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Outils et mécanismes de

redevabilité

Formes, mots, apprentissage

Henri Valot, Cotonou, mai 2023

Sommaire
I. Apprendre et comprendre le monde (1) .......................................................................... 2
II. Le triangle de la redevabilité ........................................................................................... 3
III. Le triangle CAR .......................................................................................................... 5
IV. Le carré des principes de redevabilité ......................................................................... 6
V. Le losange-diamant de l’évaluation des services ............................................................ 7
VI. Le pentagone du SORC.............................................................................................. 8
VII. Le dodécagone des acteurs clés de la redevabilité ..................................................... 9
VIII. Géométrie/Glossaire de la redevabilité ......................................................................10
IX. Apprendre et comprendre le monde (2) .....................................................................10
X. On pense avec des formes, des mots… Seulement ? ...................................................11
XI. Une réflexion sur la modernisation de l’administration ...............................................12
XII. Conclusion .................................................................................................................13
XIII. Annexe : Présentation................................................................................................14
« L’avenir n’est que du présent à mettre en ordre.
Tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre »

Antoine de Saint-Exupéry

Le Programme Redevabilité de la Coopération suisse au Bénin, mis en œuvre par GFA


Consulting Group1 entre 2020 et 2024, se veut un programme apprenant. Tant son secrétariat
que ses 71 partenaires de mise en œuvre poursuivent un apprentissage commun des
questions de redevabilité.

Un programme axé sur l’apprentissage est construit comme un système écologique qui stimule
l’apprentissage continu à travers le travail : une démarche pragmatique d’évolution vers un
objectif de progrès dont chaque projet, chaque journée augmente les savoirs. C’est le principe
d’une cible de progression organisationnelle et professionnelle qu’il faut retenir, en laissant
ouverte une part d’incertitude tant sur les contours que sur l’itinéraire pour l’atteindre.

Cette cible mouvante est un principe méthodologique profondément cohérent dans la


perspective d’un processus apprenant. Il s’agit de concevoir des systèmes qui soient capables
d’apprendre et d’ajuster leur action comme le ferait un cerveau.

L’hypothèse d’une stratégie nationale de la redevabilité au Bénin (intitulé pour l’heure « cadre
de référence de la redevabilité ») pour laquelle a été élaborée cette communication semble
bien une cible mouvante, dont le cheminement collectif et le processus inclusif de recherche
impactent profondément le résultat final. Nous verrons d’ailleurs qu’un certain nombre de nos
intelligences diverses doivent être mobilisées à cette fin.

Cette communication fait l’état de nos recherches sur la redevabilité et est traversée de
références ludiques aux théories de l’apprentissage. Nous rappelons la structuration de la
pensée par le moyen des formes géométriques d’abord, et poursuivons par une réflexion sur
les dispositifs conceptuels en jeu. Nous présentons de la sorte une diversité d’outils et
mécanismes de redevabilité, leurs principales parties prenantes et concluons par quelques
axes essentiels à prendre en compte dans une stratégie nationale de redevabilité

I. Apprendre et comprendre le monde (1)

Selon Galilée (1564 – 1642), « L'univers est écrit en langue mathématique et


ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques,
sans le moyen desquels il est humainement impossible d'en comprendre un
mot. » Il reprend en cela la tradition des philosophes mathématiciens,
instaurée par l’école grecque : Platon avait bien fait inscrire au frontispice de
son Académie de Philosophie « Que nul n’entre s’il n’est géomètre ».

Le beau lui-même à la Renaissance était affaire de géométrie. Ainsi, « l’Homme de Vitruve »


(ou le proporzioni del corpo umano secondo Vitruvio en italien, les proportions du corps humain
selon Vitruve) est un célèbre dessin annoté, réalisé vers 1490 à la plume, encre et lavis sur
papier par Léonard de Vinci (1452-1519), d'après une étude de l’important traité d'architecture

1 https://www.gfa-group.de/

2
antique De architectura (au sujet de l’architecture) rédigé en -15 par
l'architecte ingénieur romain Vitruve (v-90-v-20), et dédié à
l’empereur romain Auguste.

