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La construction est parmi les branches les plus dangereuses au monde. Le Bureau
américain des statistiques du travail (US Bureau of Labor Statistics), par exemple,
classe ce secteur d’activité parmi les trois branches ayant les taux d’accidents les
plus élevés. Même si les matériaux, les méthodes, les outils et les engins mis en
œuvre ont beaucoup changé avec le temps et continuent d’évoluer et si, grâce à la
formation du personnel et à l’importance donnée aux questions de sécurité et de
santé, le sort des travailleurs des chantiers navals s’est beaucoup amélioré, il n’en
demeure pas moins que, chaque année dans le monde, de nombreux travailleurs
meurent ou sont victimes de graves accidents sur ces chantiers alors qu’ils sont
employés à la construction, à l’entretien ou à la réparation de navires.
Le milieu dans lequel s’effectuent les travaux de construction navale est en soi une
gageure. Mis à part quelques chantiers où la construction et la réparation des
navires a lieu à couvert, ces travaux se déroulent généralement à ciel ouvert. On
construit des navires sous toutes les latitudes. Tandis que les travailleurs des
chantiers du Grand Nord doivent affronter les rigueurs de l’hiver (ce qui les oblige
à travailler sur des surfaces rendues glissantes par la glace ou la neige, pendant des
journées où la lumière du jour est rare, et à des efforts physiques d’autant plus
pénibles qu’il leur faut passer de longues heures sur des surfaces d’acier glacées et
dans des positions souvent inconfortables), ceux des régions plus australes doivent
supporter les contraintes de la chaleur, les risques de coups de soleil, le travail sur
des surfaces si brûlantes que l’on pourrait y faire cuire des aliments, les piqûres
d’insectes et même les morsures de serpents. Les travaux s’effectuent généralement
au-dessus ou autour d’un plan d’eau, dans l’eau ou même sous l’eau. Souvent, le
vent vient fouetter les courants de la marée et fait rouler ou tanguer la surface sur
laquelle les travailleurs doivent effectuer des tâches difficiles dans toutes sortes de
positions périlleuses et à l’aide de matériels capables d’occasionner des blessures
graves. Le vent, souvent imprévisible, est une force dont il faut tenir compte
lorsqu’on doit mettre en place ou déplacer des pièces pesant fréquemment plus de 1
000 tonnes, surtout si la manœuvre se fait au moyen de grues couplées. Les défis
présentés par l’environnement naturel sont multiples et offrent une combinaison
apparemment infinie de situations pour lesquelles les professionnels de la sécurité
et de la santé doivent concevoir des mesures de prévention ad hoc. Il est
évidemment essentiel que la main-d’œuvre soit convenablement informée et
formée.
Dès la mise en place des premières tôles d’acier qui constituent la quille, le chantier
se modifie sans cesse et sa complexité croissante s’accompagne de toute une série
de situations potentiellement dangereuses et toujours nouvelles qui demandent que
soient établis non seulement des procédures précises pour l’accomplissement du
travail, mais également des moyens permettant de reconnaître et de résoudre les
innombrables situations imprévisibles qui surgiront immanquablement au cours de
la construction. Au fur et à mesure que celle-ci progresse, les échafaudages
s’ajoutent les uns aux autres pour permettre d’accéder à tous les points de la coque.
La construction d’un échafaudage solide est en soi un travail très spécialisé qui peut
exposer les travailleurs à des risques de plus en plus considérables à mesure que le
navire s’élève au-dessus du sol ou de l’eau. Tandis que la coque commence à
prendre forme, l’intérieur du bateau se met en place lui aussi grâce aux méthodes
de construction modernes qui permettent d’assembler de grands sous-ensembles,
créant ainsi des espaces clos ou confinés.
Chaque espace ménagé à l’intérieur de la coque est conçu en fonction d’un but très
spécifique. La coque peut être un vide qui contiendra le ballast, mais elle peut aussi
renfermer des citernes, des cales à marchandises ou des couchettes, ou encore
héberger un centre de contrôle d’opérations militaires hautement sophistiqué. Quoi
qu’il en soit, sa construction nécessitera l’intervention d’équipes de spécialistes qui
devront travailler les uns à côté des autres. C’est ainsi que l’on pourra trouver, au
même endroit et au même moment, des tuyauteurs en train de monter des vannes
sur des canalisations, des électriciens tirant sur des câbles ou installant des circuits,
des peintres effectuant des retouches, des soudeurs assemblant des tôles de pont,
des charpentiers, des poseurs de matériaux isolants ou encore une équipe chargée
de vérifier le bon fonctionnement d’un système. De telles situations, et d’autres
plus complexes encore, se présentent chaque jour et tout au long de la journée,
selon des schémas changeants dictés par les impératifs techniques ou de
planification, la disponibilité du personnel et même les conditions météorologiques.
