S1: SAVOIRS ESSENTIEL S

(VERSION 2022)
Introduction
La géotechnique est l’ensemble des activités liées aux applications de
la mécanique des sols, de la mécanique des roches et de la géologie
de l’ingénieur. Elle englobe l’étude des propriétés géotechniques
des sols et de l’interaction entre les terrains et les ouvrages
environnants d’une part, l’ouvrage construit du fait de sa réalisation
et/ou de son exploitation d’autre part.

C’est une activité liée à l’architecture car elle prédit le

comportement futur de l’ouvrage construit et/ ou permet de faire
des choix en phase de conception.
Quelques notions:
Maitrise d’Ouvrage (MO): Personne physique ou morale , pour le compte de qui l’ouvrage est
construit.

Maître d’Œuvre (Moe): Personne physique ou morale qui assure la conception générale et/ou la
direction et le contrôle des travaux d’exécution de l’ouvrage pour le compte du Maître d’Ouvrage.

Mandataire du Maître d’Ouvrage: Personne physique ou morale qui agit pour le compte du Maître
d’Ouvrage lors du déroulement du projet (Maitre d’Ouvrage délégué, Assistant Maître d’ouvrage,
Maitre d’Œuvre)

Ouvrage: Bâtiment ou construction de génie civil qu’un Maître d’Ouvrage réalise ou fait réaliser, sur un
terrain dont il est propriétaire ou ayant-droit.

Ouvrage géotechnique: éléments assurant le transfert des interactions entre un ouvrage dans sa
globalité et les terrains dans lequel il s’insère. Les éléments les plus courants sont les fondations, les
soutènements, les ouvrages en terre et les aménagements de terrain, les ouvrages souterrains, les
ouvrages de drainages.

Investigations géotechniques: ensembles des recherches et reconnaissances effectuées par utilisation

des matériels de forages, sondages, mesure et essais géotechniques in situ et en laboratoire, mis en
œuvre pour recueillir des informations géologiques et géotechniques sur les sols et les roches d’un
site, telles que leur nature, leur composition, leur structure et leur répartition spatiale, ainsi que leur
caractéristiques physiques et chimiques, géomécaniques et hydrogéologiques.
suite
Existants: bâtiments, ouvrages, aménagements de terrains ou biens présents
sur le site en infrastructures ou superstructures et qui peuvent faire l’objet de
démolition,dépose, rénovation, réhabilitation, transformation, etc.

Avoisinants: bâtiments , ouvrages, aménagements de terrains ou bien, situés

dans la zone d’influence géotechnique (ZIG) de l’opération de construction.

ZIG: volume de terrain au sein duquel il y a interaction entre l’ouvrage ou

l’aménagement à réaliser et son environnement. La forme et l’extension de
cette zone sont spécifiques à chaque site et à chaque ouvrage ou
aménagement de terrain.

Sol: terme générique utilisé en géotechnique pour désigner tout terrain

naturel ou artificiel, susceptible d’être mobilisé par la construction d’un
ouvrage.
Petit point d’arrêt: Les différentes phases d’un projet archi

- Concours (grands principes, précisions très variables…)

- Avant- Projet Sommaire (APS) : grandes lignes du projet, accord du MO
sur avancements.
- Avant-Projet Définitif (APD): bloque les grandes lignes et engagement sur
un montant des travaux.
- Projet (PRO): documents avec échanges auprès des BET, projets de
descriptifs détaillés pour mises au point et estimation définitive des travaux.
- Documents de Consultations des entreprises (DCE): documents
permettant la consultation et la désignation des entreprises.
- Travaux.
- Réception des ouvrages.
- Parfait achèvement – Garantie décennale – Garantie Trentenaire (vices
cachés).
 Les études géotechnique
Ces missions sont définies par la norme NFP 94-500 de Novembre 2013 actuellement en
vigueur. Ces missions sont commandées par le client mais requièrent une forte interaction avec
le Maître d’œuvre.
Toutes les missions sont très encadrées et visent à réduire les risques géologiques pouvant être
rencontrés car :
- les terrains encore disponibles sont souvent de qualité médiocres,
- la complexité des projets augmente et les nouvelles méthodes s’adaptent plus difficilement
aux incertitudes et risques géotechniques,
L’environnement et/ou le voisinage est de plus en plus sensible à toute perturbation,

Or, le sous-sol est par nature le domaine privilégié des incertitudes parce qu’il n’est pas visible,
parce qu’il est hétérogène et que les risques géotechniques sont parfois difficile à identifier.

