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Biocarburants

Pr Marc PORT titulaire de la chaire « Industries


chimiques et pharmaceutiques »
Une problématique complexe de chimie durable :
les biocarburants
 Les biocarburants : quelle rationnelle ?
 Une source d’énergie renouvelable issue de
la biomasse
 La biomasse peut être considérée comme une
forme de stockage de l’énergie solaire sous
forme d’amidon, cellulose, lipides
 Un impact réduit sur l’environnement
 Leur combustion ne produit pas d’oxydes
soufrés toxiques
 Réduction des rejets de CO2 (gaz à effet de
serre et responsable de l’acidification des
océans) puisque une partie du CO2 dégagé
lors de leur combustion est consommé par la
biomasse : cercle vertueux
 Autres bénéfices attendus
 Anticiper l’épuisement des réserves de pétrole
 Développer des filières agricoles
 Développer une filière de valorisation des
déchets
Durabilité des biocarburants

 Intérêt des biocarburants : limiter les émissions


de CO2 liées au transport
 Bilan carbone favorable par rapport aux énergies
fossiles mais le cycle vertueux ne permet pas
d’atteindre 100% de recyclage du CO2
 La production et la transformation des
biocarburants est plus émettrice de CO2 que les
carburants fossiles
 La production de biocarburant bénéficie de la
séquestration du CO2 atmosphérique par
photosynthèse lors de la production des matières
premières végétales
 L’étape de consommation du carburant est
identique
 Amélioration de la combustion par apport
d’oxygène : diminution du nombre de particules
dues aux hydrocarbures imbrûlés, ainsi que le
monoxyde de carbone (CO). Moins d’émissions
polluantes
 Les biocarburants ne dégagent ni soufre, ni
particules, ni ozone lors de leur combustion.
Réduction de l’effet de serre
Biocarburants

 Biocarburants :
 Directive 2009/28/CE : Le terme biocarburant désigne un combustible liquide ou
gazeux utilisé pour le transport et produit à partir de la biomasse
 Carburant renouvelable constitué de dérivés industriels obtenus après transformation
de produits d’origine végétale ou animale
 3 générations de biocarburants
 1° génération : actuellement sur le marché
 2° génération : R&D
 3° génération : R
Biocarburants de première génération

 Actuellement disponibles sur le marché


 2 filières de biocarburants issus de plantes cultivées
 Biodiesel 1G : huiles végétales (colza, tournesol, soja, palmier)
 Bioethanol 1G et son dérivé l'ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether) : cultures sucrières
(canne à sucre, betteraves) ou amidon (blé, maïs, pomme de terre)
 Technologies matures : faibles gains de rendement ou productivité à attendre

Distillation
Biocarburants

 Les biocarburants ne sont pas utilisés purs mais sont incorporés dans un
carburant fossile en EU
 La création d’une nouvelle chaine logistique est très couteuse
 Incorporation de biodiesel au gazole
 Le gazole B7 (B10) contient jusqu’à 7 % (10%) en volume esters méthyliques
d’acide gras
 B30 : carburant dédié pour des flottes captives dépendant des collectivités
territoriales ou d’entreprises privées, avec un taux maximum de 30 % en volume
 Incorporation de bioéthanol à l’essence
 Le supercarburants SP95 et SP98 contiennent jusqu’à 5 % en volume d’éthanol
ou 15 % en volume d’ETBE
 Les supercarburant SP95-E10 contient jusqu’à 10 % en volume d’éthanol ou 22
% en volume d’ETBE
 Le superéthanol E85 (véhicules dédiés à carburant modulable flexfuel) contient
entre 65 % et 85 % en volume d’éthanol
Biocarburants de première génération

 Bioéthanol 1G :
 Fermentation alcoolique du glucose : processus
biochimique par lequel le glucose, est
décomposé en éthanol et en dioxyde de carbone,
avec libération d'énergie
 Réalisée avec une levure en milieu anaérobique
(sans O2)
 Ex de levure : Saccharomyces cerevisiae
 Rendement de fermentation
 Théorique : 51.1 kg EtOH pour 100 kg de glucose
 Industriel : 47.0 kg EtOH pour 100 kg de glucose
Biocarburants de première génération

