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Chapitre II : L’impact de l’instabilité politique sur l’inflation en Guinée

Section I :

II.1 Revue de littérature

II.1.1 Les canaux de transmission

Cette section examine certains des canaux par lesquels l'instabilité politique peut
avoir une incidence sur la volatilité de l'inflation.

Premièrement, les gouvernements peuvent avoir un motif pour créer de l'inflation, de


façon à générer seigneuriage. La fraude fiscale et la collecte de l'impôt coûts peuvent
rendre optimale pour le gouvernement de se fonder sur la taxe d'inflation comme une
source de revenus du gouvernement. De toute évidence, l'évasion fiscale et de
recouvrement de l'impôt coûts sont susceptibles d'être plus grande dans les pays qui
sont plus politiquement instable.

Deuxièmement, l'instabilité politique peut également conduire à une faible production


et des investissements, qui rétrécit les actifs imposables et le revenu des personnes
les plus en mesure de répondre aux exigences de recettes publiques. Cela peut
entraîner une dépendance accrue sur la taxe d'inflation.

En outre, en réduisant les revenus et l'augmentation des dépenses publiques,


l'instabilité politique peut également contribuer à des déficits budgétaires plus
importants, ce qui peut avoir des conséquences inflationnistes pour la Guinée car
les marchés financiers sont moins développés.

En outre, la Guinée est un pays dont l'instabilité politique a de grandes quantités


d'activités clandestines, qui soulève la taxe d'inflation optimal, ce qui implique un
niveau d'inflation très élevé et instable dans le pays.

Enfin, l'instabilité politique ne fournit pas de place pour la mise en œuvre de


politiques cohérentes en Guinée, ce qui sape la compétence du gouvernement et
diminue sa résistance aux chocs qui résultent accueillir éventuellement en
déséquilibre macroéconomique caractérisé par une inflation volatile.

II.1.2 Examen des précédentes études empiriques sur l'instabilité politique et


l'inflation Volatilité

Il y a très peu de preuves empiriques sur les effets de l'instabilité politique sur la
volatilité de l'inflation. La faible liberté économique et un degré plus élevé d'instabilité
politique, polarisation idéologique et la fragmentation du système politique génèrent
une inflation plus volatile. La liberté économique accrue et de la démocratie de
réduire la volatilité de l'inflation. Ceci est cohérent avec la sagesse conventionnelle
qui, en garantissant la liberté économique et la bonne gouvernance, une forme de
gouvernement démocratique tend à produire une inflation faible et stable.
Bien que les études ci-dessous traitent de la relation entre le niveau de l'inflation et
de l'instabilité politique, ils peuvent être de pertinence indirecte à la relation entre
l'instabilité politique et la volatilité de l'inflation. Ceci est parce que le niveau de
l'inflation et la volatilité de l'inflation sont fortement corrélés.

L'effet de l'instabilité politique sur l'inflation en Guinée, en appliquant la méthode des


moments généralisés en utilisant les données de 1958 à 2022. On a constaté que les
effets des facteurs monétaires tels que les taux de la masse monétaire de la
croissance, sont plutôt marginal, tandis que les facteurs non monétaires tels que
l'instabilité politique fortement et positivement influer sur l'inflation en Guinée.
Contrairement aux idées reçues, Nous pouvons déclarer aussi que, comme la
Guinée se déplace vers une forme démocratique de gouvernement, l'inflation
augmente.

Section II : Les causes de l’instabilité politique

Depuis deux ans, on assiste à une série de coups d’état ou de tentatives en Afrique
de l’Ouest, ce qui n’est pas sans inquiéter les voisins qui se méfient de plus en plus
de leurs « armées ». En effet, le Mali, par deux fois (août 2020 et mai 2021), la
Guinée Conakry en septembre 2021, le Burkina Faso en janvier 2022, ont connu des
renversements de pouvoir à la faveur de putschs militaires, dont les auteurs sont en
général de jeunes soldats qui gravitent autour des présidents dont ils sont censés
assurés la protection. La Guinée-Bissau, elle aussi, a failli connaître une révolution
de palais en février 2022. Il s’en est fallu de peu pour que le président Umaro
Sissoco Embalo ne soit renversé. Mais pourquoi donc cette partie de l’Afrique vit-elle
aujourd’hui cette période de déstabilisation?

Plusieurs raisons nous viennent à l’esprit. La 1ère est d’ordre historique. En effet,
depuis 1960, année de l’indépendance de la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest,
les puissances coloniales ont continué à exercer une sorte de mainmise sur leurs
anciennes colonies, au point de favoriser d’une manière ou d’une autre l’avènement
de leurs « poulains » à la tête de leurs anciennes colonies. De plus, à la fin de la
guerre froide, suivie de l’éclatement de l’URSS et de la naissance des blocs Est et
Ouest, on a assisté à une lutte d’influence entre ces deux blocs qui a contribué à la
fragilisation des régimes africains de façon générale. La Russie, d’un côté, certains
pays occidentaux de l’autre côté, se sont évertués à maintenir sous leurs jougs
respectifs les pays qu’ils jugeaient utiles de contrôler pour des raisons inavouées.

