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LA DECANTATION

La décantation est un procédé de séparation solide liquide, utilisé dans la plupart des usines
d’épuration et de traitement des eaux, ayant pour but d’éliminer les particules en
suspension dont la densité est supérieure à celle de l’eau.

On distingue trois principales classes selon la nature de la suspension :

• La décantation discontinue (ou des particule grenues)

Dans ce type de décantation (dite discrète ou individuelle) les particules conservent leurs
individualités et leurs propriétés physiques (forme, dimension, densité).

• La décantation floculante

Ce type de décantation est caractérisé par l’agglomération des particules au cours de leur
chute. Les propriétés physiques des particules sont donc modifiées pendant le processus.

• La décantation en zone (ou décantation en piston)

C’est le cas d’une suspension trop dense > 500 mg/l. Dans ce type de décantation, les
particules sédimentent en masse en formant des couches de particules se reposant les unes
sur les autres. D’où l’apparition d’une interface nette entre le solide décanté et le liquide.

Décantation des particules grenues


Principe
Une particule discrète de volume et densité constants en chute libre dans le vide tombe avec
une accélération g = 9,81 m/s2. Quand cette chute a lieu au sein d’un fluide, il faut tenir
compte de la poussée d’Archimède et d’une force de résistance au mouvement de la
particule appelée force de traînée qui dépend essentiellement de la viscosité du fluide et de
la vitesse de la particule.
Lorsqu’une particule chute dans l’eau, sa vitesse augmente jusqu'à ce que les forces
d’accélération (poids) équilibrent les forces de frottement. Cette situation correspond au
 
point d’équilibre : la somme des forces autour de la particule :  Fext = 0

FA
Ft

Avec :

P : le poids de la particule P=mpg =  pVpg

FA : la poussée d’Archimède FA = L V p  g

v p2
Ft : la force de traînée Ft = C t  A  L 
2

Où :

• Vp : volume de la particule

• ρp : masse volumique de la particule

• ρL: masse volumique du liquide

• A : aire de la section de la particule (surface de sa projection sur un plan orthogonal à


l’écoulement)

• Ct : coefficient de traînée

• vp : vitesse de chute de la particule

• g : accélération de la pesanteur.

De la relation :

P – FA – Ft = 0

On déduit :
2 ( p −  L )
v = 2 V p  g 
p Ct  A   L

Pour calculer vp il faut connaître Vp, A et Ct donc la géométrie exacte de la particule et le


coefficient de traînée Ct.

Cas d’une particule sphérique de diamètre d

d3 d2
Vp =   , A= 
6 4

2 4 ( p −  L )
v = d  g
p 3 Ct   L

vp augmente de tant plus que d augmente : la particule chute alors plus rapidement.

Le coefficient Ct est une fonction du nombre du Reynolds (Re) et de la forme de la particule.

vp  L  d
Re =
L

Pour les particules sphériques on a réussi à établir certaines équations utiles :

• Equation de Stocks (Re≤ 1)

Dans le cas des particules sphériques très fines en chute libre dans un liquide au repos ou en
régime laminaire, le physicien Stocks a démontré que pour des nombres de Reynolds
inférieurs ou égaux à 1, le coefficient de traînée Ct peut être évalué par l’expression
suivante :

24 4 ( p −  L )
Re  1 → Ct = et par suite, v 2p =  g  d 
Re 3 24   L
L 
d  vp L

D’où :

1 ( p − L )
vp = g d2
18 L

L’équation de Stocks est valide pour des particules sphériques ayant un diamètre se situant
entre 1 µm et 100 µm.
• Equation de Newton

Pour des nombres de Reynolds supérieurs à 500, Newton a montré que Ct ≈ 0,44. Dans ce
cas, on obtient :

g  d  ( p − L )
v p = 1,74
L

• Equation d’ALLEN

Pour des valeurs de nombre de Reynolds comprises entre 1 et 500, on a établi


l’approximation suivante :

18,5
Ct =
Re 0,6

D’où :

(  p −  L ) 0,71
v p = 0,153  g 0,71
d 1,14

 L0,29   L0,43

N. B.

Il semble impossible de faire le calcul de vp alors qu’il faut connaître cette valeur pour
calculer Re et de là faire le choix de l’équation appropriée.