Des progrès considérables ont certes été réalisés au fil des ans en matière de
sécurité et de santé grâce à des méthodes de construction et à des matériels mieux
conçus, à des installations plus sûres et à de grands efforts de formation de la main-
d’œuvre. Toutefois, l’essentiel des progrès réalisés à ce jour et ceux qui restent à
accomplir sont et seront à mettre au compte de l’attention que l’on porte au
travailleur en tant qu’individu et aux comportements qui sont à l’origine des
accidents. Cela est vrai, sans doute, pour la majorité des branches d’activité, mais la
forte densité de main-d’œuvre qui caractérise les chantiers de construction navale
confère une importance toute particulière à cet aspect du problème. Cette nouvelle
conception des programmes de sécurité et de santé impliquant plus directement le
travailleur et prenant davantage en considération ses opinions a non seulement
l’avantage de le sensibiliser aux risques inhérents à son travail et aux moyens de les
éviter, mais leur donne également un sentiment d’appropriation du programme de
prévention. Or, c’est précisément ce sentiment qui est la clé du succès en la
matière.
La construction navale
La construction d’un navire est un processus complexe d’une haute technicité. Elle
demande la collaboration étroite de nombreux personnels qualifiés et d’une main-
d’œuvre contractuelle qui travaille en général sous la direction d’un entrepreneur
principal. On construit des bateaux à des fins commerciales ou militaires. C’est une
activité à caractère international, où quelques grands chantiers navals se battent
pour conquérir leur part d’un marché relativement restreint.
Depuis la fin des années quatre-vingt, de profonds changements ont marqué cette
branche d’activité. Autrefois, la construction d’un navire s’effectuait en majeure
partie à l’intérieur d’un bâtiment ou en cale sèche, et pratiquement pièce par pièce,
de la quille aux mâts. Grâce au progrès technique et à une planification plus
poussée, il est désormais possible de construire un navire par sous-ensembles ou à
l’aide de modules relativement faciles à assembler, déjà pourvus d’installations et
de systèmes intégrés. Cette façon de procéder est plus rapide et moins coûteuse et
facilite le contrôle de la qualité. En outre, elle se prête davantage à l’automatisation
et à la robotisation, ce qui permet non seulement d’économiser de l’argent, mais
aussi de réduire l’exposition des travailleurs aux risques chimiques ou physiques.
Le matériau de base de la construction navale est la tôle d’acier. Les tôles sont
découpées, mises en forme, cintrées ou façonnées pour leur donner les dimensions
et la forme souhaitées (voir figures .2 et .3). En général, on procède au découpage
des tôles par oxycoupage aux gaz. Les éléments obtenus sont ensuite soudés pour
former des poutrelles en I, en T ou en L et d’autres membrures (voir figure.4).
Figure.2 Oxycoupage automatique d'une tôle d'acier dans un atelier de fabrication
Les plaques de tôle sont ensuite envoyées aux ateliers de fabrication où elles sont
assemblées en différentes unités et différents sous-ensembles (voir figure .5). C’est
à ce stade que les tuyauteries, les circuits électriques et les autres circuits de
distribution sont mis en place et intégrés aux unités. Celles-ci sont assemblées par
soudage automatique ou manuel, ou par une combinaison des deux techniques. On
fait appel à plusieurs procédés de soudage, le plus courant étant le soudage à l’arc
avec une électrode fusible enrobée qui constitue le métal d’apport. D’autres
procédés de soudage à l’arc font appel à une atmosphère inerte de protection ou
même à des électrodes réfractaires qui résistent à de très hautes températures.
Une fois achevées, les grandes unités sont transportées en cale sèche, en bassin de
radoub ou vers la zone de montage final où elles sont assemblées pour former le
navire, ce qui appelle de nouvelles opérations de soudage et d’ajustage. Les
structures de la coque ainsi montées et l’étanchéité de celle-ci vérifiée, le navire est
mis à l’eau. Le lancement peut se faire soit en le faisant glisser le long d’un plan
incliné jusqu’à ce qu’il soit à flot, soit en noyant la cale sèche, soit en abaissant la
coque jusqu’à l’eau. Ces lancements sont presque toujours l’occasion de festivités.
