou au client de livrer ou récupérer
de la marchandise ; éventuellement filtrer l’accès, sur rendez-vous uniquement, aux clients
professionnels et livreurs, en fonction de votre organisation.

D’autre part, ceux-ci devront faire un aménagement des locaux intérieurs (en fonction du
mode d’organisation). Il s’agit par exemple de la fermeture du showroom, libre-service ; toute
porte donnant un accès à une zone d’enlèvement ou autre doit rester ouverte et être
désinfectée régulièrement. Pour les portes qui doivent rester fermées, demander à les ouvrir
avec le coude ou la main ; les comptoirs pour retrait de marchandises (selon le mode de
fonctionnent) : délimiter et aménager des zones de courtoisie entre le comptoir et le client ;
poser (éventuellement) des plaques en plexiglas pour éviter toute transmission du virus ;
retirer toutes fournitures des comptoirs.

Le COVID-19 a fortement contribué à la chute du chiffre d’affaire des commerçants.


Plusieurs facteurs de chute liés à l’épidémie ont été soulevés. Il s’agit de la baisse de l’activité
économique, la baisse des revenus de ménages, la peur et les réticences des clients. Face
aux restrictions suite au covid-19 et à la baisse de la clientèle, les réactions éventuelles des
commerçants ont été proposées. Les différentes mesures envisagées sont : réinventer
l’expérience d’achat omnicanale multi formats, améliorer de la qualité de service en Drive et
Click and collect et la livraison à domicile, planifier des horaires spécifiques pour le retrait,
faciliter des parcours en magasin sans contact et réduire des délais d’attente en drive. La
communication est aussi un élément clé pour résister aux effets pervers de la crise. En effet
une bonne communication permet à la clientèle de rester informer sur l’évolution du marché.

26
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Chapitre 2 :
UNE ASCENDANCE CONTRASTÉE DE LA CLIENTÈLE
ÉLECTRONIQUE
La notion de clientèle virtuelle est apparue pour désigner la clientèle d’un fonds de commerce
électronique (ou numérique)66. En effet, les sites web marchands constituent de véritables
fonds de commerce, qui valent parfois très chers. De nouveaux éléments attractifs de la
clientèle sont nés par la même occasion, par exemple le référencement (l’équivalent de
l’emplacement géographique) ou le nom de domaine (l’équivalent de l’enseigne)67.

Alors que la crise sanitaire perdure et que le développement du commerce en ligne gagne en
intensité, il est essentiel d’analysé les enjeux pour les exploitants de fonds de commerce de
l’essor de nouvelles formes de commerce et proposer des pistes pour se saisir des opportunités
qu’elles offrent. Le commerce électronique et l’économie numérique ont connu une
croissance considérable tout au long de la décennie qui s’est achevée en 2019. Des taux de
pénétration d’Internet améliorés, des couts d’Internet réduits et l’essor du mobile constituent
un fondement solide qui pourrait être sous–tendu par les évolutions du capital et financement
risque, les payements en ligne, et la logistique. Le régime règlementaire de l’Afrique est
encore à la traine, et demeure généralement épars et caractérisé par une faible force
exécutoire68. Grand est le nombre de commerçants qui n’ont pas de point de vente réel et se
limitent à une commercialisation de leurs produits sur internet. Plusieurs d’entre eux n’ont pas
de local commercial pour exploiter leur fonds de commerce et exercent leurs activités
commerciales par le biais d'un site Web69.

Les canaux digitaux, notamment l’existence d’un site de vente associé aux magasins, ont
permis à de nombreux commerçants de pallier la fermeture ou la limitation du canal
magasin70. A menace globale réponse globale. C’est alors évident de remarquer que la crise
est un moteur de changement. Elle booste le développement du e-Commerce qui était masqué
par des réticences. Raison pour laquelle la majorité des exploitants des fonds de commerce
font de leur priorité la transformation numérique de leur fonds de commerce. Pour palier aux
effets pervers de la crise et s’adapter aux comportements de sa clientèle, le commerçant est

66
A. TONNELLIER, Le statut juridique du site internet, Th. Paris 2, 2011.
67
B.-J. BERNARD, D. RICHARD, Droit des affaires, 8e éd., L.G.D.J., p. 190.
68
« Impacts de la Covid–19 sur le Commerce électronique en Afrique », Commission économique des Nations
Unies pour l’Afrique, Site internet:www.uneca.org consulté le 13 février 2020 à 20h 11mn.
69
N. IVALDI, C. MANARA, Vers la société en réseau, Petites affiches, 02 juin 2000, n°110.
70
« 100 solutions digitales au service du commerce », Site internet: www.fevad.com, consulté le 28 octobre
2021 à 03h 58mn.
27
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

contraint d’innover et digitaliser ses offres. Il en va de soit que la COVID-19 a contribué à


une explosion du fonds de commerce électronique (Section 1). Mais, il est essentiel de
remarque malgré ce développement, que ce domaine reste encore perfectible (Section 2).

Section 1: UNE EXPLOSION DE L’E-FONDS DE COMMERCE


PERCEPTIBLE
La CNUCED reprend la définition de l’OCDE du commerce mobile entendu comme
des « transactions commerciales et activités de communication conduites par le biais de
services et réseaux de communication sans fil au moyen de messages texte (ou SMS – short
message service), de messages multimédia (MMS – multimédia messaging service), ou de
l’Internet, sur de petits terminaux mobiles de poche, en général utilisés pour les
communications téléphoniques »71

L’acte uniforme relatif au droit commercial général révisé de 2016 met un accent sur
l’évolution des pratiques commerciales. C’est ainsi qu’on assiste à une innovation telle que la
reconnaissance des échanges dématérialisés. Face aux évolutions d’achats des
consommateurs, il est crucial pour l’exploitant du fonds de commerce de prendre en compte
des nouveaux paramètres et de repenser la méthode d’exploitation pour une continuation
optimale de son activité. La Covid-19 est une sorte d'accélérateur des tendances présentes. Sur
certains sujets, la Chine était déjà en avance. Par exemple, le développement d'Alipay et du
paiement sans contact sont des développements en phase dans un monde post Covid. Cette
pandémie a permis de développer cela72.

Dans un contexte de ralentissement économique, la crise de la COVID-19 a entraîné


une explosion du commerce électronique et une accélération de la transformation numérique.
Alors que le confinement devenait la nouvelle normalité, les entreprises et les consommateurs
se tournés de plus en plus vers le numérique, vendant et achetant davantage de biens et de
services en ligne. La part du commerce électronique dans le commerce de détail mondial est
ainsi passée de 14 % en 2019 à environ 17 % en 2020. Bilan du e-commerce en 2020 le
confirme: la crise sanitaire a bien transformé, à marche forcée, les pratiques de consommation

71
Cité par R. ALEMDJRODO « Les défis du commerce électronique dans l’espace OHADA », p. 8.
72
S. BADAULT, « Le Covid-19 est un accélérateur de tendances », disponible sur Ecommercemag.fr, consulté
le 10 avril 2021 à 13h 02mn.

28
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

numérique. Le dernier rapport de la Fevad indique que les ventes sur internet atteignent
désormais 112 milliards d’euros, soit un bond de 8,5% effectué en un an73.

Un dynamisme est remarqué dans le secteur du e-commerce. Nous avons pendant cette
période de crise sanitaire observé non seulement une expansion des sites internet
(Paragraphe 1), mais aussi à l’évolution des modes de paiement (Paragraphe 2)

Paragraphe 1 : LES SITES INTERNET : SIGNES DE RALLIEMENT DE LA


CLIENTÈLE EN CROISSANCE EXPONENTIELLE.
Le document A/CN.9/728, propose la définition suivante du commerce mobile a été
proposée comme point de départ des débats futurs: « toute transaction commerciale et activité
de communication effectuées par le biais de services et réseaux de communication sans fil au
moyen d’appareils mobiles de poche, conçus pour être utilisés dans les réseaux de
communication mobiles ou autres réseaux sans fil »74

Avec l’explosion du nombre de sites internet marchands et l’évolution des modes de


consommation, la reconnaissance du fonds de commerce électronique pour les sites internet
ne souffle plus d’aucune contestation. Le premier arrêt qui a confirmé l’existence d’un fonds
de commerce électronique est un arrêt rendu par la Cour d’appel de Paris de 2005 concernant
le Minitel75. Le site e-commerce peut être qualifié dans certains cas de fonds de commerce
électronique. Cette qualification permettra au commerçant de céder son fonds de commerce
électronique. Les formalités de cession du fonds de commerce classique s’appliqueront aux
cessions de fonds de commerce électronique76.

L’expansion du commerce électronique se confirme avec la dangerosité de la crise à


corona virus. N’est-ce pas que le monde virtuel et le monde juridique sont en perpétuelle
concurrence dans une économie mondialisée ?77 C’est ainsi que les sites internet et

73
Disponible sur https://www.fevad.com/études-et-chiffres/, consulté le 13 mars 2020 à 10h 05mn.
74
Cité par R. ALEMDJRODO « Les défis du commerce électronique dans l’espace OHADA », p. 8.
75
CA, Paris, 28 janvier 2005.
76
Site internet :https://unemplacement.com/guide/fonds-de-commerce, consulté le 11 janvier 2021 à 16h 35mn.
77
C. VINCENTI, Colloque « Le Fonds de Commerce : un centenaire à rajeunir ! » Allocution de bienvenue et
présentation du colloque, Colloque de l'Association Droit et Commerce (Deauville, 4 et 5 avril 2009), Gazette du
Palais 04 juin 2009 n°155 ; B. WARUSFEL, Aspects juridiques de la dématérialisation des échanges dans le
commerce électronique, Petites affiches, 06 février 2004, n°27 ; G. PASSA, Les règles générales du commerce
électronique et leur application dans les rapports avec les consommateurs, Petites affiches, 06 février 2004, n°27
; G. BENAYOUN, TVA et commerce électronique : État des lieux, Petites affiches 06 octobre 1999 n°199 ; P.
GERARD, La réglementation des communications électroniques et le développement de l'internet et du
commerce électronique, Petites affiches, 21 février 2002, n°38 ; J. MESTRE, M. PANCRAZI, Droit commercial,
25ème éd, L.G.D.J., 2001, p. 1 et s.
29
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

plateformes on eu un fort taux de naissance (A) tandis que au même moment les clients se
sont orientés vers le e-commerce suite à la fermeture des points de vente physiques (B).

A- Fort taux de naissance des sites internet et plateformes


Depuis le début de cette pandémie, alors que la plupart des pays entraient en confinement, les
grandes enseignes de supermarchés et les médias en ligne du monde entier ont bénéficié d'une
hausse de la demande. Les places de marché et le commerce ont connu une croissance du
chiffre d’affaire, tandis que d'autres secteurs ont fortement chuté, voire même se sont
effondrés, comme le secteur du tourisme et des événements.

Il est essentiel de préciser que la création d'un site Internet n'est pas assimilable à
l'implantation d'un point de vente donnant naissance à un fonds de commerce comme l’a
souligné la Chambre commerciale de la Cour de cassation française78. Il a été soutenu que «
tout site électronique ouvert public, est bien un fonds de commerce en ce sens qu’il est destiné
à créer et développer une clientèle, et ce indépendamment d’autres éléments matériels
(marchandise, matériel informatique etc.) ou incorporels (logiciels, brevets etc.) »79.

Malgré une hausse de l’utilisation des sites de commerce électroniques dans les zones
urbaines au début de la pandémie, les ventes en ligne se sont stabilisées après la fin des
confinements alors que les services de logistique et de livraisons ont augmenté. Les
commerçants plus avancées dans les opérations numériques s’en sont mieux sorties que leurs
concurrents en raison de leur agilité, et de la diversification de leurs approches. Elles ont eu
une adoption accélérée des services numériques par leurs clients en raison des restrictions de
mobilité liées à la pandémie.

Le choix des formats les plus appropriés est important. La rentabilité de la publicité sur
des supports physiques tels que les panneaux d’affichage a
considérablement diminué pour des raisons évidentes et la distribution de brochures
imprimées a été interrompue : il est temps de miser sur les formats en ligne comme alternative
pour continuer à communiquer ses contenus et ses mises à jour. Les entreprises doivent
utiliser des formats en ligne qui conduisent rapidement les consommateurs vers leurs points
de vente physiques si ces derniers sont ouverts. Un catalogue dynamique, par exemple,
permet de mettre à jour le contenu en temps réel en fonction du stock disponible ; il peut
contenir des hyperliens qui redirigent les consommateurs vers votre site marchand en ligne.

C. Cass. fr. Com., 14 mars 2006, n° 03-14639 ; 03-14640 ; 03-14316.


78

CA Paris 28/1/2005, RJDA 2006, n°893. , Le site de commerce électronique : approche technique et juridique,
79

Gazette du Palais, 18 avril 2000, n°109.


30
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

D’après l’indice Adobe Digital Economy Index d’Adobe, établi sur la base de milliers de
milliards de transactions en ligne pour 100 millions de produits, « le commerce en ligne est
devenu le principal canal de distribution durant la pandémie en raison des innombrables
mesures de distanciation sociale appliquées à travers le monde et de par le fait que les achats
antérieurement réalisés en personne le sont désormais en ligne »80.

En somme, partout dans le monde, le trafic Internet a explosé, notamment pour les
vidéoconférences ou les plateformes de streaming. En ce qui concerne les commerçants
exploitant les fonds de commerce par des canaux digitaux, ils ont vu leurs ventes augmenter
de plus de 50% et cela est dû à une nouvelle façon d’achat de la clientèle.

B- Migration de la clientèle physique vers le e-commerce


Le monde fait actuellement face à une crise sanitaire jamais vue auparavant. Les clients de
votre site e-commerce, confinés, ont des modes de consommation et des attentes différentes
que d’habitude. Si en raison des mesures prises par les gouvernements sur la limitation des
déplacements, les consommateurs ont eu tendance à privilégier les circuits de proximité pour
se rendre en magasin, ils ont également eu massivement recours au circuit online, afin de
limiter voire totalement éviter les contacts avec l’extérieur. Résultat, les ventes en ligne ont
doublé sur la semaine du 6 au 12 avril, faisant gagner plus de 3 points de parts de marché à ce
circuit depuis le début du confinement. Il représente à court terme environ 10% du marché des
produits de grande consommation (plus de 10% début avril), un niveau record pour ce circuit
qui était encore à moins de 6% en 2019. Cocorico, la France demeure plus que jamais n°1 de
l’alimentaire online en Europe, devant le Royaume-Uni81 . Les premières données montrent
des variations de performance du e-commerce depuis le confinement. Selon une analyse de
COVID-19 Commerce Insight qui se fonde sur les données de transaction de 2 500 marques
(clients de la société Emarsys) dans 100 pays, les entreprises de e-commerce résistent pour
l’instant assez bien en Europe et aux États-Unis, tandis qu’en Asie et au Nigeria, les ventes en
ligne affichent un déclin continu. Certains marchés de e-commerce encore fragiles n'étaient
pas suffisamment préparés, contrairement à d’autres marchés de e-commerce plus matures82.

80
M. SPATARI, « le e-commerce en période de covid-19 un défi pour les travailleurs et les organisations
syndicales », étude a été réalisée grâce au soutien de l’organisation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), 2020, p.7.
81
« Covid-19 : Tous les chiffres de l'explosion de l'e-commerce », Publié le 09 septembre 2020, mis à jour le 16
septembre 2020, disponible sur https://www.lsa-conso.fr/, consulté le 03 juillet 2021 à 07h 09mn.
82
Disponible sur :https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article-Ic/LEGIARTI000006220989/2020-10-07, consulté
le 19 octobre 2021 à 10h 43mn.
31
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Naturellement, le e-commerce va bénéficier à plus long terme de la situation actuelle. En


Chine, où le e-commerce a atteint 30% de part de marché sur l’alimentaire pendant le
confinement, 89% des consommateurs disent vouloir effectuer désormais plus fréquemment
des achats online de produits frais et de première nécessité. Certains consommateurs qui
n’utilisaient pas internet pour leurs achats du quotidien auront pris de nouvelles habitudes
pendant le confinement, et seront durablement convertis pour une partie de leurs achats. Ce
sont notamment la livraison de produits bio, de produits frais issus de circuits courts qui vont
bénéficier de la crise actuelle pour capter de nouveaux adeptes. D’autres seront déçus de
l’expérience clients actuelle ou préféreront rester fidèles à leurs habitudes de consommation
d’avant crise, une fois l’état d’urgence sanitaire passée, et pourraient abonner le online. Mais
le solde sera à coup sûr positif, si bien que l’on anticipe une part de marché qui sera autour de
8% sur le reste de l’année 2020. La crise économique qui suivra la crise sanitaire sera en effet
un catalyseur pour ce circuit, qui a le triple avantage de permettre un bon contrôle du budget,
d’avoir accès à une offre sous promotion attractive, et bien souvent aux mêmes prix qu’en
magasin. Reste à savoir si les enseignes d’hypermarchés ne chercheront pas à re-prioriser la
promotion dans leurs magasins physiques pour retrouver du trafic. Elles pourraient également
profiter de possibles difficultés des enseignes spécialistes du non alimentaire, et jouer de
nouveau un rôle de locomotive sur ce rayon, en parallèle du e-commerce. L’histoire ne serait
alors qu’un éternel recommencement83.

Paragraphe 2 : ÉVOLUTION DES HABITUDES EN LIGNE


Au fil de leur digitalisation, les paiements vont probablement « s’intégrer » davantage
aux parcours d’achat des clients, en les rendant plus fluides et en facilitant les achats
récurrents automatisés. Le paiement sans contact et les porte-monnaie électroniques en
particulier sont de plus en plus populaires chez les utilisateurs de Smartphones, une tendance
qui pourrait à son tour entraîner le déclin des cartes bancaires84. Relativement au site web
transactionnel, il permet d'effectuer le processus d'achat complet, c'est-à-dire de la
consultation du catalogue (souvent interactif) jusqu'à l'établissement du bon de livraison et de
la transaction de paiement en passant par la commande d'un ou plusieurs produits. Selon
Levinson et al. (1995)85, plusieurs entreprises offrent maintenant leurs produits en direct.