Par manipulation algébrique, on arrive à définir le critère suivant :

1
  L  g  ( p −  L  3
K = d 
  L2 
Tableau 1 : choix de l’équation appropriée à la décantation des particules discrètes

K Ct Equation vp

24 1 ( p − L )
K ≤ 2,6 Stocks vp = g d2
Re 18 L

18,5 (  p −  L )0,71
2,6 ≤ K ≤ 44 ALLEN 0,153  g 0,71  d 1,14 
Re 0,6  L0,29   L0,43

g  d  ( p − L )
45 ≤ K 0,44 Newton 1,74
L

Pour les particules non sphériques, les relations précédentes restent valables en remplaçant
Ct par Ct’ :

Ct’ = .Ct

Où  est le facteur de sphéricité.

Avec :

 = (Volume de la sphère ayant la même surface) / (Volume de la particule)

Tableau 2 : quelques facteurs de sphéricités

Nature de la Particule 

Sable 2

Charbon 2,25

Talc 3,25

Gypse 4

Lamelles de graphite 22
Remarque (Particule moins dense que l’eau)

Contrairement à la clarification, la flottation est un processus de séparation liquide-liquide


ou solide-liquide que l'on applique à des particules dont la densité est inférieure à celle du
liquide dans lequel elles sont contenues.

Il y a trois types de flottation :

o Flottation naturelle : Applicable si la différence de densité est naturellement


suffisante pour la séparation.

o Flottation aidée : On utilise ce terme lorsque des moyens extérieurs sont


utilisés pour faciliter la séparation de particules qui flottent naturellement.

o Flottation induite : Lors d'une flottation induite on diminue artificiellement la


densité des particules pour leur permettre de flotter. Cette opération est
basée sur la capacité qu'on certains liquides ou solides à se lier avec des
bulles de gaz pour former des particules gazeuses ayant une densité
inférieure au liquide.

Les équations établies pour les particules plus denses que l’eau restent valables pour la
flottation en ignorant le signe (-) ou en prenant (  L −  p ) au lieu de (  p −  L ) .

Calcul d’un bassin de sédimentation (décanteur) parfait


Le dimensionnement des bassins de sédimentation peut se faire à l’aide de la théorie du
décanteur idéal. Les hypothèses suivantes sont préalablement admises :

• Les dispositifs d’admission et de la sortie assurent une équipartition.

• Le courant est dépourvu de turbulence (Régime d’écoulement laminaire).

• Les particules en suspension dans l’eau à l’arrivée sont uniformément reparties et


obéissent aux lois de sédimentation décrites ci-dessus.

• Une particule est considérée comme étant retenue lorsqu’elle atteint le fond du
bassin.
Le schéma ci dessous, représente un décanteur à écoulement horizontal parfait. Il s’agit d’un
bassin rectangulaire à fond horizontal.

Zone d’entrée

H v0
h
Zone de sortie

Zone de dépôt des boues

Figure 1 : Décanteur rectangulaire à fond horizontal

Le bassin comprend une zone de d’entrée, une zone de sortie et une des boues.

La vitesse d’écoulement est constituée de deux vitesses selon les directions x et y (vH et vp).
La composante horizontale vH : vitesse d’écoulement horizontal (vitesse traversière).

Dans un tel bassin, les paramètres sont les suivants :

H : la profondeur

L : la longueur

w : la largeur

S : aire de surface horizontale du décanteur, S = L.w

A : aire de la section transversale, A = H.w

Q : débit volumique de l’eau à traiter

Q
vH : vitesse d’écoulement horizontale de l’eau, v H =
A

vp : vitesse de chute d’une particule

v0 : vitesse verticale limite caractéristique du décanteur.


Pour qu’il y ait sédimentation complète de toutes les particules ayant une vitesse de chute ≥
v0, il faut que les dimensions du bassin soient calculées de façon que les particules parvenant
au bassin à une hauteur H, puissent atteindre le lit des boues avant la sortie.

La position de ces particules est définie par :

Q
x = vH t = t et y=H −v0t
A

Les conditions aux limites correspondent à :

x=L et y=0

y=H −v0t =0v0 = H


t

x= t = Lt = L A
Q
A Q

D’où :

H Q H Q Q
v0 = = =
L A LH l Ll

Q
v0 =
S

Q Q
vH = =
A L H

Q Q
v0 = = : vitesse de décantation limite (charge hydraulique superficielle) dite encore la
S lL
vitesse de HAZEN

On constate que la vitesse limite de décantation v0 ne dépend pas de la profondeur du


bassin.

Lorsque les particules de diverses dimensions sont uniformément introduites sur toute la
hauteur du bassin, les particules ayant une vitesse verticale supérieure à v0 seront
totalement éliminées. Tandis que les particules ayant des vitesses vi <v0 seule une fraction de
celles ci aura le temps d’atteindre le fond du bassin.
La fraction éliminée est :

h vi
f= =
H v0

Remarques

• On a vu que la profondeur H n’intervient pas dans le calcul du bassin idéal. En


pratique, on utilise une hauteur raisonnable pour les raisons suivantes :

o Pour ne pas remettre en suspension les particules déjà sédimentées.

o Pour faciliter le retrait mécanique des boues.