Une fois lancé, le navire entre dans la phase d’armement; celle-ci nécessite
beaucoup de temps et d’importants équipements. Il s’agit de poser câbles et
canalisations, d’aménager les cuisines et les logements des équipages, de fixer
l’isolation, d’installer l’équipement électronique et les aides à la navigation et de
mettre en place l’appareil propulsif et les organes de direction. De nombreux corps
de métier sont mis à contribution.
Le découpage
Le soudage
La charpente de la plupart des navires est faite d’aciers de différentes qualités, qui
vont de l’acier doux à l’acier à haute résistance. L’acier présente à la fois des
qualités de ductilité, d’usinabilité et de soudabilité, en même temps que la
résistance indispensable à tout navire de haute mer. On utilise aussi de l’aluminium
et des matériaux non ferreux pour certaines superstructures (par exemple les roufs)
et pour d’autres parties spécifiques du navire. D’autres matériaux — acier
inoxydable, acier galvanisé, alliages cupro-nickel — sont également employés pour
répondre à divers impératifs de résistance à la corrosion et pour améliorer la
solidité de l’ensemble. Les aciers restent cependant largement plus utilisés que les
matériaux non ferreux. En général, les matériaux moins courants sont réservés aux
installations de ventilation, aux centres de contrôle des opérations militaires, aux
systèmes de navigation et aux canalisations. Ces matériaux remplissent un grand
nombre de fonctions, que ce soit pour l’appareil propulsif, les circuits électriques de
secours, les cuisines, les stations de pompage de carburant ou les systèmes de
combat.
On utilise trois types d’acier pour la construction navale: l’acier doux, l’acier à
haute résistance et l’acier fortement allié. Les aciers doux ont des propriétés
remarquables et sont faciles à produire, à façonner et à souder. Les aciers à haute
résistance sont faiblement alliés afin de leur conférer des propriétés mécaniques
supérieures à celles des aciers doux. Enfin, les aciers à très haute résistance ont été
spécialement mis au point pour la construction navale. En général, les aciers à
haute résistance et à limite d’élasticité élevée portent les désignations HY-80, HY-
100 ou HY-130. Leur résistance est supérieure à celle des aciers à haute résistance
du commerce. Ils exigent des procédés de soudage plus complexes si l’on veut
éviter que leurs propriétés ne s’altèrent: électrodes de soudage spéciales,
préchauffage des joints, etc. Quant aux aciers fortement alliés, ils contiennent
d’assez grandes quantités d’éléments d’alliage tels que nickel, chrome et
manganèse. Ces aciers, dont fait partie l’acier inoxydable, offrent une résistance
élevée à la corrosion et nécessitent, eux aussi, des procédés de soudage spéciaux.
On fait du soudage, plus précisément du soudage par fusion, à peu près partout sur
un chantier naval. L’opération consiste à assembler des métaux en portant des
surfaces contiguës à des températures extrêmement élevées en vue de les joindre
par fusion à l’aide d’un métal d’apport lui-même en fusion. Une source de chaleur
est utilisée pour chauffer les deux bords à souder, afin de leur permettre de
s’amalgamer avec le métal d’apport (électrode, fil métallique ou baguette). La
chaleur nécessaire est habituellement générée par un arc électrique ou une flamme
de gaz. Le procédé de soudage est choisi dans chaque cas en fonction du cahier des
charges établi par le client, des cadences de production et d’un certain nombre de
contraintes d’exploitation, notamment les normes officielles. Celles-ci sont
généralement plus strictes pour les vaisseaux de guerre que pour les navires de
commerce.
L’un des facteurs importants dans les procédés de soudage à l’arc est la protection
du bain de fusion. La température du lit de fusion est passablement plus élevée que
le point de fusion des métaux que l’on veut souder. A des températures
extrêmement élevées, une réaction avec l’oxygène et l’azote de l’air intervient
rapidement et peut compromettre la résistance de la soudure. Si de l’oxygène et de
l’azote atmosphériques sont pris dans le métal de soudage ou la baguette en fusion,
la zone de soudure est fragilisée. On ne peut éviter ce défaut et assurer la bonne
qualité de la soudure qu’en la protégeant de l’atmosphère. Dans la plupart des
procédés de soudage, cette protection se fait par adjonction d’un fondant (flux),
d’un gaz ou des deux à la fois. Avec le fondant, les gaz produits par vaporisation et
réaction chimique à l’extrémité de l’électrode forment, par combinaison avec le gaz
et le fondant, une protection qui empêche que la soudure ne capte de l’azote et de
l’oxygène. Cette question est traitée plus en détail dans les sections ci-après
consacrées à des techniques particulières de soudage.
