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L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
INTRODUCTION :
Après avoir précédemment suivi un cours d’introduction à la Doctrine Sociale de
l’Eglise, nous voulons dans la présent cours, approfondir les notions fondamentales à travers
une connaissance plus étayée des Encycliques majeures.
En guise de rappel, l’introduction à la DSE aurait consistée entre autre à définir cet
enseignement c’est-à-dire sa nature, sa méthode, ses principaux objectifs dont notamment : la
promotion de la dignité humaine et du développement social en vue d’un meilleurs
épanouissement de l’homme aussi bien dans son corps que dans son âme. Et de manière plus
explicite, une attention toute particulière devrait être réservée à l’étude des grands principes
de la DSE parmi lesquels : le Bien commun, la destination universelle des biens de la
création, le principe de solidarité, de subsidiarité, de participation, de socialité et la dignité
humaine. Tous ces principes visaient notamment la promotion d’un développement intégral
de l’homme.
En plus de ce qui précède, une approche thématique semblait être nécessaire. Il était
question quelques concepts fondamentaux souvent dans une perspective d’interdisciplinarité,
méthode caractéristique de la DSE fondée sur le Voir-Juger-Agir. Parmi ces concepts
majeurs : la justice, la démocratie, la liberté, l’Etat, la politique et bien d’autres avaient
retenus notre attention.
Mais pour rendre explicite tout cela, une approche historique s’avérait fondamentale.
Il était question dans cette perspective, de voir comment s’est déroulé dans l’histoire, la DSE
depuis Léon XIII jusqu’au Magistère contemporain. Mais vue l’étendu d’une telle
perspective, il logique de rendre compte qu’une telle approche ne pouvait être que limitée.
D’où l’importance du présent cours.
Par étude des Encycliques, nous entendons faire un approfondissement des différentes
Encycliques à partir de diverses perspectives : historique, thématique, et une approche par
affinités des objectifs.
Le but du cours est à la fois didactique et pédagogique. D’un point de vue didactique,
nous voulons favoriser chez nos étudiants une certaine maitrise des grands contenus de la
DSE. Et d’un point de vue pédagogique, ce cours se veut également une initiation
Florent Espoir Engamba
L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
méthodologique à l’art d’aborder un texte magistériel grâce à une familiarisation générée par
la proximité avec les textes. Ce qui nous amène donc à adopter une méthodologie à la fois
diachronique et synchronique : diachronique du point de vue historique et synchronique par
l’approche thématique. L’objectif principal de ce cours étant donc de permettre à nos
étudiants une meilleures maitrise de l’ESE, il convient nécessairement de le rendre participatif
non seulement pour satisfaire aux exigences du système LMD, mais aussi pour permettre à
chacun de lier un contact étroit avec les textes majeurs. D’où l’importance d’alterner le cours
magistral avec les travaux de recherches par lesquels les étudiants se familiarisent avec les
Encycliques.
Du point de vue du cours magistral, nous nous proposons de faire un survol des
grandes Encycliques, en les situant dans le temps et en mettant en évidence les grandes
problématiques qui y émergent. Du point de vue des travaux dirigés, nous attendons des
étudiants une étude proprement dite d’au moins une Encyclique par laquelle ces derniers
s’efforceront d’entrer dans l’intelligence du Magistère à partir d’un texte donné.
Par Encyclique nous entendons une lettre circulaire généralement commise par le Pontife
Romain pour s’adresser à l’Eglise Universelle, sur une question d’actualité ou d’importance
majeure. Elle obéit donc nécessairement aux canons essentiels d’une épître c’est-à-dire : un
auteur et un destinataire. Du point de vue des contenus, sa valeur est fonction de la tonalité
liée à la nature même du sujet abordé et aux enjeux que ce dernier suscite. Aussi convient-il,
pour mieux aborder un tel texte, de s’armer d’un certain nombre de questions : à qui le Pape
s’adresse-t-il ? Pour dire quoi ? Qu’est-ce qui fait problème ? Comment procède-t-il ? Quels
objectifs vise-t-il ? Quelle est la portée de son message d’abord pour les principaux concernés
ensuite pour les autres ? Quelle réception envisager ? Les concernés se sentent-ils concernés ?
Et éventuellement, quelle est leur réaction ? Voilà autant de questions qui doivent habiter le
chercheur confronté à la lecture d’une Encyclique ou d’un texte magistériel.
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L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
1. L’auteur.
Les Encycliques ont pour principal auteur le Pape. Et lorsqu’elles concernent de foi et de
mœurs, elles engagent généralement l’infaillibilité pontificale du magistère pétrinien. A côté
des encycliques, le Pape peut aussi recourir à d’autres formes de textes comme ceux sus-
évoqués mais pas d’égale valeur. On peut retenir cependant le cas des Exhortations
Apostoliques, les Exhortations post-synodales, résultant généralement d’une consultation
synodale c’est-à-dire, une concertation d’une partie de l’Eglise ou d’une assemblée
extraordinaire du synode des Evêques en vue de débattre d’une question particulière
concernant une partie du peuple de Dieu, alors l’Eglise dans son ensemble. Il en est de même
pour les textes conciliaires dont l’auteur principal est également le Souverain Pontife, mais
assumant le travail du magistère des évêques réunis en Concile et dont l’usufruit est
différemment valorisé on peut donc passer d’une Constitution dogmatique à une Constitution
pastorale.
