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CPGE 2 Colle d’économie semaine 13 sur la politique industrielle

La politique industrielle va prendre du temps


La "nouvelle France industrielle" devrait, par exemple, permettre la création de 15 000 bornes
de recharge pour les voitures électriques à travers tout le territoire ou la construction d’usines
du futur grâce à un milliard de crédits débloqué par la Banque publique d'investissement.
Le pacte de responsabilité est une généralisation et une amplification de ce cette politique
industrielle volontariste ; l'adoption du crédit d'impôt compétitivité-emploi (CICE), sorte de
baisse des charges pour les entreprises calculée en fonction de la masse salariale va casser la
spirale infernale de la dégradation de la compétitivité des entreprises françaises notamment
par le redressement de quatre points des marges des entreprises depuis un an.
Marc Vignaud, Le Point, 9/9/14 extrait

Une politique industrielle qui coûte cher


Cette politique industrielle qui se passe de doctrine risque de nous coûter cher. Les montants
directement mis en jeu sont loin d'être triviaux : grand emprunt (18 milliards), 34 priorités
industrielles (3,5 milliards), crédit d'impôt recherche (6 milliards), banque publique
d'investissement (50 milliards). Pourtant, ce vide doctrinal ne répond pas à un vide de la
théorie économique : celle-ci fournit des clés pour délimiter, avec précision, le périmètre des
actions de l'Etat. On peut fonder une politique industrielle à la fois proactive et rigoureuse sur
au moins deux reconnaissances.
Premièrement, l'action de l'Etat doit se cantonner aux cas où il est avéré que le marché ne
fonctionne pas. De telles situations sont caractérisées par ce qu'on appelle des "externalités" :
l'investissement d'une entreprise doit être subventionné. Cette logique s'applique par exemple
à la fibre optique ou au financement de la recherche fondamentale, dont les résultats
bénéficient à toutes les parties prenantes.
Deuxièmement, l'Etat doit fournir un cadre fiscal et réglementaire stable et simplifié. Il faut
supprimer les centaines de niches fiscales dont bénéficient les entreprises, en échange d'une
baisse considérable du taux d'imposition des sociétés.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/09/24/politique-industrielle-halte-à-la-nostalgie

Macron veut "reconstruire" la politique industrielle française Challenge 4/11/14


Le ministre de l'Economie appelle entreprises et syndicats à faire preuve d'esprit collectif et de
pragmatisme pour "reconstruire" la politique industrielle française, admettant que "l'Etat seul
ne peut rien".
"Je suis profondément convaincu que cet esprit de responsabilité est une nécessité pour réussir
la bataille de la nouvelle politique industrielle. Toutes et tous doivent se mettre autour de la
table pour apporter leur part de solution", a-t-il insisté.
Emmanuel Macron a demandé à sortir du clivage patron / syndicats de salariés "ce face à face
terrible". "Sans dialogue, on ne peut pas réussir", a-t-il affirmé, rappelant les récents exemples
d'accords trouvés entre les partenaires sociaux dans l'automobile et la chimie.
Le ministre a rappelé que l'Etat pouvait lui s'appuyer sur plusieurs leviers, citant "les 34 plans
industriels, une politique de l'innovation (...), un dispositif défensif avec les commissariats au
Redressement productif et le travail que fait la DGE".

1°) Qu’est-ce qu’on entend par politique industrielle ?


2°) Pourquoi la politique industrielle est-elle une politique structurelle ?
3°) Pourquoi la politique industrielle risque-t-elle de coûter cher ?
4°) Est-ce que la politique industrielle peut seule, tout réussir ?
CPGE 2 Eléments de correction à la colle sur la politique industrielle

1°) Qu’est-ce qu’on entend par politique industrielle ?


Les pouvoirs publics exercent un rôle sur le système productif et visent à le rendre compétitif.
Cet interventionnisme s’effectue à long terme et se veut volontariste. Les nationalisations ont
constituées une piste de politique industrielle (au cours du XX ème siècle, plusieurs périodes
se sont succédées) ; la planification a permis de soutenir et d’investir dans des secteurs
industriels (acier, sidérurgie, électricité…) ; des entreprises publiques permettent à l’Etat
d’exercer un pouvoir dans certains secteurs industriels (énergie, transport, espace,
aéronautique…). Mais, cette politique industrielle a des limites (l’Union Européenne impose
un cadre concurrentiel), l’UE a incité à libéraliser certains secteurs industriels (électricité,
télécommunication, transports…), les monopoles d’Etat ont pratiquement disparu.
Cependant, l’Etat ne se désintéresse pas de la politique industrielle. Il la soutient par
l’intermédiaire du grand emprunt (18 milliards), 34 plans de politique industrielle (3,5
milliards), du crédit d'impôt recherche (6 milliards), de la banque publique d'investissement
(BPI) (50 milliards).
La politique industrielle, c’est donc un ensemble de mesures interventionnistes des pouvoirs
publics, visant à développer certaines activités économiques et à promouvoir le changement
structurel. Cette politique industrielle a pour objectif de promouvoir des secteurs, pour des
raisons d'indépendance nationale, d'autonomie technologique, de faille de l'initiative privée,
de déclin d'activités traditionnelles ou d'équilibre territorial.