La 2ème raison est liée à l’incapacité des présidents de ces pays à faire face au
défi du terrorisme, à assurer la sécurité de leurs concitoyens. Sentant la
faiblesse des moyens militaires et matériels des pays africains, notamment dans la
zone sahélienne, les groupes terroristes n’ont pas eu beaucoup de peine à s’installer
et à affronter, parfois brutalement, les régimes en place. Dépassés, ces derniers ont
souvent compté sur quelques puissances étrangères, la France notamment, pour
assurer leur sécurité. Avec des résultats plus que mitigés. La France, malgré le
déploiement de quelques 4800 de ses soldats depuis 2013, n’a pu ramener la paix et
la sécurité totale dans le Sahel, au grand dam des populations de la région.

Ce triste constat a favorisé l’émergence d’une nouvelle élite militaire africaine qui
s’est arrogée le « droit d’agir au nom de ses concitoyens » afin de montrer les limites
des accointances de certains dirigeants africains avec la France et de finalement
prendre les choses en mains. Ce faisant, les nouveaux maîtres de ces pays ont
trouvé grâce aux yeux des populations, des jeunes notamment qui voient en eux des
« sauveurs ». Cette légitimation, en apparence, a bouleversé la donne politique dans
la sous-région, symbolisée par la décision d’expulsion de l’ambassadeur de la
France au Mali intervenue le 31 janvier dernier. Cette décision est intervenue alors
que les nouvelles autorités maliennes ont reproché à quelques dirigeants français
d’avoir tenu des propos peu respectueux à leur égard.

La 3éme raison tient à l’absence d’une bonne gouvernance dans presque tous les
pays concernés par ces coups d’état. Les populations, dans leur ensemble, ont soi f
d’une véritable démocratie, porteuse d’espoir pour la jeunesse qui représente
l’écrasante majorité des habitants du continent africain. Cette jeunesse, de plus en
plus éveillée, n’accepte plus que son avenir soit hypothéqué par des gouvernements
qui font de la corruption, de l’impunité et du népotisme des pratiques courantes.

La 4ème raison est à trouver dans l’appétit vorace du pouvoir de certains


dirigeants africains qui n’hésitent à violer la constitution de leurs pays pour
s’éterniser au sommet de leurs états. Cette cécité politique de ces dirigeants a
conduit à des impasses politiques, et par conséquent sociales et économiques, qui
ont plongé leurs pays dans une situation d’extrême pauvreté. Ces coups d’état
« constitutionnels », sous la forme d’une modification des constitutions en vue de
s’offrir un troisième mandat, ne passent plus tellement aux yeux des populations,
même si certains les comprennent. C’était le cas en Guinée où le président Alpha
Condé avait fait modifier la constitution de son pays pour pouvoir se présenter à un
3ème mandat qu’il a obtenu sans trop de peine. Mais face à la grogne grandissante
des populations, il a été déposé par sa propre armée le 5 septembre dernier.
D’autres pays comme la Tunisie, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin ont
également connu des coups d’état « constitutionnel » ces dernières années.

II.2.1 LES CAUSES SECONDAIRES DU PHENOMENE

Comme souligné plus haut, les causes du phénomène réfugié sont très nombreuses.
Nous allons les examiner à tour de rôle.

II.2.Les causes politiques

Alors que l'adoption et l'application de la démocratie multipartiste dans nombre de


pays africains auraient sans doute des répercussions sur les relations interafricaines,
on peut se demander si elles permettront aux Etats africains et aux forces vives du
continent de s'impliquer davantage dans le développement de celui-ci.
La situation politique sur l'ensemble du continent révèle l'existence des structures
politiques inadaptées.

En effet, l'inadaptation des structures politiques africaines se révèle à la fois par


l'existence des formes de l' Etat qui ne reflètent pas les caractéristiques des sociétés
africaines et d' un appareil Etat, théoriquement fondé sur le principe de la
souveraineté populaire ( ou nationale) et en fait monopolisé par les classes
dominantes avec le risque fréquent d'une dérive autoritaire contre laquelle s'élèvent
des forces de contestation et le monde extérieur.

Ainsi, malgré le passage du monopartisme au multipartisme, les dirigeants africains


sont toujours tentés de s'orienter vers des dérives autoritaires qui justifient la
confiscation du pays et vers des velléités auto-centristes qui leur font tourner le dos
au peuple. Alors que « c ' est le peuple dans son ensemble qui devait être au centre
des phénomènes de pouvoir, être l'inspirateur suprême et le bénéficiaire de l'action
politique. Le refus de l'alternance au pouvoir, l'absence de dialogue, la non-
libéralisation de l'espace politique, la peur de l'opposition, la diabolisation des
opposants débouchent sur la violence, des coups d'Etat, des guerres civiles, des
émeutes, des sécessions, des rébellions, des instabilités constitutionnelles ».

L'obsession du repositionnement politique, une opposition de diabolisation du régime


en place, etc., peuvent compléter cette énumération.

