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Généralités
4102
Les contraintes de l'activité économique conduisent beaucoup d'entreprises à coordonner
leurs activités. Les opérations de coopération ont des objectifs très variés et sont réalisées
selon des formules juridiques diverses présentant trois caractéristiques essentielles :
- la permanence : les accords de coopération donnent un cadre général à un ensemble
d'opérations successives qui trouvent dans la permanence des rapports créés leur
signification et leur nature économique et juridique ;
- la spécificité de leur objet : les actions concertées tendent à l'accomplissement de
tâches déterminées relevant des différentes fonctions que suppose l'exploitation des
entreprises ;
- la concertation : les parties agissent sur un pied d'égalité juridique, leurs droits et
obligations résultant simplement de la convention qui les lie. Il est à noter que pour des
raisons diverses, et notamment un souci d'efficacité, des responsabilités plus importantes
sont souvent confiées à l'un des partenaires appelé « chef de file » ou « opérateur ».
Rôle économique
4103
Les opérations de coopération portent sur un échange de prestations (coopération
verticale) ou une répartition de biens, de charges, de marchés (coopération horizontale).
Les différents types d'accords sont les suivants :
a. un partenaire donne à l'autre le droit d'exploiter un bien qui peut être :
- un élément du domaine public ou un service public (concession de service public) ;
- tout ou partie d'un fonds de commerce : clientèle (concession commerciale, location-
gérance), brevet (licence de brevet), marque (licence de marque, franchisage) ;
b. un partenaire apporte à l'autre certains moyens d'exploitation ; par exemple : la
transmission d'un savoir-faire, la fourniture d'installations industrielles (consortium et
ingénierie), l'assistance administrative ou technique, l'avance de trésorerie, la mise en place
de services communs ;
c. les partenaires se répartissent des productions ou des charges : la fabrication en
commun, la sous-traitance, la recherche concertée ;
d. mandat est donné à l'entreprise de réaliser des opérations pour le compte des
commettants ;
e. les partenaires se répartissent un marché (accords de distribution).
Certaines opérations de coopération portent à la fois sur plusieurs types d'échanges. Ainsi
le franchisage est en même temps une licence de marque, un contrat d'assistance et une
répartition de marché.
En outre, cette diversité est renforcée, sur le plan juridique, par l'existence de
réglementations propres à certains contrats. Les accords de coopération peuvent aussi
tomber sous le coup de certaines règles et notamment celles relatives aux ententes et aux
abus de position dominante (voir Mémento Concurrence et Consommation n° 1300 s. ).
Cadre juridique
4104
Pour réaliser ces opérations de coopération, les entreprises peuvent, soit établir un
simple contrat définissant les opérations concertées et les rapports entre les parties, soit
créer une formule juridique d'association qui formalise et règle l'organisation et le
fonctionnement des actions concertées. Il est certain que la création d'une entité juridique
est principalement envisagée lorsque les partenaires décident de mettre en commun une
partie de leurs moyens et de créer ainsi une entité économique stable.
Répondant à ces objectifs, les principales formules juridiques d'association sont les
suivantes :
- le groupement d'intérêt économique (GIE), créé en 1967 pour servir de cadre juridique
à la coopération inter-entreprises, utilisé principalement pour les groupements de moyens ;
- la société en participation, support traditionnel des actions concertées, principalement
utilisée pour servir de cadre juridique aux accords de répartition de production ou de
marché.
À titre secondaire, citons également :
- l'association, utilisée par les entreprises pour la défense de leurs intérêts
professionnels, plus que pour l'aménagement d'opérations de coopération ;
- la société civile, ayant pour objet une activité civile et ne correspondant pas à une
société à laquelle la loi confère un caractère commercial en raison de sa forme ou de son
objet ; elle est utilisée notamment pour le montage en commun d'opérations d'ordre
immobilier ;
- la société commerciale, qui a l'inconvénient de présenter des règles de fonctionnement
plus ou moins lourdes et s'adapte mal aux opérations concertées peu importantes ; mais elle
est en pratique la formule privilégiée pour l'exploitation en commun d'une affaire. Par
exemple, deux entreprises ayant la même activité peuvent créer une filiale commune dont
l'objet est de développer un secteur complémentaire pour les deux partenaires. Cette
solution est fréquemment utilisée pour réaliser une implantation à l'étranger en collaboration
avec une entreprise locale.
Aspects comptables
4105
Il n'existe pas de règles spécifiques pour traduire les effets de la coopération inter-
entreprises.
Il y a lieu de distinguer les contrats et les formules d'association :
a. Les contrats donnent lieu à des opérations successives de type habituel, telles
qu'achats, ventes, prestations de services, etc., qui sont enregistrées en fonction des règles
et principes généraux exposés dans cet ouvrage. Toutefois, certains d'entre eux posent des
problèmes spécifiques examinés ci-après :
- la concession de service public ;
- le franchisage ;
- le mandat.
b. Les formules d'association La comptabilisation des opérations réalisées par
l'intermédiaire d'un groupement d'intérêt économique, d'une société en participation,
d'une société créée de fait ou d'une société civile présente des particularités que nous
examinons dans ce chapitre.
Information
4106
Mises à part les obligations qui s'attachent à la présentation du tableau des filiales et
participations, les opérations de coopération ne font pas l'objet d'informations obligatoires
auprès des associés. On mentionnera toutefois, dans le cadre des introductions en bourse,
que des indications sont à donner dans la note d'information sur les contrats principaux et
tous les éléments qui peuvent constituer des limitations d'ordre économique ou juridique à
l'activité de l'entreprise. Par ailleurs, ces informations peuvent s'avérer nécessaires pour
fournir une image fidèle.
SECTION I
La concession de service public
I. Caractéristiques générales
Aspects généraux
Définition
4110
Selon le rapport d'étape sur l'analyse juridique de la concession de la commission «
Concessions » du CNC (Bull. CNC n° 86, 1991, p. 5 s.) , en accord avec la doctrine
dominante, la concession de service public est définie comme un contrat par lequel une
personne publique (concédant) confie à une personne physique ou à une personne
morale, généralement de droit privé (concessionnaire) l'exécution d'un service public, à
ses risques et périls, pour une durée déterminée et généralement longue et moyennant le
droit de percevoir des redevances sur les usagers du service public.
Contrats apparentés à la concession de service public
4111
Sans avoir le nom de concessions, d'autres contrats (l'affermage et la régie intéressée), qui
portent sur la réalisation et l'exploitation de services publics ou de travaux publics, se
rapprochent des concessions de service public.
L'évolution de la notion de concession n'a pas abouti à englober l'ensemble des contrats
chargeant le cocontractant d'assurer un service public sous sa responsabilité. Toutefois, ces
contrats ont tous un objet commun, celui de confier au cocontractant de l'Administration,
quel qu'il soit, la gestion de tout ou partie d'un service public.
En conséquence, la commission du CNC :
- estime que, pour les concessions « exclusives » de travaux publics, les solutions
comptables pourraient être directement inspirées de celles propres aux concessions de
service public ;
- souhaite que, sous réserve d'un examen ultérieur, les règles comptables en matière de
concession de service public soient appliquées aux contrats d'affermage quand la
pratique conduit à une utilisation similaire à celle des concessions (travaux d'extension, de
renouvellement) ;
- estime que la régie intéressée est une opération de mandat à traiter comptablement,
selon les dispositions générales du PCG (voir n° 4184 s. ).
Parties contractantes
4112
La concession met en relation l'État ou des collectivités publiques, notamment des
collectivités locales, d'une part, et des entreprises d'autre part. L'entreprise concessionnaire
est souvent une société créée précisément dans le but d'exploiter une concession
déterminée, plusieurs partenaires pouvant être parties prenantes au sein de cette société.
Inversement, il arrive fréquemment qu'une entreprise concessionnaire exerce simultanément
la même activité, ou d'autres activités, en dehors de la concession.
Branches d'activité concernées
4113
La concession de service public est principalement utilisée dans les secteurs des transports
et de l'énergie. Mais il en existe également dans de nombreuses autres branches :
aménagement du territoire, chauffage urbain, parcs-expositions, exploitations thermales,
mines, recherche et exploitation d'hydrocarbures, stations de sports d'hiver.
Il convient toutefois de noter que les modalités de fonctionnement ainsi que les dispositions contractuelles peuvent
être très différentes selon le statut du concessionnaire (public ou privé) et selon le niveau d'investissement à
réaliser. Les schémas comptables traduiront nécessairement cette variété de concession.
Aspects comptables
Unicité comptable
4114
La comptabilité des opérations relatives à la concession est intégrée aux comptes du
concessionnaire. En effet, la concession ne constitue pas une personne morale distincte ;
elle ne peut donc être considérée comme une entité comptable.
Au sein de la comptabilité du concessionnaire, les opérations relatives à la concession sont
éventuellement dissociées des autres opérations, en fonction des clauses de la convention
ainsi que des besoins de gestion et d'information.
Réglementation comptable
4115
Les principes sont donnés dans le PCG (art. 393-1) et les problèmes généraux qui en
résultent sont compris dans le document CNC « Études et documents 1975-1981 », p. 183
s.
Les entreprises concessionnaires ont fait l'objet d'un Guide comptable proposé par le CNC
(avis n° 13 de 1975) comme une simple directive, étant prématuré de lui donner un
caractère plus contraignant. De plus, le Comité d'Urgence du CNC a adopté le 18 mai 1998
un avis ( n° 98 A ) relatif à la comptabilisation des charges différées dans les sociétés
d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes (SEMCA).
Les développements qui suivent seront limités aux principaux problèmes comptables avec
pour source principale l'étude du CNC précitée.
Actuellement, le CNC a entamé une réflexion devant aboutir à la formulation d'un
nouveau plan comptable des entreprises concessionnaires qui se substituera au plan
comptable de 1975.
Comptes spécifiques aux concessions de service public pour les entreprises concessionnaires
4116
Les comptes dont l'utilisation est recommandée dans le Guide sur la base du PCG 1957
n'ont pas été repris dans le PCG (à l'exception de quelques-uns). La liste ci-après constitue
notre interprétation de leur adaptation au PCG (les comptes repris dans le PCG sont suivis
de la mention PCG).
Sur les travaux en cours concernant les concessions, voir n° 5636 .
BILAN 135. Subventions reçues au titre du fonds de roulement en instance d'affectation
15.Provisions pour risques et charges
1517. Provisions pour risques - Fonds spéciaux
1560. Provisions pour renouvellement des immobilisations (PCG)
1572. Provisions pour grosses réparations (PCG)
1573. Provisions pour amortissement de caducité
17.Dettes rattachées à des participations et à des concessions
170. Droits du concédant exigibles en espèces
22.Immobilisations mises en concession (PCG)
220. par le concédant
225. par le concessionnaire
229. Droits du concédant (en nature) (PCG)
2290. Apports du concédant à titre gratuit
2295. Mises en concession par le concessionnaire
26.Participations et créances rattachées à des participations et à des concessions
265. Participations et créances rattachées à des concessions
2651. Comptes bancaires bloqués au titre des fonds spéciaux
2652. Participation acquises au titre des fonds spéciaux
2653. Créances sur le concédant au titre des fonds spéciaux
28.Amortissements des immobilisations (PCG)
282. Amortissements des immobilisations mises en concession (PCG)
2820. Immobilisations mises en concession par le concédant
2825. Immobilisations mises en concession par le concessionnaire
481.Charges à répartir sur plusieurs exercices (PCG)
4814. Charges à étaler et imputations différées - Concessions
COMPTE DE RÉSULTAT 65.Charges spécifiques aux concessions
650 C. Dotations aux droits du concédant exigibles en nature au titre de l'amortissement de caducité
En abrégé : Dotations aux amortissements de caducité.