2. Le Destinataire
Les Encycliques et les autres documents magistériels sont généralement envoyés à des
destinataires précis et qui sont explicitement mentionnés après le titre du document. Quelques
fois, il arrive qu’ils soient évoqués dans la partie introductive et même d’autres ouvertures
peuvent être élargies à un public non chrétien, et très souvent aux hommes de bonne volonté.
Ces destinataires varient en fonction du message et de la finalité visée.
3. Le Message
De par leurs différentes natures, les encycliques et autres documents magistériels sont
toujours porteur d’un message précis. Ce message est déjà explicitement contenu dans le titre
ou le sous-titre qui en explicite l’objet. Le Latin étant jusqu’ici la langue officielle de l’Eglise,
les trois quart de ces textes portent le titre latin correspondant aux mots tirés de la première
phrase de la correspondance originale : Mater et Magistra, Redemptoris Hominis, Deus
Caritas est, etc.
-Mit brennender Sorge : sur la situation de l’Eglise catholique dans le Reich allemand (la
tonalité sera : la compassion, le réconfort, l’assurance. On se situe en présence d’une église
qui souffre, une église persécutée) ;
-Divine redemptoris : sur le communisme athée (la tonalité : sera apologétique, une
encyclique de défense, de combat bref de justification. Le communisme sera condamné et ses
adhérents tomberont sur le coup de l’excommunication) ;
-Redemptor Hominis : sur la dignité humaine et les droits de l’homme (Le pape élabore une
sorte de plaidoyer en faveur des droits de l’homme).
Dans la dimension du message, le texte magistériel se veut une réponse à une question
donnée ou alors il peut lui-même soulever le problème pour inviter à la réflexion. D’où la
nécessité de toujours se poser la question initiale : De quoi s’agit-il ? Et pour mieux saisir un
tel enjeu, le fond et la forme du texte méritent de retenir notre attention.
Du point de vue du fond, le lecteur doit être en mesure de prêter attention aux thématiques
fondamentales abordées dans le texte. Soit dans une synchronie des articulations, soit par une
approche des affinités qui lient les différentes thématiques. D’où la nécessité de prêter
également attention à la forme. C’est ici que les éléments rhétoriques utilisés doivent être mis
en évidence. De ce point de vue, il convient de toujours prêter attention à la tonalité des
textes. S’agit-il d’une dénonciation ? Une apologie ? Une réponse à un adversaire ? Une prise
de position ferme ? Un enseignement doctrinal ? Engage-t-il l’infaillibilité ? S’agit-il d’une
simple exhortation ou alors d’un point de vue parmi d’autre. La gravité des propos est mise en
évidence aussi bien par la tonalité que du point de vue lexical. On peut dénoter à ce sujet, la
répétition des termes récurrent, l’insistance, les formes rhétoriques.
4. La Réception
S’il est indéniable que tout document magistériel est destiné aux fidèles, il est également
évident qu’il a une finalité à atteindre d’où l’enjeu de la réception. A ce sujet, l’on doit
aborder les textes magistériels sans jamais perdre de vue une préoccupation. Le message a-t-il
atteint sa finalité ? Si non pourquoi ? Si oui dans quelle proportion ? Les attentes du peuple
ont-elles été exaucées ? Qu’est-ce qui a prévalu dans la démarche magistérielle, priorité
doctrinale ou les considérations pastorales ?
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Il faut aussi considérer ici un double niveau de réception : la réception du point de vue
des spécialistes et autres doctes dans la matière et les réactions des fidèles ordinaires. Pour ce
faire, il convient de tenir compte d’un double enjeu : l’enjeu historique c’est-à-dire le rapport
entre les textes précédents et le récent ainsi que l’impact et les perspectives d’avenir. L’on
devrait alors être attentif sur les facteurs de continuité et les éléments de discontinuité.