La conséquence la plus directe reste des affrontements armés qui contraignent les
populations à aller au-delà de leurs frontières étatiques. Ce fut le cas en RDC, au
Rwanda ; en Angola, après l'indépendance ; dans la Guinée de Sekou-Touré, la
République Centre- Africaine de Jean-Bedel Bokassa et de Ange-Félix Patassé,
l'Ouganda d'Idi Amin Dada etc.

II.2. Les causes économiques et matérielles

Au cours du 20ème siècle et en ce 21ème siècle débutant, le développement


économique et le progrès technique sont la préoccupation de tous les Etats. Malgré
la subsistance d' une base socio-économique, produit d' un double passé précolonial
et colonial, les Africains n' ont pas encore réussi à doter leurs Etats de structures
économiques viables et le produit national n'est pas équitablement réparti entre les
différentes couches de la population. L'Afrique vit dans un paradoxe où le sol est
riche, sur lequel vit une population extrêmement pauvre.

Le Plan d'action de Lagos adopté en avril 1980 confirmant le bon choix de l'Afrique
de promouvoir un développement collectif, auto-dépendant, endogène ainsi qu'une
intégration économique, est resté lettre morte.

Le phénomène le plus courant est que certains Africains fuient leurs pays pour des
raisons économiques et espèrent vivre mieux dans un autre pays. C' est le cas des
Tchadiens qui se rendent par centaines en Libye, et des Congolais en Afrique du
Sud et en Angola...
Actuellement, le nombre des réfugiés ayant quitté leurs pays d'origine pour des
raisons économiques et matérielles ne fait que croître. Et ceux qui fuient leurs pays à
cause de la faim, de la misère, du chômage, sont également nombreux, avec l'espoir
de trouver mieux sur le territoire d'accueil.

A ce tableau noir, s'ajoutent les conséquences néfastes des contraintes des mesures
d'ajustement structurel des institutions financières internationales, surtout celles du
système de Bretton Woods, imposées aux Etats africains.

II.3. Les causes socio-culturelles

La Déclaration Universelle des Droits de l'homme du 10 décembre 1948 reconnaît en


son article 2 §1 que chacun peut se prévaloir de tous les droits et toutes les libertés
proclamés dans la présente Déclaration sans distinction aucune, notamment de race,
de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre
opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre
situation.

Malgré l'adhésion de presque tous les Etats Africains à cet instrument juridique
international, plusieurs Africains subissent des menaces à leur vie ou à leur liberté
pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d' opinion politique ou
d'appartenance à un certain groupe social, qui sont toujours des preuves de
persécution.

D'autres violations graves des droits de l'homme pour les mêmes raisons constituent
également des persécutions.

Ainsi, les multiples conflits entre les Nations tirent leur origine de la confirmation ou
de la revendication d'une certaine identité socio-culturelle propre, de la préservation
ou de l'imposition d'un statut racial déterminé en fonction des enjeux socio-politiques,
ainsi que de l'intolérance ou de l'intégrisme basé sur les croyances religieuses des
peuples.

Les châtiments sur base des considérations raciales et religieuses créent un exutoire
ethnique et un malaise social.

Les cas du Soudan avec l'imposition de l'islam à des non musulmans et du Rwanda
surtout, avec le massacre de 1972 qui a engendré le deuxième grand exode des
réfugiés dans la région sont patents: plus de 100.000 Hutu par exemple avaient pris
le chemin de la Tanzanie où ils sont rassemblés dans les camps de fortune
dépendant de l'aide humanitaire internationale. Au Burundi même après, le
remplacement de Micombero par Bagaza qui, malgré son volontarisme, ne réussira
cependant jamais à effacer le racisme diffus qui imprègne la société burundaise et
qui se manifeste à propos des nez fins et des nez larges... les Hutu seront chassés
de l'armée.
Le génocide de 1994 intervenu au lendemain de la mort du Président Habyarimana
et l'accession au pouvoir du Front patriotique Rwandais (FPR) ont contraint plus d'un
million et demi des Rwandais à l'exil en République Démocratique du Congo et en
Tanzanie.

II.4. Les causes trouvant leur source dans les conflits armés

La Guinée est l’un des pays du continent africain qui enregistre le plus grand nombre
de conflits armés où plus d'un tiers des 4 régions qui la composent, est concerné, et
dont la plupart sont liés à la décolonisation, à la question nationale, aux divergences
d'ordre politique, à l'autodétermination etc.

Ces différents conflits ont débouché .Tous ces conflits qui se révèlent comme étant
d'une autre génération ne font qu'accroître les difficultés des populations africaines
déjà meurtries, obligeant ainsi des millions d' habitants à aller trouver refuge sous
d'autres cieux beaucoup plus cléments.

« Les autorités zaïroises constatent par ailleurs que la présence humaine d'un million
de réfugiés dans une région déjà pratiquement instable surtout le Nord-kivu
déstabilise toute la région et cause d'énormes dangers écologiques).

Selon le bulletin d'information du HCR, en mai 1996, le nombre total des réfugiés
rwandais recensés au Burundi est de 91456.