83
«COVID-19 : un nouveau palier atteint en France par le e-commerce», 22 April 2020, Site internet:
https://www.nielseniq.com/global/fr/insights/geography/western-europe/, consulté le 27 mai 2021 à 22h 17mn.
84
F. CLAESSENS, « 5 impacts du Covid-19 sur l’e-Commerce », 9 mars 2021, disponible sur https://www.sqli-
digital-experience.com/. Consulté le 01 novembre 2021 à 08h 32mn.
85
M. ABIDAR, l'impact du commerce électronique sur la stratégie marketing de l'entreprise, mémoire présenté
à université du Québec à Trois-Rivières ; septembre 2003, p. 57.
32
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Considérant toutes les possibilités qu'offre le commerce électronique, chaque entreprise doit
décider tout d'abord si elle utilisera ce moyen et, dans l'affirmative, pour quels produits
destiner à quelles clientèles et avec quelles formes de communication86. Il est observé pendant
la crise de coronavirus une augmentation des transactions en ligne(A) et un accroissement des
paiements en ligne(B).

A- Augmentation des transactions en ligne


La vente de produits sur internet a explosé (32%) réussissant sa mission d’amortisseur
économique pour les magasins physiques : logiquement, les grandes enseignes en ont tiré
profit, avec une progression de 53% de leurs ventes sur l'année, avec des pics à 100% pendant
les deux confinements (accélération des livraisons à domicile, du click & collect et du drive).
Par ailleurs, les commandes des produits en ligne ont aussi eu le vent en poupe en 2020. Près
de 30% des cyberacheteurs ont augmenté leurs commandes de cette nature, avec, pour plus de
la moitié d’entre eux, la motivation première d’apporter leur soutien aux restaurateurs87.

Si le rythme de croissance observé durant les dernières semaines indique un progressif


retour à la normale des comportements de navigation et d’achat, la dernière hausse montre
clairement que les consommateurs ont désormais pleinement adopté le train de vie e-
commerce, passant leurs achats typiquement physiques en digital. Les tendances qui ont
émergées ces derniers mois reflètent bien l’ordre des priorités des consommateurs, avec, pré-
confinement, une première vague de croissance dans les secteurs associés aux produits de
nécessité (courses alimentaires, produits de santé, etc.). Lorsque le confinement s’est mis en
place, une seconde vague de croissance du trafic et des transactions est apparue pour ce qui
était considéré comme les deuxièmes secteurs prioritaires tels que les équipements Tech, les
media, etc. Puis, les clients ont concentré leur engagement pour les sites de décoration,
d’équipements pour la maison, une conséquence de la redéfinition du lieu de vie en bureau,
école et unique endroit de socialisation. Enfin, dernièrement, les consommateurs se tournent à
nouveau vers les industries “moins” nécessaires comme la mode et le luxe, qui composent
malgré tout une partie essentielle des habitudes e-commerces classiques.

Pendant cette période marquée par de multiples contraintes, les achats en ligne sont
devenus incontournable et les ventes en ligne ont été multipliées ainsi qu’une montée en
puissance des paiements dématérialisés.

Ibid.
86
87
M. RUFFEZ, « 2020, l'année où le e-commerce a définitivement pris son envol », publié le 4 février 2021 à
12h 40mn, sur le site internet :www.franceinter.fr. Consulté le 02 juin 2021 à 13h 44mn.
33
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

B- Accroissement des paiements en ligne


Outre les virements bancaires, les paiements par téléphone cellulaire pour des achats de
biens de consommation ont également connu une explosion spectaculaire88.
Confinement oblige, la situation engendrée par la pandémie du Covid 19 a mécaniquement
contribué à la hausse du phénomène de e-commerce. Accélérateur de transition du commerce
traditionnel vers le commerce dématérialisé, la crise sanitaire a confirmé l'instauration de
nouvelles relations entre commerçants et consommateurs à travers le web.
En effet, cette période historique a mis le consommateur face à deux problématiques : faire
face à une baisse de son pouvoir d'achat (perte totale d'activité, chômage partiel...) et trouver
des biens sans sortir de chez soi. Pour ce dernier point on comprend aisément en quoi la
technologie internet a joué un rôle primordial. Pour la question de palier à une baisse des
revenus, il faut expliquer en quoi la mise en place d’un fonds de commerce virtuel permet au
consommateur de faire des économies et ainsi limiter les effets de la crise. La première chose
et sans doute l'une des plus importante est qu'internet permet d'avoir accès facilement à des
prix qui sont globalement inférieur aux prix pratiqués dans les commerces physiques. C'est
notamment le cas avec les sites spécialisés sur la mise en avant de promotion, codes promo et
autres remises. Des sites qui permettent de réaliser de substantielles économies sur l’ensemble
des univers de consommation qui concerne un ménage. Une autre particularité du e-commerce
qui permet de faire des affaires, c’est l’offre des entreprises qualifiées de « pur Player », c’est-
à-dire uniquement présente sur le web. Ces entreprises ont la possibilité de proposer des
produits et/ou service à des prix en-dessous de ce qui se pratique dans les commerces
traditionnels. La raison est simple, ces sociétés du web n’ont pas forcément les mêmes
charges de structure que les autres. C’est notamment sur le coût que représente un le loyer
d’un commerce et son aménagement qui peuvent faire la différence. Le e-commerçant peut se
contenter de travailler dans un simple bureau qui ne demande pas d’effort de merchandising.

Enfin, un dernier point permet de justifier qu’internet soit source d’économie pour la clientèle,
c’est la multiplication de l’offre et la confrontation facile des propositions commerciales.
Aujourd’hui on dénombre des millions de sites e-commerce actif, c’est autant de « magasins »
que le consommateur peut visiter en quelques clics pour comparer et trouver le produit le plus
approprié à son budget. Il peut également se faire assister par les comparateurs de prix qui
font le travail de façon très simple et gratuite.

88
R. ALEMDJRODO, « Les défis du commerce électronique dans l’espace OHADA », p. 2.

34
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Section 2 : UN DÉVELOPPEMENT DE L’E-FONDS DE COMMERCE


PERFECTIBLE
Face aux nouvelles habitudes de consommation dues au confinement, le marketing
numérique est la principale solution pour maintenir le lien avec les consommateurs. Alors que
la société se contente de freiner l’expansion de COVID-19, les commerçants se
retrouvent dans une rude bataille pour tenter de faire face à ce coup dur pour leurs activités.
Cette crise soudaine s’accompagne de nouveaux défis, différents dans chaque secteur et avec
leurs propres particularités : alors que les établissements physiques dans des secteurs tels que
la beauté, la mode, le sport ou la maison ont été contraints de fermer leurs portes, d’autres
comme les supermarchés ou les pharmacies sont toujours ouverts. Dans tous les cas, ils
doivent tous se réinventer. Les habitudes des consommateurs ont été modifiées de force et le
canal en ligne est rapidement devenu le levier le plus impactant car il est le plus accessible
dans ces circonstances. Dans un environnement aussi changeant, il est essentiel que les
commerçants assument une grande adaptabilité et améliorent leurs ressources en ligne, où le
marketing numérique sera essentiel pour fidéliser les clients potentiels.

La digitalisation des échanges est devenue la norme pendant la COVID-19. Mais,


force est de constater que le secteur de la numérique éprouve encore d’énormes difficultés. En
effet le développement optimal du fonds de commerce électronique est confronté plusieurs
défis (Paragraphe 1 ). N’en déplaise aux difficultés qu’éprouvent les commerçants exploitant
un fonds de commerce électronique, ceux-ci disposent des moyens pour contourner les pertes
d’activités et conserver leur clientèle (Paragraphe 2).

Paragraphe 1: LES OBSTACLES RENCONTRÉS POUR UN


DÉVELOPPEMENT OPTIMAL DE LA CLIENTÈLE ÉLECTRONIQUE
Les enjeux de la transformation digitale sont divers. Pour relever ce défi de taille, les
détaillants ont besoin d’une stratégie adaptée à leurs clients cibles et axée sur une exécution
rapide. Bien que chaque commerce soit différent, on peut affirmer qu’une stratégie de
commerce électronique efficace doit être capable de relever les trois défis suivant : définir une
proposition commerciale gagnante, suffisamment distinctive pour une clientèle cible,
concevoir une chaîne d’approvisionnement optimisée, utiliser les technologies de pointe pour
permettre la transformation digitale. Alors que le commerce électronique représentait moins
de 20 % de la valeur totale des ventes au niveau mondial au début de l’année 2020, il va
inexorablement continuer à se développer et prendre finalement la part du lion de la
croissance. C’est une véritable révolution à laquelle nous assistons. Mais il existe néanmoins
35
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

des inquiétudes pour le développement du secteur (A), il y a aussi que l’expérience en ligne
en vaut la peine d’être mis en exergue (B).

A- Des inquiétudes en matière de développement du secteur


Il importe particulièrement de mettre en place un outil simple, clair, facile d’accès et à la
main des petites et moyennes entreprises, qui permette tant d’acquérir les équipements
nécessaires au développement d’une stratégie omnicanale (outils d’exploitation et d’interface,
tablettes, boutiques en ligne, logiciel de paiement en ligne et sur mobile, logiciel de gestion de
la relation client, etc.) que de former les salariés et le dirigeant aux nouveaux défis du
numérique. En effet, une entreprise dispose de deux voies principales pour pourvoir aux
nouveaux emplois créés par les mutations du commerce : le recrutement externe ou la
mobilité interne, qui implique de faire monter les collaborateurs en compétences et en
polyvalence et d’élargir leur périmètre d’action. En intensifiant la formation des salariés, ces
derniers disposeraient de réelles perspectives d’évolution tandis que l’entreprise réduirait les
coûts engendrés par les procédures de recrutement.

La transition numérique, préalable nécessaire à la bonne appropriation de l’omnicanalité


par les commerçants, serait donc plus sûrement assurée par la mise en place d’un dispositif
simple et ambitieux, encourageant la formation et l’achat d’équipements numériques, comme
un crédit d’impôt. Ce rééquilibrage en matière fiscale est d’autant plus urgent que d’autres
réglementations, non fiscales, pèsent également de façon croissante sur le commerce physique
: les critères à respecter pour créer de nouvelles surfaces commerciales sont par exemple de
plus en plus nombreux et freinent encore davantage l’adaptation du commerce.

Une pandémie et ses conséquences socio-économiques qui a fait faire un bond en avant en
matière d'adaptation numérique mais de ce fait a également exacerbé le risque de fracture
numérique. C’est pourquoi plus que jamais il faut investir dans les infrastructures des TIC et
renforcer les compétences numériques, l'esprit d'entreprendre dans ce domaine et les
politiques de protection des données89. La cyber sécurité et sécurité de l’information : bien
que l’ère de la connectivité ait facilité la communication et que les chaînes
d’approvisionnement soient plus souples, il existe aussi des vulnérabilités.

I. DURANT, Secrétaire générale adjointe de la CNUCED, 67e session du Conseil du commerce et du


89

développement, Premier segment, 2 et 3 juillet 2020, Point 3 sur les actions de la CNUCED, Covid 19 et
Relance, Remarques introductives.

36
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Les efforts supplémentaires et les difficultés rencontrées pour une transformation digitale
du fonds de commerce par les commerçants sont : l’achat du matériel et connectivité,
l’instabilité du courant, la connexion aléatoire et l’insécurité grandissant dans le secteur. Il est
aussi important de ne pas négligé l’expérience en ligne de la clientèle.

B- Expérience en ligne
Bien que la pandémie de COVID-19 présente une opportunité de transformation
immédiate pour le e-commerce, cela ne signifie pas que ce doit être un changement ponctuel.
Car les préférences des clients évolueront, et en parallèle, d’autres facteurs, comme des
startups innovantes, vont continuer à augmenter le rythme des perturbations dans le commerce
digital. Les commerçants doivent en conséquence innover plus rapidement que jamais dans le
développement de produits, l’expérience client et l’agilité opérationnelle.

Dans cet environnement volatil, avec de nombreuses options disponibles et plusieurs


entreprises se portant garantes de l’attention des clients, les consommateurs se révèlent être le
catalyseur de l’industrie moderne de la vente au détail. Ils ont besoin d’expériences
personnalisées et veulent se sentir plus valorisés par les entreprises qu’ils fréquentent.
Avec une vaste gamme de choix à leur disposition, il est plus difficile aujourd’hui de
transformer des clients ponctuels en acheteurs à long terme. Les commerçants peuvent offrir
une expérience vraiment personnalisée à leurs clients, ce qui distinguera leur marque de leurs
concurrents. Par exemple, permettre aux clients de parcourir le catalogue du commerçant,
d’afficher des recommandations personnalisées basées sur les achats précédents et les articles
de la liste de souhaits. Non seulement, mais une préférence client à part entière comme les
tendances notables, les comportements, les désirs et les habitudes d’achat tirés des données
client peut être mise en œuvre.

Au-delà de la crise immédiate, les entreprises doivent investir dans l'éducation et dans
le numérique. Le e-commerce va certainement prendre de l’importance et pourrait même
connaître un essor après la crise. C'est le moment, si on a le temps, d'améliorer la planification
et les données de votre stock, de vous informer sur les outils numériques de communication et
de promotion, et de planifier des stratégies pour surfer sur la vague. Pour beaucoup
d'exploitants, un long chemin reste à faire pour endiguer les difficultés. Une majorité de
clients ayant acheté en ligne reportent ainsi des difficultés, soit dans l'expérience en ligne, soit
dans la disponibilité des produits ou la livraison. Il faut alors prévoir à l’avance les retours de

37
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

commandes. Si le nombre de commandes e-commerce va exploser, on peut s’attendre à ce


que, proportionnellement, le nombre de retours de commandes grimpe lui aussi.

Les commerçants devront continuer à soigner l'expérience client. En ces temps de


confinement, et face à un avenir qui peut sembler trouble, la clientèle a plus que jamais besoin
de bienveillance, de petites attentions qui leur font chaud au cœur. Soigner l’expérience client
devient alors un acte de solidarité, un moyen de fidéliser ses clients existants, et une manière
de faire connaître ses valeurs. L’exploitant doit à juste titre faire preuve de bienveillance à
même votre site web, en y publiant des contenus en rapport avec la crise que vit actuellement
le pays, et la manière dont votre activité y faire face, ajouter un petit message positif ou des
goodies aux colis, développer un programme de fidélité pour les clients qui continuent à
commander à son entreprise ; être tolérant envers les clients qui peuvent être plus stressés
qu’à leur habitude.

Paragraphe 2: CONSEILS POUR FAIRE FACE À LA CRISE DU COVID-19


ET CONSERVER LA CLIENTÈLE ÉLECTRONIQUE
Le positionnement stratégique est fondé sur la réduction des coûts de transaction et
sur la réduction de la dépendance vis-à-vis des canaux usuels. L’implantation d’internet haute
vitesse en région, pour accélérer l’acquisition des nouvelles technologies et appuyer la
transformation numérique de même que pour l’appui à des secteurs stratégiques, à l’appui à
l’industrie touristique et culturelle. Il s’agit de bonnes nouvelles et de mesures qui vont dans
la bonne direction. Beaucoup reste à faire toutefois, notamment pour répondre aux besoins
criants en main-d’œuvre. Si les travailleurs ne sont pas au rendez-vous, plusieurs projets
risquent de rester des intentions90.

Pour contrer les effets néfastes de la pandémie à coronavirus, les commerçants exploitant un
fonds de commerce virtuel, doivent opter non seulement pour une consolidation de la
visibilité en ligne (A), mais ceux-ci doivent également offrir une multitude de moyens de
paiement (B).

A- Consolider la visibilité en ligne


Des propos qui font écho à ceux du patron de Microsoft, Satya Nadella, sur
l’accélération du basculement de nos sociétés dans l’ère du numérique, de nombreuses
enseignes non alimentaires peuvent en témoigner, comme Decathlon, la Fnac, Darty ou Kiabi,

90
« Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable », Conseil du patronat du Québec, 2021-
2022, p. 5.
38
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

qui sont devenues d’un coup des acteurs 100 % Internet, avec des ventes en ligne doublant ou
triplant en l’espace de quelques semaines91. Les commerçants doivent améliorer la visibilité
de leurs opérations. Ils permettront aux consommateurs de centraliser leurs opérations, en
supprimant les silos basés sur les magasins et les canaux et en donnant à ceux-ci une vue
d’ensemble claire des statuts des commandes, des profils clients et des niveaux de stock. Cette
visibilité accrue aide les membres de l’équipe à rester à jour avec les informations dont ils ont
besoin pour offrir un service exceptionnel. Dans les domaines de l’alimentation et de la
grande consommation, peu présents sur le Net, la bascule a été encore plus brutale. L’e-
commerce, une alternative rassurante pour les plus de 65 ans au temps du Covid-19, a
capté9,8 % des commandes lors du confinement, contre 5,7 % en 2019, selon le groupe
Nielsen. Et un tiers des 2,5 millions de foyers qui se sont approvisionnés en ligne pour la
première fois a l’intention de continuer92.

« L’e-commerce a gagné plusieurs années », confirme Emmanuel Grenier, directeur général


de Cnova, la maison mère de Cdiscount93. La raison d'être d’une consolidation importante de
sa visibilité en ligne réside dans la probabilité de l'existence d'une potentielle clientèle
connectée. Cette connaissance d’une clientèle potentielle est une condition nécessaire au
début de toute activité commerciale sur Internet. Celui-ci n'est pas limité aux seuls clients de
l'entreprise, mais couvre aussi d'autres cibles que la firme peut souhaiter toucher dans sa
communication, à savoir les investisseurs, les médias, le grand public, etc. L'identification des
acteurs cibles d'une présence sur Internet, passe par la revue des relations existantes entre
l'organisation et les acteurs de son environnement94.