Q
• La vitesse d’écoulement traversière ve = ne doit pas excéder une certaine valeur
A
limite au-delà de la quelle on remet en suspension les particules déjà sédimentées.
Cette vitesse limite vH,l est donnée par l’équation empirique suivante :

1
 8 .g .d .(s − 1)  2
v H ,l = 
 f 

Où :

vH,l :en mm/s est la vitesse limite qui remet les particules de Φ ≤ d.

β : constante égale a 0,04 pour le sable.

f : facteur de friction : 0,03 pour le béton.

g = 9800 mm/s2.

d : diamètre de la particule en mm.

s : la densité de la particule.

Décantation floculante
Dans la pratique, on a surtout affaire à la décantation des particules floculantes
caractérisées par l’agglomération des particules durant leur chute. Les particules qui
résultent de cette agglomération sont à la fois plus grosses et moins denses que les
particules initiales et leur sédimentation se fait avec une vitesse croissante.

Figure 3 : vitesse de décantation des particules floculantes

Essai de décantation en colonne


La modification continue des caractéristiques des particules au cours de leur chute rend la
conception d’un modèle mathématique beaucoup plus complexe. On doit donc, dans la
plupart des cas procéder à des essais de laboratoire.

Grâce à l’essai de décantation en colonne, on peut simuler en laboratoire les conditions de


décantation d’une solution diluées des particules floculantes.

La réalisation de ces essais se fait dans une colonne de décantation de diamètre 15 cm et


d’une hauteur égale à la profondeur du décanteur (entre 1,8 et 2,4 m).

Des prises d’échantillons sont effectuées à des distances d1, d2, d3, ...de la surface, à
intervalles réguliers (généralement à 0,6 m, 1,2 m et 1,8 m).

15 cm

Figure 4 : Colonne de décantation


Courbe d’iso rendements
Le prélèvement d’échantillons permet de tracer des courbes de mêmes pourcentages
d’élimination des particules. Celles-ci permettent d’évaluer le pourcentage des particules
éliminées dans le bassin idéal de décantation en fonction du temps de rétention à des
diverses profondeurs.

Figure 5 : Courbes de même pourcentage d’élimination des particules

A partir de ces résultats, on peut évaluer le pourcentage d’élimination des particules


éliminées par un bassin idéal de décantation, en fonction de divers temps de rétention et de
diverses profondeurs, à l’aide de l’équation suivante :

h1 (R1 + R 2 ) h2 (R 2 + R3 ) hn (Rn + Rn +1 )


R =  +  + .... + 
H 2 H 2 H 2

Où :

R : pourcentage total des particules éliminées dans un bassin idéal (rendement)

Ri : pourcentage de particules éliminées dans un bassin de décantation idéal à une


profondeur hi et après un temps t.

Δhi : hauteur moyenne entre deux courbes de même pourcentage d’élimination des
particules.

H : la hauteur totale de la colonne.


Des couples de temps de séjours et de charge superficielle sont associés à divers
rendements d’élimination des particules. Ceci permet de tracer des graphiques de temps, de
charge superficielle en fonction du rendement.

Temps de rétention (min)

Charge superficielle
Rendement (%)

Figure 6 : Variation du temps de rétention et de la charge superficielle en fonction du rendement

Décantation en piston
Dès que la concentration en particules (loculées devient importante, les interactions
entre particules ne sont plus négligeables. La décantation est freinée. Les particules
adhèrent entre elles et la masse décante en piston avec formation d'une interface nette
entre les flocs et le liquide surnageant.

Ce phénomène est caractéristique des boues activées et des suspensions chimiques


floculées quand leur concentration est supérieure à environ 500 mg/l.

Essai de décantation en piston


Quand on réalise une décantation en piston dans un tube de hauteur et de diamètre
suffisants (au minimum une éprouvette d’un litre), on observe généralement
l'apparition de quatre zones.
Figure 7 : Essai de décantation en piston

• a : Zone de clarification où le liquide est clair.

• b : Zone de suspension homogène de même aspect que la solution de départ


avec une interface a-b nette.

• c : Zone de transition (pas toujours).

• d : Zone d'épaississement des boues dont le niveau augmente rapidement avant


de diminuer lentement.

A partir d'un certain état, les zones b et c disparaissent, c'est le point critique. L'évolution de la
hauteur de l'interface a-b, puis a-d en fonction du temps, constitue la courbe de KYNCH.