 Bioéthanol 1G : distillation et déshydratation : étape de séparation de l’EtOH


du reste des constituants
 Afin de prévenir des phénomènes de démixtion entre l’éthanol et l’essence,
l’éthanol utilisé doit être anhydre et présenter une teneur maximale en eau de
3000 ppm
 Distillation : permet d’obtenir une concentration en éthanol de 96 % en masse,
voisine de l’azéotrope (97,1 %)
 Déshydratation : conduit à l’éthanol anhydre (99,7 % minimum en masse).
Obtenue par 2 techniques :
 La distillation azéotropique à la pression atmosphérique, en présence de cyclohexane
(en général) comme solvant d’entraînement, accompagnée de recompression
mécanique de vapeurs
 Le tamisage moléculaire : adsorption et désorption de l’eau sur support à structure
cristalline tridimensionnelle poreuse (zéolites)
Biocarburants de première génération

 ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether)


 Ethérification du bioéthanol par l’isobutylène (dérivé issu du pétrole mais
obtention à partir de la biomasse glucose et saccharose en cours d’
industrialisation)
 http://www.global-bioenergies.com/le-groupe/procede-isobutene-petrole-ressources-
renouvelables
 ETBE est un composé d’origine partiellement renouvelable, à la différence du
bioéthanol qui est 100% d’origine renouvelable
Biocarburants de première génération

 ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether)


 Ethérification par l’isobutylène en catalyse acide
 Procédé intensifié Catacol TM (IFPEN) : production d'ETBE utilisant la distillation
réactive (couplage catalyseur type résine sulfonique et distillation) : le produit est
distillé en continu lors de sa formation : déplacement de l’équilibre et
amélioration en termes de :
 Taux de conversion
 Energie : si la réaction est exothermique : participation à l’énergie nécessaires pour
distiller
Biocarburants de première génération

 Biodiesel 1G : filière des huiles


 Fabrication assurée dans des unités industrielles de transestérification des huiles
par le méthanol. Les esters sont utilisés pour compléter le gazole routier ou le
fioul de chauffage
 Les esters méthyliques d’acides gras peuvent être obtenus à partir :
 D’huiles végétales extraites de plantes oléagineuses (colza, tournesol,soja) : EMHV
(Ester Méthylique d’Huile Végétale). Source très majoritaire # 90%
 De graisses animales : EMHA (Ester Méthylique d’Huile Animale)
 D’huiles végétales alimentaires usagées et récupérées par un circuit de collecte
identifié : EMHU (Ester Méthylique d’Huile Usagée)
Biocarburants de première génération

 Biodiesel 1G à partir des plantes oléagineuses


 Trituration : obtention d’huile végétale : triglycérides
 Transestérification en présence de méthanol

O R
R : chaîne alkyle (C6-
Plantes trituration R O C30) grasse saturée,
oléagineuses O
O monoinsaturée ou
polyinsaturée
R O

Huile végétale : triglycérides

O OH
Cat.
triglycérides + 3 CH3OH 3 CH3 + HO OH
50°C R O
Patm
Esters glycérol
méthyliques
Biocarburants de première génération

 Réaction de transestérification en présence de méthanol


 Procédé catalyse homogène : acide ou base forte : NaOH, KOH, CH3ONa
 Procédé catalyse hétérogène : oxyde ou hydroxydes métalliques
 Rendement : 1t huile végétale nécessite 0.1 tonne de méthanol et donne 1t
d’esters méthyliques + 0.1 tonne de glycérol
 Valorisation du glycérol : réactif chimique (précurseur épichloridrine, acroléine,
éthylèneglycol…), solvant vert (organic water), hydratant, excipient (voir CHR212 et
CHR110 : chimie durable et chimie du naturel)
 Tourteau (provenant du broyage des graines) : résidu solide valorisé en alimentation
animale