651 C. Dotations aux provisions pour grosses réparations
652 C. Dotations aux amortissements pour dépréciation des immobilisations corporelles
653 C. Dotations aux amrtissements des immobilisations incorporelles
654 C. Dotations aux provisions pour amortissement de caducité
A ne plus utiliser, à notre avis, en PCG (voir n° 4125-1 )
655 C. Charges diverses
6553 C. Redevances
6555 C. Attributions aux droits du concédant - Fonds spéciaux
6558 C. Dotations aux droits du concédant exigibles en espèces au titre de la dépréciation de ses apports à titre
gratuit d'immobilisations avec condition de retour
6559 C. Dotations aux droits du concédant exigibles en espèces au titre de la provision pour renouvellement de
ses apports à titre gratuit, avec condition de retour
656 C. Dotations aux provisions pour renouvellement
657 C. Dotations aux provisions pour risques - Fonds spéciaux
658 C. Dotations aux provisions pour dépréciation des prêts (avances à la concession)
659 C. Dotations aux amortissements des charges à étaler et aux provisions pour amortissements par étalement
Cette utilisation du compte 65 C « Charges spécifiques aux concessions » préconisée dans
le guide comptable du CNC n'est prescrite dans aucun plan comptable professionnel. Ce
compte n'a donc pas, à notre avis, à figurer au compte de résultat publié.
Du reste, s'agissant d'une dérogation au classement des charges selon leur nature, il ne permet pas de
ventiler le résultat entre l'exploitation, le financier et l'exceptionnel et, a fortiori, d'établir des soldes
intermédiaires de gestion.
Il ne représente qu'une recommandation, à usage interne, pour les entreprises qui n'ont pas
uniquement la qualité de concessionnaire de service public : il facilite la détermination du
résultat de la (ou des) concession(s). Ses divers éléments sont, en fin d'exercice, virés
dans les comptes de charges selon leur nature.
A notre avis :
- l'ensemble des dotations aux amortissements et aux provisions a un caractère d'exploitation (y compris
l'amortissement de caducité) ;
- les redevances dues au concédant (compte 6553) sont un service extérieur (compte 613 par assimilation à un
loyer ou 616).
- les « versements » à un fonds spécial (compte 6555) ont un caractère d'exploitation, leur prise en charge leur
conférant un objet analogue à celui de l'amortissement de caducité.
Aspects fiscaux
4118
En matière de BIC, le CGI ne comporte aucune disposition particulière la doctrine
administrative se basant sur la jurisprudence du Conseil d'État pour le traitement des
dispositions spécifiques suivantes :
- amortissement de caducité,
- provisions pour remise en état et renouvellement des immobilisations,
- financement de l'immobilisation par une subvention.
A l'égard des entreprises concessionnaires soumises à l'IS, l' article 112-2° du CGI prévoit que ne constituent pas
des revenus distribués les amortissements du capital social des sociétés concessionnaires justifiés par la
caducité de tout ou partie de l'actif social, notamment par dépérissement progressif ou par obligation de remise de
concessions à l'autorité concédante (et non l'amortissement de caducité).
En matière de TVA :
- le CGI permet (sous certaines conditions) la déductibilité de la taxe afférente aux immobilisations du domaine
concédé (CGI A II, art. 216 ter) ;
Les entreprises auxquelles un service a été concédé ou affermé par l'État, une collectivité locale ou un de leurs
établissements publics sont en droit de déduire la taxe ayant grevé l'ensemble des investissements immobiliers ou
mobiliers, dont elles ne sont pas propriétaires mais dont le coût constitue l'un des éléments du prix soumis à la
TVA du service (CGI, A II, art. 216 ter-1°) .
Toutefois les concessionnaires d'autoroutes qui agissent en qualité de mandataires de l'autorité concédante ont
des droits à déduction limités (CGI, art. 266-1 h et 273 ter ; voir Doc. FL TVA-VI-7500 s. ).
- le Conseil d'État a apporté des précisions sur le caractère imposable ou non de certaines recettes ;
- la doctrine administrative s'est prononcée sur l'absence d'imposition des subventions d'équipement, sous
certaines conditions.
Principes généraux
4120
Selon le PCG (art. 393-1/2) :
I. Les biens mis dans la concession par le concédant et le concessionnaire sont inscrits
à l'actif du bilan du concessionnaire.
Selon la commission « Concessions » du CNC (Bull. n° 86, 1991, p. 5 s.) , il est généralement distingué entre les
biens de retour et les biens de reprise.
a. Les biens de retour sont ceux qui doivent revenir obligatoirement à l'autorité concédante (ou à un autre
concessionnaire) à l'expiration de la concession :
- soit parce qu'il s'agit d'ouvrages dont la collectivité concédante se trouvait propriétaire lors de la conclusion du
contrat ;
- soit, concernant les biens édifiés par le concessionnaire en cours de concession, eu égard aux stipulations du
cahier des charges ;
- soit, concernant les biens édifiés par le concessionnaire en cours de concession et en cas de silence du cahier
des charges, lorsqu'il s'agit d'installations nécessaires à la poursuite de l'exploitation du service public à l'expiration
du contrat.
Ces biens sont considérés comme appartenant ab initio à l'autorité concédante (CE 5 mai 1958, secrétaire
d'État aux finances et CE 22 mars 1985, ministre contre société concessionnaire d'autoroutes) .
Les membres de la commission n'ont pu trancher, pour l'instant (Bull. CNC n° 88, 1991, p. 3) , sur la nécessité
ou non d'inscrire à l'actif tous les biens de retour apportés par le concédant.
b. Les biens de reprise sont ceux qui, affectés au service, pourront devenir, en fin d'exploitation, la propriété de
la collectivité concédante si elle exerce la faculté de reprise prévue dans le cahier des charges. Pendant la durée
de la concession, ces biens sont considérés appartenir à l'entreprise concessionnaire (CE 10 janvier 1938 -
Compagnie industrielle maritime) . Toutefois, le concessionnaire ne peut en disposer à la fin de la concession que
si l'autorité concédante ne les réclame pas.
II. Le maintien au niveau exigé par le service public, du potentiel productif des
installations concédées, doit être recherché par le jeu des amortissements ou,
éventuellement, celui des provisions adéquates (notamment la provision pour
renouvellement).
Ce maintien est assuré, selon le cas, par la constitution des différentes charges calculées
suivantes :
- amortissement pour dépréciation, destiné à permettre leur renouvellement à leur coût d'achat ou de
production,
- provision pour renouvellement, complément à l'amortissement pour dépréciation destiné à permettre leur
renouvellement à leur valeur de remplacement,
- provision pour grosses réparations,
- amortissement de caducité des biens devant être remis gratuitement au concédant à la fin de la concession,
destiné à permettre la reconstitution des capitaux investis,
- dotation aux droits de concédant exigibles en espèces, destinée à récupérer l'amortissement pour
dépréciation et la provision pour renouvellement d'immobilisations apportées par le concédant lorsqu'une clause
spécifique impose leur reversement au concédant à la fin de la concession.
A notre avis, le traitement comptable doit aboutir à ce que, à la fin de la concession, le
concessionnaire ait récupéré la totalité des dépenses engagées par lui pour le compte du
concédant, par un étalement de leur coût sur la durée de la concession qui tienne compte le
mieux possible des obligations contractuelles spécifiques du cahier des charges.
Remarque : Il peut être parfois difficile de déterminer la valeur comptable des biens mis en concession sur
lesquels le concessionnaire ne dispose pas d'un droit de propriété ; dans certains cas même, cette difficulté sera
telle qu'elle pourrait conduire à ne pas inscrire les biens concernés à l'actif.
III. Dans la mesure où la valeur utile d'une installation peut être conservée par un
entretien convenable, ladite installation ne fait pas l'objet au niveau des charges
d'exploitation du concessionnaire, de dotations aux amortissements pour dépréciation.
Nous examinerons successivement :
- les immobilisations mises dans la concession par le concédant (A)
- les immobilisations mises dans la concession par le concessionnaire (B).
Lorsque les conditions prescrites par le PCG sont remplies (voir n° 1635 ), une provision
pour grosses réparations (compte 1572) peut être constituée. Elle est rapportée au
résultat lorsque la remise en état a été effectuée.
Une nouvelle provision peut alors être constituée si une nouvelle remise en bon état est programmée.
Fiscalement, sur les conditions à remplir pour pouvoir constater une provision pour grosses réparations,
voir n° 1635 .
b. Immobilisations renouvelables Le concessionnaire ne peut pas inscrire dans ses
charges d'exploitation de dotation à l'amortissement du bien mis en concession par le
concédant puisqu'il n'a pas fourni les capitaux ayant financé cet investissement, et n'a pas
l'obligation contractuelle d'amortir pour le compte du concédant. En revanche, pour satisfaire
à l'obligation toujours contractuelle de renouveler (cf PCG art. 393-1/3 ), il doit pratiquer
annuellement une dotation à la provision pour renouvellement calculée sur le coût
prévisionnel de remplacement de l'immobilisation concernée ; elle est créditée au compte
1560 par le débit du compte 6559 et, lors du renouvellement, est virée au compte 2290 «
Apports du concédant à titre gratuit ».
Fiscalement, sur les conditions à remplir pour constituer une provision pour renouvellement, voir n° 4125-1
-II.
Exemple : Valeur d'entrée estimée du bien : 100
Valeur de renouvellement par le concessionnaire : 130
Il est constitué une provision pour renouvellement de 130.
Si le concédant octroie une subvention pour permettre le renouvellement du bien par le concessionnaire, voir n°
4133 .
Comme pour les immobilisations non renouvelables, une provision pour grosses réparations peut être
constituée lorsque les grosses réparations remplissent les conditions fixées par le PCG et sont programmées pour
une date antérieure à celle de la fin de la concession. Cette provision s'ajoute alors à la provision pour
renouvellement.
Apports à titre gratuit avec clause spécifique de récupération à l'expiration de la concession
4121-2
Le concédant peut se garantir la récupération à l'expiration de la concession du coût de ses
investissements mis en concession, par une clause spécifique du contrat de concession ou
du cahier des charges prescrivant au concessionnaire de lui verser à cette date :
- l'amortissement pour dépréciation pratiqué pour son compte,
- la provision pour renouvellement pratiquée pour son compte.
Dans ce cas, les coûts des biens ou services livrés par le concessionnaire doivent tenir compte de cette charge
(guide CNC des concessions), c'est-à-dire qu'il en est tenu compte pour la valorisation des stocks.
Il en résulte une dette financière envers le concédant à inscrire au compte « Droits du
concédant exigibles en espèces » en contrepartie du compte 6558 C « Dotations aux
droits du concédant exigibles en espèces » (guide CNC des concessions).
Contrairement aux droits du concédant exigibles en nature qui ne sont que la contrepartie comptable des
immobilisations à remettre au concédant à l'expiration de la concession, les droits du concédant exigibles en
espèces constituent une véritable dette de caractère financier. La ressemblance avec les dettes rattachées à des
participations nous conduit à préconiser l'extension du compte 17 aux concessions sous l'appellation « Dettes
rattachées à des participations et/ou des concessions », subdivision 170 « Droits du concédant exigibles en
espèces ».
Les modalités de comptabilisation sont les suivantes :
I. Amortissement pour dépréciation pour le compte du concédant
Calculé sur la valeur estimée du bien, il est pratiqué deux fois :
- au titre de la dépréciation du bien : débit du compte de droits du concédant exigibles
en nature 2290 « Apports du concédant à titre gratuit » par le crédit du compte 2820 «
Amortissements des immobilisations mises en concession par le concédant » ;
- au titre de la récupération de son coût par le concédant : crédit du compte 170 « Droits du
concédant exigibles en espèces » par le débit du compte 6558 C « Dotations aux droits du
concédant exigibles en espèces au titre de la dépréciation de ses apports à titre gratuit
d'immobilisations avec condition de retour ».