Célèbre représentation des proportions idéales parfaites du corps


humain parfaitement inscrit dans un cercle et un carré, l'Homme de
Vitruve est un symbole allégorique emblématique de l’Humanisme,
de la Renaissance, du rationalisme, de « L'Homme au centre de
l’Univers », de la mesure et de la représentation du monde2.

J’ai pensé aux formes géométriques parce que nous travaillons en effet sur la redevabilité
avec l’aide de figures géométriques. Ces figures sont d’abord des procédés mnémotechniques
mais leur utilisation récurrente conforterait dans un sens les affirmations de Platon, Galilée et
Léonard de Vinci.

Nous avons ainsi recensé 5 figures de la redevabilité :

1. Les triangles de la redevabilité


2. Le carré des principes
3. Le losange de l’évaluation des services
4. Le pentagone du Système Organisationnel de Reddition des Comptes (SORC)
5. Le dodécagone des acteurs

II. Le triangle de la redevabilité

Ce triangle est à la base de toute réflexion sur


la redevabilité en ce qu’il présente ainsi les
acteurs essentiels de :
 L’offre de redevabilité - les porteurs de
responsabilités
 La demande de redevabilité - les
détenteurs de droits, et
 L’interface de la redevabilité - les
institutions de régulation et de contrôle.

2 https://www.wikiart.org/fr/leonard-de-vinci/homme-de-vitruve-1492

3
On distingue généralement dans ce contexte deux types de redevabilité :

 La redevabilité horizontale implique que les institutions étatiques s'engagent dans un


contrôle mutuel afin d'éviter les abus de pouvoir. Cela peut prendre diverses formes :
par exemple, les institutions judiciaires contrôlent la constitutionnalité des décisions de
l'exécutif ; la fonction d'audit public contrôle les dépenses
publiques ; les commissions parlementaires assurent le
contrôle du gouvernement ; et les médiateurs ou les
commissions des droits de l'homme peuvent enquêter sur
les plaintes des citoyens.
 La redevabilité verticale fait référence à l'engagement
direct des individus et des groupes auprès des
gouvernements et des autres porteurs d'obligations par le
biais de la participation aux processus politiques
démocratiques, et auprès des prestataires de services par
le biais de canaux et de mécanismes de défense et de
surveillance. L'efficacité des mécanismes de redevabilité verticale dépend donc de la
conscience qu'ont les citoyens de leurs droits et de leurs choix, ainsi que de leur
capacité et de leur volonté de s'engager et de faire entendre leur voix, soit par le biais
des cycles politiques, soit par la mobilisation de la société civile et l'implication dans
les mécanismes de contrôle.

Redevabilités horizontale et verticale évoquent l’importance du contrôle et de la reddition des


comptes :

 Le contrôle horizontal de l’exécutif est politique (par Assemblée Nationale), interne


(inspections, audits et contrôle administratif/ Veille normative et
réglementaire/Evaluation/Coordination de l’Action Gouvernementale) et externe (rôle
des Institutions de Régulation et de Contrôle que sont la Haute Cour de Justice, la Cour
Suprême, la Cour Constitutionnelle, la Cour de Comptes, etc.)
 Le contrôle vertical de l’exécutif est ce que l’on dénomme le « Contrôle Citoyen de
l’Action Publique » mené par les associations d’usagers, les OSC et les médias (ce
contrôle citoyen exige alors transparence, disponibilité et accès à l’information
pertinente).

Dans tous les cas, l’existence de possibilité de


recours et réparation et/ou de sanctions
(tribunaux ou autres mécanismes de recours
ou d'arbitrage indépendants) demeure
fondamental.

On apprend donc par ce triangle les acteurs


essentiels de la redevabilité comme
relation : l’offre, la demande et l’interface,
auquel il faudrait maintenant ajouter le
contrôle.