A la Fevad, on se réjouit tout autant de la percée des circuits courts et des magasins de
proximité sur le Web. « La crise a montré que l’on ne peut plus opposer local et vente sur
Internet », souligne son délégué général, Marc Lolivier. Une réponse à la campagne choc
lancée par la région Occitanie, en début d’année, autour du slogan « au lieu d’acheter en ligne,
j’achète dans ma zone »95. Selon Kottler et Dubois (1997), le marketing est si fondamental
que l'on ne saurait le regarder comme une fonction séparée. Il s'identifie à l'ensemble de
l'entreprise considérée du point de vue de son aboutissement final, c'est-à-dire le client. Si les

91
N. BAYLE, A. PIQUARD, « La bataille du e-commerce stimulée par la crise liée au coronavirus », Publié le
21 juin 2020 à 16h 00mn - Mis à jour le 22 juin 2020 à 11h 15mn. Site internet :https://www.lemonde.fr,
consulté le 29 octobre 2021 à 22h 16mn.
92
Ibid.
93
Ibid.
94
M. ABIDAR, op.cit, p. 62.
95
N. BAYLE, A. PIQUARD, op.cit.
39
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

moyens du cybermarketing différent partiellement de ceux du marketing traditionnel, ses


objectifs restent centrés sur le service au client96. L'emploi stratégique d'Internet, fondé sur
l'analyse de la chaîne de valeur, encourage les entreprises à se concentrer sur les domaines où
elles peuvent améliorer leur performance de façon tangible. Si une entreprise décide de se
distinguer par la qualité de son service à la clientèle, le réseau Internet peut s'avérer utile sans
conteste. Si l'accent est mis sur le développement et la commercialisation de produits
innovateurs, Internet pourra contribuer à plusieurs éléments de la chaîne de valeur97.

La visibilité en ligne peut s’acquérir en augmentant des nouvelles fonctionnalités et


améliorer son site web, être très actifs sur les réseaux sociaux, lancer une vaste campagne de
promotion ciblée, accroitre la publicité sur le site web, rester en permanence en interaction
avec la clientèle et les internautes et profiter des visiteurs et leurs proposer des offres ciblées.

B- Offrir un large éventail de modes de paiement sécurisés


Avec l'augmentation de l'adoption des paiements numériques, le secteur doit collaborer
afin de créer de plus grands avantages pour transformer l'accès aux services financiers. Le
paiement sans contact permet de régler ses achats facilement et rapidement par carte bancaire
ou avec son téléphone portable. Le confinement et des restrictions de mobilité, ont renforcé et
conféré une plus grande légitimité aux services financiers numériques, car de plus en plus de
personnes adoptent ce mode pour les transactions de paiement et d'épargne, alors que le
numérique était considéré comme un plus pour la plupart des startups avant la pandémie, il est
désormais considéré comme indispensable.

Un agrégateur de paiements est un fournisseur de services qui permet aux commerçants


de traiter les paiements mobiles ou les paiements en ligne. Il est évident que les investisseurs
sont susceptibles de diriger l'afflux de fonds, les agrégateurs de paiement et les entreprises
similaires bénéficieront de l'engagement numérique accru des clients. Ceci est vrai à la fois
pour le segment B2C avec une augmentation de l’adoption de la monnaie électronique et pour
les segments B2B et B2B2C98. Le paiement sans contact permet de régler un achat par carte
bancaire sans avoir à l’insérer dans le terminal de paiement ni à composer son code
confidentiel, ou avec son téléphone portable en le posant simplement sur le terminal de
paiement. Il existe donc 2 types de paiement sans contact : d’une part via une carte bancaire
sans contact, c’est le moyen de paiement sans contact le plus répandu. La technologie est

96
M. ABIDAR, op.cit, p. 51.
97
Ibid.
98
Impact de la Covid-19 sur les FinTechs au Sénégal,Mars 2021.
40
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

incluse dans la carte bancaire et peut être activée ou désactivée par son utilisateur sur simple
demande auprès de sa banque. D’autre part via une application mobile sur un Smartphone.

Avec une augmentation de l’utilisation des portefeuilles électroniques, la confiance a


commencé à se développer et de plus en plus de personnes laissent des fonds sur leurs
portefeuilles électroniques après les 3 premiers mois d’utilisation de leurs comptes. Les
banques ont manifesté un intérêt croissant pour le développement de services de banques à
portefeuille et comprennent l’importance de la numérisation de leurs processus. Les
particuliers gardent le réflexe de l'achat en ligne. Les avantages du paiement sans contact pour
vous et vos clients sont multiples tels que, le gain de temps, la diminution des erreurs de
caisse, la simplicité d’utilisation et la maximisation des transactions.

On peut donc conclure que l’économie numérique peut être un puissant vecteur pour
l’exploitation du fonds de commerce en période de crise sanitaire actuelle avec le potentiel
d’alléger de nombreux fardeaux économiques de la COVID-19. Il s’ensuit que le commerce
électronique et le commerce numérique peuvent servir de moteur puissant pour la relance
économique désormais nécessaire99. La COVID-19 a permis aux acteurs du e-commerce
d’acquérir plus aisément des clients jusque-là réticents à l’idée de recourir à leurs services.
D’après un représentant syndical, « aux États-Unis, les clients se sont tournés vers le e-
commerce qui augmentera facilement sa part de marché après la crise sanitaire »100.

99
La CEA lancera un rapport sur les effets de la COVID-19 sur le commerce électronique en Afrique, 19 mars,
2021, Site internet : https://www.uneca.org/fr/, consulté le 24 aout 2021 à 19h 53mn.
100
M. SPATARI, op.cit., p. 9.
41
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

CONCLUSION PREMIÈRE PARTIE

Il ressort de cette première partie que l’exploitation du fonds de commerce a subi un coup
de fouet à cause de la COVID-19.La clientèle du commerçant, finalité de son fonds de
commerce a été fortement influencée ce qui a contribué à la chute de son chiffre d’affaire. La
baisse de l’activité suite restrictions suite au covid-19 a conduit inéluctablement à la baisse de
la clientèle. Pour y faire face, les réactions des commerçants sont diversifiées.
L’intensification des services en Drive, Click and collect et la livraison à domicile. Il faut
aussi mettre l’accent sur le commerce de proximité.

Les restrictions prises par les gouvernements ont contraint les populations à rester
chez eux et ont conduit inéluctablement à un développement accéléré du e-commerce. Le
coronavirus a bouleversé les habitudes des consommateurs. La demande en ligne restera
probablement conséquente après la fin de la pandémie, et les commerçants de tout horizon
devront s’adapter à un modèle nouveau que l’on a vu s’installer dans les habitudes et
comportements d’achat des consommateurs durant cette année. Pour les commerçants en
ligne, définir une stratégie de e-commerce gagnante et développer les compétences
nécessaires pour performer représentera sans aucun doute un défi énorme, mais aussi une
opportunité énorme d’augmenter les potentiels de rentabilité. Aujourd’hui, les spécialistes du
marketing et du commerce digital notent trois facteurs cruciaux qui seront indispensables pour
déployer une telle stratégie : développer une proposition de valeur commerciale adaptée à la
demande des consommateurs en ligne.

L’essor des technologies numériques au cours des deux dernières décennies, en


accélérant la circulation de l’information et la diffusion du savoir, a multiplié les canaux de
l’innovation, qui se trouve être de plus en plus incrémentale, basée sur les principes de
collaboration, et plus directement inspirée des besoins des marchés et des communautés.
Depuis, l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle sont devenues essentielles
pour pouvoir participer au jeu de la nouvelle économie. C’est une exigence provenant autant
de la demande que de la concurrence mondiale101.

101
« Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable », op.cit, p. 19.
42
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Deuxième partie :

UNE FRAGILITÉ DES ÉLÉMENTS D’EXPLOITATION


DU FONDS DE COMMERCE PAR LA COVID-19.

43
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

L’exploitant du fonds de commerce n’étant pas propriétaire de l'immeuble dans lequel il


exerce son commerce, il a intérêt à s'assurer pour le plus longtemps possible l'occupation des
lieux dans lesquels s'est centralisée son exploitation commerciale. C'est à ce titre que le droit
au bail doit être considéré comme un des éléments qui constituent le fonds de commerce. Il va
donc conclure avec le propriétaire des murs un contrat de location portant sur cet immeuble
affecté à l’exploitation du fonds de commerce. Ce contrat se nomme le contrat de bail
commercial. Une fois qu’il est conclu, ce contrat confère un droit de créance au profit du
locataire(commerçant) contre le propriétaire ou bailleur en vertu duquel le bailleur doit
assurer au commerçant ou au locataire la jouissance des lieux loués. Ce droit de créance est le
droit au bail. Il est souvent vital pour le commerçant, parce que s’il doit partir, il risque de
perdre la clientèle c’est pourquoi, le droit au bail fait en principe parti des éléments
incorporels du fonds de commerce dès lors qu’il sera vendu en même temps que le fonds.

Le commerçant a aussi besoin du matériel et de l’outillage qui sont des biens meubles
durablement affectés à l’exploitation du fonds tels que les machines, le matériel roulant etc.
Desmarchandisesquisontdesstocksdematièrespremièresoudeproduitsdestinésàlavente. Il faut
noter cependant que ces éléments corporels n’ont pas toujours une importance dans un fonds
de commerce, par conséquent, bien que ces éléments corporels fassent partie du fonds de
commerce, l’acquéreur du fonds de commerce peut parfaitement se passer du matériel,
outillage et mobiliers anciens. Par ailleurs, il existe bien des fonds de commerce qui n’ont pas
de marchandises tels que les fonds des courtiers et agents d’affaires. Force est aussi de
souligner que, lorsque le commerçant exerce son activité dans un immeuble qui lui appartient,
le matériel et l’outillage sont considérés comme des immeubles par destination. Ils obéissent
alors au régime des immeubles, sortent du fonds de commerce et par conséquent ne peuvent
plus entrer dans le gage des créanciers nanti sur le fonds.

Il faut donc évaluer l’impact de la covid-19 sur le droit au bail (Chapitre 1) d’une part et
sur les éléments corporels du fonds de commerce (Chapitre 2) d’autre part.

44
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Chapitre 1:
L’IMPACT DE LA COVID-19 SUR LE DROIT AU BAIL.
Face à une crise sanitaire sans précédent aux lourdes conséquences économiques, nombreux
sont les bailleurs et locataires qui, engagés dans un contrat de bail commercial, cherchent à
préserver leurs intérêts respectifs. De la nécessité d’honorer des engagements financiers
importants pour les bailleurs, aux besoins de sauvegarder leur fonds de commerce pour les
locataires, les intérêts des uns et des autres s’opposent parfois. Dans un tel contexte, il est
important de connaitre les devoirs et obligations que leur relation contractuelle leur impose
tout en les actualisant au regard des décisions gouvernementales particulières nécessitées pour
tenter de sauvegarder des entreprises en perte d’activité ou au bord de la faillite. Tellement
d’intérêts financiers sont mises en jeux dans cette période qu’il est important de connaitre les
droits et obligations des locataires dans ce contexte financier difficile où la sauvegarde des
activités est une priorité.

Il est important d’étudier l’impact de la covid-19 sur les droits et obligations du locataire
commercial (Section 1) avant de voir comment celui-ci peut il se prévaloir des restrictions
gouvernementales suite à la pandémie à coronavirus pour essayer de s'affranchir de ses
obligations qui découlent du bail commercial (Section 2).

Section 1 : LES INFLUENCES DE LA COVID-19 SUR LES DROITS ET


OBLIGATIONS DU LOCATAIRE
Habituellement, le commerçant n'est pas propriétaire du local ou de l'immeuble où il
exerce son activité ou exploite son fonds. Il occupe donc le fonds en exécution d'un contrat de
bail. Pour une durée déterminée, moyennant un certain prix et selon certaines conditions. La
réglementation des baux commerciaux a pour objet de protéger le locataire dans son activité,
tout en permettant l’adaptation du bail aux évolutions économiques. Le statut suppose le
respect de certaines conditions comme l’existence d’un contrat de bail ; l’exigence d’un local
; l’exploitation dans les lieux d’un fonds de commerce ou artisanal par le preneur. La crise à
coronavirus a dans cet ordre idée des incidences sur les droits du locataire (Paragraphe 1),
ainsi que sur ses obligations inhérentes au bail commercial (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES DROITS


INHÉRENTS AU BAIL COMMERCIAL.
La pandémie Covid-19 a entraîné non seulement des difficultés de règlement de loyers
des baux commerciaux pendant les périodes de fermeture liées aux restrictions

45
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

gouvernementales, mais également, plus généralement, des difficultés économiques pour les
fonds de commerce d’activité non essentielle touchés par cette pandémie.

Il est important de rappeler que le bail comme tout contrat de louage est soumis au
principe du droit commun du droit de louage102. Les exploitants de fonds de commerce ont vu
leurs droits se détériorer pendant la pandémie. En effet les droits impactés du locataire dans
les locaux pris à bail sont de deux ordres : ceux relatifs à l’affectation des lieux loués (A) ainsi
que ceux relatifs à l’abandon de la qualité de locataire (B).

A- Impact du covid-19 sur les droits relatifs à l’affectation des lieux loués.
Le preneur est tenu d’exploiter les locaux donnés à bail, en bon père de famille, et
conformément à la destination prévue au bail ou, à défaut de convention écrite, suivant celle
présumée d’après les circonstances103.Toutefois il est possible, pour le preneur, d’adjoindre à
l’activité prévue au contrat de bail des activités connexes ou complémentaires relevant d’un
même domaine que celui envisagé lors de la conclusion du bail. Le preneur doit en aviser de
manière expresse le bailleur. Le bailleur peut s’y opposer pour des motifs graves104.En cas de
changement de l’activité prévue au contrat, le preneur doit obtenir l’accord préalable et exprès
du bailleur qui peut s’y opposer pour des motifs sérieux. En cas de conflit entre le bailleur et
le preneur, il appartient à la partie la plus diligente de saisir la juridiction compétente105.
C’est ainsi que par un arrêt du 13 novembre 2014, la cour d’appel de Versailles a jugé que le
locataire ne peut se prévaloir du silence du bailleur à la demande de transformation des
locaux, pour déduire l’accord de ce dernier. Le locataire qui transforme un local commercial
en local d’habitation sans l’accord du bailleur commet un manquement à ses obligations qui
justifie la mise en œuvre de la clause résolutoire prévue par le bail106. De même une
jurisprudence constante énonce que le locataire ne peut exercer dans les lieux loués que
l'activité prévue au bail107.

Les mesures prises par les gouvernements dans le but de limiter la propagation du covid-
19 peuvent pousser le locataire à vouloir ajouter une activité ou à changer complètement
l’activité qu’il exerce dans les locaux. Il s’agit soit d’une déspécialisation partielle soit d’une

102
Confère Art. 1713 et s. C. Civ. fr.
103
Confère Art. 113, al.1, AUDCG.
104
Confère Art. 113, al.2, AUDCG.
105
Confère Art. 113, al.3, AUDCG.
106
J. DRAY, « Le respect de la destination du bail commercial », publié le 13/02/2015 sur le site internet:
https://wwww.consieljuridique.net/joan-dray/avocat-1647.htm, consulté le 17 septembre 2021 à 12h 36mn.
107
C. Cass. fr. ass. plén. 3 mai 1956 : JCP G 1956.II.9345.
46
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

déspécialisation plénière108. Face aux difficultés que rencontre l’exploitant d’un fonds de
commerce en cette période de crise sanitaire, celui-ci peut migrer vers les produits de
premières nécessité qui font l’objet d’une hausse de demande.

La déspécialisation plénière doit être justifiée "eu égard à la conjoncture économique et aux
nécessités d'une organisation rationnelle de la distribution". Le locataire a une double preuve à
apporter : son activité n'est plus rentable et celle qu'il envisage profitera au consommateur.
Ces deux critères sont cumulatifs : il a ainsi été refusé la transformation d'un magasin de
chaussures (dont il n'était pas contestable que l'activité était en net déclin = premier critère) en
agence d'administrateur de biens et d'agence immobilière car le nombre d'agences avait été
jugé suffisant (second critère absent= ici absence de besoin pour le consommateur)109. Il est
donc évident que dans cette période pandémique certains biens subissent une fluctuation
importante entre l’offre et la demande. Fort de ce constat, pour maintenir la continuité de son
activité, n’en déplaise aux conditions difficiles, le preneur peut changer la destination du
fonds en observant la règlementation qui y sied.

B- Impact sur droits relatifs à l’abandon de la qualité de locataire


La question centrale qui mérite d’être posée est celle de savoir comment mettre fin à son bail
pendant la période de crise sanitaire ? en effet quel que soit la nature du bail, bailleur comme
locataire peuvent être amenés à délivrer congé pendant la période de crise sanitaire.
Cependant, la situation actuelle peut être un frein pour respecter les délais spécifiques à
chaque bail. L’article 5 de l’ordonnance n°2020-306 du 25 mars 2020 vient nous préciser que
«Lorsqu'une convention ne peut être résiliée que durant une période déterminée ou qu'elle est
renouvelée en l'absence de dénonciation dans un délai déterminé, cette période où ce délai
sont prolongés s'ils expirent durant la période définie au sens de l'article 1er, de deux mois
après la fin de cette période»110.

En effet la résiliation judiciaire d'un bail commercial pour défaut d'exploitation des
locaux ne peut être prononcée si aucune stipulation expresse du bail ne fait obligation au
preneur d'exploiter son fonds de commerce dans les lieux loués111.En présence de désordres

108
« Guide : Le bail commercial », Informations juridiques. Disponible sur www.cci.nc, consulté le 26 octobre
2021 à 21h 35mn.
109
Kit technique sur la pratique des baux commerciaux , INES, novembre 2004, p. 8.
110
Disponible sur le site : https://www.svp.com/livreblanc/, Version actualisée le 24 aout 2020, consulté le 16
septembre 2021 à 01h 26mn.
111
Cass.civ. 3, 03-12-2020, n° 19-20.613, F-D, (voir aussi en ce sens Cass.civ. 3, 10-06-2009, n° 07-18.618,
publié ; Cass.civ. 3, 10-06-2009, n° 08-14.422, publié.

