Vous êtes sur la page 1sur 9

Fiche pédagogique :

Enquêtons sur les origines du monde

Déroulé pédagogique du CE1 au CM1,


adaptable jusqu’au début du collège
Objectifs et méthodologie
Prévu ici pour être conduit du CE1 au CM1, ce déroulé est aisément adaptable pour les plus grandes
classes et le début du collège, avec la participation des professeurs de sciences, de technologie,
d’éducation artistique…

NB : Ce projet est une séquence d’enseignement laïc des faits religieux. Il suppose d’une part, votre
neutralité, mais simultanément, votre combativité sur les valeurs de la République, et d’autre part
un cadre méthodologique rigoureux. Trois développements avec un texte en italique proposent de
vous accompagner mais vous pouvez provisoirement en différer la lecture.

Six points d’organisation générale

1) Travailler en équipe, pour deux raisons au moins :


Le contexte actuel l’impose, mais aussi une nécessité de fond : aucun de nous n’échappe à l’influence
de son éducation, de ses héritages culturels, de ses sensibilités personnelles. Travailler en croisant
son point de vue avec ses collègues permet une mise à distance, dans les situations touchant à la
laïcité. Cela vous permettra d’être au clair sur la neutralité attendue sans perdre la combativité
nécessaire.

Neutralité et combativité ?

Pour lever les confusions, voici une base de discussion en équipe, en trois grands points A) B) C) et en
trois petits a) b) c).

A) La neutralité exigée de la part d’un enseignant du service public porte sur sa réponse personnelle
aux questions existentielles (et sur leurs éventuelles déclinaisons politiques, voire commerciales).

Ce sera plus simple pour vous si vous avez une conscience assez claire de la tradition ou du courant
philosophique ou religieux duquel vous vous sentez le plus proche. (Bien entendu, personne n’a le
droit de vous faire préciser ce qui relève de votre sphère privée ! Vous exercez intimement et
librement votre liberté de conscience.)

Simplement, vous serez mieux préparé, si vous avez tenté d’y répondre pour vous-même, pour faire
face à certaines questions d’élèves. Dans certaines familles en effet, la pratique religieuse, ou le
militantisme inverse, est une préoccupation habituelle, avec des rituels ou des prises de position
fréquemment exprimés, dans les champs privé et public.

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


Attention : c’est un droit de manifester ses croyances ou incroyances dans le domaine public : on va
sur son lieu de culte, ou bien prendre le soleil sur la terrasse en face pendant que d’autres y entrent,
sans se cacher ! Seuls sont proscrits le prosélytisme et le trouble à l’ordre public : si vous souhaitez
prochainement processionner dans la rue avec votre club d’initiés, vous devrez disposer d’une
autorisation du maire ou du préfet, également chargés, au nom de la laïcité, de défendre la liberté de
ceux qui veulent librement circuler.

Les élèves doivent donc rester dans l’ignorance de votre conviction : vous ferait-elle pencher pour la
possibilité de redevenir une poignée d’atomes de carbone quand l’heure sonnera ? Ou pour un voyage
vers un au-delà que nul ne peut, ici-bas, juger de vous refuser? Ou pour une préparation de votre
karma à un nouveau cycle de vie? Ou pour une prudence méthodologique kantienne, doutant de
pouvoir suffisamment bien poser la question pour y répondre? Ou pour l’hypothèse déiste ? Ou pour
l’hypothèse agnostique ? Ou pour une autre option…? Ce qui reste humainement partageable, c’est la
fragilité ou la bouleversante illumination de chaque option, quand la vie nous fait éprouver ses
limites…

Pour les plus jeunes élèves qui solliciteraient votre arbitrage sur ce que contient l’azur, à l’occasion
de ce projet pédagogique, ou lors d’un décès familial - «Je suis triste parce que grand-père est mort
de la COVID19, mais il est heureux au ciel (sic)», - dites que vous devez encore discuter avec vous-
même, ou vous renseigner plus avant, et indiquez que les parents sont mieux placés que vous sur
cette question.