Mais qui sont exactement les porteurs de responsabilités, responsables de l’offre ? les
détenteurs de droits, qui expriment la demande ? et les acteurs du contrôle et de
l’interface ?

On ne saurait assigner à l’Etat seul le statut de « porteur de responsabilités » ; en effet, au-


delà de la puissance publique (Etat et Elus), le secteur privé, les OSC elles-mêmes et la quasi-

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totalité des acteurs sociaux qui gèrent responsabilités morales et financements sont en-cela
également porteurs de responsabilités.

Idem pour les détenteurs de droits, qui ne sauraient se limiter aux seules ONG/OSC : citoyens,
mouvements sociaux, think-thanks et centre de recherche universitaires mais aussi médias
participent à l’expression de la demande de redevabilité.

Enfin, l’interface est-elle le seul fait des institutions de régulation et de contrôle et celles-ci ont-
elles vraiment pour mandat l’interface ? Hormis l’institution du Médiateur, appelé ailleurs
« Défenseur de droits » et la Commission Nationale des Droits Humains, dont le mandat est
bien celui de l’interface entre l’Etat et les citoyens/ennes, le Parlement a une double fonction
d’interface et de contrôle, et les autres IRC sont d’abord des organes de contrôle externe de
l’exécutif. En revanche, les médias jouent un rôle important d’interface entre l’Etat et les
populations.

Nous reviendrons ultérieurement, par le moyen d’un dodécagone, sur les acteurs-clés de
l’offre, la demande, du contrôle et de l’interface. Poursuivons pour l’heure notre « géométrie
de la redevabilité ». Il existe un autre triangle, le triangle CAR de ODI-DFID (2008).

III. Le triangle CAR

DFID (coopération anglaise – devenu


FCDO) et ODI (Overseas Development
Institute, centre de recherche anglais qui
produit nombre d’études et d’analyse sur la
coopération internationale) a proposé dans
les années 2000 un autre triangle : le triangle
CAR, pour soutenir les interventions des
PTF, et notamment de la coopération
anglaise, en matière de programmes que
l’on nommait alors V&A (Voice and
Accountability / Voix et Redevabilité).

Le triangle CAR est présenté dans le document « Measuring change and results in Voice and
Accountability Work » (« Mesurer le changement et les résultats des programmes « Voix et
Redevabilité ») de ODI qui cherche d’ailleurs à proposer des indicateurs d’impact pour les
programmes de gouvernance et en particulier de redevabilité. Cet article intéressera ainsi tous
les chargés SERA (Suivi, Evaluation, Redevabilité et Apprentissage) et nous vous le
conseillons vivement.

Ce triangle CAR de fait met en exergue le rôle de l’offre dans la redevabilité, ce qui a du sens
dans les programmes proposés par les PTF qui œuvrent au nom de la coopération
internationale et du renforcement des relations entre les Etats. Dans le triangle CAR, si l’angle
Redevabilité évoque la demande par les citoyens, les deux autres angles, Capabilité/Efficacité
et Réactivité sont du côté3 de l’offre. Notons qu’on ne faisait, à l’époque, que rarement
référence à l’interface et au contrôle.

Rappeler le triangle CAR en 2023 n’est pas fortuit et manifeste que tout programme
redevabilité doit avant tout travailler sur l’offre de redevabilité : la capabilité/efficacité et la
réactivité des Etats.

3Pour en savoir plus, consultez : Measuring change and results in Voice and Accountability Work. Holland, J. and
Thirkell, A., with E. Trepanier and L. Earle, 2009, Working Paper 34, Department for International Development,
London

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IV. Le carré des principes de redevabilité

Selon le Programme Redevabilité de la


Coopération suisse au Bénin, les 4
« principes (ou mécanismes) de
redevabilité » sont :
 La transparence
 La participation
 Le contrôle et l’évaluation
 La possibilité de rétroaction (feed-
back), voire de réclamation suivie
de réparation lorsqu’il y a
contentieux

Nous avons simplifié ces 4 principes avec un slogan : « rendre compte, tenir compte,
demander des comptes ».