Courbe de KYNCH
L'hypothèse fondamentale de KYNCH est que la vitesse de chute d'une particule ne
dépend que de la concentration locale C en particules.

L’allure générale de cette courbe est la suivante :

Figure 8 : Courbe de KYNCH


• De A à B, la surface de séparation est plus ou moins nette : c'est la phase de
coalescence des flocons. Cette phase est parfois inexistante.

• De B à C, une partie rectiligne qui traduit une vitesse de chute constante (pente
de la droite). Cette vitesse est fonction, pour un tube de dimensions données,
de la concentration initiale en MES et des caractéristiques de floculation de la
suspension. Lorsque, la concentration initiale Co augmente, la vitesse de
décantation de la masse diminue.

• Le tronçon CD, concave vers le haut, correspond à un ralentissement progressif


de la vitesse de chute de la couche supérieure du dépôt.

• A partir de D, les flocons se touchent en exerçant une compression sur les


couches inférieures.

N. B. La théorie de KYNCH s'applique aux tronçons BC et CD.

Interprétation de la courbe de KYNCH


Si l'on considère une suspension dont la décantation ne comporte pas de phase de
coalescence.

Figure 9 : Courbe de KYNCH sans coalescence

• Dans le triangle BOC, la concentration et la vitesse de chute sont constantes et


égales aux valeurs initiales régnant en B,

• Dans le triangle COD, les courbes d'équiconcentration sont des droites passant
par l'origine, ce qui signifie que, dès les premiers moments de la décantation, les
couches les plus voisines du fond sont amenées à passer par toutes les
concentrations comprises entre la concentration initiale et celle correspondant
au point D, début de la compression.

Le milieu boueux de hauteur (eb), à l'instant t1 présente donc trois zones distinctes :

• Une zone supérieure (bc) où la concentration et la vitesse de chute sont


uniformes et ont gardé leurs valeurs initiales Co et v0.

• Une zone intermédiaire (cd) dans laquelle la concentration augmente


progressivement de c en d et la vitesse de chute diminue en conséquence.

• Une zone inférieure (de) où les flocons de boues se touchent et sont soumis à la
compression.

Dans le milieu considéré au temps t2, la zone supérieure disparaît, et au temps t4 la


zone inférieure seule subsiste.

Pour le point M de la partie CD, deux concentrations peuvent être définies.

CMi : concentration à l'interface.

CM concentration moyenne.

D’après l’hypothèse de KYNCH :

Remarque

KYNCH postule qu’il n’existe qu’une seule vitesse de sédimentation (v) pour chaque
concentration en solide (C). La suspension est de ce fait caractérisée, dans tout le domaine
de concentration, par la simple relation entre v et C, ce qui implique l’existence d’une courbe
de flux pour chaque suspension. Ce flux est donné par la relation :

G = v.C (en kg/m².h)


Détermination de la surface horizontale du décanteur
En se basant sur la courbe de KYNCH, on peut déterminer la surface horizontale du
décanteur par deux méthodes :

• La méthode de TALMAGE ET FITCH

• La méthode d’OLTMANN

La méthode de TALMAGE ET FITCH

Tout d’abord il faut déterminer le point de compression sur la courbe de sédimentation : on


trace les tangentes des extrémités de la courbe le point d’intersection nous donne un angle,
l’intersection de sa bissectrice avec la courbe de sédimentation c’est le point de compression

Après avoir déterminé le point de compression c sur la courbe de sédimentation, de mener


en ce point la tangente à la courbe.

On trace l’horizontale au point hB correspondant à la concentration de boues désirée CB,


sachant que : h0 C0 = hB CB

On détermine graphiquement tB à partir de l’intersection de l’horizontale d’ordonnée h B et


la tangente au point de compression c.

Figure 10 : Méthode de TALMAGE et FITCH

La surface de HAZEN S est donnée par la relation :

S = (Ms.tB)/(C0.h0)
Où :

tB : le temps de TALMAGE et FITCH

Ms : débit massique Ms = Q0 ρ0

C0 : concentration initiale

h0 : la hauteur initiale de la boue

La méthode d’OLTMANN

On utilise l’abscisse ty du point d’intersection entre la droite d’ordonnée hB et la droite


joignant le point d’ordonnée h0 de la courbe et le point c, dite droite d’OLTMANN.

Figure 11 : Méthode d’OLTMANN

La surface de HAZEN S est donnée par la relation :

S = (Ms.ty)/(C0.h0)

Où :

ty : le temps d’OLTMANN

Ms : débit massique Ms = Q0 ρ0

C0 : concentration initiale

h0 : la hauteur initiale de la boue

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