Pour les plus grands élèves, expliquez que c’est votre métier qui exige la non-réponse, pour ne pas
risquer de leur imposer ce qui relève de votre croyance ou non croyance, tant qu’ils ne sont pas
capables d’exercer totalement leur esprit critique en construction, puis d’embrasser librement un
choix intime.

Mais avec petits et grands, vous accueillez spontanément et partagez la douleur exprimée de la
séparation, ce que tous les humains comprennent et expérimentent à leur tour.

B) Un engagement sans faille est à déployer par tout enseignant, pour réussir à faire vivre et incarner
les valeurs humanistes, et pas seulement en parler ou les présenter en théorie ! Notamment pour
apporter des savoirs de qualité et des méthodes de travail intellectuel, à tous les élèves, sans
discrimination (couleur, religion, sexe, conditions de vie…). Cet engagement est mis à l’épreuve
quotidiennement dans chaque classe, et dans la relation aux parents. Il est reconnu dans les
enquêtes d’opinion : de nombreux parents sont critiques sur le système éducatif et en même temps,
reconnaissants vis-à-vis des enseignants de leurs enfants quand ils les rencontrent…

C) Une constante mobilisation intellectuelle est nécessaire sur les valeurs républicaines qui
permettent de vivre ensemble, et pour faire advenir des citoyens libres. Cette mobilisation contre
toute dérive est attendue dans des domaines très sensibles. Trois exemples :

a) lutte contre le relativisme, car, éthiquement, tout ne se vaut pas : les mythes incas évoquent des
sacrifices incompatibles avec les principes de la Déclaration universelle des droits humains (dont le
respect de la vie en premier lieu), que certaines grandes religions-philosophies pacifistes ont aussi
contribué à faire avancer ; d’ancestrales pratiques, contextualisées, sont heureusement devenues
illégales dans de nombreuses démocraties (mutilations sexuelles des filles, violences intra-familiales à
la manière du «pater familias» romain, ayant droit de vie et mort sur ses enfants…) ;

b) combat contre les ignorances tenaces, les préjugés, les amalgames, les opinions personnelles
simplistes : on donne accès aux connaissances, en déconstruisant les approximations naturelles et les

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


automatismes. Gaston Bachelard, Claude Bernard, Victor Hugo, Jean Piaget… se trouvent confirmés
par les progrès de l’étude des fonctionnements neuronaux, avec notamment la nécessaire et difficile
inhibition des premiers schèmes installés : cela ne se fait pas sans y revenir avec obstination.

c) bataille intellectuelle et sensible contre toutes les formes de communautarisme : elles s’opposent
fondamentalement à l’universalisme humaniste des Lumières, pilier de notre République de libre
adhésion. L’universalisme soutient que tous les humains ont des points communs (la raison entre
autres !), ainsi que les mêmes questionnements ontologiques (malgré la diversité des réponses
construites), et les mêmes besoins fondamentaux, de reconnaissance, de lien social, de sécurisation
(malgré des langues et modes d’éducation très éloignés). L’ouverture et le dialogue des cultures est
un enrichissement mutuel… Cela s’appelle aussi la Fraternité.

2) Intégrer une information aux parents particulièrement claire


et les associer autant que possible
Voici trois points à évoquer dans votre communication, avec des formules que vous pouvez choisir ou
adapter :

a) il s’agit de présenter des éléments de connaissances sur telle tradition, religion ou philosophie :
des repères sur son histoire, ses grands noms, quelques-uns de ses textes de référence, quelques
rituels qu’elle donne à voir dans l’espace public, son importance numérique actuelle dans le monde,
ses éventuelles composantes traditionnelles ou réformistes, ses consignes aux fidèles dans telle
période historique… (Le site de l’Institut Européen en Sciences des Religions, IESR, composante
d’université, créé à la suite du rapport de Régis Debray en 2002, pour une étude scientifique des
religions, fourmille de documents d’aide pour les enseignants de l’école publique,
(http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr); les enseignants ne sont pas des professeurs de telle tradition-
religion ou philosophie, qui s’occuperaient de faire adopter ou réfuter par les élèves une
foi/croyance ; l’équipe présentera plusieurs traditions-religions-philosophies ;