Au 19/04/1996, on comptait au total 209.374 réfugiés burundais enregistrés : 70.033


dans la région de Ngara et 25.965 à Kigoma en Tanzanie, 109.374 dans la région
d'Uvira

II.5. D'autres causes

Selon, Koffi Annan, Secrétaire Général de l'ONU, les sources des conflits reflètent
cette diversité et cette complexité. Certaines sont purement internes, d'autres encore
ont d'importantes dimensions internationales. Il relève les facteurs internes (la nature
du pouvoir politique), les facteurs externes (les interventions extérieures ainsi que
des motivations économiques). Se penchant sur le cas particulier de l'Afrique
centrale, le secrétaire général de l'ONU souligne aussi le manque de terres et de
ressources en eau dans les zones fortement peuplées. Au Rwanda par exemple, les
vagues successives de déplacement des populations font que plusieurs familles
revendiquent souvent le même lopin de la terre.

III. LA CAUSE MAJEURE: L'INSTABILITE POLITIQUE

Après une quarantaine d'années des indépendances, il y a lieu de remettre en cause


les différents systèmes politiques africains qui n'ont pas permis de mettre en place
des structures étatiques capables de répondre aux attentes et demandes des
populations. Les espoirs suscités au lendemain des indépendances se sont
volatilisés et laissé la place au désespoir et au désarroi. La Guinée est passée du
multipartisme au monopartisme, et du monopartisme à un retour et un atterrissage
forcé à un nouveau multipartisme mal préparé, qui a replongé le continent dans des
tensions permanentes et un cycle infernal de violence. « Plus de trente ans après
que la Guinée a acquis son indépendance, les Guinéens eux-mêmes se rendent de
plus en plus compte que le continent doit chercher ailleurs ce qui l'accable,
aujourd'hui plus que jamais, c'est elle-même que la Guinée doit examiner.

C'est la nature du pouvoir politique dans bien de la Guinée, de même que les
conséquences réelles ou perçues comme telles - de la prise du pouvoir et du
maintien de celui-ci qui est une source majeure de conflit dans le pays».

L'homme politique ne s'est pas encore démarqué de la conception traditionnelle du


pouvoir comme étant une propriété privée, une affaire de clanisme et de clientélisme
politique où la contradiction ne peut exister. Le chef doit régner en maître absolu sur
ses sujets.

Transposée au niveau national, cette conception du pouvoir, loin de contribuer à


l'épanouissement et au progrès, constitue un blocage qui, à la longue, deviendra une
cause de discorde et de tensions sociales où l'homme politique, devenant méfiant,
s'entourera des siens et s'opposera à tout dialogue avec les autres couches de la
société.

Il arrive fréquemment en effet que le vainqueur politique remporte tout, richesse et


ressources, patronage, prestige et prérogatives du pouvoir. Ce phénomène
s'accompagne souvent d'un sentiment d'intérêt (ou de préjudice) collectif, renforcée
dans bien des cas par l'utilisation des formes centralisées et hautement
personnalisées du gouvernement ».

L’absence du dialogue, la méfiance réciproque entre gouvernant et gouvernés,


l’insatisfaction des besoins primaires conduiront ou pousseront les mécontents à
chercher à conquérir le pouvoir par tous les moyens dont le plus incitant est le
recours à la violence avec ses conséquences directes que sont les affrontements et
les mouvements des populations.

Aussi, même en Guinée où il existe un semblant de démocratie et d'organisation, il


est souvent malheureux de constater des remaniements ministériels intempestifs, le
refus d'accepter une défaite électorale, les amendements constitutionnels au gré des
intérêts et de la volonté des gouvernements et l'insatisfaction des besoins primaires
qui conduisent aux situations conflictuelles qui pourraient être localisées au niveau
périphérique (dans certains confins territoriaux), central (si le conflit est concentré
dans le centre du pouvoir), constellé ou généralisé (si les lieux d'affrontement sont
éparpillés à travers l'espace national).

Le pouvoir devient instable et conduit à une situation de non - Etat ou


d'affaiblissement de l'Etat contraignant la population à choisir entre une mort
certaine et un refuge.
A cela s’ajoute un autre facteur explicatif : c'est la politique de «diviser pour bien
régner» où le pouvoir politique Guinéen encourage dans certains cas des tensions
ethniques qui, à la longue, déstabilisent aussi le pouvoir lui-même.

Tout cela démontre à suffisance les preuves de la mauvaise gouvernance à travers


le continent qui tarde à réunir les conditions d'existence et de décollage des Etats
modernes face aux enjeux de développement et de mondialisation. D'où, la
nécessité de proposer une thérapeutique appropriée.

