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La croissance
- CROISSANCE -
I- INTRODUCTION :
I.1- Définition :
On utilise les termes développement et différenciation lorsque la part prise par les
changements qualitatifs devient prépondérante. Si la distinction présente un intérêt théorique
évident, dans la pratique modifications quantitatives et qualitatives sont étroitement
imbriquées.
1- La mérèse s’opère dans des régions localisées, les méristèmes, sauf dans la feuille du
limbe qui présente une croissance définie :
Les méristèmes primaires : situés à l’apex des racines, dans les bourgeons apicaux (à
l’extrémité des tiges et des rameaux) et axillaires (à l’aisselle des feuilles) et dans les
entrenœuds (méristèmes intercalaires). Ces méristèmes interviennent dans la croissance en
longueur.
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Chapitre 4. La croissance
Les méristèmes secondaires : se développent dans les organes plus âgés. On les
désigne également par cambium ou assise génératrice (subero-phellodermique ou libéro-
ligneuse). Ces méristèmes n’existent que chez les dicotylédones. Ils interviennent dans la
croissance en épaisseur et donnent naissance à des cellules spécialisées (bois secondaire, liber
secondaire, suber, phelloderme).
Le développement des plantes se fait à partir des méristèmes. Les méristèmes apicaux des
tiges et des racines sont responsables de la croissance en longueur de la plante, alors que les
méristèmes latéraux sont impliqués dans la croissance du diamètre de la tige.
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Chapitre 4. La croissance
5- Augmentation de masse :
La croissance peut être également traduite par l’augmentation de masse.
B - Poids de la matière végétale sèche (PMVS) ou « poids sec » : ce critère est plus
significatif est représentatif de la croissance mais il oblige à détruire l’échantillon lors de
l’assèchement (à l’air libre ou à l’étuve).
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Chapitre 4. La croissance
C - Masse d’azote total : c’est le critère le plus près de la mesure idéale du processus
physiologique. Il est en rapport avec les protéines totales et traduit, donc, les processus de
synthèse des différentes protéines dont les enzymes.
II.2- Paramètres :
Considérant une grandeur L choisie comme critère de croissance (longueur d’une tige par
exemple). Au temps to (début de l’observation), la longueur est Lo (longueur initiale). Après
un temps t, la longueur de la tige a augmenté d’une certaine valeur L. La longueur au
temps t = to + t est devenue égale à L = Lo + L.
1- Amplitude totale :
C’est la valeur de la longueur (du poids ou de tout autre critère) à un temps donné t.
L = Lo + L.
2- Croissance absolue :
L = L – Lo représente la croissance absolue.
Les grandeurs successivement mesurées sont portées sur un graphique en fonction du temps
ou de l’âge pour établir les courbes de croissance (voir cinétique de croissance) mettant en
évidence l’évolution et les fluctuations de l’extension.
3- Vitesse de croissance :
Soit la courbe L = f(t). Pendant l’intervalle de temps t (de t1 à t2), L passe de L1 à L2 et
s’accroît de L. La vitesse moyenne s’exprime ainsi Vm = L / t.
On peut aussi calculer la vitesse à l’instant t ou vitesse instantanée.
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Chapitre 4. La croissance
Voici à titre indicatif quelques R (t = 1 jour) pour des espèces placées dans les conditions
favorables de croissance :
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Chapitre 4. La croissance
La forme générale de la courbe présente une première partie concave, une région
d’inflexion, puis une partie convexe conduisant à une valeur limite. Cette évolution
correspond aux phases suivantes :
c- Phase linéaire : La vitesse est constante. La grandeur considérée L est une fonction
linéaire du temps : L = at + L0 avec a = pente = V.
La durée de la phase linéaire est variable : elle peut être absente ou occuper la plus grande
partie de la courbe. ; on parle, alors, d’asymétrie de la courbe de croissance. C’est la phase
idéale pour une étude expérimentale en raison de sa stabilité.
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Chapitre 4. La croissance
Courbe de croissance
L
a b c d
Point
D’inflexion
Temps (j / m/ a)
Si on néglige les variations de détail, les courbes de croissance peuvent être décrites
par des modules mathématiques simples permettant les comparaisons entre les divers
matériels (espèces, organes) ou les diverses conditions expérimentales influençant la
croissance.
Ainsi, la phase exponentielle peut être modélisée sous la forme L = L0 . eRtou ln(L/ L0) = Rt
avec R constant.
La phase linéaire peut être assimilée à une droite : L = at + L0avec V constante.
Il existe un modèle théorique qui rend mieux compte de la forme sigmoïde : modèle
logistique ou loi logistique. Ses auteurs (Deschamps, 1902 et Robertson, 1908), se sont basés
sur le modèle autocatalytique qui caractérisent certaines réactions chimiques catalysés par un
des produits formés. Le déroulement de ces réactions suit une courbe sigmoïde dont le point
d’inflexion survient lorsque la moitié du substrat est consommé (au temps t1/2).
k = facteur de proportionnalité
L = valeur de la taille (ou poids) au temps t
LM = taille ou poids maximal.
t1/2 = temps au bout duquel la taille (ou le poids) atteint la moitié de la valeur maximale.
Pou rendre cas des courbes particulières (asymétriques), on considère que k n’est pas
constant. Cependant, vu la sensibilité des organismes végétaux aux divers facteurs de
variation, ces modèles ne peuvent traduire avec exactitude la cinétique de la croissance eyt
n’ont qu’une valeur indicative générale.