La loi étant le cadre de référence, on peut alors s’interroger sur :

 Comment s’appliquent les 4 grands principes sur toutes les dispositions


constitutionnelles ?
 Quelles sont les dispositions légales qui facilitent/encouragent la mise en œuvre des
principes de redevabilité ?
 Comment l’Etat rend compte, tient compte voire répare et comment le Peuple
(l’ensemble des acteurs et parties prenantes) peut demander des comptes ?
 Quelles sont toutes les voies de recours qui s’offrent au citoyen qui estime que ses
droits sont bafoués ?

Pour chaque thématique de la redevabilité (financière, sociale, administrative, politique,


judiciaire, pénitentiaire, électorale, intergénérationnelle, de genre, environnementale, etc.), il
faudrait examiner comment le dispositif règlementaire intégre les 4 principes essentiels de
redevabilité (transparence, participation, contrôle et évaluation et rétroaction-
réclamation/réparation).

Prenons à titre d’exemple la redevabilité électorale : les processus électoraux contemporains


au Bénin intègrent-ils les 4 principes essentiels de redevabilité ?

1. La transparence : la transparence est requise pour l’ensemble des processus. Il est


de la responsabilité de la CENA de conduire des processus électoraux en toute
transparence et de communiquer sur toutes les étapes du processus (liste électorale,
campagne, scrutin, etc.) ;
2. La participation : la participation citoyenne est également requise pour l’ensemble du
processus. La Plateforme Electorale des OSC (PEOSC), qui conduit l’observation
nationale des élections, représente la participation de la société civile organisée aux
élections.
Par ailleurs, le gouvernement a donné récemment mandat au Médiateur de la
République de mener un dialogue et des consultations avec les parties prenantes – et
en premier lieu les partis politiques de la majorité et de l’opposition -, pour soutenir leur
participation aux processus électoraux ;
3. Le contrôle et l’évaluation : le contrôle des opérations électorales est mené par la
CENA. La PEOSC conduit une veille/un contrôle citoyen des élections ;
4. La rétroaction, la réclamation/réparation : les parties sont invitées par la CENA à
des ateliers d’évaluation du processus. En cas de contentieux électoral, la réclamation

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est transmise à la Cour Constitutionnelle (Institution de Contrôle), qui rend son
jugement.

Cet examen rapide des mécanismes mis en place par l’Etat pour la conduite des processus
électoraux manifeste tout au moins que les conditions légales et administratives établies sont
propices à la redevabilité électorale. Quatre institutions distinctes sont porteurs la
responsabilité électorale : la CENA, la PEOSC, le Médiateur et la Cour Constitutionnelle.

Nous apprenons enfin que ces 4 principes ne peuvent être pris isolément. La transparence
par exemple est requise à toutes les étapes des processus électoraux et doit s’exercer ainsi
sur la participation (cette participation citoyenne représentée par la PEOSC et d’autres
groupes éventuels est-elle transparente ?) ; sur le contrôle et l’évaluation et sur les
mécanismes de rétroaction et processus de gestion du contentieux. Idem pour la participation,
qui contribue à la transparence, au contrôle et à la rétroaction.

V. Le losange-diamant de l’évaluation des services

Le diamant d'évaluation des services4 est


un cadre simple pour évaluer et suivre les
services et dispositifs publics tels que les
services publics de santé, d'éducation,
d'électricité ou d'eau. L'outil peut servir à
guider une évaluation, ou être directement
utilisé pour noter les services dans le cadre
d'un atelier ou d'une communauté, afin
d'identifier les principaux problèmes et
d'entamer un dialogue.

Les services publics sont le plus souvent évalués en fonction des critères de l’information, de
disponibilité et d'accès (IDA) et de leur qualité. Cette perspective ne permet pas de d’évaluer :

 L’existence de mécanismes de redevabilité entre la puissance publique et le citoyen,


et plus particulièrement les plus vulnérables.
 L’adéquation des services (sont-ils suffisants pour garantir certains droits) ?

