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Soquijj penal 1

Class 1 :

St-Germain c. R. = doctor, lien de causalité

Cette décision n'a fait l'objet d'aucun appel ou révision judiciaire à ce jour.

Parties ABRÉGÉ : St-Germain c. R. Juridiction


Résumé
Le soir du 2 novembre 1972, l'accusé, en tant que médecin omnipraticien, était seul en
charge de l'urgence d'un hôpital. Il a refusé de soigner un patient, reconnu comme un
cirrhotique alcoolique, qui lui était amené. Celui-ci est mort d'une hémorragie pendant
qu'on le transportait vers un autre hôpital. L'accusé a été déclaré coupable de négligence
criminelle causant la mort. La Cour d'Appel renverse ce jugement et prononce un
acquittement. La Cour d'Appel considère que la Couronne n'a prouvé que trois des quatre
éléments essentiels de l'infraction reprochée de négligence criminelle causant la t (art.
202, 203 C.Cr.), soit: le devoir légal de l'accusé de prodiguer des soins médicaux à la
victime, l'omission par l'accusé de prodiguer de tels soins et la négligence criminelle de
l'accusé en agissant ainsi.
La Couronne n'a cependant pas fait une preuve hors de tout doute raisonnable du
quatrième élément essentiel de l'infraction, soit le lien de causalité entre la négligence
criminelle et la mort. L'appelant bénéficie de ce doute. Le devoir légal de l'accusé de
prodiguer des soins à la victime ne lui était pas imposé par le Code criminel car les
articles 198 et 199 C.Cr. supposent un acte positif d'entreprendre alors qu'on reproche à
l'accusé une abstention. Le terme «la loi» utilisé à l'article 202(2) C.Cr. ne s'entend pas
seulement d'une législation criminelle fédérale. Il désigne toute disposition législative
applicable à une personne dans des circonstances déterminées. Le devoir légal de l'accusé
lui était imposé par la Loi médicale et la Loi des hôpitaux ainsi que par les règlements
adoptés sous leur empire. Toutes ces dispositions, édictées par la législature provinciale
ou par délégation du pouvoir de celle-ci, ont force de loi et font partie de «la loi».
La preuve est à l'effet que l'accusé a omis de prodiguer des soins médicaux. Par «soins
médicaux», il faut entendre non seulement un traitement, une thérapie, mais aussi
l'examen du malade en vue de poser un diagnostic. En omettant de faire quelque chose
qu'il était de son devoir de faire, l'accusé a démontré une insouciance déréglée et
téméraire à l'égard de la vie du patient qui lui était amené et a donc été criminellement
négligent. L'excuse du manque d'espace est un prétexte non fondé pour refuser de
recevoir et examiner un patient à l'urgence. L'accusé se devait au moins d'examiner le
patient. Les articles 207 et 209 du Code criminel ne peuvent servir de preuve de lien de
causalité entre la négligence criminelle et la mort. Ces dispositions se trouvent dans la
section du Code criminel qui traite de l'homicide et non dans celle qui traite de la
négligence criminelle. Pour que ces dispositions s'appliquent à un accusé, il faut qu'on
puisse lui imputer un acte positif alors qu'il s'agit ici d'une abstention. Ce n'est pas le
comportement de l'accusé qui a causé la mort de la victime, mais bien une maladie, un
désordre de son organisme. Si l'autopsie était le seul moyen qui aurait permis de
déterminer scientifiquement la cause du décès, la source de l'hémorragie et, par
conséquent, la nature des soins et traitements qui auraient pu lui sauver la vie, l'absence
d'autopsie n'équivaut pas à priver l'accusé d'une défense pleine et entière. La Couronne
n'est pas tenue d'apporter la preuve des constatations faites lors d'une autopsie.
La preuve que le décès était, hors de tout doute raisonnable, imputable à la négligence
criminelle de l'accusé peut être faite autrement. Il faut voir si l'absence de soins a causé la
mort. L'inaction du médecin a pu hâter le décès mais, en droit, cette inaction n'en devient
pas pour autant cause de la mort. Il résulte de la preuve médicale que l'accusé n'était pas
en mesure d'administrer les traitements qui auraient été de nature à sauver la vie à la
victime, parce que ceux-ci relevaient de spécialistes et non d'un omnipraticien. Seule une
transfusion de sang ou d'un soluté aurait pu être prescrite par l'accusé, mais personne ne
peut affirmer que cela aurait empêché le décès de la victime; tout au plus, cela aurait
prolongé sa vie. L'accusé doit bénéficier de ce doute sérieux que l'absence de soins ait
causé la mort de la victime.