II. Provision pour renouvellement pour le compte du concédant
Calculée sur la différence entre la valeur prévisionnelle de remplacement et la valeur
estimée d'apport, elle est dotée chaque exercice, en fonction du coût prévisionnel de
remplacement à l'identique, au débit du compte 6559 C « Dotations aux droits du concédant
exigibles en espèces au titre de la provision pour renouvellement des apports à titre gratuit
avec condition de retour » par le crédit du compte 170 « Droits du concédant exigibles en
espèces » (guide CNC des concessions). Mais, fiscalement, toute provision devant être
comprise dans le relevé des provisions pour être déductible, nous préconisons l'utilisation du
compte 1560 « Provisions pour renouvellement » en contrepartie des dotations annuelles, ce
compte étant viré au compte 170 lors du renouvellement.
Fiscalement, cette provision est déductible suivant certaines modalités et sous certaines conditions qui
impliquent l'établissement d'un plan de renouvellement (voir n° 4125-1 ).
Exemple : Reprise du cas précédent d'une immobilisation estimée à 300 amortissable en 3
ans, la hausse des prix conduisant à constituer des provisions pour renouvellement de 10
l'année n, 22 l'année n + 1 et 30 l'année n + 3. L'immobilisation est renouvelée en fin n + 3.
Le concessionnaire a récupéré son coût net : 400 000 - 100 000 = 300 000.
Le concédant reçoit un terrain d'une valeur comptable de 400 000.
Amortissement pour dépréciation
Sans incidence sur le résultat, la dépréciation est créditée au compte 2825 «
Amortissements des immobilisations mises en concession par le concessionnaire » par le
débit du compte de droits du concédant au bilan : 2295 « Mises en concession par le
concessionnaire ».
Pour le guide CNC des concessions, le coût du bien est récupéré par l'amortissement financier de caducité qui est
traité de la même manière que pour le dernier bien d'une série (voir n° 4125-1 ).
Dans la mesure où la valeur utile d'une installation peut être conservée par un entretien convenable, elle ne fait
pas l'objet d'amortissement pour dépréciation (voir n° 4125 ).
Exemple : Immobilisation amortissable Achat d'une construction, pour 400 000, 30 ans avant
la fin de la concession (amortissement en 50 ans)
Subvention reçue pour cet achat : 100 000
Dotation annuelle à l'amortissement de dépréciation : 400 000 : 50=8 000
Dotation annuelle à l'amortissement de caducité : (400 000-100 000) : 30=10 000
Écritures dans la comptabilité de l'entreprise concessionnaire :
Le concessionnaire a récupéré ses dépenses (400 000 - 100 000 de subvention = 300 000).
Le concédant reçoit une construction d'une valeur comptable de 160 000.
Immobilisations remises au concédant contre indemnité à la fin de la concession
4124-2
Dès lors que les installations ne doivent pas revenir gratuitement au concédant en fin de
concession, deux formules sont à considérer ( Étude CNC p. 216 ) :
a. Prise en charge par le concédant des emprunts régulièrement contractés pour
l'achat ou la création des immobilisations, dans la limite des remboursements restant à
effectuer à l'expiration de la concession L'amortissement prévisionnel de caducité doit être
calculé sur la base :
- du montant des capitaux propres investis dans les immobilisations (non compris le
montant des subventions pour équipements reçues) ;
- majoré du montant des capitaux empruntés pour l'achat ou la création des immobilisations
et devant être remboursés jusqu'à la fin de la concession.
b. Paiement d'une indemnité à dire d'experts au moins égale à la valeur nette
comptable des biens Il ne doit être procédé à aucun amortissement de caducité : le bien fait
l'objet d'un amortissement pour dépréciation dont les dotations constituent des charges
d'exploitation. L'indemnité est assimilée à un prix de cession.
Incertitude sur le sort des biens à la fin de la concession
4124-3
Ce cas n'est pas traité dans l'Étude du CNC.
Fiscalement, (CE 22 octobre 1990, n° 46600, 47893, 56430, 57547 ), il convient d'adopter le même
traitement que lorsque le bien doit être remis au concédant contre encaissement d'une indemnité, cette
dernière présentant alors un caractère éventuel (voir n° 4124-2 ). En effet, lorsqu'une telle incertitude
existe (caducité incertaine), l'entreprise concessionnaire ne peut être regardée comme tenue de détruire ou
d'abandonner ces installations et elle ne peut, par suite, pratiquer un amortissement de caducité.
Sur le plan comptable, on peut se demander s'il convient de retenir cette solution fiscale,
celle-ci ne nous semblant pas prudente.
Immobilisations renouvelables
4125
Selon le PCG (art. 393-1/3) , le maintien au niveau exigé par le service public, du potentiel
productif des installations concédées, doit être recherché par le jeu des amortissements ou,
éventuellement, celui des provisions adéquates et en particulier les provisions pour
renouvellement.
Aucune précision n'est fournie sur la manière de déterminer les montants de ces amortissements et provisions.
Le traitement comptable doit aboutir à ce que le concessionnaire ait récupéré sur la durée
de la concession l'ensemble des coûts engagés pour le compte du concédant.
Il est différent selon que les immobilisations sont remises au concédant à la fin de la
concession à titre gratuit ou contre indemnité.
4125-1
Immobilisations remises gratuitement au concédant à la fin de la concession
Nous verrons le cas général puis le cas particulier où l'entreprise ne remplit pas les
conditions lui permettant de constituer une provision pour renouvellement.
Cas général
Selon l'étude du CNC ( p. 217 ), chaque bien renouvelable fait l'objet des charges
suivantes dont le total correspond au coût pour l'entreprise de la série des biens
renouvelés :
- amortissement pour dépréciation,
- provision pour renouvellement,
- provision pour grosses réparations,
- amortissement de caducité.
I. Amortissement pour dépréciation
des biens renouvelables (l'investissement précédant la fin de la concession n'en bénéficie
donc pas) Il est pratiqué dans les conditions habituelles : débit du compte 652 C
(immobilisations corporelles) ou 653 C (immobilisations incorporelles) par le crédit du
compte « Amortissements » de l'immobilisation concernée.
Fiscalement, il en est de même (D. adm. 4D-265, n° 12) .
L'amortissement pour dépréciation du dernier bien de la série a pour contrepartie le compte de droits du
concédant 2295 « Mises en concession par le concessionnaire » (voir n° 4124-1 -II), car il fait double emploi avec
les charges de provision pour renouvellement et d'amortissement de caducité.
Si le bien bénéficie d'une subvention d'équipement, voir n° 4133 .
II. Provision pour renouvellement
des biens renouvelables pour un montant égal à la différence entre le coût estimé de
remplacement et le coût d'achat ou de production du bien (dotée chaque exercice sur la
base d'une estimation ajustée du coût de remplacement, elle est portée au montant de ce
coût lors du renouvellement du bien) Elle est débitée au compte 656 C par le crédit du
compte 1560 « Provisions pour renouvellement des immobilisations » (PCG, art. 441/15) .
Elle doit faire l'objet d'un plan de renouvellement en fonction des ressources, fixant la
date et le montant du renouvellement pour chaque bien, avec corrections ultérieures si les
circonstances le justifient.
Le coût de remplacement nous paraît s'entendre à l'identique ou à capacité de production égale.
Le coût de renouvellement et le coût d'origine sont calculés subvention d'équipement
déduite.
La dotation à la provision pour renouvellement est une charge de structure ; aussi nous paraît-elle pouvoir être
différée durant la période de mise en exploitation des immobilisations (voir n° 4132 ).
Fiscalement, (D. adm. 4 E-2332 n° 8 s.) , les dépenses auxquelles les provisions sont destinées à faire
face doivent, selon la jurisprudence, satisfaire aux trois conditions suivantes :
- être « par nature » susceptibles d'amortissement ;
- diminuer l'actif net (CE 1er avril 1992, n° 64738 repris dans D. adm. 4 E-2332 n° 11) ;
- être prévisibles avec une certitude suffisante à la clôture de l'exercice (CE 6 juillet 1987, n° 47596 et
CE 29 mai 1970, n° 70943 et 71411 repris dans D. adm. 4 E-2332 n° 12) , cette condition étant
pratiquement réputée remplie lorsque l'entreprise a établi un plan de renouvellement auquel elle s'est
conformée (D. adm. 4 D-265 n° 8) .
La loi de finances pour 1998 (art. 5 modifiant CGI, art. 39, 1-5° ), précisée par l'Administration (BOI 4 E-
3-98) , fixe impérativement le mode de calcul des provisions constituées au cours des exercices clos à
compter du 31 décembre 1997. Le montant maximal déductible est égal à la différence entre le coût estimé
de remplacement du bien et son prix de revient, affectée d'un coefficient progressif. Ce coefficient, égal au
quotient du nombre d'années d'utilisation du bien depuis sa mise en service sur sa durée totale d'utilisation,
introduit une distorsion entre comptabilité et fiscalité nécessitant des déductions et réintégrations extra-
comptables. La déduction des provisions passées après expiration du plan de renouvellement est en outre
interdite. Aucune réintégration n'est exigée à raison de la fraction des provisions déjà constituées
supérieure au montant obtenu par application des règles susvisées ; voir Mémento fiscal n° 991 s.
Après le renouvellement du bien, la provision est maintenue au passif du bilan
(afin d'éviter que l'entreprise ne s'appauvrisse) par virement au compte des droits du
concédant 2295 « Mises en concession par le concessionnaire ».
Les provisions pour renouvellement éventuellement non utilisées à la liquidation de la
concession constituent des dettes du concessionnaire envers le concédant.
Une telle dette ne nous paraît pouvoir exister que dans la mesure où le cahier des charges le spécifie. À défaut, la
provision résiduelle, devenue sans objet, est à reprendre en résultat.
III. Provision pour grosses réparations
des immobilisations lorsque le cahier des charges prescrit de remettre le bien en bon état
à la fin de la concession Elle est débitée au compte 651 C par le crédit du compte 1572.
Fiscalement, voir n° 1635 .
Lorsque cette provision est devenue sans objet, elle est rapportée au résultat, sauf
dans le cas où des dispositions contractuelles prévoient une affectation spécifique des
provisions devenues sans objet, par exemple, l'affectation de ces provisions aux provisions
pour renouvellement.
IV. Amortissement de caducité
dont le montant s'élève au coût pour l'entreprise du dernier bien acquis (non renouvelé)
diminué des provisions pour renouvellement et des subventions d'équipement ; c'est-à-dire
au coût du premier bien acquis ou créé (sous déduction de la subvention
d'équipement le concernant, s'il y a lieu).
Fiscalement, il en est de même : le dernier bien (donc non renouvelé) est passible de l'amortissement de
caducité ( n° 4124-1 ) et il est possible de constituer une provision pour renouvellement (voir ci-dessus II.)
qui réduit d'autant le montant de l'amortissement financier de caducité.
Par ailleurs (D. adm. 4D-265 n° 13) , il est admis que les entreprises concessionnaires peuvent se
prévaloir du régime des amortissements différés en période déficitaire, à raison des annuités
correspondant tant à l'amortissement « de caducité » qu'à l'amortissement industriel des installations
renouvelables, quelle que soit d'ailleurs, la qualification comptable qui leur est donnée.
Cet amortissement peut être pratiqué :
- soit seulement à partir du moment où il apparaît que l'immobilisation ne sera plus
renouvelée ;
- soit dès l'investissement des capitaux dans la première immobilisation renouvelable.
L'étude du CNC ( p. 216 ) et le secrétariat du CNC (Bull. 32-04) ont recommandé la
deuxième méthode.
