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Matière: Traitement et Epuration des eaux (L3 – Hyd)

Partie I : Eaux potables

CHAPITRE II

COAGULATION-FLOCULATION

Par Prof. MERZOUK Belkacem,

1 Département d’Hydraulique,
Université Mohamed Boudiaf de M’sila,

Email: belkacem.merzouk@univ-msila.dz
Chapitre II: Coagulation - Floculation

II.1. INTRODUCTION
La couleur et la turbidité d'une eau de surface sont dues principalement
causées par des particules très petites (colloïdes).
L’élimination de ces particules ne peut se baser sur la simple
décantation. Ces particules, qui peuvent rester en suspension dans l'eau
durant de très longues périodes, peuvent même traverser un filtre très
fin.
Pour éliminer ces particules, on utilise la technique de coagulation-
floculation.
La coagulation est la déstabilisation de ces colloïdes par la neutralisation
des forces qui les tiennent séparées par ajout d’un réactif chimique,
(coagulant).

La floculation a pour but de favoriser, à l'aide d'un mélange lent, les


contacts entre les particules déstabilisées. Ces particules s'agglomèrent
pour former un floc qu'on pourra facilement éliminer par décantation et
filtration. Cette floculation peut être améliorée par l’ajout d’un autre 2
réactif chimique ( floculant ou adjuvant de floculation).
Chapitre II: Coagulation - Floculation

II.2. LES PARTICULES MISES EN JEU


II.2.1. Quelle est la taille de ces petites particules dites colloïdales ?

Diamètre des particules


Etat Exemple
(µm)
< 0.001 Etat dissous Fumées

Oxydes et hydroxydes
Argile
0.001 à 1 Etat colloïdal
Huiles et graisses
Bactéries
Limon
>1 Solides décantables Sables
Pollen
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II.2.2. Quel est le temps mis par ces particules pour chuter naturellement
d'un mètre dans l'eau ?

Temps de
Type Diamètre des particules (µm)
décantation

Gravier 10 000 1s
Sables grossiers 1 000 10 s
Sables fins 100 2 min
Argile 10 2h
Bactéries 1 8j
Colloïdes 0.001 à 1 2 à 200 ans

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II.2.3. Etat de surface des colloïdes

Dans une eau de surface, les colloïdes


portent des charges négatives situées à leur
surface. Ces charges (-) attirent les ions
positifs en solution dans l'eau. Ceux-ci - +
- -
- + +
- -
-
sont étroitement collés au colloïde et -
+- -
+
+
+ -
forment la couche liée (rigide ou fixe) ou + +
-
de Stern, qui attire à son tour des anions (-) + +
- -
accompagnés d'une faible quantité des +- -
+
cations (+) : c'est la couche diffuse ou de - -
-
Gouy. Il y a donc formation d'une double + +
-
couche ionique, l'une accompagnant la -
-
+
- -
+
particule lors de ses déplacements (couche - +

de Stern), l'autre se déplaçant


indépendamment ou avec un certain retard
(couche de Gouy).
Fig. II.1. Théorie de la double couche

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II.3. PHÉNOMÈNE DE LA COAGULATION


II.3.1. Théorie de la coagulation

Coagulation : Traitement chimique pour déstabiliser les colloïdes.


Altération de la surface de la charge négative du colloïde de façon à ce
qu’ils approchent et adhèrent l’un à l’autre.

Le principe fondamental de la déstabilisation des colloïdes réside dans la


faculté de réduire, voire d'annuler, le potentiel zêta des particules afin
d'annuler les forces de répulsion. Ainsi, au fur et à mesure qu’il diminue en
valeur absolue, les particules peuvent se rapprocher les unes des autres plus
étroitement, ce qui accroît la probabilité de rencontre.