Les conséquences de l’instabilité politique sur l’économie

L’angle du néo-patrimonialisme permet aussi de montrer que les conflits africains


sont, par ailleurs, les produits d’une crise de gouvernance économique. Celle-ci est
naturellement liée à la crise de gouvernance politique. En effet, puisqu’il n’y a pas de
vraie séparation entre la fonction et la personne qui l’occupe (arrivée au pouvoir en
général par la force), il n’y a pas non plus de mécanismes d’imputabilité. Ce déficit
de mécanismes de limitation du pouvoir laisse la porte ouverte à la corruption et aux
abus. Pour toutes ces raisons, le mode de gestion du pouvoir d’État apparaît comme
une composante centrale dans le déclenchement des conflits sur le continent,
comme l’exemple du Zaïre de Mobutu le démontre de façon éclatante50. Durant les
trois décennies qu’il a passées à la tête du pays, Mobutu a mis en place l’archétype
même du régime néo-patrimonial en détournant l’essentiel des richesses du pays
pour se constituer une fortune personnelle supérieure au budget de son pays. En
effet, en régime néo patrimonial, il n’y a pas véritablement de politique économique à
long terme. En vertu de la logique de confusion des secteurs publics et privés, de la
personnalisation du pouvoir et de la redistribution clientéliste, deux phénomènes sont
corrélatifs à ce régime. D’une part, l’État devient le lieu principal d’enrichissement et
de promotion sociale et, d’autre part, les élites tendent à se cliver entre
des insiders profitant du système et des outsiders qui en sont exclus. Cette situation
a pour conséquence une exacerbation des luttes pour l’accès à l’État et une extrême
intensité de ces luttes qui deviennent un jeu à somme nulle. L’élimination d’un camp
par l’autre est souvent la seule issue possible à la crise. C’est pourquoi, selon Tom
Porteus, les conflits sont l’extension logique des faiblesses et de la faillite
économique et politique des États africains, à laquelle s’ajoutent des transformations
économiques sur le plan international51. Certains auteurs vont encore plus loin en
montrant que les conflits et les crises en Afrique traduisent une criminalisation de
l’État et de la politique par des réseaux incluant des gouvernants en place, qui
tentent de tirer un parti économique et financier de ces troubles. Cette idée nous
amène au rôle des acteurs et de leurs stratégies dans le déclenchement des conflits.

Le chiffre commerce international

La Guinée est ouverte au commerce extérieur, qui représentait 90% de son PIB en
2020 (Banque mondiale). Environ 98% des exportations sont des produits miniers et
le pays est devenu le troisième producteur mondial de bauxite. L'or et les diamants
figurent parmi les principales exportations; tandis que les importations sont dominées
par les machines, les véhicules, le riz, le fer, les plastiques, les huiles minérales, les
navires et les médicaments (ITC, 2020).

Les principales destinations des exportations guinéennes sont les Émirats arabes
unis, la Chine, l'Inde, la Suisse et la Belgique. D'autre part, les importations du pays
proviennent de la Chine, de l'Inde, des Émirats arabes unis, des Pays-Bas et de la
France (OEC, 2020). Le pays est membre à la fois de l'OMC et de la CEDEAO, et
est engagé dans un processus de partenariat économique avec l'UE en tant que
pays ACP. Les droits de douane sont relativement élevés (le taux moyen est de
12,6%), mais la Guinée continue de travailler pour rendre son économie plus ouverte
en réduisant les autres barrières non tarifaires. Pourtant, le népotisme, la corruption,
la main-d'œuvre non qualifiée, le manque de transparence dans le paiement des
droits et autres taxes sont autant de facteurs qui minent la croissance des échanges.
Suite au coup d'État de septembre 2021, le pays risque des sanctions économiques.
En novembre, les États-Unis avaient déjà suspendu l'éligibilité du pays au
programme de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act).

Le pays a un déficit commercial structurel. En 2020, les exportations de


marchandises ont augmenté pour atteindre 5,6 milliards USD, tandis que les
importations de marchandises ont diminué pour atteindre 3,37 milliards USD.
Néanmoins, la Guinée est un importateur net de services, avec 1 milliard USD
d'importations et seulement 40 millions USD d'exportations en 2020 (OMC). Les
exportations de biens et services ont augmenté de 186 % en 2020, tandis que les
importations ont diminué de 18 % (Banque mondiale). Le déficit commercial devrait
se réduire en 2022 en raison de l'augmentation des exportations d'or et de bauxite,
combinée à la réduction des besoins d'importation de biens d'équipement suite à
l'achèvement du projet Souapiti (Coface).
Evolution des taux d’inflation en Guinée

Au cours des 16 dernières années, le taux d’inflation des biens de consommation en


Guinée a oscillé de 4.7% à 34,7%. Pour l’année 2021, une inflation de 12,6% a été
calculée.

Au cours de la période d’observation de 2005 à 2021, le taux d’inflation moyen était


de 15,8% par an. Au total, la hausse des prix sur cette période a été de 98,61%. Un
article qui coutait 100 Francs en 2005 était donc facturée 1.018 ,61 Francs début
2022.

Evolution de la valeur sur les 16 dernières années par rapport à l’union


européenne

Peu de pays connaissent une hausse des prix aussi importante. L'indice des prix à la
consommation (IPC) de 34,7% atteint en 2006 signifie que les biens et services ont
augmenté de 34,7% en moyenne par rapport à l'année précédente. Les
augmentations de prix assez drastiques, allant jusqu'à 34,7%, ne sont plus dans la
moyenne par rapport à d'autres pays et sont le signe de turbulences politiques et
économiques.