O OH
Cat.
triglycérides + 3 CH3OH 3 CH3 + HO OH
50°C R O
Patm
Esters glycérol
méthyliques
Biocarburants de première génération

 Procédé d’obtention de biodiesel 1G à partir de colza


Biocarburants de première génération

 Biodiesel 1G : Hydrotraitement d’huiles végétales ou de graisses animales


 Hydrogénation à H2 : obtention directe d’hydrocarbures (bio hydrocarbures)
 Produit un biocarburant HVO (Hydrotreated Vegetable Oil ou hydrotraitement des
huiles végétales)
 Diminution de la taille des molécules de plus de 20 carbones par craquage et
hydrocraquage : procédé pétrochimique
 Amélioration des propriétés à froid des parafines par hydroisomérisation : procédé
pétrochimique
Biocarburants de première génération

 Biodiesel 1G : Hydrotraitement d’huiles végétales ou de graisses animales


 Hydrogénation à H2 : obtention directe d’hydrocarbures (bio hydrocarbures) : 2
mécanismes réactionnels en jeu
 Hydrodésoxygénation (HDO) : formation d’hydrocarbures linéaires avec même nombre
de carbones que la chaîne grasse initiale et formation d’eau + propane (C3H8)
 Décarboxylation (DCOx), formation d’hydrocarbures linéaires avec un atome de
carbone de moins que la chaîne grasse initiale et formation de CO2 + propane

bio hydrocarbures
Biocarburants de première génération

 Biodiesel 1G :
biohydrocarbures
 Bioraffinerie de la Mède
(Total) conçue pour
produire des biodiesels
HVO à partir
 Des huiles végétales brutes
100% (colza, tournesol, soja,
palme) certifiées durables
selon les critères de l’UE
 Des huiles alimentaires
usagées, huiles résiduelles
et des graisses animales
 Opérationnelle depuis juillet
2019. Capacité de
production annuelle
de 500000 tonnes de
biodiesel
Biocarburants de première génération

 Bioraffinerie de la Mède
 2019 : Total s’est engagé à traiter chaque année au maximum 300000 tonnes
d’huile de palme soit moins de 50 % du volume des matières premières qui
seront traitées sur le site. Le recyclage de graisses animales pourra représenter
un volume d’au moins 100 000 tonnes par an
 https://www.lamede.total.fr/nos-priorites/un-approvisionnement-en-matieres-premieres-
100-durable
Durabilité des biocarburants de première génération

 Un bilan environnemental très critiquable


 50 à 70 % de leur masse totale n’est pas utilisée
ou pas convertie en biocarburant
 Utilisation de surfaces cultivables au détriment
des surfaces agricoles dédiées aux besoins
alimentaires
Jean Ziegler, Rapporteur spécial sur le
 Menaces pour la sécurité et les prix alimentaires droit à l’alimentation, en octobre 2007 à
 "C’est un crime contre l'humanité qui est commis l'Organisation des Nations Unies (ONU)
lorsque l'on convertit un sol productif pour
l'alimentation en terre à produire du biocarburant"
 Nombreuses conséquences environnementales
 Déforestation
 Disparitions d’espèces animales (biodiversité)
 Pollutions induites par l’agriculture intensive : eaux
issues des cultures et lessivage des sols
 La diminution des émissions de gaz à effet de
serre est très dépendante des modes de culture Comparaison des surfaces nécessaires
des plantes (utilisation d’engrais azotés) pour la culture de maïs, cellulose et
micro-organismes aquatiques pour la
production du biocarburant américain
Durabilité des biocarburants dans l’UE

 Critères de durabilité auxquels sont soumis les biocarburants dans l’UE


 Tout biocarburant doit prouver une réduction des émissions de GES d’au moins
50% par rapport à l’équivalent fossile (60% pour les unités les plus récentes)
 Calculée selon une méthode en Analyse du Cycle de Vie. Les modalités de calcul sont
décrites dans la directive Énergies Renouvelables.
 Les biocarburants ne doivent pas être produits à partir de terres riches en
biodiversité
 Ces critères s’appliquent également aux biocarburants produits à partir de
matières premières en provenance de pays tiers, pour toute la chaîne de
production et de distribution des biocarburants, dont les étapes vont du champ
jusqu’à la distribution des carburants destinés à la consommation
 https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/biocarburants
Biocarburants de deuxième génération