Les missions, au nombre de cinq, sont les suivantes:

 Etudes géotechniques préalables (G1)

Elles se décomposent en deux phases:

ES: Etude du Site. Elle permet les études d’esquisse de l’ouvrage. On va y déterminer le contexte
géologique général du site, l’histoire des aménagements, des avoisinants. On va identifier les
risques et interactions possibles, certains principes généraux d’adaptation (implantation, zonage,
profondeur des fouilles, risques naturels…
Cette mission se lance avant l’étude préliminaire ou l’esquisse ou l’APS (Avant Projet Sommaire)
du projet.

PGC: Principes Généraux de Construction. Elle permet de mettre au point l’avant projet en
définissant les hypothèses géotechniques à prendre en compte et en identifiant les principes
généraux de construction. Elle nécessite la fourniture des plans d’avant projet du Maître d’Œuvre.
Elle contribue à la mise au point de l’étude préliminaire, de l’esquisse ou de l’APS. Cette étude ne
comprend pas d’ébauche dimensionnelle.

Cette mission est à la charge du Maître d’Ouvrage

Etude géotechnique de conception (G2)

L’objectif est ici d’établir le projet des ouvrages géotechniques en

réduisant au mieux les risques géologiques jugés important.
Cette mission peut être intégrée dans la mission de maîtrise d’œuvre
générale et elle se réalise en collaboration avec elle. Le cas le plus
fréquent est toutefois une mission en lien directement avec le Maître
d’Ouvrage et donc en charge de celui-ci.
Il est possible à ce stade que des notes de dimensionnement et des
quantitatifs soient réalisés y compris des documents de consultation
des entreprises.

Cette étude comprend 3 phases:

Les 3 phases de la mission G2

Phase Avant-Projet AVP: Elle contribue à l’AVP ou l’APD du projet. Elle définie
les hypothèses géotechniques à prendre en compte et les principes de
construction. Elle fournit une ébauche dimensionnelle et une première
approche des quantités.

Phase projet PRO: Elle définit les hypothèses à prendre en compte à ce stade
et établit les notes techniques donnant les choix constructifs et des notes de
calculs de dimensionnement.

Phase DCE/ACT: elle contribue à la réalisation du dossier DCE (Dossier de

Consultations des Entreprises) et des notes de calculs associées; elle assiste à
l’analyse des offres et au choix des entreprises.
 OBLIGATION
ATTENTION:

Depuis Septembre 2019, le DTU 13.1 (DTU= Document Technique Unifié)

impose à minima un rapport géotechnique de type G2 PRO
à minima dans un dossier. Cela inclus DE FACTO une non-prise en charge par les
assureurs de la garantie décennale de construction dans le cas contraire.

En tant que Maître d’Œuvre, votre responsabilité peut être très fortement
engagée notamment si vous n’avez pas prévenu le Maître d’Ouvrage que cette
mission était obligatoire.
Etude géotechnique d’exécution (G3)

Cette mission d’ingénierie géotechnique étudie dans le détail les ouvrages

géotechniques. Par le suivi sur site des travaux, en cas de rencontre de conditions
géotechniques ou de comportement des ouvrages géotechniques en cours de
réalisation différents de ceux prévus, elle permet d’adapter ou de modifier la partie
correspondante de l’ouvrage géotechnique concerné.