Documents du magistère
-Sur l’exorcisme ; -Sur l’inculturation ; -sur la paix dans le monde ; -sur la famille (famille et
droits de l’homme) ; -Sur l’amour humain ; -sur la liturgie ; -Pie XII, Fidei Donum ; -Jean
Paul II, Lettre aux artistes ; -Muto Propio de Jean Paul II, Sur Les Conférences épiscopales :
nautre juridiques et théologique ; -Jean Paul II, Le Don de la Rédemption. Sur la vie
religieuse ; -Sur Le Marxisme, l’homme et la foi chrétienne ; -La question démographique :
évolution démographique, dimension éthique et pastorale ; -La préparation au sacrement de
Mariage ; -Sur Marie : Jean Paul II, La Mère du Rédempteur ; -Sur les communications
sociales : éthique et internet ; -Famille, mariage et union de faits ; -Benoit XVI, Deus Caritas
est ; -Jean Paul II, Evangelium Vitae ; -Pie XII, Humani Genris : sur les fausses opinions qui
menacent la doctrine de l’Eglise catholique ; -Miranda Prorsus : sur la cinématographie, la
radio et la télévision ; -Jean Paul II, Le Rédempteur de l’homme ; -La catéchèse en notre
temps : Catechesi tradendae ; -La place de la femme et de l’homme dans l’Eglise et dans le
monde ; -Repartir du Christ ; -Directives pour la formation des séminaristes… ; -Au sujet de
l’accès à la communion et à l’eucharistie des divorcés et remariés ; -Déclaration sur
l’avortement provoqué ; -La vierge Marie dans la formation intellectuelle et spirituelle ; -
Instruction sur quelques questions concernant la collaboration des fidèles laïcs au ministère
des prêtres ; -Vérité et signification de la sexualité humaine ; -De nouvelles vocations pour
une nouvelle Europe ; -Jean Paul II, Orientalium dignitas : relations avec l’Orient ; -Benoit
XVI, Sur le 40ème anniversaire de Vatican II ; -Jean Paul II, Ecclesia de Eucharistia ; -Jean
Paul II, Mystère et culte de la sainte eucharistie ; -Sur l’Unité des chrétien : Ut Unum Sint ; -
Jean Paul II, Sur la miséricorde divine : Dives in Misericordia ; -Orientation pastorale pour
communiquer l’évangile dans un monde qui change ; -Jean Paul II, Mane Nobiscum Domine ;
-Déclaration Dominus Iesus ; -Jean Paul II, Ecclesia in Africa ; - Eglise et l’ONU ; -Jean Paul
II, Lettre aux prêtres ; -Les personnes consacrées et leur mission dans l’école ; -Le prêtre
maitre de la parole ministre des sacrements et qui de la communauté en vue du troisième
millénaire ; -Directoire pour le ministère et la vie des prêtres ; -Former des prêtres pour
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son rapport avec le monde, à rappeler la véritable nature de l’État, sa finalité comme service
du bien commun de la communauté politique. Ce qui nécessité par ailleurs de rappeler la
mission de l’Église en tant que Mater et magistra (Mère et Enseignante). Pour affronter ce
contexte tumultueux, différentes figures pontificales vont se succéder au siège pétriniens,
constituant ainsi les acteurs incontournables de l’histoire dont il convient encore de faire
mémoire.
A. 1. Contexte Prévalent
À la fin du 19e siècle, l’Église était accusée ouvertement de refuser la « civilisation
nouvelle ». Il était alors question pour elle d’affronter les assauts impitoyables d’un
agnosticisme libéral. Les courants illuministes, portés par le rationalisme, présentaient
volontiers l’Église comme rétrograde, ennemi du progrès et de la civilisation. En réponse à
toutes ces accusations, Léon XIII va répondre par une série d’encycliques.
1
Elio Guerriero, I cattolica e la questione sociale, Famiglia christiana, vol 1, ed. San Paolo, Cinisello Bolcamo
(Mi), 1990, p. 5.
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C’est par cette première encyclique que Léon XIII ouvre son pontificat. Il rappelle qu’il
ne peut y avoir de véritable civilisation sans le fondement des principes éternels concernant la
vérité, la justice, l’amour et des lois immuables. En outre il convient de rappeler la grande
contribution apportée par l’Église dans la promotion de la civilisation de l’amour et le progrès
des sciences humaines grâce au combat contre la superstition, la sorcellerie, la barbarie. C’est
bien elle qui a « partout civilisé dans ses mœurs privés et publiques le genre humain ». il
affirme plus loin sans nuances « si les biens nombreux que nous venons de rappeler et qui ont
dûs leur naissance au ministères de l’Église et à son influence sanitaire, sont vraiment des
ouvrages et des gloires de la civilisations humaines, il est donc faux que l’Église de Jésus
abhorre (hait) la civilisation et la repousse puisque c’est à elle pense-t-elle que revienne
entièrement l’honneur d’avoir été sa nourrice, sa maîtresse et sa mère.
Diu turnum sur l’origine divine de l’autorité des gouvernants (29 juin 1881).
Après l’assassinat de l’Empereur de Russie, Alexandre II 29 Juin, tué par les adeptes
du Nihilisme en Mars 1981, Léon XIII saisit l’occasion pour se prononcer avec promptitude
au sujet du pouvoir et de la juste considération qu’on devrait au sujet de l’autorité.
L’Encyclique se propose d’exposer la vision de l’Eglise sur la stabilité et les fondements de
l’autorité politique. Il montre dans quelle mesure toute autorité vient de Dieu. L’argument de
fond est que : « Aucun homme n’a en soi ou par soi le pouvoir de lier la volonté libre de ses
semblables. Seul à Dieu créateur de toute chose et législateur appartient ce pouvoir (potestas).
Et pour ceux qui l’exercent, il est nécessaire de le faire tel que communiqué par Dieu.
L’autorité des prêtres vient de Dieu et c’est dans ce sens qu’ils sont reconnus par tous les
peuples et appelés ministres de Dieu.
