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Douleurs, 2004, 5, Hors série 1 3S49

Qualité de vie gre dans son discours le vocabulaire médical qui désigne ses trou-
bles, offre la présentation clinique que l’on attend de lui, sacrifie
sa personne au profit de ce qu’il représente pour la médecine pure-
EP38 A NALYSE DES FACTEURS PSYCHO - ment somaticienne : un symptôme à combattre. Par ailleurs, la
SOCIAUX DES DIFFICULTÉS D ’ OBSERVANCE DU parole médicale possède une répercussion majeure sur la façon
TRAITEMENT PAR LES DOULOUREUX CHRONIQUES dont le patient vit sa situation, sur son adhésion à une forme de
F. Marchand(1), N. Mimassi(2), J. Autret(2), D. Baron(2) prise en charge, mais aussi une incidence sur l’efficacité du travail
engagé et qui a pour but le soulagement. Les auteurs proposent
1. Consultation des douleurs chroniques rebelles, CHU Brest non seulement une réflexion sur ce thème, mais aussi un modèle
2. Centre rééduc. et réadapt. fonct. Trestel, CH Lannion de pratique, à mener dès le premier entretien, pour sortir d’un
processus insidieux et qui possède une forte incidence sur la prise
Objectifs : Mettre en évidence les facteurs psychosociaux à l’ori-
en charge.
gine du défaut d’observance préjudiciable à l’accomplissement du
contrat thérapeutique.
Description : Étude de 32 malades (44 examens) consultant pour
une douleur chronique de l’appareil locomoteur. Prise d’une
observation clinique suivie d’un entretien semi dirigé afin d’étudier
EP40 U NE TECHNIQUE DE MUSICOTHÉRAPIE :
leurs comportements face à la douleur et les conséquences du LA MÉTHODE EN U
vécu douloureux sur leurs relations sociales et professionnelles. S. Guétin(1), P. Giniès(2)
Des indicateurs ont été recherchés sur les attitudes et comporte- 1. Association de Musicothérapie Application et Recherche Clinique
ments face à la douleur et aux médicaments, l’état psychologique (AM-ARC), 246, rue de l’Aiguelongue, 34 090 Montpellier
et les attentes du patient. 2. Centre d’Évaluation et du Traitement de la Douleur, CHU,
Résultats : Face à la douleur, 78 % présentent un état anxio-
34295 Montpellier cedex 5, France
dépressif, 37 % la considèrent comme une « béquille pour vivre »,
28 % en parlent en terme de perte ou de bénéfice, 12 % sont passifs 3. Service d’Anesthésie et Réanimation B, CHU, 34295 Montpellier
et 6 % évoquent la perte d’espoir. Face aux médicaments : 37 % cedex 5, France
craignent les effets secondaires, 15 % sont réticents pour prendre
Objectif : La méthode en U consiste à utiliser une succession
un antidépresseur et 6 % de la morphine ; inversement, 6 % ont
d’œuvres musicales, décomposée en plusieurs phases avec une
peur du sevrage médicamenteux et 15 % associent l’efficacité de
réduction et/ou une augmentation progressive du tempo, de la
traitement et quantité de médicaments.
formation orchestrale, du volume. Ce procédé à l’avantage de
L’état psychologique s’exprime en terme de plaintes (78 %), en
permettre d’obtenir les modifications psycho-physiologiques pré-
surinvestissement du corps (53 %), en altération du sentiment
cises (ex : Endormissement : réduction progressive des composan-
d’identité (50 %), en perte de confiance en soi (40 %) en « habitua-
tes musicales, réveil : augmentation progressive des composantes
tion » à la douleur sur le ton de la résignation (43 %), en ambiva-
musicales).
lence vis à vis de la douleur (31 %), en altération du rapport au
Description : La séquence musicale de temps variable non limi-
temps (15 %), en difficulté à évaluer l’intensité (12 %).
tatif est décomposée en plusieurs morceaux de quelques minutes
Conclusion : Les facteurs psychosociaux des difficultés d’obser-
chacun, fondus et enchaînés qui amènent progressivement le
vance sont multiples, complexes, à l’origine de comportements
patient à la détente. La forme musicale est choisie en fonction des
exprimés à travers les peurs évoquées qui renvoient aux résistan-
goûts personnels. Le patient est allongé. Les montages musicaux
ces au transfert et doivent alerter sur le sens que prend la demande
sont diffusés à l’aide d’un casque selon la demande d’écoute musi-
de soins.
cale individuelle. Des œuvres de musique instrumentale adaptées
aux critères de réceptivité musicale sont sélectionnées concernant
un nombre varié de styles : classique, moderne, jazz, variété, rock,
électronique, musique du monde [1]…
Techniques thérapeutiques La méthode utilise à la fois les composantes rythmique (compor-
tementale), mélodique (affective), harmonique (sensorielle) et de
EP39 I ATROGÉNIE ET MÉMOIRE : timbre (cognitif, encodage mnésiques, souvenirs) de la musique.
Ces variations des composantes sensorielle, cognitive, affective et
DES MOTS ET DES DIAGNOSTICS QUI MARQUENT comportementale de la musique modifient la sensation doulou-
A. Bioy, I. Nègre reuse globale. Parallèlement, le temps d’écoute proposé au patient
CHU Bicêtre à la suite de la séance permet de verbaliser des émotions et d’éva-
cuer des tensions.
Objectif : À côté de la « mémoire de la douleur », existe une autre Conclusion : Cette technique d’application récente apporte un
mémoire au moins aussi importante : celle que le patient conserve confort évident aux patients (diminution du stress, de la douleur)
de son parcours médical, de ce qui a été dit de ses symptômes, et permet de diminuer l’apport de médicament [2].
des examens et résultats déjà obtenus et des incidences que cela
a eu sur sa prise en charge.
Description : Les auteurs rappellent la définition de la « iatrogé-
nie » et proposent que soient inclus dans cette définition les effets RÉFÉRENCES
de la parole médicale sur la façon dont un patient vit son histoire 1. Mok E, Wong KY. Effects of Music on Pain Anxiety. AORN
et sa situation. Ils prennent l’exemple de paroles provoquant de Journal 2003;77:396-410.
fortes réactions iatrogènes : « c’est dans votre tête », « c’est psycho- 2. Lepage C, Drolet P, Girard M et al. Music Decreases Sedative
somatique », « vous ne réagissez pas comme vous deviez au traite- Requirements During Spinal Anesthésia. Anesth Analg 2001;93:
ment », etc. Ils indiquent également l’impact possible de telles 912-6.
paroles sur le patient (culpabilisation, syndrome de la bête
curieuse…).
Conclusion : Plus le parcours médical du patient est long, et plus
on assiste à une identification du patient à ses symptômes. Il intè-

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