 Actuellement en phase d’industrialisation (pilote


industriel)
 Valorisation de l’intégralité de la plante, de plantes
dédiées non comestibles à croissance rapide
culture du miscanthus
 Résidus de la sylviculture, culture de miscanthus
 Moindre réduction de la surface attribuée aux plantes
alimentaires
 Projets pilotes
 Futurol (bioraffinerie de Bazancourt-Pomacle)
 Bio Tfuel (Dunkerque)
Biocarburants de deuxième génération

 2 filières de biocarburants conçus à partir de plantes non comestibles


 Bioéthanol 2G. Voie biochimique : hydrolyse enzymatique et fermentation
 Biodiesel 2G. Voie thermochimique : gaz de synthèse puis synthèse
d’hydrocarbures (Fischer-Tropsch)
Biocarburants de deuxième génération

 Bioéthanol 2G : voie biochimique


 Prétraitement : la matrice lignocellulosique est prétraitée pour rendre la cellulose
et les hémicelluloses hydrolysables
 Hydrolyse enzymatique de la cellulose et hémicellulose en glucose C6 et xylose
C5
 Fermentation alcoolique du glucose : fermentation sous l'action de levures, selon
le même processus que pour la 1ère génération
 Fermentation du xylose par levures modifiées
 Bioéthanol purifié par distillation et déshydratation (idem 1ère génération)
Biocarburants de deuxième génération

 Bioéthanol 2G: voie biochimique


 Hydrolyse enzymatique : utilisation d’enzymes spécifiques, les cellulases.
Produites par des bactéries, insectes, mollusques et champignons
 Développement de cellulases améliorée génétiquement. Les mutants obtenus
peuvent sécréter jusqu’à 50 g/L de cellulases
Biocarburants de deuxième génération

 Bioéthanol 2G : voie biochimique


 La production se heurte aux défis suivants:
 Prétraitement et distillation très énergivore. Besoin de procédés autosuffisant en
énergie (utilisation de la lignine comme source d'énergie pour les différentes étapes du
procédé)
 Formation d’inhibiteurs lors du prétraitement de la biomasse (furfural)
 Coût de la biotransformation de la cellulose en sucres élevé, car nécessite une grande
quantité d'enzymes
 La recherche s'oriente vers la production de nouvelles enzymes plus efficaces et à
moindre coût. Exemple : amélioration par génie génétique des enzymes dérivées de
Tricoderma reesei (champignon) : souches optimisées de cocktail d’enzymes
exoglucanase, endoglucanase, bêtaglucosidase capables de décomposer les fibres
végétales composées de cellulose, d’hémicellulose et de lignine
 La transformation biologique du xylose en éthanol n’est pas actuellement
suffisamment performante
 Développement à venir
 Hydrolyse enzymatique et fermentation en 1 seule étape : procédé SSF (Simultaneous
Saccharification and Fermentation). Suppression de l’étape d’hydrolyse préalable et de
l’inhibition des cellulases par le glucose (consommé au fur et à mesure par les micro-
organismes)
Biocarburants de deuxième génération

 Bioéthanol 2G : voie biochimique


 Le projet Futurol : développement d’un procédé industriel français de production de
bioéthanol 2G comparable du point de vue économique au bioéthanol 1G
 L’unité pilote (Pomacle-Bazancourt) a permis de valider la technologie R&D à une échelle
d’une tonne par jour de biomasse lignocellulosique en 2018
 Procethol 2G et la société Axens sont désormais en charge de la commercialisation de la
technologie
Biocarburants de deuxième génération