Même l’autorité des pères de familles traduit une certaine effigie et forme de l’autorité
de Dieu, de laquelle toute paternité tire sa source au ciel et sur terre (Eph 3, 15). De telle
manière, les divers genres de pouvoirs ont entre eux de merveilleuses ressemblances car tout
empire et toute autorité tire son origine de l’unique auteur et Seigneur qui est Dieu ». Léon
XIII, en exposant cet enseignement, met en garde contre les dérives des nouvelles théories du
pouvoir civil qui ont progressivement perturbées la stabilité des Etats. Il pointe du doigt
certains courants comme le Communisme, le Socialisme et ce fameux Nihilisme.
passé. « Il fut une époque où la philosophie des Evangiles gouvernait les Etats et en ce temps-
là, la force et l’influence souveraine de l’esprit chrétien avait pénétré les lois, les Institutions,
les coutumes des peuples les organisations des Etats. » (n°9). C’est d’ailleurs grace à cette
bonne collaboration que l’Europe a rayonné par le passé comme modèle de civilisation. Et
pour répondre aux accusateurs qui pensent que l’Eglise serait hostile à la promotion de l’Etat
moderne, Léon XIII reprend en son compte ces propos de St. Augustin « Essayez vous-
mêmes de trouves de meilleurs citoyens que ceux former par la doctrine du Christ, de
meilleurs soldats, maris, épouses, fils, filles, patrons, serviteurs, rois, magistrats,
contribuables, officiers du fisque, tous ornés de la qualité que requiert la doctrine chrétienne,
et nous verrons s’ils ont encore le courage de dire que l’Eglise fait obstacle au bien-être de
l’Etat ». Le Pape réussit ainsi à mettre en évidence l’inestimable contribution du christianisme
au développement socio-politique des Etats. Mais il ne va pas le faire sans s’attaquer à
certaines idéologies portées par des sectes ésotériques à l’instar de la Franc-maçonnerie.
Il publiera donc Genius Humanus. Dans cette Encyclique, le Pape affronte la Franc-
maçonnerie dont il dénonce la doctrine, la méthode et les intentions profondes de déstabiliser
la sainte Eglise catholique. Du point de vue point doctrinal le Pape s’insurge notamment
contre l’athéisme diffusé par ses adeptes qui refuse d’admettre l’existe de Dieu et renient
toute dépendance de l’homme à l’égard de quelque surnaturel que ce soit. On n’est pas loin du
surhomme qui ne doit rien attendre que de soit ; sans rien attendre ni du ciel.
L’homme, ainsi appréhendé, ne doit s’appuyer que sur sa raison et sur la nature, en
s’appropriant l’appui des forces cosmiques. La religion est donc par conséquent à bannir de
l’espace public pour l’empêcher d’influencer de quelques manières la destinée de l’homme
dont le mot d’ordre devrait être la liberté. Nationalisme et naturalisme seront donc les aspects
fondamentaux de cette doctrine. Pour prendre totalement possession, il faudrait user de tout
pour le soustraire de l’influence de la religion. La méthode, il faudrait recours à la ruse quand
il le faut, à la propagande si possible et même à la violence si nécessaire. Les adeptes tenus
au secret, devraient s’efforcer d’en entrainer d’autres et de diffuser parmi le peuple le
relativisme moral et l’attrait du matérialisme puisque l’homme n’attend rien après : ni
résurrection des morts ni vie éternelle. Parmi les cibles, la jeunesse devrait être privilégiée et
tous les tenants du pouvoir.
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Magistère préconciliaire
Léon XIII (1878-1903
Problèmes de son temps
- La question politique,
- Libéralisme économique,- enjeu de la modernité
- la question sociale :
Ses Encycliques
- Immortale Dei
- Genus Humanus
- InturnumInscrustabili
- Rerum Novarum
Pie X (1903-1914)
Problèmes de son temps
- La question politique (la déconstruction de l’Europe et me nationalisme
- La laïcité
- La loi de la séparation (1905)
- Première guerre mondiale
- le problème de souveraineté de l’Eglise au niveau mondial (politique)
Ses Encycliques
- Vehementes nos (1905-1906)
Benoit XV (1914-1922)
Problèmes de son temps
- Première guerre mondiale
Ses Encycliques
- Pacem Dei munus (1920) : sur la paix.
- Magsimum Illud (1917 distinction entre mission et colonisation)
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Pie XI (1922-1939)
Problèmes de son temps
- La question de la souveraineté (du Vatican, accords du Latran),
- les idéologies (Fascisme, Nazisme, communisme)
- les totalitarismes
- la question sociale dans une nouvelle configuration
- grande crise économique.