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II.3.2. Solutions théoriquement possibles pour annuler le potentiel zêta

- Ajustement de pH pour atteindre le point de charge nulle des particules


colloïdales
- Augmentation de la salinité pour comprimer la couche diffuse
- Neutralisation chimique de la charge de surface par des cations polyvalents ou
polymères
- Adsorption et pontage des colloïdes sur des polymères chargés à longue chaîne
- Piégeage des colloïdes dans des précipités de type Al(OH)3 ou Fe(OH)3

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II.3.3. Coagulants utilisés

 Sulfate d’aluminium hydraté (Al3+ : Al2(SO4)3, 18 H2O ↔ Al(OH)3


précipité) : le plus utilisé en eau potable
 Chlorure ferrique (Fe3+: FeCl3, 6 H2O ↔ Fe(OH)3 précipité)
 Sulfate ferrique (Fe2(SO4)3, 9 H2O ↔ Fe(OH)3)
 Sulfate ferreux (FeSO4, 7 H2O ↔ Fe(OH)3)
 Chaux ou carbonate de calcium pour compenser l’acidification
 le chlorure de magnésium (MgCl2)
 le chlorure de polyaluminium (PAC).

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II.4. PHÉNOMÈNE DE LA FLOCULATION


II.4.1. Théorie de la floculation

 Après avoir été déstabilisées par le coagulant, les particules colloïdales


ont tendance à s'agglomérer lorsqu'elles entrent en contact les unes avec
les autres. C’est la floculation.
 Le taux d'agglomération des particules dépend de la probabilité des
contacts et de l'efficacité de ces derniers. La floculation a justement pour
but d'augmenter la probabilité des contacts entre les particules, lesquels
sont provoqués par la différence de vitesse entre ces particules (grâce à
l'agitation du fluide).

Cette différence de vitesse peut être attribuée :

1) Au mouvement brownien des particules (floculation péricinétique).


2) Au déplacement d’une partie du fluide (floculation orthocinétique). 9
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II.4.2. Floculation péricinétique (FP)

Les contacts entre les particules sont causés par le mouvement aléatoire (brownien)
de celle-ci. On peut exprimer le taux de variation de la concentration des particules
à l’aide de l’équation suivante :
dN 4..k..( N) 2
FP   (II-1)
dt 3µ

Où :

• N : concentration totale des particules en suspension au temps t


(nombre de particules /m3)
• : fraction de chocs donnant lieu à la floculation (nombre de collisions
effectives / nombre de collisions totale).
Une collision effective : collision qui entraîne l’agrégation de 02 particules
• K : constante de Boltzman (1,38 . 10 –23 j.K–1)
•  : Température absolue (K), 0 °C correspond à 273,15 K 10
• µ : viscosité dynamique de l’eau (10-3 Pa.s ou kg.m-1.s-1).
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En posant N = No à t = 0 et après intégration, on obtient :

t1/2 : temps nécessaire pour que la concentration des particules en suspension soit
réduite de moitié.
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II.4.3. Floculation orthocinétique (F0)

C’est la floculation provoquée par l’agitation de l’eau. L’agitation facilite l’agrégation


et augmente la probabilité des collisions entre les particules. La vitesse du fluide varie
dans l’espace à l’aide d’un gradient de vitesse, G.

Le taux de la floculation est donné par :

D : diamètre des particules (m), G : gradient de vitesse (s –1)

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Pour comparer la floculation péricinétique, Fp, à la floculation orthocinétique, Fo,


on divise l’équation (II-1) par l’équation (II-5) ; on obtient :

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II.4.4. Rôle du pH
Les flocs sont des précipités d'hydroxydes
Forme
de métaux. Leur formation et leur stabilité pH
prédominante
dépendent donc du pH.
Al(OH)3 5.8 à 7.5
Les zones de prédominance des hydroxydes de
Fe(OH)3 5.5 à 8.3
fer et d'aluminium sont :

Fig. II.2. Diagramme de prédominance des différents 14


hydroxydes d’aluminium
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De plus, dans ces gammes de pH, les formes dissoutes Fe3+ et Al3+ sont quasi-
inexistantes. On minimise donc :

• L es risques sanitaires par contamination de l'eau (Al3+)


• La pollution colorée (Fe3+)
• La corrosion du réseau du fait de l'existence de ferrobactéries et de phénomènes
d'oxydoréduction.