APPEL de la déclaration de culpabilité à l'accusation de négligence criminelle causant la


mort, prononcée par M. le juge J.-Redmond Roche de la Cour des sessions de la paix de
Montréal, le 28 février 1974.
Accueilli, acquittement prononcé. Législation CITÉE : Code criminel (S.R.C. 1970, c. C-
34), art. 2, 3, 5 (2), 25 (1), 26, 122, 198, 199, 202, 203, 207, 209, 254 (3), 285, 333, 392
(1), 517 Preuve au Canada (Loi sur la), (S.R.C. 1970, c. E-10), art. 37
Hôpitaux (Loi des), (S.R.Q. 1964, c. 164)
Médicale (Loi), (S.R.Q. 1964, c. 249)
Hôpitaux (Règlements de la Loi des), A.C. 288 du 31-01-1969, (1969) 101 G.O. II 1593,
art. 185, 312 Médecins et chirurgiens de la province de Québec ayant trait aux actes
dérogatoires à l'honneur et à la dignité professionnels (Modification aux règlements de la
Corporation du collège des), A.C. 3391 du 06-10-1971, (1971) 103 G.O. 8091, art. 52, 52

R. c. Morelli (C.S. Can., 2010-03-19), 2010 CSC 8, SOQUIJ AZ-50618415, 2010EXP-


1068, J.E. 2010-576, [2010] 1 R.C.S. 253 = porn , posession

INSTANCE : Cour suprême du Canada (Sask.) (C.S. Can.)

Signalement(s)

Selon les juges majoritaires, le seul fait de regarder au moyen d'un navigateur Web une
image illégale de pornographie juvénile stockée sur un site hébergé sur Internet ne permet
pas d'établir le degré de contrôle nécessaire pour conclure à la possession de
pornographie juvénile au sens de l'article 163.1 (4) C.Cr.; contrairement à l'infraction
d'accès à la pornographie juvénile prévue à l'article 163.1 (4.1) C.Cr., la personne doit
sciemment acquérir les fichiers de données sous-jacents et les garder dans un lieu sous
son contrôle pour être reconnue coupable de possession. Le mandat de perquisition ayant
permis la fouille et la saisie de l'ordinateur de l'accusé, inculpé pour possession de
pornographie juvénile, n'était pas valide, la dénonciation contenant des passages
trompeurs, inexacts et incomplets; par conséquent, les droits garantis à l'article 8 de la
Charte canadienne des droits et libertés ont été violés et il y a lieu d'écarter la preuve
obtenue en vertu de l'article 24 paragraphe 2 de la charte.

Résumé

Pourvoi à l'encontre d'un arrêt de la Cour d'appel de la Saskatchewan ayant confirmé la


culpabilité de l'accusé. Accueilli, avec dissidence.

Faits :
Le 5 septembre 2002, un technicien en informatique s'est présenté sans préavis chez
l'accusé pour installer le service Internet haute vitesse que ce dernier avait demandé.
L'accusé vivait avec sa femme et deux enfants, âgés de trois et sept ans. Ce jour-là, il était
seul avec sa fille de trois ans. Lorsque le technicien a ouvert le navigateur Web de
l'accusé, il a remarqué que plusieurs liens vers des sites de pornographie juvénile et
adulte figuraient dans la liste des «favoris» de la barre des tâches, dont deux liens
intitulés «Lolita Porn» et «Lolita XXX».
Il a également vu une image pornographique légale, mais il a été incapable de se rappeler
par la suite si elle se trouvait sur la page d'accueil du navigateur ou de l'ordinateur. Dans
la pièce, il a remarqué des vidéos amateurs et, posée sur un trépied, une webcaméra
branchée à un magnétoscope et braquée sur les jouets et l'enfant. N'ayant pas été en
mesure de terminer son travail le jour même, le technicien est revenu le lendemain matin
et a remarqué qu'on avait mis de l'ordre: les jouets de l'enfant avaient été rangés dans une
boîte, les bandes vidéo étaient hors de vue, la webcaméra était orientée vers le siège
devant l'ordinateur et le disque dur de l'ordinateur avait été «formaté».
En novembre, inquiet pour la sécurité de l'enfant, le technicien a fait rapport de ses
observations à une travailleuse sociale, qui a communiqué avec la GRC. Le technicien a
fait une déposition au gendarme O. le 8 janvier 2003. Après la rencontre, O. a consulté le
caporal B., du Groupe de la criminalité technologique de la GRC, qu'il savait avoir déjà
mené des enquêtes sur des crimes liés à l'utilisation d'ordinateurs et d'autres dispositifs
technologiques.
B. a affirmé que les délinquants de ce type étaient des délinquants d'habitude qui ne
cesseraient pas leurs pratiques informatiques en matière de pornographie juvénile et que
ces données demeureraient sur le disque dur de l'ordinateur. O. s'est également entretenu
avec l'agent H. qui, d'après un procureur de la Couronne, avait déjà mené des enquêtes
concernant des infractions d'exploitation des enfants. H. a informé O. que ces délinquants
conservaient précieusement des collections dans leur ordinateur et aimaient les stocker et
en faire des sauvegardes. O. a de plus vérifié si la résidence de l'accusé possédait toujours
une connexion active à l'Internet.
Cela fait, il a rédigé une dénonciation en vue d'obtenir un mandat de perquisition, et un
mandat a été décerné le 10 janvier en vertu de l'article 487 du Code criminel (C.Cr.)
l'autorisant à fouiller l'ordinateur de l'accusé. Des images de pornographie juvénile ont été
découvertes dans l'ordinateur de ce dernier et il a été accusé de possession de
pornographie juvénile, une infraction prévue à l'article 163.1 (4) du Code criminel.
Au procès, il a contesté en vain la validité du mandat de perquisition sur le fondement de
l'article 8 de la Charte canadienne des droits et libertés. La juge du procès l'a déclaré
coupable, et les juges majoritaires de la Cour d'appel ont confirmé sa déclaration de
culpabilité.

