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e/ La clause de non-concurrence
e.1/ Définition
La clause de non-concurrence est la clause par laquelle il est interdit au salarié, à
l'expiration de son contrat de travail soit de créer une entreprise concurrente soit
de passer au service d'une entreprise concurrente.
Distincte de l'obligation de loyauté, à laquelle le salarié se trouve soumis pendant la durée
d'exécution du contrat de travail, la clause de non-concurrence n'a vocation à
s'appliquer qu'après la rupture du contrat.
Elle peut être prévue au moment de la conclusion de celui-ci, ou y être insérée par la suite (il
s’agira alors d’une modification du contrat de travail qui devra avoir été acceptée par ce
dernier : Cass. soc. 1er avril 2020 n° 18-24472).
Un écrit est nécessaire. La clause peut être d'origine contractuelle ou conventionnelle.
Intérêts de l’entreprise
Apportant une restriction à la liberté individuelle du salarié, l'obligation de non-
concurrence ne se justifie que si elle est indispensable à la protection des intérêts de
l'entreprise.
Il n'est cependant pas nécessaire que la clause mentionne les risques concurrentiels
encourus (Cass. soc. 15 déc. 2021 n° 20-18144) :
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« Vu le principe fondamental de libre exercice d'une activité professionnelle et l'article L.
1121-1 du code du travail :
5. Une clause de non-concurrence n'est licite que si elle est indispensable à la protection
des intérêts légitimes de l'entreprise, limitée dans le temps et dans l'espace, qu'elle tient
compte des spécificités de l'emploi du salarié et comporte l'obligation pour l'employeur de
verser au salarié une contrepartie financière, ces conditions étant cumulatives.
6. Pour déclarer nulle la clause de non-concurrence et débouter la société de ses
demandes, l'arrêt retient que la clause n'indique pas quels sont les intérêts
légitimes que la société entend protéger et qui justifient l'existence de
l'interdiction de concurrence, faute de définition de l'importance du risque
économique et commercial encouru, et que c'est donc en vain que la société soutient
que l'intéressé avait un contact constant avec la clientèle et la patientèle, qu'il avait
connaissance des fichiers clients et des prescripteurs médicaux, des stratégies
commerciales, des conditions commerciales, des tarifs pratiqués par l'entreprise, des
appels d'offre en cours et des clients privilégiés de l'entreprise dont la perte pouvait avoir
des conséquences préjudiciables.
7. En statuant ainsi, alors que si la clause de non-concurrence doit être
indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise, cette
condition n'implique pas que soient mentionnés dans le contrat de travail les
risques concurrentiels encourus, la cour d'appel, qui a ajouté à la loi une condition
qu'elle ne prévoit pas, a violé les principe et texte susvisés. »
Illustrations :
Validité de la clause Clause non valide
- Une clause de non-concurrence peut - En revanche, n'est pas valable
être opposée à un serveur en contact la clause prévue par le contrat de travail
direct avec la clientèle (Cass. soc. 1er d'un laveur de vitres (Cass. soc. 14 mai
mars 1995 n° 93-42754), 1992 n° 89-45300) ou
- ou au chef d'une agence de d'un télévendeur (Cass. soc. 11 juill.
voyages (Cass. soc. 20 juin 1995 n° 93- 2001 n° 99-42915) ou
40287) d'un magasinier sans contact avec la
clientèle (Cass. soc. 19 nov. 1996 n° 94-
19404).
Spécificités de l’emploi
La clause de non-concurrence doit laisser au salarié la possibilité d’exercer une activité
professionnelle conforme à sa formation et ses compétences professionnelles.
Contrepartie financière
La contrepartie financière doit être prévue par le contrat de travail.
À défaut, celle prévue par la convention collective s'applique si le contrat s'y réfère
expressément (Cass. soc. 21 oct. 2020 n° 19-18387).
La clause de non-concurrence ne comportant pas le versement d'une indemnité (Cass.
soc. 29 janv. 2003 n° 00-44882) ou fixant une contrepartie dérisoire (Cass. soc. 15 nov.
2006 n° 04-46721) est illicite et donc inapplicable.
Le juge ne peut donc pas en fixer le montant dans ce cas (Cass. soc. 16 mai 2012 n° 11-
10760).
