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3ème Année Architecture ......................................................

Planification et Aménagement spatial 1

I- La partie théorique : 1

I-1 La planification et l’aménagement spatial :


L’aménagement est la gestion des ressources naturelles, humaines, économiques, financières et
techniques disponibles à l’intérieur d’un territoire donné, en fonction d’une politique, et d’une
stratégie de développement.

L’aménagement de l’espace :
Produit de toute intervention humaine (construction, démolition, aménagement urbain,
terrassement..etc), volontaire et planifiée, amenant une modification de l’espace physique, quelque soit
son échelle.

L’aménagement de l’espace a une logique sociale, mais aussi une logique spatiale propre, il subit des
contraintes d’implantation et en induit de nouvelles pour des aménagements ultérieurs, il a une inertie
spatiale et sociale du fait de son programme et des techniques de réalisation employées.

1- L’espace :

Il signifie la portion ou la totalité de l'étendue terrestre. S'il s'agit d'une portion, elle est plus ou moins
délimitée et l'adjectif qui la qualifie fournit l'indication de ses limites.
Du milieu à l'espace :
Les géographes, jusqu’aux années 1960, utilisaient plus volontiers le concept de milieu plutôt que
celui d'espace parce qu'ils recherchaient la raison principale de la disposition des phénomènes
géographiques dans les caractéristiques du milieu naturel dans lequel ils s'inscrivaient. Le terme
d'espace a été introduit lorsque les géographes ont commencé à étudier des objets géographiques pour
lesquels le milieu naturel n'était pas en mesure de fournir des explications satisfaisantes (villes,
transport). Les géographes comprennent, dans les années 1960, que chaque lieu peut se comprendre
davantage par les relations qu’il entretient avec d’autres lieux que par les relations qu’il entretient avec
son support naturel anthropisé.

Espace socio-physique
La notion de l’espace socio-physique permet de dépasser la simple identification d’un environnement
à travers ses seules connotations physiques et spatiales et de prendre en compte la réalité sociale qui
justifie, explique et rend compréhensible les objets les lieux construits par les individus, les groupes
d’individus ou les pouvoirs publics.

Espace urbain :
Espace occupé ou destiné à être occupé par des activités résidentielles, tertiaires, industrielles, selon
des modalités particulières et diverses de consommation, d’occupation du sol et de distribution des
volumes bâtis, caractérisé par une utilisation de la surface urbanisée relativement élevée, et par une
organisation et une structuration complexe des objets et des lieux construits.

2. Le territoire :

Le mot territoire peut s’agir d’un « champ » de l’activité humaine (le territoire de l’historien),
d’un simple découpage administratif, de l’étendue correspondant à l’extension d’un phénomène
géographique, ou simplement de l’étendue correspondant à l’espace d’un Etat. Les géographes ont
cependant dans les années 1980, donné à ce concept un sens plus précis qu’il convient de confronter
avec celui d’espace.
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Le territoire : un espace approprié

Un territoire est un « espace socialisé, approprié par ses habitants, quelque soit sa taille », c’est
« une portion de la surface terrestre que se réserve une collectivité humaine qui l’aménage en fonction
de ses besoins », Le territoire témoigne d’une appropriation par des groupes qui se donnent une
représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité :

 Le territoire est une réordination de l’espace,


 Un espace qui nous appartient et auquel on appartient.
 Il contribue à construire notre identité.

A cet égard, si l’espace comporte des mémoires, le territoire peut s’appuyer sur des
manipulations de la mémoire à des fins idéologiques et politiques :
« L’espace est un enjeu du pouvoir tandis que le territoire est un produit du pouvoir ».

L’Appropriation de l’espace :
Le terme d’appropriation a des racines dans le mot latin « appropriare » qui signifie « faire sien ».
C’est un processus psychologique fondamental d’action et d’intervention sur un espace pour le
transformer et le personnaliser ; ce système d’emprise sur les lieux englobe les formes et les types
d’intervention sur l’espace qui se traduisent en relations de possession et d’attachement. (FISHER, 1983)
L’appropriation, individuelle ou collective, se manifeste comme l’exercice d’une autorité, d’un
contrôle, d’un pouvoir (physique et/ou psychologique) sur un lieu (CARU et COVA, 2003)

Les objectifs de l’aménagement du territoire :

L’aménagement du territoire est une affirmation du développement harmonieux de l’ensemble


des régions en fonction de leur vocation propre, une action volontaire et réfléchie d’une
collectivité sur son territoire, soit au niveau local, niveau régional, ou au niveau national.