DÉCISION

le juge Fish, à l'opinion duquel souscrivent la juge en chef McLachlin et les juges Binnie
et Abella:
La dénonciation se limitait à des allégations de possession de pornographie juvénile, au
sens de l'article 163.1 (4) C.Cr., et ne présentait pas d'allégations d'accès à de la
pornographie juvénile, une infraction prévue à l'article 163.1 (4.1). Le seul fait de
regarder au moyen d'un navigateur Web une image illégale stockée sur un site hébergé
dans l'Internet ne permet pas d'établir le degré de contrôle nécessaire pour conclure à la
possession. Il en va de même pour le fait de créer un «favori» ou une «icône» dans
l'ordinateur. Pour être coupable de l'infraction de possession de pornographie juvénile,
contrairement à l'infraction d'accès, la personne doit sciemment acquérir les fichiers de
données sous-jacents et les garder dans un lieu sous son contrôle. C'est le fichier de
données sous-jacent qui constitue «l'objet» stable pouvant être transféré, stocké et
possédé.
La mise en cache automatique d'un fichier sur le disque dur, sans plus, n'emporte pas la
possession. Bien que le fichier mis en cache soit en un «lieu» sous le contrôle de
l'utilisateur, il faut, pour prouver la possession, démontrer que l'utilisateur a sciemment
stocké et conservé le fichier dans la mémoire cache. Une dénonciation en vue d'obtenir
un mandat de perquisition visant la découverte d'éléments de preuve de possession, et non
d'accès, doit donc fournir des motifs raisonnables de croire que le prétendu délinquant a
en sa possession (ou a eu en sa possession) des fichiers numériques contenant une image
illicite et que la preuve de cette possession sera découverte dans le lieu visé par la
perquisition au moment où le mandat a été demandé.
En l'espèce, la fouille et la saisie de l'ordinateur de l'accusé ont violé le droit que lui
garantit l'article 8 de la charte. Même une fois corrigée et complétée lors de la révision, la
dénonciation était insuffisante pour qu'un juge de paix conclue raisonnablement à
l'existence de motifs valables pouvant justifier la perquisition et la fouille. La
dénonciation ne faisait aucune allusion à la perpétration possible de l'infraction distincte
d'accès à de la pornographie juvénile et, abstraction faite des irrégularités et des lacunes
de la dénonciation, il ne restait vraiment que deux liens Internet, vus quatre mois plus tôt
dans le menu «Favoris» du navigateur Web sur un ordinateur qui a ensuite été formaté, ce
qui a eu pour effet de supprimer ces deux liens.
La présence antérieure des deux liens intitulés «Lolita» permet l'inférence raisonnable
que l'accusé a visité un site Web présentant des images à caractère sexuel explicite
d'adolescentes de moins de 18 ans, mais une telle conclusion ne suffit pas à établir la
possession. Les passages trompeurs de la dénonciation qui donnaient à penser que le
technicien avait effectivement vu du matériel pornographique illégal dans l'ordinateur,
alors qu'il s'agissait seulement de «favoris» ayant des titres suspects, doivent être
retranchés. L'affirmation selon laquelle des images pornographiques d'enfants ont en fait
été vues à l'ordinateur est complètement fausse. Outre les fausses déclarations, la
dénonciation présentait dans plusieurs passages une version incomplète et trompeuse des
faits, en contravention de l'obligation du dénonciateur d'exposer de manière complète et
sincère tous les renseignements pertinents. Il n'est pas mentionné dans la dénonciation,
comme la preuve présentée lors du voir-dire le révèle, que les deux «favoris» étaient
simplement dispersés «parmi les favoris» entre d'autres liens renvoyant à du «matériel
adulte ordinaire». Ne pas le mentionner donne une impression trompeuse. Une fois bien
compris le fait que les «favoris» suspects représentaient en réalité des exceptions, parmi
beaucoup d'autres liens incontestablement légaux, l'argument portant que l'accusé avait
des images illicites en sa possession perd beaucoup de force.
En outre, la description de la webcaméra et de son emplacement est immédiatement
juxtaposée à la description des «favoris» suspects et aux affirmations du technicien selon
lesquelles il avait «remarqué "Lolita Porn"», ce qui laisse clairement entendre que
l'accusé produisait (et possédait) peut-être son propre matériel pornographique illégal. Or,
la dénonciation n'incluait pas un certain nombre de faits additionnels connus de la police.
Premièrement, l'enfant de trois ans dont il est question dans la dénonciation, mais dont
l'identité n'est pas révélée, était en fait la fille de l'accusé. Deuxièmement, il y est énoncé
que l'accusé était seul avec sa fille à la maison, sans mention du fait que sa conjointe
vivait avec eux. Troisièmement, les faits suivants ne sont pas précisés non plus: l'enfant
était entièrement vêtue, il n'y avait aucune preuve d'abus, la salle d'ordinateur était munie
d'une barrière pour enfants et semblait servir aussi de salle de jeux, et l'enfant s'amusait
avec les jouets éparpillés dans le milieu de la pièce lorsque le technicien est arrivé. Bien
que la juge siégeant en révision ait conclu qu'il n'y avait eu aucune tentative délibérée de