De même, la clause de non-concurrence applicable en cas de licenciement ne peut pas
exclure le versement de l'indemnité en cas de faute grave ou lourde (Cass. soc. 28 juin 2006
n° 05-40990 ; Cass. soc. 4 juin 2008 n° 04-40609) :
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Qu'en statuant ainsi alors que le salarié lié par une clause de non-concurrence devant
bénéficier d'une contrepartie financière, les parties ne pouvaient dissocier les conditions
d'ouverture de l'obligation de non-concurrence de celles de son indemnisation, la cour d'appel
a violé le principe et le texte susvisés ; »
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Dès lors qu'ils ne sont pas écartés par la clause de non-concurrence, les modes de rupture
suivants donnent lieu à son application et au versement de la contrepartie financière :
- survenance du terme d'un CDD,
- départ en retraite ou en préretraite,
- démission,
- licenciement pour motif personnel ou économique ou sans cause réelle et sérieuse,
- rupture pendant la période d'essai,
- rupture conventionnelle.
NB : En cas de mutation entre deux entreprises non concurrentes du même groupe, la clause de non-
concurrence conclue avec la première ne s'applique pas pendant que le salarié exerce son activité au
sein de la seconde entreprise.
Elle reprend ses effets normaux à compter de la rupture du contrat conclu avec la seconde, sans que
sa durée soit prorogée (Cass. soc. 12 sept. 2018 n° 17-10853).
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En revanche, le juge des référés ne peut pas ordonner la résiliation du contrat de travail
conclu avec le nouvel employeur (Cass. soc. 13 mai 2003 n° 01-17452).
NB : L'employeur peut se garantir contre le non-respect de la clause de non-concurrence au
moyen d'une clause pénale l'assurant d'une indemnisation forfaitaire sans qu'il ait à
justifier d'un préjudice. En vertu de l'article 1231-5 du Code civil, le juge peut alors en
moduler le montant s'il l'estime manifestement excessif ou dérisoire.
Enfin, la responsabilité du nouvel employeur est automatiquement engagée s'il embauche un
salarié qu'il sait lié par une clause de non-concurrence, peu important le faible degré
de concurrence existant entre les ancien et nouvel employeurs et sans qu'il soit nécessaire
d'établir à son encontre l'existence de manœuvres déloyales (Cass. com. 1 er juin 2022 n° 21-
11921).
Il peut donc être condamné à verser des dommages-intérêts à l'ancien employeur.
Il appartient à ce dernier d'apporter la preuve que l'embauche a été faite en connaissance de
cause (Cass. com. 18 déc. 2001 n°00-10978).
Dans le cadre d'un litige opposant deux sociétés
commerciales, la juridiction commerciale est compétente pour statuer sur la validité et
sur la violation de la clause de non-concurrence du salarié de l'une d'elles qui recherche la
responsabilité de l'autre pour complicité de violation de cette clause (Cass. com. 14 mai
2013).
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f/ La clause de dédit formation
Par la clause de dédit-formation, l'employeur assure et finance une formation au
salarié, lequel, en contrepartie, s'engage à demeurer à son service pendant une
certaine durée.
À défaut, il peut lui être demandé le remboursement de la somme correspondant à ladite
formation.
Pour être licite, la clause de dédit-formation doit être écrite.
Sont précisés la date et la durée de la formation, sa nature, son coût réel pour l'employeur
ainsi que le montant et les modalités du remboursement par le salarié.
En outre, la clause doit, :
- d'une part, constituer la contrepartie d'un engagement pris par l'employeur
d'assurer une formation dont le coût réel est supérieur à celui des dépenses
normalement engagées en vertu de la loi ou de la convention collective ;
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- d'autre part, prévoir une indemnité de dédit qui soit proportionnée au coût
réel de la formation. En revanche, sous peine de nullité, elle ne peut pas priver le
salarié de la faculté de démissionner (Cass. soc. 23 oct. 2013 n° 11-16032).
La clause de dédit-formation, dont la mise en œuvre s'opère lorsque le salarié met un terme
à son contrat de travail, a vocation à jouer particulièrement en cas de démission.
Elle ne trouvera pas application en cas de licenciement pour faute grave (Cass. soc. 10 mai
2012 n° 11-10571) ou de licenciement pour motif économique.
Conditions de validité
Modalités d’application
Doir correspondre à
possibilité de prévoir
applicable en cas de des dépenses
un remboursement
rupture imputable précises et ne pas
dégressif des frais de
au salarié comporter de durée
formation
excessive
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Ce qu’il faut retenir
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