b) les enseignants sont des fonctionnaires de l’Etat : comme les agents des impôts, les policiers, les
soignants à l’hôpital. Ils sont donc neutres, ils n’expriment pas leur conviction: l’école de la
République Française respecte les différentes religions-philosophies dans laquelle les familles
éduquent leurs enfants, car elle est laïque, c’est-à-dire ni athée, ni subordonnée à aucune religion, ni
ennemie d’aucune. Elle laisse les religions dans la sphère privée ;

c) l’école a le devoir de faire acquérir des savoirs scientifiques universels et de donner la capacité de
les distinguer des croyances personnelles, pour faciliter les échanges respectueux entre élèves, lutter
contre les préjugés et amalgames, favoriser le vivre ensemble dans le même pays, pacifiquement.

Grâce à cette démarche, les élèves pourront devenir plus facilement des citoyens capables d’analyser
des évènements dont les médias ou réseaux sociaux s’emparent parfois sans esprit critique. Ils
pourront aussi mieux comprendre comment se sont historiquement édifiées nos villes et découvrir des
chefs d’œuvre artistiques parfois inspirés par les héritages religieux.

3) Le calendrier : prévoir cinq séances d’une heure environ


Ces séances sont réparties sur les semaines de novembre : S1 semaine du 2/11, S2 semaine du 9/11,
S3 semaine du 16/11, S4 semaine du 23/11, S5 semaine du 30 /11. Consacrer la séance 5 à la mise
en forme (électronique) de la présentation par les élèves du travail réalisé, en se focalisant sur la
distinction entre les savoirs et les croyances. N’oubliez pas le temps d’échange avec vos collègues

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


après la séance 2. Garder la semaine du 2 décembre pour d’éventuels ajustements. Le 9 décembre,
pour la fête de la laïcité, exposition ou projection ou diffusion électronique des travaux.

4) Garder les traces du déroulement de chaque séance


Il s’agit de résumer, reformuler, requalifier à la suivante, pour pouvoir souligner, en fin de projet, le
chemin qu’on aura pu parcourir : les connaissances acquises, les confusions levées, les ouvertures à
suivre. Constituer un affichage de travail en classe, à replier et rouvrir en début et fin de
séance : «garage à questions », points à reprendre, recherche à conduire.

5) Rappeler aux élèves les règles du débat argumenté


Chacun doit écouter et respecter ce que dit l’autre, pour mieux comprendre et discuter ensuite :
« 0n a droit de tout dire mais pas de menacer, dire du mal, se moquer ; on a toujours le droit de se
tromper, de ne pas encore savoir… puisqu’on est là pour apprendre ! Et de changer d’avis ou de
corriger ses propos. » Rappeler qu’on doit respecter les croyances de chacun, mais que l’école
apporte des connaissances universelles pour tous.

6) Mobiliser vos élèves comme pour une course au trésor


« Au cours de ce projet pour enquêter sur l’origine du monde, nous allons apprendre beaucoup de
connaissances nouvelles, et découvrir des croyances étonnantes. Les petits et grands curieux
peuvent préparer leur esprit de chercheurs. Qui a envie d’aller voir comment ça se passe ailleurs, de
partir comme en voyage dans le temps des mythes et grandes questions sur notre planète et nous-
mêmes ? »

Six Objectifs généraux

1) Mettre en évidence la permanence des questionnements et la diversité des


réponses : présenter quelques textes de mythes, ou de cosmogonies ou de religions : la
distinction étant parfois délicate, et la place de la non croyance à marquer, le Conseil de l’Europe
parle volontiers de « religions et philosophies » sans délier les deux termes. Je propose donc
d’utiliser traditions-religions-philosophies, de manière liée avec les jeunes élèves, en opposition
insistante pendant tout le projet, avec «connaissances-qu’on-peut-vérifier».