Il a pour objectif :

- Le développement équilibré par la maitrise et la régulation de la croissance urbaine.


- Le développement harmonieux et cohérent des territoires par la programmation et la
planification des investissements et la spatialisation des activités.
- L’amélioration de la qualité de vie par l’amélioration de l’habitat, services, la sauvegarde
et la valorisation du patrimoine.
- La préservation et l’amélioration de l’environnement (assurer le passage à un
développement durable),
- La péréquation entre les territoires pour assurer l’équité sociale:
 Au niveau national : entre les zones dynamiques et les zones en crise.
 Au niveau local : par la lutte contre la ségrégation sociale et spatiale.

• La mise en valeur et l’exploitation équilibrée de l’ensemble de ces ressources


comportent la réorganisation de son territoire en passant par la modernisation de
l’agriculture et la promotion du monde rural, et par le contrôle des transformations de
l’armature urbaine et de la croissance du mode de vie urbaine.

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L’aménagement rural :

L’ensemble des dispositions et des actions envisagées afin de:


- Réaliser la croissance harmonieuse, quantitative et qualitative des activités de rapport au
secteur économique primaire.
- Faire avancer la promotion sociale et culturelle de la paysannerie.
- Assurer l’utilisation rationnelle de l’espace rural et l’adéquation de son cadre bâti, de son
niveau d’équipement, et son système de communication et d’échange en accord avec les
transformations de l’espace socio physique.
• L’importance et la finalité de ces actions et le rôle des divers intervenants sont
déterminées par la vision et l’approche politique particulière des problèmes du monde
rural et de la dichotomie ville-compagne.

L’aménagement urbain :

Il recouvre l’ensemble des interventions couramment pratiquées dans un espace urbain pour
améliorer son organisation, son fonctionnement et son développement (la réhabilitation, la
rénovation, la restructuration et l’extension urbaine).

• L’aménagement urbain ne peut négliger la dimension territoriale car la ville participe à


la définition de l’organisation et la structure de l’espace rural à travers son rôle
particulier et l’importance de la croissance démographique, économique et physique,
cette dimension territoriale oblige toute politique d’aménagement urbain à se déterminer
à travers la programmation et la planification des actions du pouvoir public.

La planification :
PLANIFIER : c’est d’organiser dans le temps une succession d’action ou d’événements afin de
réaliser un objectif particulier.
C’est la mise en œuvre maitrisée d’un programme d’aménagement dans le temps.

• L’action planificatrice traduit une attitude « volontariste » d’agir sur l’espace socio-
physique pour ordonner et finaliser le développement des activités humaines.

Donc la planification urbaine c’est :

- Un processus engagé par la puissance publique qui tend à conjuguer selon une vision
globale les actions et les intentions d’une multitude d’agents intervenants, agissant d’une manière
cohérente, selon leurs propres intérêts, et d’une manière aveugle dans le sens où ils ne tiennent
pas compte de la présence des autres acteurs.
- Un processus qui tend à projeter les effets d’une politique globale (expression d’un projet
de société) en matière de production, codification et gestion de l’espace urbain.
- Un processus de définition d’une politique d’aménagement et de structuration de l’espace
socio économique, impliquant détermination d’actions à mener , fixation de stratégies, d’objectifs
et de moyens d’actions et engagement de mécanismes de décisions de contrôle, d’orientation et
de gestion.
- L’ensemble de prévisions et d’interventions qui visent à éclairer l’avenir.

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La planification physique et spatiale : est l’ensemble de décisions et d’actions intervenant
dans la détermination de la destination d’usage et de la consommation du sol, de la
transformation et du développement des infrastructures technologiques et des communications.
Elle est généralement assortie d’une définition des moyens nécessaires et des étapes de
réalisation.

La planification économique : est l’ensemble des dispositions et des actions orientées (option
de base, choix stratégique) et menées par les pouvoirs publics à travers ses structures et par des
moyens financiers, législatifs, administratifs et autre, visant la programmation des activités, la
définition des politiques générales , et le contrôle de la demande de biens et de services..

La planification économique et la planification physique -spatiale sont étroitement liées et


elles interagissent au niveau de la spatialisation : la distribution dans le territoire urbain ou rural
des investissements productifs et sociaux.

