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Revue électronique du CRH
01 | 2008
Historiographies de la pensée politique médiévale
Résumés
Français English
Le concept d'augustinisme politique forgé par Arquillière dans les années 1930 met en jeu une
vision particulière de l'histoire de l'Église et de ses rapports avec les pouvoirs temporels. Il a été
élaboré par des penseurs néo-thomistes qui cherchaient à présenter une vision ecclésiologique
compatible avec l'affirmation d'États-nations laïcs. Désignant une déformation de la pensée de
saint Augustin, l'augustinisme politique permet alors de circonscrire ces conceptions
théocratiques à des doctrines médiévales considérées comme une exception historiquement
contextualisée.
The political augustinism' concept, introduced by Arquillière in the 30's, involves a particular
conception of Church history and its relations with secular powers. It was built up by neo-
thomistic thinkers, who tried to develop an ecclesiological theory compatible with the assertion of
lay nation-states. As a distorsion of Augustine's thought, political augustinism enables the
limitation of theocratical ideas to medieval doctrines, which are considered as exceptions
explained by historical context.
Entrées d’index
Mots-clés : aristotélisme médiéval, Arquillière (Henri-Xavier), augustinisme politique,
ecclésiologie, néo-thomisme
Keywords: Arquillière (Henri-Xavier), ecclesiology, medieval aristotelism, neo-thomism,
political Augustinism
Notes de l’auteur
Cette communication est la présentation d’une recherche effectuée en DEA à l’EHESS en 2002-
2004 sous la direction d’Alain Boureau.
Texte intégral
1 Le concept d’augustinisme politique, forgé dans les années 1930 par Henri-Xavier
Arquillière1, a eu un grand retentissement dans son époque et une postérité
exceptionnelle, restant aujourd'hui, malgré les nouvelles perspectives d'analyse des
pensées médiévales, un concept interprétatif souvent utilisé qui informe encore nos
manières d'appréhender la théologie politique. Sa validité et sa pertinence heuristique
ont pourtant déjà été fortement contestées par les récentes analyses de la pensée
politique médiévale. Toutefois afin de déconstruire ce concept et les conséquences de
son usage, il est nécessaire de revenir sur le contexte intellectuel et politique
d'élaboration. Il s'agit ici de mettre en avant les présupposés intellectuels et les
implications idéologiques qui sous-tendent ce concept2 : parler d’augustinisme implique
une certaine vision de saint Augustin, de l’Église, de l’histoire, de la philosophie ; ce sont
autant de paradigmes structurants qu'il convient de préciser.
2 Henri-Xavier Arquillière, né en 1883 dans la Loire et mort en 1956 à Lyon3, ordonné
prêtre en 1902, est un évêque français catholique. Docteur en théologie en 1907, il est
nommé professeur d'histoire ecclésiastique à la faculté de théologie de Paris en 1919,
puis professeur d'histoire du Moyen Âge en 1921. Il devient doyen de la Faculté de
théologie en 1943 et est nommé prélat de Sa Sainteté en 1947. Élève de Ferdinand Lot,
sa thèse de doctorat soutenue en 1913, portait sur le pape Grégoire VII. Il a été directeur
d'étude en sciences religieuses à l'E.P.H.E. où il a influencé et dirigé de nombreux
historiens dont les travaux centrés sur l'augustinisme politique ont contribué à lui
donner une force d'évidence. Il fut également directeur d'une collection chez Vrin,
intitulée L'Église et L’État au Moyen Âge, qui accueillit ente autre l'ouvrage de Jean
Reviron surJonas d’Orléans et celui de Nicolas Jung sur Alvaro Pelayo. Il a également
fait œuvre de vulgarisation à travers plusieurs manuels dont il dirigea la rédaction, en
collaboration avec l'abbé Charles Jolivet. Édités aux Éditions École et Collège, devenues
après 1945 les Éditions de l'École, ces manuels furent en usage dans l'enseignement
secondaire des établissements confessionnels.
les remet dans un contexte politique mais en fonction d' un contexte intellectuel vague,
qui serait un au bout du compte un possible permanent du christianisme. Arquillière
mêle deux types de causalité historique tout en les hiérarchisant au profit de l'histoire
des idées : la politique papale est alors « un des cas les plus saisissant, où paraît
l’influence des idées sur les évènements historiques »13.