Lors de la remise des biens au concédant à titre gratuit, les comptes d'immobilisations (225)
et de droit du concédant (2295) sont soldés l'un par l'autre.
Exemple : Concession de 25 ans.
Matériel d'une durée de vie de 10 ans acheté 90 000 au début de la concession, renouvelé
pour 170 000 puis 310 000
Coût pour l'entreprise en milliers de francs : 90 + 170 + 310=570 récupéré, comptablement,
comme suit (option pour l'étalement de l'amortissement de caducité sur la durée de la
concession) :
Réévaluation
4127
L'écart de réévaluation et son amortissement constituent une correction de valeur des
droits du concédant.
Redevances dues au concédant
4128
Selon l'étude du CNC ( p. 222 ), ces redevances, qu'elles soient indépendantes ou non du
résultat, constituent des charges d'exploitation à enregistrer au compte 6553 C «
Redevances » selon le Guide CNC des concessions.
Par assimilation aux loyers, elles nous paraissent pouvoir être isolées dans une subdivision du compte 613 «
Loyers ».
Lorsque la redevance est liée aux bénéfices, il ne s'agit en fait que d'une modalité
particulière de calcul qui n'altère pas son caractère de charge. Les redevances calculées sur
les résultats ne pourraient être considérées comme une affectation des résultats que si le
concédant participait aux pertes dans la même proportion que celle prévue pour le calcul
des redevances sur résultats bénéficiaires.
Subventions
4133
Plusieurs types de subventions sont à considérer selon l'étude du CNC ( p. 230 s .) :
- subvention d'équipement,
- subvention d'exploitation et d'équilibre,
- subvention globale.
4133-1
Subvention d'équipement
Elle s'entend de tout apport de fonds (d'une personne physique ou morale, de droit public ou
de droit privé) dont la seule contrepartie est, pour l'entreprise qui le reçoit, l'obligation
d'utiliser ces fonds pour le financement d'immobilisations déterminées.
Le traitement comptable nous paraît donc devoir être identique que la subvention ait été octroyée par le concédant
ou par un autre organisme.
Fiscalement, en matière de TVA (BOI 3 D-1-85 n° 41) :
- les subventions d'équipement ne sont pas imposables et sont sans incidence sur le prorata ;
- la déduction de la taxe afférente aux équipements en bénéficiant est subordonnée à la répercussion de
leur coût dans le prix des opérations taxables.
Principe général Selon l'étude du CNC ( p. 216 ), pour que l'entreprise puisse tenir ses
engagements contractuels à l'égard du concédant sans amputer son capital ni léser les
droits des tiers créanciers, elle doit maintenir la subvention d'équipement au bilan. En
fin de concession elle est, alors, en mesure :
- de remettre les installations au concédant sans s'appauvrir ;
- et, aussi, de rembourser le capital.
Toutefois, on peut aussi admettre la réintégration de la subvention d'équipement dans les conditions définies par le
PCG à condition de récupérer son montant sous forme d'un amortissement de caducité complémentaire égal à la
réintégration annuelle de ladite subvention. Cette interprétation ménage l'obligation fiscale de réintégration au
profit de la subvention d'équipement accordée.
Elle est inscrite au compte de droits du concédant 2295 « Mises en concession par le
concessionnaire ».
Application aux différentes subventions d'équipement Son incidence sur les charges
d'amortissements et de provisions pour renouvellement est différente selon que la
subvention est renouvelable ou non.
Subvention non renouvelable relative à un bien non renouvelable
Elle est sans incidence sur les résultats.
Exemple : Matériel acheté 300 000 avec une subvention non renouvelable de 100 000.
A l'expiration de la concession :
- l'entreprise a récupéré ses coûts : 90 + 80 + 24 + 170 + 140 + 24 + 12=540 (charges) ;
- elle remet au concédant un matériel d'une valeur comptable de 155.
Subvention renouvelable
Selon l'étude du CNC ( p. 231 ) :
- la subvention est, à la date de son attribution, portée au passif du bilan. Elle vient,
cependant, pour le calcul de la charge d'amortissement du concessionnaire, en déduction du
coût des installations. L'excédent de la dépréciation annuelle du bien sur la charge ainsi
comptabilisée vient en réduction de ladite subvention ;
- la provision pour renouvellement doit correspondre à l'excédent du coût du renouvellement
par rapport au coût d'origine, l'un et l'autre de ces coûts étant calculés subvention déduite.
En conséquence :
- la fraction de l'amortissement lui correspondant est portée au débit du compte 2295, aucune subvention de
l'espèce ne devant être rapportée aux résultats, même par fraction ;
- l'amortissement de caducité porte sur le coût du premier bien sous déduction de la subvention d'équipement le
concernant (voir n° 4125-1 ) ;
- la provision pour renouvellement doit correspondre à l'excédent du coût de renouvellement par rapport au coût
d'origine, l'un et l'autre de ces coûts étant calculés subvention déduite.
Exemple : reprise du cas précédent d'une concession de 25 ans, mais avec subvention
renouvelable :
A l'expiration de la concession :
- l'entreprise a récupéré ses dépenses : 60 + 50 + 24 + 110 + 100 + 24 + 12=380
- elle remet au concédant un matériel d'une valeur comptable de 155.
Subventions reçues au titre du fonds de roulement
Elles sont créditées au compte 135 à la date de la connaissance de la décision d'attribution.
Elles sont rapportées au résultat au fur et à mesure de l'excédent effectif du fonds de
roulement sur le fonds de roulement indispensable et, au plus tard, à la liquidation de la
concession par le crédit du compte 777 « Quote-part des subventions d'investissement virée
au résultat de l'exercice ».
Subventions d'exploitation et d'équilibre
4133-2
Elles sont comptabilisées de la même manière que si l'entreprise n'était pas concessionnaire
de service public (voir n° 648 et n° 2415 ).
Fiscalement, sont passibles de la TVA les subventions directement liées aux opérations taxables (voir
Mémento fiscal n° 4076 s. ).
Subventions « globales »
4133-3
Elles sont « destinées à permettre l'équilibre financier d'un groupe d'opérations de nature
différente concourant à la réalisation d'un même objectif ». Étant attribuées (généralement à
titre complémentaire) pour le financement d'un programme global comportant, d'une part,
l'acquisition ou la création d'immobilisations et, d'autre part, l'augmentation du fonds de
roulement nécessitée par l'accroissement du potentiel de l'entreprise, il convient d'essayer
de valoriser ces deux éléments en fonction de leur affectation.
La décision d'octroi ne précisant pas la répartition de la subvention en fonction de ces
emplois, il convient de considérer :
- que la subvention globale devrait être par priorité affectée au financement des
immobilisations ;
- que le solde éventuel participe au financement du complément de fonds de roulement.
Pour la partie se rapportant au financement des immobilisations, les règles précédentes
s'appliquent normalement. Pour le reste, la subvention doit être maintenue au bilan aussi
longtemps que l'entreprise n'est pas en mesure d'en assurer le relais. Ce maintien ne porte
que sur la partie non relayée par des moyens propres à l'entreprise. La part de subvention
libérée est comptabilisée en produit exceptionnel.
Transfert de TVA
4134
L'État, les collectivités locales et leurs établissements peuvent transférer aux entreprises qui
les utilisent la TVA ayant grevé l'acquisition d'investissements immobiliers et de véhicules de
transports publics (voir n° 4118 ).
Le crédit de TVA transféré au concessionnaire constitue en principe pour ce dernier une
dette envers la collectivité propriétaire du bien ; celle-ci peut remettre tout ou partie de sa
valeur au concessionnaire à titre de subvention : une convention expresse doit alors être
conclue à cet effet. En conséquence, le crédit de TVA est débité au compte de taxes sur le
chiffre d'affaires déductible 44563 « TVA transférée par d'autres entreprises » par le crédit
du compte de tiers du concessionnaire ou du compte 131 « Subventions d'équipement » (NI
n° 19 du CNC) .
Contrôle interne
4136
La mise en place d'un contrôle de gestion et d'un contrôle interne résulte de l'obligation pour
le concessionnaire de fournir au concédant des informations sur les opérations réalisées,
obligation prévue généralement par le contrat de concession.
La tenue d'une comptabilité analytique permettant éventuellement un contrôle de
gestion est donc nécessaire.
Contrôle externe
4137
En règle générale, les entreprises concessionnaires sont soumises à des contrôles
périodiques, réalisés par l'autorité concédante, sur les plans technique et financier :
- contrôles techniques : examen des actifs utilisés, de leur gestion et de leur entretien
conformément au cahier des charges ;
- contrôles financiers : ces contrôles sont réalisés par les représentants de l'autorité
concédante ou par des experts mandatés à cet effet. Ils portent notamment sur l'analyse des
produits et des charges.
Les contrats de concession peuvent prévoir des sanctions (pénalités financières, résolution du contrat, etc.)
appliquées par l'autorité concédante.
SECTION II
Le franchisage
I. Caractéristiques générales
Définition
4150
Le franchisage est un contrat par lequel une entreprise concède à des entreprises
indépendantes, en contrepartie d'une redevance, le droit de se présenter sous sa raison
sociale et sa marque pour vendre des produits ou services. Ce contrat s'accompagne
généralement d'une assistance technique (arrêté du 29 novembre 1973) .
L'AFNOR a publié la norme NF-Z20-00 qui spécifie un certain nombre de règles minimales relatives à la
négociation et au contenu des contrats de franchise.
Le franchisage est une technique permettant d'établir par la coopération d'entreprises juridiquement
indépendantes, un réseau d'unités de production, de commercialisation ou de prestations de services. Il résulte de
l'évolution et de l'interpénétration de techniques de coopération plus anciennes : concession commerciale,
concession de licence de marque, concession de savoir-faire.
Le promoteur de la chaîne (le franchiseur ), après avoir mis au point et testé dans son ou ses « établissements
pilotes » une technique particulière de fabrication, de commercialisation ou de prestations de services, en
concède le droit d'exploitation à des entreprises ou commerçants indépendants (les franchisés ). Cette
exploitation est faite sous la marque commerciale ou l'enseigne concédée par le franchiseur qui apporte par
ailleurs une assistance permanente sur les points suivants :
- lors de la création de l'établissement franchisé : transmission du savoir-faire, étude du marché, installation des
locaux industriels ou commerciaux, formation du franchisé, etc. ;
- lors du lancement d'un nouveau produit ou d'un nouveau service : études de marchés, campagnes publicitaires,
etc. ;
- dans la gestion courante de l'établissement franchisé : élaboration des méthodes de gestion, informations
concernant les améliorations apportées aux techniques de fabrication et/ou de commercialisation, formation du
personnel, conseils en matière comptable, juridique et fiscale, etc.
Éléments caractéristiques
4151
Les concessions de marque et de savoir-faire sont les deux éléments caractéristiques
du franchisage. Dans le cas particulier des franchises commerciales, elles peuvent être
complétées par des engagements réciproques :
- engagement de fournitures souscrit par le franchiseur, celui-ci s'obligeant soit à fournir lui-même les franchisés,
soit à sélectionner des fournisseurs « agréés », soit enfin à faire bénéficier les franchisés des avantages d'une
centrale d'achats ;
- engagement d'approvisionnement à la charge des franchisés, par lequel ils s'obligent à acquérir leurs produits
soit auprès du franchiseur lui-même, soit auprès des fournisseurs agréés, soit enfin auprès de la centrale d'achats.
Obligations réciproques
4152
L'ensemble des concessions accordées par le franchiseur à ses franchisés est, en principe,
exclusif pour une zone géographique déterminée. Ceci implique un ensemble d'obligations
réciproques, objet du contrat de franchisage, qui comprend :
- une concession de licence de marque ;
- une concession de savoir-faire ;
- une convention d'assistance technique du franchiseur au franchisé ;
- une clause d'approvisionnement et une clause de fourniture.
