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Université de Tunis

Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs


de TUNIS
Cours : Capteurs Industriels
Partie C2
Classe : 2ème année – Ing GE – ENSIT

Enseignant: H. Mechergui (Professeur )

Année Universitaire: 2023-2024


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5-1- Caractéristiques statiques et dynamiques d’un capteur
5.1.1. Introduction :
Chaque application envisagée implique un cahier des charges. On choisit un
capteur en fonction de ses attributs ou caractéristiques métrologiques.
Ces caractéristiques font appel référence à des étalonnages réalisés au laboratoire.
Elles sont définies quand le régime statique est atteint.
Les caractéristiques essentielles d’un capteur sont

a) Etendue de mesure
b) Résolution
c) Fonction de transfert
d) Sensibilité
e) Précision
f) Hystérésis
h) Bruit
i) Temps de réponse
j) Bande passante

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5.1 .2 Caractéristiques statiques des Capteurs
a) Etendue de Mesure (EM) d ’un capteur:
L’étendue de mesure est la plage de valeurs du mesurande pour lesquelles le capteur
répond aux spécifications du constructeur. C’est en fait la zone nominale d’emploi ou la
valeur extrême pouvant être mesurée par le capteur.

L’unité de l’.E.M. est généralement l’unité du mesurande

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Exemple : Capteur de force à jauges piezorésistives N556-1

Capteur d’humidité : Hr%=[ de 10 à 95] donc E.M  85%


Capteur de température: de -50°C à 500°C donc E.M  550C
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b) Résolution
La résolution est la plus petite variation de la mesure qu'il est possible d'observer
en d’autre terme c’est la plus petite variation de grandeur mesurable par le
capteur.

Les capteurs de couple de cette série ont une résolution égale à 1/10000 de leur
étendue de mesure.

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Attention : La résolution n'est pas la précision.

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c) - Régime statique
C1- réponse statique
La réponse statique est celle du capteur en régime permanent, c'est-à-dire quand
les grandeurs d’entrée et de sortie du capteur n’évoluent plus dans le temps.

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C2-Courbe d’étalonnage
Un thermomètre indique la température du milieu dans lequel il se trouve quand il est
en équilibre thermique avec ce milieu, de même la réponse statique d’un capteur de
température sera obtenue quand il sera à la température du milieu étudié.
En effet, la caractéristique statique est la courbe qui donne la réponse
statique en fonction du mesurande ; on l’appelle aussi courbe d’étalonnage.

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C2-1-Tableau d’étalonnage

R ( )

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C2-2- La courbe d’étalonnage peut être définie par une relation fonctionnelle :

* La loi est connue physiquement


Exemple : une sonde de température de type thermistance

1 1  
R(T )  R0 .exp( B(  ))
T T0

* La loi est une approximation polynomiale déterminée par une régression :


Exemple: Une sonde de température de type Pt100:

R(T )  100.(1  3.9083.T  5.775.107.T 2 ) 

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d) - Sensibilité:
Variation du signal de sortie par rapport à la variation du signal d’entrée.
Ainsi la sensibilité d ’un capteur, pour une valeur donnée m0 du mesurande est
égale au quotient de la variation de sortie électrique par la variation
correspondante du mesurande:
dS
 ( )m 0
dm
d1- Evaluation graphique de la sensibilité
La sensibilité peut être déterminée graphiquement à partir de la courbe d’étalonnage.
La sensibilité  est la pente de la courbe au point m 0
Remarque: Un capteur est dit linéaire si, dans l’étendue de mesure S(m) est fonction
linéaire de m; sa sensibilité est alors constante dans cette plage de fonctionnement.
dS
 ( )  cons tan te
dm

d2- La sensibilité est calculée à partir du modèle physique

Exemple: Pour un capteur ayant une loi quadratique s  am  bm  c


2

Sa sensibilité est   ( ds )  2am  b avec m mesurande.


dm

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d3- Sensibilité moyenne sur l’étendue de mesure
Sensibilité calculée entre le premier point et le dernier point
Moyenne des sensibilités évaluées pour N points sur l’étendue de mesure.