Notes
1 Voir outre les ouvrages cités certains articles de Henri-Xavier Arquillière : « Observation sur
l’essence de l’augustinisme politique », Revue de philosophie, juillet-décembre 1930, p. 539-556 ;
« Augustinisme politique », in Gabriel Jacquemet (éd.), Catholicisme : hier, aujourd’hui, demain,
Paris, 1948, p. 1046-1047 ; « Réflexion sur l’essence de l’augustinisme politique », Augustinus
magister, vol. 2, Paris, 1954, p. 991-1001 ; Le plus ancien traité de l'Église, le De regimine
christiano de Jacques de Viterbe, Paris, 1926 ; L’Origine des théories conciliaristes, Paris, 1911 ;
« Origines de la théorie des deux glaives », Studi Gregoriani, t. I, Rome, 1947, p. 501-521 ; « À
propos de l’absolution de Canossa », Annuaire de l’École des Hautes Études, 1949-1950 ; « La
signification théologique du pontificat de Grégoire VII », Revue de l’université d’Ottawa, 1950.
2 Je tiens ici à remercier Alexandre Borrell pour ses relectures et Sylvain Piron pour ses
suggestions.
3 Pierre Riché, « Arquillière, Henri Xavier », in François Laplanche (dir.), Dictionnaire du monde
religieux contemporain, IX, Paris, 1996, p. 15-16
4 « La doctrine du gouvernement du monde par Dieu au moyen de son plus haut représentant ici
bas, de son suprême vicaire : le pape. Les autres pouvoirs ne sont légitimes que dans la mesure où
ils sont institués ou approuvés par ce suprême hiérarche » H.-X. Arquillière, L’Augustinisme
politique, Paris, 1955, p. 36.
5 « On se tromperait en croyant que ce livre, avec son titre, ait fourni une sorte de modèle pour la
réalisation d’une société temporelle chrétienne qui fût une cité de Dieu sur terre. Ce sont les
textes moraux que l’on cite, ceux qui esquissent le portrait du prince… Le De Civitate Dei a moins
agi comme programme politique que comme élément du moralisme dont saint Grégoire et saint
Isidore ont été… les principaux inspirateurs », Yves-Marie Congar, L’Ecclésiologie du haut Moyen
Âge, t. I, 1968, p. 85.
6 Paolo Brezzi, « L’influenza di S. Agostino sulla storiagrafia e sulle dottrine politiche del Medio
Evo », Humanitas, 9, oct.-nov. 1954, p. 988.
7 Douglas Kries, « Political Augustinianism », in Allan D. Fitzgerald (ed.), Augustine through the
ages. An ancyclopedia, Cambridge, 1999, p. 657.
8 Peter Brown, « Saint Augustine », in Beryl Smalley (ed.), Trends in medieval political thought,
Oxford, 1965, p. 1-2.
9 « La doctrine qui confond la Cité de Dieu avec un empire théocratique, bien que ce soit un vrai
contresens, était inévitable dès que les circonstances politiques et sociales en favorisaient
l’éclosion ; Augustin lui même s’était engagé dans cette direction en imposant à l’État, comme un
devoir, de subordonner aux fins de l'Église, qui sont elles mêmes les fins de la Cité de Dieu ;
subordination dont les modalités et les limites ne sauraient être déterminés a priori » Étienne
Gilson, Introduction à l’étude de Saint Augustin, Paris, 1931, p. 235.
10 « Ce pont nous pensons l’avoir trouvé dans les idées augustiniennes », H.-X. Arquillière, « Sur
la formation de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen Âge offerts à M.
Ferdinand Lot, Paris, 1925, p. 18.
11 L'idéologie politique de l'époque de Grégoire IV, qui a obligé l'empereur Louis le Pieux à faire
pénitence, a été notamment étudiée par l'abbé Bressoles, élève d’Arquillière dans son ouvrage sur
Agobard de Lyon.