Faire connaître un peu de la diversité culturelle du patrimoine mondial est déjà un acte professionnel
déterminant pour l’ouverture des esprits, susceptible de prévenir les idéologies garantissant une
explication totale, voire totalitaire. L’école ne doit pas renoncer à affirmer qu’il n’y a plusieurs voix
sur l’explication de l’origine du monde et plusieurs voies pour le traverser spirituellement.

Avec les jeunes élèves : on écoute les différents récits ; on peut constater que l’histoire est parfois
difficile à suivre (elle est symbolique, elle utilise paraboles et allégories, ce qui ouvre, voire contraint
à une interprétation subjective ; les textes scientifiques désignent sans ambiguïté ce dont on parle) ;
on s’interroge un peu sur la façon dont les textes ont pu parvenir jusqu’à nous. On ne va pas au-delà.

2) Mettre en lien ces textes quand on le peut, avec leur époque et aire de
diffusion (contextualisation) : l’école ne peut reculer sur le principe de questionner les
modes d’élaboration/transmission/sauvegarde des textes anciens… Avec les élèves de l’école

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


élémentaire, on n’étudie pas ces questions, mais on reste vigilant sur la possibilité de les poser plus
tard.

Pour certaines composantes fondamentalistes, il est encore impossible de poser, sur les textes
estimés sacrés, souvent présentés comme révélés en l’état aux hommes, des questions :
-de datation,
-de contexte géographique,
-d’habitudes et possibilités de déplacement et de communication.

Ce regard scientifique, accusé par certains de manquer de déférence et de respect aux messages
divins peut être considéré comme blasphématoire. Dans un notre pays, dont les pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire sont à la fois séparés entre eux et séparés DES églises, le blasphème n’existe
plus juridiquement. Mais on vous envoyait jadis, à la Bastille, pour ce motif si vous vous avisiez de
critiquer le roi de droit divin.

Ce sont bien entendu, les sectes, et les franges les plus radicales des grandes religions, qui craignent
le plus ce regard scientifique de l’historien, de l’archéologue découvrant des parchemins très anciens,
du linguiste comparant les traductions successives dans les langues du bassin méditerranéen
(araméen, égyptien, hébreu, arabe, grec, latin…) et pour lesquelles le message divin se confondrait
avec ses supports. Ces composantes fondamentalistes en défendent une lecture littérale, intangible,
immuable.

Les composantes majoritaires des religions sont beaucoup moins crispées sur ces principes non-
scientifiques. Elles recherchent plutôt à disposer de textes expurgés des erreurs de traduction ou des
coquilles de copistes religieux. Elles sont preneuses de pages longtemps masquées, désormais
complétées par le dialogue avec les autres fidèles de ces sources (comme assez récemment pour les
protestants, catholiques, orthodoxes, et juifs sur certains points, dans une nouvelle édition de longue
haleine commencée en 1975 aboutissant à la Bible dite T.O.B., 2015, Paris, CERF, Editeur). Elles
défendent une lecture symbolique et interprétative du message divin, lequel supporte très bien les
actualisations…

3) Se focaliser sur le souci de la preuve : le caractère syncrétique des mythes peut


permettre, sans heurter quiconque, d’introduire la distinction entre, d’une part, les connaissances
scientifiques (notamment marquées par le souci de la preuve), et d’autre part, les libres créations de
ces récits mythiques (qui ne s’en préoccupent pas du tout). Ces récits sont autant de fascinantes
tentatives poétiques de donner cependant un sens cohérent au monde : à faire placer donc, pour nos
élèves, dans l’ordre de la croyance.

Les courts extraits de la Bible seront présentés comme éléments du patrimoine culturel : on constate
l’existence de deux récits de la Genèse, très différents ; on ne se prononce pas sur leur
interprétation ; on ne les étudie pas en détail. On relève que leur signification symbolique, non
littérale, échappe au domaine de l’école.