En contrepartie des concessions et de l'assistance qui sont accordées par le franchiseur, les
franchisés doivent lui régler :
- un droit d'entrée dès leur arrivée dans la chaîne ;
- des redevances périodiques (mensuelles, trimestrielles ou annuelles) calculées
habituellement d'après le montant du chiffre d'affaires réalisé pendant la période.
Aspects juridiques
4153
L'entreprise concédante doit communiquer au distributeur, vingt jours avant la signature du
contrat, le projet de contrat et un document d'information qui lui permette de s'engager en
connaissance de cause (art. 1er de la loi n° 89-1008 du 31 décembre 1989) . Le décret n°
91-337 du 4 avril 1991 précise :
- d'une part, le contenu de ce document d'information,
- d'autre part, que doivent lui être annexés pour les sociétés non cotées, les comptes annuels des deux derniers
exercices et, pour les sociétés cotées, au choix, les comptes annuels des deux derniers exercices ou les
documents du premier semestre établis au titre des deux derniers exercices.
Pour des développements, voir Mémento contrats et droits de l'entreprise n° 3565 s.
Droit d'entrée
4165
Le droit d'entrée est comptabilisé lors de la signature du contrat. Dans la mesure où il
correspond à des éléments de nature différente et variable d'un contrat à l'autre, il ne peut
exister de méthode de comptabilisation préétablie. Il convient dans chaque cas, après
analyse, de rechercher la meilleure traduction de la volonté des parties. A notre avis :
a. Le droit d'entrée souscrit pour une durée limitée et ne pouvant faire l'objet d'une cession
à l'égard des tiers doit être comptabilisé en charge (pouvant être étalée sur cette durée).
Fiscalement, il en est de même (TA Besançon, 1er juin 1994, n° 90-869) .
b. La fraction du droit d'entrée qui rémunère un ensemble de prestations fournies par
le franchiseur et nécessitées par le démarrage de l'exploitation franchisée (publicité,
formation, assistance technique, etc.) constitue une charge pour le franchisé ; elle peut
toutefois, dans la mesure où elle est particulièrement importante par rapport aux coûts
d'exploitation normaux, être inscrite en charges à répartir sur plusieurs exercices (compte
4818 « Charges à étaler ») (comme c'est le cas en général pour les frais de lancement ou de
préexploitation) voire, si elle répond à la définition, en frais de 1er établissement.
c. Lorsque le franchiseur assure, dans le cadre des prestations de démarrage, l'installation
totale ou partielle du local d'exploitation, la partie du droit d'entrée qui y est attachée
constitue, pour le franchisé, le coût d'une immobilisation corporelle enregistrée au
compte 2135 « Installations générales - Agencements, aménagements des constructions ».
d. La partie du droit d'entrée correspondant à la rémunération du droit d'utilisation des
éléments incorporels du franchiseur (marque et savoir-faire) peut constituer la valeur d'une
immobilisation incorporelle à inscrire au compte 205 « Concessions, … ».
Fiscalement, (BODGI 4 A-14-78 relative à la réévaluation des bilans) , l'Administration paraît considérer
que les concessions font l'objet d'un amortissement financier sur la durée du monopole d'exploitation des
droits correspondants. Il semble donc que cette partie du droit d'entrée soit à amortir sur la durée du
monopole prévue par le contrat.
Par ailleurs, les espérances que le franchisé mettait, lors de la signature du contrat, dans le
développement de sa clientèle par exemple, peuvent se trouver déçues. Il nous paraît alors
indispensable de prévoir un amortissement exceptionnel (ou une dépréciation) de cette
immobilisation incorporelle.
e. Enfin, ce droit d'entrée peut parfois s'analyser pour partie en complément de prix (payé
d'avance) des prestations à recevoir. Il s'agit alors, à notre avis, de charges constatées
d'avance à imputer au compte de régularisation 486 et à étaler sur la durée du contrat (ou
éventuellement, si les circonstances le justifient, sur une durée plus courte).
Remarques :
1. Il faut noter que, dans la pratique, le montant global du droit d'entrée n'est pas toujours scindé entre ses
éléments constituants, bien que ceci nous paraisse indispensable à une comptabilisation correcte.
2. Le droit d'entrée peut correspondre à d'autres éléments spécifiques à tel ou tel contrat, éléments qui peuvent -
dans certains cas particuliers - devoir être enregistrés soit en charges, soit en frais d'établissement. Ainsi, le fait de
disposer d'une enseigne réputée n'entraîne pas nécessairement une augmentation de la clientèle et donc de la
valeur du fonds de commerce ; il peut s'agir plus d'économie à réaliser dans les années de démarrage que de
l'assurance de jouir d'un certain volume de clientèle et, de ce fait, cette part du droit d'entrée pourrait se rattacher
aux charges à étaler.
Redevances de franchisage
4166
Les redevances périodiques dues au franchiseur constituent des charges d'exploitation
enregistrées au compte 651 « Redevances pour concessions, brevets, … ». La charge doit
être, à notre avis, constatée sur la même période que celle au cours de laquelle a été réalisé
le chiffre d'affaires correspondant, quelle que soit la date effective de son règlement, le
compte de rattachement aux fournisseurs 408 « Fournisseurs - Factures non parvenues »
étant utilisé en fin d'exercice si besoin est.
SECTION III
Opérations faites pour le compte de tiers
Notions d'intermédiaire
4180
Les opérations faites par des intermédiaires sont classées en deux grandes catégories selon
que l'intermédiaire agit :
- en qualité de mandataire ;
- en son nom seul.
Cette distinction, avec des différences de terminologie, est opérée par :
- le PCG (art. 394-1) ;
Remarque : l'ancien PCG (p. II.137) précisait « qu'il appartient à l'entreprise de déterminer celle de ces
deux catégories dans laquelle doivent être classées les opérations de l'espèce qu'elle peut réaliser » ;
- le droit qui distingue les mandataires (C. civ. art. 1984 à 2010 ) et les commissionnaires
(C. com. art. 94 et 95 ) ;
- la fiscalité qui, depuis le 1er janvier 1993 (loi n° 92-677 du 17 juillet 1992 et instruction 3
CA-92 du 13 juillet 1992) , distingue les intermédiaires agissant au nom d'autrui, dits «
transparents » et les intermédiaires agissant en leur nom propre dits « opaques ».
Pour une étude détaillée, voir BCF 61, décembre 1993, p. 21 s.
Caractéristiques générales
Contrat
4181
Le mandat est le contrat par lequel une personne, le mandant, donne à une autre, le
mandataire, le pouvoir de faire « quelque chose » pour son compte et en son nom (C. civ.
art. 1984) .
Le mandataire représente le mandant et les actes qu'il accomplit avec les tiers engagent ce
dernier en le rendant débiteur ou créancier du tiers avec lequel le mandataire a traité.
Fiscalement, il en est de même ( Instr. 3 CA-92 du 31 juillet 1992, n° 78 ).
« Tout mandataire doit rendre compte de sa gestion (au mandant) » (C. civ. art. 1993) . La
reddition de comptes s'opère en général par voie d'inventaire, comportant la liste des
recettes et des dépenses du mandataire, avec pièces justificatives à l'appui (Cass. Req. 26
décembre 1923, GP 1924.1.515) .
Rémunération
4182
Le mandataire est rémunéré par une commission qui doit être prévue par le contrat (le
mandat étant en principe gratuit) et qui est due dès que l'exécution de la mission du
mandataire est établie. Elle doit être facturée au mandant par le mandataire (ord. n° 86-
1243 du 1er décembre 1986, art. 31) . En l'absence de convention entre les parties, elle doit
être versée lors de la reddition des comptes.
Fiscalement, cette commission est soumise à TVA ; le fait générateur est l'exécution de l'entremise et la
TVA est exigible à l'encaissement de la commission (CGI, art. 266-1-a et Inst. 3 CA-92 précitée, n° 83 et
84) .
Le mandataire a droit au remboursement intégral :
- de ses débours (voir également n° 581 ),
- ainsi que de ses avances et frais.
Fiscalement, le remboursement n'est pas soumis à TVA si les quatre conditions suivantes sont réunies
(CGI, art. 267-II-2°) :
- existence d'un mandat,
- reddition de comptes au franc le franc,
- justification au service des impôts,
- comptabilisation dans des comptes de passage.
L' instruction 3 CA-92 du 13 juillet 1992 (n° 408 à 412) précise, en outre, que ces dépenses
correspondent à des frais extérieurs à l'opération d'entremise, engagés au nom du mandant et clairement
détachables de l'opération objet de la transaction.
Opérations concernées
4183
Les opérations effectuées par des entreprises industrielles ou commerciales en fonction d'un
mandat préalable, écrit ou tacite, sont des plus diverses, notamment :
- opérations commerciales : achats et ventes pour compte : mandataires, coopératives agricoles, coopératives
de commerçants ;
- gestion de fonds : gestion de titres ou d'espèces : administrateurs de biens, agents de change, compagnies
d'assurance, promoteurs, syndics de faillite ;
- gestion d'immeubles : sociétés immobilières diverses, gérants d'immeubles, syndics de copropriété ;
- prestations de services : transitaires, débours des transporteurs, organisation de galas pour le compte
d'associations loi de 1901, charges communes à un ensemble d'entreprises (compte « prorata » de l'entreprise
pilote d'un groupement d'entreprises du bâtiment) ;
- opérations industrielles : façonnage, affinage de métaux non ferreux.
Elles peuvent, selon l'activité du mandataire :
- constituer son activité principale ;
- présenter un caractère habituel à l'intérieur de la profession ;
- n'avoir qu'un caractère occasionnel.
Elles peuvent, selon l'affectation des fonds appartenant aux tiers :
- avoir une incidence sur le patrimoine du mandataire s'ils sont confondus avec les fonds propres de l'entreprise ;
- ne pas avoir d'incidence sur son patrimoine s'ils sont déposés sur un compte ouvert au nom du ou des tiers.
Elles peuvent, vis-à-vis des tiers, être effectuées :
- soit au nom du mandant ;
- soit apparemment au nom du mandant.
Une personne est considérée comme en représentant une autre à l'égard des tiers, en vertu d'un mandat
apparent, lorsque les tiers ont légitimement pu croire qu'elle agissait au nom et pour le compte de cette dernière,
ce qui suppose qu'existent des circonstances autorisant le tiers à ne pas vérifier les pouvoirs du mandataire
(Cass. com. 7 janvier 1992, n° 29 P) .
Remarque : Le mandataire doit indiquer sa qualité au tiers avec qui il traite (par exemple dans les «
Conditions Générales de Vente ») ; à défaut, c'est lui, et lui seul, qui se trouve engagé (Cass. req. 20 février 1922,
D. 1922.1.201 note Savatier ; Cass. civ. 30 juin 1976 n° 75-11-651, Bull. I p. 196) .
Caractéristiques générales
Sont principalement concernées les opérations de commissionnaires.
Contrat
4187
Les obligations juridiques sont régies par les articles 94 et 95 du Code de commerce ainsi
que par les règles du mandat (C. civ. art. 1984 à 2010 ).
Le commissionnaire agit en son propre nom ou sous un nom social pour le compte d'un
commettant (C. com. art. 94) .
Il est personnellement tenu à l'égard des acheteurs ou des vendeurs des obligations
résultant des contrats d'achat et de vente qu'il conclut même si le nom du commettant
apparaît.
Fiscalement, en matière de TVA (CGI, art. 256 V) , il en est de même. En cas d'entremise :
- à la vente, l'intermédiaire est réputé livrer lui-même le bien ou rendre lui-même le service au tiers ;
- à l'achat, le tiers est réputé livrer le bien ou rendre le service à l'intermédiaire.