12 « Charlemagne réalise inconsciemment dans les faits l’augustinisme politique, lui donne force
et consistance, consacre l’élimination de la vieille notion de l’État indépendant et distinct de
l’Église » H.-X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 111
13 H-X. Arquillière, « Observation sur l’augustinisme politique », Mélanges augustiniens, Paris,
1931, p. 211
14 H.-X. Arquillière : « L’idée augustinienne de la paix et de la justice pouvait conduire
logiquement aux conceptions théocratiques les plus hardies ». Voir à sur cette question : Patrice
Cambronne, « La iustitia chez saint Augustin », Cahiers Radet, 1987, n°5, p. 9-23.
15 Ernst Bernheim, Mittelalterliche Zeitschauungen in ihren Einflluss auf Politik und
Geschichtsschreibung, Tübingen, 1918 ; « Politische Begriffe des Mittelalters im Lichte der
Anschauungen Augustins », Deutsche Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, 1896, p. 1-23.
16 Harald Fuchs, « Augustin und der antike Friedensgedanke », Neue philologische
Untersuchugen, 3, Berlin, 1926, p. 224-248.
17 Raymond Darricau, « La fidélité à la doctrine du prince chrétien : de Saint Augustin au xviiie »,
Fidélités, solidarités et clientèles, 1989, p. 17-49.
18 Gottfried Herzfeld, Papst Gregors VII Bergriff der bösen Obrigkt in Sinne der Anschauungen
Augustinus, Greifswald, 1914. Johannes Lange, Das Staatensystem Gregors VII auf Grund des
augustinischen Begriffs von der libertas ecclesiae, Greifswald, 1915. Augustin Fliche, La Réforme
grégorienne, Paris, 1925.
19 « Mais si Grégoire VII a pu formuler une doctrine aussi générale qui est celle du pouvoir direct
ou de la théocratie la plus absolue, n’est-ce pas parce qu’il a poussé jusqu’au bout de ses
conséquences l’idée inspiratrices de tout son pontificat, c’est à dire la conception augustiniste de
la justice » H.-X. Arquillière, Saint Grégoire VII. Essai sur sa conception du pouvoir pontifical,
Paris, 1934, p. 200.
20 Il faut également envisager les réflexions de Bernheim par rapport aux débats intellectuels
allemands en particulier celui sur le concept de justice qui est fortement discuté alors au S.P.D.
qui est en train de faire de la justice sociale son mot d'ordre politique.
21 Henri-Irénée Marrou, « Civitas Dei, civitas terrena : num tertium quid ? », Studia patristica,
II, Text und Untersuchungen, 64, p. 342-351, 1957. Charles Journet, « Les trois cités : celle de
Dieu, celle de l’homme, celle du diable », Nova et vetera, 33, 1958, p. 25-48.
22 H.-X. Arquillière, « Origines de la théorie des deux glaives », in Giovanni Battista Bonino (ed.),
Studi Gregoriani, Rome, 1947, t. I, p. 501-521. Voir les articles de JosephLecler, « L’argument des
deux glaives dans les controverses politiques du Moyen Âge », Recherches de science religieuse,
t. 21, 1931, p. 299-329 ; t. 22, 1932, p. 150-177, p. 280-303.
23 « l’esprit augustinien imprègne la pensée des doctrinaires pontificaux. Les deux pouvoirs
apparaissent si intimement unis dans l'Église et par l'Église, que la puissance spirituelle ne
pouvait faire un effort d’affranchissement à l’égard de l’emprise séculière sans qu’il parût se
traduire par un effort de domination » H.-X. Arquillière, Saint Grégoire VII. Essai sur sa
conception du pouvoir pontifical, Paris, 1934, p. 335.
24 H.-X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 195.
25 « Manegold, pour justifier ses conclusions les plus hardies, invoque l’autorité de saint
Augustin. Le sens spirituel de la pensée augustinienne si profond si constamment mêlé à tous les
mouvements de son esprit est brusquement transposé du domaine spirituel dans le domaine
politique et on en tire des conséquences, comme s’il s’agissait de deux plans qui se confondent »
H.-X. Arquillière, Saint Grégoire VII. Essai sur sa conception du pouvoir pontifical, Paris, 1934,
p. 321-323.