4) Mettre en évidence la méthode scientifique et quelques connaissances sur


ce que l’on sait de l’histoire de la planète terre, de l’origine des planètes (Big bang seule théorie
consensuelle), de l’évolution des espèces (créationnisme interdit).
On insiste ce qui caractérise la méthode scientifique : observation, dispositif expérimental, preuve,
réplication, soumission à l’examen contradictoire.

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


On explique que le consensus rationnel international étant établi, les connaissances sont actualisées :
Lucie a-t-elle gardé son statut de star dans l’arbre de l’évolution du muséum ?

5) Faire un lien avec le parcours d’éducation artistique et culturel: présenter des


musiques du monde, œuvres du patrimoine mondial, chefs d’œuvre architecturaux des différents
héritages religieux (basilique, musée, mosquée Sainte Sophie, Notre Dame, Parthénon… Plafond de
la Chapelle Sixtine) et autres selon vos choix.

6) Apprendre à débattre en argumentant et respectant l’autre.

Le déroulé des séances

Séance 1 - La diversité des témoignages sur l’affaire à résoudre


Expliquer la réalisation finale : synthèse murale sous forme de carte mentale, à l’image des murs
d’enquêtes policières que montrent les séries. Cette synthèse regroupera ce qu’on aura appris, en
distinguant bien :

-les connaissances certaines dont on a les preuves,


-les hypothèses à l’étude,
-les croyances ou histoires très anciennes, sans vérification possible.

Annoncer:

-que l’on dispose de nombreuses histoires très anciennes, des mythes, qui donnent peut-être des
indices: par exemple, plusieurs histoires, de différents endroits du monde racontent que les premiers
villages des premiers hommes auraient tous été submergés à un moment très ancien, mais on ne
peut pas tout vérifier... car on n’a pas trouvé partout des traces qui prouveraient que ces histoires
sont vraies.

-qu’aujourd’hui encore les humains n’ont pas une explication complète, acceptée par tous. Il y en a
plusieurs: cela s’appelle des croyances, des traditions, des religions ou des philosophies ; dites que
vous allez présenter quelques-unes de ces histoires…

-que l’on a des connaissances (ce qu’on peut vérifier, avec des preuves, et que tout le monde peut
comprendre quand on réfléchit avec sa raison, comme un chercheur scientifique), c’est pourquoi
l’école peut les faire apprendre aux élèves.

-que l’on cherche d’autres preuves pour faire d’autres connaissances: les scientifiques ont des idées
pour chercher dans certains endroits du cosmos ; les archéologues creusent la terre ou comparent ce
qui a été trouvé par d’autres, et cherchent à ranger leur trouvaille au bon endroit, comme pour un
puzzle. Sans preuves suffisantes, on appelle cela des hypothèses scientifiques.

Lire un premier mythe au choix, puis noter devant les enfants sur une grande feuille, leurs questions
et réactions ; rappeler qu’on s’écoute sans moquerie car vous aurez sans doute des « Chez moi, on
dit qu’il n’y a pas de dieu qui a fait la terre ».

Replier la feuille en fin de discussion sur le mythe choisi.

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


Passer à la rédaction collective d’une partie de la lettre aux parents: c’est vous qui ajouterez le
cadre discuté en équipe, mais faites reformuler aux élèves leur projet de travail. Donc, qu’allons-
nous fabriquer en fin de mois? (une synthèse murale sur les résultats de l’enquête), pour quels
apprentissages ? (des histoires très anciennes non vérifiables, des connaissances scientifiques, des
hypothèses scientifiques, sans les confondre). Indiquer que les propositions d’aide au déroulement
de ce projet sont les bienvenues. Remercier par avance de toute contribution.

Séance 2 - Comparer et contextualiser les témoignages/donner des éléments


d’histoire de l’écriture et de l’imprimerie
Relire le premier texte.

Afficher trois grandes feuilles au tableau avec les titres: « au début… », « puis » « depuis… » et une
quatrième feuille encore sans titre. Faites avec les élèves un résumé du récit. La 4ème feuille peut
recueillir les questions que pose la lecture du texte (on ne les résoudra pas forcément, les mythes ne
disent pas tout). Remarquer certaines incohérences (apparition de personnages non évoqués
précédemment, géographie improbable), pour sensibiliser au caractère non logique, et aux images
que cela fait surgir.