 Biodiesel 2G : voie thermochimique


 Filière BTL (Biomass To Liquids) : valorisation de la biomasse lignocellulosique
par gazéification puis synthèse
 Voie utilisant un étape de « gazéification » : transformation thermochimique consistant
à décomposer par la chaleur la biomasse en présence d’un réactif gazeux (gaz
carbonique, vapeur d’eau puis oxygène/air) pour obtenir le gaz de synthèse
 Le gaz de synthèse, appelé « syngas » (pour « synthetic gas »), est un mélange de
deux gaz combustibles : le monoxyde de carbone (CO) et l’hydrogène (H2)
 La réaction de gazéification utilise des conditions de température très élevées (>1 000
°C)
Biocarburants de deuxième génération

 Biodiesel 2G : voie thermochimique


 Production en 5 étapes :
 1. prétraitement de la biomasse
 2. gazéification à plus de 1 000 °C, en présence de vapeur d'eau ou d'oxygène.
Obtention du gaz de synthèse constitué de monoxyde de carbone (CO) et d'hydrogène
(H2)
 3. Purification du gaz de synthèse : des composés comme le soufre, les métaux ou le
dioxyde de carbone (CO2) sont supprimés
 4. Conditionnement du gaz
 5. transformation du gaz de synthèse épuré par synthèse Fischer-Tropsch
Biocarburants de deuxième génération

 Biodiesel 2G : voie thermochimique


 Synthèse Fisher-Tropsch : synthèse d’hydrocarbures à partir du gaz de synthèse
n=1 à 180

 Réaction très exothermique


 T°=200-350°C, P=10-40 bars
 Catalyseurs fer, cobalt ou ruthénium
 Les produits de cette transformation constituent un ensemble de composés carbonés
comprenant :des hydrocarbures légers (C1et C2) ; des gaz de pétrole liquéfiés (C3-
C4) ; des naphtas (C5-C11) ; des gazoles (C12à C20) ; des cires (> C20)
 Les radicaux alkyles CH2 se forment sur un catalyseur, à base de fer ou de
cobalt, puis se lient pour former des chaînes carbonées plus ou moins longues.
Les catalyseurs bénéficient de développement pour :
 Adoucir les conditions de réaction (catalyseurs au cobalt basses températures)
 Produire sélectivement de longues chaînes paraffiniques (catalyseurs au cobalt)
 Augmenter la durée de vie et réduire le coût des catalyseurs
Biocarburants de deuxième génération

 Biodiesel 2G : voie thermochimique


 Ensemble de composés carbonés
 C1 à C4 à recycler
 C5 à C9 valorisés sous forme de naphta
 C10 à 20 pour lediesel
 Les cires > C20 sont transformées par un procédé catalytique d’hydroisomérisation &
hydrocraquage pour obtenir le carburant synthétique désiré (majoritairement constitué
de gazole et d'essence)
 Amélioration des propriétés à froid des hydrocarbures par isomérisation
Biocarburants de deuxième génération

 Biodiesel 2G : voie thermochimique


 La gazéification présente un bilan énergétique positif et meilleur que les
technologies de 1re génération
 Les étapes de purification permettent d’obtenir un biodiesel de haute qualité
moins polluant que le diesel fossile
 Gazoles à haut indice de cétane (70-75) sans soufre ni aromatiques
 Réduction des émissions CO, particules
 Diminution des émissions de CO2
 Cette technologie de fabrication exige des améliorations pour :
 Adapter les technologies existantes à une large diversité de biomasses
 Industrialiser ces technologies, utilisées aujourd'hui à l'échelle de pilotes de
démonstration
 Intégrer l'ensemble de cette chaîne de procédés pour en optimiser les performances
technico-économiques (investissement, rendement, matière, etc.) et
environnementales (consommations énergétiques, émissions de CO2)
Biocarburants de deuxième génération

 Biodiesel 2G : voie thermochimique.