Performance sur la base à 100% 2004 :

La dette de la Guinée est viable, avec un risque modéré de surendettement


extérieur. En 2019, l’encours total de la dette publique représentait 36,5 % du PIB,
dont environ 53 % de dette intérieure. En 2020, l’encours pourrait atteindre 40,2 %
du PIB, dont environ 60 % extérieur. Ce niveau d’endettement modéré devrait
permettre d’entreprendre de nouveaux emprunts concessionnels pour financer les
dépenses prioritaires et les nouveaux investissements de la stratégie nationale de
lutte contre la COVID-19. Les autorités devraient se concentrer à l’avenir sur une
politique prudente d’emprunt extérieur, tout en renforçant l’efficacité et l’efficience
des investissements publics.

Source : les données datent de décembre 2020 et proviennent des autorités


nationales ; données pour 2020 sont des estimations et données pour 2021 et 2022
sont des prévisions fondées sur les calculs des auteurs.

Comparaison des taux d’inflation historiques en Guinée, UE et dans le monde


Base de données : Fonds monétaire international, Banque mondiale et OCDE Inflation CPI indicator
(doi:10.1787/eee82e6e-en)

PIB (US courant), Guinée

Principales indicateurs Economiques

Points fort de l’Economie Guinéenne

 Un tiers des réserves mondiales de bauxite


 Gisements de fer, d’or, de diamant, d’uranium et de pétrole encore largement
inexploités
 Potentiel hydro-électrique important

Points faibles de l’économie Guinéenne

 Dépendance aux cours des produits miniers et de l’énergie


 Dépendance à la demande chinoise de bauxite
 Faiblesse des recettes publiques (13 % du PIB)
 Manque d’infrastructures, notamment dans le secteur électrique et les
transports
 Forte pauvreté (53 % de la population), informalité (50 % du PIB et 70 % de
l’emploi), croissance peu inclusive
 Environnement des affaires difficile

Des besoins de financement dépendant des acteurs étrangers


Le déficit budgétaire s’est légèrement réduit en 2021 et devrait se stabiliser en 2022.
L’augmentation des dépenses en capital liées aux investissements devrait être
compensée par une hausse des recettes du secteur minier et une réduction des
subventions des tarifs de l’électricité. Son financement nécessitera un recours à
l’endettement auprès des bailleurs de fonds internationaux (FMI, BAD, Banque
mondiale) et de la Chine, principale créancière, qui détient la moitié de la dette
publique extérieure (26 % du PIB). Le ratio de dette publique sur PIB devrait
néanmoins se stabiliser en 2022 grâce à la rapide croissance économique.

Après s’être amélioré en 2021, le déficit courant devrait se creuser en 2022. La


hausse des exportations d’or et de bauxite (90 % des exportations) se reflétera sur la
balance commerciale. De plus, la finalisation en 2021 du projet Souapiti devrait
modérer les besoins en importations de biens d’équipement. Cependant, la balance
des services restera largement déficitaire avec la reprise des achats de services
techniques liés à ces projets, notamment ceux de transports. La forte participation
étrangère à la production minière entraîne le rapatriement de près de la moitié des
recettes nettes d'exportation sous forme de dividendes, augmentant le déficit des
revenus primaires. Le solde de la balance des revenus secondaires restera
excédentaire grâce à l’aide internationale et aux envois de fonds des travailleurs
depuis l’étranger. Le déficit sera financé par les IDE (couvrant 70 % des besoins de
financements) et les prêts-projets. Cependant, ces sources de financement
pourraient être menacées par l’incertitude politique du pays en 2022.

Section III : Etude empirique : l’impact de l’instabilité politique sur l’inflation

III.2.1 Les données et le modèle empirique

L'objectif de notre étude empirique est d'enquêter sur les principaux déterminants
politiques, institutionnels et économiques de l'inflation en Guinée. Cela se fait grâce à
l'estimation des modèles dynamiques de données de panel pour les niveaux
d'inflation annuels (prises de l'IFS, FMI). Puisque le niveau d'expositions d'inflation
très élevé de variabilité, son logarithme a été utilisé comme variable dépendante.
Nous émettons l'hypothèse que cela dépend des variables explicatives suivantes:
 Logarithme retardé de l'inflation (IFS, FMI);
 Un ensemble de variables structurelles économiques qui reflètent les
caractéristiques des pays qui peuvent affecter leur capacité à contrôler
l'inflation:
o Agriculture (% PIB): part de la valeur ajoutée de l'agriculture dans le
PIB (WDI,Banque mondiale);
o Commerce (% PIB): l'ouverture au commerce (WDI, Banque mondiale);
 Variables représentant de la performance économique et les chocs externes:
o Croissance du PIB réel par habitant (PWT 8.1);
o La croissance des prix du pétrole (OCDE): variation annuelle en
pourcentage du prix du pétrole;

Le modèle empirique pour les niveaux d'inflation peut être résumé comme suit:

Où Inf signifie le taux d'inflation du pays i au temps t, α est un paramètre à estimer,