47
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

structurels sur le plancher partie commune, le syndicat des copropriétaires, sur le fondement
de l’article 14 de loi du 10 juillet 1965, mais également le bailleur, sur le fondement de son
obligation de délivrance (même si les désordres ne lui sont pas directement imputables),
doivent réparer les préjudices subis par le locataire placé dans l’impossibilité de poursuivre
l'exploitation du fonds de commerce112.

Au cours d’un bail commercial, les parties peuvent aussi décider librement d’un commun
accord de rompre leurs relations contractuelles, ce qui permet au bailleur de reprendre
possession de son bien rapidement et au locataire de ne plus payer les loyers et charges
jusqu’au terme de la période triennale en échange d’une libération des lieux. Cette résiliation
est soumise à un formalisme, puisque l’exigence d’un écrit est nécessaire. Dans la pratique,
les parties prendront la précaution de rédiger en des termes clairs les modalités de cette
résiliation amiable. Cet article vise à mettre en lumière le principe de la résiliation amiable du
bail commercial, ainsi que ses principaux mécanismes.

La pandémie actuelle, par ses effets néfastes et les restrictions gouvernementales


subséquentes peuvent conduire certains locataires à mettre fin au bail commercial. Si tel est le
cas il est important de respecter le formalisme y afférent.

Paragraphe 2: LES INCIDENCES SUR LES OBLIGATIONS INHÉRENTES


AU FONDS DE COMMERCE
En principe, chaque cocontractant doit exécuter convenablement les obligations qui lui
incombent au titre du contrat qu’il a conclu. Il ne peut en aucun cas se dégager
unilatéralement et, toute modification des termes du contrat suppose le consentement mutuel
des deux parties. Dans ce sens, que le C. Civ. dispose que les obligations contractuelles
valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites, et ne peuvent être révoquées
que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi113.

Les entreprises ont été exposées à des risques accrus qui impactent surtout les relations
contractuelles nouées par les commerçant. Dans de telles circonstances, il est difficile de
développer des relations d’affaires et de remplir les obligations contractuelles précédemment
conclues. Il est donc question dans un premier temps de voir les difficultés relatives à
l’obligation d’exploiter le fonds de commerce (A), avant de voir dans un second temps celles
concernant les obligations pécuniaires (B).

112
Cass.civ. 3, 03-12-2020, n° 19-12.871, F-D.
113
Confère Art. 1134 C. Civ.
48
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

A- Incidences sur l’obligation d’exploiter le fonds de commerce


Le preneur est tenu d’exploiter les locaux donnés à bail, en bon père de famille, et
conformément à la destination prévue au bail ou, à défaut de convention écrite, suivant celle
présumée d’après les circonstances114. Le locataire doit exploite le fonds dans les lieux loués.
C’est en ce sens que l’AUDCG précise que le droit au renouvellement du bail à durée
déterminée ou indéterminée est acquis au preneur qui justifie avoir exploité, conformément
aux stipulations du bail, l’activité prévue à celui-ci, pendant une durée minimale de deux
ans115.
Il pèse ainsi sur le locataire d’un bail commercial une obligation d'exploiter un fonds de
commerce dans les lieux loués. Le respect de cette obligation lui assure l’application du statut
des baux commerciaux, et le droit au renouvellement du bail. L’exploitation du fonds
demeure un impératif, car la non exploitation est un grand risque pour la perte du statut des
baux. Ainsi, ne constitue pas un motif légitime la grave maladie dont le locataire est atteint,
dès lors que celui-ci ne démontre pas que l'interruption de son activité présente un caractère
provisoire ou réversible, ni qu'il va pouvoir reprendre, dans les meilleurs délais, son activité
qu'il exerce dans les lieux loués116. Dans cet ordre d’idées, si le locataire n’est plus en mesure
d’exploiter son fonds de commerce faute d’activité ou en raison d’une interdiction
administrative, le bailleur peut-il résilier son bail ?

S’il est vrai que le bénéfice du statut des baux commerciaux est subordonné à
l’exploitation par le locataire d’un fonds de commerce, la jurisprudence est aussi constante et
refuse ainsi ce bénéfice à celui qui a cessé son exploitation commerciale117. Le contexte étant
particulier, il faut tout au moins préciser que tout dépend de la rédaction des clauses du bail
commercial. C’est dans ce sens, la Cour de Cassation118considère que l’obligation d’exploiter
est une condition d’application du statut des baux commerciaux dont l’inexécution ne peut
entraîner la résiliation du bail que si une clause impose l’exploitation effective et continue du
fonds dans les lieux loués. La vigilance s’impose donc lors de la rédaction du bail119.

114
Confère Art. 113 AUDCG.
115
Confère Art. 123, al.1 AUDCG.
116
CA Paris, 5 nov. 1992, n° 91-18504, 16e ch. B, Mezescaze c/ SA, Crédit Automobile de France.
117
C. Cass., 7 juill. 1959, 12 mai 1996 et 10 février 1999 notamment.
118
Civ. 3ème ch., 10 juin 2009 : 07.18618.
119
Site internet : https://www.svp.com/livreblanc/, op.cit.
49
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

B- Incidences sur les obligations pécuniaires du locataire


Le contrat de bail est un contrat synallagmatique120. Il implique dès lors des obligations
réciproques à l’endroit du bailleur et du preneur. C’est ainsi qu’en contrepartie de la
jouissance des lieux loués, le preneur doit payer le loyer aux termes convenus entre les mains
du bailleur ou de son représentant dûment mandaté121. Il s’agit là de l’obligation essentielle du
preneur. Par ailleurs, il faut noter que Les frais et les charges qui sont liés à la jouissance du
bien loué en sont l’accessoire et doivent être supportés par le preneur122. L’AUDCG abonde
dans le même sens en précisant que le preneur est tenu aux réparations d’entretien. Il répond
des dégradations ou des pertes dues à un défaut d’entretien au cours du bail123.

Face à la crise du Coronavirus, le preneur à bail est confronté à la question de l’impact de


cette crise sur son contrat de bail. La principale question qui se pose est la suivante : le
locataire doit-il continuer à payer son loyer et ses charges au bailleur?124Autrement dit peut-il
suspendre le paiement du loyer en cas d’impossibilité de jouir du local commercial en raison
des restrictions gouvernementales?

Il convient d’emblée de préciser que la Cour de cassation avait déjà réaffirmé dans l’un de ses
arrêts que le locataire ne peut opposer au propriétaire l’exception d’inexécution, pour refuser
le paiement du loyer, au motif qu’il existerait des désordres affectant les lieux loués
empêchant une jouissance paisible125.La jurisprudence a alors développé une exception à
l’obligation de payer le loyer en cas « d’exception d’inexécution » lorsque le bailleur manque
à ses propres obligations. En fait, de nombreux locataires qui subissent des troubles de
jouissance, suite aux effets du covid-19, dans le cadre de l’usage de leur local commercial,
sont tentés de suspendre le paiement de leur loyers et charges. Dans cette perspective, le
locataire devra prendre la précaution d’agir selon un intérêt légitime car il doit garder à
l’esprit que le paiement du loyer est une obligation et que nul ne peut se faire justice à lui-
même.

120
A. CRUQUENAIRE, C. DELFORGE, I. DURANT, P. WÉRY, Droit des contrats spéciaux - Ouvrage à
l’attention des étudiants du programme de bachelier en droit, 5e éd., Liège, Wolters Kluwer Belgium, 2018, p.
225.
121
V. Art. 112 AUDCG.
122
M. HIGNY, « Le bail de droit commun », in Guide juridique de l’entreprise - Traité théorique et pratique, 2e
éd., titre III, livre 33bis, Liège, Wolters Kluwer Belgium, p. 75.
123
V. Art. 114 AUDCG.
124
M. HIGNY, « Le paiement du loyer et des charges au bailleur dans le bail d’un bien immeuble face
coronavirus », J.T., 2020, n°15, p. 265. Cité dans le livre blanc, Droit des affaires et COVID-19, Synthèse des
règles applicables aux entreprises, « Droit immobilier et covid-19 : Le paiement du loyer et des charges au
bailleur », livre blanc.
125
C.Cass, C.Civ, 5 octobre 2017 – n°16-19.614
50
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Une doctrine, à l’heure actuelle majoritaire, considère que l’obligation de paiement du loyer
est suspendue en raison de l’impossibilité pour le bailleur de fournir la jouissance des lieux
loués126.Le régime juridique que l’on appliquera à la question de la jouissance des lieux loués
et à la question du paiement du loyer devrait s’appliquer à la question des frais et des
charges127. Un jugement rendu par la Cour Supérieure du Québec le 16 juillet 2020 risque
d’avoir une incidence importante sur l’obligation de certains locataires de payer leur loyer
pendant la pandémie128. Suivant les circonstances précises de ce dossier, la décision confirme
qu’un locataire peut être relevé de son obligation de payer le loyer en raison d’un événement
de force majeure, lorsque cet événement empêche le bailleur de fournir au locataire la
jouissance paisible des lieux loués129.

Dans la mesure où le propriétaire est temporairement privé de l’usage déterminé de la chose


dorénavant prohibé par les lois ou les règlements, il lui est légalement interdit d’en permettre
l’usage contractuel, ne pouvant conférer à son locataire plus de droits qu’il n’en dispose lui-
même. Ne disposant plus du droit contractuel de jouir de la chose que le bailleur ne peut plus
légalement lui conférer pour le temps de la mesure d’interdiction (ou de restriction) d’usage,
le locataire n’est pas tenu à la contrepartie, d’où il suit que les loyers ne sont pas dus pour la
durée des mesures restrictives.

Par ailleurs, la fermeture des commerces ne peut être assimilée à une destruction de la
chose louée130, et, elle ne rend pas l’exécution excessivement onéreuse pour le locataire131.
Seul doit donc être examiné le principe de bonne foi. Le locataire échouant à apporter la
preuve de sa bonne foi doit être condamné au paiement. Tels sont les enseignements d’une
ordonnance de référé du tribunal de commerce de Paris132.

126
M. HIGNY, op.cit.
127
A. DE BOECK, « Genera non pereunt, of toch wel ? », R.G.D.C., 2009, p. 445: « Aangezien de
opeisbaarheid van de door tijdelijke overmacht getroffen verbintenissen wordt geschorst, is ook de opeisbaarheid
geschorst van alle verbintenissen die niet zonder deze eerste verbintenissen opeisbaar zijn; zie voor het verschil
met de toepassing van de accessorium sequitur principale-regel: P.H. Antonmattei, Contribution à l’étude de la
force majeure, Parijs, LGDJ, 1992, pp. 222-223, nr. 317 », cité par M. HIGNY, « DROIT IMMOBILIER ET
COVID-19 : Le paiement du loyeret des charges au bailleur », livre blanc.
128
Hengyun International Investment Commerce Inc. c. 9368-7614 Québec inc., 2020 QCCS 2251. Cité par M.
MANZANO, C. COMEAU, C. BÉLAIR, « Impact de la COVID-19 sur le paiement du loyer commercial »,
actualité juridique, droit immobilier, 28 juillet 2020.
129
M. MANZANO, C. COMEAU, C. BÉLAIR, op.cit.
130
C. civ. art. 1722.
131
C. civ., art. 1195.
132
T. com. Paris, 11-12-2020, aff. n° 2020035120.
51
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Si les difficultés économiques rencontrées par le locataire ne sont pas, en tant que telles,
un motif d’obtention de plein droit d’une réduction ou la suspension du loyer, il existe
cependant plusieurs techniques juridiques permettant au locataire de tenter de les obtenir.

Section 2: DISPOSITIF DE NEUTRALISATION DES SANCTIONS


ÉVENTUELLES EN CAS D’INEXÉCUTION DES OBLIGATIONS
CONTRACTUELLES
Outre la théorie de l’imprévision telle que prévue à l’article 1695 du C. Civ. fr et celle de la
force majeure prévue à l’article 1218 du C. Civ. fr, d’autres dispositions tirées du statut des
baux commerciaux du Code de commerce pourraient être invoquées par les locataires. En
effet, l’importance de la crise sanitaire du coronavirus aura vraisemblablement pour effet
d’appauvrir certaines zones peu à peu abandonnées (par un mécanisme de faillite en
chaîne)133. La grande question demeure de savoir s’il est possible de considérer la pandémie
comme un cas de force majeure et si oui, jusqu’à quel degré peut-elle être bénéfique pour l’un
et/ou pour l’autre pour se dégager de leurs obligations contractuelles134. C’est notamment le
cas du contrat de bail commercial, qui dès l’annoncé des restrictions gouvernementales, a
soulevé d’énormes difficultés. Les commerçants, locataires de baux commerciaux, qui se sont
trouvés, brusquement, face à la fermeture de leurs locaux d’exploitation, non pas pu, ou ont
refusé le paiement des loyers considérant qu’il est injuste de payer un loyer pour un local non
exploité.

Nous tenterons ainsi à résoudre se problème en analysant la covid-19 sous le plan de la force
majeure (Paragraphe 1) d’une part et sous le plan de l’imprévision (Paragraphe 2) d’autre
part.

Paragraphe 1 : LA COVID-19 ET LA FORCE MAJEURE


Les clauses libératoires et exonératoires de l’obligation d’exécution d’un contrat se déclinent
autour de la force majeure et de l’impossibilité d’exécution. Dans ce contexte ou la crise
sanitaire dite sa loi, avant de voir si la covid-19 peut être qualifiée de force majeure (B) et faut
avant tout savoir ce que signifie la force majeure (A)

A- La notion de force majeure en droit positif


Il y a force majeure en matière contractuelle « lorsqu’un événement échappant au contrôle du
Débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat et dont

133
Disponible sur le site https://www.svp.com/livreblanc/, consulté le 03 décembre 2020 à 18h 32mn.
134
S. MOUTABIR, « Impact de Covid 19 sur le paiement du bail commercial », RERJ, n°6, p. 196.
52
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, empêche l’exécution de son
obligation par le débiteur »135.

Il faut rappeler à ce stade que cette notion de force majeure a toujours fait débat entre les
juristes, étant une notion flottante qui peut s’interpréter différemment selon le contexte136. La
force majeure, notion prétorienne, est désormais codifiée par l’article 1218 du Code civil. Elle
est constituée par un évènement correspondant aux caractéristiques fixées par les parties ou, à
défaut, par la loi et a pour conséquence d’exonérer l’une ou l’autre des parties de l’exécution
de son obligation. Dès lors, l’examen des clauses et conditions de chaque contrat et plus
particulièrement des clauses afférentes aux conditions et conséquences de la force majeure
s’imposera nécessairement. Sous l'empire de l'ancien 1148 du Code civil, les Tribunaux
avaient déterminé les caractéristiques de celle-ci, à savoir l’existence de trois critères
cumulatifs : l’extériorité, l’imprévisibilité et l’irrésistibilité. Le nouvel article 1218 du Code
civil reprend substantiellement ces derniers et détermine la qualification de la force majeure
sous ces trois critères cumulatifs : l’événement doit nécessairement échapper au contrôle du
débiteur ; l’événement ne pouvait pas être raisonnablement prévu au moment de la conclusion
du contrat et l’événement doit produire des effets qui ne peuvent être évités par des mesures
appropriées.

En effet, le critère d’extériorité signifie que l’évènement doit échapper au contrôle du


débiteur de l'obligation. Il est à noter que le fait du débiteur ou de son préposé ou substitué ne
peut constituer un cas de force majeure, le débiteur exerçant un contrôle sur les actions de son
préposé ou substitué137. Avant la réforme du droit des contrats de 2016 en France, la
jurisprudence faisait le plus souvent référence au critère de l'extériorité de l'évènement par
rapport au débiteur de l'obligation138. En ce qui concerne le critère de l’imprévisibilité,
l’évènement ne peut être raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat. Si
l'événement était prévisible, le débiteur restera tenu d'exécuter son obligation, à défaut
d'aménagements conventionnels. En fin, relativement au critère d’irrésistibilité, l’évènement
est inévitable par des mesures appropriées.

135
L’article 79 de la convention de Vienne sur les contrats de vente internationale de marchandises prévoit
qu’une partie n’ayant pas exécuté une obligation sera exonérée de responsabilité si elle prouve que « cette
inexécution est due à un empêchement indépendant de sa volonté et que l’on ne pouvait raisonnablement
attendre d’elle qu’elle le prenne en considération au moment de la conclusion du contrat, qu’elle le prévienne
ou le surmonte ou qu’elle en prévienne ou surmonte les conséquences ». Dans le même sens, Art. 1218 C.Civ.
français.
136
Pour une étude pointue de la notion de force majeure, Voir F. GLANSDORFF, «Le point sur : La force
majeure», Journal des Tribunaux, 2019, n°18, p. 355.
137
C. Cass., 14 oct. 2010, n°09-16.967.
138
C. Cass., 15 octobre 2013, n°12-23126.
53
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Dans ces conditions, les applications jurisprudentielles des caractéristiques antérieures


de la force majeure apparaissent parfaitement transposables sous l'empire du nouvel article
1218 du Code civil. Dès lors, seul un fait qui présente un caractère imprévisible lors de la
conclusion du contrat et irrésistible dans son exécution est constitutif de force majeure,
l’imprévisibilité étant appréciée par le juge, en fonction des circonstances de l'espèce139. Pour
que le débiteur soit libéré, la jurisprudence impose que l'événement invoqué ait « rendu
absolument impossible » l'exécution de son obligation ou ait imposé la violation d'une
obligation lui incombant140.

La doctrine belge141, considère que la force majeure suppose la réunion de trois conditions
cumulatives: l’évènement qui rend l’exécution de l’obligation impossible doit être
insurmontable, indépendant de la volonté du débiteur et imprévisible. Pour qu’un événement
soit considéré comme insurmontable, il faut que le débiteur, considéré comme tout autre
débiteur qui serait dans la même situation, se trouve dans «l’impossibilité d’exécuter les
obligations découlant du contrat»142, cette impossibilité pouvant être matérielle, juridique ou
morale.

Dans les développements qui suivent, nous tenterons de voir comment peut-on envisager
une application de la théorie de la force majeure pour le paiement des loyers commerciaux
dans le contexte de Covid-19.

