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Julie Pellier.

Rôle de la force ionique, de l’albumine et du pH sur la dégradation par fretting-


corrosion d’un contact acier inoxydable/PMMA. Application aux implants orthopédiques..
Autre. Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne, 2012. Français. ffNNT :
2012EMSE0641ff. fftel-00

L’alliage 316L est l’acier le plus utilisé en orthopédie. Sa teneur en carbone (0,03 %) et en
chrome (16 à 18 %) améliore sa résistance à la corrosion en milieu biologique. La formation
d’une couche d’oxydes mixte (chrome et fer) assure une passivation et protection de l’acier
inoxydable. Cependant les micro-mouvements de l’implant amplifient sa sensibilité à la
corrosion in vivo avec un relargage d’ions (Ni2+, Cr3+, Cr6+, Fe2+...) (Passuti et al., 1983)

Les métalliques : Les débris métalliques sont les plus dangereux pour le corps humain. Dans
l’étude de McGregor et al., 2000, il a été montré que des particules de Co pur et de Ni pur
étaient cancérigènes et que la plupart des alliages métalliques à base de Ni, et particulièrement
ceux contenant des éléments d’alliages tels que Cr, Fe, Ga, Cu, Al et Mn, pouvaient entraîner
des cancers. Cependant, les aciers inoxydables contenant de 13 à 17 % de Cr n’ont pas montré
d’effet cancérigène
*les débris de 316L sont généralement de l’ordre du micromètre (DiCarlo et Bullough, 1992 ;
Savio III et al., 1994).

*Les couples de frottement avec un élément métallique augmentent aussi la quantité d’ions
métalliques relarguée dans le corps. Plusieurs chercheurs ont étudié le relargage d’ions
métalliques et leurs effets sur le système immunitaire, mais aussi sur la toxicité et les effets
cancérigènes de ces ions. Bien que certains ions métalliques soient indispensables au corps
humain, ils peuvent devenir toxiques lorsque leur concentration devient trop élevée. Cette
limite n’est cependant pas très claire. La corrosion à la surface de l’implant et les débris
d’usure produits, pouvant alors s’oxyder, conduisent au relargage d’ions métalliques dans le
corps. Quand les particules se détachent de l’implant, plusieurs types de réponse suivent :
nécrose, inflammations. Les ions métalliques se lient aux protéines pour former des
complexes organométalliques. Ces ions métalliques, en particulier le Co et le Cr, se dissolvent
plus facilement en présence de protéines, ce qui augmente la vitesse de corrosion des
implants. Une fois que le métal est lié à une protéine, il peut être transporté par le corps ou
excrété. Le Co est transporté des tissus au sang puis est éliminé par l’urine au bout de 48 h,
alors que le Cr s’accumule dans les tissus et les globules rouges. Les ions Cr3+ et Cr6+
entraînent aussi des réactions : les ions Cr3+ peuvent conduire à des réactions allergiques et
les ions Cr6+ sont absorbés par les globules rouges et sont rapidement transformés en Cr3+.
Cet ion Cr3+ intracellulaire, exerce des propriétés mutagènes et cancérigènes sur l’ADN
(Luttrell et al., 2008). Le Co est aussi mutagène et cancérigène, et il a aussi été montré que le
Cr et le Ni sont retenus dans la moelle osseuse (Okazaki et Gotoh, 2008).

Les biomatériaux utilisés comme implants orthopédiques Un biomatériau est un matériau


utilisé pour remplacer une partie ou une fonction du corps humain. On peut le définir comme
une substance systémiquement et pharmacologiquement inerte, designée pour une
implantation à l’intérieur de systèmes vivants. L’utilité d’un biomatériau est d’améliorer la
santé des patients en restaurant la fonction des tissus, organes ou articulations du corps
humain (Park et Lakes, 1992). Les premiers implants (bone plate = plaque d’ostéosynthèse,
Figure 1.1) furent utilisés à partir des années 1900 et avaient pour but d’aider à la fixation des
os fracturés. Les matériaux utilisés pour ces implants étaient l’acier puis l’acier au vanadium,
utilisé pour sa dureté et sa ductilité. Cependant, leur mauvaise résistance à la corrosion a
conduit à l’introduction d’autres matériaux dans les années 1930 : les aciers inoxydables (de
type 302 puis 316 et 316L) et les alliages cobaltchrome (Stellite® ), puis vers la fin des
années 1940, le titane et ses alliages (Park et Lakes, 1992). Figure 1.1 : Plaque
d’ostéosynthèse (http://img.hisupplier.com) L’articulation nécessitant le plus d’interventions
chirurgicales est celle de la hanche. Celle-ci est une articulation synoviale qui met en
connexion le fémur, par l’intermédiaire de la tête fémorale sphérique, et l’os iliaque (bassin)
par l’intermédiaire du cotyle, demi-sphère creuse (Figure 1.2). La hanche est une énarthrose
mobile, i.e. une articulation mobile aux surfaces sphériques (l’une convexe et l’autre
concave), autour d’une infinité d’axes. Figure 1.2 : Articulation de la hanche (www.hanche-
genou-epaule.com) Le cartilage recouvre le cotyle et la tête fémorale ; il a un rôle essentiel de
glissement articulaire sans frottement, d’absorption des chocs et de distribution des
contraintes. Le cartilage normal 6 CHAPITRE 1. ÉTAT DE L’ART permet un mouvement
sans douleur et sans résistance. Lorsque le cartilage est endommagé, les articulations
deviennent raides et douloureuses.