26 « c’est toujours l'Église qui est la grande et unique réalité au milieu de laquelle se meut la
pensée de Bernard (de Constance), nourrie par une foule de citations authentiques et apocryphes,
parmi lesquelles domine l’autorité de saint Augustin. La pensée du grand docteur est, d’ailleurs,
simplifiée et appauvrie, selon les besoins de la polémique, d’une façon conforme à l’ambiance
intellectuelle de l’époque » Ibid., p. 330.
27 « Humbert, comme les augustinistes du ixe siècle et comme Damien, comme Hildebrand, n’a
retenu du maître africain que ces affirmations oratoires et tranchantes », Ibid., p. 318-319.
28 « Le sens augustinien de la paix, œuvre religieuse par excellence, transformait ces évènements
en actes d’accusations, en griefs mystiques contre Hildebrand, fauteur cruel et volontaire des
troubles, des dissensions et des batailles » Idem p. 362-363.
29 « nous n’en sommes plus aujourd’hui au temps où l’appétit de domination était l’explication
totale et dernière de leur action et de leur prodigieux effort » H.-X. Arquillière, « Sur la formation
de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen Âge offerts à M. Ferdinand Lot,
op. cit., p. 2.
30 « [l’augustinisme politique] n’aura pas aboli l’office royal ou impérial ; mais il l’aura vidé de
son antique souveraineté pour faire des princes des brillants séides de la papauté. C’est d’ailleurs
grâce à cet état de choses que les Grégoire VII, les Innocent III, les Innocent IV pourront sauver la
civilisation », H.-X. Arquillière, « Observation sur l’augustinisme politique », Mélanges
augustiniens, Paris, 1931, p. 225-226.
31 H.-X. Arquillière, L’augustinisme politique, op. cit., p. 40.
32 « Seulement la royauté, en assumant, principalement avec Charlemagne, une lourde mission
religieuse, en y absorbant la vieille notion de l’Empire, en en faisant une magistrature spirituelle
autant que politique, la royauté ainsi conçue condamnait un jour ou l’autre ses représentants à
être dominés par le chef suprême de l'Église », H.-X. Arquillière, Saint Grégoire VII. Essai sur sa
conception du pouvoir pontifical, Paris, 1934, p. 287
33 « Cependant l’idée impériale telle que Charlemagne la conçut et la réalisa, devait avoir
d’immenses répercussions. Elle allait, d’abord, sanctionner le mélange du temporel et du
spirituel, créer une unité du monde occidental, réalisée d’abord à son profit mais aussi, par une
conséquence imprévue, permettre, d’abord à la papauté du ixe siècle, puis surtout à celle du
xie siècle, de retourner la situation en sa faveur et de présider la chrétienté du Moyen Âge », H.-X.
Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 159.
34 « C’est ainsi et non par une ambition désordonnée, fondée sur des faux célèbres comme la
Fausse donation de Constantin ou le Fausses Décrétales, que la Papauté a pu s’acheminer vers
l’hégémonie spirituelle sur la chrétienté médiévale », H.-X. Arquillière, Histoire de l'Église, Paris,
1941, p. 161.
35 « L’augustinisme politique efface donc l’idée de révolution accomplie par Grégoire VII dans le
système pontifical et par suite, dans la constitution de l'Église. Elle y substitue l’idée de
développement interne et logique selon les nécessités du temps », H.-X. Arquillière,
L’Augustinisme politique, Paris, 1955, p. 49.
36 « C’est pourquoi, dit-il (Gilles de Rome), saint Augustin a eu raison de dire que la république
des Romains n’a jamais existé parce qu’ils n’ont pas connu la vraie justice. Nous trouvons
l’influence augustinienne au moment du plein épanouissement de la doctrine théocratique. Il
serait étrange qu’elle n’eût pas agi plus tôt dans un sens identique » H.-X. Arquillière, « Sur la
formation de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen Âge offerts à
M. Ferdinand Lot, op. cit., p. 10.
37 Gustav Schnürer, L'Église et la civilisation au Moyen Âge, t. 3, Paris, 1933-1938, p. 16.
38 Stanislas Bross, Gilles de Rome et son traité du De Ecclesiastica potestate, Paris, 1930. Il fut
un des élèves d’Arquillière.
