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Entrée de l’Ukraine dans l’UE: clap de fin pour notre agriculture ?


Publié le 23/11/2023 - 08:21 par Vincent Chaplot IRD

Le 8 novembre dernier, la Commission européenne par la voix de sa présidence donnait à l’Ukraine le feu
vert de l’UE pour entamer les négociations d'adhésion. "Aujourd’hui est un jour historique qui ouvre la voie à
une UE plus forte avec l’Ukraine", a alors affirmé la présidente de la commission. Mais quelle sera la
conséquence pour l’agriculture française? Vincent Chaplot, directeur de recherche à l’IRD et agriculteur en
Côte-d’Or, nous donne son avis.

L'Ukraine compte 33 millions d’hectares de terres cultivables (soit 3,4 fois la surface française), ce qui en fait
l'une des principales puissances agricoles mondiales. La combinaison entre un accroissement continu de sa
productivité (4% environ par an depuis dix ans, 41q/ha en blé en moyenne pour le moment) et de sols
extrêmement riches qui sont loin de leur potentiel maximum fera très certainement de l’Ukraine le premier
producteur mondial de grains dans les années à venir.

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En savoir plus la région d’Odessa, la surface de 50% d’entre eux oscille entre 50 et 500 ha. Pas
étonnant alors que la mise en culture de ces terres, de véritables éponges à nutriments et à eau dans
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il est possible de produire beaucoup avec des quantités limitées de fertilisant et de pesticide
induisent des coûts de production du blé de 73€/t, contre 230€/t en France (source Arvalis international).
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Le blé ukrainien a déjà intégré l’UE
En 2023, l’Union européenne a concédé à l’Ukraine l’accès sans droits de douane à ses marchés. La
conséquence mécanique a été l’effondrement des cours des grains, avec des prix qui ont atteint des niveaux
si bas que notre blé devient compétitif aux États-Unis, devenus acheteurs en 2023. Nous savons aujourd’hui
que cette situation ne sera pas temporaire pour assurer un corridor d’exportation pour les céréales
ukrainiennes, mais qu’elle sera bien permanente et intensifiée, puisque l’UE nous annonce maintenant
souhaiter l’adhésion de l’Ukraine.

L’agriculture ukrainienne n’est déjà plus ukrainienne


En 2014, 4% des terres ukrainiennes étaient rachetées par des sociétés basées aux États-Unis. En 2023,
c’est environ la moitié de toutes les terres agricoles d’Ukraine (17 millions d'hectares, soit un trésor de guerre
de plus de 150 milliards d’euros) qui appartiennent à des sociétés privées étrangères.

En mettant ainsi la main sur les terres ukrainiennes, les groupes étrangers (principalement américains)
accèdent à une richesse inestimable dont les produits (grains…) auront un accès direct aux marchés
européens. Ceci sans droits de douane et autres accords de libre-échange et sous peu avec "en prime" des
subventions de la PAC ! Dès lors, comment réagiront les agricultures de l’Europe de l’Ouest. De nombreuses
autres questions se posent, comme celle de savoir à qui l’entrée de l’Ukraine dans l’UE profitera?

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