Les alliages métalliques. Ils constituent l’ensemble des tiges fémorales, certaines têtes
fémorales et la plupart des coques externes des cupules lorsqu’elles existent : • aciers
inoxydables : seuls sont utilisés les aciers austénitiques qui sont amagnétiques et résistants à
la corrosion. Selon la norme française NF S 90 401 de décembre 1981, la composition des ces
aciers doit être de 16 à 19 % de chrome (création d’un film passif), 12 à 16 % de nickel
(stabilisation de l’austénite et diminution de la dureté), 2 à 4 % de molybdène (élément
alphagène) et de 0,03 à 0,08 % de carbone. L’alliage 316L est l’acier le plus utilisé en
orthopédie. Sa teneur en carbone (0,03 %) et en chrome (16 à 18 %) améliore sa résistance à
la corrosion en milieu biologique. La formation d’une couche d’oxydes mixte (chrome et fer)
assure une passivation et protection de l’acier inoxydable. Cependant les micro-mouvements
de l’implant amplifient sa sensibilité à la corrosion in vivo avec un relargage d’ions (Ni2+,
Cr3+, Cr6+, Fe2+...) (Passuti et al., 1983). L’acier inoxydable nitruré, 316LN, peut aussi être
utilisé. Il permet d’améliorer la résistance à la corrosion localisée et généralisée. Les tests in
vivo ne montrent aucune réaction de nécrose et aucune présence de produits de corrosion
(Tschiptschin et al., 1999) ; • alliages à base de cobalt : déjà utilisés dans la fabrication de
prothèses dentaires. Ils sont généralement composés d’environ 60 % de cobalt, 30 % de
chrome, 5 % de molybdène et de moins de 2,5 % de nickel. La passivation de la surface par la
couche d’oxyde de chrome assure une excellente résistance à la corrosion, mais il existe
toujours une dissolution du métal. Bien que ces alliages résistent mieux à la corrosion que les
aciers inoxydables, ils sont également très durs et peu déformables ; • alliages à base de
titane : on les rencontre sous deux formes le Ti-6Al-4V et le Ti-6Al7Nb, qui ne contient pas
de vanadium (responsable de réactions d’intolérance). Ils sont caractérisés par une bonne
résistance à la fatigue mais leur dureté médiocre les rend inadaptés pour constituer des
surfaces de frottement. Il existe un risque d’abrasion de la 11 1.1 Les biomatériaux utilisés
comme implants orthopédiques couche de dioxyde de titane et de corrosion (Willert et al.,
1996) en présence de ciment : le film passif se reconstruit mal après une dégradation par
frottement. C’est pourquoi ils sont peu utilisés pour les tiges de prothèses cimentées et sont
interdits pour les têtes fémorales, à moins que celles-ci aient subi un traitement de surface. –
Les céramiques. Elles peuvent être utilisées pour les têtes fémorales et les cupules. Deux
types de céramiques sont actuellement utilisées : l’alumine Al2O3 et la zircone ZrO2
(Masquelet, 2004). • l’alumine : c’est en 1970 que Boutin introduisit le couple alumine-
alumine pour répondre aux problèmes d’usure du polyéthylène (Boutin, 1972). Ce matériau
présente une excellente résistance à toutes les formes de corrosion et une bonne biotolérance,
mais c’est un matériau fragile qui résiste peu aux chocs et qui supporte mal une répartition des
contraintes non uniforme (Bergmann et al., 2001). Les couples céramique-céramique ont
conduit à de nombreux problèmes tels que des fractures de cupules ou une usure inexpliquée.
L’alumine est un matériau difficile à mettre en forme et fragile. Si la contrainte appliquée
dépasse la limite d’élasticité, il y a rupture ; • la zircone : elle a été développée pour répondre
aux insuffisances de l’alumine, c’est-àdire diminuer le risque de fracture. Elle est
généralement stabilisée à l’aide d’additifs (MgO, CaO, Y2O3, Al2O3,...) dont le taux varie
entre 5 et 10 %. Elle possède une bonne résistance à toutes les formes de corrosion, d’assez
bonnes caractéristiques mécaniques, une bonne résistance à l’usure et au frottement ; • les
composites alumine-zircone : ils ont été développés pour obtenir un matériau aussi stable
(chimiquement) que l’alumine et présentant une ténacité et une contrainte à la rupture
équivalente à la zircone. Ils sont généralement constitués d’une dispersion homogène de
grains de zircone dans une matrice d’alumine. Le vieillisement est ainsi diminué et les
propriétés mécaniques augmentées (Chevalier et Gremillard, 2009). – Le polyéthylène. Il est
utilisé pour les cupules, sous la forme UHMWPE (Ultra High Molecular Weight
PolyEthylene). Sa densité est de l’ordre de 0,94. C’est un matériau viscoélastique dont le
module d’élasticité est proche de celui du ciment et assez proche de celui de l’os, ce qui
ménage l’ancrage os-ciment. De plus, sa biocompatibilité est excellente et sa mise en forme
est plutôt facile

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