Le diamant d'évaluation des services inclut les quatre dimensions et peut fournir une analyse
complète des services sociaux.

Utilisation du diamant de l'évaluation des services


Le diamant d'évaluation des services est utilisé depuis 2019 dans des initiatives de redevabilité
sociale et de plaidoyer dans de nombreux pays, comme l'Inde, le Malawi et le Kenya. Des
services tels que les services de santé primaire, les programmes de nutrition, les services de
vulgarisation agricole ou les programmes d'emploi ont été évalués. L'outil s'est avéré très utile,
fournissant des informations rapides et structurées sur la force et les problèmes des services.
Ces informations ont aidé les gens à prioriser les problèmes et à planifier des actions de
redevabilité sociale et des initiatives de plaidoyer.

4 Source : https://www.civilsocietyacademy.org/post/the-service-assessment-diamond-a-simple-visual-framework-
for-analysis

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VI. Le pentagone du SORC

La notion de Système Organisationnel de


Reddition des Comptes (SORC)5 est née
dans le contexte de la phase 2 du
Programme Redevabilité (2020-24). Le
SORC étudie les informations sur les
activités, les productions, les résultats, les
impacts et les leçons apprises et en fait un
rapport différencié aux parties prenantes
concernées, ce qui permet, en retour, à
celles-ci de demander des comptes à
l’organisation.

Accepter de s’ouvrir à ses parties prenantes pour mieux leur rendre compte constitue le point
de départ du SORC. Pour ce faire, il faut construire un système fait de stratégies
multidirectionnelles de reddition des comptes permettant de gérer les différentes obligations
envers l’ensemble des parties prenantes de l’organisation. Cette « offre » de redevabilité crée
alors une boucle de rétroaction et invite les parties prenantes à apporter leur feed-back aux
résultats présentés.

L’édification et la mise en œuvre du SORC est un processus à la fois itératif et interactif


générant un flux constant d’informations entre l’organisation et ses parties prenantes. Cet
échange permanent d’informations permet d’affiner et de modeler progressivement le système
pour mieux répondre aux besoins et attentes aussi bien de l’organisation que de ses parties
prenantes.

Cinq processus et étapes clés du SORC :

1. Définir ou revisiter les stratégies et cadres de résultats en lien avec la redevabilité


vis-à-vis des parties prenantes ;
2. Identifier et hiérarchiser les parties prenantes de l’organisation : vers le haut, vers
le bas, vers l’extérieur et vers l’intérieur ;
3. Evaluer les performances selon la gestion axée sur les résultats de développement
(Produits, Effets, Impacts) et capitaliser les pratiques de l’organisation ;
4. Communiquer les résultats et leçons apprises ;
5. Mettre en œuvre des mécanismes de feed-back et des moyens de corriger et/ou
de sanctionner les prestations : la reddition des comptes suppose la possibilité
d’une « boucle de rétroaction ».

La capitalisation nourrit le SORC et favorise un apprentissage organisationnel et collectif avec


l’ensemble des parties prenantes. Le SORC enrichit la stratégie de communication
institutionnelle de l’organisation (qui sert maintenant également à la redevabilité de
l’organisation). Il aide à mieux communiquer en ciblant davantage quoi communiquer, en
direction de quels acteurs et à quels moments précis.

Enfin, la redevabilité des organisations, qu’elles soient agences, projets et programmes, ONG,
bureaux d’étude ou encore entreprises privées, sert les objectifs suivants :

 Elle affirme la crédibilité, la notoriété et l’attractivité de l’organisation ;


 Elle conforte la confiance du public et des parties prenantes :
 Elle renforce leur position d’interlocuteur légitime auprès des autorités publiques ;

5Démarche et outils d’édification d’un Système Organisationnel de Reddition des Comptes (SORC), Valot-
Nasounon, 2023.