Pente de droite de régression Sreg  a.m  b

N  si .mi   si . mi b
 s .m   s .m  m
i
2
i i i i
a N  m  ( m )
2 2
N  mi2  (  mi )2 i i

Finalement, on peut dire que la sensibilité dépend en général de la linéarité, de la


fréquence de variation (bande passante), du temps ( vieillissement), d’actions
extérieures ( grandeurs d’influence). 13
e)- Les erreurs de mesures
e1- Généralité
Une erreur est une différence entre la valeur « vraie » de la mesure et celle obtenue à partir
de la réponse du capteur. L'erreur absolue est caractérisée par une valeur absolue et un
signe.
Une erreur présente un caractère systématique et répétitif. L’erreur relative est le quotient
de l’erreur absolue par la valeur « vraie ». L'erreur relative n'est généralement pas signée.
Une incertitude est un écart évalué statistiquement par rapport à la valeur vraie valeur.
Généralement, on suppose que la distribution des résultats est « normale », c’est à dire
gaussienne. On parle d’incertitude [absolue], d’incertitude relative, ou de précision sur les
résultats de la mesure.
e2- Erreurs systématiques
Les erreurs systématiques sont celles qui n'ont aucun caractère aléatoire. La mesure dans
des conditions identiques donne toujours la même erreur par rapport à la valeur vraie.
Les sources usuelles d'erreurs systématiques sont:
- mauvais réglage du zéro, de la pleine échelle (offset)
- prise en compte d'un facteur de gain erroné
- erreur liée au principe même du capteur (non-linéarité intrinsèque...)
- erreur liée à l'emploi du capteur (par exemple, mauvaise jonction thermique d'un
thermomètre avec le corps à mesurer).
Les erreurs systématiques peuvent être éliminées par
- un ré-étalonnage périodique du capteur
- un meilleur choix du capteur 14
- une utilisation optimale du capteur.
e2-1- Erreur d'offset ou décalage :

C’est la différence entre la valeur « vraie » de la mesure et celle obtenue à partir de la


réponse du capteur pour la borne inférieure de l'étendue de mesure

s  am  b avec b  s0 et a la pente

Les erreurs absolues s'évaluent soit dans l'unité du mesurande, soit dans
l'unité de mesure.

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e2-2- Erreur de gain

L’erreur de gain est l'erreur due à la pente de la courbe caractéristique du capteur;


elle est visible essentiellement pour la borne supérieure de l'étendue de mesure.

Certains capteurs intègrent une procédure interne de ré-étalonnage (étalon interne)


du zéro et de la pleine échelle.

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e2-3- L’erreur de linéarité

C’est l'erreur entre la courbe caractéristique du capteur et la droite théorique de réponse.


L'erreur de linéarité maximale sur l'étendue de mesure est souvent appelée erreur de
linéarité intégrale .

Smax
L’erreur relative de linéarité est donnée par : 
Smax  S min

En conclusion : les erreurs systématiques peuvent être corrigées et compensées

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e3-Erreurs aléatoires
Les erreurs aléatoires peuvent être dues :
- aux caractéristiques intrinsèques (présence de bruit thermique, frottement, seuil...)
- à des signaux parasites d'origine électriques
- aux grandeurs d'influence (température, tension d'alimentation, pH...)
(Grandeurs d’influence : Grandeur physique autre que le mesurande dont la variation peut
modifier la réponse du capteur :
•Température : modifications des caractéristiques électriques, mécaniques et
dimensionnelles
•Pression, vibrations : déformations et contraintes pouvant altérer la réponse
•Humidité : modification des propriétés électriques (constante diélectrique ou résistivité).
Dégradation de l’isolation électrique
•Champs magnétiques : création de fém d’induction pour les champs variables ou
modifications électriques (résistivité) pour les champs statiques
•Tension d’alimentation : lorsque la grandeur de sortie du capteur dépend de celle-ci
directement (amplitude ou fréquence).
Il est nécessaire alors de :
•Réduire les grandeurs d’influence (tables anti-vibration, blindages magnétiques…)
•Stabiliser les grandeurs d’influence à des valeurs parfaitement connues
•Compenser l’influence des grandeurs parasites par des montages adaptés (pont de
Wheatstone)).
Même si leur origine est connue, on ne peut pas connaître leur valeur ni leur
signe; pour les évaluer, on fait appel à des méthodes statistiques. 18
e3.1 Evaluation des erreurs aléatoires

Moyenne : soient les mesures x1, x2, …, xn d’un même grandeur X répétée n
fois, la valeur moyenne de la mesure est

Écart : c’est la différence entre une mesure x et la moyenne ;


elle peut être positive ou négative ; la moyenne des écarts
est nulle pour une erreur aléatoire centrée.
Écart absolu moyen (EAM): moyenne des valeurs absolues des écarts à la moyenne.