tromper, il est néanmoins évident que la présentation sélective des faits par le policier a
tracé un portrait moins objectif et plus effroyable de la situation que s'il avait divulgué
tous les renseignements pertinents dont il disposait à l'époque. Il semble beaucoup plus
plausible que l'accusé utilisait simplement le magnétoscope et la webcaméra pour filmer
sa fillette en train de jouer afin d'en garder un souvenir, plutôt qu'à une fin liée à la
pornographie juvénile. Pour croire que l'on trouverait une preuve de possession quatre
mois après que le disque dur a été effacé, il faut accepter que l'accusé avait copié les
images illicites sur des dispositifs externes avant de formater le disque dur ou qu'il avait
acquis de nouvelles images illicites depuis. Bien que la dénonciation appuie les
inférences relatives au comportement probable de l'accusé sur des généralisations
énoncées par B. et H. quant à la propension des «délinquants de ce type» à accumuler et à
copier des images illicites, la dénonciation n'établit ni la véracité de la généralisation au
sujet des présumés «délinquants de ce type», ni que l'accusé est effectivement d'un tel
«type». La dénonciation ne contient aucune preuve en la matière outre les affirmations
sommaires des deux policiers et ne contient pratiquement aucun élément qui décrive, et
encoremoins établisse, l'expertise des policiers.
De plus, la catégorie de personnes à qui certaines tendances sont attribuées est définie en
termes tellement vagues qu'elle n'a aucune signification réelle. Il n'y a aucun motif de
croire, à la lumière de la dénonciation et de la preuve complémentaire présentée, que tous
les pédopornophiles conservent, stockent, trient et catégorisent leurs images. Permettre de
s'appuyer sur de larges généralisations à propos de groupes de personnes vaguement
définis favoriserait le recours systématique aux stéréotypes et aux préjugés plutôt qu'à la
preuve. Il n'appartient pas aux tribunaux de consacrer, par une décision judiciaire, de
larges généralisations sur les «propensions» de certains «types» de personnes, y compris
des délinquants. Il est préférable de laisser au ministère public le soin d'établir ce genre
de faits, conformément à la norme pertinente — en l'espèce, celle des motifs raisonnables
de croire. Dans le cas qui nous occupe, la présence de deux liens portant un titre suspect
dans les «favoris» ne suffit pas à qualifier une personne de pédopornophile d'habitude du
type qui recherche et accumule des images illicites. Le fait que la majeure partie du
matériel pornographique vu par le technicien chez l'accusé constituait de la pornographie
adulte légale laisse entendre que l'accusé n'avait pas un intérêt «marqué» pour la
pornographie juvénile. La présence d'une webcaméra servant de caméscope et branchée à
un magnétoscope n'a qu'un lien ténu avec le crime reproché. Même s'il était vrai que
l'accusé était versé dans l'enregistrement de bandes vidéo et dans leur sauvegarde en vue
d'une utilisation ultérieure — comme presque tout le monde qui possède un caméscope
— ce fait ne révèle rien au sujet d'une éventuelle propension à stocker des images de
nature différente (de la pornographie juvénile), sur un support différent (un ordinateur,
par opposition à une bande vidéo), acquises d'une manière différente (par téléchargement,
et non par enregistrement vidéo). L'assimiler à un type susceptible d'accumuler des
images illicites consiste à tirer une inférence procédant de la conjecture interdite. Le
comportement de l'accusé après la visite du technicien n'étaye pas non plus la conclusion
selon laquelle il était le type de personne susceptible de rechercher et d'accumuler de la
pornographie juvénile. L'accusé aurait très bien pu mettre de l'ordre dans la pièce et
formater son ordinateur simplement pour éviter d'éprouver à nouveau de la gêne du fait
qu'un étranger verrait le désordre qui règne chez lui et remarquerait des indices de sa
consommation de pornographie dans son ordinateur. Le comportement de l'accusé peut
éveiller les soupçons, mais, en droit, les soupçons ne sauraient remplacer des motifs
raisonnables.
La preuve obtenue lors de la perquisition illégale devrait être écartée en vertu de l'article
24 paragraphe 2 de la charte. Lorsque les trois facteurs pertinents sont mis en balance,
l'admission de la preuve obtenue illégalement en l'espèce déconsidérerait l'administration
de la justice. La juge du procès a conclu à l'absence de toute tentative délibérée d'induire
en erreur et était d'avis que le policier qui a fait la dénonciation sous serment n'a pas mal
agi délibérément, mais la considération dont jouit l'administration de la justice serait
néanmoins grandement érodée, particulièrement à long terme, si les procès criminels
pouvaient être instruits sur le fondement d'une preuve recueillie dans le «lieu» le plus
intime de la maison grâce à des dénonciations trompeuses, inexactes et incomplètes qui
ont mené à la délivrance d'un mandat de perquisition. Le public ne doit pas douter que les
atteintes à la vie privée sont justifiées au préalable par la démonstration véritable de
motifs probables.