39 Jean Leclerq, Jean de Paris et l’ecclésiologie du treizième siècle, Paris, 1942.
40 Voir l’étude de M. Xardel, élève d’Arquillière, sur le pamphlétaire Pierre Dubois au service de
Philippe le Bel.
41 Cette opposition est aujourd'hui largement remise en cause. Voir notamment Alain Boureau,
La Religion de l'État, Paris, 2006 et Matthew Kempshal, The common good in late medieval
political thought, Oxford, 1999.
42 « La doctrine aujourd’hui dénommée par excellence augustinisme politique s’affirme donc
plus que jamais, dans toute sa force organique, à l’instant précis où l’histoire nous montre
l’influence de saint Augustin décidément en baisse, vaincue par celle d’Aristote » Henri de Lubac,
« Augustinisme politique ? », Théologies d’occasion, Paris, 1984, p. 258.
43 « Cette forme de pensée [l’augustinisme] qui a prévalu pendant des siècles, abolit en fait la
distinction formelle qui existe entre ces divers domaines et qui sera rétablie par le thomisme » H.-
X. Arquillière, « Sur la formation de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen
Âge offerts à M. Ferdinand Lot, op. cit., p. 12.
44 « Sous l’emprise des grands événements surgis, dans la perspective de l'Église en péril, devant
la menace d’une puissance prête à l’asservir, il a conçu son pouvoir comme égal aux nécessités du
moment. Il y a eu une heure grave, où le fléchissement d’un pape pouvait faire prendre à
l’Histoire un cours différent. Pour opérer son prodigieux redressement, il a fallu le coup d’œil du
génie et de la détermination du saint, dans un milieu doctrinal profondément imprégné
d’augustinisme politique. » H.-X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 45.
45 « Il faut faire un pas de plus, et, en laissant à saint Augustin tout le mérite de ses conceptions
plus larges, plus nuancées et beaucoup plus riches, il faut attribuer à l’augustinisme politique,
pour une grande part, l’essor pontifical vers le sommet de la chrétienté », Ibid., p. 198.
46 Pierre Mandonnet, Siger de Brabant et l’avérroisme, latin au xiiie siècle, Genève, 1976, p. 67
47 Nicolas Jung, Un franciscain théologien du pouvoir pontifical au xive : Alvaro Pelayo, évêque
et pénitencier de Jean XXII, Paris, 1931, p. 217.
48 Henri de Lubac, « Augustinisme politique ? », Théologies d’occasion, Paris, 1984, p. 255-308.
49 Henri de Lubac, « L'autorité de l'Église en matière temporelle », Revue des sciences
religieuses, 12, 1932, p. 329-354.
50 « L’étude du pouvoir pontifical tel qu’il s’est exercé au moyen âge, est une question capitale
pour les médiévistes. Pour une grande part, l’histoire des idées, le développement des institutions
et l’évolution des faits convergent autour de ce problème.» H.-X. Arquillière, « Sur la formation
de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen Âge offerts à M. Ferdinand Lot,
op. cit., p. 1.
51 « Manifestement entre les deux aspects de la Papauté que révèlent ces déclarations
essentielles, il y a un fossé profond, un hiatus, et même une apparente contradiction. Faut-il se
hâter d’en conclure qu’il y a une solution de continuité, voire une véritable opposition entre la
Papauté médiévale et la Papauté moderne ? » H.-X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit.,
p. 23.
52 H.-X. Arquillière, Histoire de l'Église, Paris, 1941, p. 159-160.
53 Benoît Beyer de Ryke, « L’apport augustinien : Augustin et l’augustinisme politique », Alain
Renaut (dir.), Histoire de la philosophie politique, t. II, Paris, 1999, p. 43-86.
54 Henri Maisonneuve, « Croyance religieuse et contrainte : la doctrine de saint Augustin »,
Mélanges de science religieuse, 19, p. 49-68, 1962. Voir aussi les réponses de Raymond Joly,
« Saint Augustin et l’intolérance religieuse », Revue belge de philosophie et d’histoire, 33, 1955,
p. 263-294 ; « L'intolérance de saint Augustin, doctrine ou attitude ? », Hommage à Marcel
Renard, I, Collection Latomus, 101, 1969, p. 493-500.