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 Elle soutient la mobilisation de ressources additionnelles ;
 Elle favorise la synergie et la collaboration avec d’autres intervenants ;
 Elle contribue à l’efficacité organisationnelle de la structure.

VII. Le dodécagone des acteurs clés de la


redevabilité

Le dodécagone est une figure de géométrie plane. C'est un


polygone à 12 sommets.
Le dodécagone illustre la diversité des acteurs de l’offre, de la
demande, du contrôle et de l’interface que sont :

L’Etat, les Institutions de Régulation et de Contrôle, les Elus, les Partis politiques, le
Secteur privé, les OSC/ONG, les Citoyens et les Mouvements sociaux, les Syndicats,
les Médias, les PTF et fondations, les Think-thanks et les Centres de Recherche.

Offre Demande Contrôle Interface


Etat OSC/ONG Etat (contrôle interne) Institutions de
Régulation et de
Contrôle
Institutions de Citoyens et Institutions de Médias
Régulation et de Mouvements sociaux Régulation et de
Contrôle Contrôle (contrôle
externe)
Elus Partis politiques OSC/ONG (CCAP) Syndicats
Partis politiques Syndicats Médias
Secteur privé Médias Centres de Recherche
OSC/ONG PTF et fondations
Syndicats Think-thanks
PTF et fondations Centres de Recherche

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VIII. Géométrie/Glossaire de la redevabilité

Où en sommes-nous ainsi avec notre « géométrie de la redevabilité » ? Elle est de fait


devenue Glossaire.

IX. Apprendre et comprendre le monde (2)

Les formes géométriques présentées (le triangle, le carré, le losange, le


pentagone et le dodécagone) nous sont utiles. Et toutes ces formes nous
renvoient à des mots…
La psychologie nous enseigne qu’on apprend et comprend le monde avec
des mots !
« La pensée n’est pas seulement exprimée par les mots : elle vient à
l’existence à travers les mots. », Lev S. Vygotski .

Voici les principaux mots appris :

Demande Participation Disponibilité Parties prenantes


Offre Contrôle Accès Evaluer et
Interface Evaluation Qualité capitaliser
Capabilité Rétroaction Mécanismes de Communiquer
Efficacité Réparation redevabilité Rétroaction
Redevabilité Information Adéquation des droits Plaintes
Réactivité et services Correction
Transparence Résultats Réparation

Et les acteurs dénombrés : Etat, IRC, Elus, Partis politiques, Secteur privé, OSC/ONG,
Citoyens et Mouvements sociaux, Syndicats, Médias, PTF et Fondations, Think-thanks
et groupes de pression, Centres de Recherche.

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Tous ces termes doivent être confrontés aux principales thématiques de la redevabilité, à
savoir : les redevabilités financière, sociale, administrative, politique, judiciaire, pénitentiaire,
électorale, intergénérationnelle, de genre, environnementale, etc. Mais aussi les principaux
secteurs concernés : économie et finances, planification et développement, décentralisation
et gouvernance locale, fonction publique, affaires sociales, eau, éducation, santé, état-civil,
etc…

Cherchons à visualiser et à ordonner ces termes. Selon ce nuage de mots6, les termes
essentiels seraient :

 Mécanismes
 Interface
 Acteurs
 Services
 Information
 Demande
 Rétroaction
 Réparation
 Offre
 Qualité
 Droits
 Disponibilité
 Accès
 Résultats
 Adéquation

X. On pense avec des formes, des mots… Seulement ?

Selon Howard Gardner7, il y aurait 8 formes


d’intelligence :
 L’intelligence intrapersonnelle
 L’intelligence interpersonnelle
 L’intelligence naturaliste
 L’intelligence visuospatiale
 L’intelligence corporelle
 L’intelligence musicale
 L’intelligence logico-mathématique
 L’intelligence verbale linguistique

Auxquelles certains ajoutent : l’intelligence


émotionnelle, l’intelligence existentielle et
l’intelligence individuelle / collective !