Législation CITÉE :
Charte canadienne des droits et libertés (L.R.C. 1985, app. II, no 44, annexe B, partie I),
art. 8, 24 paragr. 2 Code criminel (L.R.C. 1985, c. C-46), art. 4 (3), 4 (3) a), 4 (3) a) (i), 4
(3) a) (ii), 4 (3) b), 163.1, 163.1 (4) (1993), 163.1 (4.1) (1993), 163.1 (4.2), 163.1 (6), 487
American Bill of Rights, Adopté le 28 septembre 1789

R. c. Terrence (C.S. Can., 1983-03-24), SOQUIJ AZ-83111034, J.E. 83-414, [1983] 1


R.C.S. 357 = possession
Juridiction INSTANCE : Cour suprême du Canada (C.S. Can.) DISTRICT : Ont.

Interprétation
LÉGISLATION : Code criminel (S.R.C. 1970, c. C-34), art. 3 (4) b)
TERMES : possession

DÉCISION
Droit pénal — possession illégale d'une automobile contrairement à l'article 313 a) C.Cr.
— interprétation de possession à l'article 3 (4) b) C.Cr. — déclaration de culpabilité en
première instance — appel accueilli par la Cour d'Appel d'Ontario qui statua que, pour
établir possession, il faut une preuve de contrôle de la part de l'accusé — pourvoi rejeté,
acquittement maintenu.

L'appelant raconte être allé faire une promenade avec un ami qui lui dit que la voiture
appartenait à son beau-frère. Le juge du procès refusa de croire cette version et préféra
tenir pour acquis qu'il savait que le véhicule était volé. Dans le présent cas, il n'y a aucune
suggestion voulant que l'intimé ait participé d'aucune façon au vol d'auto qui se produisit
quelque temps avant qu'on l'invite à une ballade et, de plus, aucune intention commune
ne transparaît en rapport avec l'infraction de possession. La Cour suprême entérine la
position de la Cour d'Appel pour dire qu'un des éléments constitutifs et essentiels de la
possession au sens de l'article 3 (4) b) C.Cr. nécessite un certain contrôle chez la
personne supposée être en possession d'un bien volé.

Législation CITÉE :
Code criminel (S.R.C. 1970, c. C-34), art. 3 (4) b), 5 (2), 21, 306 (2) a), 313 a), 621 (1)
b)

R. c. Beatty, 2008 CSC 5 (CanLII), [2008] 1 RCS 49 - extraits

Signalement(s)
Le juge doit être convaincu que le comportement objectivement dangereux de l'accusé
était accompagné de la mens rea requise et, en l'espèce, la conduite dangereuse de celui-ci
est attribuable à une inattention momentanée; considéré objectivement, cet acte de
négligence est une preuve insuffisante pour conclure à un écart marqué par rapport à la
norme de diligence que respecterait un conducteur prudent.

Résumé
Pourvoi à l'encontre d'un jugement de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique ayant
annulé les acquittements prononcés en faveur de l'accusé inculpé sous trois chefs
d'accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort et ordonné la tenue d'un nouveau
procès. Accueilli. L'accusé a été inculpé de trois chefs de conduite dangereuse d'un
véhicule à moteur ayant causé la mort, infraction décrite à l'article 249 (4) du Code
criminel (C.Cr.). L'accident à l'origine de ces accusations est survenu quand la
camionnette de l'accusé a, sans raison apparente, traversé soudainement la ligne médiane
pour se retrouver dans la voie d'une voiture circulant en sens inverse, dont les trois
occupants ont été tués lors de la collision. Des témoins roulant derrière la voiture des
victimes ont constaté que l'accusé conduisait son véhicule de façon appropriée avant
l'accident. L'inspection effectuée par un expert a permis d'établir que le véhicule de
l'accusé ne présentait aucune défectuosité mécanique. Aucune substance intoxicante n'a
joué un rôle dans l'accident. L'accusé a déclaré qu'il n'était pas certain de ce qui s'était
passé, mais qu'il avait dû perdre conscience ou s'endormir et entrer en collision avec
l'autre véhicule. La question qui a divisé les juridictions inférieures était celle de savoir si
cet acte de négligence momentanée était suffisant pour constituer l'infraction de conduite
dangereuse d'un véhicule à moteur prévue à l'article 249 (4). La juge du procès a conclu
que ces quelques secondes de conduite négligente ne permettaient pas, à elles seules, de
conclure à un écart marqué par rapport à la norme de diligence que respecterait un
conducteur raisonnablement prudent. La Cour d'appel a annulé les acquittements et
ordonné la tenue d'un nouveau procès, jugeant que le comportement de l'accusé qui a
franchi la ligne médiane et s'est retrouvé dans la voie inverse devait forcément être
considéré comme objectivement dangereux et comme un «écart marqué» par rapport à la
norme de diligence requise. La question déterminante devenait donc celle de savoir si
l'explication de l'accusé permettait de douter raisonnablement qu'une personne
raisonnable aurait été consciente des risques que ce comportement entraînait.