Dans le soudage à l’arc électrique, un circuit est créé entre la pièce à souder et une
électrode ou un fil. Si l’électrode ou le fil sont tenus à proximité immédiate de la
pièce à souder, il se forme un arc à haute température. Cet arc génère une chaleur
suffisante pour faire fondre les bords des pièces à souder et pour que l’extrémité de
l’électrode ou du fil produise un système de soudage par fusion. Il existe de
nombreux procédés de soudage à l’arc électrique qui peuvent être appliqués en
construction navale; tous nécessitent une protection de la zone à souder vis-à-vis de
l’atmosphère. On peut les subdiviser en deux catégories: protection par flux et
protection par gaz.
Soudage à l’arc sous flux en poudre (Submerged Arc Welding — SAW). Cet autre
procédé de soudage à l’arc électrique avec protection par un flux est utilisé dans de
nombreux chantiers navals. La technique consiste à déposer une couche de flux
granulé sur la pièce à souder, puis à employer une électrode consommable de métal
nu. Généralement, l’électrode sert de métal d’apport, bien que dans certains cas on
ajoute au flux des granulés de métal. L’arc est submergé d’un flux en poudre, dont
une partie fond en recouvrant la soudure d’une couche de laitier. Une forte
concentration de chaleur permet des dépôts de soudure lourds à des vitesses
relativement élevées. Après soudage, le métal en fusion est protégé par une couche
de flux fondu, enlevé par la suite et qui pourra être récupéré. Ce procédé de
soudage doit être réalisé au sol et convient parfaitement au soudage en bout des
tôles. En général, la technique de SAW est totalement automatisée, le matériel étant
monté sur un chariot mobile ou sur une plate-forme à autopropulsion surplombant
les pièces à souder. La majeure partie du temps est consacrée à l’alignement des
joints sous la machine. Etant donné que l’arc fonctionne sous une couche de flux
granulé, le taux de production de fumées est peu élevé et le reste tout au long des
opérations, pour autant que la couche de flux soit suffisante.
Soudage à l’arc sous protection gazeuse avec fil électrode fusible (Gas Metal Arc
Welding — GMAW). Une autre catégorie importante de procédés de soudage à l’arc
électrique est constituée de ceux qui utilisent un gaz de protection. Dans ces
procédés, on a recours à des électrodes qui sont généralement des fils nus. Le gaz
de protection — qui peut être inerte, actif, ou les deux à la fois — enveloppe
l’électrode. Le GMAW, appelé aussi communément soudage MIG (Metal Inert
Gas) , utilise une électrode consommable qui consiste en un fil nu de petit
diamètre, poussé automatiquement dans un tube contact, et un gaz de protection.
Cette technique est le résultat de longues recherches visant à mettre au point une
méthode permettant de souder en continu sans être obligé de s’interrompre pour
changer d’électrode. Elle nécessite un dispositif automatique d’alimentation en fil.
Un dévidoir fournit du fil à mesure qu’il fond, à vitesse constante ou à vitesse
variable selon les tensions requises, réglées dans ce cas par un variateur. Quand
l’arc jaillit entre le fil et la pièce à souder, on crée une protection gazeuse autour de
l’électrode en insufflant de l’argon ou de l’hélium au moyen d’un chalumeau.
L’association de CO2 et d’un gaz inerte s’est révélée intéressante pour le soudage de
l’acier, permettant de réduire les coûts de production et d’améliorer la qualité des
soudures.
Soudage TIG (Gas Tungsten Arc Welding — GTAW). Un autre procédé de soudage
sous protection gazeuse est le soudage à l’arc avec électrode réfractaire en
tungstène, désigné parfois sous le nom de marque Heliarc car, au début, l’hélium
était utilisé comme gaz inerte. Ce fut le premier des «nouveaux» procédés de
soudage, qui succéda au soudage avec baguette d’apport quelque 25 années plus
tard. L’arc est amorcé entre la pièce à souder et une électrode réfractaire en
tungstène. Un gaz inerte, habituellement de l’argon ou de l’hélium, sert de gaz de
protection et fait de ce procédé une technique propre produisant peu de fumées. De
plus, l’arc dans ce cas ne transfère pas le métal d’apport, mais fait simplement
fondre la pièce à souder et le fil, ce qui aboutit à une soudure plus propre. Le
procédé TIG est le plus souvent employé dans les chantiers navals pour le soudage
de l’aluminium, du métal en feuilles et des tuyaux de petit diamètre, ou encore pour
déposer la passe de fond d’un cordon multipasses lors du soudage de tuyaux de plus
gros diamètre ou de pièces de grandes dimensions.