β1 et β2 sont des vecteurs de paramètres à estimer, X est un vecteur de Co
variables strictement exogènes, W est un vecteur de variables endogènes, ν sont
des effets spécifiques à chaque pays, et ε est le terme d'erreur. Complications
importantes se posent dans l'estimation de ce modèle par les MCO. Dans les deux
paramètres fixes et les effets aléatoires, la difficulté est que la variable dépendante
retardée est corrélée avec le terme d'erreur, même si nous supposons que les
perturbations ne sont pas eux-mêmes auto corrélés. Arellano et Bond (1991)
développent une méthode des moments généralisés (GMM) estimateur qui résout
les problèmes mentionnés ci-dessus. Première différenciation (1) supprime νi et
produit une équation estimable par variables instrumentales:

où D est le premier opérateur de différence et les variables et les paramètres sont


définis comme dans (1).

II.2.2 Résultats empiriques

Les résultats de l'estimation du modèle décrit dans la section précédente en utilisant


la méthode du GMM pour les modèles de données de panel dynamiques linéaires
sont présentés dans le tableau 6. La variable dépendante est la première différence
(D1) de Log (inflation) et les variables explicatives sont en différences premières
ainsi. Pour les petites valeurs, chaque coefficient estimé indique la variation en
pourcentage dans le taux d'inflation qui résulte d'une variation d'une unité de la
variable explicative respective.
Tableau 6 : L’impact de l’instabilité politique sur les niveaux d’inflation en
Guinée (1958-2021)

D1 MODEL 1 MODEL 2 MODEL 3 MODEL 4 MODEL 5 MODEL 6

Log(inflation)

L’agriculture
(% PIB)

Le commerce
(% PIB)

Taux de
croissance de
PIIB/h

Taux de
croissance des
prix de pétrole

La volatilité de
la croissance
de M2

L’instabilité au
niveau de
gouvernement

Niveau de la
démocratie

Niveau de la
protestation
et violence
politique

Les effets des


pays voisins

Nombre
d’observations

Nombre de
Pays

Sargan test,chi
(58) [prob >
chi2]
AR(2) [Prob>
z]

Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les t de student. ***, ** et * représentent
respectivement la significativité au seuil de 1%, 5% et 10%.

Dans les modèle de 1-6, nous avons inclus un par un chacune des variables qui
représentent l’instabilité politique. Les résultats présentés dans l tableau 6 confirment
l’hypothèse que l’instabilité politique.

En effet, l’augmentation de l’instabilité au sein de gouvernement peut accroitre le


taux d’inflation de 14,9% (Modèle 1). L’apparition des protestations et des violences
politiques augmente le taux d’inflation de 3,4% (Modèle 3).

Les autres dimensions de l’instabilité politique, les effets des pays voisins et le
niveau de la démocratie, les résultats sont statistiquement non significatives (Modèle
2, 4, 5, 6).

Concernant les variables économiques, le commerce (en% du PIB), l’agriculture (en


% du PIB), l’amélioration de PIB/H, la croissance des prix du pétrole et la croissance
de M2 ont une incidence relativement faible sur les taux d'inflation. Néanmoins, ils
ont les signes attendus: une plus grande ouverture au commerce et l’accroissement
de production agricole diminuer l'inflation, tandis que l’augmentation des prix du
pétrole et la volatilité de la croissance de M2 font accroitre les taux d’inflation.

Histogramme du taux d’inflation en Guinée


Indicateurs économique de la Guinée vue d’ensemble

Tableau des valeurs actuelles, des prévisions, des statistiques, des tableaux et le
calendrier économique : Guinée – Indicateurs économiques
Comment arrêter cette mauvaise spirale ?

Il est indispensable voire vital que des institutions fortes voient le jour partout en
Afrique, en particulier dans des régions très fragiles comme l’Afrique de l’Ouest. Au
lendemain des indépendances de la plupart des pays africains en 1960, la priorité
des dirigeants était plutôt orientée vers le développement économique, ce qui était
compréhensible, car il fallait améliorer le quotidien des populations qui vivaient dans
des conditions très austères. Mais les choses ont évolué depuis. Aujourd’hui, les
Africains veulent vivre en paix et libres. Ils exigent plus de démocratie dans leurs
pays.

C’est à partir du discours de La Baule, prononcé par François Mitterrand en 1990


que les processus démocratiques ont vu le jour dans la plupart des pays d’Afrique
francophone. Le président français disait dans ce discours que « La France liera tout
son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis par les gouvernements
africains pour aller vers plus de liberté ». Autre discours important qui allait dans le
même sens, celui du président Barack Obama, de passage à Accra en 2009, qui
affirmait devant des parlementaires du Ghana que « l’Afrique n’a pas besoin
d’hommes forts, mais d’institutions fortes ». J’ajouterai qu’elle a besoin des 2, car ce
sont des hommes forts comme le président Abdou Diouf, du Sénégal, qui ont ouvert
la voie à des alternances pacifiques en Afrique de l’Ouest. C’était en mars 2000
lorsque le président Abdou Diouf reconnaissait sa défaite face à son adversaire de
l’opposition, Maître Abdoulaye Wade. Comme quoi, il est bien possible d’instaurer le
multipartisme et le respect des institutions en Afrique, conditions sine qua non pour
assurer la stabilité des pays africains et, partant, leur développement économique.