55 Voir De la tolérance à la liberté religieuse. à la mémoire de Joseph Lecler, Recherches de
science religieuse, 78, 1, 1990.
56 Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, Paris,1955, p. 93.
57 Voir notamment Edouard Jordan, « La responsabilité de l'Église dans la répression de l'hérésie
au moyen âge », Annales de Philosophie chrétienne, 4e série, t. IX, 1909, p. 22 et Arthur
Vermeersch, La Tolérance, Paris, 1912.
58 Il y aurait une étude historiographique précise à faire de ce débat, voir notamment :
ElphègeVacandard, L'Inquisition, Paris, 1907 ;Jean Guiraud, Histoire de l'Inquisition au Moyen
Âge, Paris, 1935-1938 ; Thomas de Cauzons, Histoire de l'Inquisition en France, Paris, 1909 ;
Henri Charles Lea, Histoire de l'Inquisition au Moyen Âge, Paris, 1900-1902 ; Henri Maisonneuve,
Études sur les origines de l'Inquisition, Paris, 1942.
59 Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, op. cit., p. 830.
60 « on voit s'estomper l'ancien dualisme entre l'Église et l'État, en tant que sociétés distinctes et
autonomes » « Que ce développement des nations modernes amenât avec lui certains risques, à
commencer par une accentuation croissante de la laïcité de l'État, il serait vain de le contester »,
Ibid., p. 94 et p. 831.
61 Jean Rupp, L'idée de Chrétienté dans la pensée pontificale des origines à Innocent III, Paris,
1939.
62 Josseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'état, Paris, 1946. Voir aussi du catholique
libéral Jean Rémy Palanque, Saint Ambroise et l'Empire romain, contribution à l'histoire des
rapports de l'Église et de l'État à la fin du quatrième siècle, Paris, 1933.
63 « D’abord, y a-t-il un problème de la Papauté médiévale ? On sait quelles controverses
passionnées, soit entre partisans du pape et de l’empereur dès le xie siècle, soit entre gallicans et
ultramontains, soit plus récemment à l’occasion de la Loi sur les associations(1901) et de la Loi
sur la Séparation de l'Église et de l’État (1905), a suscitées la question de la juridiction du Pontife
romain » H.X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 22.
64 Yves Marie Congar, Le Concile de Vatican II, Paris, 1984.
65 Voir notamment Yves Marie Congar, Jalons pour une théologie du laïcat, Paris, 1954.
66 Jean Rivière, Le problème de l’Église et de l’État au temps de Philippe le Bel, Louvain, 1926 ;
Adamberg G. Hammon, La Doctrine de l’Église et de l’État chez Occam : étude sur le
Breviloquium, éd. Franciscaines, 1942.
67 « L’idée romaine de l’État s’était lentement effritée sous l’érosion de l’augustinisme
politique »H.X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 32. On peut voir un écho de ces
préoccupations dans son intérêt pour la théorie des deux glaives (note 20).
68 Marcel Launay, La Papauté à l’aube du xxe siècle, Léon XIII et Pie X (1878-1914), Paris, 1994.
69 Walter Ullman, The MedievalPapacy, St.Thomas and beyond, Londres, 1959.
70 Robert E. Lauder, « On being or not being a thomist », The Thomist, 51, 1991, p. 301-319.
Gerard A. Mac Cool, From Unity to Plurality : the International Evolution of Thomism, New
York, 1989 ; Giuseppe Alberigo, Marie Dominique Chenu, Étienne Fouilloux, Jean-Pierre Jossa,
Jean Ladrière, Une école de théologie : le Saulchoir, Paris, 1985. Timothy Gregory, « Gli studi di
filsofia medievale fra otto e novecento. Conclusioni », Gli studi di filosofia medievale fra otto e
novecento, Rome, 1991, p. 391-406 ; Wayne J. Hankey, « Making theology practical : Thomas
Aquinas and the ninetheenth century religious revival », Dionysius, 9, 1985, p. 85-127.