B- La controverse de l’application de la force majeure au bail commercial


dans le contexte de Covid-19.
Le problème est de savoir si l’épidémie du COVID-19 constitue un cas de force majeure.
Suivant la doctrine, la qualification de force majeure est retenue lorsque l’événement remplit
les conditions susvisées, mais également, en cas de « fait du prince ». En l’espèce et au regard
de la pandémie du COVID-19, les mesures de restrictions particulièrement relatives à la
fermeture de certains commerces ainsi que les mesures de confinement ordonnées peuvent
raisonnablement s’apparenter à un « fait du prince », et donc à un cas de force majeure.

A première vu le locataire qualifie la pandémie d’un événement de force majeure et


pense à une dispense de ses obligations. En France si la cour d’appel de Lyon approuve le

139
Cass. Ass. plén. 14-4-2006 n° 538; Cass. com. 8-3-2011 n° 10- 12.807; Cass. 1e civ. 30-10-2008 n° 07-
17.134.
140
Cass. 1e civ. 19-12-2000 n° 98-14.141.
141
P. OMMESLAGHE, Les obligations, tome II, volume 2, collection DE PAGE Traité de droit civil belge,
Bruylant, éd. 2013, n° 966, p. 145.
142
Ibid., n° 968, p. 96.
54
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

locataire en ce que la pandémie est « par essence imprévisible » même si, selon nous, le
caractère imprévisible de l’événement s’appréhende notamment à la date à laquelle les parties
ont conclu le contrat de bail , son irrésistibilité faisait défaut, nécessitant l’appréciation de sa
situation financière et comptable, exposé dont ce dernier avait semble-t-il fait l’économie,
alors même que le bailleur prétendait qu’il était « partie du groupe Bocuse », valorisé à
« 100 millions d’euros »143. De plus, la cour rappelle que l’obligation pécuniaire est toujours
susceptible d’être exécutée144, relevant que de « simples difficultés d’exécution provisoires »
ne relèvent pas du régime de la force majeure. En somme, les deux obstacles habituels à la
caractérisation de la force majeure sont bien réunis : d’une part, la force majeure n’est pas
invocable s’agissant du règlement de ses loyers par le locataire et, d’autre part, le locataire ne
justifie pas du caractère insurmontable de la situation145.

Dans le cas de l’épidémie du COVID-19, le preneur ne serait pas fondé à exciper d’une
inexécution du paiement du loyer au regard des manquements du bailleur, mais au regard du
cas de force majeure empêchant ledit bailleur, en l’absence de tout manquement, de remplir
ses obligations fondamentales de délivrance et de jouissance paisible146.La jurisprudence a en
effet reconnu l’impossibilité, pour le bailleur, de satisfaire à l’obligation de délivrance147 ,
ainsi que de jouissance paisible, dans le cas spécifique de force majeure148. Dès lors, les
effets de la force majeure, en ce qu’elle conduit à une impossibilité absolue d’exploiter,
durant une certaine période, devraient ou pourraient, en toute logique, être similaires à ceux
d’une exception d’inexécution et ainsi conduire à une annulation de la dette locative durant la
période d’impossibilité absolue d’exploiter.

Force est de constater que plusieurs pays du monde ont qualifié cette pandémie de force
majeure. Il est ainsi de la France149, l’Italie150et le gouvernement indien qui ont affirmé que la

143
v. Riom, 2 mars 2021, n° 20/01418, Dalloz actualité, 26 mars 2021, obs. P. de Plater.
144
v. par ex. TJ Paris, 17 juill. 2020, n° 20/50920.
145
Bail commercial et covid-19, le droit et l’équité, Bail commercial, Dalloz Actualité, Edition du 26 Juillet
2021. Site internet : https://www.dalloz-actualité.fr, consulté le 25 novembre 2021 à 23h 56mn.
146
Confère Art. 1719 du C. Civ.
147
Cass. 3e civ. 7 mars 2006 n°04-19.639.
148
Bourges, Chambre sociale, 21 Mai 2010 – n° 09/0129.
149
B. LE MAIRE, « Coronavirus et monde du travail : réunion avec les partenaires sociaux », 28 févr. 2020.
Selon le Ministre français de l’Économie et des Finances la Covid-19 sera considérée comme un « cas de force
majeure » et en conséquence, que « pour tous les marchés publics de l’État, si jamais il y a un retard de
livraison de la part des PME ou des entreprises, [l’État] n’appliquer [a] pas de pénalités ».
150
CIRCOLARE, n° 0088612, 25 mars 2020. Ces certificats, tout comme ceux délivrés par le CCPIT, ne
sauraient néanmoins être interprétés comme contenant un avis juridiquement contraignant, bien que pouvant être
utilisés comme moyen de preuve en cas de contentieux. V., concernant les certificats du CCPIT, A. DISCOURS,
55
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Covid-19 ainsi que les mesures de confinement prises seront considérées comme un cas de
force majeure pour certains types de contrats publics151.

La COVID-19 s’avère irrésistible. Non seulement, il met l’économie mondiale au ralenti,


mais il impose également son « diktat » aux personnes physiques qui n’ont pour réflexe que la
préservation de leur vie152.D’ailleurs, son irrésistibilité suggère aux gouvernants des mesures
exceptionnelles d’état d’urgence sanitaire ou de confinement généralisé ou ciblé, véritables
faits du prince153. En sus, l’OMS a dû décréter« l’urgence de santé publique ».Le caractère
imprévisible de la COVID-19 semble controversé. Il était hors de toutes les prévisions qu’une
pandémie puisse menacer la planète en 2020et de facto l’exécution des contrats. Toutefois, les
avants-signes coureurs en Chine n’étaient-ils pas de nature à inciter les parties à prendre des
dispositions idoines ?154

Face aux épidémies, l’argument de la force majeure avait vraiment du mal à prospérer dans la
jurisprudence française155. Ainsi, « de manière synthétique, dans ces précédents cas, les juges
ont considéré soit que les maladies étaient connues, de même que leurs risques de diffusion et
effets sur la santé, soit qu’elles n’étaient pas (assez) mortelles et ont donc écarté qu’elles
puissent être invoquées pour refuser d’exécuter un contrat. Une épidémie n’est donc pas
nécessairement ni automatiquement un cas de force majeure »156.

Paragraphe 2 : LA COVID-19 ETLA THEORIE DE L’IMPRÉVISION


Dans le contexte du ralentissement économique actuel, les entreprises doivent s'engager dans
la renégociation des contrats afin de garantir la continuation des relations contractuelles. Les
parties peuvent toujours se rapprocher pour réviser les conditions d’exécution de leurs
obligations contractuelles en vue de les adapter aux circonstances économiques actuelles. Or,
aucune clause d’imprévision n’a été prévue ni dans les Codes civils des États parties à

S. QU et J. BUHART, « L’impact du Covid-19 sur l’exécution des contrats. Étude comparative droit chinois /
droit français », JCP 2020, p.329.
151
Ministry of Finance, Department of Expenditure, Procurement Policy Division, No F. 18/4/2020-PPD, 19
févr. 2020 (contrats publics pour l’achat de bien et la fourniture de services) ; Ministry of New & Renewable
Energy, Grid Solar Power Division, No 283/18/2020, 20 mars 2020.
152
Q. FASSASSI, juriste, chercheur stagiaire à l’ERSUMA, « réflexions sur la qualification juridique de la covid-
19 en droit des contrats », numéro spécial de droit OHADA & COVID-19, 1ère série, n° 031, mars 2020. Site
Web : http://ersuma.ohada.org, consulté le 18 décembre 2020 à 9h 07mn.
153
Ibid.
154
Ibid.
155
Paris, 25 sept. 1996, n° 1996/08159 ; Besançon, 8 janv. 2014, n° 12/0229 ; Nancy, 22 nov. 2010, n°09/00003 ;
Basse-Terre, 17 déc. 2018, n° 17/00739.
156
L. LANDIVAUX, « Contrats et coronavirus : un cas de force majeure ? », disponible sur le site internet :
https://www.dalloz-actualite.fr/node/contrats-et-coronavirus-uncas-de-force-majeure-ca-dépend, consulté le 13
novembre 2021 à 02h 24mn.

56
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

l’OHADA, ni dans le Code civil français avant la réforme de 2016. C’est pourquoi, il y a eu
souvent recours à la solution consacrée par la jurisprudence dite « Canal de Craponne »157,
laquelle avait exclu toute possibilité de révision du contrat.

La jurisprudence française s’est le plus souvent refusée à appliquer cette théorie de


l’imprévision, qui va directement à l’encontre du principe de la sécurité juridique des
transactions. La notion sera explicitée (A) avant de voir son application dans ce contexte (B).

A- La notion d’imprévision en matière contractuelle


Le fait que l’événement rende l’exécution simplement plus difficile ou plus onéreuse ne
remplit pas la condition d’impossibilité d’exécution, de sorte qu’il ne pourrait pas alors être
fait appel à la force majeure pour justifier l’inexécution de l’obligation. Cette dernière
hypothèse relève, en effet, d’une autre notion juridique, qui est celle de le théorie de
l’imprévision, laquelle intervient lorsque les conditions économiques en cours au moment de
la conclusion d’un contrat, que les parties ont normalement prises en compte comme
fondement de leur accord, se trouvent ultérieurement bouleversées au-delà de toute prévision,
dans des conditions telles que la poursuite de l’exécution de la convention par les parties, sans
être matériellement impossible, risque de causer un préjudice considérable à l’une d’elles,
voire même de la ruiner.

Contrairement à la jurisprudence du Conseil d’État français, en particulier l’arrêt Compagnie


générale d’éclairage de Bordeaux du 30 mars 1916, appelé aussi arrêt Gaz de Bordeaux158, la
Cour de cassation interdit aux juges de modifier le contrat dans le célèbre arrêt Canal de
Craponne du 6 mars 1876159.

157
C. Cass., civ., arrêt du 6 mars 1876, De Galliffet c/ Commune de Pélissanne.
158
Dalloz 1916.3.25, concl. Chardenet, et Les grands arrêts de la jurisprudence administrative, par LONG,
WEIL, BRAIBANT, DELVOLVÉ et GENEVOIS, Dalloz, 12e éd., 1999, 184-192. On y relève le considérant
suivant : « Considérant que par suite du concours des circonstances ci-dessus indiquées (guerre ayant gêné la
production du charbon qui sert à produire l’électricité), l’économie du contrat se trouve complètement
bouleversée ; que la Compagnie est donc fondée à soutenir qu’elle ne peut être tenue d’assurer, aux seules
conditions prévues à l’origine, le fonctionnement du service tant que durera la situation anormale ci-dessus
rappelée ».
159
(Civ. 6 mars 1876, DP. P. 1876, I, 193, note Giboulot. Les juges du fond s’étaient arrogés le pouvoir de
réviser les redevances dues par les bénéficiaires d’un droit fixé par des contrats datant de trois siècles, sous
prétexte que cette redevance n’était plus en rapport avec les frais d’entretien du Canal de Craponne. La Cour de
cassation a cassé l’arrêt de la Cour d’Aix qui avait élevé à 30 centimes de 1843 à 1874, puis à 60 centimes à
partir de 1874, la redevance fixée à trois sols par les conventions de 1560 et de 1567. Pour elle, « dans aucun cas,
il n’appartient aux tribunaux, quelque équitable que puisse leur paraître leur décision, de prendre en
considération le temps et les circonstances pour modifier les conventions des parties et substituer des charges
nouvelles à celles qui ont été librement acceptées par les contractants ».

57
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Dans l’espace OHADA, il n’existe aucune disposition spécifique relative à la révision


des contrats en cas de survenance d’un fait imprévisible et insurmontable. Devant un tel cas
de figure, la situation pourra être réglée soit par le Code civil dans les États parties qui en
disposent. La révision est l’acte par lequel les parties d’un contrat arrêtent les conditions
rendant possible l’exécution d’une obligation.

A titre liminaire, il convient d’indiquer que le mécanisme de l’imprévision existe en France


uniquement pour les contrats conclus ou renouvelés postérieurement au 1er Octobre à 2016 et
que celui-ci, en l’état, n’est pas d’ordre public, de sorte que les parties peuvent y déroger.
L’article 1195 du Code civil permet d'imposer à la partie récalcitrante, si les parties n’y ont
pas renoncé, l'adaptation du contrat en cas de changement imprévisible de circonstances.

C’est précisément pour contrer l’absolutisme de cette jurisprudence que les rédacteurs de
l’ordonnance du 10 février 2016 ont rédigé l’article 1195 du Code civil ainsi : « Si un
changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion du contrat rend l'exécution
excessivement onéreuse pour une partie qui n'avait pas accepté d'en assumer le risque, celle-ci
peut demander une renégociation du contrat à son cocontractant. Elle continue à exécuter ses
obligations durant la renégociation. En cas de refus ou d'échec de la renégociation, les parties
peuvent convenir de la résolution du contrat, à la date et aux conditions qu'elles déterminent,
ou demander d'un commun accord au juge de procéder à son adaptation. A défaut d'accord
dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande d'une partie, réviser le contrat ou y
mettre fin, à la date et aux conditions qu'il fixe.»160

Le mécanisme de l'imprévision c’est donc celui de la négociation. Il s’agit d’une obligation


de renégocier de bonne foi tout en respectant les termes contractuels (loyauté
contractuelle).D’après l’article 1195 du Code Civil français applicable aux contrats conclus
après le 1er octobre 2016, le demandeur doit démontrer que les difficultés invoquées ne
pouvaient être anticipées : le changement de circonstances doit être imprévisible ; il doit
démontrer que le changement rend excessivement onéreux l'exécution de la prestation, il ne
doit pas avoir choisi d'assumer le risque, l'imprévision peut être exclue ou régie par des
dispositions contractuelles. Rien ne doit empêcher de prévoir dans le contrat le niveau de
déclenchement de la théorie de l'imprévision.

A. JACQUIN, « la covid 19 a l’épreuve du droit »,Argus de l’Enseigne, novembre 2020, p. 4.


160

58
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

De plus en plus donc, le juge se voit parfois investi par le législateur du pouvoir de corriger
les déséquilibres contractuels les plus flagrants. Très souvent, ce pouvoir de correction e
ramène à une réduction des obligations contractuelles161. Comme le relève si justement
Monsieur le Professeur Dénis Mazeaud, cette réduction des obligations contractuelles paraît
constituer une réponse à un remède à la double crise à laquelle le contrat et le principe
d’intangibilité qui l’innerve peuvent être confrontés162.

B- Application au bail commercial dans le contexte de Covid 19.


Durant la période du confinement, certains preneurs à bail commercial étaient interdits
d’ouvrir leurs commerces. Ils ne pouvaient donc pas respecter leurs obligations d’exploiter
leurs fonds de commerce. Consciente de cet état des lieux, la doctrine163 s’est prononcée en
faveur du preneur à bail commercial en se basant sur le principe des effets synallagmatiques
du contrat et de la théorie des risques qui résultent de l’adage « res perit debitori »164, qui
oblige le bailleur à supporter les conséquences de l’impossibilité d’exécution de son
obligation de délivrance de la chose louée et d’en assurer la jouissance paisible.

161
D. MAZEAUD : « La réduction des obligations contractuelle », contribution au colloque de l’Université de
Chambéry de 1997 sur le thème « Que reste-t-il de l’intangibilité du contrat ?», revue Droit et Patrimoine, 1998,
p. 58 et s.
162
E. BOKALLI, Séminaire de droit des obligations, thème : le juge et le contrat, Université de Ngaoundéré,
Année Académique 2019– 2020. Il s’agit : -crise interne, en premier lieu : au lieu d’être le fruit d’une
communauté d’intérêts animée par un altruisme minimum, le contrat est encore trop souvent le produit de
l’inégalité des contractants lors de sa négociation et la source d’une injustice contractuelle. Bien souvent, le
contrat est miné de l’intérieur par des conflits de pouvoirs qui perturbent son exécution et son équilibre est
compromis par des abus et des excès qui menacent, à plus ou moins long terme, sa vitalité et sa pérennité. Dans
ce cas de figure, la réduction des obligations contractuelles apparaît comme un moyen de restaurer l’équilibre
contractuel qui constitue une des exigences de notre droit contemporain des contrats, devant laquelle la
« liberté » contractuelle doit s’incliner ; -crise externe, en second lieu : le contrat n’est pas une entité isolée du
monde extérieur, insensible à ses évolutions, ses mutations et ses dérèglements. Aussi le droit des contrats ne
peut-il faire abstraction de la crise économique qui peut frapper de plein fouet le débiteur, lequel se trouve alors
placé dans l’impossibilité de faire face à ses engagements, voire en situation de grande précarité. Dans cet autre
cas de figure, il s’agit moins de sauvegarder le contrat que de sauver le débiteur des graves menaces auxquelles
sa situation patrimoniale l’expose. La réduction ainsi consentie ou imposée aux créanciers apparaît comme un
acte de la solidarité avec le débiteur.
163
F. GLANSDORFF, op.cit, n° 19, p.358 ; Aussi, A. DE BOECK, «Genera non pereunt, of toch wel ?»,
R.G.D.C. 2009, p.437.
164
Adage latin relatif à l’application de la théorie des risques: le risque est supporté par le débiteur. Exemple: en
cas de livraison d’un bien, c’est celui qui le vend qui reste responsable en cas de destruction avant qu’il ne rentre
en la possession de l’acquéreur (sauf potentiellement en cas de force majeure).
59
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Il s’agit ici d’une solution qui paraît équitable aux yeux du locataire. Le loyer, étant la
contrepartie de la jouissance du local où il exploite son commerce, il ne peut être honoré en
tout ou en partie chaque fois que la jouissance du local devient impossible par un fait de
prince. D’ailleurs, il y’a longtemps que la Cour de cassation avait raisonné de la sorte, en
déclarant: «attendu que le bailleur doit procurer au preneur la jouissance paisible de la chose
louée, conformément à la destination prévue par les parties; que, partant, lorsque des
circonstances de force majeure rendent impossible ou contrarient cette destination,
l’obligation de payer les loyers cesse en tout ou en partie»165.