Lire un ou deux autres textes et procéder de même.

Faire comparer les débuts, les épisodes marquants, l’état de la création qui en résulte. Noter les
points qui font (salutairement !) douter les enquêteurs.

Contextualisation historique de ces textes: expliquer aux enfants qu’ils relèvent pour la plupart de la
tradition orale, ce qui signifie qu’on les racontait « en famille » ou en assemblée de communauté ;
comment les retenait-on ? (il fallait souvent les mémoriser) ; pouvait-on les écrire sur du papier, les
imprimer?

Vous pouvez donner quelques repères de dates et de supports: les pierres gravées, les tablettes de
cire, les parchemins, les manuscrits ; l’impression par Gutenberg de la Bible en 1454 à Strasbourg ;
l’invention de l’écriture, qui sépare histoire et préhistoire ; la traduction par Champollion des
hiéroglyphes à partir des différentes langues de la pierre de Rosette. Comment communiquait-on ?
(internet, depuis quand ?).

L’important est de constituer un stock de connaissances. Recherches à poursuivre à la maison, si les


conditions sont réunies.

Relecture, au choix, comme à la veillée : on ferme les cahiers, retour au plaisir sans critique. On peut
relire plusieurs fois le même texte. On peut faire dessiner chaque élève à partir du texte. Possibilité
de continuer à la maison, pour les mêmes raisons: multiplier les échanges en famille et les
distinctions à construire.

Avez-vous bien prévu d’échanger avec vos collègues ? Voir le cadre méthodologique…

Séance 3 - Connaissances scientifiques sur les premiers hommes/méthodes


des archéologues/ Genèse : deux textes symboliques

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


Comment font les scientifiques pour avoir des preuves sur le mode de vie des tous premiers
hommes, sur leur nourriture et leur habitat? « Les archéologues enlèvent la terre qui s’est accumulée
et retrouvent des niveaux du temps de ces hommes. Parfois, en creusant pour construire un métro,
ou un parking sous terrain, un engin d’excavation permet de découvrir des ossements nombreux… La
loi impose d’arrêter le chantier pour pouvoir mener éventuellement des recherches
archéologiques. »

Montrer l’importance des lois et du savoir dans la démocratie.

Comment les scientifiques sont-ils certains de l’âge du campement ? (datation carbone des os, forme
des outils par rapport à d’autres vestiges trouvés ailleurs dans le monde, échanges internationaux
dans la communauté scientifique). A la fin les connaissances appartiennent à tous et on réactualise
les leçons des professeurs.

Recherches : Comment sont-ils sûrs qu’il y avait du mammouth au menu ? Demander qu’on se
renseigne dans la famille.

Ce que l’on sait à nos jours sur les premiers hommes : présenter un résumé de connaissances
actualisées (voir votre collègue enseignant du collège).

Annoncer que vous allez lire des extraits des textes de la Bible.

La Bible est un long texte constitué de plusieurs livres plus courts, et encore très lus de nos jours,
contrairement aux mythes précédents (avec une nuance concernant le mythe issu de l’Hindouisme),
dans les synagogues, les églises, les temples. Ecrire les noms des religions correspondantes au
tableau. Dire qu’au début de la Bible, on trouve ces deux textes (en plus long et plus détaillé, à voir
avec leurs parents s’ils veulent), considérés comme très importants par les religions. Ces deux textes
expliquent comment le monde aurait commencé. Dire que dans le Coran, les croyances sont
proches et compléter au tableau (mosquée, religion musulmane, islam, à ne pas confondre avec
islamisme).

Lecture des deux extraits de la Genèse, suivie cette fois d’un commentaire magistral fermé. (Pas de
commentaire libre des enfants). Demander : « Est-ce qu’on a des preuves de tout ce qui est écrit
là ? » Réponse : « Non ». Mais : « Est-ce que ce texte veut nous donner une leçon de sciences,
comme moi tout à l’heure? » Réponse : « Non ».