Ses Encycliques
- Ubi Arcano (1922)
- Quadragesimo anno (réception de Rerum Novarum
- Non abbiamus bisogno
- Divini Redeptoris (1937)
- Mit brennender Sorge (1937)
Ses Encycliques
que la religion devienne une affaire privée. D’où, le refus de porter les insignes
religieux en France. Jean XXIII va donc rappeler que l’Eglise ne peut pas être
évacuée. Il va affirmer que « l’Eglise est mère et éducatrice »
Magistère conciliaire
Jean XXIII
- Sacrosanctum concilium (la liturg. est un culte puclic ; c’est l’Eglise comme corps
mystique du Christ qui rend ce culte public)
- Pacem in Terris (1963)
- Gaudium et Spes (7 déc. 1965) : anthropologie christocentrique (c’est le Christ qui
révèle l’homme à l’homme et qui révèle Dieu à l’homme.
- Dignitatis humanae (Liberté religieuse, 7 déc 1965) : le pape montre ici que Dieu
n’est pas un obstacle à l’homme.
Magistère postconciliaire
Paul VI (1963-1978)
- Il inaugure l’axe Populorum progressio
- combat de l’idéologie communiste ;
(sollicitudo rei socialis ; Caritas in veritate : axe populorum progresio)
Ses Encycliques
- Populorum Progressio (le pape récadre la notion de développement qui ne peut
être authentique que s’il est humain. Il faut que le développement soit intégral qui
concerne tout homme et tout l’homme. C’est un développement qui nécessite la
solidarité. La paix est désormais le nouveau nom du développement).
- Justicia in mondo (30 Nov. 1971 (résultat d’un synode sur la question de la
justice ; principe de solidarité ; le droit de tous les peuples au développement ; la
pratique de la justice constitue la dernière de son texte.) ;
- Octogesima adveniens (14 Mai 1971 : donner réponse aux besoins nouveaux d’un
monde den changement. Il se situe dans la dynamique des anniversaires de Rerum
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Jean Paul II
*Le Christ est aussi le chemin des tous les hommes. Sur cette route qui conduit du Christ à
l’homme, l’Eglise ne peut être arrêtée par personne ! La question du dvp : progrès ou
menace de l’homme (n°16). La notion du progrès est plutôt centrée sur l’homme. La priorité
sur la technique ; le primat de la personne sur les choses ; supériorité de l’esprit sur la matière.
Le 4e chapitre traite de la mission de l’Eglise et du destin de l’homme : sollicitude pour
l’homme, défendre la vérité (jalons de Caritas in veritate), eucharistie et pénitence, vocation
chrétienne.
- Laborem Exercens (14 Sept. 1981) : 90e anniversaire de Rerum Novarum ; insistance sur la
question du travail humain. Le texte s’articule en 5 chapitres :- la nécessité du travail comme
facteur fondamental de la vie de l’homme ; - rétrospection sur Rerum novarum ; - la question
du travail comme question centrale ; - les rapports entre travail et l’homme ; - la hiérarchie de
valeurs dans le travail. L’Eglise pour sa part prend parti des travailleurs ; le véritable
problème du travail et le conflit entre le travail et le capital : *la pers de la priorité du travail ;
*l’économisme ; *et le capitalisme. Le tout se termine par la mise relief de la question de la
propriété.
production et de rentabilité. Lorsqu’il n’est donc plus utile au travail, il perd ipso facto sa
valeur.
Un autre aspect important c’est que le travail crée des biens et des valeurs par
conséquent il doit en être propriétaire et gestionnaire. Cela conduit le pape à en tirer les
conséquences au chapitre 4. Dès le n°16 on a les droits des travailleurs. La situation du travail
causes d’autres soucis : la question du chômage, le traitement réservé aux employés. De
nouveaux problèmes émergent dû à la qualité du travail. On doit donc tenir compte de la
courbe du travail : les souches qui produisent le travail (la douleur, la souffrance) l’esclave,
les animaux, les machines (la mécanique et la cybernétique). Le travail qui était donc
accompli par plusieurs devient le privilège d’une machine (cas des machines à récolter) mais
la question fondamentale reste celle de savoir ce que deviennent les ouvriers ? Un autre
problème important est la mise en place sinon des sociétés de consommation du moins une
société de vacances : après avoir accumulés des grands revenus, l’homme ainsi libéré des
travaux doit s’occuper autrement. C’est l’origine des sociétés de loisirs voire d’ennuis.
2. Le Discours postconciliaire
Jean Paul, Sollicitudo Rei Socialis, 1987.
Cette Encyclique se situe au prolongement de Populorum Progressio de Paul VI dont elle
célèbre l’anniversaire. Elle porte sur la question sociale et le développement. De prime, abord
le Pape situe d’abord l’évènement, en rappelant la nouveauté et l’actualité de Populorum
progressio. Il enchaine en dressant un panorama du monde contemporain qu’il étend sur
environ 15 numéros (11-26). Il en déduit la nécessité de mieux appréhender le concept même
de développement en le libérant des approches réductives : tendances matérialiste,
structurelles, démographiques et autres (nn°27-34).
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Le 5ème chapitre est consacré à une lecture de théologique des problèmes modernes
(nn°35-40). Trois numéros sont consacrés au chapitre sur quelques orientations particulières
pour finalement dégager quelques conclusions.