Projet Biotfuel
 Vise à développer une chaîne de
production de biocarburants de
2 e génération de type gazole et
kérosène
 Rassemble les organismes de
recherche (IFP Energies nouvelles et le
CEA) et des industriels (Axens,
Sofiprotéol, Total et l'allemand Uhde)
 Inauguration du démonstrateur du projet
BioTfueL à Dunkerque en décembre
2016
 https://www.total.com/fr/expertise-
energies/projets/bioenergies/biotfuel-
convertir-residus-vegetaux-carburant
Durabilité des biocarburants de deuxième génération

 Moindre utilisation de terre (notamment arable) en comparaison à 1G


 La biomasse lignocellulosique est plus abondante et moins coûteuse que les
ressources agricoles nécessaires à la 1re génération
 La quantité de biomasse produite naturellement chaque année atteint 150
milliards de tonnes
 6 milliards seulement sont utilisées : alimentation 33% et énergie pour
combustion 66%
 1 milliard supplémentaire seulement est facilement extractible en vue d’une
utilisation en bioraffinerie pour les biocarburants
 Considérant qu’il faut 2,2 tonnes de bois pour produire une tonne d'équivalent
pétrole (TEP), il n’est envisageable de remplacer que 10 à 15% de carburants
fossiles (la production mondiale de pétrole est chiffrée en milliards de tonnes par
an)
 Il est donc nécessaire de trouver des moyens de production supplémentaires
n’utilisant pas la biomasse terrestre : biocarburants de 3° génération
Les biocarburants : un non sens ?

 Efficacité limitée de la photosynthèse


 Plus de 50% de l'énergie stockée dans la
plante doit être investie pour produire le
biocarburant : production d'engrais et de
pesticides, travail des machines agricoles,
transport et synthèse du biocarburant
 Le rendement énergétique de la
photosynthèse est particulièrement faible :
0,08% : limite supérieure de l’énergie solaire
transformée par la plante !
 Les cellules photovoltaïques possèdent un
rendement de conversion pour la lumière
solaire de plus de 15%
 C’est 150 fois plus efficient que le stockage de
l'énergie à partir de la lumière du soleil dans Hartmut Michel biochimiste : prix Nobel
de chimie (1988) pour la détermination
les biocarburants ! de la structure tridimensionnelle des
centres réactifs photosynthétiques
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants
 Production à partir de microalgues :
actuellement en phase recherche
 Microalgues : source importante et très peu
exploitée de biomasse et de diversité biologique
 200 000 à 1M d’espèces (35 000 décrites)
 Organismes unicellulaires cultivés dans l’eau
 Représentent environ 40% de la photosynthèse
terrestre
 Leurs cultures n’entrent pas en concurrence
avec les surfaces agricoles dédiées à
l’alimentation
 Fixent le CO2 atmosphérique par photosynthèse,
intègrent ensuite le carbone dans des
métabolites riches en énergie
 Rendements de photosynthèse très supérieurs
aux plantes
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants
 Production à partir de microalgues : actuellement en R&D
 3 types de métabolites pour produire de l’énergie
 Biogaz H2 par fermentation de la biomasse d’algues
 Bioéthanol à partir des sucres ou de l’amidon
 Biodiesel à partir d’acides gras
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 Production en 4 étapes :
 1. Sélection des microalgues pour leur richesse en huile
 2. Culture dans de grands bassins de plein air ou dans des photobioréacteurs
(tubes transparents).
 3. Récolte et extraction de l'huile selon différentes méthodes (centrifugation,
traitement au solvant, lyse thermique, etc.)
 4. Conversion de l'huile en biocarburant. Il existe 2 méthodes comme pour les
huiles végétales classiques :
 La transestérification, qui fait réagir l'huile algale avec du méthanol ou de l'éthanol,
produit un ester d'huile algale ou biodiesel comparable à celui obtenu à partir des
autres types d'huiles végétales. Il peut être mélangé au gazole en proportion limitée à
une dizaine de pourcent volume
 L'hydrogénation catalytique qui fait réagir l'huile en présence d'hydrogène produit des
biohydrocarbures qui peuvent être incorporés directement au gazole ou au kérosène
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 Sélection des microalgues pour


