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La critique littéraire au XVIIe

siècle
« Critique et Grandeur »
⦿ Dans ce cours, on verra surtout comment un
certain type de critique s’est constitué au
XVIIème siècle.
⦿ La critique pendant ce siècle avait pris un rôle
qui lui était propre.
⦿ Elle se chargeait de proposer aux écrivains un
modèle à suivre dans le domaine de la
littérature.
⦿ Il ne faut pas perdre de vue que le XVIIème
siècle a été marqué par la politique particulière
qu’exerçait le Roi Louis XIV ; une politique qui
a fait de l’époque classique une époque unique
en son genre, au point que l’histoire littéraire
lui associe un vocabulaire qui lui est presque
spécifique : on parle de l’époque de la
Grandeur, du Grand Goût, du Grand Louis, de
la Grande Cour du Grand château de Versailles.
⦿ Un tel mot (grandeur) rend compte de ce qu’on
exigeait des écrivains de ce siècle.
Critique littéraire: règles à
respecter
⦿ L’écrivain doit respecter cette Grandeur et
pour la respecter, il doit suivre les directives
que lui proposent les critiques.
⦿ L’écrivain doit présenter au public, celui de la
cour et des salons, une littérature digne de
cette grandeur.
⦿ Le rôle du critique au XVIIème siècle était
donc de servir d’intermédiaire entre le public
et l’écrivain. Comment ?
⦿ Le critique se devait de prévenir l’écrivain des goûts et
des besoins du public (celui de la cour et des salons). Il
se devait donc de découvrir ces besoins.
⦿ Le critique est appelé à relever chaque « faute » dans
une œuvre. C’est ce qui a été fait, par exemple, pour l’
œuvre de Corneille, le Cid.
⦿ Tous les critiques du XVIIème siècle étaient d’accord
pour dire que pour donner naissance à une œuvre, l’
écrivain était amené à suivre un certain nombre de
règles ; parmi celles-ci, nous pouvons citer, l’imitation
des Anciens, la notion du vraisemblable, la raison…
⦿ Si l’écrivain se hasardait à ignorer les règles établies par
les critiques, ses œuvres seraient sévèrement jugées et
pourraient même être censurées.
⦿ Bien sûr, même si tous les critiques avaient pour but
de faire respecter les règles par les écrivains, chacun
avait une certaine particularité et voulait laisser
quelques unes de ses remarques ancrées dans
l’esprit du public du XVIIème siècle.
⦿ Jean Louis Guez de Balzac, par exemple évoque
l’importance que l’œuvre plaise, il écrit :
« Découvrir des idées fines et secrètes, débiter des
originaux […] en traitant même de lieux communs,
plaire et instruire tout à la fois, savoir distinguer
entre le bien apparent et le véritable bien, entre le
bien et le mieux, juger de tous les degrés et de
toutes les différences du bien, peser jusqu’au
moindre grain du mérite et de la valeur des choses,
ce serait en ce genre-là que votre très humble
serviteur voudrait réussir. » (lettre à Conrart, 1651)
⦿ Balzac revient sur le fait que l’application des règles
n’est pas une tâche facile et qu’il ne suffisait pas de les
comprendre ou de les maîtriser.
⦿ L’écrivain, en plus d’appliquer les règles, reste avant
tout un écrivain et doit avoir une manière qu’il lui est
propre pour savoir comment reprendre un thème de
l’antiquité, tout en lui donnant une touche personnelle.
⦿ C’est cette touche personnelle qui fera la différence et
qui permettra au public d’aimer l’œuvre.
⦿ « Débiter des originaux » n’est donc pas un travail facile
surtout quand on part de « lieux communs ».
⦿ Autrement dit, prendre un sujet connu par le public
pour en faire un sujet unique, et qui serait l’œuvre,
revient essentiellement au travail de l’écrivain.
⦿ Nous pouvons, à ce propos, citer l’exemple de
Racine, qui semble ne pas s’inquiéter quant à
son obligation de respecter les règles.
⦿ Racine sait que là n’est pas l’essentiel.