• À partir de la dimension nationale qui constitue un cadre d’orientation et


opérationnel à grande échelle, les choix stratégiques se précisent et s’articulent dans
l’espace au niveau régional et local (urbain) avec des degrés d’intensité
d’interventions rapportés aux spécificités des situations

La planification stratégique :

La planification stratégique est dans une large mesure une fille de la planification économique,
elle a connu une mode aussi intense qu’éphémère au cours des années 1960 (entrée massive des
ingénieurs et des économistes sur le terrain de la planification urbaine).

La planification urbaine stratégique est une adaptation de la planification spatiale rendue


nécessaire par les modifications des systèmes de gouvernance territoriaux (la décentralisation),
fondée sur la coproduction d’une stratégie de développement et d’aménagement du territoire.

Elle revêt de multiples sens, à savoir :


- Un urbanisme de projets négociés avec les acteurs économiques, inscrit dans une vision de
moyen terme (10 à 15 ans),
- Une planification participative permettant une large concertation avec l’ensemble des acteurs
politiques, économiques et sociaux pour rechercher les points de consensus sur une vision
commune de long terme ,et des projets structurants considérés comme prioritaires à court terme.
- Une vision globale de l’avenir du territoire en tenant de gérer les contradictions entre le
développement social, le développement économique et la protection de l’environnement.

La planification urbaine stratégique tente de mettre en cohérence plusieurs systèmes qui


interférent entre eux :
- Les systèmes territoriaux qui se juxtaposent, comme les territoires de communes,
- La hiérarchie des structures administratives allant du national au local en passant par des
échelons intermédiaires comme les régions,
- Les politiques sectorielles qui chacune répond à des préoccupations spécifiques, mais nécessite
une articulation entre elle sur le territoire,
- Les temporalités à la fois par nécessité de disposer d’une vision de long terme pour mettre en
perspective les actions de court terme.

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Niveaux géographiques et instruments d’aménagement de l’espace
Echelles spatiales

Échelle nationale Pays Schéma National d’Aménagement du Territoire


Initiée par l’état SNAT
Planification économique
Choix stratégiques

Échelle intra-wilaya Région Schéma de l’espace de programmation


(09 régions) territoriale
SEPT (ex SRAT)
Planification stratégique et structurale
Armature urbaine

Wilaya Plan d’Aménagement du territoire de la


Échelle intercommunale Wilaya
Échelle d’aménagement du territoire PATW
Planification tactique
Long et moyen terme

Échelle communale Commune PDAU


Commune ou ensemble de commues (PDAU,SCU)
Planification tactique
Plan général, prévisionnel (long et moyen terme)
Echelle urbaine Aire urbaine POS
Echelle d’urbanisme
Planification opérationnelle
Plan de détail, réglementaire
Court et moyen terme
• PDAU : Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme
Échelle architecturale Le plan de masse
• POS : Plan d’Occupation des Sols
Détail de conception
• SCU : schéma de cohérence urbaine

Les instruments d’urbanisme en Algérie :

Les instruments d’urbanisme sont les plans d’urbanisme qui concernent l’échelle de la partie de la
ville, de la ville ou de l’agglomération, en Algérie il s’agit du plan d’occupation des sols (POS) et le
plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU) tels qu’ils sont définis par la loi n°90-29 du
1er décembre 1990 relative à l’urbanisme et l’aménagement.

Ces deux instruments se situent en aval de la planification spatiale, ils sont précédés par les
instruments d’aménagement des territoires : territoire national, avec le schéma national d’aménagement
du territoire (SNAT) ; territoire régional, avec les schémas d’espace de programmation territoriale (SEPT
( ex SRAT)) ; territoire de la wilaya, avec les plans d’aménagement du territoire de la wilaya (PATW).

L’établissement des PDAU et POS, est une obligation pour toute commune, une obligation juridique
imposée par la loi, pour l’organisation, la réorganisation des espaces, la programmation et la
concrétisation des projets. Ces instruments ont des effets plus directs sur l’espace que ceux des plans
d’aménagement des territoires.