Résumer fermement :

« Les livres scientifiques et les livres religieux n’ont pas les mêmes objectifs : les livres scientifiques
nous apprennent des connaissances ; les livres religieux sont plus mystérieux et nous laissent
interpréter : leurs mots ont plusieurs sens et parlent de choses très anciennes ; il faut être grand et
en parler avec vos parents, s’ils souhaitent le faire, pour comprendre les messages d’un texte
religieux. »

« Souvent, comme dans les mythes, il y a des événements un peu étonnants pour les enfants. L’école
ne s’occupe pas de leur faire comprendre les textes des religions. A l’école, on dit que ces textes sont
des textes symboliques ou des paraboles (pour les plus grands). Un symbole est une façon de nous
faire penser à autre chose, en partant de ce qui est écrit: par exemple, dans les mythes des anciens
habitants de la Grèce, le chef des dieux s’appelle Zeus, et on le représente toujours tenant des éclairs
d’orage (la foudre) avec lui ; on pourrait comprendre qu’il y a des orages quand Zeus est là ; mais le

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


sens caché qu’il faut interpréter, c’est que Zeus est extrêmement puissant. Et si on regarde comment
son nom est écrit en grec ancien, on voit qu’il reprend un très vieux mot de la famille du mot
lumière ».

« Dans le texte de la Genèse, il y a beaucoup de symboles, que l’école ne peut pas expliquer, car ce
n’est pas son travail. L’école s’occupe des connaissances qu’on peut vérifier. »

Séance 4 - Connaissances scientifiques sur le cosmos, récapitulation sur


l’opposition scientifique/symbolique
Comment font les scientifiques pour avoir des connaissances sur ce qu’il y a dans le ciel ?
Observations avec les télescopes, mesure de la lumière des étoiles, mission spatiale sur la lune,
échantillons rapportés, météorites tombées…

Calculs des mathématiciens et physiciens pour prévoir l’heure de passage d’astéroïdes qui tournent
autour du soleil ou plus loin. Parfois, tous les calculs des astrophysiciens du monde entier sur l’heure
de passage prévu dans notre ciel comportent tous la même erreur, tous se sont un peu trompés… On
cherche pourquoi et on finit par trouver qu’un gros bloc de rochers qu’on n’avait pas vu explique le
retard, car il agit comme un grand poids à tirer par l’astéroïde attendu. «Vu ! Inutile de vous cacher,
on vous note sur la carte du ciel et on corrige nos calculs… »

Ce que l’on sait de nos jours sur le système solaire (notre soleil est petite étoile, dans une mer
d’étoiles organisées en galaxies…) ; et sur la terre (taille, âge, est-ce la seule boule bleue ?). Projeter
le film réalisé par le cosmonaute français Thomas Pesquet.

Conclusion :

De quoi parlent les textes religieux ou symboliques : de croyances que chacun choisit et interprète
comme il veut. C’est sa liberté de conscience, à exercer avec les parents quand on est enfant.

De quoi parlent les textes scientifiques : des connaissances qu’on peut tous vérifier et qu’on doit
apprendre à l’école.

Finir avec des œuvres artistiques sur différentes interprétations de la création du monde, et des
photos prises par la sonde Hubble ou par Thomas Pesquet : ces œuvres seront reprises en
illustrations de la carte mentale résumant les travaux.

Séance 5 - Mise en forme de la présentation par les élèves du travail réalisé


Cette mise en forme peut être électronique, en se focalisant sur la distinction entre les savoirs et les
croyances.
N’oubliez pas le temps d’échange avec vos collègues après la séance 2.
Garder la semaine du 2 décembre pour d’éventuels ajustements. Le 9 décembre, pour la fête de la
laïcité, exposition ou projection ou diffusion électronique des travaux.

Mariannick Dubois-Lazzarotto, auteure Lea

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021

Vous aimerez peut-être aussi