Soudage à l’arc avec fil fourré fusible (Flux Core Arc Welding — FCAW) utilise le
même type d’équipement que le soudage MIG dans la mesure où l’arc est alimenté
en fil en continu. La principale différence tient au fait que l’électrode du procédé
FCAW est un fil tubulaire et contient en son noyau un flux qui contribue à une
protection localisée dans la zone de soudage. Bien que certains fils de ce type
assurent une protection suffisante grâce à leur seul noyau, de nombreux procédés
FCAW utilisés en construction navale nécessitent une protection gazeuse
complémentaire afin de répondre aux exigences de la branche.
Le procédé FCAW permet de réaliser des soudures de grande qualité avec des
cadences de production et une efficacité supérieures à celles obtenues par la
méthode SMAW conventionnelle. Il permet de répondre à tout un ensemble
d’exigences en matière de production, comme le soudage en surplomb et le
soudage vertical. Les électrodes FCAW ont tendance à être légèrement plus chères
que les électrodes SMAW, mais l’amélioration de la qualité et de la productivité
justifient souvent l’investissement consenti.
Le brasage fort et le brasage tendre sont des techniques destinées à assembler deux
surfaces métalliques sans faire fondre le métal de base. On verse un métal ou
alliage d’apport à l’état liquide jusqu’à ce que l’espace qui sépare les deux surfaces
à assembler soit comblé, puis on le solidifie. Quand la température du métal
d’apport est inférieure à 450 °C, le procédé s’appelle soudo-brasage; quand elle est
supérieure à 450 °C, on le nomme brasage fort. Le brasage tendre est généralement
réalisé en utilisant la chaleur provenant d’un fer à souder, d’une flamme, d’une
résistance ou d’une bobine d’induction électrique. Le brasage fort fait appel à la
chaleur d’une flamme ou à celle produite par une résistance ou une bobine
d’induction. Il peut aussi s’effectuer en plongeant les pièces dans un bain. Les
assemblages brasés n’ont pas la résistance des assemblages soudés. Aussi, brasage
fort et brasage tendre ont-ils des applications limitées en construction et réparation
navales, à l’exception des assemblages de tubes de petit diamètre ou de feuilles de
métal, ou des travaux d’entretien.
Le soudage par faisceau laser est une technique nouvelle qui recourt à un faisceau
laser pour faire fondre et assembler les pièces à souder. Bien que la faisabilité de ce
procédé ait été prouvée, son coût élevé a entravé jusqu’ici son exploitation
commerciale. Toutefois, sa capacité de réaliser des soudures de haute qualité
devrait en faire une technique importante à l’avenir.
Une autre technique relativement récente en matière de soudage est le soudage par
faisceau d’électrons, obtenu par la fusion du métal de base sous l’impact d’un
faisceau focalisé d’électrons qui bombardent la pièce à souder, laquelle est placée
dans une enveloppe de gaz inerte. Du fait que le procédé ne dépend pas de la
conductibilité thermique du matériau considéré, il présente des avantages majeurs
en raison de ses besoins relativement faibles en énergie et de ses effets limités sur
le métal. Comme dans le cas du soudage par faisceau laser, le problème majeur
réside dans le coût élevé de l’équipement requis.
Le soudage des goujons est une forme de soudage à l’arc dans lequel des goujons
métalliques tiennent lieu d’électrodes. Un pistolet spécial maintient le goujon
pendant que l’arc se forme. La tôle et l’extrémité du goujon entrent en fusion, le
pistolet presse le goujon contre la tôle et les soude ensemble. La sécurité est assurée
par une ferrule céramique de protection qui entoure le goujon. Le procédé, semi-
automatique, est couramment utilisé en construction navale pour faciliter la pose de
matériaux non métalliques (tels que les matériaux d’isolation) sur des surfaces
d’acier.