DÉCISION

Mme la juge Charron, à l'opinion de laquelle souscrivent les juges Bastarache,


Deschamps, Abella et Rothstein: Un comportement constituant un écart par rapport à la
norme à laquelle on s'attendrait à voir se conformer une personne raisonnablement
prudente forme la base tant de la négligence civile que de la négligence pénale. Toutefois,
contrairement à la négligence civile, qui s'intéresse à la répartition de la perte, la
négligence pénale vise à sanctionner un comportement blâmable. Suivant les principes
fondamentaux de la justice pénale, les règles relatives à la négligence pénale doivent tenir
compte non seulement du comportement dérogeant à la norme, mais aussi de l'état mental
de l'auteur de l'infraction. Le critère objectif modifié établi dans R. c. Hundal (C.S. Can.,
1993-03-11), SOQUIJ AZ-93111025, J.E. 93-584, [1993] 1 R.C.S. 867, reste le critère
approprié pour déterminer la mens rea requise dans le cas des infractions criminelles
fondées sur la négligence. [6-7] Le ministère public est tenu de prouver à la fois l'actus
reus et la mens rea de l'infraction de conduite dangereuse d'un véhicule à moteur. En ce
qui a trait à l'actus reus, le comportement de l'accusé est examiné à la lumière du libellé
de l'article 249. Le juge des faits doit être convaincu, hors de tout doute raisonnable,
qu'objectivement l'accusé conduisait «d'une façon dangereuse pour le public, eu égard
aux circonstances, y compris la nature et l'état du lieu, l'utilisation qui en est faite ainsi
que l'intensité de la circulation à ce moment ou raisonnablement prévisible dans ce lieu».
Comme l'indiquent clairement les termes de la disposition, c'est la façon de conduire le
véhicule à moteur qui est en cause, et non la conséquence de cette conduite. La
conséquence — par exemple des décès, comme en l'espèce — peut entraîner l'infraction
plus grave prévue à l'article 249 (4), mais elle n'a aucune incidence sur la question de
savoir si l'infraction de conduite dangereuse a été établie ou pas. [6] [43] [46]
Le juge des faits doit également être convaincu, hors de tout doute raisonnable, que le
comportement objectivement dangereux de l'accusé était accompagné de la mens rea
requise. Dans son appréciation objective, le juge des faits doit être convaincu, à la
lumière de l'ensemble de la preuve, y compris la preuve relative à l'état d'esprit véritable
de l'accusé, si une telle preuve existe, que le comportement en cause constituait un écart
marqué par rapport à la norme de diligence que respecterait une personne raisonnable
dans la même situation que l'accusé. En outre, si l'accusé offre une explication, il faut
alors, pour qu'il y ait déclaration de culpabilité, que le juge des faits soit convaincu qu'une
personne raisonnable dans des circonstances analogues aurait dû être consciente du risque
et du danger inhérents au comportement de l'accusé. Sauf incapacité d'apprécier le risque
ou incapacité d'éviter de le créer, les qualités personnelles de l'accusé telles que l'âge,
l'expérience et le niveau d'instruction ne sont pas pertinentes. La norme par rapport à
laquelle le comportement doit être apprécié est celle du comportement auquel on s'attend
de la part d'une personne raisonnablement prudente dans les circonstances. Toutefois,
pour apprécier le caractère raisonnable du comportement, il faut placer la personne
raisonnable dans les circonstances où se trouvait l'accusé lorsque les événements se sont
produits. [40] [43]

Eu égard aux circonstances de l'espèce, le fait que l'accusé n'a pas maintenu son véhicule
dans sa voie était dangereux pour les autres usagers de la route et l'actus reus de
l'infraction décrite à l'article 249 est établi. Cependant, il n'est pas satisfait aux exigences
relatives à la mens rea. Il n'y avait aucune preuve démontrant la moindre intention
délibérée de créer un danger indicative d'un écart marqué par rapport à la norme. En fait,
la preuve limitée qui a été présentée à propos de l'état mental véritable de l'accusé tendait
plutôt à démontrer que la conduite dangereuse était attribuable à une inattention
momentanée. Il n'y avait aucune preuve de conduite inappropriée avant que le véhicule de
l'accusé ne traverse momentanément la ligne médiane. Considéré objectivement, cet acte
de négligence momentané était une preuve insuffisante pour permettre de conclure à un
écart marqué par rapport à la norme de diligence que respecterait un conducteur prudent.
[51-52]

Mme la juge en chef McLachlin, à l'opinion de laquelle souscrivent les juges Binnie et
LeBel: L'exigence de l'«écart marqué» s'applique à la fois à l'actus reus et à la mens rea
de l'infraction de conduite dangereuse d'un véhicule à moteur. L'actus reus exige un écart
marqué par rapport à la façon normale de conduire. La mens rea se déduit en général de
l'écart marqué dans la façon de conduire, même s'il est possible que, dans un cas donné,
la preuve exclue cette déduction ou suscite un doute raisonnable à cet égard. [61] [67]