Il faut préciser ici que la position prise par la Cour de cassation pourrait paraître radicale,
puisqu’elle pousse les juges à prendre des décisions d’exonération totale du preneur à bail
s’ils estiment, selon leurs pouvoirs discrétionnaires, que celui-ci n’est pas en mesure d’exercer
totalement son activité commerciale, ni de faire l’usage et de bénéficier des lieux selon la
destination pour laquelle ils ont été loués. A notre modeste avis, ni la position du bailleur ni
celle du locataire ne paraît juste aux yeux du juriste avisé. Il y’a, donc, lieu de nuancer en
apportant une position médiane qui n’avantage aucune partie et qui prend en considération la
particularité de chaque cas selon les circonstances y afférentes166.

Ce qui est sûr maintenant, c’est que les parties à un contrat de bail devraient, dorénavant,
rechercher autant que faire se peut introduire des clauses qui prévoient des solutions qui
permettraient de régler à l’avance les difficultés d’exécution des obligations réciproques lors
des pandémies.

L’application de la théorie de l’imprévision, en l’absence de renonciation contractuelle,


à l’épidémie du COVID 19 sera nécessairement sujette à interprétation, celle-ci devant
s’apprécier au regard des conséquences économiques consécutives aux mesures prises par le
gouvernement. Cependant ce mécanisme, dans le cadre du covid-19 ne paraît pas approprié,
compte tenu du caractère temporaire de l’épidémie, sauf à ce que celle-ci puisse avoir une
durée bien supérieure au prévision actuelle, et qu’elle puisse aboutir, stricto sensu, à une
renégociation du bail et plus particulièrement du loyer.

165
C. Cass., arrêt du 9 janvier 1919, Pas., 1919, I, 52.
166
S. MOUTABIR, op.cit, p. 200.
60
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Chapitre 2 :
LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ÉLÉMENTS CORPORELS
CONTRIBUANT À L’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE.
Le caractère pandémique de ce virus et sa forte capacité de propagation impliquent des
conséquences sur l’ensemble des secteurs d’activités. Il apparait que les mesures décidées par
les États pour limiter la propagation du Covid-19 ont contribué à réduire l’activité :
l’instauration d’un couvre-feu qui contribue à la réduction des heures travaillées en raison des
aménagements induits pour les entreprises ; La fermeture des boîtes de nuit, des restaurants,
des cinémas et des lieux de spectacle change les habitudes de consommation des populations
et la fermeture des frontières terrestres limite les échanges transfrontaliers et les activités de
transports associées.

L'assouplissement des restrictions a été suivi de signes encourageants de retour à la


normale, mais la pandémie a révélé l'incroyable complexité et l'interdépendance des chaînes
d'approvisionnement mondiales, qui forment un vaste réseau de détaillants, de distributeurs,
de producteurs, d'entrepôts et de systèmes de transport. Une perturbation peut avoir des
répercussions d'un bout à l'autre de la planète. Il est question ici d’étudier l’impact du covid-
19 sur les éléments stables (Section 1) d’une part et les incidences sur les éléments instables
(Section 2) du fonds de commerce.

Section 1 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ELEMENTS


CORPORELS STABLES DU FONDS DE COMMERCE.
Parmi les éléments corporels figurent, en premier lieu, le matériel et l’outillage. Il s’agit
deséléments durablement affectés à l’exploitation du fonds et appartenant au commerçant.
Sont ainsi concernés divers biens (bureaux, outils, machines...) qui servent au commerçant
pour l’exercice de son commerce. Encore faut-il, pour qu’ils intègrent le fonds, que ces
éléments appartiennent au commerçant ; les biens qui ne sont pas sa propriété ne peuvent
intégrer le fonds167.

Dans l’Industrie, les secteurs d’activités les plus impactés par la crise du COVID-19 sont
respectivement l’agro-industrie (77%), le BTP et la construction immobilière (72%), les
mines (62%), l’industrie manufacturière (61%), l’industrie du pétrole (60%). Ce secteur subit
les effets de la rupture des circuits/ perturbation d’approvisionnement en matières premières,
de la diminution des volumes importés des matières premières du fait du confinement des
167
D. BERT, F. PLANCKEEL, L’essentiel du Droit commercial et des affaires,1re éd. 2017 2018, p.67.
61
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

populations des principaux pays fournisseurs, de la mise en hibernation de certains marchés


publics du fait de la situation de crise, des mesures de restrictions sur les regroupements de
personnels et des investissements dans les équipements de protection. L’industrie du pétrole et
celle minière subissent les effets de la baisse des cours de ces matières premières sur le
marché international168.

Avant de voir les incidences dans le secteur de la transformation (Paragraphe 2) il est


essentiel d’évaluer d’abord l’impact dans le secteur de la production (Paragraphe 1).

Paragraphe 1 : IMPACT DE LA COVID-19 SUR LA PRODUCTION


Certains exploitants se sont confrontés à la fermeture de leurs entreprises en raison des
restrictions et des éclosions liées à la COVID-19. De nombreux fabricants sont extrêmement
spécialisés et ne produisent que quelques pièces. S'ils sont hors service, les composants
manquants peuvent retarder l'ensemble du processus de production. La réalité nous a
démontré qu’un virus peut paralyser les activités, alors il faut prévoir un moyen pour éviter
que pareille paralysie survienne encore, car le risque d’un nouveau virus peut poindre à tout
moment. Tout ceci impacte la productivité, les marges de manœuvre des entreprises et des
gouvernements et le potentiel de l’économie. Fort de ce constat, nous avons pendant la covid-
19 assisté à une chute de la production(A), mais l’exploitant dispose des solutions pour
s’adapter à la crise(B).

A- L’effritement de la production
La productivité est aussi pénalisée par les règles de distanciation sociale, peu adaptées
aux entrepôts, qui ne permettent pas d’accroître suffisamment le nombre d’employés qui y
travaillent pour répondre efficacement à la demande169. 40% des entreprises ont déclaré que
leur production est directement affectée par les effets de la pandémie du COVID-19170. Cette
proportion masque de fortes hétérogénéités observées au niveau sectorielle et suivant la taille
de l’entreprise171. 69% des entreprises industrielles affirment que leur production est
directement affectée contre 26% seulement des entreprises de services172. Les grandes

168
CCR-UEMOA, op.cit., p. 9.
169
«COVID-19 : un nouveau palier atteint en France par le e-commerce», 22 avril 2020. Site internet:
https://www.nielseniq.com/global/fr/insights/geography/western-europe/, consulté le 26 juin 2021 à 10h 38mn.
170
GICAM, « covid-19 : impact sur les entreprises au Cameroun», rapport enquête covid-19, édition du 22 Avril
2020, disponible sur le site internet : https://www.legicam.cm/index.php/p/covid-19, consulté le 15 janvier 2021
à 15h 23 min.
171
Ibid.
172
Ibid.
62
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

entreprises déclarent à 50% que leur production est directement affectée contre 36% chez les
PME173.

Les commerçants ont vu leur matériel et outillage d’exploitation être mise en


quarantaine. En effet, la plupart d’entre eux ont été confrontés aux fermetures administratives
et pour l’essentiel de la main d’œuvre, sont fortement exposées à la baisse de l’activité. La
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estime une
diminution de 4 % de la production mondiale, une baisse de 40 % des investissements directs
étrangers, une baisse de 9 % du commerce international, tandis que le Bureau international du
Travail estime que nous avons déjà perdu l’équivalent de 500 millions d’emplois174.

Les consommateurs paniquent, ce qui les pousse à acheter et accumuler des produits
essentiels. En raison de ce comportement, les fabricants de nombreux endroits connaissent
une baisse de production, des ruptures de stock pour certains articles, les produits de
nettoyage à base d’alcool et le papier hygiénique étant des excellents exemples. Des
problèmes de transport s’ajoutent à l’équation, ce qui fait que les détaillants ont du mal à
regarnir leurs tablettes175.

La chute de la production des commerçants est aussi la conséquence de la mise en


confinement des employés du secteur. En effet, les industriels ont en majorité maintenu les
emplois malgré les conditions difficiles qu’elles traversent. En effet, le niveau de l’emploi est
ressorti stable pour respectivement 67%, 89%, 91%, 92% à 93% des entreprises du BTP, de
l’agro-industrie, des industries manufacturières et des industries du pétrole. Les pertes
d’emplois ont été plus observées dans le secteur du BTP en raison des mesures de
distanciation sociale à observer sur les chantiers176. La rareté de la main-d’œuvre est un
facteur déterminant pour la productivité. En fait les enjeux de main-d’œuvre, déjà multiples
avant la crise, demeurent une problématique entière qui s’est aggravée avec la pandémie.
L’Institut du Québec chiffrait à près de 150 000 le nombre de postes vacants au 4e trimestre
de 2020, un niveau plus élevé qu’avant la pandémie177.

Ainsi, 53% des commerçants indiquent que leurs unités de production ne pourront pas
tenir au-delà de trois mois. Les grandes entreprises sont les plus résilientes. Dans le contexte
173
Ibid.
174
« La pandémie de la COVID-19 : une opportunité pour développer des sociétés plus durables, justes, et
résilientes », op.cit., p. 6.
175
« COVID-19 : un rappel brutal de relever les défis de la chaîne d’approvisionnement», mars 2020, disponible
sur le site internet : https://www.marsh.com/ca/fr/home.html, consulté le 19 octobre 2020 à 11h 43mn.
176
CCR-UEMOA, op.cit., p.11.
177
« Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable », op.cit, p. 7.
63
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

actuel marqué par la pandémie du COVID-19, 50% des grandes entreprises estiment qu’elles
peuvent tenir au-delà de 3 mois. En revanche, les PME sont les moins résilientes étant donné
que seulement 15,5% d’elles estiment être capables de tenir au-delà de 3 mois178.

Dans ce contexte extrêmement difficile ou la majorité des producteurs vivent une période
de latence aigue. Pour éviter que cette période perdure, il faut se réinventer.

B- Solutions envisageables pour s’adapter à la crise


D’entrée de jeu il faut préciser que le Cameroun avec l’appui des partenaires au
développement a déjà mobilisé plus de 400 milliards de FCFA (727 millions de dollars) pour
atténuer l’impact du coronavirus et relancer la production179.

Les nouvelles technologies numériques permettent notamment de rentabiliser la mise en


marché de nouveaux produits, profiter des gains de productivité de l’intelligence artificielle et
s’inscrire dans l’Économie de la donnée180.Les outils numériques s’avèrent donc de précieux
alliés pour résoudre ces problématiques liées à la complexité de la chaîne de production.
L’intelligence artificielle et l’analyse des données, par exemple, peuvent fournir des
informations précieuses sur les opérations en cours et faciliter la prise de décision. C’est aussi
un élément de solution dans la réponse aux enjeux de rareté de la main-d’œuvre. Bien que
cela puisse considérablement varier d’un fonds de commerce à l’autre, le coût des
investissements dans la numérisation pourrait être plus conséquent au niveau des ressources
humaines (formation du personnel, adaptation organisationnelle, expertise en sécurité, etc.)
qu’au niveau des équipements en tant que tels181.

Il est important de passer à la fabrication « juste-à-temps » : Les entreprises de nombreux


secteurs appliquent cette stratégie de gestion. Les usines reçoivent les pièces et des produits,
juste avant qu'elles ne soient nécessaires. Cette façon de procéder réduit les tracas liés au
stockage de grandes quantités de biens, mais peut se traduire par des pénuries si la demande
monte en flèche.

Face à la baisse de l’activité, les réactions des entreprises sont de divers


ordres. Sur le plan organisationnel, les différentes mesures envisagées sont: la communication
sur les mesures barrière ; l’adaptation du lieu de travail aux mesures barrières ;
l’aménagement des horaires de travail ; la mise en œuvre du télétravail ; la rotation des

178
GICAM, op.cit.
179
A. MBOG, op.cit.
180
« Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable », op.cit, p. 19.
181
Ibid.
64
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

équipes ; la réduction des effectifs ; la mise en congés anticipés ; la mise en chômage


technique ; le gel des investissements et des embauches ; l’arrêt de l’activité182. Dans un
contexte ou il y a perturbation de la continuité des activité, il est extrêmement nécessaire
d’intensifier la fabrication de produits et de matériel de première nécessité (masques non
sanitaires, gels et solutions hydro-alcooliques…), des distributeurs et des sous-traitants de les
commercialiser auprès des professionnels de santé, maisons de retraite… et des entreprises
ayant besoin de protéger leur personnel dans la lutte contre le COVID 19183.

La difficulté des entreprises à embaucher des travailleurs et trouver les différentes ressources
nécessaires à leur modèle d’affaires risque d’être un frein à l’activité. Il est donc nécessaire
d’automatiser de la production impliquant moins de travailleurs et accroitre la production des
produits de première nécessité pendant cette période pandémique.

Paragraphe 2 : IMPACTS SUR LA TRANSFORMATION


Ici on vise les actes relevant de l’industrie. Il s’agit de la transformation de matières premières
ou de produits ayant déjà subis une première fabrication, ce qui suppose pas essence la mise
en œuvre de moyens techniques, mécaniques, humains importants. Ex : industries
métallurgiques, industries chimiques, industrie textiles… La crise du covid-19 a des
conséquences économiques pour les commerçants, notamment en ce qui concerne certaines
chaînes de transformation industrielles. La diversité et la complexité des relations
commerciales ne permettent pas de réaliser une analyse exhaustive de l’impact. Les réponses
ci-après sont les situations les plus régulièrement rencontrées dans l’exploitation du fonds de
commerce dans cette période. Face à une pénurie de matières premières (A), il est important
de réorienter la production (B).

A- Pénurie de matières premières


La Covid-19 a obligé les industriels et les entreprises de logistique à recourir au télétravail
pour les fonctions tertiaires. Elle a souligné l’importance de rendre les informations clés sur
une éventuelle continuité de l’activité, à l’accessibles aux équipes à tout moment, partout et
depuis n’importe quel appareil. Les entreprises qui sont restées opérationnelles disposaient en
effet d’une série de dispositifs pour gérer la crise : une connectivité robuste et sécurisée, des
outils collaboratifs, ou encore une cartographie de leur réseau de fournisseurs et de clients

182
« COVID 19 - Guide de bonnes pratiques pour les agences », op.cit, p. 21.
Ibid.
183

65
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

dans le cadre de leur stratégie de gestion des risques. Celles qui ne l’ont pas fait ont éprouvé
des difficultés184.

Le chiffre d’affaires est en baisse de l’ordre de 25% dans tous les segments du secteur
industriel notamment dans l’agro-industrie, les mines et l’industrie du pétrole. Cela
s’expliquerait par les baisses de production liées aux mesures de distanciation sociales
adoptées dans les unités industrielles, notamment les rotations d’effectifs, la limitation des
effectifs dans les usines et chantiers et le couvre-feu. En ce qui concerne les mines et le
pétrole, la baisse des cours des matières n’est pas de nature à favoriser le niveau du chiffre
d’affaires. Ledit chiffre d’affaires connait une forte baisse de l’ordre de 25% à 50% dans les
BTP en raison de l’arrêt des chantiers et des conditions difficiles de financement des
travaux185.

La crise a mis en lumière la complexité des liens entre les économies et des chaînes de
valeur mondiales. Entre les avantages du commerce international et les risques d’une trop
grande interdépendance, il va falloir reconfigurer nos relations commerciales en plaçant le
cursus de manière stratégique entre la diversification des fournisseurs de matières premières
et des clients, la compétitivité de la production nationale et le stockage186. Les commerçants
devront également investir activement dans la transformation des matières premières
(caoutchouc, cacao, coton, etc.) de sorte à créer des industries locales fortes et prospères qui
s’intègrent parfaitement aux chaînes de valeurs mondiales187. Il est donc important de
réorienter la production en cette période de crise sanitaire.

B- Réorienter la production
Les commerçants doivent constamment s’adapter à leur environnement d’affaires et, malgré
l’incertitude ambiante, investir dans leur agilité, leur compétitivité et leur croissance. C’est
encore plus vrai dans le contexte de la pandémie. Les gains de productivité peuvent aussi
passer par le développement du capital humain, la capacité à innover, la montée en gamme de
produits, par une intégration généralisée des technologies ou encore par la restructuration des
coûts. La relance requiert par ailleurs de conforter la confiance des entreprises. Alors que la
situation financière des entreprises est, dans un grand nombre de cas, fragilisée par la crise de
nature inédite, il faut voir à la mise en place d’outils de financement innovants et de mesures

184
Orange Business Services, op.cit.
185
CCR-UEMOA, op.cit., p.10.
186
« Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable », op.cit, p. 6.
187
Ibid.
66
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

favorables à l’amélioration de l’environnement d’affaires et la capacité des grandes


entreprises tout comme des PME de participer à la relance.

L’outil numérique s’est révélé comme un instrument de résilience économique et sociale


important depuis le début de la crise. Investir davantage pour l’automatisation et la
robotisation est devenue plus que jamais une nécessité pour les entreprises et les
organisations188.

Le coronavirus force évidemment le monde économique à s'adapter et à faire preuve


d'inventivité. Plusieurs entreprises en ont utilisé leurs moyens de production pour fabriquer
autre chose, des produits utiles en cette période de crise sanitaire. Plusieurs entreprises ont
utilisé leurs moyens de production pour se rendre utile à la lutte contre le coronavirus. Une
manière aussi pour certains de conserver voire de développer leur activité.

Il devient crucial de comprendre les facteurs qui motivent les producteurs à desservir tel
ou tel marché, et les consommateurs à se rendre à tel ou tel point de vente. Ces facteurs sont
centraux pour comprendre les forces d'attraction (centripètes) ou de dispersion (centrifuges)
qu'exerce la clientèle sur la production. Les artisans, petits commerçants et producteurs locaux
se démènent aussi comme de beaux diables, depuis que le confinement limite leurs
possibilités de vendre leurs productions comme avant.

L’accent doit être mis sur la production locale et l’assurance de la stabilisation des
approvisionnements en matières premières pour une utilisation continue du matériel et de
l’outillage.