Variance : moyenne des carrés des écarts

Écart quadratique moyen (EQM) ou écart type : racine de la moyenne des carrés des écarts

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e3.2 Fidélité

La fidélité est l'aptitude à donner, pour une même valeur de la grandeur mesurée, des
indications voisines entre elles, même si la valeur moyenne de cette réponse est éloignée
de la valeur « vraie », c'est-à-dire attendue compte tenu des caractéristiques du capteur.
- La fidélité dépend uniquement de la distribution des erreurs aléatoires et n'a aucune
relation avec la valeur vraie ou spécifiée.

- La mesure de fidélité est exprimée en termes d'infidélité et est calculée à partir de


L’écart-type des résultats d'essais. Une fidélité moindre est reflétée par un plus grand
écart type. Norme NF ISO 525-1:1994.

Un capteur est fidèle si l’écart-type sur les réponses à une même valeur du
mesurande est faible. La mesure de la fidélité est basée sur l'écart-type de
l'histogramme. La fidélité est la probabilité cumulée que la mesure soit incluse dans
un intervalle donné.
La fidélité pour une confiance donnée s'exprime par :
Pour une loi Gaussienne de moyenne et d’écart type , la confiance à p% est:
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Généralement, on adopte k= 2 ; pour les applications critiques, on adopte k=3.
e3.3- Justesse
La justesse est l’aptitude à donner des indications égales à la grandeur mesurée, les erreurs de
fidélité n'étant pas prises en considération. Un capteur est juste si l’écart entre la moyenne des
résultats et la valeur « vraie » est faible, même si l’écart-type est grand.

Un capteur est juste si la réponse moyenne est proche de la valeur « vraie »

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e3.4 Précision:
Aptitude du capteur à donner une mesure proche de la valeur vraie.
Un capteur est précis s'il est juste et fidèle

Un capteur est précis s'il est juste et fidèle

Evaluation de la précision

Avec J erreur de justesse et F erreur de fidélité.

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Exercice
En mesurant 9 fois de suite la même pression, dans les mêmes conditions, on a obtenu les
lectures suivantes, en kPa

Ce tableau de mesures correspond en fait à une pression de 103,30kPa ;

Remarque : pour déterminer la justesse, il est nécessaire d’avoir un mesurande étalonné.

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5.2. Grandeurs d'influence :
- Une grandeur d'influence est un paramètre d'environnement du capteur qui modifie la
mesure
- La température influence souvent la caractéristique d'un capteur.
Les paramètres susceptibles d'être modifiés sont :
- la sensibilité/gain
- le zéro ou offset
On emploie souvent le vocabulaire de dérive thermique d'un capteur
- La tension d'alimentation est un autre facteur de dérive des caractéristiques
- Ces dérives sont exprimées en ppm/°C ou ppm/V.
La finesse permet d'évaluer la perturbation introduite par le idispositif de mesure.
L'introduction du dispositf de mesure peut provoquer une modification du mesurande. La
mesure obtenue correspondra donc au système composé du système initial plus le
dispositif de mesure.

Exemples :
capteur de température : capacité calorifique faible conductance thermique forte
faibles pertes externes.

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5.3- Domaines d’utilisation
Le capteur peut subir des modifications de ses caractéristiques s’il subit des contraintes
très importantes ; on définit alors les domaines suivants:
Domaine nominal d’emploi : c’est les conditions normales d’utilisation
Domaine de non détérioration : dépassement du DNU. Dans ce domaine les
caractéristiques du capteur du capteurs sont modifiées de manière réversible.
Domaine de non destruction : dépassement du domaine de non détérioration ; En effet,
les caractéristiques du capteur sont modifiées de manière irréversible. Ainsi nun nouveau
étalonnage est nécessaire.