Du point de vue des contenus, cette encyclique reprécise l’essence même de la doctrine
sociale de l’Eglise : son objet, sa méthode et sa finalité. On n’y retrouve aussi certains
principes majeurs à l’instar du principe de subsidiarité, de solidarité et même du bien commun
auquel Paul avait déjà donné des contenus spécifiques. L’enseignement conciliaire est
également au sujet du développement (n°28 : dialectique être et avoir). Le développement
authentique doit donc situer du côté de l’être plutôt que de l’avoir. Il est question d’une
croissance en humanité et non d’une simple accumulation des biens. Le pape ira jusqu’à
refonder bibliquement la question du développement (nn°30-31). Le vrai développent
implique également une exigence morale. N°33 précise le pape : « le lien intrinsèque entre le
développement authentique et le respect des droits de l’homme révèle encore une fois son
caractère moral : la vraie élévation de l’homme conforme à la vocation naturelle et historique
de chacun ne s’atteint pas la seule utilisation de l’abondance des biens et des services ou en
disposant d’infrastructures parfaites » Au n°40, le pape met l’accent sur la solidarité. En
parodiant la devise de Pie XII (Opus justiciae pax, la paix et l’œuvre de la justice) le Pape
affirme : opus sollidaritatis pax : la paix est le fruit de la solidarité (n°39).
On voit bien à travers cette structure que Centesimus Annus est animée par un double
souci : opérer un bilan au terme de 100 de Doctrine Sociale et affronter les questions
présentes ou actuelles en approfondissant selon le vœu de Vatican II, le dialogue entre
l’Église et le monde de ce temps.
l’accent pour la première fois sur l’écologie mieux comme le dit le Pape lui-même, l’écologie
Humaine. L’homme est le premier élément de l’environnement.
De multiples points de l’éthique sociale sont mise en évidence telle que la notion de l’État,
la démocratie et le n°46 en précise le cadre d’une démocratie authentique, les droits de
l’homme et enjeux du bien commun (n°47) ; les tâches régaliennes de l’État (n°48) ; la
culture ; le rapport culture et vérité, Église et Culture (n°50-52). La dernière partie donc, traite
de l’anthropologie, la priorité de l’homme (n°53), le rapport entre la doctrine sociale et
l’évangélisation ; l’enjeu de la mondialisation en matière d’économie.
En effet, les évêques du Cameroun « ont à maint reprises souligné que l’annonce de
l’Évangile comportement nécessairement des implications dans la vie sociale des hommes. La
foi chrétienne n’est pas une affaire purement intérieure et privée, elle doit avoir des
prolongements sociaux, économiques, politiques et culturels. Bonne Nouvelle pour le salut de
l’homme, l’Evangile ne peut l’être effectivement que s’il contribue à restituer à l’homme la
santé et la dignité dont il a besoin pour son plein épanouissement » (Cf. Postface).
1. La structure de l’ouvrage
Ce compendium est articulé en trois grands ensembles contenant entre autre : les lettres
pastorales et des messages, les communiqués et les déclarations, couronnés par une approche
analytique.
La première partie est essentiellement constituée des lettres pastorales et des messages
allant de 1955 à 2005. Parmi les textes phares sur lesquels il convient de s’appesantir, au peut
relever entre autre la lettre commune des vicaires apostolique s du Cameroun de 1955,
immédiatement suivi, 4 ans plus tard par la lettre s du camer à leur fidèles, à l’occasion de
l’indépendance de leur pays 1959. Il y a également la lettre pastorale des évêques du
Cameroun à l’occasion de la visite du Pape Jean Paul II en 1985 ; la lettre pastorale des
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évêques du Cameroun sur l’engagement des laïcs sur la vie de la nations (1988) ; la lettre
pastorale sur la crise économique dont souffre le pays (1990) ; la lettre pastorale des évêques
aux chrétiens et tous les hommes de bonne volonté sur le tribalisme (1996) ; la lettre
pastorale des évêques à tous les fidèles et tous les citoyens de bonne volonté dur le droit de
vote (2004).
La deuxième partie quant à elle comporte des communiqués et déclarations diverses allant de
1970 à 2004. Elle regroupe quatre sous-ensembles :
-Les communiqués du Conseil permanent des évêques de 1982-1995 : on n’y retrouve que 5
communiqués (82, 92, 93, 94, 95).
-Les autres déclarations des évêques de 1970-2001 : on peut retenir notamment ici, le
communiqué des évêques du Cameroun sur l’affaire Ndogmo (1970) ; la réaction des
évêques face la situation socio-politique du payas (1991) ; déclaration des évêques sur
l’Enseignement catholique (1992).
La troisième partie comporte une approche essentiellement analytique. Elle est composée de
deux textes majeurs : le premier sur l’enjeu de la mission : les ambassadeurs du Christ pour la
cause de l’Évangile ; le second porte sur l’Évangile et la promotion intégrale de l’homme.