leur richesse en huile
 Cultivées dans des conditions dites
« de stress » (carence en nitrates ou
augmention soudaine de l’intensité
lumineuse), certaines espèces
augmentent significativement leur
production en huile jusqu'à 80 %
masse sèche
 Ces conditions de fortes productivités
ne peuvent pas être maintenues sur
de longues durées. Elles conduisent à
un arrêt de la croissance et à la
consommation des réserves lipidiques
produites
 L’optimisation de la productivité en
lipides passe donc par une alternance
entre croissance (sans carence) et
production d’huile (avec un stress
ralentissant la croissance)
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants
 Culture des algues
 Culture extensive : bassins à ciel ouvert, peu coûteux à faire fonctionner. En raison des
variations de la concentration atmosphérique de CO2 et de la luminosité et du manque de
brassage de la culture, ils sont facilement contaminés
 Culture intensive : photobioréacteurs, tubes transparents formant un système clos. Coût
plus élevé mais productivités supérieures. Enjeux de Recherche :
 Améliorer l’efficacité de la diffusion de CO2 en milieu liquide
 Limiter la contamination des cultures
 Distribution uniforme de la lumière : amincissement des parois, infrarouge, LED
 Logique d’intensification des procédés : cellules immobilisées sur matrices poreuse
 Diminuer le coût de production d’un facteur 10

bassins à ciel ouvert photobioréacteurs


Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 Récolte & extraction


 Etape clé du processus puisqu’elle peut représenter 20 à 30% des coûts de
production de la filière algocarburant. La méthode de récolte dépend du choix de
l’espèce et du mode de culture
 Récolte des microalgues
 Séparation par différence de masse volumique des cellules par rapport à celle du
milieu : sédimentation, de floculation-décantation, de flottation et de centrifugation
 Séparation par exclusion de taille : tamisage et procédés à membranes micro ou
ultrafiltration
 Récolte des substances d’intérêt : extraction liquide/liquide des lipides avec un
solvant organique. Une fois les substances extraites, les algues sont remises en
culture avec un bon taux de survie (souvent proche de 100%)
 En pratique, les techniques sont souvent combinées : floculation puis flottation
ou décantation ; floculation puis centrifugation ; floculation puis filtration
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 Récolte & extraction


 Problèmes du coût énergétique de séparation de l'eau et de la biomasse pour en
extraire l'huile. Le procédé de centrifugation est énergivore
 Méthode alternative de séparation de l'eau : déshydratatation des microalgues
par un procédé d'osmose (diffusion entre deux solutions à concentrations
différentes séparés par une membrane semi perméable)
 Osmose de l'eau de culture des microalgues versus une solution concentrée de
glycérol : déhydratation de 33% de l’eau de culture de microalgues en 1h , et entre 55
à 65% en 2 h
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 Extraction des lipides


 Plusieurs technologies d’extraction des lipides : extraction au solvant (DMF,
acétone, hexane), champs électromagnétiques, micro-ondes, ultrasons, liquides
ioniques ou actions mécaniques
Biocarburants de troisième génération et durabilité

 Contraintes de production
 La croissance des microalgues doit s’effectuer avec une concentration
importante de CO2 d’environ 13% : possibilité de recycler le CO2 émis par les
productions industrielles ou des centrales thermiques
 Milieu très humide : 1g/L (soit 99.9%) d’eau : nécessité d’optimiser l’utilisation
d’eau
 Demande en nutriment : azote, phosphore
 En systèmes de production, l’alimentation en eau et en lumière sont des
questions critiques
 Exemple : chutes de contenu en huile pendant la nuit car, durant cette période,
les microalgues puisent dans leurs réserves. Utilisation de lumière artificielle
mais alors dépense énergétique
 Exemple : contamination bactérienne de l’eau
Biocarburants de troisième génération et durabilité