Une inattention momentanée ne peut à elle seule établir l'actus reus et la mens rea de
l'infraction de conduite dangereuse, et, de façon plus particulière, satisfaire à l'exigence
relative à l'écart marqué par rapport à la norme de conduite qui est requis pour prouver
l'actus reus. Cependant, des éléments de preuve additionnels peuvent démontrer qu'une
inattention momentanée s'inscrit dans un comportement plus général qui, considéré
globalement, établit l'écart marqué par rapport à la norme qui est requis pour l'infraction
de conduite dangereuse. Il appartient au juge des faits de considérer objectivement
l'ensemble de la preuve pour déterminer si l'actus reus d'une façon de conduire
constituant un écart marqué par rapport à la norme a été établi. Dans l'affirmative, la
mens rea sera déduite de la façon générale de conduire, sauf si l'accusé présente une
excuse, par exemple une maladie soudaine et imprévue, faisant naître un doute
raisonnable quant à la présence de l'intention criminelle. Dans le cas d'une inattention
momentanée, le ministère public n'est pas tenu, pour établir l'infraction de conduite
dangereuse, de prouver que l'accusé avait subjectivement l'intention de conduire d'une
manière constituant un écart marqué par rapport à la norme et de mettre des vies en
danger. [72] [75] [77]

En l'espèce, l'écart marqué requis dans le cas de l'infraction de conduite dangereuse d'un
véhicule à moteur n'a pas été établi. La seule preuve contre l'accusé est celle d'une
inattention momentanée. Le ministère public n'est pas parvenu à prouver que, considérée
globalement, la façon de conduire de l'accusé constituait un écart marqué par rapport à la
norme de diligence que respecterait un conducteur raisonnablement prudent, il n'a par
conséquent pas établi l'actus reus de l'infraction. [70] [81]

M. le juge Fish: L'actus reus de la conduite dangereuse se compose des éléments de cette
infraction énoncés à l'article 249 (1) C.Cr. Par conséquent, quiconque commet cet actus
reus avec la mens rea requise est coupable de conduite dangereuse. La mens rea peut être
établie de deux façons. Dans de rares cas, la poursuite est en mesure de prouver que
l'accusé a délibérément conduit d'une façon dangereuse. La décision de l'accusé de
conduire d'une façon dangereuse au sens de l'article 249 (1) a), tout comme sa conscience
d'agir ainsi, correspond à une mens rea subjective. La mens rea peut également être
établie — ce qui est d'ailleurs généralement le cas — en démontrant que l'accusé n'a pas
satisfait à la norme objective du comportement qu'aurait eu une personne raisonnable
placée dans des circonstances analogues. Dans de tels cas, l'élément de faute ne réside pas
dans l'écart marqué par rapport à la norme du comportement qu'aurait eu un conducteur
raisonnablement prudent, mais plutôt dans le fait qu'un tel conducteur, placé dans les
circonstances où se trouvait l'accusé, aurait été conscient du risque de ce comportement
et, s'il avait été en mesure de le faire, aurait agi afin de l'éviter. Cependant, la présence de
l'élément moral requis ne peut être inférée que dans les cas où le comportement reproché
constitue un écart marqué par rapport à la norme; une telle inférence ne peut être tirée du

Législation CITÉE :
Charte canadienne des droits et libertés (L.R.C. 1985, app. II, no 44, annexe B, partie I),
art. 7 Constitutionnelle de 1867 (Loi) (A.A.N.B.), (L.R.C. 1985, app. II, no 5), art. 91
(27) Code criminel (L.R.C. 1985, c. C-46), art. 219, 249, 249 (1), 249 (1) a), 249 (4)
Code criminel (S.R.C. 1970, c. C-34), art. 202 Motor Vehicle Act (R.S.B.C. 1979, c.
288), art. 94 (2

R. c. Maybin, 2012 CSC 24 (CanLII), [2012] 2 RCS 30


Signalement(s)
- Le plus haut tribunal du pays se prononce sur la question de savoir dans quelles
circonstances l'acte intermédiaire d'un tiers rompt le lien de causalité entre l'acte
de l'accusé et la mort de la victime et décharge ainsi ce dernier de toute
responsabilité juridique pour homicide involontaire coupable.

Résumé

Pourvoi à l'encontre d'un arrêt de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique ayant


annulé les acquittements prononcés et ordonné la tenue d'un nouveau procès. Rejeté. Tard
la nuit, dans un bar bondé, les frères accusés, T. et M., ont assené à la victime plusieurs
coups de poing au visage et à la tête. T. a fini par lui donner un coup qui lui a fait perdre
connaissance. En quelques secondes, un portier du bar est arrivé et a frappé la victime à
la tête. La preuve médicale n'a pas établi de manière concluante quels coups avaient
causé la mort. Le juge du procès a donc acquitté les frères accusés et le portier. La Cour
d'appel a conclu à l'unanimité que, sur le plan factuel, les agressions commises par les
appelants avaient contribué à la mort — «n'eussent été» leurs actes, la victime n'aurait pas
perdu la vie. Les juges majoritaires ont en outre conclu que les accusés auraient pu
raisonnablement prévoir le risque du préjudice causé subséquemment par le tiers. Le juge
dissident n'était pas d'avis que les accusés auraient pu raisonnablement prévoir la
conduite du tiers, et il a conclu que l'acte délibéré d'un tiers (le portier) agissant de
manière indépendante avait rompu le lien de causalité juridique. La Cour d'appel a
accueilli l'appel, annulé les acquittements et ordonné la tenue d'un nouveau procès.