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II.4.5. Floculants utilisés

 Floculant : polymère de haut poids moléculaire à structures


linéaires et solubles dans l’eau. Les floculants existent sous forme
solide, en billes ou en solution.

 Polymères non-ioniques, anioniques (-) ou cationiques (+)

 Les particules vont se retrouver piéger dans les mailles du floculant


pour ainsi créer des flocs.

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a) Floculants minéraux : Bentonite, Silice activée obtenue par action d’un


acide sur Na2SiO3, Microsable...).

b) Floculants naturels : - Amidons : à base de maïs et de pomme de terre ;


- Alginates : tirés des algues et sont de caractère anionique
- Polysaccharides : tirés du fruit du caroubier, non ionique, utilisés en milieu
acide.
- Figuier de Barbarie : cactus (Opuntia ficus indica)

c) Floculants synthétiques : ce sont des polymères à longue chaîne, donc avec


un poids moléculaire élevé, anioniques, cationiques et amphotères (l’un et
l’autre : ex : Oxyde de zinc).

Polyacrylamides ou polyacrylates (apparus récemment  bonnes


performances de la floculation  Volume de boues très inférieur).

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II.4.6. Méthode de Jar Test (essais de coagulation/floculation)


Le Jar Test (floculateur) est un appareil couramment utilisé pour les essais de
coagulation-floculation. Il est composé de 6 ou 4 postes à vitesse réglable de 0 à
250 tr/min, un régulateur de vitesse et une minuterie (Fig.II.3).
Les vases de floculation utilisés sont des béchers de forme haute de 95 mm de
diamètre utile et d’une capacité de 1 L. Les agitateurs sont des pales
rectangulaires de 2 x 5,5 cm et placées à 4 cm du fond du bécher.

Fig. II.3: Jar Tests du laboratoire


Fig. II.4 : Chambre de mélange avec agitateur rapide

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Mode opératoire

1- Remplir les béchers (1L) par l’eau brute à traiter ;


2- A t = 0, ajouter le coagulant le plus rapidement possible avec une pipette et de
façon identique dans chaque vase. Ajouter des doses croissantes de façon à
encadrer la dose optimale présumée.
3- Mettre en route les agitateurs (100 – 200 tr/min pendant 2 à 3 min) : c’est la
phase de coagulation (agitation rapide) ;
4- Après 2 min, ajouter le floculant en mettant une dose constante, tel que le
rapport Floculant/Coagulant = constante = 1/50 pour la silice activée, 1/100
pour les alginates et 1/20 pour l’amidon. Après 3 min, réduire la vitesse à 30 –
60 tr/min ; c’est la phase de floculation (agitation lente) ;
5- Laisser 15 à 30 min d’agitation lente, et laisser décanter tout en ayant arrêté et
levé les pales ;
6- Après 20 – 40 min de décantation, prélever une quantité suffisante du
surnageant (l’eau claire) dans chaque bécher, mesurer les paramètres de
rendement choisis (pH, Turbidité, Couleur, TAC, matière organique M.O ...).

N-B. Lors de la coagulation-floculation, on note toujours la taille des flocs formés.


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II.4.7. Calcul de la puissance d’agitation


1
P . CD . A .  . v 3
2
G : gradient de vitesse (S-1) : Ne doit jamais être inférieur à 100 S-1 …. (Coagulation)
v : vitesse relative de la pale par rapport à la vitesse du liquide ;
v = 0,75 * la vitesse de la pale (m/s)

 : masse volumique de l’eau (103 kg/m3)


CD : coefficient de traînée (= 1,8 pour les pales plates)
A = L . l (surface de la pale en m2)
L: longueur de la pale (m) ; l : largeur de la pale (m).

Gradient de vitesse

 : Viscosité dynamique du liquide (NS/m2)


ou kg.m-1.S-1 ou Pa.S
 V : Volume du bassin (m3)
P : Puissance dissipée (d’agitation : fournie au liquide) en watt.
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