Si les mesures de la croissance sont très rapprochées dans le temps (étude fine), on
remarque que la courbe sigmoïde a un profil erratique (fluctuations) et la vitesse de croissance
présente des oscillations autour de la valeur moyenne.
Ces fluctuations se produisent même si les conditions externes sont constantes ; elles ont donc
un caractère endogène qui obéit à un rythme biologique endogène.
Dans les conditions naturelles, les facteurs du milieu (lumière, température,
humidité…) interviennent avec des intensités et des rythmes variables. Ils entraînent des
oscillations et créent des cycles de croissance de plus ou moins longue durée (jour, saison...) ;
il s’agit d’un rythme biologique exogène.
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Chapitre 4. La croissance
IV.1- Température :
Les températures agissent sur la croissance de par leurs valeurs, mais aussi de par leur
alternance (journalière ou annuelle).
La plupart des végétaux croissent entre 5 et 45° C ; ce sont des plantes mésothermes.
Certains peuvent vivre sous des températures très basses (jusqu’à –65° C pour les conifères de
Sibérie) ; ils représentent les plantes microthermes. D’autres espèces poussent sous des
températures très élevées (cactus, jusqu’à +60° C) ; ce sont les plantes mégathermes ou
thermophiles.
Le passage d’une température à une autre ne modifie pas l’allure de la courbe
sigmoïde, seule son amplitude change.
L’effet de la température sur la croissance résulte de son action sur la photosynthèse et les
réactions métaboliques, mais aussi sur l’alimentation hydrique et minérale, sur la transpiration
et les migrations.
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Chapitre 4. La croissance
Mise en évidence :
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Chapitre 4. La croissance
3 J = 26° C
V (cm/j) La figure ci-contre représente les
2.5 courbes de croissance de la tomate
2 sur la base des expériences menées
par Went en 1944.
1.5
J=N V= vitesse de croissance
1 J = température diurne (le jour)
0.5 N = température nocturne (la nuit)
0
5 10 15 20 25 30
Température N ( ° C )
Dans un premier temps, Went recherche la température optimale de croissance : il fait varier
conjointement et également les températures du jour (J) et de la nuit (N) et trouve une
température optimale de 26° C (J=N=26° C).
Dans un deuxième temps, il maintient la température du jour à 26° C (J=26° C) et fait varier
uniquement la température nocturne (N). Il constate, alors, que la croissance est bien
meilleure pour des valeurs de N situées entre 17 et 20° C.
Mécanismes du thermopériodisme :
Si la thermopériodicité annuelle paraît évidente par l’effet de la température sur les activités
physiologiques, la thermopériodicité journalière s’explique plus difficilement. Le problème
est le suivant : par quel mécanisme la température nocturne favorise-t-elle la croissance ?
Deux faits sont intéressants à retenir :
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Chapitre 4. La croissance
1. Le refroidissement nocturne n’est bénéfique que si l’appareil aérien est refroidi. Outre
l’amélioration de la croissance, il entraîne également un développement important de la
racine. Par contre, un refroidissement des racines seules entraîne une diminution de la
croissance.
2. La thermopériodicité n’est bénéfique que si elle est associée à la photopériodicité
(alternance jour-nuit) c-à-d des températures élevées le jour est basse la nuit.
A partir de ces deux constations, on peut penser que la thermopériodicité est favorable à la
croissance car elle provoque un ralentissement des activités foliaires au profit des activités
racinaires. Ceci va se traduire par une balance favorable des hormones de croissance dont
certaines (les auxines) sont synthétisées dans les parties aériennes et d’autres (cytokinines)
dans les racines.
IV.2- Lumière :
Les différentes espèces végétales ont des besoins variés en intensité lumineuse.
Certaines poussent dans des endroits très ensoleillés (heliophiles ou plantes de soleil),
d’autres à l’ombre (sciaphiles ou plante d’ombre). Dans les forêts, par exemple, ces
dernières occupent les strates inférieures.
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Chapitre 4. La croissance
Dans les régions tempérées où l’eau est disponible et les températures modérées,
l’ensoleillement favorise le développement de la plante avec un feuillage très important. A
contrario, dans les régions arides, le plein soleil a tendance à diminuer la croissance et à
favoriser des ports xérophytiques (feuillage réduit, feuilles épineuses…). Certaines plantes de
ces zones ont même développé un dispositif adaptatif leur permettant de recevoir moins
d’éclairement (orientation des feuilles).
Le nanisme de certaines plantes de haute montagne est partiellement lié à l’intensité
de la lumière riche en U.V.
D’un autre côté, le manque de lumière provoque l’étiolement qui se caractérise par la quasi-
absence de photosynthèse (par suite de la disparition de la chlorophylle), la diminution de
poids, l’allongement important des entrenœuds et l’inhibition de la croissance des limbes. Cet
étiolement peut être levé par des éclairements de très faibles énergie (1W/m² en lumière rouge
ou 20 W/m² en lumière naturelle).
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Chapitre 4. La croissance
L’élongation des hypocotyles présente un maximum dans le FR (690-700) et le bleu avec une
réponse proportionnelle à l’intensité de l’éclairement. Ceci laisse penser à l’existence d’un
autre photorécepteur (cryptochrome). En fait, il s’agirait de la mise en jeu de l’équilibre
photostationnaire (P660 / P730).
IV.2.3- Photopériodicité :
Remarque générale :
Les effets du CO2, de l’oxygène, de l’eau et de des éléments minéraux sur la croissance
seront étudiés à travers les chapitres respectifs de la photosynthèse, la respiration, le stress
hydrique et la nutrition minérale.
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