Les relations commettant-intermédiaire sont soumises aux règles du mandat (voir n° 4181
s. ).
En conséquence, l'intermédiaire doit rendre compte au commettant des opérations qu'il
exécute pour son compte.
Fiscalement, s'il comporte également les mentions devant obligatoirement figurer sur une facture (voir n°
661 ), l'Administration admet que le compte rendu établi par l'intermédiaire puisse tenir lieu :
- de facture de vente pour l'intermédiaire en cas d'entremise à l'achat,
- de facture de vente pour le commettant en cas d'entremise à la vente (à condition qu'il existe un mandat
écrit ou que le commettant signe le compte rendu).
L'intermédiaire ne doit jamais devenir propriétaire des marchandises (sauf cas exceptionnel
où il y serait autorisé sans que cela ne puisse devenir systématique).
Rémunération
4188
Le contrat doit préciser le taux, l'assiette, le fait générateur et les conditions de paiement de
la commission. A défaut de convention entre les parties, elle est due dès la conclusion du
contrat de vente.
En pratique, l'intermédiaire prélève directement sa commission sur les sommes qu'il doit
restituer au commettant (entremise à la vente) ou la facture au commettant en même temps
que le bien ou service acquis pour son compte (entremise à l'achat).
Fiscalement, c'est le montant total de la transaction objet de l'entremise qui est soumis à TVA (CGI art.
266-1-b) , c'est-à-dire le prix acquitté par le tiers (entremise à la vente) ou par le commettant (entremise à
l'achat), commission comprise. La commission n'est donc plus jamais imposée en tant que telle.
En matière d'ORGANIC (art. L 651-5 du CSS) , sont imposés :
- sur leur seule commission, les intermédiaires qui, avant le 1er janvier 1993, bénéficiaient du régime du
mandat fiscal ;
- sur la totalité de leur chiffre d'affaires soumis à TVA, les autres intermédiaires.
Opérations concernées
4189
Elles sont diverses, notamment :
- opérations commerciales (achats et ventes pour compte) : commissionnaires, centrales
d'achats et de référencement, ventes en dépôt-consignation ;
- prestations de services : commissionnaires de transport, commissionnaires en douane.
1 000 HT.
Exemple 2 : Entremise à l'achat : Un intermédiaire est chargé par son commettant
d'acquérir auprès de son fournisseur des marchandises pour 1 050 HT (soit 1 266 TTC), prix
incluant une commission de 50 HT. Les marchandises seront donc acquises auprès du
fournisseur pour 1 000 HT.
SECTION IV
Le groupement d'intérêt économique (GIE) à objet commercial
SECTION IV
Le groupement d'intérêt économique (GIE) à objet commercial
4200
Remarques préalables :
1. Les GIE à objet civil ne sont pas tenus aux obligations de la comptabilité commerciale. Toutefois, ils sont
soumis aux dispositions concernant les personnes morales de droit privé non commerçantes ayant une activité
économique (voir n° 230-8 ).
2. Groupement européen d'intérêt économique (GEIE) Le règlement européen (n° 2137/85 du 25 juillet
1985) instituant le GEIE ne comporte aucune disposition concernant les obligations comptables ou le contrôle des
comptes du groupement. L' article 7 de la loi n° 89-377 du 13 juin 1989 prescrit des dispositions identiques à
celles des GIE.
L' article 13 prescrit les mêmes peines que celles prévues en cas d'infractions relatives au contrôle des sociétés
anonymes ( art. L 455 à 458 ).
Régime juridique Voir Mémento sociétés n° 30500 s.
Régime fiscal Voir Mémento fiscal n° 3350 s.
I. Caractéristiques générales
Objet du groupement d'intérêt économique (GIE)
4201
Organisme original et souple institué pour servir de cadre juridique à la coopération inter-
entreprises, le GIE a pour but de faciliter ou de développer l'activité économique de ses
membres, d'améliorer ou d'accroître les résultats de cette activité ; il n'est pas de réaliser
des bénéfices pour lui-même. Son activité doit se rattacher à l'activité économique de ses
membres et ne peut avoir qu'un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci (ordonnance du 23
septembre 1967, art. 1er ) .
Le GIE dont l'objet est commercial peut faire de manière habituelle et à titre principal tous
actes de commerce pour son propre compte ( Ord. précitée, art. 3 ).
4202
Groupement de moyens, le GIE permet aux entreprises de réunir certains de leurs
services ou de collaborer à la réalisation de certaines fonctions :
- fonction commerciale (action commerciale, distribution, etc.) ;
- recherche (travaux d'études, etc.) ;
- production (services techniques, d'entretien, etc.) ;
- services généraux (traitement de l'information, facturation, etc.).
Régime juridique Voir Mémento sociétés n° 30500 s.
Régime fiscal Le régime fiscal des GIE est comparable à celui des sociétés de personnes relevant de
l'impôt sur le revenu. Par suite, si le groupement réalise des bénéfices (ce qui ne lui est pas interdit),
chaque membre participant est personnellement passible, pour la part des bénéfices
correspondant à ses droits dans le groupement, soit de l'IR (dans la catégorie correspondant à l'activité
du groupement), soit de l'IS s'il s'agit de personnes morales relevant de cet impôt ; corrélativement, si le
groupement subit des pertes, leur montant est naturellement déductible du bénéfice imposable de chacun
de ses membres.
Les GIE sont en règle générale soumis aux autres impositions dans les conditions de droit commun et
notamment à la TVA (voir Mémento fiscal n° 4033 ). Toutefois, les services rendus par un GIE à ses
membres sont exonérés de cette taxe lorsque certaines conditions sont remplies (voir Mémento fiscal n°
4129 s. ).
III. Contrôle
4240
Le contrôle de la gestion et le contrôle des comptes sont exercés dans les conditions
prévues par le contrat constitutif du groupement (ordonnance du 23 septembre 1967, art.
10) .
Selon la revue « Éco. et Compt. » (n° 172, septembre 1990, p. 56 ), le régime de la suppléance du commissaire
aux comptes dans les GIE n'étant pas défini par la loi, est organisé par les statuts ou, à défaut, par l'assemblée
des membres du GIE.
Toutefois ( art. 10 de l'ord. du 23 septembre 1967 ) :
Article qui s'applique à tous les GIE, quel que soit leur caractère, civil ou commercial (cf. Bull. CNCC n°
97, mars 1995, p. 106 s.) .
a. lorsqu'un groupement émet des obligations, le contrôle de la gestion doit être
exercé par une ou plusieurs personnes physiques nommées par l'assemblée, la durée de
leurs fonctions et leurs pouvoirs étant déterminés dans le contrat ;
b. si le groupement émet des obligations ou s'il compte au moins cent salariés, le
contrôle des comptes doit être exercé par un ou plusieurs commissaires aux comptes.
Ils sont choisis sur la liste des commissaires aux comptes et nommés par l'assemblée pour
six exercices (les dispositions les concernant sont identiques à celles prévues dans les
sociétés anonymes sous réserve des règles propres au GIE).
Le commissaire aux comptes doit, lorsqu'il relève un fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation,
mettre en œuvre une « procédure d'alerte », voir n° 3541 .
Fiscalement, l'Administration peut procéder à la vérification de la comptabilité du GIE et redresser, au
niveau de chaque membre, la quote-part déclarée dans ses résultats.
SECTION V
La société en participation
I. Caractéristiques générales
Aspects juridiques
4250
La société en participation (SP), comme toute société, doit être créée par l'affectation de
biens à une entreprise commune « en vue de partager le bénéfice ou de profiter de
l'économie qui pourra en résulter » ( C. civ., disposition générale de l'article 1832 applicable
aux SP par l' article 1871, al. 2 ). Mais elle se caractérise par son absence de personnalité
morale, son objet et sa gestion (pour plus de détails, voir Mémento sociétés n° 30000 s. ).
Absence de personnalité morale
4250-1
La SP est une société que les associés sont convenus de ne pas immatriculer. Elle n'a pas
de personnalité morale et n'est pas soumise à publicité. Elle peut être prouvée par tous
moyens (C. civ. art. 1871, al. 1) .
Exception : la constitution d'une société en participation entre membres d'une profession libérale réglementée
doit faire l'objet d'une publicité (loi n° 90-1258 du 31 décembre 1990) .
Il en résulte qu'elle n'a ni siège social, ni raison sociale, ni patrimoine social ; elle ne
peut donc acquérir des immobilisations ou des stocks, ouvrir un compte en banque,
contracter un emprunt…, toutes ces mutations patrimoniales devant être effectuées au nom
d'un de ses membres ou d'une indivision formée entre ses membres. Par ailleurs, n'ayant
pas de personnalité morale, il est impossible de traiter en son nom. La SP ne peut agir en
justice et ne peut être mise en état de redressement ou de liquidation judiciaire.
Elle peut avoir un caractère :
- soit occulte, l'associé (gérant) qui contracte avec un tiers n'engageant que lui-même ;
- soit ostensible, étant connue des tiers, tous les associés sont alors tenus des
engagements contractés par l'un d'eux envers les tiers.
Elle est civile ou commerciale selon la nature de son objet.
Objet
4250-2
Sur le plan économique, la SP sert de cadre à des opérations dont la nature et l'importance
sont très diverses, en raison de son absence de formalisme et de la liberté du choix de son
organisation et de son fonctionnement. La formule est utilisée dans les secteurs les plus
variés de la vie des affaires : coopération inter-entreprises (recherches), travaux publics,
exploitation de fonds de commerce, pool d'investissements, syndicat financier, édition…
Elle peut être créée en vue de la réalisation d'une opération unique de courte ou de plus ou
moins longue durée, ou d'opérations successives d'une durée soit indéterminée, soit à terme
fixé à l'avance.
Gestion
4250-3
La loi ne fait pas allusion à la gérance, mais les statuts peuvent désigner un ou plusieurs
gérants pris parmi les participants ou en dehors d'eux.
a. Absence de gérant Tous les participants sont gérants :
- SP occulte : chacun agit en son nom (dans l'intérêt de tous) et est seul connu des tiers
envers lesquels il s'engage ;
- SP ostensible : chacun agit au vu et au su des tiers comme un associé et engage les
autres associés.
b. Désignation d'un gérant Il peut être associé ou non. Dans les deux cas, il traite en son
nom personnel (et non au nom de la SP) et les tiers n'ont d'action que contre lui, sauf si la
SP est ostensible.
Aspects fiscaux
En matière de bénéfice
4253-1
(pour plus de détails, voir Mémento fiscal n° 3345 s. ), les SP sont soumises au même
régime que les sociétés de personnes : les bénéfices réalisés ou les pertes subies sont,
au prorata des droits de chacun, rattachés à la déclaration fiscale des résultats de chacun
des participants (voir n° 1871-1 s. ). Toutefois, elles peuvent opter, de manière irrévocable,
pour l'assujettissement à l'IS (CGI, art. 206-3) .
Constitue un abus de droit, la création d'une SP dont l'unique objet est de mettre en commun des
bénéfices ou pertes provenant des activités commerciales des sociétés participantes (CE 10 mai 1993, n°
95128) .
Le régime des sociétés de personnes s'applique uniquement aux associés indéfiniment responsables dont les
noms et adresses ont été communiqués à l'Administration. La quote-part de bénéfice correspondant aux autres
associés est passible de l'IS.
Une fiction de personnalité fiscale leur ayant été reconnue, les SP sont tenues aux mêmes
obligations que les exploitants individuels (CGI, art. 60) . En particulier, elles doivent tenir
une comptabilité régulière et produire un bilan et un compte de résultat.