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La planification et la programmation
Programmer et planifier
C’est aborder la complexité de la réalité urbaine et du territoire avec une vue globale des facteurs
multiples, qui participent de manière conflictuelle au processus de transformation-formation des
structures économiques, sociales et physiques des agglomérations.
Cette vue globale rejette l’approche sectorielle des programmes urbains (habitat, équipements,
activités…), précédée d’une analyse restreinte, particulariste de l’espace économique et social,
négligeant ou sous estimant les relations et les interactions entre les différentes composantes du
phénomène urbain et leurs impacts sur l’organisation et la structuration de l’espace, et les modes de
fonctionnement et de jouissance.
Programmer :
C’est dire ce que nous voulons faire pour changer une situation en fonction du but global et des
objectifs intermédiaires que nous nous sommes fixés, le changement peut être partiel, transitoire,
éphémère ou radical.
Pour changer une situation nous devons connaitre et analyser d’abord l’état de départ, définir en
quoi il doit se modifier, préciser l’importance des modifications à apporter, une détermination de la
quantité et la qualité du contenu d’un programme.
La programmation urbaine :
Le contenu de la politique de programmation urbaine peut être synthétique comme suit :
- Répondre aux problèmes de la croissance et de l’évolution des activités urbaines selon des choix
stratégiques et tactiques.
- Assurer les moyens financiers, techniques, administratifs, juridiques et humains, facteurs
indispensables de toute action concrète dans l’espace urbain.
- Renforcer ou créer les structures de gestion et d’intervention.
- Orienter et contrôler l’impact des interventions qui dépassent le cadre urbain sous forme
d’investissements centraux mais qui s’inscrivent dans un système urbain.

La programmation urbaine
Répartition temporelle Action immédiates

Court terme

Moyen terme

Long terme
Investissements planifiés

Programmation
Ressources
Analyses Emploi
Besoins
Projections
Programmation Habitat
Ressources
centrales et
Infrastructure

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• Le programme de l’habitat :
Représente un volet important, parfois crucial de la programmation urbaine et cela sous le double
concept : du droit de disposer d’un logement et d’un environnement correcte et de profiter d’une qualité
de vie adéquate , la programmation de l’habitat reflète le système socio-économique particulier à chaque
pays notamment dans la répartition qui en est faite entre la répartition du secteur public et du secteur
privé ,et cela selon le modèle de développement économique adopté par chaque pays , et par les
opérations en matière de politique d’investissement productif (création de l’emplois) ou improductif
(promotion sociale).

• Le programme des équipements d’accompagnement de l’habitat :


Recouvre et coordonne les différents programmes sectoriels concernant l’enseignement, la santé, les
sports, la culture les loisirs conformément aux grilles établies par les autorités compétentes, qui statuent
et normalisent leurs répartitions selon la nature de l’équipement, le nombre, le niveau de prestation
fourni, l’aire de desserte et l’accessibilité, la rentabilité de l’investissement ou l’utilisation optimale de
l’équipement.

• Le programme d’équipements urbains et supra urbains :


Sont dictés par le choix stratégique d’aménagement et de développement en fonction de leur rôle
structurant de l’espace urbain, et leur influence, rayonnement sur l’ensemble du territoire (circulation,
diffusion de l’information et de relation de travail).

• Le programme de création d’activités :


Les activités industrielles (d’approvisionnement, de production et de stockage), commerciales (de
distribution et de consommation tertiaire (les services)) sont difficiles à être définis au plan opérationnel
en raison des variables multiples qui interviennent au moment du passage de la phase de lancement d’un
projet d’investissement à la phase de mise à l’exécution du projet lui-même.

• Le programme de transport :
Présuppose que certains choix préalables aient été faits vis-à-vis du rôle et de l’importance à donner
respectivement aux transports en commun et à la motorisation individuelle ,a cet égard, et en dehors de
toute autre considération, il suffit de considérer le problème représenté par les mouvements alternants
résidence –travail pour convenir sur la nécessité absolue de coordonner entre eux les systèmes de
transport en commun et son support ,le système routier ,avec la localisation des activités et des zones
résidentielles ,car cela revient à organiser une partie prépondérante des fonctions urbaines .

Les références bibliographiques

- BELHEDI A, L’aménagement du territoire, Principes et approches, université de Tunis, 2010.


- GAUTHIEZ B, Espace urbain, vocabulaire et morphologie, Monum, Paris, 2003.
- GUY DI MEO, Les territoires du quotidien, l’Harmattan, 1996.
- MENESSE J, L’aménagement du territoire, des instruments pour quelle politique?,L.G.D.J, 1998.
- MOLES A, ROHMER E, Psychologie de l’espace, Collection « Synthèse Contemporaines » 2 ème
édition, 1978.
- SAIDOUNI M., Eléments d’introduction à l’urbanisme, Casbah, Alger2000.
- SIDI BOUMEDINE R, Échec des instruments ou instruments de l’échec?, Alger ,2013.
- ZOCHELLI A, Introduction à l’urbanisme opérationnel et la composition urbaine, Volume 2, OPU,
1983.
- ZOCHELLI A, Introduction à l’urbanisme opérationnel et la composition urbaine, Volume 3,
OPU,1983.

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