Elle vise à donner un avis sur des ouvrages en phase chantier tant sur les hypothèses,
les dimensionnements, les méthodes, les adaptations et les optimisations.

Cette mission est utilisée lors d’ouvrages particuliers ou de l’existence de

particularités géotechniques sur le site.

Souvent, cette mission est à la charge de l’entreprise intervenant sur le chantier.

Toutefois , il ne faut pas oublier d’en parler dans le DCE…
Supervision géotechnique d’exécution (G4)

L’objectif de cette mission est la vérification de conformité et la validation de

l’étude et du suivi d’éxécution dans le respect des règles de l’art, pour contribuer à
la maîtrise des risques.
Cette mission est intégrée dans le cadre de la mission de maîtrise d’œuvre générale
pour le compte du Maître d’ouvrage.
La mission, vise pour des opérations importantes, a avoir une compétence
géotechnique intégrée à la mission de Maîtrise d’Œuvre.
Dans ce cas, c’est généralement l’architecte, qui représente l’équipe de Maîtrise
d’Œuvre , qui a en charge cette mission.
Diagnostic géotechnique (G5)

L’objectif de cette mission, ponctuelle et strictement

limitative, est d’effectuer, dans le cadre défini par le client,
une étude approfondie d’un ou plusieurs éléments
géotechniques spécifiques, à tous les stades d’un projet ou
pour un ouvrage existant avec ou sans sinistre.

Cette mission ne concerne strictement que l’ouvrage ou la

partie d’ouvrage géotechnique spécifiée. Elle ne permet
pas de réaliser directement les travaux envisagés par cette
étude, lesquels doivent faire l’objet des études
géotechniques classiques (G1 à G4)
ATTENTION:
Une étude ne se fait pas uniquement pour le neuf…
C’est aussi le cas dans l’existant notamment quand on ajoute des charges
ou en modifiant les extérieurs…
Classifications des sols
Lorsque les missions ont été données au géotechnicien. Celui-ci va procéder
notamment à des investigations permettant de définir les caractéristiques
principales des sols rencontrés.

Pour aller plus en avant, il faut connaître quelques définitions :

Définitions:

Classification: répartition des sols par familles ayant des propriétés

(physiques, mécaniques, hydrauliques) commune pour une application
ou une utilisation particulière.

Granularité: répartition massique de la dimension des particules solides

exprimée en pourcentage de la masse totale du matériau.

Liquide interstitiel: liquide (eau en général) contenant éventuellement

des sels minéraux et des gaz dissous, libre de circuler entre les grains.

Matières organiques: matériaux d’origine végétale et/ou animale ainsi

que les produits de transformation de ces matériaux. Ces éléments sont
très souvent évolutifs et sont généralement associés à une couleur noire
des sols.
suite
Matériaux: matières constitutives de l’écorce terrestre, produits et sous-
produits d’origine minérale dus à l’activité humaine, issus de l’industrie,
utilisés et mis en œuvre dans le domaine du génie civil ou du bâtiment.

Pores dun sol: espace entre les particules solides ou grains rempli de liquide
et/ou de gaz:

Roche: agrégat de minéraux qui ne peut être fragmenté ou désagrégé par un

cycle de mouillage et de séchage.

Sol: agglomérat constitué d’une part, de particules solides séparables par

trituration (légère action mécanique)sous l’eau ou non provenant soit de la
désagrégation des roches par altération mécaniques ou chimiques, soit de la
décomposition d’organismes végétaux ou animaux, soit d’une activité
industrielle et d’autre part, de fluides interstitiels (eau, air gaz).
Principe de la classification des sols:
Les sols sont classés d’après leur nature, leur état et leur comportement selon des
critères conventionnels. Classer un sol consiste, après avoir donner une description
qualitative et l’avoir identifié grâce à des mesures quantitatives et lui avoir donné
un nom, à chercher à quel groupe de sol de caractéristiques semblables il se
rattache.
Le nom principal est formé généralement à partir du nom d’une , voire deux des
cinq classes granulaires conventionnelles qui le constituent, dans l’ordre
décroissant du pourcentage relatif de chaque classe. Les cinq classes granulaires
conventionnelles sont:

G: Graveleux,
S: Sableux,
L: Limoneux,
A: Argileux
T,O : Tourbeux, Organique; sols non utilisables en fondations
Identification des sols

Paramètres de nature : carbonates, matières organiques, granularité, limites

d’Atterberg (limites de liquidité et de plasticité), activité argileuse, masses
volumiques, indice des vides

Paramètres d’état: teneur en eau pondérale, masse volumique

Paramètres mécaniques de comportement (in situ): pression limite mesurée au

pressiomètre, résistance statique mesurée au pénétromètre statique, résistance
dynamique mesurée au pénétromètre dynamique, cohésion mesurée au
scissomètre, déformabilité mesuré par essai à la plaque, résistance au cisaillement
(boite de cisaillement)

Paramètres mécaniques de comportement (labo): compressibilité, gonflement,

dessication, cohésion, solubilité, gélivité, décomposition sols organiques…
Conclusion du rapport
En fonction de l’identification des sols du site et de leur capacité
portante (travail du géotechnicien) d’une part,
En fonction des charges provenant de la structure et de leur
concentration sur des éléments structurels (travail du BET structure)
d’autre part,
Le géotechnicien va proposer le meilleur type de fondations associée
au projet.
Mais vous devez savoir lire ce rapport…
(NIVEAU DÉBUTANT)
Fondations superficielles ou semi-profondes
Cela désigne les fondations dont l’élancement (rapport entre la hauteur
et la largeur) est inférieur ou égal à 5 avec une hauteur inférieure ou égal
à 3.

Attention, on parle bien ici de l’ouvrage en interaction avec le sol et pas

l’éventuel mur sui repose sur la fondation.
Quelques exemples:
On peut avoir des adaptations:
Fondations superficielles:
Principales causes de désordres:

Semelles posées sur remblais insuffisamment tassés

(25%),
Venues d’eau (20%),
Fondations hétérogènes (20%),
Existants, avoisinants (10%),
Terrain très compressible (10%),
Profondeur insuffisante des fondations (10%),
Sol instable: mines, carrières, remblais (5%)
Fondations profondes
Quand on ne respecte pas le rapport d’élancement édicté avant, on est
dans l’autre typologie : les fondations profondes.
Pas de secret..
Les fondations profondes sont beaucoup plus chères.
Souvent, on vous demandera des économies par ailleurs…
Fondations profondes
Principales causes de désordres:

 Reconnaissance des sols inexistantes ou incomplêtes ou erreur

d’interprétation (75 %)

 Erreurs d’éxécution (25%)

Résumé des fondations:
ESSAIS IN SITU
 Le plus simple:
ouverture à la pelle

La largeur de 0m40 mini évoqué en fondations vient de là: largeur mini du godet .

C’est aussi la flèche et le balancier qui créent la limite de 3m00 entre fondations
Superficielles et fondations profondes.

Pour le géotechnicien: visualisation du terrain en tête et des existants.

Le plus complet:
PRESSIOMETRE
pressiomètre
Le moins cher:
Pénétromètre statique
Penetrometre dynamique
Le classique en chantier:
Essai de plaque
Donne la valeur de portance d’un sol sur environ 1m00 de profondeur
Que demander ?
- A minima 3 essais sur le terrain + 1 essai /500 m² supplémentaires,

- Rapport de type G2 PRO à minima

ATTENTION:
On vous reprochera de ne pas l’avoir dit à votre client et votre
assureur (en général la MAF: Mutuelle des Architectes de France) ne
vous suivra pas…
Exemple de carte géologique
Courbe granulométrique
En guise de conclusion…

Placer l’étude géotechnique dès l’acte de conception,

En cas de doute, toujours consulter le géotechnicien
Ces actions ont un coût … mais sans aucune mesure avec un sinistre.