71 Camille Boyer, « S. Agostino e il neo-thomismo », S. Agostino e le grandi correnti della
filosofia contemporanea, Rome, 1956, p. 119-131.
72 Wayne J. Hankey, « Dionysus dixit, lex divinatis est ultima per media reducere. Aquinas,
hierocraty and the augustinisme politique », Ilario Tolomio (ed.), Tommaso d’Aquino : proposte
nuove di letture. Festschrift Antonio Tognolo, Medioevo. Revista di storia della filosofia
medievale, 18, Padoue, 1992, p. 119-150.
73 Voir sur cette question David Edward Luscombe, « Thomas Aquinas and conceptions of
hierarchy in the thirteenth century », Miscellanea Mediavalia, 19, 1988, p. 261-277 ; Lawrence
Moonam, Divine power. The medieval power distinction up to its adoption by Albert,
Bonaventure and Aquinas, Oxford, 1994 ; Ernest L. Fortin, « Augustine, Thomas Aquinas and the
problem of natural law », Mediaevalia, vol. 4, 1978, p. 180-208 ; Paul J. Weithman, « Augustine
and Aquinas on original sin and the function of political authority », Journal of the History of
Philosophy, 30, 1992, p. 353-376.
74 « On ne saurait donc considérer Augustin ni comme ayant défini l'idéal médiéval d'une société
civile soumise à la primauté de l'Église, ni comme ayant condamné d'avance une telle conception.
Ce qui reste vrai, strictement et absolument, c'est qu'en aucun cas la Cité terrestre, et moins
encore la Cité de Dieu, ne sauraient être confondues avec une forme de l'État quelle qu'elle soit ;
mais que l'État puisse, et doive même être éventuellement utilisé pour les fins propres de l'Église,
et, à travers elle, pour celles de la Cité de Dieu, c'est une question toute différente et un point sur
lequel Augustin n'aurait certainement rien à objecter. »
75 « Car le gouvernement divin peut s’exercer de multiples façons. Il peut se manifester par le
pouvoir absolu du suprême vicaire de Dieu sur tous les souverains séculiers, qui apparaissent
comme de simples délégués révocables ad nutum sacerdotis. Il peut, d’autre part, s'accommoder
de leur souveraineté, sauf dans les matières qui touchent à la religion, seul domaine où les princes
sont justiciables des sanctions pontificales. Il peut, enfin, se mouvoir uniquement dans la
conscience des princes, sans porter atteinte à leur indépendance et à leur situation politique »
H.X. Arquillière, « Sur la formation de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen
Âge offerts à M. Ferdinand Lot, op. cit., p. 3.
76 « En face de cette déclaration médiévale, répétée sous diverses formes, jusqu’au xive siècle,
nous lisons dans l’encyclique Immortale Dei (1885) sous la plume de Léon XIII, lorsqu’il définit le
domaine des deux puissances : Utraque potestas, est in genere suo maxima. Chaque puissance
est souveraine dans sa sphère. » H.X. Arquillière, L’Augustinisme politique, op. cit., p. 23.
77 Yves Marie Congar, La Tradition et la vie de l'Église, Paris, 1984.
78 Joseph Famerée, L'Ecclésiologie d'Yves Congar, Louvain, 1992.
79 Voir également son Humanisme intégral. Problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle
Chrétienté, Paris, 1968 : « la distinction des deux pouvoirs a toujours été affirmée par le
catholicisme médiéval. À vrai dire, l'idée de faire de ce monde purement et simplement le
royaume de Dieu est une hérésie pour le chrétien » éd. 2000, p. 113.
80 Voir notamment sur le débat autour de la condamnation de l'Action Française par le Saint
Siège en 1926-1927 : Jacques Prévotat, Les Catholiques et l'Action Française. Histoire d'une
condamnation (1899-1939), Paris, 2001.
Auteur
Blaise Dufal
Doctorant en histoire médiévale (CRH-EHESS), il travaille sur les commentaires de La Cité de
Dieu de saint Augustin. Ses recherches portent sur les rapports entre humanisme et scolastique.
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