2°) Pourquoi la politique industrielle est-elle une politique structurelle ?


Une politique structurelle agit sur le long terme et sur des caractéristiques fondamentales de
l’économie. Une politique industrielle ne se décrète pas ; elle prend du temps pour sa mise en
place (comme l’exemple de l’installation de 15000 bornes électriques évoquées dans le
texte) ; une politique sectorielle comme la transition énergétique, une politique de recherche
et d’innovation dans le domaine des énergies propres ne peuvent se mettre en place sans une
intervention impulsée par l’Etat ; lui seul peut inciter un certain nombre d’acteurs à s’engager
dans une politique structurelle (entreprises, organismes publics, laboratoires de recherche…) ;
L’Etat favorise des partenariats entre industriels et chercheurs, entre PME et grandes
entreprises, entre domaines d’activités différents.
La politique industrielle souhaite également rassembler sur une même aire géographique des
entreprises complémentaires, des institutions publiques ou privées : ce qui donne les pôles de
compétitivité.
Discussion avec les étudiants sur la politique structurelle et ses différences avec la politique
conjoncturelle.

3°) Pourquoi la politique industrielle risque-t-elle de coûter cher ?


Plusieurs moyens sont consacrés à une politique industrielle :
Des moyens financiers : grand emprunt (18 milliards), 34 priorités industrielles (3,5
milliards), crédit d'impôt recherche (6 milliards), banque publique d'investissement (50
milliards). Discussion avec les étudiants avec des exemples de projets qu’ils connaissent
Des moyens humains avec la mobilisation de laboratoires de recherche public ou privé, avec
des organismes publics ou semi publics capables d’entraîner un certain nombre d’acteurs dans
des projets porteurs qu’un marché seul ne peut pas réussir ;
Des moyens politiques : la fiscalité par exemple ; une politique industrielle ciblée sur des
secteurs donnés, s’accompagne d’une moindre pression fiscale pendant plusieurs années afin
d’encourager les acteurs à s’engager sur des projets (ex. transition énergétique, la voiture
électrique…) ; des subventions servent à inciter ; des facilités de crédits mobilisent un
ensemble de partenaires…
Ces moyens peuvent dégager des synergies autour de projets innovants ; ils peuvent rendre
des territoires compétitifs ou attractifs ; c’est à travers la diversité d’acteurs que se construit
l’innovation à l’aide de partenariats multiples, que se mutualise la R et D.
Le coût est indéniable, mais la politique industrielle vaut la peine d’être tentée.

4°) Est-ce que la politique industrielle peut tout réussir ?


Il ne faut pas oublier que la désindustrialisation française existe et que la politique industrielle
qui fut menée précédemment n’a pas réussi à maintenir une industrie digne de ce nom à
l’instar de l’Allemagne.
Comme le souligne le ministre de l’économie, l’Etat seul ne peut rien ; celui-ci ne peut
impulser une dynamique sans le rôle essentiel des partenaires sociaux ; il ne suffit pas de
miser sur plusieurs leviers tels que « les 34 plans industriels, une politique de l'innovation
(...) » pour parvenir à réindustrialiser la France.
Trop d’écueils sont encore à surmonter :
Adapter le marché à la rapidité des innovations ; ce qui rend difficile le rôle de l’Etat, puisque
par essence une politique industrielle se base sur le long terme contrairement au marché qui
mise plutôt sur du court terme ;
La concurrence, la mondialisation rendent instables les choix publics et donc la politique
industrielle. Le temps de réaction n’est pas le même lorsque l’Etat avec sa politique
industrielle se confronte avec la concurrence internationale.
Le poids de l’Etat peut constituer un frein à la réussite d’une politique industrielle car son
endettement pèse indéniablement sur les projets à mener.
Seule une coopération européenne peut mener à bien une politique structurelle
« industrielle » ; c’est le pari de la commission européenne avec le plan d’investissement
Juncker et ses 300 milliards d’euros à la clé.

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