Ce « bilan » ne peut être que fiscal puisque la société en participation n'a pas de personnalité morale au regard du
droit civil (Rép. Mesmin, AN 13 mars 1976, p. 1002) .
a. Elles doivent inscrire à l'actif de ce bilan les biens dont les associés ont convenu de
mettre la propriété en commun (CGI, art. 238 bis M) . Il en est notamment ainsi, de plein
droit, des biens indivis entre les associés et affectés à l'exercice de l'activité
professionnelle (Rép. Longuet, AN 17 mars 1980, p. 1045) .
b. Une SP a la faculté de faire figurer à l'actif de son bilan les biens qui lui sont
affectés par les associés (CE 27 janvier 1986, n° 48420 et 48421 et 18 novembre 1991,
n° 92600 et 92712 ).
Une SP peut donc intégrer dans son bilan les biens apportés en jouissance (voir toutefois n° 4265 ).
c. L'amortissement des biens affectés par les associés à la SP est pratiqué par la SP sur
la base de leur valeur réelle à la date de l'affectation (Rép. Mesmin, AN 13 mars 1976,
p. 1002 et CE 1986 et 1991 précités).
Il y a transfert d'une personne fiscale à une autre personne fiscale.
Cette valeur réelle est la valeur vénale à la date de l'affectation.
d. L'amortissement par la SP est subordonné à la condition que les biens affectés
soient inscrits à l'actif de son bilan d'ouverture de l'exercice au titre duquel elle prétend
le pratiquer (CE 27 janvier 1986, n° 48420 et 48421) .
e. Si les biens affectés à la SP ne sont pas inscrits à son bilan fiscal, les associés
propriétaires demeurent en droit de les amortir dans leur propre comptabilité sur la base
de leur prix de revient (CE, 13 juillet 1979, n° 5763) .
Sauf, bien entendu, ceux qui doivent obligatoirement y être inscrits (voir a. ci-dessus).
En matière de TVA
4253-2
(voir pour plus de détails Mémento fiscal n° 4136 ) :
- les mouvements financiers internes ne sont pas passibles de la TVA ;
- les opérations réalisées avec les tiers ou avec les membres (sauf les précédentes) sont soumises à la TVA
selon les règles de droit commun ;
- pour l'application des droits à déduction, la SP constitue un secteur distinct d'activité ;
- les opérations réalisées dans le cadre de SP sont en principe déclarées par le gérant en même temps que ses
propres affaires. Si les opérations réalisées dans ce cadre ont une certaine permanence, la souscription d'une
déclaration séparée peut être autorisée par le service des impôts.
En matière de droits d'enregistrement
4253-3
(voir Mémento fiscal n° 6134 s. ), les apports faits aux SP (portés au bilan) sont passibles d'un droit d'apport
fixe à l'exclusion des apports d'immeubles exonérés.
En matière de taxe professionnelle
4253-4
(voir Mémento fiscal n° 3833 ), la taxe n'est pas due par la SP mais est établie au nom des associés connus des
tiers (CGI, art. 1476 et AII, art. 310 HP ).
Réglementation comptable
4254
Les règles en sont fixées par le PCG (art. 391-1 , 441/17 , 441/18 , 442/26 , 444/45 ,
446/65 , 447/75 et 531-2/14) . La comptabilisation des opérations faites par l'intermédiaire
d'une SP prend en considération les données suivantes :
- absence de personnalité morale ;
- reddition de comptes entre ses membres ;
- régime fiscal particulier ;
- sincérité, régularité des comptes et cohérence entre elles des comptabilités de ses
membres, la sincérité impliquant la mise en évidence des engagements de solidarité.
Les modalités de comptabilisation doivent s'efforcer de restituer aux opérations faites par
l'intermédiaire d'une SP, leur double aspect selon qu'on les considère :
- du point de vue des tiers pour lesquels seule compte l'apparence juridique ;
- du point de vue des coparticipants pour lesquels l'apparence juridique s'efface derrière
la réalité du contrat qui les lie, ce contrat pouvant, ou non, confier la responsabilité de la
gestion de la SP à un (ou des) gérant(s) contractant avec les tiers en son nom propre.
Les biens (qu'il s'agisse de valeurs immobilisées ou de valeurs d'exploitation) de chaque
coparticipant doivent figurer dans son bilan même s'ils sont réservés à la réalisation de
l'objet de la SP (apport en jouissance notamment).
Les mises de fonds entre coparticipants sont enregistrées au compte de tiers « Associés
- Opérations faites en commun ».
Les biens créés ou acquis dans le cadre de l'activité de la SP doivent figurer dans le
bilan du coparticipant qui en est le propriétaire (en règle générale le gérant).
Les opérations réalisées avec les tiers par les coparticipants en leur nom propre sont
inscrites dans la comptabilité de chacun d'entre eux dans les conditions habituelles. Il en est
de même pour les opérations réalisées entre coparticipants lorsque ces opérations sont
faites en leur nom propre.
Ces prescriptions, qui reprennent des recommandations du CNC de 1969 (NI n° 13 et Doc. n° 8) , ne tiennent
pas compte des incidences comptables des textes ultérieurs :
- réforme du Code civil (loi du 4 janvier 1978) , notamment possibilité de création d'une SP ostensible et d'apports
en indivision ;
- institution d'un « bilan » fiscal de la SP (loi du 29 décembre 1979) .
Organisation de la comptabilité
4255-1
Cadre et obligations comptables
Pour les associés, la comptabilité de la SP doit refléter la réalité économique du contrat
les liant et donc l'effet des opérations réalisées sur les résultats et sur les droits réciproques
des associés.
Pour les tiers, l'apparence juridique est à respecter et leur comptabilité doit rendre compte de la situation de
chaque associé vis-à-vis des tiers.
4255-2
Absence d'obligation comptable formelle
Compte tenu de l'absence de personnalité morale, la comptabilisation des opérations
réalisées par l'intermédiaire d'une SP n'est soumise à aucune obligation formelle, en
particulier de tenue de registres comptables et d'établissement de comptes sociaux.
Fiscalement, un « bilan » fiscal est à fournir (voir n° 4253-1 ).
4255-3
Choix d'une organisation comptable
Le regroupement des opérations faites par l'intermédiaire d'une SP peut être effectué sous
diverses formes qui sont fonction des clauses contractuelles et de l'organisation comptable
prévue par les coparticipants (CNC, NI n° 13) :
- regroupement des comptes dans la comptabilité de l'un d'eux (comptabilité centralisée)
selon diverses modalités ;
- regroupement des documents comptables si tous ou plusieurs d'entre eux contractent
apparemment pour leur propre compte (comptabilité dissociée).
Comptabilité centralisée
Le gérant responsable de la comptabilité, dispose de deux possibilités :
I. La comptabilité de la participation est autonome
(méthode dite de la comptabilité de société ) À l'intérieur de la comptabilité du gérant, ses
opérations propres et celles réalisées par l'intermédiaire de la SP sont tenues séparément et
reliées par le compte 188 « Compte de liaison des sociétés en participation » (cf PCG,
art. 441/18 ). Cette méthode est semblable à celle employée pour dissocier les comptabilités
des divers établissements d'une entreprise.
La SP dispose d'une comptabilité à l'intérieur de celle du gérant, mais isolée et comportant,
outre un compte de liaison réfléchi, l'ensemble des comptes qu'il est nécessaire d'ouvrir.
L'autonomie comptable est soit limitée aux comptes de gestion, soit étendue aux comptes de
bilan (classes 2 à 5) ou à certains d'entre eux (la SP n'ayant fréquemment pas de trésorerie
autonome, la classe 5 n'est pas utilisée).
Schématiquement :
COMPTABILITÉ DU GÉRANT
Exemple : Achat de 630 par le gérant pour le compte d'une SP ne tenant pas de comptes
de tiers.
II. La comptabilité de la participation est intégrée à celle du gérant :
Cette intégration est susceptible de poser des problèmes, notamment quant à l'établissement du « bilan »
fiscal. C'est pourquoi, en pratique, une solution - non prévue par le CNC - consiste à tenir une
comptabilité autonome en cours d'année (balance générale distincte), additionnée en fin d'année à la
comptabilité du gérant.
- soit par subdivision des comptes des classes 6 et 7, de sorte qu'il existe un jeu de
comptes affectés à la participation, parallèles aux comptes propres du gérant ;
- soit en faisant appel à la comptabilité analytique (les opérations sont traitées en
comptabilité générale comme si elles étaient réalisées par le gérant pour son propre compte,
la distinction étant faite en comptabilité analytique) ;
- soit en ouvrant un compte en classe 8 « Exploitation en participation » où les
opérations réalisées par la SP sont ventilées dans des sous-comptes par nature.
Comptabilité dissociée
La comptabilité est répartie entre plusieurs gérants, ou plusieurs (ou tous les) coparticipants.
Il est ensuite procédé au regroupement matériel des documents comptables et au cumul des
opérations analogues en éliminant l'effet des opérations réciproques.
Participation avec l'étranger
4255-4
Lorsque l'un des coparticipants est étranger, ou lorsqu'une partie des opérations est réalisée
à (ou avec) l'étranger, la comptabilité peut, à notre avis, être organisée selon l'un des
systèmes précédemment exposés.
Toutefois, afin de permettre une bonne dissociation des opérations, notamment pour des raisons fiscales,
il nous semble préférable de tenir une comptabilité autonome.
La comptabilisation des opérations en devises est faite selon l'une des méthodes exposées
au chapitre concernant les établissements multiples (voir n° 4045 s. ).
II. Schémas usuels de comptabilisation
II. Schémas usuels de comptabilisation
Nous distinguerons l'organisation de la comptabilité de ses membres pour tenir compte de
l'existence de la SP et l'enregistrement des opérations faites par son intermédiaire.
Dispositions générales
4260
Obligations
Il importe de tenir compte des obligations suivantes :
a. Le partage du résultat de la SP entre ses membres (C. civ., art. 1832) implique la
tenue d'une comptabilité le déterminant en respectant les principes et règles comptables.
b. La propriété des biens affectés à la SP fait l'objet de l' article 1872 du Code civil :
« À l'égard des tiers, chaque associé reste propriétaire des biens qu'il met à la disposition de la société. Sont
réputés indivis entre les associés les biens acquis par emploi ou remploi de deniers indivis pendant la durée de la
société et ceux qui se trouvaient indivis avant d'être mis à la disposition de la société. Il en est de même de ceux
que les associés auraient convenu de mettre en indivision. Il peut en outre être convenu que l'un des associés est,
à l'égard des tiers, propriétaire de tout ou partie des biens qu'il acquiert en vue de la réalisation de l'objet social. »
En conséquence, selon les modalités retenues dans les statuts, les immobilisations
affectées à une SP peuvent être de deux types :
- immobilisations propriété apparente d'un associé qui en concède la jouissance à la
SP, soit qu'il les apporte, soit qu'il les acquiert ou les produit dans le cadre de l'activité de la
SP ;
- immobilisations en indivision apportées à la SP, ou acquises ou produites avec des
deniers indivis.
c. Le « bilan » fiscal à établir doit comporter au moins les immobilisations indivis et être
accompagné d'un compte de résultat fiscal.
Choix à effectuer
Il en résulte différents choix à faire :
1. Quelle organisation comptable tenir ? Elle est fonction de l'importance, de la
complexité et de la durée des opérations réalisées par l'intermédiaire de la SP.
Selon le Guide comptable du bâtiment et des travaux publics, à tous égards une comptabilité autonome
paraît devoir être retenue dans cette branche où les opérations traitées en participation, du fait de leur importance
et de leur complexité, peuvent être sources d'erreurs ou de litiges ; d'autant que ce n'est pas toujours le gérant qui
réalise le plus grand nombre d'opérations pour le compte de la SP.