Au regard des multiples textes publiés par les évêques du Cameroun, on peut relever une
certaine récurrence par rapport à certains thèmes. Ce qui nous amène à mettre en évidence
quatre principales orientations :
- L’axe socio-politique ;
Florent Espoir Engamba
L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
- L’axe économique ;
- L’axe éducation et famille ;
- Et autres considérations pastorales
1. L’axe socio-politique
On peut dire c’est que l’axe le plus nourri. On n’y retrouve tout à la fois des lettre
pastorales et des messages, des communiqués et des déclarations et même certains
approfondissement en séminaires des évêques. Ces thèmes reviennent pratiquement à chaque
décennie et manifeste l’engagement de l’Église face aux préoccupations des citoyens et des
fidèles. La prise de position par rapport à l’indépendance est fort éloquente pour la décennie
des années 50. Elle rappelle à l’État sa nature et sa vocation et exhorte les futurs hommes
d’Etat à prendre conscience de l’ampleur de leur responsabilité. En 1998, la lettre pastorale
sur l’engagement des laïcs dans la vie de la nation, se situe en droite de l’enseignement de
Christi Fideles Laici, elle rappelle la vocation et la mission du laïc dans le temporel, en tant
que témoin de l’Eglise, appelé à vivre les engagements du baptême et l’éthique chrétienne
qu’ils impliquent dans la vie sociale et l’univers politique. L’appel contre le tribalisme de
1996, est également une prise de position forte contre une gangrène qui menace l’unité
nationale et la cohésion fraternelle qui doit animer et unir tous les fils d’un même pays dans
un élan global de solidarité (dette mutuel d’amour et de coresponsabilité) en vue du bien
commun. La lettre de 2004 sur le droit et le devoir de vote rappel aux uns et aux autres
l’importance du vote comme devoir civique, dénonce les propensions aux choix partisans
fondés non sur l’objectivité mais sur des critères d’appartenance tribale ou régionale.
Le communiqué sur l’affaire Ndogmo rappelle quant à lui la neutralité et la réserve dont
doit faire preuve l’Église en matière politique et plus spécifiquement le magistère pastoral,
tout en reconnaissant la mission prophétique dans sa double considération : dénonciation et
annonce. Le mémorandum à la commission mixte et l’appel des évêques à la nation sont
également autant de preuves de l’engagement de notre épiscopat à la vie socio-politique de
notre pays.
2. L’axe économique
Tout comme l’égard de l’enjeu socio-politique, le magistère camerounais n’est pas rester
indifférents aux crises économiques qui ont frappé notre pays. En suivant la même
méthodologie que le Magistère universel (Voir Juger Agir), les évêques du Cameroun ont pris
positions en 1990 par la lettre pastorale sur la crise économique dont souffre le pays. Dans
Florent Espoir Engamba
L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
leur diagnostique, les évêques se sont rendu compte que la crise avait différentes causes : les
causes endogènes et les causes exogènes. Mais par de-là les effets de la conjoncture globale
qui sévissait dans la plus part des pays africains et qui aboutira quelques années plus tard à la
dévaluation du franc CFA, les évêques ont mis en avance, une cause fondamentale
inéluctable, la crise morale dont la crise économique est tributaire. D’où la dénonciation de la
corruption des écarts de conduite dans la gestion du bien commun communément appelé les
détournements de derniers publiques. La solution imposait donc entre autre la formation de la
conscience morale, le sens de la justice et de l’équité dans la gestion des biens en un mot,
l’engagement de tous pour le bien commun et la culture d’une rectitude morale.
Ayant pris acte de la dimension morale de la crise, liée entre autre aux structures de
péchés, et considérant l’ampleur des cause exogènes et endogènes, le magistère camerounais a
tenu à rappeler le sens fondamental de l’Etat et la responsabilité qui incombe aux fidèles, tout
comme à tous les citoyens. Il rappelle à ses sujets ce qu’affirmait J. Paul II avec fermeté « le
sens fondamental de l’Etat comme communauté politique, consiste en ce que la société qui le
compose, le peuple est maître de son propre destin. Ce sens n’est pas réalisé si au lieu d’un
pouvoir exercé avec la participation morale de la société ou du peuple, nous sommes témoins
d’un pouvoir imposé par un groupe déterminé à tous les membres de cette société.
La participation moral est donc essentielle et chacun doit s’y impliquer. Pour ce faire, le
rôle des fidèles laïcs et particulièrement les militants d’action catholique s’avère de premier
plan. Leur mission dans la vie politique doit désormais s’entendre comme une nouvelle
évangélisation avec une perspective de libération d’où cet appel retentissant des évêques :
« nous vous disons que pour vous laïcs camerounais, l’heure est venu d’entreprendre une
nouvelle évangélisation de votre pays.
Cette évangélisation, pour les laïcs que vous êtes, est une mission de libération : libération
des hommes de la misère, libération du pays de la corruption, du marasme et de la crise. Une
telle libération est impossible si vous n’êtes pas fidèles à l’Évangile (…) » (Cf. Lettre
Pastorale n°30). L’exigence de fidélité à l’Evangile s’actualise dans le témoignage de vie dont
doivent faire preuve les laïcs dans leur engament dans la vie temporelle de la nation. La crise,
est alors perçue comme « une véritable visite divine au sen biblique du mot ».
comportement, erreur ou même abus et de proposer des changements qui les concerneraient
directement…Il est trop facile de rejeter sur les autres les responsabilités des injustices, si on
ne perçoit pas en même temps comment on n’y participe soi-même et comment la conversion
personnelle est d’abord nécessaire » (n°31).