6 https://nuagedemots.co/
7
Howard Earl Gardner, né le 11 juillet 1943 à Scranton, est un psychologue du développement américain,
professeur de sciences de l’éducation à l'université Harvard, et professeur de neurosciences à l’Université de
Boston.
H. Gardner regroupe les intelligences multiples en quatre types : 1. les intelligences d’actions (interpersonnelle et
intrapersonnelle) ; 2. scolaires (linguistique et logico-mathématique) ; 3. environnementales (naturaliste et
musicale) et 4. méthodologiques (visuo-spatiale et kinesthésique).

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Travailler sur une « stratégie nationale et inclusive de redevabilité » mobilise un certain
nombre de ces intelligences multiples, telles que l’intelligence logico-mathématique et verbale
linguistique, mais aussi l’intelligence interpersonnelle, naturaliste ou environnementale (ne
sommes-nous pas toutes et tous redevables à l’égard de notre « Terre-mère » ?),
émotionnelle et collective.

Si nous nous en tenons à nos intelligences scolaires (linguistique et logico-mathématique),


prenons alors au sérieux ces mots… Ces notions sont des mots-clés : ils ouvrent des portes
et fenêtres. Un mot devient notion, puis concept8 lorsqu’il devient « Hub » : il ouvre un champ
opératoire, établit des liens nécessaires au sein d’un espace et un dispositif circonscrit de la
pensée.

Par exemple, la transparence est :

 Principe éthique
 Principe politique
 Principe opératoire et transversal, au confluent du
dispositif de la demande, de l’offre, du contrôle et de l’interface.
 Ses corollaires : information, disponibilité et accès.

Ce n’est pas si compliqué, la redevabilité !

8 Le concept vient du latin conceptus qui signifie « action de contenir, de tenir ensemble, de recevoir », dérivé du
verbe concipere signifiant « concevoir ». C’est « une idée générale et abstraite que se fait l'esprit humain d'un objet
de pensée concret ou abstrait, et qui lui permet de rattacher à ce même objet les diverses perceptions qu'il en a, et
d'en organiser les connaissance ». Le concept peut aussi évoquer une idée générale, projet ou encore la manière
dont une entreprise est conçue. Larousse
En logique, un concept est un contenu de pensée, qui, lorsqu'il est appliqué à un objet, peut former une proposition.
En linguistique, le concept représente le signifié, c'est-à-dire le sens du mot, tandis que le mot lui-même constitue
son signifiant.

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XI. Une réflexion sur la modernisation de l’administration

L’exercice ludique et propédeutique de revue des formes, outils et mécanismes de redevabilité


permet peut-être de proposer quelques axes à prendre en compte dans une stratégie nationale
de redevabilité :

1. Les redevabilités horizontale et verticale, qui mettent en exergue l’importance du


contrôle (interne – externe – CCAP) et de la reddition institutionnalisée des comptes
2. La transparence, la communication, l’information, la disponibilité, l’accès et la
participation comme thèmes transversaux
3. La contractualisation par objectif, la confiance de la délégation et le contrôle
4. La qualité et l’efficacité
5. La possibilité de rétroaction et la réactivité
6. La gestion du contentieux : réclamation/plainte et réparation
7. La capitalisation, la correction et l’apprentissage
8. Les espaces et champs d’application de la redevabilité : constitutionnelle,
administrative, politique, financière, sociale, judiciaire, pénitentiaire, électorale,
intergénérationnelle, de genre, environnementale, etc.
9. Le dodécagone des acteurs clés de la redevabilité

XII. Conclusion

La redevabilité s’est imposée comme pilier central des


théories contemporaines de la « gouvernance
démocratique ».

L’intérêt de cet exercice est de refonder/repenser l’Etat,


sa responsabilité et sa modernisation, au-travers du
prisme de la redevabilité.

De « l’Etat c’est moi » à « l’Etat responsable ».

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XIII. Annexe : Présentation

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