Elle permet en effet d'isoler tous les comptes de la SP, y compris les comptes de bilan (et pas seulement les
comptes de charges et de produits), ce qui constitue une information intéressante pour les coparticipants d'une
part, et facilite l'établissement de la déclaration annuelle des résultats à l'administration fiscale d'autre part. Elle
permet également de mesurer les flux de trésorerie générés par les opérations faites en commun, ce qui n'est pas
indifférent pour les appels de fonds aux coassociés et pour la détermination des charges financières (ou des
produits financiers), dont la rétrocession peut être prévue contractuellement. Enfin, la dispersion de l'exécution des
affaires traitées en participation (parfois sur toute la surface du globe) et le fait que, pour les professions
intéressées, les SP sont en général créées pour un marché déterminé, ne peuvent que renforcer l'idée selon
laquelle ces sociétés doivent, de préférence, faire l'objet de comptabilités distinctes de celle du gérant.
2. Quels éléments porter au « bilan » fiscal ? (cf n° 4253-1 ) Faut-il y porter uniquement
les biens en indivision (ce qui est une obligation) ou également (ce qui est une faculté) les
biens propriété apparente d'un des membres ?
4260-1
Pour examiner les schémas de comptabilisation, nous distinguerons :
-
les apports,
- les acquisitions et créations de biens dans le cadre de l'activité de la SP,
- les opérations d'exploitation par l'intermédiaire de la SP,
- l'arrêté des comptes de la comptabilité autonome avec le solde du compte de liaison et la
réouverture des comptes.
Nous utiliserons la méthode d'une comptabilité autonome tenue par le gérant associé
Dans ce cas, les comptes spécifiques à la SP sont les suivants, ceux qui figurent dans le
PCG étant suivis de la mention (PCG) :
178. Dettes rattachées à des sociétés en participation (PCG).
188. Comptes de liaison des sociétés en participation (PCG).
21x1. Immobilisations apportées en jouissance (affectées au bilan de la SP).
21x2. Immobilisations en indivision.
21x3. Immobilisations propriété apparente du gérant.
21x4. Immobilisations propriété apparente d'associés.
268. Créances rattachées à des sociétés en participation (PCG).
28x1. Amortissements des immobilisations apportées en jouissance.
28x2. Amortissements des immobilisations en indivision.
28x3. Amortissements des immobilisations propriété apparente du gérant.
28x4. Amortissements des immobilisations propriété apparente d'associés.
458. Associés - Opérations faites en commun (PCG) :
458. Associés - sociétés en participation ou
458. Gérant - sociétés en participation.
467. Autres débiteurs ou créditeurs divers - Gérant non associé.
478. Transit associé X.
655. Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun (PCG).
6551. Quote-part de bénéfice transféré (comptabilité du gérant).
6555. Quote-part de perte supportée (comptabilité des associés non gérants).
755. Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun (PCG).
7551. Quote-part de perte transférée (comptabilité du gérant).
7555. Quote-part de bénéfice attribuée (comptabilité des associés non gérants).
7913. Charges imputables à des sociétés en participation.
A. Apports
4261
La création de la SP, comme de toute société, implique la mise en commun par les
associés de biens ou de leur industrie ( C. civ., disposition générale de l'article 1832
applicable aux SP par l' article 1871 al. 2 ). D'où l'obligation d'y faire des apports ; mais la
SP, n'ayant pas la personnalité morale, ne peut avoir de capital. En conséquence, qu'il y ait
apports en nature, en numéraire ou en industrie, les associés ne peuvent en transférer la
propriété à la SP.
Leur traitement comptable est identique qu'il s'agisse des apports initiaux ou des appels de fonds
complémentaires ultérieurs décidés en fonction des besoins de trésorerie.
a. Apports en jouissance
4262
A notre avis, les biens de chaque coparticipant doivent figurer dans son bilan même s'ils
sont réservés à la réalisation de l'objet de la SP (apport en jouissance notamment). Le
coparticipant est, en effet, le bénéficiaire du droit réel en même temps que le propriétaire
apparent (précision de l'ancien PCG, p. II.133) .
Les modalités de leur amortissement ne sont pas précisées dans le PCG qui se limite aux biens acquis ou créés
dans le cadre de la SP.
Mais cette prescription n'empêche pas, dans un premier stade à l'intérieur de la comptabilité
juridique du gérant, d'utiliser la comptabilité autonome de la SP et d'en tirer un « bilan » et un
compte de résultat à usage interne et/ou fiscal.
Nous verrons donc les deux cas suivants :
- les biens ne sont pas affectés au « bilan » de la SP ;
- les biens sont affectés au « bilan » de la SP.
Le traitement comptable des immobilisations et des stocks étant identique, nous
n'exposerons que le cas des immobilisations qui est le plus complexe du fait de leur
amortissement.
Comptabilité autonome SP :
Comptabilité de l'associé apporteur :
Location de l'immobilisation à la SP
4263-2
pour un montant calculé sur son coût ou sur sa valeur vénale à la date de l'apport du bien à
la SP Elle fait l'objet :
- si le propriétaire est le gérant, d'une note de débit interne ;
- si le propriétaire est un autre associé, d'une facture adressée au gérant.
Location de l'immobilisation aux coassociés
(sans transiter par la SP)
4263-3
pour le montant de leur part dans son coût ou dans sa valeur vénale à la date de l'apport du
bien à la SP.
Comptabilité du gérant :
b. Apports en indivision
4266
Rappelons qu'ils doivent être inscrits au bilan fiscal de la SP (voir n° 4253-1 ).
La Commission juridique du CNC a exprimé l'avis (Doc. 39.80.11) que « l'application d'une
disposition purement fiscale ne saurait être étendue au droit des sociétés ; dans l'état actuel
des textes, chaque co-indivisaire doit inscrire à l'actif de son bilan sa quote-part
indivisible ».
Lors de son acquisition, chaque co-indivisaire a inscrit à son actif sa quote-part dans le coût
des biens apportés.
Lors de l'apport à la SP la comptabilisation est la suivante :
Comptabilité du gérant
L'immobilisation est enregistrée dans la comptabilité autonome de la SP aux comptes 21
× 2 « Immobilisations en indivision », la contrepartie étant :
- pour la part du gérant, le compte 188 « Liaison gérant » ;
En même temps, le bien est extrait de sa comptabilité propre en créditant le compte 21 par le débit du compte 188
« Liaison SP ».
- pour la part de ses co-indivisaires, le compte 478 « Transit associé X ».
En fin d'exercice, la dotation aux amortissements est débitée au compte 681 par le crédit du
compte 28 × 2 « Amortissements des immobilisations en indivision ». Puis, après
établissement de la balance des comptes de la SP, il est tenu compte de la part des co-
indivisaires :
- dans l'immobilisation et son amortissement ;
- dans la dotation aux amortissements (à notre avis lorsqu'il y a indivision, le partage du
résultat de la SP est à faire au niveau des charges et des produits).
Enfin, les comptes de la comptabilité autonome sont soldés et repris dans la comptabilité
propre du gérant.
Comptabilité de l'associé co-indivisaire
L'immobilisation est enregistrée dans sa comptabilité propre, puis transférée à la SP.
Lors de la reprise des comptes de la SP, il enregistre l'immobilisation et l'amortissement.
Exemple : apport d'un matériel amortissable en 4 ans, acheté 80, détenu en indivision à 60
% par le gérant A et 40 % par son associé B.
Comptabilité du gérant :
c. Apports en numéraire
4267
La situation est différente selon qu'il y a apports par le gérant ou par ses associés.
Comptabilité du gérant
Selon que des comptes de trésorerie particuliers sont affectés à la SP ou non :
a. Comptes de trésorerie affectés à la SP Le gérant enregistre les apports dans la
comptabilité autonome de la SP :
- ses apports sont crédités au compte 188 « Liaison gérant » ;
- ceux de ses associés sont crédités au compte 458 « Associés », un sous-compte étant
créé par associé.
Si la réalisation du contrat est de longue durée et ces fonds destinés à être maintenus dans la SP (caractère de
capitaux permanents), il y a intérêt à les distinguer des opérations courantes (dettes envers les associés
fournisseurs, part de résultat de ces associés) à l'intérieur du compte 458.
b. Utilisation de la trésorerie générale de l'entreprise Le gérant se limite à inscrire les
apports de ses associés dans sa comptabilité propre : ce sont des dettes envers eux
enregistrées au compte 458 « Associés - SP », un sous-compte étant ouvert pour chaque
associé.
Comptabilité des coassociés
Leurs apports sont une créance sur le gérant portée au débit du compte 458 « Gérant SP »
par le crédit du compte 512 « Banques ».
Exemple : Le gérant A apporte 150 en numéraire et son associé B 170.
Utilisation d'un compte bancaire réservé à la SP.
Comptabilité du gérant :
Comptabilité de l'associé B :
Immobilisations en indivision
Lorsque des biens acquis en remploi de deniers indivis - et donc réputés indivis - sont acquis par le gérant en son
nom, une clause contractuelle lui en donnant la propriété apparente (voir n° 4268 ), ils sont traités comptablement
en tant qu'immobilisations propriété apparente du gérant (voir n° 4269 ).
Sur le cas particulier de la part de quirat (copropriété de navire), voir n° 1940-4 .
4271
Les véritables indivisions (donc sans clause contractuelle ; voir n° 4268 ) sont traitées
comme suit :
Comptabilité du gérant
Dans la comptabilité autonome de la SP sont enregistrées :
- l'immobilisation à son coût au compte 21 × 2 « Immobilisations en indivision » par le crédit
du compte de banque,
- la dotation à l'amortissement de l'immobilisation par le crédit du compte 28 × 2 «
Amortissements des immobilisations en indivision ».
Après l'établissement de la balance des comptes de la SP, il est tenu compte de la part des
co-indivisaires :
- dans l'immobilisation et son amortissement ;
- dans la dotation aux amortissements (à notre avis, lorsqu'il y a indivision, le partage du
résultat de la SP est à faire au niveau des charges et des produits).
Enfin, les comptes de la comptabilité autonome sont soldés et repris dans la comptabilité
propre du gérant.
Comptabilité de ses co-indivisaires
Au vu des informations fournies par le gérant, ils enregistrent :
- leur part dans l'immobilisation,
- leur part dans le résultat (dotation aux amortissements).
Exemple : Matériel amortissable en 4 ans acheté 80 par l'indivision formée entre le gérant
A (60 %) et son associé B (40 %).
Comptabilité autonome de la SP (chez le gérant) :
E. Contrôle
4286
En ce qui concerne les contrats BTP de longue durée réalisés dans le cadre d'une société en participation
(complément au guide CNCC des BTP, Bull. n° 60, décembre 1985, p. 410 s., réalisé à la demande de la COB) , «
le commissaire aux comptes appréciera si l'incidence des limitations (exemple : impossibilité d'avoir accès à la
comptabilité du gérant, de visiter les chantiers exécutés dans le cadre de la participation, …) revêt une importance
relative significative et formulera alors une réserve ou exprimera l'impossibilité de certifier les comptes
annuels ».
SECTION VI
La société civile
4292
Voir pour toutes précisions le Mémento des sociétés civiles et, notamment :
Dispositions comptables générales
Voir n° 2200 s. ;
Dispositions comptables particulières :
- sociétés civiles immobilières de location, voir n° 5560 s.,
- sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), voir n° 6165 s.,
- sociétés civiles d'attribution, voir n° 6810 s.,
- sociétés civiles de construction-vente, voir n° 7650 s.,
- sociétés civiles professionnelles, voir n° 9320 s.,
- sociétés civiles de moyens, voir n° 9710 s.
CHAPITRE 19
Fusions et opérations assimilées