Section 2 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ELEMENTS


CORPORELS INSTABLES DU FONDS DE COMMERCE.
Figurent encore, parmi les éléments corporels du fonds, les marchandises. Il s’agit des objets
destinés à être vendus à la clientèle ou des matières destinées à être transformées dans le cadre
de l’exploitation commerciale189.

Les marchandises concernent la matière première destinée à la transformation


(entreprise industrielle) d’une part, et d’autre part les produits et les marchandises destinés à
la vente. Les marchandises contrairement au matériel et à l’outillage, ce sont des biens
meubles corporels destinés à être vendus en l’état où, après transformation, ils seront vendus à

188
Ibid., p. 19.
189
D. BERT, F. PLANCKEEL, op.cit.,p.68.
67
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

de la clientèle. Dans cette catégorie, on trouve le concept de stock, qui peut être constitué de
différentes choses telles que de matières premières, d’objets finis, ou d’objets semis finis.
Quoi qu’il en soit, cette marchandise n’est pas un élément stable mais variable, précaire,
fugitif. Ce sont des actifs corporels circulants que l’on nomme stock de marchandises destinés
à être vendus. Elles alimentent l’exploitation commerciale car lorsqu’elles sont vendues, les
matières premières sont converties en créance sur les clients. Ces créances deviennent
liquides, disponibles avant d’être de nouveau converties en stock. Ainsi, plus de rotation de
marchandises dans un même délai, plus il y aura de marge bénéficiaire et accroissement du
chiffre d’affaire.

En plus des répercussions de la crise du COVID-19 sur leurs propres activités, les
commerçants ont été aussi confrontés à d'importantes perturbations dans leurs chaînes
d’approvisionnement190(Paragraphe 1) et la limitation de leurs chaines de distribution
(Paragraphe 2).

Paragraphe 1: LA FRAGILISATION DES CHAINES


D’APPROVISIONNEMENT PAR LA COVID-19
C’est une crise de l’économie réelle de nature exogène qui affecte l’offre et la demande de
biens et de services, ce qui n’exclut pas bien sûr qu’elle puisse dégénérer ensuite en crise
bancaire ou financière191.

La chaîne d’approvisionnement est clé de la réussite des entreprises. Il est donc important de
rendre plus de flexible la gestion des achats et de toutes les étapes de la chaîne
d’approvisionnement afin d’éviter des interruptions aussi importantes192.Une étude montre
que 44% des entreprises ont déclaré que leurs achats et approvisionnements sont directement
affectés par la pandémie du COVID-19193. Les entreprises industrielles et les grandes
entreprises semblent être plus concernées que les entreprises de services et les PME194. En
effet, 62% des grandes entreprises affirment que leurs achats et approvisionnement sont
affectés contre 38% chez les PME195. De même 56% des entreprises industrielles indiquent

190
Source map (2020), « How the coronavirus is affecting consumer supply chains », Sourcemap, disponible sur
https://www.sourcemap.com/blog/2020/3/29/how-the-coronavirus-is-affecting-consumer-goods-supply-chains-
tldr-for-once-its-on-the-demand-side-not-the-supply, consulté le 17 avril 2021 à 20h 53 mn.
191
P. DEUBEL, « Coronavirus et chocs d’offre et de demande », IA-IPR de SES Académie de Lille. Disponible
sur https://www.melchoir.fr/synthese/. Voir le décryptage de Marc-Olivier Strauss-Kahn : « Peut-on comparer la
crise du Covid-19 et celle de 2008 ? ».
192
Orange Business Services, op.cit.
193
Ibid.
194
Ibid.
195
Ibid.
68
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

que leurs achats et approvisionnements sont affectés contre 38% chez les entreprises de
services196.Bien que la santé des gens soit la principale préoccupation pendant la pandémie de
COVID-19, les interruptions de la chaîne d’approvisionnement se trouvent près du sommet de
la liste des risques commerciaux. À mesure que les gouvernements et les organisations
adopteront des mesures de confinement et d’atténuation, les répercussions sur les entreprises
augmenteront197.

La pandémie liée au coronavirus a révélé les limites des chaines d’approvisionnement.


Le principe pendant cette période difficile est la poursuite des activités dans le respect des
mesures barrières. Les commerçants ont donc été confrontés à une désorganisation de l’offre
par la crise (A) et à une perturbation de la demande (B).

A- La désorganisation de l’offre par la crise


Lorsque l’offre de biens et de services augmente, par exemple à la suite d’un accroissement
important des capacités de production des entreprises, on parle de choc d’offre positif, et
inversement de choc d’offre négatif quand les entreprises réduisent leur production ou
disparaissent (faillites…)198.La crise du Covid-19 produit un choc d’offre négatif, qui a des
aspects nationaux et internationaux. Sur le plan national, le confinement a conduire à la
réduction des heures d’ouverture et à la fermeture d’un certain nombre d’activités jugées non
essentielles. Sur le plan international, les approvisionnements de bon nombre d’entreprises ont
été ralentis par l’arrêt de l’économie chinoise du fait de l’organisation mondiale des chaînes
de valeur, à un degré variable toutefois selon les secteurs concernés (impact très fort sur
l’automobile par exemple)199.

Les contraintes d’offre sont évidemment liées aux perturbations causées par la mortalité
ainsi que parles confinements et les restrictions de mouvements de personnes et de biens, qui
accroîtraient les coûts de transactions et les conditions financières et perturberaient plus
directement le commerce, le tourisme, le transport et les transferts des migrants200. Ces
craintes d’offre (peur, confinement, limitation de la mobilité, augmentation des prix) ont
conduit à la chute de celle-ci. Cette chute est cause de l’inflation observée des prix de certains

196
GICAM Rapport, op.cit.
197
« COVID-19 : un rappel brutal de relever les défis de la chaîne d’approvisionnement», mars 2020, disponible
sur le site internet : https://www.marsh.com/ca/fr/home.html. Consulté le 29 mai 2021 à 18h 34mn.
198
P. DEUBEL, « Coronavirus et chocs d’offre et de demande »,IA-IPR de SES Académie de Lille. Disponible
sur https://www.melchoir.fr/synthese/. Consulté le 03 juillet 2021 à 04h 11mn.
199
Ibid.
200
CEMAC-PREF, « Incidences économiques et financières du covid-19 sur les économies de la CEMAC et
esquisses de solutions », 2erapport de la CEMAC sur les incidences de la covid-19 en Afrique Centrale, 25 mars
2020, p. 5.
69
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

produits comme ceux de première nécessité. On a assisté à une difficile procuration de


certains produits de consommation à divers moments de la pandémie.

Sous l’angle d’offre, la crise Covid-19 constitue ainsi un facteur contraignant à l’offre puisque
la production nationale a été quasiment perturbée pour certains secteurs productifs suite au
confinement, à la pénurie de certaines matières premières importées, à la réduction des trafics
commerciaux entre les pays au niveau exportations et importations201. Elle constitue donc un
choc d’offre négatif qui a réduit la production nationale et a généré par conséquent une
augmentation des prix de certains biens (inflation)202.

Selon les témoignages, les grands importateurs ont décidé arbitrairement d’augmenter les
prix et de créer des pénuries fictives, malgré les prescriptions gouvernementales. Les produits
principalement concernés, sont les denrées de première nécessité, notamment le riz, sucre,
farine, lait, constate la délégation régionale du Ministère du commerce au Cameroun. Dans la
pratique, confient ces témoins, les grossistes fixent les prix à la tête du client. Les prix
homologués sont affichés pour dissuader les contrôleurs. « C’est une fois à la caisse, qu’on est
informé du vrai prix, et on est obligé de payer parce que c’est la même pratique chez la
plupart des grossistes. Si nous achetons cher, nous sommes obligés de revendre cher »,
déplore un autre commerçant. Dans cette confusion, même les produits vivriers subissent la
surenchère. Cependant, dans le lot, quelques rares semi-grossistes par peur de répression ont
conservé les prix homologués203.

On a ainsi assisté à une offre limité pour les produits de base. Simultanément, les prix des
besoins de base augmentent sur les marchés avec l'arrêt des échanges transfrontaliers. Les
vagues successives de stockage d'urgence par les ménages urbains en quarantaine ont limité
ce qui est disponible sur les marchés. Il a été révélé que près de 75 % des entreprises ont
connu des interruptions dans leur chaîne d’approvisionnement, en partie en raison des
restrictions de transport liées à la pandémie en cours. Aussi, plus de 80 % des répondants
croient que leur entreprise sera touchée par les perturbations dues à la COVID-19204.

201
M. SOLTANI « La pandémie covid-19 : une récession de l’offre et de la demande », Revue Économie,
Gestion et Société Vol 1, N°29 février 2021, disponible sur http://revues.imist.ma/?journal=REGS, consulté le 19
novembre 2021 à 19h 16mn.
202
Ibid.
203
« COVID-19 : Une dizaine de structures de distribution scellée à Douala», 1erAvril 2020, Site internet:
http://datacameroon.com/, consulté le 12 decembre 2021 à 06h 02mn.
204
« COVID-19 : un rappel brutal de relever les défis de la chaîne d’approvisionnement», op.cit.
70
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

B- La perturbation de la demande par la crise


Lorsque la demande de biens et services augmente sous l’effet d’une progression du pouvoir
d’achat des ménages (hausse des salaires, réduction d’impôts, baisse des prix…), on parle de
choc de demande positif, et lorsque la demande de biens et services diminue sous l’effet des
facteurs inverses, on parle de choc de demande négatif205.Cette crise produit aussi un choc de
demande négatif qui a un aspect national (réduction de la consommation de certains biens et
services) et un aspect international (les clients étrangers arrêtent d’acheter des produits
français ; les débouchés des entreprises nationales sont alors compromis)206.

Au niveau de la demande, la pandémie Covid -19 a ralenti la demande des biens et services
chez les ménages, les entreprises et l’extérieur. En effet tous les agents économiques, suite au
confinement, ont limité leurs demandes de biens et de services, ont réduit leurs
investissements et leurs exportations. Cette baisse de la demande se conjugue à la baisse de la
production, augmente le chômage et réduit le niveau général des prix pour certains biens207.

Aujourd'hui, alors que l'activité reprend dans les villes et que l'économie redémarre, la
demande des consommateurs augmente et les fournisseurs peinent toujours à y répondre.
Après avoir été prises au dépourvu, certaines entreprises stockent plusieurs types de
matériaux, ce qui pourrait aggraver les perturbations des chaînes d'approvisionnement. La
demande mondiale pour les exportations africaines peut également diminuer dans certains cas
avec une contraction de la demande mondiale. Bien que les données semblent incohérentes
selon les sources, plusieurs observateurs des prix mondiaux indiquent que le prix mondial du
cacao en fin avril 2020 a baissé de 25 % au cours du mois dernier. Cela reflète apparemment
l’opinion selon laquelle la demande internationale de cacao pourrait diminuer à mesure que le
pouvoir d’achat des pays en développement se contracte. Une réduction du prix des cultures
d’exportation africaines réduirait les recettes d’exportation et l’assiette fiscale des
gouvernements, à un moment où une relance budgétaire pourrait être plus que nécessaire208.

Les contraintes de la demande sont multiples : les produits demandés non fournis ; la montée
en puissance de l’incertitude ; la poussée de la méfiance, les efforts de confinement ;
l’augmentation des charges ; le renchérissement des conditions financières ; la baisse des

205
P. DEUBEL, op.cit.
206
Ibid.
207
M. SOLTANI, op.cit.
208
« Renforcer la résilience dans les systèmes alimentaires et les chaînes de valeur agricoles : réponses de
politiques agricoles à la pandémie de COVID-19 en Afrique», Séminaire de réflexion en ligne, Organisé par
l’Institut africain de développement, Groupe de la Banque africaine de développement, Sous les auspices de la
Communauté mondiale de pratiques (G-CoP) sur les stratégies de réponse à la COVID-19 en Afrique.
71
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

revenus et du pouvoir d’achat. Tout ceci a de toute évidence des conséquences sur l’activité
d’exploitation du fonds de commerce. Il peut s’agit de la diminution de la circulation des
marchandises ; de la hausse des couts de transport ; de la baisse des transactions
commerciales ; du changement de comportement du consommateur dans les quantités
achetées (moins d’achats et beaucoup moins pour les articles ménagers, vêtements et produits
non périssables, grande quantité d’achats pour les produits alimentaire et hygiénique). Ces
contraintes de demande, qui résulteraient de la montée de l’incertitude209, de la poussée des
comportements de précaution, des efforts de confinement et du renchérissement des
conditions financières qui dans l’ensemble feraient baisser les revenus et le pouvoir d’achat
des ménages210 comme vu plus haut.

Paragraphe 2 : LA LIMITATION DES CHAINES DE DISTRIBUTION PAR LA


CRISE
A l'heure de la Covid-19 et des guerres commerciales globales, les chaînes
d'approvisionnement sont soumises à rude épreuve. La digitalisation et l'adoption de
plateformes centralisées devient une nécessité pour les marques et fournisseurs, afin d'obtenir
la visibilité et renforcer la collaboration permettant de réagir et d'adapter les stratégies d'achat
et qualité211. Dans le monde interconnecté d'aujourd'hui, caractérisé par la volatilité de la
demande des consommateurs, le terme « chaîne d'approvisionnement » est devenu quelque
peu inadapté. Une chaîne suggère la rigidité, la linéarité et des liens définis, alors que le
paysage manufacturier en évolution d'aujourd'hui exige des marques et des fournisseurs qu'ils
créent des réseaux d'approvisionnement entièrement circulaires et imbriqués, fondés sur
l'adaptabilité et la flexibilité.Pour affirmer leur agilité, de nombreuses marques digitalisent
leurs réseaux de chaînes d'approvisionnement afin d'avoir une vue d'ensemble à 360 degrés de
la situation des fournisseurs en termes de qualité et de respect des normes sociales et
environnementales212.

La covid-19 a révélé les limites de la logistique (A), c’est la raison pour laquelle il doit
falloir adapter les circuits de distribution (B).
209
Plusieurs sources d’incertitudes affectent actuellement l’orientation des politiques économiques dans le
monde : le temps qu’il faudrait pour que les mesures strictes de confinement réduisent la propagation des
infections à un niveau supportable par les systèmes de santé actuels, l’efficacité des mesures de confinement, le
risque de résurgence des infections avec la levée des mesures de confinement obligeant les États à rentrer dans
un nouveau cycle de mesures restrictives et les implications potentielles du durcissement des conditions
financières, etc.
210
CEMAC-PREF, op.cit., p.7.
211
R. LE MOIGNE, «SUPPLY CHAIN MANAGEMENT Achat, production, logistique, transport, vente», 2e
éd., p. 9.
212
Ibid.
72
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

A- Une manifestation des limites de la logistique


Le mot logistique a vu sa définition évoluer, depuis sa création en 1836. Jusqu’au début des
années 1900, il était surtout utilisé dans le domaine militaire. L’American Marketing
Association proposa en 1935, dans Marketing Vocabulary, l’une des premières définitions de
la logistique : « La logistique regroupe les différentes activités réalisées par une entreprise, y
compris les activités de service, durant le transfert d’un produit du site de production jusqu’au
site de consommation »213.

La logistique devient le nerf de la guerre pendant la crise pandémique. Elle aura été l'autre
goulet d'étranglement important. Avec des services postaux notoirement à la traine, la
présence d'un drive efficace a fortement bénéficié aux enseignes à réseau qui ont su proposer
ce service. Les distributeurs ayant des processus et outils logistiques bien rôdés auront marqué
des points pour répondre à l'afflux de commandes, dans un contexte où de nombreux salariés
manquaient à l'appel. Au-delà de la vente en ligne, c'est toute la relation client digitale qui
s'est avérée critique dans un moment où il a fallu improviser et informer les clients en temps
réel.

Les retards d'expédition ont été observés: Les goulots d'étranglement sur le plan du
transport, les embouteillages dans les ports, les pénuries de main-d'œuvre dues à la maladie et
au confinement, les retards dans le déchargement des marchandises et la forte demande de
conteneurs de transport ont causé des retards importants dans le monde entier. Les difficultés
rencontrées sont diverses. Le secteur du transport est ralenti, la limitation des transports, le
manque d’effectifs, la désorganisation, les surcouts, la fermeture de certains points de vente,
la pénurie pour certains produits, les retards et rupture de stocks, la réduction de la mobilité
des personnes, les difficultés de transport des marchandises, la restriction des importations,
l’indisponibilité des transporteurs et les contraintes d’acheminement des produits. Il faut alors
s’adapter pour éviter le pi.

B- Une adaptation des circuits de distribution


La distribution est en réalité l’activité commerciale par excellence. C’est sans doute la seule a
laquelle les non juristes pensent quand on parle d’actes juridiques par nature. Il s’agit
premièrement de tout achat de biens meubles pour les revendre soit en nature soit après les
avoir travaillé et mis en œuvre, deuxièmement c’esttout achat de biens immeubles aux fins de
les revendre à moins que l’acquéreur ait agit en vu d’édifier un ou plusieurs bâtiments et de

Ibid.
213

73
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

les vendre en bloc ou par locaux. La crise actuelle a durement impacté le secteur commerçant
sur un plan économique et mis celui de la distribution en première ligne face au virus.

L’une des particularités de la distribution des pays émergents réside dans l’aspect dual des
circuits moderne et traditionnel (Godman, 1981)214. Selon Amine (2012), d’un côté on note
l’existence d’un commerce de proximité formel qui constituait l’essentiel du tissu
commercial215. Ce format de distribution remplit une double fonction, celle de veiller à la
satisfaction du besoin de la clientèle en lui assurant la proximité puisque le commerçant se
trouve géographiquement proche de sa cible. La seconde fonction est celle du lien social où le
commerçant dépasse son rôle de distributeur et établit des liens personnels avec l’acheteur216.