Solutions secondaires pour mettre fin à ce grand fléau

Plusieurs autres solutions se présentent sur divers plans à savoir : sur le plan
politique, économique et social.

La bonne gouvernance (politique, économique et administrative) :

Cette bonne gouvernance devra se traduire à l’intérieur de chaque Etat africain par la
transparence, la compétence, un Etat de droit tourné vers la démocratie, la
décentralisation, la bonne croissance économique et une bonne distribution du
revenu national, sans oublier une grande administration digne et efficace.

La démocratie et le respect des droits humains

La démocratie et le respect des droits humains demeurent des garanties pour une
stabilité au pouvoir et une sécurité à l'intérieur de l'Etat. Elle donne à chaque citoyen
la conviction d'être partie prenante dans la vie sociale. L'alternance au pouvoir, la
tolérance politique, le partage du pouvoir, le fair-play et l'acceptation des défaites
électorales devraient être intériorisés par les gouvernants passés, actuels et futurs et
les gouvernés.
Le respect des droits par la mise en place d'un Etat de droit où sont garantis les
droits et libertés individuels, la pratique des vertus démocratiques et le respect des
droits de l'homme entraînent la sécurité et la stabilité du pouvoir politique, qui, à leur
tour, favorisent la croissance économique.

Un développement durable

C'est un droit fondamental de l'être humain et le principal objectif à long terme de


tous les pays d'Afrique. Sans développement, il n'y a guère d'espoir d'y réduire les
conflits. Ainsi, cela exige la création d'un environnement propice aux investissements
et à la croissance économique.

Pour réussir ce développement durable, il faudra éduquer l'homme, clé de tout


développement. L'éducation permet à l'être humain de comprendre l'importance et le
contenu des projets de développement susceptibles de transformer son
environnement, et pour lesquels son soutien est indispensable.

Un développement social

Cela passe par un investissement dans les ressources humaines, la détermination


des priorités en matière de santé publique et une meilleure attention à la justice
sociale.

Le non recours à la force comme moyen de règlement des différends

La charte de l'ONU proscrit tout recours à la force : « les membres de l'organisation


s'abstiennent dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à
l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l’indépendance politique de
tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies
(art. 2 § 4).

En tant que membres des Nations Unies, les Etats africains devront se conformer 'à
cette disposition de la charte et préconiser le dialogue' et le, règlement pacifique de
leurs différends aussi bien endogènes qu'exogènes.

Les conflits guinéens, produit d’une crise de gouvernance économique

L’angle du néo-patrimonialisme permet aussi de montrer que les conflits africains


sont, par ailleurs, les produits d’une crise de gouvernance économique. Celle-ci est
naturellement liée à la crise de gouvernance politique. En effet, puisqu’il n’y a pas de
vraie séparation entre la fonction et la personne qui l’occupe (arrivée au pouvoir en
général par la force), il n’y a pas non plus de mécanismes d’imputabilité. Ce déficit
de mécanismes de limitation du pouvoir laisse la porte ouverte à la corruption et aux
abus. Pour toutes ces raisons, le mode de gestion du pouvoir d’État apparaît comme
une composante centrale dans le déclenchement des conflits sur le continent,
comme l’exemple du Zaïre de Mobutu le démontre de façon éclatante. Durant les
trois décennies qu’il a passées à la tête du pays, Mobutu a mis en place l’archétype
même du régime néo-patrimonial en détournant l’essentiel des richesses du pays
pour se constituer une fortune personnelle supérieure au budget de son pays. En
effet, en régime néo-patrimonial, il n’y a pas véritablement de politique économique à
long terme. En vertu de la logique de confusion des secteurs publics et privés, de la
personnalisation du pouvoir et de la redistribution clientéliste, deux phénomènes sont
corrélatifs à ce régime. D’une part, l’État devient le lieu principal d’enrichissement et
de promotion sociale et, d’autre part, les élites tendent à se cliver entre
des insiders profitant du système et des outsiders qui en sont exclus. Cette situation
a pour conséquence une exacerbation des luttes pour l’accès à l’État et une extrême
intensité de ces luttes qui deviennent un jeu à somme nulle. L’élimination d’un camp
par l’autre est souvent la seule issue possible à la crise. C’est pourquoi, selon Tom
Porteus, les conflits sont l’extension logique des faiblesses et de la faillite
économique et politique des États africains, à laquelle s’ajoutent des transformations
économiques sur le plan international. Certains auteurs vont encore plus loin en
montrant que les conflits et les crises en Afrique traduisent une criminalisation de
l’État et de la politique par des réseaux incluant des gouvernants en place, qui
tentent de tirer un parti économique et financier de ces troubles. Cette idée nous
amène au rôle des acteurs et de leurs stratégies dans le déclenchement des conflits.

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