 Le rendement et la production des microalgues est supérieur aux végétaux terrestre


du fait d'un taux de photosynthèse plus important, d'une culture annuelle et de
concentration en CO2 plus importante
 Les microalgues se développent plus rapidement que les plantes terrestres et sur
des surfaces non arables (pas de compétition avec les surfaces agricoles). Pas
besoin d’herbicides ni de pesticides. Possibilité d’effectuer une récolte complète en
quelques jours et une production tout au long de l’année
 Les rendements en biomasse à l'hectare, ainsi que des teneurs en huile sont
supérieurs à ceux des plantes oléagineuses comme le colza ou le palmier à huile :
 Les résultats obtenus au stade du laboratoire laissent espérer des productivités d'huile par
hectare 6 à 20 fois plus importantes
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 De nombreux challenges encore à relever


 La dépense énergétique du procédé : à ce jour le contenu énergétique des
algocarburants est inférieur à l’énergie qui a été dépensée pour les obtenir
 Les quantités de phosphore et d’eau nécessaires sont trop importantes.
 Besoin de 32 litres (dans l’hypothèse d’un recyclage intégral de l’eau) et 3 650 litres
d’eau par litre de biocarburant
 Les estimations prévoient à ce stade des coûts de production beaucoup plus
élevés que les filières biocarburants de 1re et 2e génération (plus de 300 dollars
le baril)
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants
 De nombreux challenges encore à relever
 Impact environnemental des cultures de microalgues à préciser
 Les cultures nécessitent des apports importants en engrais et en
substance chimiques qui permettent de stopper la croissance de
bactéries d’autres micro-organismes qui ont tendance à envahir les
bioréacteurs ou les bassins. A long terme ces engrais et ces
substances chimiques peuvent être polluants s’ils sont libérés dans
l’environnement
 Les procédés d’extraction et fabrication de ces biocarburants sont
polluants
 Impact du risque de prolifération des microalgues et des
modifications génétiques visant à améliorer leur productivité
 L’établissement d’un écobilan complet des processus retenus pour
mettre en balance la production d’huile avec les besoins en eau, en
azote et en phosphore
 La mise en œuvre industrielle de la production de biocarburant
à partir de microalgues reste à démontrer : incertitudes sur
 Les systèmes de production
 Les investissements Bioréacteurs algal
Biocarburants de troisième génération :
algocarburants

 Les challenges …
 La production expérimentale d’algocarburants mobilise plus d’une centaine de
sociétés dans le monde et parmi elles des majors pétroliers (ExxonMobil, Shell,
Chevron)
 En Europe, une quinzaine de programmes scientifiques ont été lancés dont trois
en France
 Shamash, initié en 2006 et coordonné par l’INRIA (Institut National de Recherche en
Informatique et en Automatique), a pour objectifs la production d’algocarburants et son
évaluation sur le plan technico-économique
 Symbiose, lancé en 2009 par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) et coordonné
par l’entreprise Naskeo Environnement, s’intéresse au couplage de la culture de
microalgues à la production de biogaz (se faisant à partir de déchets industriels et
agricoles) pour le captage du CO2
 Salinalgue est un projet porté par la Compagnie du vent/Biocar (filiale du groupe GDF
Suez) visant la culture d’une espèce de microalgue à grande échelle pour étudier et
expérimenter l’extraction de ses composés
Bibliographie : pour aller plus loin

 Biocarburants. Sciences et techniques de l’ingénieur. B. Gagnepain. 2016


 Carburants à base d'algues oléagineuses - Principes, filières, verrous. E
Marechal. Sciences et techniques de l’ingénieur. 2015
 Biocarburants de seconde génération et bioraffinerie. Sciences et
techniques de l’ingénieur. F.Broust, P.Girard, L.Van De Steene. 2013
 Application of Fischer–Tropsch Synthesis in Biomass to Liquid Conversion.
Catalysts 2012, 2, 303-326
 Les biocarburants à partir de ressources lignocellulosiques : Présentation
des filières et identification des risques. Ineris. V. Grammont. 2016
 Les biocarburants: répondre aux défis énergétiques et environnementaux
des transports. D.Ballerini. Ed. Technip. 2011
 Les biocarburants. Communication à l’académie de technologie. 2009
 Production de biocarburants à partir de la ressource oléagineuse. A. Daudin,
S. Maury, C. Vallée. OCL. 2012, 19, 8, 29-38
 https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/biocarburants

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