Il faut distinguer le commerce alimentaire du commerce non-alimentaire, qui ont subi la crise
de façon totalement différente. Le commerce alimentaire avait une feuille de route
extrêmement claire : assurer la continuité de la chaîne d’approvisionnement tout en évitant au
maximum les pénuries et les fermetures de magasins. Le suivi a été organisé autour de
réunions quotidiennes avec les pouvoirs publics et les ministres concernés, avec trois
indicateurs clés : le taux de service des commandes, l’absentéisme dans les magasins et le
fonctionnement de la chaine logistique. Malgré les grandes difficultés rencontrées à certains
moments, nous pouvons être satisfaits puisque la chaîne a tenu. S’agissant des commerces
non-alimentaires, les choses étaient malheureusement différentes avec une interdiction
d’ouvrir pour la quasi-totalité des boutiques pendant près de deux mois dans certains pays.

Pour palier et surmonter les difficultés liées à la distribution, il est important d’élaborer un
plan d’urgence pour assurer la continuité de la distribution. L’idée est de prévoir une
meilleure flexibilité dans les livraisons et une diversification des chaines logistiques. Sur ce, il
faut par exemple, réduire de la taille de la livraison, diversifier les chaines logistiques, des
solutions alternatives en cas de défaillance d’un fournisseur, élaborer un plan d’urgence pour
assurer la continuité de la distribution, avoir les partenaires logistiques et anticiper les impacts
sur les chaines d’approvisionnement. Il faut contacter ses fournisseurs, prestataires et client
…, afin de savoir comment ils ont eux-mêmes prévu le maintien de leur activité. Repérer des
fournisseurs pouvant remplacer les fournisseurs habituels défaillants.

214
K. HAJRAOUI, H. CHALABI, «Impact du confinement du a la pandémie du sars-cov-2 sur le comportement
d’achat et la fréquentation des points de vente des produits alimentaires au Maroc. », Revue D’Études en
Management et Finance D’Organisation, N°12 Janvier 2021, disponible sur
http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about, consulté le 22 décembre 2021 à 22h 32mn.
215
Ibid.
216
Ibid.
74
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Finalement la survenue d’une telle crise a provoqué un changement dans un


environnement déjà complexe. En effet, dans la plupart des pays émergents tels que le Maroc,
le paysage de la distribution connaît une grande diversité se rapprochant de plus en plus des
modèles des pays développés. Devant autant de choix de formats de distribution jumelé à une
tendance vers le métropolisation des villes, le choix des points de vente pour les achats
devient plus difficile et le comportement spatial des acheteurs change en fonction de la
situation dans laquelle ils se trouvent. À cela s’est rajoutée une crise sanitaire jamais vécue,
dans des circonstances particulières et ayant suscité diverses émotions pouvant avoir un effet
sur le choix des consommateurs217.

Ibid.
217

75
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

CONCLUSION DEUXIEME PARTIE

Face à ces changements sans précédent et à ces répercussions inédites sur leurs activités elles-
mêmes ou sur leurs chaînes d'approvisionnement, les entreprises ont adopté un large éventail
de mesures, et nombre d’entre elles ont mis des ressources, des dispositifs logistiques, des
compétences et des approches innovantes au service de la lutte contre la pandémie218. Par
exemple, certaines ont pris des mesures exceptionnelles pour assurer la pérennité de la
fourniture de biens et de services essentiels, et dans certains cas, elles ont réorganisé leur outil
de production pour fabriquer du matériel de protection et des équipements de santé219.

Les commerçantsontétéconfrontésàdegravesperturbationsdel'offreetdelademandeenraisondu
COVID-19.
Ilestintéressantdenoteràquelpointleprixaétéunepréoccupationmajeurependantlapandémie.Quec
esoitducôtédel'offreouducôtédelademande, les entreprises ont souffert en raison des prix plus
élevés et déloyaux. Ceux-ci se sont mobilisé massivement pour faire front et tenter de limiter
la casse, mais au-delà des conditions extrêmement difficiles, la question de l’application des
contrats conclus ou des relations commerciales en cours devra être traitée avec une vigilance
accrue, dès lors par ailleurs que les mesures de confinement seront levées et qu’un état des
lieux contractuel pourra être engagé.

C’est ainsi que les circonstances actuelles tendent ainsi nécessairement vers une insécurité
juridique qui risque d’être source d’un contentieux abondant. Il est donc très largement
conseillé, outre la lecture attentive de chacun des baux et, plus généralement, des contrats
litigieux, de respecter scrupuleusement le mécanisme contractuel. Ainsi, si les outils précités
permettent aux débiteurs d’une obligation contractuelle de se soustraire, au moins
temporairement, à celle-ci, il n’en demeure pas moins que l’appréciation du juge, au cas par
cas, restera un élément clé de leur efficacité. Aucune application automatique n’étant de
rigueur à ce jour.

218
WBCSD (2020), « How business is responding to COVID-19 » World Business Council for Sustainable
Development, disponible sur:https://www.wbcsd.org/COVID-19, consulté le 13 mai 2021 à 8h 48mn.
219
Ibid.
76
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

CONCLUSION GÉNÉRALE
La pandémie constitue une crise sans précédent par son ampleur planétaire. Elle a mis en
lumière les failles et les forces, de toutes sortes, de nos systèmes : en santé, en économie, en
éducation, dans nos chaînes d’approvisionnement, que ce soit dans nos plus petites comme
dans nos plus grandes collectivités. Les effets ont été considérables. Et comme dans toute
tempête, où l’on se distingue par notre capacité à naviguer à travers les vagues pour orienter
notre direction, la crise actuelle nous commande de répondre de la même manière : savoir
profiter des défis, aussi grands soient-ils, pour mieux orienter nos prochaines décisions afin de
transformer cette crise en vecteur d’opportunités. Puisque la pandémie a transformé
l’exploitation du fonds de commerce ainsi qu’un bon nombre de secteurs d’activités, la
révision généralisée de nos façons de faire permet d’envisager l’avenir sur des bases
nouvelles.

De manière générale, les principales difficultés rencontrées par le secteur d’exploitation du


fonds de commerce suite à la crise du COVID-19 sont : les difficultés d’effectuer des voyages
d’affaires internationaux, la baisse du chiffre d’affaires liée à la baisse des commandes et des
ventes, les difficultés d’approvisionnements en matières premières et les produits de
commerce importés d’Asie (Chine), d’Europe ou d’Amérique avec l’allongement des délais
de livraison, l’arrêt des chantiers et des commandes publiques, la baisse de la trésorerie et les
difficultés d’accès aux financements220. Pour les organisations, ces difficultés
s’expliqueraient par le fait que les commandes clients et les importations et exportations ont
été marquées par une baisse considérable, les annulations de commandes et la baisse de la
consommation en général.

Pour une résilience optimale, l’exploitant du fonds de commerce doit : réinventer


l’expérience d’achat omnicanale sur tous les formats, améliorer la qualité de service en Drive,
Click & Collect (C&C) et Livraison à Domicile (LAD), renforcer le rôle social et sociétal de
la distribution, pérenniser les actions solidaires et communiquer, continuer de développer
l’offre de produits locaux et mieux les valoriser. Il faut alors saisir les opportunités du marché,
profiter des circonstances de la crise, assurer une fidélisation de la clientèle, offrir une
concurrence axée sur l’innovation. C’est pourquoi il est crucial pour les commerçants de
toute nature de prendre en compte désormais ces paramètres et de repenser leurs modèles pour
continuer à exercer leur profession. Il ne fait aucun doute que la numérisation et l’hyper

220
CCR-UEMOA, op.cit., p.21.
77
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

connectivité faciliteront la sortie de crise. Les commerçants dotées d’une grande agilité
numérique dans leur exploitation seront celles qui se développeront pour l’après en
capitalisant sur leur capacité de réaction face à l’imprévu.

Vecteur d’opportunités plus que de menaces pour l’exploitation du fonds de commerce,


l’épidémie de Covid-19 constitue bien un accélérateur de tendances. Les enjeux et défis pour
y arriver sont encore de taille, mais une multitude de solutions existent déjà pour faire face
aux effets néfastes de la pandémie sur l’exploitation du fonds de commerce.

78
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

BIBLIOGRAPHIE
I- OUVRAGES
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II- THESES ET MEMOIRES
A- THESES

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

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IV- INSTRUMENTS NORMATIFS
A) TEXTES JURIDIQUES
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de l’OHADA, n°23, du 15 février 2011.
- Code civil français.
- Code de commerce français.
- la convention de Vienne sur les contrats de vente internationale de marchandises.
B) JURISPRUDENCE
- CA, Paris, 28 janvier 2005.
- C. Cass, C. Civ, 5 octobre 2017 – n°16-19.614
- Cass. Com., 14 mars 2006, n° 03-14639 ; 03-14640 ; 03-14316.
- CA Paris 28/1/2005, RJDA 2006, n°893.
- Cass. ass. plén. 3 mai 1956 : JCP G 1956.II.9345.
- Cass. civ. 3, 03-12-2020, n° 19-20.613, F-D.
- Cass. civ. 3, 10-06-2009, n° 07-18.618.
- Cass. civ. 3, 10-06-2009, n° 08-14.422.
- Cass. civ. 3, 03-12-2020, n° 19-12.871, F-D.
- Cass. 3e civ. 7 mars 2006 n°04-19.639.
- Bourges, Chambre sociale, 21 Mai 2010 – n° 09/0129.
- Cass. civ. 6 mars 1876, DP. P. 1876, I, 193.
- Cours de Cassation française, 15 février. 1937, D.H., 1937.
- CA Paris, 5 nov. 1992 , n° 91-18504, 16e ch. B, Mezescaze c/ SA, Crédit Automobile
de France.
- Cassation, 7 juill. 1959, 12 mai 1996 et 10 février 1999 notamment.
- Civ. 3ème ch., 10 juin 2009 : 07.18618.
- C. civ. art. 1722.
- C. civ., art. 1195.
- T. com. Paris, 11-12-2020, aff. n° 2020035120.
- Cour de Cassation, 14 oct. 2010, n°09-16.967.
82
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

- Cour de Cassation, 15 octobre 2013, n°12-23126.


- Cass. ass. plén. 14-4-2006 n° 538.
- Cass. com. 8-3-2011 n° 10- 12.807.
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V- RAPPORTS, COLLOQUES, REPERTOIRES ET AUTRES
- C. VINCENTI, Colloque « Le Fonds de Commerce : un centenaire à rajeunir ! ».
allocution de bienvenue et présentation du colloque, colloque de l’Association Droit
et commerce, Gazette du Palais, n°155, 04 juin 2009.
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CNUCED, Covid 19 et Relance , Remarques introductives, 2 et 3 juillet 2020.
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- CCR – UEMOA Rapport Covid-19, impact de la pandémie du covid-19 sur le
secteur prive de l’UEMOA, MAI 2020.
- Conseil du Patronat du Québec, « Feuille de route pour une relance économique
résiliente et durable ».
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« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

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pérennité de sa production », 02 septembre 2020.
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Séminaire de réflexion en ligne, Organisé par l’Institut africain de développement,
Groupe de la Banque africaine de développement, Sous les auspices de la
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- WBCSD (2020), « How business is responding to COVID-19 » World Business Council
for Sustainable Development, 2020.

84
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

TABLE DES MATIÈRES


AVERTISSEMENT .................................................................................................................... i
DÉDICACES ............................................................................................................................. ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iii
RÉSUMÉ ................................................................................................................................... iv
ABSTRACT ............................................................................................................................... v
SOMMAIRE .......................................................................................................................... vi
LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................ vii
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
PREMIÈRE PARTIE : ............................................................................................................. 11
UNE VARIABILITÉ D’IMPACTS DU COVID-19 SUR LA CLIENTELE. ........................ 11
CHAPITRE 1 :...................................................................................................................... 13
UNE DÉCADENCE CONSTATÉE DE LA CLIENTÈLE PHYSIQUE ............................ 13
Section 1 : UNE AMPLIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE DU POUVOIR
D’ACHAT DE LA CLIENTÈLE ..................................................................................... 13
Paragraphe 1 : ACCROISSEMENT DU TAUX D’INACTIVITÉDE LA CLIENTÈLE 14
A- Effondrement de la situation économique de la clientèle ............................................ 14
B- Baisse du revenu monétaire des ménages .................................................................... 16
Paragraphe 2 : PISTES POSSIBLES D’ATTRACTIVITÉ ET FIDÉLISATION LA
CLIENTÈLE PENDANT LE CONFINEMENT .............................................................. 17
A- Développer la vente à distance et la vente de proximité.............................................. 18
B- Garder le contact avec la clientèle et intensifier la communication. ........................... 19
Section 2 : DIMINUTION DU FLUX DE LA CLIENTÈLE DEVANT LES MAGASINS
PHYSIQUES..................................................................................................................... 21
Paragraphe 1 : LA PHOBIE OCCASIONNÉE PAR LA COVID-19 .............................. 21
A- Baisse de confiance de la clientèle .............................................................................. 21
B- Changement de comportement..................................................................................... 23
Paragraphe 2: DIFFICULTÉS D’ACCÈS AU LOCAL D’EXPLOITATION ................. 24
A- Commerces non essentiellement fermés ...................................................................... 25
B- Réduction du nombre maximum de personnes à accueillir ......................................... 25
Chapitre 2 : ........................................................................................................................... 27
UNE ASCENDANCE CONTRASTÉE DE LA CLIENTÈLE ÉLECTRONIQUE ............ 27
Section 1 : UNE EXPLOSION DE L’E-FONDS DE COMMERCE PERCEPTIBLE .... 28

85
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

Paragraphe 1 : LES SITES INTERNET : SIGNES DE RALLIEMENT DE LA


CLIENTÈLE EN CROISSANCE EXPONENTIELLE.................................................... 29
A- Fort taux de naissance des sites internet et plateformes .............................................. 30
B- Migration de la clientèle physique vers le e-commerce............................................... 31
Paragraphe 2 : ÉVOLUTION DES HABITUDES EN LIGNE ........................................ 32
A- Augmentation des transactions en ligne ...................................................................... 33
B- Accroissement des paiements en ligne......................................................................... 34
Section 2 : UN DÉVELOPPEMENT DE L’E-FONDS DE COMMERCE
PERFECTIBLE................................................................................................................. 35
Paragraphe 1 : LES OBSTACLES RENCONTRÉS POUR UN DÉVELOPPEMENT
OPTIMAL DE LA CLIENTÈLE ÉLECTRONIQUE ...................................................... 35
A- Des inquiétudes en matière de développement du secteur .......................................... 36
B- Expérience en ligne ...................................................................................................... 37
Paragraphe 2: CONSEILS POUR FAIRE FACE À LA CRISE DU COVID-19 ET
CONSERVER LA CLIENTÈLE ÉLECTRONIQUE....................................................... 38
A- Consolider la visibilité en ligne ................................................................................... 38
B- Offrir un large éventail de modes de paiement sécurisés............................................. 40
Deuxième partie : ..................................................................................................................... 43
UNE FRAGILITÉ DES ÉLÉMENTS D’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE
PAR LA COVID-19. ................................................................................................................ 43
Chapitre 1: ............................................................................................................................ 45
L’IMPACT DE LA COVID-19 SUR LE DROIT AU BAIL. .............................................. 45
Section 1 : LES INFLUENCES DE LA COVID-19 SUR LES DROITS ET
OBLIGATIONS DU LOCATAIRE ................................................................................. 45
Paragraphe 1 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES DROITS INHÉRENTS
AU BAIL COMMERCIAL. ............................................................................................. 45
A- Impact du covid-19 sur les droits relatifs à l’affectation des lieux loués. ................... 46
B- Impact sur droits relatifs à l’abandon de la qualité de locataire................................... 47
Paragraphe 2: LES INCIDENCES SUR LES OBLIGATIONS INHÉRENTES AU
FONDS DE COMMERCE ............................................................................................... 48
A- Incidences sur l’obligation d’exploiter le fonds de commerce .................................... 49
B- Incidences sur les obligations pécuniaires du locataire ............................................... 50
Section 2 : DISPOSITIF DE NEUTRALISATION DES SANCTIONS ÉVENTUELLES
EN CAS D’INEXÉCUTION DES OBLIGATIONS CONTRACTUELLES .................. 52
Paragraphe 1 : LA COVID-19 ET LA FORCE MAJEURE............................................. 52
A- La notion de force majeure en droit positif ................................................................. 52
86
« L’exploitation du fonds de commerce à l’épreuve du covid-19 »

B- La controverse de l’application de la force majeure au bail commercial dans le


contexte de Covid-19. ....................................................................................................... 54
Paragraphe 2 : LA COVID-19 ET LA THEORIE DE L’IMPRÉVISION ....................... 56
A- La notion d’imprévision en matière contractuelle ....................................................... 57
B- Application au bail commercial dans le contexte de Covid 19. ................................... 59
Chapitre 2 : ........................................................................................................................... 61
LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ÉLÉMENTS CORPORELS
CONTRIBUANT À L’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE. ........................ 61
Section 1 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ELEMENTS CORPORELS
STABLES DU FONDS DE COMMERCE. ..................................................................... 61
Paragraphe 1 : IMPACT DE LA COVID-19 SUR LA PRODUCTION .......................... 62
A- L’effritement de la production ..................................................................................... 62
B- Solutions envisageables pour s’adapter à la crise ........................................................ 64
Paragraphe 2 : IMPACTS SUR LA TRANSFORMATION ............................................ 65
A- Pénurie de matières premières ..................................................................................... 65
B- Réorienter la production .............................................................................................. 66
Section 2 : LES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LES ELEMENTS CORPORELS
INSTABLES DU FONDS DE COMMERCE. ................................................................. 67
Paragraphe 1 : LA FRAGILISATION DES CHAINES D’APPROVISIONNEMENT
PAR LA COVID-19 ......................................................................................................... 68
A- La désorganisation de l’offre par la crise..................................................................... 69
B- La perturbation de la demande par la crise .................................................................. 71
Paragraphe 2 : LA LIMITATION DES CHAINES DE DISTRIBUTION PAR LA CRISE
........................................................................................................................................... 72
A- Une manifestation des limites de la logistique ............................................................ 73
B- Une adaptation des circuits de distribution .................................................................. 73
CONCLUSION GÉNÉRALE .................................................................................................. 77
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................ 79
TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... 85

87

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