Des travaux de peinture s’effectuent dans quasiment tous les ateliers du chantier
naval. La nature de la construction et de la réparation navales requiert plusieurs
types de peinture dont chacun a des fins différentes. La peinture nécessaire pour un
certain type d’application peut aller d’un produit à base d’eau à un enduit époxy à
haute performance; le choix est fonction de l’environnement auquel le revêtement
sera exposé. Quant au matériel de peinture, il s’étend des simples brosses et
rouleaux aux pistolets sans air comprimé et aux machines automatiques. En règle
générale, les parties ci-après d’un navire exigent une mise en peinture:
Types de revêtements utilisés dans les chantiers navals. Sur un navire, des
peintures sont appliquées en de nombreux emplacements et à des fins diverses.
Aucune peinture ne peut remplir toutes les fonctions désirées (par exemple,
protection contre la rouille, les salissures — peintures antifouling —, l’alcalinité,
l’acidité). Les peintures contiennent trois ingrédients principaux: un pigment, un
liant et un solvant. Les pigments sont des particules de petit calibre qui déterminent
généralement la couleur ainsi que les nombreuses propriétés associées au
revêtement. L’oxyde de zinc, le talc, le carbone, le goudron de houille, le plomb, le
mica, l’aluminium et la limaille de zinc sont des exemples de pigments. Le liant
peut être considéré comme une colle qui consolide les pigments de la peinture.
Beaucoup de peintures sont désignées selon leur type de liant (époxy, alkyde,
uréthane, vinylique, phénolique). Le liant joue également un rôle très important
dans la détermination des performances du revêtement (notamment la souplesse, la
résistance chimique, la durabilité et l’aspect). Quant au solvant, son rôle est de
fluidifier la peinture et de permettre son application aisée; il s’évapore lors du
séchage. Les solvants usuels sont à base d’acétone, d’essences minérales, de
xylène, de méthyléthylcétone et d’eau. Les peintures anticorrosion et antisalissures
sont les deux principaux types de peinture habituellement utilisés sur les coques des
navires. Les peintures anticorrosion se présentent soit comme des produits à base
de vinyle, de laque ou d’uréthane, soit comme des produits plus récents à base
époxy auxquels on a beaucoup recours à l’heure actuelle et qui offrent toutes les
qualités requises en milieu marin. Les peintures antisalissures servent à empêcher
la prolifération et la fixation d’organismes marins sur la coque des navires. Elles
sont souvent à base de cuivre et dégagent des substances toxiques en quantités
infimes à proximité immédiate de la coque. Les couleurs s’obtiennent par
adjonction de noir de fumée, d’oxyde de fer rouge ou de dioxyde de titane (blanc).
Le pistolet sans air comprimé est devenu l’appareil le plus utilisé pour l’application
de peinture dans l’industrie de la construction navale. Dans cet appareil, une pompe
hydraulique amène la peinture à une buse placée à l’extrémité du pistolet. La
peinture est ainsi projetée sous l’effet d’une pression hydrostatique et non plus
d’une pression pneumatique. Afin de réduire la quantité de peinture pulvérisée en
excès et les déversements accidentels, les chantiers navals développent au
maximum l’usage de la peinture au pistolet sans air. Cet appareil est aussi plus
propre à utiliser et présente moins de problèmes de fuites que le pistolet à air
comprimé, car il nécessite une pression moins élevée. Les pistolets sans air ont une
efficacité de transfert proche de 90%, selon les conditions de travail. Une nouvelle
technique, appelée «grand volume, faible pression» (high volume, low pressure —
HVLP) permet au pistolet sans air d’obtenir dans certains cas une efficacité de
transfert encore meilleure. L’efficacité de transfert est mesurée par estimation; elle
tient compte des coulées et des déversements accidentels qui peuvent survenir au
cours du travail.
Peinture des pièces de petites dimensions. Un grand nombre de pièces entrant dans
la construction d’un navire doivent recevoir un enduit avant leur installation
(dévidoirs de tuyaux souples, conduits de ventilation et portes, par exemple). Les
pièces de petites dimensions sont généralement préparées dans un atelier du
chantier naval spécifiquement conçu à cet effet. Leur mise en peinture peut
s’effectuer dans la zone du chantier qui répond le mieux aux contraintes de
production. Certaines pièces sont peintes dans différents ateliers, tandis que
d’autres le sont dans un endroit placé sous le contrôle du service chargé des travaux
de peinture.
L’armement
1. armement de l’unité;
2. armement sur bloc;
3. armement à bord.