⦿ D’ailleurs, il propose un discours dans la
préface de l’une de ses œuvres, Bérénice, pour
expliquer que le tout est d’amener le public à
être touché par la grandeur de l’œuvre.
⦿ La grandeur de l’œuvre ne peut pas être
considérée comme telle si elle ne s’appuie pas
essentiellement sur la « tristesse
majestueuse ».
⦿ Bien que strict sur les règles du classicisme,
Chapelain se résigne à dire que l’erreur ne doit pas
être fatale pour un écrivain et qu’il fallait donner à
celui-ci une chance de remédier à ses « fautes » et à
se reconstruire ; il écrit à ce propos :
⦿ « Il est expédient que les remarques des défauts
d’autrui soient non pas des diffamations mais des
avertissements, qui donnent moyen de se relever à
ceux qui y sont tombés et retiennent les autres qui
sans cela eussent couru la même fortune. »
⦿ Ce passage est extrait de son ouvrage, Sentiments
de l’académie française sur le Cid de Corneille. Il est
entendu que nous pouvons dire que ces propos
s’appliquent à l’écrivain Corneille qui a été
sévèrement critiqué après la représentation de son
œuvre le Cid.
⦿ Chapelain sait qu’il ne fallait pas s’arrêter à la
seule critique de l’œuvre du Cid mais à profiter
des « défauts » de cette œuvre pour indiquer à
Corneille, et aux autres écrivains, d’autres
directives qui pourraient leur permettre de
produire de « meilleures » œuvres.
⦿ Chapelain propose ainsi une critique qui se
base sur l’analyse.
⦿ Une telle critique n’était pas des plus fréquentes
à l’époque de Louis XIV et qui, dans un certain
sens, porte en elle une certaine originalité.
Boileau: la critique de la « perfection »
⦿ Mais le critique qui a particulièrement retenu
l’attention du public de l’époque de Louis XIV
mais aussi de la critique littéraire de manière
générale est Boileau. Il a su par son œuvre, l’Art
poétique, se donner un nom. Le souci de Boileau
est de réunir un certain nombre de conditions
pour faire de l’œuvre littéraire classique une
œuvre belle. Et la raison, selon lui, est une règle
qui ne doit aucunement échapper à l’écrivain.
De cette raison découle la clarté par laquelle l’
œuvre doit se définir.
⦿ Boileau soutient toutes les règles retenues par ses
contemporains mais il insiste sur un élément qui a
fait toute l’originalité de sa critique : le « sublime ».
⦿ Le « sublime » est selon Boileau ce « quelque
chose » qui doit appartenir à l’écrivain et par lequel
celui-ci peut attirer le lecteur ou le spectateur.
⦿ Le sublime ne peut pas se définir de manière claire.
⦿ Le sublime est lié au plaisir que partage l’écrivain
avec son lecteur. Si l’œuvre doit plaire, elle ne peut
se contenter seulement de respecter des règles mais
doit porter en elle un « plus » qui la fera distinguer
de toutes les autres œuvres.
⦿ Boileau paraît certes sévère dans la critique des
écrivains de son époque mais ceci ne l’empêche
de faire de même pour son propre compte.
⦿ Il écrit dans la préface de l’Art poétique : « […]
je ne crois point mes ouvrages assez bons pour
mériter des éloges, ni assez criminels pour
avoir besoin d’apologie. Je ne me louerai donc
ici, ni ne me justifierai de rien. »
⦿ Il est, dans ce sens, grand disciple de l’antique
Horace, qui n’est pas moins sévère avec ses
propres œuvres et avec sa conception de la
poésie.
Mot de la fin: Le « sublime » en
partage
⦿ « Si l’on n’est pas sensible, on n’est jamais
sublime » (Voltaire)
⦿ « L’art, c’est la plus sublime mission de
l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée
qui cherche à comprendre le monde et à le
faire comprendre » (Auguste Rodin)
⦿ « La critique est chose sublime. Elle est digne
seulement des génies » (Salvador Dali)

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