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5.4- Caractéristiques dynamiques des Capteurs
a1) Rapidité
La rapidité indique l’aptitude d’un capteur à suivre dans le temps les variations de la
grandeur physique à mesurer.
Il faut toujours un certain temps pour qu’un changement du signal à l’entrée soit perçu à la
sortie . On l’exprime de trois façons :
- le temps de réponse (constante de temps)
- la bande passante du capteur
- la fréquence de coupure (ou fréquence propre du capteur).

a2) Réponse temporelle d’un capteur


La réponse temporelle d’un capteur s’évalue pour une variation du mesurande de la forme
liée à l’usage typique du capteur. On définit alors le temps de réponse d’un capteur.

m s
Capteur

En effet, le temps de réponse à x% d'un capteur soumis à un échelon du mesurande est le


temps mis pour passer d'une valeur initiale à une valeur de x% de valeur finale Sf.
On définit aussi 27
Système de premier ordre (réponse temporelle): La réponse temporelle d’un
système de premier ordre est décrit par la fonction temporelle suivante

s(t )  s0  ( s f  s0 )(1  e t / ) Si s(t )   (t )

On aura:  (t )   0  ( f   0 )(1  e t / )

si 0  0
on obtient :  (t )   f (1  e t / )

 constante de temps du capteur

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a3) Réponse fréquentielle et bande passante d’un capteur

La réponse fréquentielle pour un capteur de premier ordre est donnée


par le gain tel que :

G0
G ( )  G( f ) 
G0

G0
 soit un gain
1 j 2f 2 f
c 0 1 ( ) 1  ( )2
2f c fc

Gain G=f(f)

La bande passante est la valeur de la fréquence pour laquelle on a une


atténuation de -3dB.

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5.5. Conclusion

Le capteur idéal est celui pour lequel :


on dispose d’une relation linéaire connue entre la grandeur à mesurer et le signal de
sortie du capteur.
Les conditions d’emploi sont telles qu’aucune grandeur d’influence ne perturbe son
fonctionnement
- aucun bruit parasite ne superpose au signal utile.

Un ingénieur doit "choisir le bon capteur pour une


application donnée".

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6.4.6 Etalonnage d’un capteur

L’étalonnage d’un capteur est l’opération qui établit la relation entre le mesurande et la
grandeur électrique de sortie. Cette relation peut dépendre non seulement du
mesurande mais aussi des grandeurs d’influence.
On a :
- Un étalonnage simple: étalonnage direct dans lesquels les grandeurs du mesurande
sont issues d’étalon ou d’objets de référence pour lesquels le mesurande est connu avec
une incertitude donnée.
- Etalonnage par comparaison (étalonnage indirecte).

Calcul de la linéarité d’un capteur


-exemple : capteur de déplacement

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Selon le fabricant, le capteur a une étendue de mesure de 0  90mm
et génère une sortie 0  4.5V
xi Système de yi
mesure

Pour calculer la linéarité, il faut évaluer dans un premier temps la pente et


l’ordonnée à l’origine de la droite approximant au mieux les mesures. On fait
recours à la méthode de régression linéaire ou appelé aussi méthode du moindre
carré.

On a le déplacement noté et la sortie ainsi la droite de régression


s’écrit : ymod  a. x  b
1
La pente est donnée par :
 x y
i i 
n
 xi . yi
a
1
 i n (  xi ) 2
x 2

1 a
Pour l’ordonnée à l’origine on a : b
n
 y i 
n
 xi

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En effet, a et b sont calculés par le la fonction matlab :polyfit
Ainsi il suffit d’écrire :
p  polyfit ( xi , yi ,1)
x i : représente le vecteur des mesures de x et yi Vecteurs de mesure de y
Pour déterminer la linéarité :

On calcule pour chaque mesure : ei  yi  yi mod

Ainsi l’erreur de linéarité en % sur l’E.M est donnée par : max( yi  yi mod )
eL (%)  .100
E. M

L’erreur de linéarité de ce capteur sera spécifiée comme suit:  4.02% EM


Il faut retenir pour un capteur ses caractéristiques essentielles :

-Etendue de mesure : Valeurs extrêmes pouvant être mesurée par le capteur.

-Résolution : Plus petite variation de grandeur mesurable par le capteur.

-Sensibilité : Variation du signal de sortie par rapport à la variation du signal


-d'entrée.
-Précision : Aptitude du capteur à donner une mesure proche de la valeur vraie.

-Rapidité : Temps de réaction du capteur. En effet, la rapidité est liée à la bande

-passante.

-Linéarité : représente l'écart de sensibilité sur l'étendue de mesure.

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