L’armement des unités est l’étape au cours de laquelle les accessoires, pièces,
machines et autres matériels d’armement sont montés de façon autonome; en
d’autres termes, les unités sont préparées à distance des blocs structurels d’acier, ce
qui permet aux travailleurs d’assembler leurs composants au sol où ils peuvent
accéder aisément aux machines et aux ateliers. Les unités sont ensuite installées au
cours de l’une ou l’autre étape de construction, sur bloc ou à bord. Ces unités
peuvent être de taille, de forme et de complexité très diverses. Dans certains cas,
une unité n’est rien d’autre qu’un ventilateur raccordé à un plénum. Les unités
complexes de grande taille se rencontrent principalement dans les salles des
machines, les chaufferies, les chambres des pompes ou d’autres compartiments du
navire difficiles d’accès. Les salles des machines possèdent un armement intensif.
L’armement au sol accroît la sécurité et l’efficacité dans la mesure où l’on
économise des heures de travail qui, autrement, auraient été consacrées à
l’armement sur bloc ou à bord dans des espaces exigus où le travail est plus
difficile.
Dans l’armement sur bloc, la plus grande partie du matériel d’armement est
installée sur les blocs. Ce matériel est constitué par les circuits de ventilation, les
canalisations, les portes, les installations d’éclairage, les échelles, les garde-corps,
les installations électriques, etc. De nombreuses unités sont aussi posées pendant
l’étape d’armement sur bloc. Tout au long de cette étape, un bloc peut être soulevé,
tourné et déplacé afin de faciliter l’installation des matériels d’armement au niveau
des plafonds, des cloisons et des planchers. Tous les ateliers et services du chantier
doivent rester en communication pendant l’étape d’armement sur bloc afin de
garantir l’installation des matériels à l’endroit voulu et au moment opportun.
L’armement à bord s’effectue après que les blocs ont été hissés sur le navire en
construction (c’est-à-dire après leur assemblage). A ce moment précis, le navire se
trouve sur une aire de construction ou à quai. L’armement des blocs est déjà bien
avancé, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que le navire ne
soit opérationnel. L’armement à bord comprend l’installation à bord d’unités et de
blocs de grandes dimensions. Il comporte le soulèvement et la mise en place de
blocs et d’unités de gros gabarit à bord du navire neuf et leur soudage ou leur
boulonnage sur place. L’armement à bord inclut également l’interconnexion des
systèmes de bord (tuyauteries, système de ventilation, circuits électriques, etc.).
C’est au cours de l’étape d’armement à bord que la totalité des câblages sont mis en
place sur l’ensemble du navire.
Ces essais et épreuves (dits de recette ou de réception) ont pour but de vérifier le
bon fonctionnement des éléments et des systèmes installés. Si leurs résultats ne sont
pas concluants pour une raison quelconque, les défauts constatés doivent être
corrigés et le système testé jusqu’à ce qu’il soit en parfait état de marche. Toutes les
canalisations du bord seront mises sous pression afin de localiser les fuites
éventuelles. Les citernes sont elles aussi soumises à des essais qui consistent à les
remplir de liquide (par exemple, d’eau salée ou d’eau douce), à les inspecter et à
tester leur intégrité structurelle. Les circuits de ventilation, les circuits électriques et
beaucoup d’autres systèmes sont également vérifiés. La plupart des essais et des
épreuves s’effectuent alors que le navire est posté à quai; toutefois, on tend de plus
en plus à les pratiquer à des stades antérieurs de la construction (par exemple, dans
les ateliers de production). La réalisation d’essais au cours des étapes plus précoces
de la construction permet de mieux réparer les défaillances techniques grâce à un
accès plus aisé aux systèmes testés, bien que l’essai complet des systèmes doive
toujours être réalisé à bord. Une fois tous les essais préliminaires accomplis à quai,
le navire est soumis à une série de tests opérationnels complets en mer avant d’être
livré à l’armateur.
Les dangers et les précautions
Une fois les risques identifiés, il existe de nombreuses méthodes susceptibles de les
éliminer ou de les réduire. Ces méthodes peuvent grossièrement être regroupées en
plusieurs stratégies.
Les mesures de prévention technique sont mises en œuvre pour exclure ou atténuer
les risques à la source. Elles devraient avoir un caractère prioritaire, car elles sont
d’une grande fiabilité:
Dans le premier cas, la méthode présente des inconvénients, car les travailleurs
doivent tous passer un certain temps aux postes à risque, ce qui double le nombre
des travailleurs exposés.