A chacun de faire son examen de conscience et de travailler pour une plus grande
réconciliation. La Lettre s’achève en ouvrant le pays vers la célébration du premier centenaire
de la foi et en exhortant le peuple à la prière puisque rien impossible à Dieu.
3. L’axe éducation-famille
1. Lettre pastorale sur l’avortement provoqué 1979 : faisant suite à la Lettre du 4 mai
1973 sur certains problèmes qui affectent le mariage et l’apostolat des familles au
Cameroun, les évêques ont publié en 1979, une lettre pastorale dénonçant le drame de
l’avortement provoqué. Partant du principe selon lequel Dieu est le seul et l’unique
maitre de la vie, les évêques ont réitères l’indisponibilité de la vie humaine en
affirmant son caractère sacré et inviolable : « l’avortement, c’est-à-dire le massacre
direct et délibéré de l’enfant encore dans le sein de sa mère, est un crime très grave ».
la raison est bien simple ; contrairement à ce que semble diffuser les idéologies
modernes, relativistes et utilitaristes, « la vie humaine ne nous a jamais été donnée
comme un héritage absolu, mais comme un trésor à administrer et pour lequel nous
auront un compte à rendre à Dieu (Mt 25, 14-30 ; Lc 19, 12-27) ». (Cf.
L’enseignement social des évêques du Cameroun, p. 40.)
L’avortement est donc, au regard de ce qui précède, moralement inadmissible
et la loi camerounaise explicitement soulignée par les évêques est sans équivoque.
D’où l’appel des évêques à la responsabilité de tous et de chacun en faveur de la vie.
Avant de conclure leur propos, les évêques n’ont pas manqué de s’adresser
directement à quelques destinateurs spécifiques : aux futures mères notamment, ils ont
Florent Espoir Engamba
L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
lancé cet appel : « confiez-vous à ceux qui veulent vous aider… qu’il vous souvienne
que ce que l’opinion publique appelle l’Interruption volontaire de la grossesse (IVG),
est en réalité le massacre d’une nouvelle vie qui vous a été confiée. Allez trouver les
docteurs et les infirmiers qui prennent leurs responsabilités à cœur… confiez-vous à
un prêtre de votre choix, même si vous êtes coupés de l’Église depuis un certain ;
chacun fera de son mieux auprès de vous » (Cf. p. 49). Le même partage des
responsabilités a été orienté à l’endroit des pères, des mères, des parents et autres
responsables de la future mère.
Quant aux religieuses, leur attention à l’égard des futures mères a été vivement
encouragée. Le rôle des chrétiens et tous les autres croyants du secteur public, a été
mis en évidence pour ne pas se laisser emporter par les exemples des nations
étrangères, qui ont délibérément adopté des lois en faveur de l’avortement. Quant aux
jeunes, filles et garçons, les évêques ont conclu leur propos par un rappel
fondamental : « l’avortement provoqué est un mal certes, mais il ne faut pas oublier le
cadre dans lequel il s’inscrit : le cadre de l’amour humain ». d’où la nécessité de
redécouvrir le sens du véritable amour. L’amour comme don, à l’image de Dieu amour
(1Jn 4, 16 ; Deus Caritas est). Pour ce faire, l’exigence première consite à se
considérer comme frères et sœur d’un même Père, pour en tirer les implications.
Exigence d’amour fraternel par delà la sexualité et exigence de respect mutuel. (Cf.
Directoire de pastoral familial et conjugal, 1981).
En se situant dans la dynamique du synode de 1980 sur la famille, les évêques
ont voulu donné un large écho en communiant au vœu du Magistère universel sur
l’avenir de la famille. D’où le Directoire de pastoral familial et conjugal. Ce texte
s’articule en trois grands ensembles précédés par une introduction : -la préparation au
mariage chrétien avec quelques accents sur les principes directeurs et les normes
pratiques pour le pasteur ; -la spiritualité conjugal et familial : c’est ici que sont
rappelées les tâches de la famille chrétienne avec pour fondement la communio
personale ; -le service de la vie ; -l’engagement pour la société ; -le service ecclésial ; -
le service de l’homme.
La troisième partie, spécialement consacrée à la pastorale des situations
particulières, avec une approche systématique de quelques cas : le mariage en essai, la
cohabitation avant le mariage, les unions libres, les ménages de polygames, les
femmes célibataires, les divorcés non remariés, les divorcés remariés, les sans famille,
les veufs avec ou sans lévirat, les célibataires forcés, les ménages sans enfants, les
Florent Espoir Engamba
L’ABBE Thomas B. TCHOUNGUI, ETUDE DES ENCYCLIQUES, THEO. III, UCAC, 2015.
conjoints dont un refuse les sacrements, cas d’avortements provoqués, etc. Une note
spéciale sur les mariages mixtes ouvre vers les perspectives conclusives.