DÉCISION

Mme la juge Karakatsanis: Les tribunaux ont employé plusieurs méthodes d'analyse pour
établir les circonstances dans lesquelles un acte intermédiaire exonère l'accusé de toute
responsabilité juridique pour homicide involontaire coupable. Ainsi, les concepts de
«prévisibilité raisonnable» et d'«acte délibéré et indépendant» peuvent tous deux se
révéler utiles pour apprécier la causalité juridique, selon les faits particuliers en cause.
Ces méthodes évaluent le lien moral entre les actes de l'accusé et la mort de la victime;
elles reconnaissent qu'un acte intermédiaire que l'accusé pouvait raisonnablement prévoir
ne rompt pas nécessairement le lien de causalité et que l'acte indépendant et délibéré d'un
tiers peut, dans certains cas, faire en sorte qu'il soit injuste de tenir l'accusé responsable
du résultat. Ces méthodes constituent des outils qui peuvent s'avérer utiles, selon les faits
en cause. Néanmoins, l'analyse doit être axée sur les principes fondamentaux et
reconnaître que ces concepts sont des outils d'analyse qui n'ont pas pour effet de modifier
le critère de causalité ou de substituer de nouveaux critères au critère établi. Même
lorsqu'une partie prétend qu'un acte intermédiaire a rompu le lien de causalité juridique,
le critère de causalité demeure le même: les actes dangereux et illégaux de l'accusé ont-ils
contribué de façon appréciable à la mort de la victime?

La méthode de la prévisibilité raisonnable soulève la question de savoir s'il est juste


d'imputer la mort ainsi causée à l'auteur des actes initiaux et veut que l'accusé qui commet
un acte dangereux et contribue ainsi à la mort d'une personne doive assumer le risque que
d'autres actes prévisibles soient commis et contribuent à la mort. L'appréciation de la
prévisibilité raisonnable se situe au moment de l'acte illégal initia l, et non au moment de
l'acte intermédiaire, car il serait trop restrictif d'exiger que les détails exacts de
l'événement soient objectivement prévisibles. C'est la nature générale des actes
intermédiaires et le risque de préjudice qu'ils présentent qui doivent être raisonnablement
prévisibles. Les actes intermédiaires et le préjudice non négligeable qui en découle
doivent avoir été raisonnablement prévisibles, en ce sens que les actes et le préjudice
qu'ils ont réellement causé découlaient raisonnablement de la conduite de l'accusé . Si
c'est le cas, les actes de l'accusé peuvent demeurer une cause ayant contribué de manière
appréciable à la mort

La question de savoir si un acte intermédiaire est indépendant est parfois formulée


comme s'agissant de savoir si l'acte intermédiaire a été commis en réaction aux actes de
l'accusé. Autrement dit, l'acte de l'accusé a-t-il simplement établi la toile de fond ayant
permis que d'autres faits surviennent (par coïncidence), ou a-t-il plutôt déclenché ou
provoqué l'intervention subséquente du tiers? Si l'acte intermédiaire est une réaction
directe ou est directement lié aux actes des accusés et ne supplante pas, de par sa nature,
les actes initiaux, les accusés ne peuvent être jugés moralement innocents relativement à
la mort de la victime.

En l'espèce, il était possible pour le juge du procès de conclure qu'il était raisonnablement
prévisible que la bagarre dégénère et que d'autres clients y prennent part ou tentent d'y
mettre fin, ou que les portiers emploient la force en tentant de maîtriser la situation. Le
juge du procès aurait aussi pu conclure que l'acte du portier était étroitement lié aux actes
des accusés — en raison du moment et du lieu où il a été commis, des circonstances dans
lesquelles il l'a été, de sa nature et de son effet — et que l'effet des actes des accusés
subsistait, sans qu'il y ait été «mis fin» au moment où le portier est intervenu. Par
conséquent, le juge du procès pouvait, à partir de ses constatations de fait, conclure que la
nature générale de l'acte intermédiaire et le risque de préjudice en découlant étaient
raisonnablement prévisibles et que cet acte avait été commis en réaction directe aux actes
illégaux des accusés. Le juge aurait pu conclure que l'agression par le portier ne
constituait pas forcément un acte intermédiaire ayant rompu le lien entre la conduite des
accusés et la mort de la victime, ce qui les aurait exonérés de toute responsabilité morale
et juridique. Le juge du procès aurait pu conclure que les actes des appelants demeuraient
une cause ayant contribué de façon appréciable à la mort.

Législation CITÉE :
Code criminel (L.R.C. 1985, c. C-46), art. 21, 222, 222 (1), 222 (5), 224, 225

R. c. Icebound (C.Q., 2019-09-23), 2019 QCCQ 7986, SOQUIJ AZ-51657216

Legislation :
Code criminel (L.R.C. 1985, c. C-46), art. 109, 113, 487.051, 490.012, 718
-

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