Le décapage des pièces de petites dimensions peut s’effectuer en vase clos (boîte à
gants, par exemple). Les pièces plus grosses sont décapées à la main. Les
opérations peuvent avoir lieu soit à l’air libre, soit dans de grandes cabines conçues
à cet effet, soit encore à l’intérieur même des navires ou des sections de navires.
Dans tous les cas, le personnel chargé de ce travail doit utiliser une protection
intégrale, y compris une protection de l’ouïe et un appareil respiratoire à adduction
d’air frais. Il doit être alimenté en air respirable sous un débit suffisant.
Dans certains pays, l’utilisation de silice cristalline a été interdite dans les travaux
de décapage. En tout état de cause, son emploi est fortement déconseillé. Si l’on se
sert malgré tout de matériaux contenant de la silice, il faut adopter des mesures de
protection rigoureuses.
Après décapage, les pièces doivent être peintes rapidement afin d’empêcher la
formation de «fleur de rouille» à la surface. Bien que le mercure, l’arsenic et
d’autres métaux très toxiques n’entrent plus dans la composition des peintures,
celles utilisées dans les chantiers navals contiennent généralement des solvants
ainsi que des pigments comme le zinc. Plusieurs peintures sont du type époxy. Les
peintres se servant de tels produits doivent être protégés et porter des combinaisons
intégrales, des gants, des chaussures spéciales, une protection oculaire ainsi qu’un
appareil respiratoire à adduction d’air comprimé. Parfois, les opérations de peinture
doivent s’effectuer dans des espaces confinés ou clos. Dans ces cas, il faut utiliser
un appareil respiratoire à adduction d’air frais et une protection intégrale. Il faut
également prendre des mesures spéciales, adaptées aux espaces confinés, et prévoir
des autorisations de travail.
Pose de matériaux isolants. Les canalisations et certains organes doivent être isolés
afin de stabiliser leur température et de réduire la chaleur à l’intérieur du navire;
dans certains cas, une isolation est également nécessaire pour atténuer le bruit. En
réparation navale, l’isolation en place doit être enlevée pour permettre d’accéder
aux tuyauteries et conduits visés; dans ces cas-là, on peut encore se trouver en
présence d’amiante. En construction navale, en revanche, on utilise le plus souvent
la fibre de verre ou des fibres minérales. Dans un cas comme dans l’autre, une
protection respiratoire appropriée et une protection intégrale s’imposent.
Sources de bruit. Chacun sait combien le travail en chantier naval est bruyant. La
plupart des opérations portent sur des pièces de métal et s’accompagnent de
niveaux sonores dépassant les limites admissibles. Etant donné que toutes les
nuisances sonores ne peuvent être contenues en deçà de ces limites par des moyens
de prévention technique, une protection individuelle appropriée est indispensable.
Plomb. Pendant des années, les couches primaires et les enduits à base de plomb
ont été très largement employés en construction navale. Bien que leur usage soit
plutôt rare à l’heure actuelle, une quantité importante de plomb élémentaire est
présente sur les chantiers qui construisent des navires à propulsion nucléaire où ce
métal lourd est utilisé comme matériau de protection contre les rayonnements
ionisants. Par ailleurs, les travaux de réparation navale comportent fréquemment
l’élimination de couches de peinture anciennes qui contiennent souvent du plomb.
Il convient de remarquer à cet égard que toute opération de réparation navale exige
une bonne connaissance des matériaux utilisés antérieurement et des précautions
qu’ils appellent. Ainsi, tout travail présentant un risque d’intoxication par le plomb
requiert une protection individuelle intégrale comprenant combinaison, gants,
casque, chaussures à semelles isolantes et protection respiratoire appropriée.
RÉFÉRENCES COMPLÉMENTAIRES
Bureau international du Travail (BIT), 2000: Impact dans le domaine social et du
travail de la mondialisation dans le secteur de la fabrication du matériel de
transport: rapport soumis aux fins de discussion à la Réunion tripartite sur
l’impact dans le domaine social et du travail de la mondialisation dans le secteur
de la fabrication du matériel de transport, Genève, 8-12 mai 2000 (Genève).
Todd, W.F. et Shulman, S.A., 1984: «Control of styrene vapor in a large fiberglass
boat manufacturing operation», American Industrial Hygiene Association Journal ,
vol. 45, no 12, pp. 817-825.